Le programme de travail provisoire du Conseil de sécurité en novembre est centré sur les trois principaux conflits: au Moyen-Orient, en Ukraine et au Soudan
Lors de la conférence de presse de début de mois, alors que la présidence tournante du Conseil de sécurité revient ce mois de novembre au Royaume-Uni, la Représentante permanente, Barbara Woodland, a présenté le programme de travail de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Toutefois, a-t-elle précisé, la Fédération de Russie ayant bloqué le matin même son adoption, le programme demeure provisoire et devra être adopté avant chaque réunion, avec la possibilité pour les membres du Conseil de demander un vote procédural.
En préambule, l’ Ambassadrice a d’abord observé que, dans une période marquée par une intensification des conflits inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, l’ONU reste une « lueur d’espoir » pour les 339 millions de personnes qui dépendent de son aide humanitaire. Et particulièrement les Palestiniens, pour qui l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) est aujourd’hui la seule « bouée de sauvetage ».
Critiquant les récentes lois votées par la Knesset israélienne qui restreignent les activités de l’agence onusienne, l’Ambassadrice s’est montrée ferme sur un point: l’UNRWA est la seule agence en mesure de fournir l’aide nécessaire à l’échelle « gigantesque » de Gaza. « Les Palestiniens ont besoin de l’ONU, et nous avons tous besoin de l’ONU », a-t-elle tranché.
Lors de ce mois de novembre qui s’annonce particulièrement chargé, le Conseil de sécurité se concentrera sur les trois principaux conflits mondiaux, a fait savoir sa présidente: les guerres du Moyen-Orient, les violations continues de l’intégrité territoriale de l’Ukraine par la Russie et l’« épouvantable » conflit au Soudan.
Concernant le premier point, Mme Woodward a insisté en préambule sur la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat dans les conflits israélo-palestinien et israélo-libanais. Elle a annoncé que sera organisée le 18 novembre, en plus de la réunion mensuelle sur « la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », une réunion d’information présidée par le Secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères, au Commonwealth et au développement, M. David Lammy, qui fait tout son possible, a-t-elle précisé, pour favoriser une désescalade entre Israël et l’Iran et briser le cycle des représailles.
Interrogée par un journaliste sur un éventuel soutien à un embargo sur les armes à destination d’Israël, l’Ambassadrice a expliqué que son pays comptait maintenir son programme d’exportation d’armes « rigoureusement contrôlé » et récemment révisé à la baisse, mais n’était pas partisan, à ce stade, d’un embargo. Questionnée sur la Cisjordanie, elle a signalé que le Royaume-Uni a sanctionné des individus impliqués dans l’expansion des colonies et continue de dénoncer cette pratique au Conseil de sécurité.
Enfin, pour ce qui est d’une suspension d’Israël de l’ONU, comme le suggère la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, Mme Woodward a indiqué que son pays n’y était pas favorable, estimant que ce serait contre-productif et qu’il était important de maintenir tous les canaux diplomatiques.
Puis, réaffirmant le soutien indéfectible du Royaume-Uni à l’Ukraine et condamnant les accords illégaux de la Russie avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et l’Iran, Mme Woodward a annoncé que serait organisée une réunion sur le sujet, elle aussi présidée par M. Lammy, juste avant le triste anniversaire des 1 000 jours de conflit. D’autres sessions seront peut-être convoquées au cours du mois.
En ce qui concerne le Soudan, Mme Woodward a mis en lumière la grave insécurité alimentaire affectant plus 9 millions de personnes ainsi que les violations des droits humains commises par toutes les parties au conflit. Elle a appelé à maximiser les voies d’acheminement de l’aide humanitaire avant d’annoncer qu’une résolution serait proposée pour renforcer la protection des civils et soutenir les efforts de médiation pour un cessez-le-feu.
En outre, des consultations sont prévues à la fin du mois au sujet des récents lancements de missiles balistiques par la RPDC, en espérant, sans se faire d’illusions, que le Conseil de sécurité puisse « maintenir son unité face à ces provocations », a ajouté la Représentante permanente. Pour ce qui est de la situation au Myanmar, une réunion devrait se tenir, également à la fin du mois, pour entendre des briefings des envoyés spéciaux de l’ASEAN et de l’ONU qui travaillent sur le terrain.
Les autres réunions inscrites au programme de travail de novembre —qui, pour rappel, demeure provisoire— concernent la Libye, le Soudan et le Soudan du Sud, la République centrafricaine, la Syrie, le Yémen, le Liban et, cet après-midi même, la Bosnie-Herzégovine, où devrait être réautorisée la force multinationale de stabilisation dirigée par l’Union européenne (EUFOR ALTHEA).
Enfin, interrogée sur l’Afghanistan, Mme Woodward a fait part de sa préoccupation croissante pour les droits des femmes et des filles, surtout après la récente décision des Taliban de leur interdire de parler entre elles. Elle a réaffirmé que le Royaume-Uni et ses partenaires internationaux cherchaient les meilleurs moyens de soutenir la population.