Soixante-dix-huitième session,
40e séance plénière – après-midi
AG/AB/4463

Cinquième Commission: adoption d’une enveloppe de 5,6 milliards de dollars pour 10 opérations de paix de l’ONU pour l’exercice 2024-2025

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a achevé, cet après-midi, sa deuxième reprise de session sur le financement des opérations de paix, « 10 jours avant la date butoir », se sont réjouies certaines délégations.  Entamée le 6 mai dernier, cette session a permis à la Commission de se mettre d’accord sur 20 projets de résolution et un projet de décision et donc sur une enveloppe totale de 5,6 milliards de dollars pour financer, du 1er juin 2024 au 30 juillet 2025, 10 opérations, y compris le Centre de services régional d’Entebbe, la Base de soutien logistique de Brindisi et le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix*.

Cette enveloppe représente une diminution de 10,1% par rapport aux ressources approuvées pour 2023/24, dans le contexte du retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et de la réduction des effectifs de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Les États-Unis se sont dits « satisfaits » d’une baisse de 700 millions de dollars, saluant un budget responsable et le compromis auquel s’est pliée la Cinquième Commission.

À l’exclusion de la MINUSMA, l’ONU participe actuellement à 10 opérations de paix, ainsi qu’à l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), au Groupe d’observateurs des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP), financés par le budget ordinaire, et au Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).  Au cours de l’exercice 2024/25, 69 590 agents en tenue, 10 636 militaires envoyés par l’Union africaine en Somalie et 12 180 civils devraient être sur le terrain, d’après les explications du Secrétaire général.

Se félicitant de l’adoption rapide du budget, le Contrôleur, M. Chandramouli Ramanathan, a espéré que cette célérité deviendra un « très bon » précédent pour les prochaines sessions.  Pas si vite, a semblé dire l’Union européenne.  Certes, le budget des opérations de paix a été adopté en un temps record et le Secrétaire général a obtenu 99% des ressources qu’il réclamait.  Mais une nouvelle fois cette année, un marchandage non constructif s’est immiscé dans les travaux, compromettant le compromis et forçant la Commission à adopter des résolutions squelettiques. 

Pour la quatrième année consécutive, aucune directive n’a été donnée pour le compte d’appui, le Centre de services mondial et le Centre de services régional.  La Commission a même été empêchée de se prononcer sur certaines questions et obligée de reporter l’examen de plusieurs points de son ordre du jour.  Il est particulièrement regrettable que, cette année encore, le format des négociations n’ait permis l’adoption que d’un nombre limité de recommandations spécifiques à chaque opération de paix.  Rien n’a permis de consolider les progrès sur les directives pour les questions transversales.  Nous n’avons pas non plus eu le temps de discuter du financement durable du système des coordonnateurs résidents, ont ajouté les États-Unis.

Ces résultats, a estimé l’Union européenne, doivent pousser la Commission à réfléchir à ses méthodes de travail.  La deuxième reprise de session doit être plus longue car la présentation des rapports et la procédure est beaucoup trop chronophages.  En réalité, les négociations n’ont duré que deux semaines sur tout le mois de travail.  Mais allonger la durée de la session ne portera ses fruits que si nous entamons nos négociations plus tôt et de manière plus constructive. 

Nous insistons, a martelé l’Union européenne, sur le consensus.  Les réunions en petits groupes et les discussions officieuses ne servent ni la transparence ni l’inclusivité.  Bien au contraire, elles alimentent la méfiance et le désengagement alors que la recherche du consensus se fonde sur la confiance, la faculté de surmonter les divergences et l’engagement à trouver des solutions ensemble.  C’est cela, a conclu l’Union européenne, que l’on appelle le multilatéralisme.

Le Japon a plaidé en faveur de dates de clôture plus réalistes, à savoir mi-juin pour les deuxièmes reprises de session, comme celle-ci, et décembre pour la session principale de l’Assemblée générale.  Cela, s’est-il expliqué, nous aidera à structurer efficacement nos travaux et à réduire au minimum les problèmes inutiles pour le Secrétariat de l’ONU et les opérations de paix.

Le Contrôleur a aussi salué les progrès accomplis dans l’examen du financement du système des coordonnateurs résidents contrairement à certaines délégations qui ont regretté l’impasse dans les discussions sur les questions de fond.  L’Uruguay a proposé la nomination de facilitateurs pour les négociations sur les questions transversales parce qu’il faut de meilleurs résultats.  M. Ramanathan s’est tout de même réjoui d’avoir au moins « une mouture ».

Le Viet Nam a insisté sur un financement durable et prévisible du système de développement des Nations Unies.  Il a appelé les pays développés à participer à cet effort car, comme l’a dit le Botswana, une résolution sur le système des coordonnateurs résidents est une question centrale pour nous. 

Afin de simplifier l’adoption des projets de résolution, le Secrétariat a adopté un nouveau calendrier pour la présentation des rapports, a indiqué le Contrôleur.  Les opérations de paix doivent en effet être opérationnelles, surtout celles qui sont déployées dans des environnements complexes et en évolution constante.  Il a promis une gestion minutieuse du budget, en répondant au Royaume-Uni qui a appelé à la discipline budgétaire et à une utilisation efficace et efficiente des fonds. 

Je reviens à mon sujet favori qui est celui des liquidités, a poursuivi le Contrôleur.  Malgré la réduction du budget des opérations de paix, l’exercice 2023-2024 s’achève avec le niveau le plus élevé de contributions non acquittées depuis 11 ans, à moins que l’on ne collecte un montant record dans les 10 prochains jours.  Avec la réserve actuelle de liquidités, l’ONU n’a pas pu payer les salaires.  Si la situation ne change pas, l’ONU devra aux pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police, la somme de 413 millions de dollars, comme pour les exercices 2017-2018 et 2018-2019. 

À l’heure actuelle, l’Organisation est en deçà du niveau de l’année dernière.  Il faudra donc demander aux opérations de paix de retarder certains paiements sinon les salaires ne seront pas non plus versés au mois de juillet.  « Versez vos contributions à l’avance », a encouragé le Contrôleur. 

En attendant, le Groupe des 77 et la Chine ont remercié tous les partenaires de négociation, dont la Fédération de Russie.  Le Groupe des États d’Afrique a souligné la nécessité pour le Secrétaire général d’assurer une coordination étroite avec les pays hôtes des opérations de paix.  La perception et le point de vue de ces pays doivent occuper une place centrale dans la mise en œuvre des mandats.  Les opérations doivent faire le maximum pour laisser un héritage positif, grâce aux projets à impact rapide et autres initiatives.  Le recrutement des locaux est également un domaine qui doit être amélioré. 

Avant l’adoption sans mise aux voix du budget des opérations de paix, la Cinquième Commission est passé au vote sur le texte relatif à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui a été adopté par 130 voix pour, l’opposition des États-Unis et d’Israël et l’abstention du Paraguay.  En revanche, la Commission a rejeté par 78 voix contre, les voix pour du Canada, des États-Unis, d’Israël et du Paraguay la mise aux voix demandée par Israël sur le paragraphe 4 du préambule et les paragraphes 4, 5 et 13 du dispositif du projet de résolution A/78/C.5/L.40

Le Groupe des 77 et la Chine ont rappelé le rapport du Secrétaire général selon lequel Israël ne s’est pas acquitté du montant de 1 117 005 dollars dû à la FINUL après l’incident tragique de Cana, le 18 avril 1996.  Le Secrétaire général explique en outre qu’il n’a reçu aucune réponse aux 29 lettres qu’il a adressées à la Mission permanente d’Israël, la plus récente datée du 16 février 2024, se sont indignés le Groupe des 77 et la Chine, soulignant une fois de plus qu’Israël doit payer son dû. 

Ce dernier a dénoncé une approche biaisée, alors que les États-Unis rejetaient une résolution non consensuelle.  Au nom de l’Union européenne, la Belgique s’est dite préoccupée par les recours récurrents au vote sur le budget de la FINUL.  Nous avons voté pour la résolution dans son ensemble parce qu’elle prévoit des ressources indispensables pour la FINUL, a précisé la Belgique. 

La Cinquième Commission a également pris note des informations contenues dans les documents A/78/C.5/33 et A/78/C.5/34 sur le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix, la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie) et le Centre de services régional d’Entebbe (Ouganda) et du projet de décision A/78/C.5/L.58 sur les questions dont l’examen a été reporté. 

Présidente de la Commission, l’Égypte s’est félicitée des succès de cette session tout en se disant préoccupée par le nombre croissant de résolutions « squelettiques » et des questions dont l’examen est reporté.  Les succès sont collectifs mais les échecs, s’il y en a, relèvent de la responsabilité de la présidence.  Nous sommes impatients de travailler avec le prochain président et toutes les délégations, a conclu l’Égypte.

* A/C.5/78/L.54,L.55,L.56, L.43,L.44,L.45,L.46,L.39,L.42,L.48,L.40,L.50. 

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