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Comité spécial pour la décolonisation: appels insistants à la poursuite de la décolonisation lors du Séminaire régional pour les Caraïbes, « le travail n’étant pas achevé »

Le Séminaire régional pour les Caraïbes du Comité spécial pour la décolonisation, qui s’est tenu à Caracas, au Venezuela, du 14 au 16 mai, a été marqué par des appels insistants en vue de la poursuite de la décolonisation.  « Notre travail n’est pas achevé », a d’emblée déclaré la Présidente du Comité, Mme Menissa Rambally, de Saint-Lucie. 

Le thème du Séminaire était « la poursuite des objectifs et la réponse aux besoins des territoires non autonomes », s’inscrivant dans le cadre de la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030).  Il a permis un partage d’expériences entre territoires non autonomes, puissances administrantes, États Membres des Nations Unies, organisations régionales et entités onusiennes.

Mme Rambally a campé les enjeux du Séminaire lors de la première journée en rappelant la nécessité de poursuivre avec détermination « le mandat historique de l’ONU » qu’est l’éradication du colonialisme.  Même son de cloche du côté de la Vice-Présidente exécutive du Venezuela, Mme Delcy Rodríguez Gómez, qui a dénoncé l’imposition de « nouvelles formes de colonialisme » qui sapent les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.

La promesse de ne laisser personne de côté et d’éliminer les barrières au développement durable a été au cœur des discussions de cette riche première journée.  Les intervenants ont rappelé que la vulnérabilité des territoires non autonomes exige des efforts concertés en vue d’assurer leur développement durable.  Les incidences négatives des sanctions, des restrictions d’accès aux nouvelles technologies et des ingérences étrangères ont également été soulignées.

Les orateurs ont également rappelé à quel point la persistance du colonialisme est un affront aux principes fondamentaux de souveraineté, d’auto-détermination et de droits humains.  Les situations en Polynésie française, à Guam et en Nouvelle-Calédonie ont ensuite été examinées.  La Nouvelle-Calédonie, en proie à des heurts, a fait l’objet d’avis divergents entre experts pro-indépendance et experts loyalistes. 

La défiance envers les réformes électorales de la France a notamment été soulignée, tandis qu’une demande d’envoi d’une mission de médiation en vue de sortir de l’impasse a été formulée.  Cette demande a également été avancée pour Guam et la Polynésie française. 

Les situations relatives aux Îles Falkland (Malvinas) et au Sahara occidental ont, quant à elles, dominé la deuxième journée des débats du Séminaire.

Le représentant de l’Argentine a rappelé la résolution 2065 de l’Assemblée générale, adoptée le 16 décembre 1965, qui reconnaît un différend de souveraineté entre son pays et la Grande-Bretagne sur les Îles Malvinas et les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud.  « Ce différend doit être tranché au moyen de négociations entre les deux parties, en prenant en considération les intérêts des habitants de ces îles », a-t-il déclaré.  Les délégations du Venezuela, du Mexique et du Chili ont apporté leur soutien à l’Argentine en rappelant que ces îles font partie de son territoire. 

De son côté, Mme Teslyn Barkman a indiqué qu’elle a, ainsi que d’autres habitants des Îles Falkland (Malvinas), « choisi d’être britannique ».  Nous avons choisi notre association avec le Royaume-Uni, a-t-elle expliqué, en demandant que la voix de ses habitants soit entendue par le Comité.  De son côté, M. Facundo Rodriguez, expert, a indiqué que les habitants de ces îles ne constituent pas un peuple susceptible d’exercer son droit à l’autodétermination.

La situation au Sahara occidental a fait l’objet d’échanges très denses.  Saint-Vincent-et-les Grenadines a considéré que le plan marocain d’autonomie constitue une solution unique au différend régional du Sahara occidental.  Cette délégation a exhorté les parties à rester engagées dans le processus politique et à œuvrer ensemble à une solution réaliste et viable à ce conflit de souveraineté de longue date. 

De son côté, le Timor-Leste a encouragé le Comité spécial à recourir aux efforts multilatéraux, notamment ceux de l’Union africaine, pour servir de médiateur dans le conflit entre les deux membres de l’Union africaine (UA) que sont la « République sahraouie » et le Maroc, dans le but de parvenir à un règlement pacifique et durable, conforme à l’Acte constitutif de l’Union africaine et aux résolutions pertinentes de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et de l’UA.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée a, elle, encouragé un dialogue inclusif à tous les niveaux pour toutes les parties prenantes concernées sur la question du Sahara occidental, pour ouvrir la voie à un règlement politique durable.  La délégation a félicité le Maroc de son soutien substantiel au développement durable du territoire grâce à des investissements qui améliorent les conditions de vie et les moyens de subsistance de la population locale. 

La République arabe syrienne a encouragé les négociations entre les deux parties prenantes au différend relatif au Sahara occidental.  Le Belize, qui s’est inquiété de l’apparente indifférence de la communauté internationale, a dit rester déterminé à exhorter le Comité spécial, le Conseil de sécurité, le Secrétaire général et l’Assemblée générale de l’ONU à adopter d’urgence les mesures nécessaires pour permettre au peuple sahraoui d’exercer enfin son droit à l’autodétermination. 

Souscrivant pleinement au plan marocain d’autonomie, les Comores ont, quant à elles, noté que l’engagement du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie et du Front POLISARIO, qui sont les participants à ce dialogue, est crucial pour un règlement politique.  La République démocratique du Congo (RDC) a soutenu le plan marocain d’autonomie, un point de vue partagé par la Gambie et Djibouti, pour qui les efforts sérieux et crédibles déployés par Rabat méritent davantage d’encouragements. 

Le Gabon a de son côté salué les efforts de relance du processus politique sous les auspices exclusifs des Nations Unies. Le Sénégal a loué les progrès réalisés au « Sahara marocain » dans le cadre du processus mené sous l’égide exclusive de l’ONU, sur la base des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité depuis 2007. 

L’Afrique du Sud a pour sa part souligné la nécessité de garantir la protection des droits politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple sahraoui, y compris son droit à une souveraineté permanente sur ses ressources naturelles.  Un sentiment partagé par le Zimbabwe, solidaire du peuple du Sahara occidental alors qu’il poursuit sa lutte pour l’autodétermination et l’indépendance.  Pour le Mexique également, la voix du peuple sahraoui doit être entendue et son droit à l’autodétermination respecté. 

Le Séminaire s’est conclu le 16 mai par le rappel du consensus fort qui existe autour des principes d’autodétermination, de souveraineté et d’indépendance, selon les mots du Ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. Yvan Gil Pinto.  Ce dernier a rappelé l’importance de faire en sorte que le colonialisme appartienne au passé, avant de souligner la richesse des discussions pendant ces trois jours.

Alors qu’un état d’urgence a été décrété en Nouvelle-Calédonie, comme l’avait rappelé M. Michael Forrest, Mme Rambally a, dans son intervention de clôture, prié pour la paix, la stabilité et la sécurité du peuple de Nouvelle-Calédonie.  Un accord a par ailleurs été trouvé sur les projets de conclusions et de recommandations du Séminaire qui devrait être présenté pour adoption au Comité lors sa session de juin 2024.

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