La Deuxième Commission adopte deux projets de résolution relatifs aux conflits entre Israël et ses voisins
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De nouveau réunie ce matin après plusieurs semaines de consultations informelles, la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, a adopté ses deux premiers projets de résolution de la session. Tous deux sont liés aux conflits entre Israël et ses voisins palestinien, libanais et syrien.
« Marée noire sur les côtes libanaises »
Pour la dix-neuvième année consécutive, la Deuxième Commission s’est prononcée en faveur du projet de résolution intitulé « Marée noire sur les côtes libanaises » (A/C.2/79/L.9) par 161 voix pour, 7 voix contre (Argentine, Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Israël, Nauru et Palaos) et 9 abstentions (Cameroun, Fidji, Kiribati, Panama, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Rwanda, Togo, Tonga et Vanuatu).
Le 15 juillet 2006, comme le rappelle le texte « avec une grande préoccupation », une catastrophe écologique a été causée par l’armée de l’air israélienne en détruisant des réservoirs de carburant situés dans le voisinage immédiat de la centrale électrique de Jiyeh (Liban): une marée noire a recouvert tout le littoral libanais et s’est étendue jusqu’au littoral syrien. Cet incident a entravé les efforts visant à assurer un développement durable, souligne le texte.
Le projet de résolution s’adresse une nouvelle fois au Gouvernement israélien pour lui demander de dédommager rapidement et convenablement le Gouvernement libanais ainsi que les autres pays directement touchés par la marée noire, tels que la Syrie, pour les dégâts écologiques et la pollution côtière résultant de la destruction des réservoirs.
Le vote sur ce texte a été demandé par Israël au motif qu’il « manque d’équilibre et de justice ». La délégation a dénoncé une manipulation par le Hezbollah de la question environnementale.
Après le vote, le Liban s’est félicité que ce texte réaffirme l’engagement de la Deuxième Commission en faveur du droit international et du droit environnemental. Cette catastrophe environnementale se chiffre à 856,4 millions de dollars et Israël n’a pas fourni de compensation au Gouvernement et au peuple libanais, a rappelé le délégué, soulignant que nul n’est au-dessus de la loi et que l’impunité ne saurait être une option. Il a précisé que les effets de la marée noire sur l’économie et la santé sont considérables, ce qui empêche le Liban de parvenir au développement durable.
Le délégué des États-Unis a tenu à rappeler qu’il soutenait la sécurité d’Israël et qu’il était dans l’intérêt de tous de trouver une solution fondée sur la Ligne bleue. Il a qualifié le projet de résolution d’injuste envers Israël et a voté contre.
« Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles »
La Deuxième Commission a également adopté, par 159 voix pour, 7 voix contre (Argentine, Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Israël, Nauru et Palaos) et 11 abstentions, le projet de résolution A/C.2/79/L.40 relatif à la « souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles ». Ce texte s’adresse aussi à Israël, Puissance occupante, pour exiger qu’il cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril les ressources naturelles de ces territoires (y compris les réserves de pétrole et de gaz naturel découvertes au large de Gaza). Il reconnaîtrait aussi le droit du peuple palestinien à obtenir réparation et demande à Israël de mettre fin à toute intervention, y compris celle de colons israéliens, portant atteinte à l’environnement.
En présentant le projet, l’Ouganda, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a observé qu’une fois adopté par l’Assemblée générale, il « enverrait un message d’espoir aux Palestiniens » dans leur droit légitime à un État délimité par le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.
Israël a de nouveau dénoncé un texte fondé sur une « volonté politique biaisée ». De son point de vue, derrière ces deux projets centrés sur les ressources naturelles palestiniennes se cache le fait que ces ressources sont justement récupérées par « le Hamas et sa machinerie » à des fins terroristes. Ces ressources servent à « la construction de tunnels au lieu d’hôpitaux », pendant que le carburant destiné à ces mêmes hôpitaux est détourné par le Hamas pour poursuivre ses activités, a avancé la délégation. « Le Hamas s’en vante par des vidéos visibles par tous. »
Alors que plus de 100 otages israéliens sont toujours détenus par le Hamas, ces textes encouragent celui-ci à conduire des massacres, tels que celui du 7 octobre, a encore déploré le délégué israélien. Les textes ferment les yeux sur les activités du Hamas et sont une preuve de plus de la diabolisation d’Israël à l’ONU, a fulminé le représentant.
Le projet contient cette année un ajout qui a fait réagir. Il rappelle en effet un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), rendu le 19 juillet 2024, sur « les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est », et de « l’illicéité » de la présence d’Israël dans le Territoire palestinien occupé.
La mention de cet avis de la CIJ dans le libellé a été rejetée par Israël de la manière la plus vive, du fait qu’il ne reconnaîtrait pas ses préoccupations légitimes en matière de sécurité - un argument aussi utilisé par la Hongrie, bien qu’elle ait voté pour. Allant plus loin, Israël a affirmé que l’avis de la Cour « faisait le jeu des terroristes de la région » et ignorait des violations graves du côté palestinien, « comme l’incitation au terrorisme dans le système éducatif », entre autres.
Pour l’État de Palestine, au contraire, l’avis consultatif de la CIJ est « éloquent » et a toute sa place dans le projet. Durant toute la durée des travaux de la Deuxième Commission, a commenté la délégation, Israël a foulé aux pieds le droit international, infligeant aux civils depuis plus d’un an des destructions « incompréhensibles » et « inconcevables ». La représentante palestinienne a évoqué des milices de colons qui « tuent, estropient à une rythme effréné » puisqu’Israël est autorisé à « se tenir au-dessus des lois » et essentialise toute la population palestinienne à un groupe terroriste.
L’État de Palestine et la République arabe syrienne ont aussi dénoncé les « puissances complices » armant Israël. « Les condamnations ne suffisent pas, Israël y est sourd »: il faut agir en appliquant les résolutions du Conseil de sécurité pertinentes, a martelé la déléguée de l’État de Palestine.
La République arabe syrienne a dénoncé précisément la complicité des États-Unis et l’intensification de la colonisation dans le Golan syrien occupé, où le nombre de colons aurait augmenté de 40% ces 10 dernières années. « Ces terres demeurent arabes et reviendront un jour à leurs propriétaires légitimes », a prévenu la Syrie.
Les États-Unis se sont dits, pour leur part, déçus que la Deuxième Commission ait de nouveau adopté un « texte biaisé », « ignorant la situation sur le terrain » et préjudiciable pour Israël. La polarisation anti-Israël n’a pas sa place à l’ONU, ont-ils jugé.
L’Union européenne (UE) a annoncé appuyer le projet comme par le passé, mais a observé que l’utilisation du terme « Palestine » dans les textes ne préjugeait pas de la reconnaissance de l’État de Palestine en tant qu’État.
Remarques générales et procédurales
Avant l’examen des projets, les États-Unis ont fait une déclaration d’ordre général sur les travaux de la Deuxième Commission. S’ils se sont félicités du Pacte pour l’avenir adopté en septembre à l’Assemblée générale, ils ont estimé que la Deuxième Commission ne pouvait « pas imposer certaines obligations aux États Membres dans le commerce international ». De même, le transfert de technologies doit s’opérer « de manière volontaire, sur des dispositions mutuellement acceptées », ont-ils soutenu. Enfin, a commenté la déléguée américaine, le droit au développement ne jouit d’aucune définition internationale. S’agissant de l’aide au développement, tout en faisant valoir qu’ils sont un pays donateur, les États-Unis ont estimé ne pas avoir à dépenser 0,7% de leur revenu national brut (RNB) pour l’aide publique au développement (APD).
Pour la suite des travaux de la Deuxième Commission, M. Muhammad Abdul Muhith, son président, a réitéré l’urgence de parvenir au cours des prochains jours à un accord sur tous les paragraphes en suspens des projets de texte discutés, afin de permettre à la Commission de conclure ses travaux d’ici au 27 novembre, comme décidé par l’Assemblée générale.
Le représentant de l’Ouganda a d’ailleurs présenté en début de séance, au nom du G77, 32 autres projets de résolution portant sur les points suivants: technologies de l’information et des communications au service du développement durable; questions de politique macroéconomique; suivi et mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement; suivi de l’application du Nouveau Programme pour les villes et renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat); mondialisation et interdépendance; groupes de pays en situation particulière; et enfin, activités opérationnelles de développement.
Certains d’entre eux feront l’objet d’un vote lors de la prochaine réunion de la Deuxième Commission, dont la date sera indiquée ultérieurement dans le Journal des Nations Unies.
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