Cinquième Commission: évitons une paralysie administrative et budgétaire qui plongerait l’ONU dans la crise, plaide le Président de l’Assemblée générale
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La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a entendu, ce matin, un message fort du Président de l’Assemblée générale. Bien que la dernière décennie ait été une période difficile pour le multilatéralisme, a plaidé M. Philémon Yang, nous ne pouvons pas nous permettre une paralysie administrative et budgétaire qui plongerait l’Organisation dans la crise. L’Afghanistan, privé de son droit de vote dans les instances de l’ONU, a fait part de sa profonde déception, avant que la Commission ne se penche sur les rapports annuels de trois organes de contrôle de l’ONU.
Les États Membres, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale, doivent mettre de côté leurs divergences politiques et continuer à œuvrer ensemble pour trouver un consensus, conformément à la tradition de la Cinquième Commission. M. Yang a demandé aux délégués de collaborer et de faire preuve de la plus grande souplesse afin de parvenir à un résultat efficace en temps voulu. Le budget-programme pour 2025 doit être adopté bien avant la date limite du 6 décembre, a insisté le Président.
Le budget est une chose, le cash en est une autre, a-t-il rappelé. Adoptez un budget réaliste et réalisable, mais aussi plaidez auprès de vos capitales pour qu’elles versent leurs contributions statutaires intégralement, à temps et sans condition, a précisé le Président.
Des consultations élargies pour éviter de nouvelles divisions
S’agissant des négociations sur la révision du barème des quotes-parts du budget ordinaire de l’ONU et de celui des opérations de paix pour la période 2025-2028, le Président a estimé que les recommandations du Comité des contributions se fondent sur des critères objectifs. Il a prié les délégations de parvenir rapidement à un accord pour se donner le temps de se concentrer sur le projet de budget et d’autres questions urgentes.
Conscient des divergences sur l’inscription au budget ordinaire du système des coordonnateurs résidents, M. Yang a appelé à des consultations élargies, soulignant que si l’on veut une ONU active et capable de soutenir les efforts nationaux pour la mise en œuvre intégrale et effective des objectifs de développement durable, l’appui à ce système est essentiel.
Nous priver du droit de vote à ce moment critique, c’est nous isoler davantage
L’adoption sans mise aux voix du projet de résolution par laquelle la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale de maintenir, malgré les retards dans le paiement des contributions au budget ordinaire, le droit de vote de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie mais pas celui de l’Afghanistan, a profondément déçu le représentant afghan.
Il a expliqué la demande de dérogation de son pays par les dures réalités. Nos problèmes politiques, économiques et sociaux découlent en grande partie de l’échec et de la réticence des Taliban, autorités de facto, à s’attaquer à la crise, à sortir de l’impasse et à s’engager de manière constructive pour une gouvernance équitable, responsable et inclusive.
À ce fait, a poursuivi le représentant de l’Afghanistan, il faut ajouter les tensions géopolitiques et l’absence d’une approche internationale forte et cohérente pour faire face à la crise afghane. Notre situation n’est pas une situation de négligence ou de réticence, mais elle est directement liée à des circonstances indépendantes de notre volonté.
L’Article 19 de la Charte des Nations Unies reconnaît de tels cas et prévoit des dérogations, a martelé le représentant avant de dénoncer le fait que le rôle technique et consultatif du Comité des contributions ait été politisé par certains pays de sa région.
Nous refuser le droit de vote à ce moment critique, c’est nous isoler davantage. Il a exhorté le Comité des contributions à réexaminer la demande de dérogation à la lumière de l’Article 19 et à rétablir le droit de vote de l’Afghanistan, au nom des principes d’équité et d’impartialité.
Les recommandations du BSCI deviendront inefficaces sans une mise en œuvre effective
L’examen du rapport annuel du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et de l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation des Nations Unies a fait dire à l’Ouganda, au nom du Groupe des 77 et la Chine, qu’au total, 1 209 recommandations du BSCI étaient toujours en suspens au 30 juin 2024, et 289 (24%), en cours de mise en œuvre depuis plus de 24 mois. Ces recommandations perdraient de leur efficacité si le Secrétariat et les entités du système ne les mettent pas en œuvre à temps, a tancé le représentant.
Le délégué s’est dit vivement préoccupé par le fait que sur l’ensemble des 280 fonctionnaires du BSCI, quelque 70 fonctionnaires ne proviennent que de quatre États Membres. Le BSCI, a-t-il réclamé, doit prendre des mesures concrètes pour améliorer sa représentativité géographique.
Commentant le rapport du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA), le représentant ougandais a invité le BSCI à examiner le taux d’occupation du Siège de l’ONU et la question de l’utilisation « abusive » de l’aménagement des modalités de travail, en particulier dans les missions.
Nous sommes profondément préoccupés par le fait que certains membres du personnel de l’ONU exploitent les nouvelles modalités de travail, tout en continuant de bénéficier d’indemnités et d’avantages auxquels ils n’ont absolument pas droit. Le délégué s’est étonné que le rapport du Comité consultatif n’évoque pas les abus dans la gestion souple de l’espace de travail.
L’établissement des responsabilités est un levier fondamental des réformes en cours
Il est important que le BSCI examine, de manière impartiale et objective, les cas de mauvaise conduite et d’abus. Les plaintes contre les membres de la direction de l’ONU et de ses autres entités doivent être soigneusement étudiées. Le contrôle ne doit pas être une formalité mais une force, a souligné Israël. Tout le personnel de l’ONU doit être comptable de ses actes.
L’établissement des responsabilités est un levier fondamental des réformes en cours, qu’il s’agisse de la délégation de pouvoirs ou d’autres problèmes liés à la gestion, a dit la Suisse, également au nom du Luxembourg. Pour que le BSCI puisse assumer sa charge de travail croissante, il doit avoir les ressources et le personnel nécessaires, et une structure de base performante. À la fin de cette séance, la Cinquième Commission a entendu un exposé de la Directrice par intérim du Bureau de la déontologie. Elle examinera demain mercredi 9 octobre, à partir de 10 heures, le projet de budget-programme pour 2025.