Soixante-dix-neuvième session
7e séance plénière – matin
AG/AB/4471

Cinquième Commission: constat d’un trou de 3,38 milliards de dollars dans le budget ordinaire et celui des opérations de paix

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a ausculté, ce matin, la santé financière de l’ONU découvrant qu’au 30 septembre 2024, il manquait 3,38 milliards de dollars au budget ordinaire et à celui des opérations de paix pour boucler l’année.

Le Contrôleur de l’ONU a annoncé que 59 États Membres seulement ont honoré la totalité de leurs contributions au budget ordinaire, à celui des opérations de paix et à celui des tribunaux pénaux internationaux.  Devant une telle situation, le Groupe des 77 et la Chine ont conseillé au Secrétaire général de profiter de la Semaine de haut niveau pour alerter les dirigeants du monde sur les crises de trésorerie dans lesquelles l’ONU s’embourbe trop souvent et dénoncer les pays qui ont les arriérés les plus lourds.

M. Chandramouli Ramanathan a indiqué qu’en mettant la main à la poche, l’Inde a fait grimper à 65 le nombre des États Membres qui se sont acquittés de leurs quotes-parts au budget des opérations de paix.  Pour les tribunaux pénaux spéciaux, avec les versements de la Macédoine du Nord, de l’Estonie, de l’Eswatini, de l’Iraq, de la Jordanie, du Monténégro et de Sainte-Lucie, l’on compte désormais 127 bons payeurs.

Indignation générale

Au 30 septembre, les arriérés étaient de 1,5 milliard de dollars sur un budget ordinaire de 3,2 milliards de dollars, ce qui a scandalisé le Groupe des 77 et la Chine.  Un seul État, s’est-il indigné, doit plus de la moitié de tous les arriérés, alors qu’il a la capacité de payer et qu’il bénéficie de la « distorsion fondamentale » qu’est le taux plafond de 22%.  Cet État refuse de verser ses contributions pour des raisons politiques, tout en s’accrochant à ses privilèges de membre permanent du Conseil de sécurité.  Ce n’est un secret pour personne que le Groupe des 77 faisait allusion aux États-Unis qui, au 30 septembre, devaient encore 995 millions de dollars au budget ordinaire.

Le fait qu’elle doive elle-même quelque 380 millions de dollars au budget ordinaire n’a pas empêché la Chine de se joindre aux attaques contre « le contributeur majeur qui refuse d’honorer ses engagements », prévenant que toute solution « partielle » serait injuste.  L’ironie n’a pas échappé au groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande): les deux plus grands contributeurs doivent payer leur dû dès que possible, a-t-il martelé, ou au moins travailler avec les autres États pour trouver une solution.

L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’est dite « déçue » que l’objectif financier de 2024 n’ait pas été atteint comme cela a été le cas, ces cinq dernières années.  Ceux qui rencontrent des difficultés de paiement devraient s’entendre sur un calendrier avec le Secrétariat de l’ONU, a suggéré le Royaume-Uni.

Pour les opérations de maintien de la paix, sur un budget de 6,1 milliards de dollars pour la période 2023-2024, les arriérés étaient, au 30 septembre, de 1,8 milliard de dollars, s’est étranglé le Groupe des 77.  Ces arriérés ne cessent d’augmenter en dépit de la baisse globale du budget du opérations de paix, a sursauté l’ASEAN.

Se livrant à un calcul rapide, le Groupe des 77 est parvenu à des arriérés totaux de 3,38 milliards de dollars.  Face à ces crises de trésorerie récurrentes, l’Union européenne a dit soutenir les discussions sur la manière de centraliser le budget ordinaire et celui des opérations de paix.  Elle a aussi appelé à des mécanismes pour atténuer l’impact de ces crises et donc à l’analyse du fonctionnement de tous les fonds de réserve et autres instruments complémentaires.

L’Union européenne a dit attendre avec intérêt les propositions que le Secrétaire général doit présenter au début de l’année prochaine sur les moyens d’améliorer la situation financière de l’ONU.  Nous allons, a-t-elle promis, examiner toutes les propositions, de manière constructive et avec l’esprit ouvert, tout en veillant à ce qu’aucune mesure ne soit un fardeau pour les États qui paient leurs contributions à temps et intégralement.

S’attaquer à la faiblesse du processus budgétaire de l’ONU 

L’Union européenne a vu du mérite dans l’idée de ne pas restituer aux pays qui ont de lourds arriérés une part des fonds inutilisés pendant un exercice budgétaire, ce qui suppose un examen « minutieux et pragmatique » du Règlement financier et des règles de gestion financière de l’ONU, a-t-elle reconnu, soutenue par le Royaume-Uni.

Le Contrôleur ne s’est pas ému de cette proposition, préférant souligner que si aucune contribution n’est reçue au mois de novembre, le Secrétariat de l’ONU devra ponctionner « exceptionnellement » les ressources des tribunaux.  Au mois de mai, 97,5% des contributions avaient été reçues et ce taux est maintenant de 99,8%.  Mais pour exécuter le budget intégralement et reconstituer les fonds de réserve, ce taux doit être de 115% et tant qu’il ne sera pas atteint, les restrictions imposées aux dépenses et le gel des recrutements ne seront pas complètement levés afin de pouvoir répondre aux besoins les plus urgents.

Projet de budget-programme pour 2025

La Cinquième Commission a également évalué le projet de mise aux normes parasismiques et de remplacement des équipements en fin de vie au siège de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), à Bangkok et l’avancement des travaux de remplacement des bâtiments A à J de l’Office des Nations Unies à Nairobi (ONUN).

S’agissant du siège de la CESAC, le Contrôleur de l’ONU a informé que l’achèvement de l’essentiel du projet est prévu en décembre 2024 et qu’il restera dans les limites du budget global de 41,3 millions de dollars approuvés par l’Assemblée générale.  Il ne faut donc pas de ressources supplémentaires pour 2025.

Pour ce qui est de l’ONUN, les ressources nécessaires pour 2025 s’élèvent à 906 100 dollars pour un projet qui devrait être achevé en décembre 2025, soit 12 mois plus tard que prévu.  Le Kenya s’est dit déterminé à poursuivre sa coopération.

Mardi 5 novembre à partir de 10 heures, la Cinquième Commission examinera le projet de budget de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

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