Soixante-dix-neuvième session    
15e et 16e séances, matin & après-midi  
AG/12639

Assemblée générale: le Premier Ministre de la Grenade témoigne de la résilience des Caribéens

(Le résumé complet de la réunion sera disponible ultérieurement.)

Durant cette cinquième journée du débat général de l’Assemblée générale, une trentaine d’orateurs doivent prendre la parole. Il s’agit pour la plupart de Ministres des affaires étrangères, notamment ceux de la Chine, de l’Inde et de la Fédération de Russie.

 

« Mon message aujourd’hui est simple. Il peut être résumé en un mot: la résilience. »

« Il s’agit d’un terme à la mode, j’en suis conscient,

 mais pour 16 millions de personnes dans la Communauté des Caraïbes, 

la résilience est la définition de la vie quotidienne. »

(Dickon Mitchell, Premier Ministre de la Grenade)

Le Premier Ministre a expliqué que la résilience résonne au plus profond des Caribéens: « Nous tirons le meilleur parti des circonstances difficiles et trouvons de nouvelles façons non seulement de survivre, mais aussi de prospérer ».

C’est pourquoi il a choisi de parler, dans son discours, de la résilience par rapport aux changements climatiques et de la résilience économique, en soulignant le rôle de l’éducation qui y conduit.

Il a aussi témoigné de sa résilience personnelle, en tant que Grenadien né en 1977 dans un village où il n’y avait ni eau courante ni électricité.

 

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL 

Déclarations 

M. DICKON MITCHELL, Premier Ministre, Ministre des infrastructures et du développement physique, des services publics, de l’aviation civile et des transports et Ministre de la sécurité nationale, des affaires intérieures, de l’administration publique, de l’information et de la gestion des catastrophes de la Grenade, a attiré l’attention de l’Assemble générale sur deux « problèmes hémisphériques »: Cuba et Haïti.   

Si la Grenade et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) saluent la décision des États-Unis de retirer Cuba de leur liste des États qui « ne coopèrent pas pleinement » dans la lutte contre le terrorisme, elle reste sur la liste américaine des États qui parrainent le terrorisme et le blocus américain est maintenu.  Pour le Premier Ministre, ce fait est troublant et le peuple cubain est contraint de subir cette imposition qui dure depuis 60 ans et qui n’a aucun objectif positif.  Il a donc appelé à la levée du blocus qui pèse sur l’île.   

S’agissant d’Haïti, M. Mitchell a souligné la crise humanitaire urgente, l’insécurité alimentaire aiguë et une situation sécuritaire difficile.  Il a dit sa reconnaissance au Belize et à la Jamaïque d’avoir envoyé du personnel de sécurité pour soutenir les troupes kényanes, mais a rappelé que la question du financement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS) reste essentielle.  Il s’est dit en ce sens profondément intéressé par la proposition des États-Unis de transformer cette mission en une opération officielle de maintien de la paix des Nations Unies.  Quelle que soit l’approche, la Grenade appelle la communauté internationale à faire sa part pour soutenir la Mission et pour atténuer la crise humanitaire.   

Désireux d’adresser à l’Assemblée générale un message simple que résume la « résilience », le Premier Ministre a convenu qu’il s’agit d’un « terme à la mode, j’en suis conscient », pour ajouter aussitôt que « pour 16 millions de personnes dans la Communauté des Caraïbes, la résilience est la définition de la vie quotidienne ». 

La résilience est aussi un itinéraire personnel, a affirmé M. Mitchell, qui a décrit le sien, celui d’un enfant né en 1977 dans un village sans eau ni électricité et devenu aujourd’hui Premier Ministre de son pays.  Il a ainsi expliqué que, parmi ses principales priorités en tant que Chef de gouvernement, figure celle de veiller à ce que les enfants de la Grenade aient la possibilité d’apprendre, d’étudier et de réaliser leur plein potentiel. 

M. Mitchell a également relaté la résilience dont son pays a fait preuve, lorsque notamment en 2004, l’ouragan Ivan a dévasté l’île, et que, moins d’un an plus tard, elle a été frappée par l’ouragan Emily.  Il y a trois mois, ce sont les îles de Carriacou et Petite Martinique qui ont été frappées par l’ouragan Beryl, provoquant des destructions inimaginables, a-t-il rappelé.   

La leçon apprise alors dans la CARICOM est que nous ne pouvons pas continuer à reconstruire après chaque tempête sans rechercher des solutions durables et que nous ne pouvons pas le faire seuls, que nous ne pouvons pas financer ces projets seuls, a insisté M. Mitchell.  Pour lui, des pays comme la Grenade font leur part, mais ont besoin que la communauté internationale se mobilise et soutienne leurs efforts.  Nous demandons plus qu’une simple aide financière; nous recherchons des partenariats avec lesquels nous pouvons travailler ensemble sur l’adaptation aux changements climatiques, a-t-il expliqué.  Parce que nous pensons que la résilience que nous construisons aujourd’hui, grâce à la technologie, à l’innovation et aux partenariats, peut servir de modèle à d’autres, a-t-il conclu. 

M. AMADOU OURY BAH, Premier Ministre de la Guinée, a évoqué trois « 28 septembre » ayant marqué l’histoire de son pays, « trois événements, trois moments qui incarnent l’esprit de résilience et de liberté de notre peuple ».  Il a cité le 28 septembre 1958, voilà exactement 66 ans, lorsque le peuple de Guinée a choisi de voter massivement pour le « Non » au référendum proposé par le Général De Gaule, optant ainsi pour l’indépendance immédiate.  Puis le 28 septembre 2009, quand ce même peuple a réclamé au prix d’un très lourd tribut sa pleine jouissance de la liberté, de la démocratie et de la dignité.  Et enfin ce jour, 28 septembre 2024, lors duquel « nous renouvelons notre engagement en toute liberté envers ces dynamiques et forger un avenir fondé sur la paix, la justice et la dignité pour tous ».   

M. Oury Bah a jugé impératif qu’en cette heure de grande turbulence mondiale, marquée par des conflits, des inégalités grandissantes et une crise climatique qui menace notre existence même, les États soient audacieux dans leurs actions et unis autour d’une vision commune.  Estimant que l’esprit de solidarité et de coopération qui a guidé l’ONU depuis sa création est plus nécessaire que jamais, il a appelé les pays à la soutenir en s’inspirant notamment du relèvement de la Guinée amorcé en 2009 de manière responsable et transparente.   

Le Premier Ministre a ensuite présenté le programme « Simandou 2040 », qualifié de projet emblématique qui incarne une véritable vision de l’avenir et placé au cœur de la transformation nationale de son pays.  Ce programme, a-t-il expliqué, incarne bien plus qu’un simple projet minier, puisqu’il ambitionne de bâtir « un véritable programme sociétal et environnemental, où l’homme et son environnement coexistent en harmonie ».  En allouant 20% des revenus générés au développement du capital humain, nous affirmons notre volonté de garantir que les retombées économiques de Simandou profitent directement à nos populations, a-t-il expliqué.  M. Oury Bah a précisé que le projet repose sur une coopération internationale inédite, où les intérêts de grandes puissances comme la Chine et les États-Unis, habituellement rivales ailleurs, se combinent en Guinée dans un climat constructif.   

Après avoir souligné que les valeurs de justice, de paix et de solidarité sont réaffirmées dans la nouvelle Constitution de la République de Guinée en préparation, le Premier Ministre a reconnu que le chemin vers la refondation ne peut être parcouru seul.  La Guinée en appelle donc à un soutien international sincère et renforcé, fondé sur le respect mutuel, l’écoute, et l’accompagnement dans la poursuite de nos objectifs communs.  La Guinée, a insisté M. Oury Bah, ne sollicite pas la compassion, elle propose un partenariat, une alliance active et dynamique, pour construire ensemble un monde où la paix, la justice, et la dignité sont des droits universels.   

Par ailleurs, le Premier Ministre guinéen a déclaré que la lutte contre le terrorisme et les conflits armés ne peut être gagnée qu’en adoptant une approche elle aussi holistique, qui place la justice sociale, le développement équitable, et la solidarité régionale au cœur des efforts engagés.  À cette aune, il estime qu’il est temps que le Conseil de sécurité des Nations Unies reflète véritablement la diversité et les aspirations du monde d’aujourd’hui, y compris celles de l’Afrique. 

Concernant les changements climatiques, M. Oury Bah a indiqué qu’en réaffirmant l’engagement de son gouvernement à faire inscrire le massif du Fouta Djallon, « véritable château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, la Guinée envoie un signal fort en faveur de la préservation des écosystèmes, tout en prévenant d’éventuels conflits liés à la gestion des ressources en eau.  Parce que garantir l’équilibre écologique de la région, c’est aussi garantir la paix pour les générations futures, il a demandé à la communauté internationale de renforcer ses engagements pour les objectifs de développement durable, en particulier pour les pays les moins avancés.  « Il est urgent de garantir un financement climatique juste et d’adopter des politiques de transition énergétique qui ne laissent personne de côté », a-t-il insisté.   

(à suivre)

 

 

 

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