La Cinquième Commission examine l’idée d’inscrire 145,2 millions de dollars dans le budget ordinaire de l’ONU pour le système des coordonnateurs résidents
La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, s’est penchée aujourd’hui sur les recommandations du Secrétaire général pour assurer le bon fonctionnement du système redynamisé des coordonnateurs résidents grâce à un financement suffisant, prévisible et durable (A/78/753).
Pour 2024, M. António Guterres propose que la somme de 50 millions de dollars soit prélevée sur les contributions volontaires au fonds d’affection spéciale pour la coordination des activités de développement; que celle de 77,5 millions vienne de l’accord de partage des coûts du Groupe des Nations Unies pour le développement durable entre entités du système des Nations Unies; et enfin celle de 145,2 millions, et c’est la nouveauté, d’une ponction du budget ordinaire de l’ONU, avec effet rétroactif au 1er janvier 2024.
Nous déplorons, a commenté le Mexique, que la présentation d’une proposition aussi importante intervienne à la toute fin de la reprise de session. Nous aurions en outre préféré que le Secrétaire général soumette plusieurs options. Or nous sommes devant une proposition fermée sans alternative aucune. Un changement d’une telle envergure, s’agissant en particulier de la structure du budget ordinaire, nécessite une analyse approfondie de sa viabilité et de son impact programmatique et budgétaire.
L’approche du Secrétaire général, a tranché la Chine, nous semble injuste vis-à-vis des pays en développement. Une réforme ne saurait faire déplacer les responsabilités financières vers d’autres épaules. Ce qu’il faut, c’est une étude complète des modalités de la proposition, en tenant compte des débats menés à la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, qui s’occupe des activités opérationnelles de développement et du système des coordonnateurs résidents. Il nous tarde en effet de recevoir des informations plus détaillées, ont ajouté les Philippines.
Mais le statu quo n’est pas viable, a prévenu le Maroc, en appuyant « sans réserve » la proposition du Secrétaire général, tout comme le Royaume-Uni et la Norvège, grands pourvoyeurs de contributions volontaires. Cette proposition, a acquiescé la Sierra Leone permettra de renforcer les fonctions de contrôle de l’Assemblée générale et de la Cinquième Commission. Toutefois, a tempéré la Norvège, la conversion de 801 postes est un ajout important au budget ordinaire. Nous attendons des réponses à nos questions et estimons que cette Commission doit trouver des solutions consensuelles.
Si nous n’achevons pas nos négociations à cette session, nous devrions reporter l’examen de cette question à la reprise de la session suivante, afin de parvenir à un consensus le plus tôt possible, a pressé la Norvège. Nous devons être mus par un sentiment d’urgence et parvenir à un résultat rapide, a pressé, à son tour, l’Angola.
Il est évident que les montants en jeu sont importants, ont reconnu la Suisse et le Liechtenstein. Mais, ont-ils estimé, c’est un bon investissement qu’il faut, a prévenu le Japon, examiner avec le sens élevé de responsabilité que l’on doit au contribuable. L’Ouganda, au nom du Groupe des 77 et la Chine, et l’Algérie en ont profité pour rappeler aux pays développés leur engagement d’assurer un financement adéquat aux activités opérationnelles de développement et au système des coordonnateurs résidents, en particulier en Afrique là où un tel financement est plus que nécessaire.
L’adoption éventuelle de la proposition du Secrétaire général, ont souligné le Nigéria et l’Éthiopie, au nom du Groupe des États d’Afrique, ne saurait annihiler l’obligation des pays développés d’augmenter leurs contributions volontaires. Ces dernières arrivent plus lentement, ce qui s’inscrit dans la tendance plus large à donner la préférence aux contributions pré-affectées, a fait observer l’Argentine, au nom du Brésil et de l’Uruguay. Il nous faudra, a-t-elle réclamé, un débat inclusif, transparent et bien sûr délicat, y compris pour les pays en développement qui sont dans une situation financière difficile.
Pendant ce débat, les questions de gouvernance et de supervision du système des coordonnateurs résidents devront être clarifiées pour qu’ils soient clairement en accord avec les structures de l’ONU, ont souligné la Suisse et le Liechtenstein, insistant sur le caractère crucial de ces questions. Dans son rapport (A/78/7/Add.46), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) ne dit pas autre chose: de plus amples renseignements, notamment des analyses de la charge de travail, auraient dû être fournis pour, par exemple, justifier la proposition d’imputer 801 postes au budget ordinaire de l’ONU, de sorte que la présence sur le terrain soit effectivement dictée par les besoins dans les lieux où l’appui de la fonction de coordination est le plus nécessaire.
Le CCQAB estime d’emblée qu’il faut réduire le nombre de postes de haut niveau proposé, augmenter celui des postes d’administrateur recruté sur le plan national et créer davantage de postes de début de carrière, de classes P2 et P3, de manière à favoriser le rajeunissement des effectifs, la planification stratégique des effectifs et l’organisation de la relève. L’Ouganda et la Sierra Leone ont promis de suivre étroitement le respect du principe de la représentation géographique équitable, y compris parmi les coordonnateurs résidents.
Plus de 55% des coordonnateurs résidents viennent des pays en développement, a précisé Singapour, au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE). Mais il ne faut pas perdre de vue que ces pays représentent presque 70% des États Membres de l’ONU. Singapour s’est dite particulièrement préoccupée par les disparités aux niveaux P3 et supérieur où près de la moitié du personnel vient d’un seul groupe régional contre seulement 23% du deuxième groupe le plus important. Il a donc demandé au Secrétariat des informations précises sur l’ensemble du personnel déployé dans le système des coordonnateurs résidents, y compris les volontaires des Nations Unies et le personnel offert à titre gracieux par les États Membres.
La Commission, qui devrait clôturer cette première reprise de session, jeudi 28 mars, a également examiné aujourd’hui l’état des incidences sur le budget 2024 du projet de décision A/78/L.46 sur le Comité spécial chargé d’élaborer une convention internationale générale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles (A/C.5/78/31). Pour les réunions du Comité, le Secrétaire général demande une enveloppe de 818 500 dollars.