À l’Assemblée générale, les pays africains plaident pour une réforme du Conseil de sécurité et de l’architecture financière internationale
Se succédant à la tribune de l’Assemblée générale ce matin, les chefs d’État et de gouvernement africains ont redoublé d’appels à réformer en profondeur le système onusien et l’architecture financière internationale. Ce troisième jour du débat général a aussi été marqué par l’intervention du Président de l’État de Palestine et par celle du Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti qui ont plaidé chacun pour la création d’une mission de maintien de la paix de l’ONU.
« Les États choisissent de plus en plus l’unilatéralisme et la militarisation plutôt que le dialogue et la diplomatie », a regretté le Président kényan, constatant, à l’instar de nombre de ses pairs, une érosion de la confiance dans le système multilatéral. Nous ne pouvons pas continuer avec un Conseil de sécurité qui reflète les structures des pouvoirs de 1945, une période où la plupart des États africains actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient donc pas voix au chapitre dans les affaires mondiales, a élaboré le Président de Sao Tomé-et-Principe. Jugeant le Conseil « dysfonctionnel, non démocratique, non inclusif, non redevable, autocratique et opaque », son homologue kényan a précisé qu’il excluait 54 pays africains, représentant 1,4 milliard de personnes, tout en permettant à une nation d’opposer son veto aux décisions de tous les autres États Membres.
La priorité de l’Afrique est la réforme du Conseil de sécurité avec l’attribution de deux sièges de membre permanent pour le continent, a résumé le Président du Malawi. Il s’est félicité du soutien affiché sur ce sujet par les Présidents des États-Unis et de la Chine. L’Afrique attend cependant une adhésion plus large des autres membres permanents à cette initiative, a dit le Président de la transition du Gabon, en même temps que l’accès au droit de veto des membres africains, conformément au consensus d’Ezulwini.
« Il n’y a pas de développement sans paix, et pas de paix sans développement », a souligné le Président de Sao Tomé-et-Principe, un argument souvent repris par les dirigeants africains. Le Président de la Gambie a indiqué que son pays, comme la plupart des pays les moins avancés, faisait face à des défis qui menacent sa survie même, appelant la communauté internationale à s’acquitter de ses engagements au titre de l’aide publique au développement. Face au retard pris dans la réalisation des objectifs de développement durable, le Président du Kenya a blâmé, entre autres facteurs, le manque de financement, d’appui technique et de renforcement des capacités.
La crise de la dette en Afrique est un « cancer » qui finira par atteindre vos pays, a averti le Président du Malawi, estimant que les pays du continent étaient lésés dans leur accès aux marchés internationaux. Développant cet argument, le Président kényan a dénoncé les « méthodologies biaisées » des agences de notation qui les désavantagent. Insistant sur ce point, il a expliqué que de nombreux pays du Sud devaient choisir entre l’achat de médicaments et de manuels scolaires ou le remboursement de la dette. « On peut se demander ce qui se passe dans la tête de ceux qui donnent la priorité au rendement économique plutôt qu’aux personnes, qu’est-il arrivé à l’humanité? »
Ces chefs d’État, pour ne citer qu’eux, ont également plaidé pour une réforme des institutions financières mondiales. De son côté, le Président de la République centrafricaine a exhorté l’ONU à œuvrer davantage en faveur de la mise en œuvre du « nexus climat, paix et développement », en créant une synergie entre adaptation climatique et consolidation de la paix.
Arrivé à la tribune sous les applaudissements, le Président de l’État de Palestine, a martelé: « Nous ne partirons pas, nous ne partirons pas, la Palestine est notre patrie! » ajoutant que si quelqu’un devait partir, c’était l’occupant. Il a accusé Israël d’être responsable d’une « guerre génocidaire » à Gaza, qui a fait plus de 40 000 morts, dont 30 000 femmes et enfants, 100 000 blessés et 2 millions de personnes déplacées. « Faites cesser ce génocide, faites cesser l’envoi d’armes à Israël! » a-t-il imploré, « cette folie ne doit pas continuer, le monde entier est responsable ».
Le Président a déploré que les États-Unis aient opposé par trois fois, seuls, leur veto au Conseil de sécurité à des projets de résolution appelant au cessez-le-feu. Estimant que la fourniture continue d’armes par les États-Unis à Israël constituait un encouragement, il a ajouté qu’ils étaient aussi le seul pays membre du Conseil de sécurité à avoir voté contre l’octroi à la Palestine du statut d’État Membre à part entière. Selon lui, c’est Israël, qui refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU, et dont le représentant a affirmé ici même que ce bâtiment devrait être rasé, qui « ne mérite pas d’être Membre de l’ONU ».
« Nous ne permettrons pas à Israël de prendre un centimètre de Gaza », a-t-il lancé après avoir accusé le Premier Ministre israélien de vouloir expulser la population de Gaza et de Cisjordanie vers l’Égypte et la Jordanie. Enfin, il a demandé un retour de la souveraineté et de la juridiction de l’État de Palestine sur Gaza, la tenue dans l’année d’une conférence de paix sous les auspices de l’ONU pour mettre en place la solution des deux États, et la mise en place s’une force de maintien de la paix de l’ONU entre l’État de Palestine et Israël.
« Quand Israël empruntera-t-il le chemin de la paix jusqu’au bout? » a fait écho le Ministre des affaires étrangères et des émigrants du Liban, avant de réitérer son appel à un cessez-le-feu sur tous les fronts. Il a exhorté la communauté internationale à agir avant que la situation de crise dans son pays ne dégénère encore davantage et ne s’étende à toute la région. « Ce que nous vivons aujourd’hui au Liban est le résultat, et non la cause, de l’absence d’une solution durable. La cause, c’est l’occupation », a-t-il argué.
Concernant la situation à Gaza, le Président du Conseil européen a condamné les attaques terroristes perpétrées par le Hamas et exigé la libération immédiate des otages. Il a affirmé qu’Israël avait le droit de se défendre, mais en respectant le droit international et le principe de proportionnalité. Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, tout en soulignant la nécessité d’une solution à deux États. Il a insisté sur le fait que la sécurité ne pouvait être assurée sans la paix, et que le déni des droits du peuple palestinien alimentait la polarisation mondiale. « La politique suivie par Israël est sans issue et dangereuse pour tous. Elle doit changer. »
De son côté, le Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, a assuré que son peuple, malgré les épreuves auxquelles il est confronté –une violence dévastatrice, une instabilité politique persistante, une précarité quasi générale et une pauvreté dégradante– « refuse de se laisser submerger par le désespoir ». Rappelant qu’Haïti avait accueilli plusieurs missions de l’ONU au cours des trois dernières décennies, dont certaines ont laissé un « héritage lourd de conséquences », il a déclaré: « Nous avons aujourd’hui l’opportunité de redorer le blason des missions internationales en Haïti. » C’est dans cet esprit qu’il a souhaité voir s’amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission d’appui à la sécurité actuellement déployée par le Kenya en une mission d’opération de maintien de la paix sous mandat de l’ONU. Une transformation qui permettrait à la fois de sécuriser un financement plus stable et d’élargir les capacités de la Mission, mais également de renforcer l’engagement des États Membres en faveur de la sécurité en Haïti, face à la montée en puissance des gangs.
L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 27 septembre, à partir de 9 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a déclaré que les États Membres de l’ONU sont liés par les trois piliers paix, sécurité et développement. « La question qui se pose est de savoir comment agir dans cette union. » Pour pleinement coopérer, a-t-il dit, il nous faut prendre conscience de l’urgence qu’il y a à agir, notamment pour le développement, mais aussi pour une réforme des Nations Unies. La priorité de l’Afrique est la réforme du Conseil de sécurité avec l’attribution de deux sièges de membre permanent pour le continent, a-t-il indiqué, avant de se réjouir du soutien affiché sur ce sujet par les Présidents des États-Unis et de la Chine.
Le Président a expliqué qu’à cause des changements climatiques et des catastrophes qu’ils entraînent, un cinquième de la population de son pays se trouve dans une situation de famine. Mais heureusement, le Malawi a bénéficié d’une coopération internationale active pour répondre à ce défi: avec les États-Unis, des pays de l’Union européenne, l’Arabie saoudite, le Japon ou encore le Maroc et le Fonds monétaire international (FMI), des routes et des hôpitaux ont été construits ou rénovés, des programmes alimentaires et de protection sociale ont été mis en place, de même que des infrastructures électriques. « Le Malawi est l’exemple de ce que l’on peut accomplir pour qu’un pays atteigne le développement par le biais de la coopération internationale. »
Toutefois, la crise de la dette en Afrique constitue un « cancer », qui finira par atteindre vos pays, a-t-il averti, appelant les États qui refusent de voir ce problème à l’examiner en profondeur. La concurrence économique entre États est aussi un sujet de préoccupation. Elle doit être saine pour que ceux qui souhaitent avoir accès aux marchés internationaux ne soient pas lésés, en particulier les pays africains. De la même manière, il faut permettre l’accès à la technologie et à l’éducation, alors que les règles visant aujourd’hui à réglementer l’intelligence artificielle ne profitent qu’à quelques États, a ajouté le Président. La réponse aux questions qui se posent à la communauté internationale se trouve dans une gouvernance de l’ONU plus juste, robuste et inclusive, « sinon rien ne pourra être fait ». C’est l’absence d’une telle gouvernance qui est selon lui la cause des échecs en Ukraine, au Moyen Orient, au Soudan et ailleurs.
M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Président du Kenya, a constaté que les conflits et les tensions s’étendaient désormais à toutes les régions, et s’est inquiété de la multiplication des récits polarisants, des guerres et de la course aux armements, notamment nucléaires. Évoquant les « traces dévastatrices » laissées par les conflits, de Gaza au Darfour, de l’Ukraine au Yémen, de l’est de la République démocratique du Congo au Soudan, de la région du Sahel à Haïti, il a noté que les changements climatiques les alimentaient souvent, en aggravant la pénurie de ressources et la concurrence pour les obtenir. Il s’est également dit préoccupé par l’usage croissant de la désinformation et la manipulation, facilitées par les médias sociaux, qui menace davantage les démocraties en sapant la confiance du public et l’intégrité des processus démocratiques.
« Les États choisissent de plus en plus l’unilatéralisme et la militarisation plutôt que le dialogue et la diplomatie », a regretté le Président, ajoutant que la mentalité du « eux contre nous » avait généré des coalitions négatives, une escalade des tensions et une érosion de la confiance dans le système multilatéral. Il a rappelé la participation de son pays à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie, et s’est dit fier que la Somalie rejoigne bientôt le Conseil de sécurité en tant que membre non permanent. Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité, qui établit un cadre pour le financement des opérations d’appui à la paix de l’Union africaine. Il a rappelé qu’à la demande des dirigeants du Soudan du Sud, il avait lancé au début de l’année l’initiative « Tumaini », réunissant les parties belligérantes afin de s’attaquer aux causes profondes du conflit prolongé dans ce pays. Évoquant la situation en Haïti, M. Ruto a rappelé que le Kenya dirigeait une mission multinationale d’appui à la sécurité. Il a annoncé que malgré des lacunes en termes d’équipement et de financement, le Kenya atteindrait l’objectif de 2 500 policiers sur le terrain d’ici à janvier prochain. Selon le Président, le Conseil de sécurité est « dysfonctionnel, non démocratique, non inclusif, non redevable, autocratique et opaque ». Il a affirmé qu’il excluait 54 pays africains, représentant 1,4 milliard de personnes, tout en permettant à une nation d’opposer son veto aux décisions des 193 États Membres restants. Qualifiant cette situation d’inacceptable, il a appelé à une réforme urgente du Conseil. Il a ajouté que les pays africains travaillaient aussi à réformer l’Union africaine « de fond en comble ».
Insistant sur le lien entre la paix et le développement, il a rappelé que seuls 17% des ODD étaient en passe d’être atteints, et que près de la moitié affichent des progrès minimes ou modérés, plus d’un tiers étant au point mort ou ayant régressé. Outre les nombreuses crises ayant affecté la planète ces dernières années, il a blâmé le manque de financements, d’appui technique et de renforcement des capacités. Il a également dénoncé les « méthodologies biaisées » employées par les agences de notation qui désavantagent les pays africains, entravant leur accès à des financements abordables sur les marchés internationaux. Insistant sur ce point, il a expliqué que de nombreux pays du Sud devaient choisir entre l’achat de médicaments, de manuels scolaires ou le recrutement d’enseignants, et le remboursement de la dette. « On peut se demander ce qui se passe dans la tête de ceux qui donnent la priorité aux rendements économiques plutôt qu’aux personnes, qu’est-il arrivé à l’humanité? » s’est-il interrogé, avant d’appeler à réformer l’architecture financière internationale. Le Président a rappelé que Nairobi accueillerait le mois prochain un forum d’investissement pour les énergies renouvelables en Afrique. Il s’est félicité de la reconstitution de l’Association internationale de développement qui a tenu son sommet à Nairobi au début de l’année, ainsi que du lancement du Club Afrique, une alliance d’institutions financières africaines visant à renforcer la position de l’Afrique dans l’architecture financière mondiale.
M. RASHAD MOHAMMED AL-ALIMI, Président du Conseil de direction présidentiel du Yémen, a appelé à une approche collective pour soutenir le Gouvernement yéménite et renforcer ses capacités institutionnelles afin de protéger ses eaux territoriales et de sécuriser l’ensemble de son territoire national. Il a accusé les milices houthistes de faire du « chantage » à la communauté internationale. Malgré la trêve approuvée par le Gouvernement en avril 2022, les milices poursuivent leurs violations flagrantes des droits de l’homme et des lois nationales et internationales. Le Gouvernement yéménite a été contraint de transférer le siège de la Banque centrale de Sanaa, qui est sous le contrôle des milices, vers la capitale temporaire, Aden.
Le Président du Conseil de direction présidentiel a appelé la communauté internationale à adopter des politiques fermes pour pousser les milices vers le choix de la paix. Il a rappelé que cela fait déjà quatre mois que les houthistes ont kidnappé des dizaines d’employés des Nations Unies, en plus des milliers d’innocents emprisonnés depuis des années. Il a aussi évoqué les actions des houthistes en mer Rouge et leur utilisation de missiles balistiques et de drones contre les navires marchands civils dont le pétrolier Sounion. Depuis des années, l’économie yéménite est confrontée à des défis complexes, a-t-il souligné. Selon lui, les attaques terroristes des houthistes contre des installations pétrolières ont aggravé la crise financière et privé le peuple de revenus. Ces actions ont du reste empêché le Gouvernement de payer les salaires et de subvenir aux besoins de base des populations.
Dans le même temps, la crise humanitaire touche plus de 14 millions de Yéménites. M. Al-Alimi a appelé la communauté internationale à soutenir d’urgence son pays qui fait face à une situation humanitaire catastrophique. Il a estimé que le redressement du Yémen n’est pas seulement une question nationale, mais également régionale et mondiale. Il a expliqué que sa stabilité contribuera à celle de la région au vu de son impact sur les corridors maritimes, y compris le canal de Suez. Il a salué le rôle de la coalition de soutien à la légitimité de son gouvernement dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. A contrario, il a dénoncé le rôle de l’Iran et de ses armes déstabilisatrices utilisées au Yémen et dans la région et du monde. Le Président du Conseil de direction présidentiel a aussi dénoncé la guerre brutale israélienne contre le peuple palestinien, tout en déplorant la surenchère iranienne sur la question palestinienne. Les Palestiniens ont le droit d’établir leur État totalement indépendant et souverain, a-t-il dit. Il a également appelé à l’unité du Liban, arguant que les Libanais ont le droit de prendre leurs propres décisions.
M. BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA, Président de la transition et Chef de l’État du Gabon, a rappelé que le Gabon vient de célébrer le premier anniversaire du coup de libération. Il a évoqué la marche vers la construction d’un Gabon nouveau, avec notamment la mise en place des institutions de la transition; la libération des prisonniers d’opinion; l’inclusivité permanente; la tenue d’un dialogue national inclusif; ainsi que la rédaction d’une nouvelle constitution. La prochaine étape est l’organisation du référendum dans les prochains mois, l’adoption d’un code électoral et la révision du fichier électoral. « Au lendemain du coup de libération du 30 août 2023, qui s’est réalisé sans effusion de sang, nous avons prôné la préservation de la paix et de l’unité nationale en faisant appel à toutes les forces vives de la nation, quels que soient leurs origines, leurs croyances ou leur statut social, dans les efforts visant à construire un Gabon plus équitable et plus prospère. »
Se tournant vers les nations industrialisées, le Président de la transition les a invitées à véritablement respecter leurs engagements en soutenant les pays qui abritent les plus grands réservoirs de carbone au monde. Il a en outre dit appuyer les efforts du Secrétaire général de l’ONU visant à parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable sur le « Sahara marocain ». Il s’est réjoui de l’annonce officielle des États-Unis qui ont dit soutenir l’admission de deux États africains comme membre permanent du Conseil de sécurité. Cependant, l’Afrique attend une adhésion plus large des autres membres permanents du Conseil de sécurité à cette initiative, en même temps que l’accès au droit de veto des membres africains, conformément au consensus d’Ezulwini. « Ceci ne serait que justice pour notre continent. »
Le Président de la transition a par ailleurs invité la communauté internationale à ne pas détourner les yeux de Gaza. Il est plus que jamais temps que s’installe une paix définitive en vue de la coexistence harmonieuse des États palestiniens et israéliens. Il a également réitéré la position du Gabon en faveur de la levée de l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba en raison de son impact négatif sur le bien-être de la population. Sur le plan économique, le Président Oligui Nguema a relevé que le système financier international actuel ne permet pas de diriger les investissements vers le développement et donc d’assurer la dignité des populations à laquelle nous appelle le thème du débat de cette année. Il a ainsi plaidé pour une réforme des institutions financières mondiales, arguant qu’elle est cruciale pour dégager des financements en faveur des pays en développement. Il a conclu en lançant un appel: « mutualisons nos efforts pour l’espoir d’un meilleur destin, en agissant autrement pour la préservation de la race humaine ».
M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a commencé par remercier le Conseil de sécurité d’avoir, le 30 juillet dernier, décidé de la levée totale de l’embargo injuste, illégitime et inique sur les armes, imposé aux forces armées centrafricaines et qui a causé au pays, une décennie durant, tant de préjudices irréparables. Il a exprimé sa gratitude et celle du peuple centrafricain pour cette « sage décision » qui, quoique tardive, permet au pays de poursuivre ses actions en faveur du rétablissement de la paix et de la sécurité nationales et d’agir, avec les autres États du monde, pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures.
Le chef d’État a ensuite indiqué que son pays se prépare à renforcer son ancrage démocratique par l’organisation prochaine des élections municipales et régionales, les premières depuis quatre décennies. Dans cette perspective, il a annoncé que des mesures spéciales sont prises pour mettre hors d’état de nuire les groupes armés résiduels qui se livrent à des actes de grand banditisme, à l’exploitation illégale ainsi qu’au trafic frauduleux des ressources naturelles dans le but d’acquérir des matériels et équipements militaires. Des avancées significatives ont également été réalisées grâce à la participation de toutes les parties prenantes au processus global de paix et de sécurité axé sur « l’Accord politique pour la paix et la réconciliation nationale et la feuille de route conjointe de Luanda ». Mais en dépit de ces avancées, le pays fait face à de nombreux défis, en particulier la construction des casernes militaires au plus proche des menaces, l’acquisition des matériels et équipements militaires au profit des Forces de défense et de sécurité.
Le chef d’État a également relevé que les promesses de financement en faveur des pays vulnérables tardent à prendre forme, tout comme les mesures d’atténuation décidées à l’occasion des différentes Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP). Conscient de la dangerosité du phénomène climatique, le Gouvernement de la République centrafricaine a mis en place des politiques sectorielles dont l’efficacité dépend en partie des financements climatiques encore aléatoires, a expliqué le Président. Dans ce contexte, il a exhorté l’ONU à œuvrer davantage en faveur de la mise en œuvre du « nexus climat, paix et développement », en créant une synergie entre adaptation climatique et consolidation de la paix, afin d’absorber de manière holistique les vulnérabilités liées aux changements climatiques, ainsi que la fragilité et les risques de conflits.
Concluant, il s’est félicité du pas fait par les États-Unis en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité. Mais au regard de l’évolution du monde, l’Afrique, longtemps laissée de côté, ne doit se complaire dans une telle proposition qui ne peut s’analyser autrement que par un déni perpétuel du droit de veto, a-t-il assené.
M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, arrivé à la tribune sous les applaudissements, a martelé: « Nous ne partirons pas, nous ne partirons pas, la Palestine est notre patrie! » ajoutant que si quelqu’un devait partir, c’était l’occupant. Il a accusé Israël d’être responsable d’une « guerre génocidaire » à Gaza, qui a fait plus de 40 000 morts, dont 30 000 femmes et enfants, 100 000 blessés et 2 millions de personnes déplacées. « Faites cesser ce génocide, faites cesser l’envoi d’armes à Israël! » a-t-il imploré, « cette folie ne doit pas continuer, le monde entier est responsable ».
Le Président a affirmé que la Cisjordanie était victime du terrorisme de groupes de colons, qui, avec le soutien du Gouvernement et de l’armée israélienne, détruisent des centaines de maisons, notamment dans le but de modifier le statut historique de Jérusalem. « Israël lance aujourd’hui une nouvelle agression génocidaire contre le peuple frère libanais », a-t-il poursuivi, condamnant cette offensive et exigeant qu’elle cesse. Constatant que la bande de Gaza avait été réoccupée, presque totalement détruite et qu’elle n’offrait plus des conditions de vie acceptables, il a estimé que la communauté internationale devait sanctionner Israël. « Les crimes perpétrés par Israël contre le peuple palestinien depuis sa création 1948 jusqu’à ce jour ne resteront pas impunis, il n’y a pas de prescription pour cela », a-t-il affirmé.
M. Abbas a déploré que les États-Unis aient opposé par trois fois, seuls, leur veto au Conseil de sécurité à des projets de résolution appelant au cessez-le-feu. Estimant que la fourniture continue d’armes par les États-Unis à Israël constituait un encouragement, il a ajouté qu’ils étaient aussi le seul pays membre du Conseil de sécurité à avoir voté contre l’octroi à la Palestine du statut d’État Membre à part entière. Selon lui, c’est Israël, qui refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU et dont le représentant a affirmé ici même que ce bâtiment devrait être rasé, qui « ne mérite pas d’être Membre de l’ONU ». Expliquant qu’en 1949, les conditions d’adhésion posées par l’ONU à Israël impliquaient la mise en œuvre des résolutions 181 (1947) et 194 (1948) de l’Assemblée générale, il a annoncé que l’État de Palestine allait saisir l’Assemblée pour dénoncer ce défaut d’application.
Il a salué les États Membres de l’Assemblée générale –plus des deux tiers- qui ont voté pour une résolution adoptant l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), du 19 juillet 2024, visant à mettre un terme à l’occupation illégale par Israël de l’État de Palestine sous 12 mois. « Pour la première fois, il y a un cadre, un calendrier, où l’on exige un cessez-le-feu, la destruction des colonies et l’évacuation des 600 000 colons », s’est-il félicité. M. Abbas a salué un « grand changement » dans les positions des États Membres en vue d’une évolution du statut de son pays vers le statut de membre de plein droit de l’ONU. Il a également exprimé sa gratitude à ceux qui se sont élevés contre le génocide à Gaza en manifestant partout dans le monde, notamment aux États-Unis.
Le Président a appelé à un cessez-le-feu complet et immédiat à Gaza, la fin des attaques terroristes perpétrées par les colons en Cisjordanie, un accès humanitaire sans entrave, le retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza et la fin des déplacements forcés. À ce sujet, il a accusé le Premier Ministre israélien de vouloirs expulser la population de Gaza et de Cisjordanie vers l’Égypte et la Jordanie, mais a salué le refus opposé par ces États. « Nous ne permettrons pas à Israël de prendre un centimètre de Gaza », a-t-il lancé. Il a demandé la protection de la communauté internationale et de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), affirmant que les Palestiniens ne souhaitaient pas combattre Israël, mais en être protégés. Enfin, il a demandé un retour de la souveraineté et de la juridiction de l’État de Palestine sur Gaza, la tenue dans l’année d’une conférence de paix sous les auspices de l’ONU pour mettre en place la solution des deux États, et la mise en place d’une force de maintien de la paix de l’ONU entre l’État de Palestine et Israël.
M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, s’est dit convaincu que la voie vers un avenir meilleur passe par le multilatéralisme et une coopération internationale plus étroite. Il a jugé urgent de mener une réforme substantielle du système onusien, en particulier du Conseil de sécurité et des institutions financières internationales. Il a indiqué que la Gambie, comme nombre de pays parmi les moins avancés, fait face à des défis qui menacent sa survie même. La communauté internationale doit aider les pays les moins avancés (PMA) afin de remédier au fardeau des inégalités et de permettre l’édification d’économies robustes. « Nous devrions également joindre nos forces pour combler le fossé numérique et appuyer les transferts de technologies en faveur du développement », a-t-il ajouté.
Le Président a souligné l’importance de l’égalité entre les genres et le rôle indispensable des femmes dans le développement socioéconomique. « En tant que Président, je continuerai de garantir la protection des femmes et des filles. » Le Président a indiqué que la Gambie est fermement engagée en faveur de la promotion des droits humains et de l’établissement d’une démocratie robuste. L’établissement d’une commission nationale pour les droits humains, ainsi que la consolidation d’un pouvoir judiciaire indépendant, impartial et libre, apporte un sentiment de sécurité aux citoyens de la Gambie en leur permettant de saisir les tribunaux, a-t-il expliqué. « Je suis heureux d’annoncer que depuis 2017, il n’y a eu aucun prisonnier politique en Gambie et qu’aucun journaliste ou défenseur des droits humains n’a été emprisonné. » En août 2024, la Gambie a été reconnue comme l’un des pays leaders en Afrique s’agissant de la liberté d’expression, s’est-il encore félicité. Le Président a également précisé que son pays est en train de prendre des mesures pour mettre un terme final « à la saga des victimes de la dictature » dans son pays. Pour aller de l’avant, nous avons besoin de votre soutien, a déclaré le Président.
Le Président a salué les efforts du Maroc ainsi que la viabilité de l’Initiative marocaine d’autonomie. « Cette initiative, conforme aux principes de la Charte, propose une plateforme à toutes les parties impliquées dans le conflit du Sahara marocain afin de s’engager dans un dialogue emmené par l’ONU en vue d’une solution politique permanente, agréée par tous. » En ce qui concerne le respect du « principe d’une seule Chine », le Président a dit continuer de soutenir la Chine, en louant le soutien généreux de ce pays à ses voisins du Sud. Sur le sujet des migrations, il a invité la communauté internationale à les réguler tout en les décriminalisant. Les êtres humains ne doivent pas perdre leur vie à la recherche d’un avenir meilleur, a tranché M. Barrow. À cet égard, la Gambie coopère avec les pays concernés pour remédier au sort des migrants, a-t-il assuré.
Enfin, le Président a invité la communauté internationale à remédier aux inégalités avec « compassion » et à s’acquitter de ses engagements au titre de l’aide publique au développement (APD). « Malgré les immenses défis auxquels nous faisons face, il existe un immense potentiel de changement positif grâce à des actions collectives », a conclu le Président de la Gambie.
M. EDGARD LEBLANC, Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, a déclaré que son peuple, malgré les épreuves auxquelles il est confronté –une violence dévastatrice, une instabilité politique persistante, une précarité quasi générale et une pauvreté dégradante– refuse de se laisser submerger par le désespoir. La création du Conseil présidentiel de transition matérialise cette volonté d’aller de l’avant, a-t-il affirmé. Réunissant des organisations de la société civile et toutes les tendances politiques du pays, cet organe incarne la pluralité de la société haïtienne, avec une feuille de route claire: restaurer la sécurité publique, organiser des élections libres et transparentes à la fin de l’année 2025, et rétablir la confiance dans les institutions de l’État. S’il est de notre devoir, en tant que nation souveraine, de prendre en main notre destin et de surmonter les divisions, cette responsabilité n’incombe pas seulement à nous, a-t-il cependant observé. « La communauté internationale, l’ONU, les puissances étrangères qui ont souvent joué un rôle décisif dans l’histoire d’Haïti ont également un rôle essentiel à jouer dans ce processus. »
Au nom du peuple haïtien, M. Leblanc a tenu à « saluer fraternellement tous les amis d’Haïti qui ont fait preuve de solidarité envers les migrants de notre pays, en particulier ceux résidant à Springfield, dans l’Ohio, aux États-Unis ». La longue histoire d’amitié et de solidarité réciproque entre nos deux nations, depuis notre participation à la bataille de Savannah en 1779, nous permet de dire avec confiance que le peuple américain rejette toute incitation à la haine contre notre communauté, a-t-il assuré. La participation active des immigrés haïtiens à différents niveaux de la vie des États-Unis est tangible et significative.
Aujourd’hui, Haïti fait face à une crise sécuritaire d’une gravité sans précédent, avec la montée en puissance des gangs armés, la violence généralisée et l’instabilité politique. Cinquante pour cent des effectifs des gangs de la région de la capitale sont formés d’enfants et d’adolescents -filles et garçons, s’est alarmé M. Leblanc. Le rétablissement de la sécurité nationale, a-t-il indiqué, est donc une priorité absolue pour les autorités haïtiennes. Raison pour laquelle il s’est félicité de la décision du Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité. Avec son appui, les forces de sécurité nationales ont déjà montré des résultats tangibles, même s’il reste beaucoup à faire.
Haïti a accueilli plusieurs missions des Nations Unies au cours des trois dernières décennies, notamment la MINUSTAH, a rappelé M. Leblanc. « Si certaines ont contribué à stabiliser temporairement le pays, elles ont également laissé un héritage lourd de conséquences. » Des allégations de violations graves des droits humains, y compris d’abus sexuels, ont ébranlé la confiance du peuple haïtien et l’absence de poursuites et de réparations pour les victimes a renforcé un sentiment d’impunité, a-t-il reconnu, minant ainsi les efforts de reconstruction. « Nous avons aujourd’hui l’opportunité de redorer le blason des missions internationales en Haïti. » C’est dans cet esprit que nous souhaitons voir amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission d’appui à la sécurité actuellement déployée en une Mission d’opération de maintien de la paix sous mandat de l’ONU, a-t-il plaidé. Une transformation qui permettrait à la fois de sécuriser un financement plus stable et d’élargir les capacités de la Mission, mais également de renforcer l’engagement des États Membres en faveur de la sécurité en Haïti.
En 1825, a rappelé le Président du Conseil de transition, à peine 21 ans après avoir gagné sa liberté au prix d’une lutte héroïque, Haïti a été contrainte de payer une dette colossale à la France, pays colonisateur, en échange de la reconnaissance de son indépendance. Cette « rançon imposée sous la menace » a siphonné les ressources de la jeune nation, la plongeant dans un cycle infernal d’appauvrissement dont elle peine toujours à sortir. Aussi M. Leblanc a-t-il demandé la reconnaissance d’une « dette morale et historique » et la mise en œuvre de réparations justes et appropriées pour permettre à son peuple de « se libérer des chaînes invisibles de ce passé injuste ».
M. ABDEL-FATTAH AL-BURHAN ABDELRAHMAN AL-BURHAN, Président du Conseil souverain de transition du Soudan, a évoqué la guerre dans son pays, lancée par la milice des Forces d’appui rapide, « un groupe bénéficiant de soutiens à l’intérieur comme à l’extérieur du Soudan ». Il a regretté que ce groupe reçoive un soutien d’États de la région qui lui fournissent des fonds et des mercenaires. Il s’est demandé pourquoi le système international n’a pris aucune mesure à l’encontre de ce groupe, malgré toutes leurs exactions et les crimes contre l’humanité qu’ils ont commis. Selon le Président, cela vient confirmer le besoin de réformer le Conseil de sécurité. Il a assuré que le Gouvernement soudanais est disposé à faciliter les convois humanitaires et la protection des civils. Il a dénoncé les crimes contre les civils perpétrés par les Forces d’appui rapide qui vont jusqu’à vendre des femmes comme esclaves. Il a remercié les États accueillant les réfugiés soudanais, ainsi que les organisations d’aide qui appuient le pays. À ceux qui entendent contrôler les richesses du Soudan, le Président a rappelé que « la volonté du peuple soudanais prévaudra ».
Il a appelé à la fin des combats au Soudan, au retrait des Forces d’appui rapide des zones occupées et au lancement d’un processus politique. Il a promis que les forces armées soudanaises, « connues pour leur professionnalisme », allaient continuer à combattre les Forces d’appui rapide malgré les soutiens que ces dernières reçoivent. Ces forces sont une milice armée qui commet des crimes terroristes et elle doit être reconnue comme un groupe terroriste, a-t-il insisté. Il a par ailleurs indiqué que les Palestiniens doivent établir un État souverain sur les frontières d’avant 1967, qui doit être admis comme État Membre à part entière de l’ONU.
M. CARLOS MANUEL VILA NOVA, Président de Sao Tomé-et-Principe, a rappelé qu’en tant que petit État insulaire, son pays était en première ligne face aux changements climatiques, première menace pour la survie de sa population. Bien que nous ne soyons responsables que d’une infime partie des émissions mondiales de gaz à effet de serre, nous sommes parmi ceux qui souffrent le plus de leurs effets, a-t-il regretté, évoquant l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation des événements climatiques extrêmes, l’érosion côtière et la perte de biodiversité. Il a appelé la communauté internationale à écouter la voix des nations les plus touchées, et à la prendre en compte dans des actions concrètes. Il a également appelé les plus grands émetteurs à remplir leurs obligations historiques et morales en réduisant drastiquement leurs émissions et en versant les financements climatiques promis aux pays en développement, notamment en matière d’adaptation.
Expliquant que sa vision de l’avenir était fondée sur les objectifs de développement durable (ODD), il a ajouté qu’il s’efforçait de trouver un équilibre entre la croissance économique, la protection de l’environnement et la justice sociale. Notant que pour de nombreuses nations, le chemin était encore long, il a appelé à explorer de nouveaux modèles de partenariat entre les pays développés et les autres. « Il n’y a pas de développement sans paix, et pas de paix sans développement », a-t-il résumé.
« La situation actuelle n’est pas inéluctable », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’en agissant comme des nations unies, et en renonçant à la loi du plus fort, il était possible de trouver des solutions aux maux de l’époque. Il a appelé à une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif et efficace, insistant sur la nécessité de considérer les pays africains comme des partenaires à part entière. Nous ne pouvons pas continuer avec un Conseil de sécurité qui reflète les structures de pouvoir de 1945, une période où la plupart des États africains actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient donc pas voix au chapitre dans les affaires mondiales, a-t-il estimé, notant que cette sous-représentation concerne aussi d’autres espaces de gouvernance comme les institutions financières internationales.
Le Président a appelé à mettre fin à « l’embargo anachronique » imposé à Cuba, contraire aux principes de coexistence pacifique, et à corriger cette injustice. Réitérant son appui à « souveraineté du Maroc », il a salué son initiative en vue de « trouver une solution pacifique au différend », saluant au passage les projets stratégiques lancés par le Royaume comme le pipeline entre le Nigéria et le Maroc.
LETSIE III, Roi du Lesotho, a réaffirmé son appui aux principes de paix, de justice et de dignité, dont la préservation constitue selon lui la plus grande responsabilité de l’humanité. Retraçant l’histoire de son pays, qui commémore cette année le deux-centième anniversaire de la fondation de la nation Basotho, le Roi a évoqué une nation bâtie sur la tolérance, l’inclusion et l’unité. Si l’amour de la paix et l’horreur de la guerre sont à ses yeux des « idéaux qui peuvent être réalisés », l’avènement d’une paix et d’un développement durables exigeront un changement fondamental de la part des dirigeants du monde. Pour sa part, Letsie III s’est engagé à faire progresser la vision collective de l’ONU de veiller au respect des droits humains et d’aider des milliers de personnes à sortir de la pauvreté.
Poursuivant, le Roi s’est inquiété des « tendances troublantes » contenues dans le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui indique que 48 pays en développement dépensent davantage en paiements d’intérêts sur les prêts aux nations développées qu’en services essentiels comme l’éducation et la santé. Ces inégalités, qui sont à l’origine des migrations, conduisent trop souvent à la xénophobie et aux conflits dans les pays d’accueil, s’est alarmé le Roi. Afin de favoriser la mise en œuvre du Programme 2030, le Lesotho entend présenter en 2025 son troisième examen national volontaire du développement durable, a-t-il annoncé avant de souligner que la réalisation des ODD nécessitera des partenariats plus forts et un soutien financier accru, en particulier pour les pays vulnérables. Dans l’intervalle, la crise climatique exacerbe la dégradation de l’environnement de son pays, avec des effets délétères sur l’agriculture, les ressources hydriques et l’approvisionnement énergétique, entraînant des pénuries alimentaires qui ont obligé le Gouvernement à déclarer l’état d’urgence en matière de sécurité alimentaire.
Pourvu en abondance en ressources énergétiques renouvelables « de haute qualité » telles que « le soleil, le vent et un approvisionnement en eau de montagne la plus pure », le Lesotho est idéalement positionné pour mettre en place une économie durable, a noté le souverain. Sa priorité actuelle consiste à combler le déficit de la demande énergétique intérieure, tout en exportant de l’énergie propre et de l’eau dans la région. En matière de santé, le chef d’État s’est félicité des progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida, 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent aujourd’hui leur statut et reçoivent un traitement. Depuis 2010, les nouvelles infections ont été réduites de 74%, ce qui démontre selon lui l’engagement de son pays envers la santé publique et l’équité sociale.
Pour faire face aux menaces combinées du terrorisme, des flux d’armes illicites et de la criminalité transnationale organisée, Letsie III a prôné la médiation, méthode peu onéreuse qui a également l’avantage de faciliter la réconciliation entre les parties. Dans cette veine, il a invité le Conseil de sécurité à jouer un rôle proactif dans la médiation des différends internationaux, par le biais d’une approche multilatérale, transparente et impartiale. Le Nouvel Agenda pour la paix souligne justement la nécessité urgente de reconstruire les mécanismes de gestion des différends et de renforcer la confiance entre les États Membres et les institutions régionales. L’autodétermination et l’indépendance étant selon lui des droits essentiels, il a demandé instamment la mise en application des résolutions de l’ONU visant à mettre fin à toutes les formes de colonialisme et d’occupation, notamment au Sahara occidental. Le Roi a en outre renouvelé son appel à lever les sanctions imposées au Zimbabwe. Afin de faire du Conseil de sécurité un organe plus représentatif et légitime, le monarque a plaidé en faveur d’une réforme globale, sur la base de la position africaine commune du consensus d’Ezulweni.
Mme GORDANA SILJANOVSKA-DAVKOVA, Présidente de la République de Macédoine du Nord, a détaillé le processus entamé avec la signature et la ratification de l’Accord de Prespa, par lequel la République de Macédoine est devenue la République de Macédoine du Nord. « En tant que professeure de droit et ancienne membre de la Commission de Venise, je sais que ce qui est légal n’est pas toujours juste et légitime. » Elle a évoqué le cas de son pays, où le processus n’a pas été mené dans le respect du droit international et national. La frontière qui sépare le légal du juste est parfois un simple trait, mais parfois elle est un fossé, voire un abîme, a-t-elle dit. Elle a indiqué que de tels abîmes touchent d’abord les petits États qui sont les premières victimes de l’affrontement entre la force et la justice. « Notre nouveau nom est une réalité juridique et formelle et mon pays, en tant que membre responsable de l’ONU et de l’OTAN, remplit ses obligations internationales. » Pourtant, l’appartenance à l’Union européenne (UE) n’est pas devenue réalité et nous nous heurtons à une nouvelle « condition finale » pour un autre amendement constitutionnel, a déploré la Présidente.
Elle a indiqué que l’appartenance à l’UE ressemble désormais pour son pays à M. Godot parce qu’il l’attend depuis 2006, encouragé par ce refrain entonné dans les enceintes internationales: « juste une condition de plus ». « Nous sommes devenus un État sui generis avec 36 amendements constitutionnels en 30 ans. » La Présidente a déclaré que son pays, épris de paix, mise sur une coopération avec ses voisins qui soit exempte de toute menace de veto. « Lorsqu’il y a veto, il n’y a souvent pas de justice. » La stagnation dans le processus d’intégration européenne, non seulement démotive les citoyens de mon pays et ralentit le rythme des réformes, mais elle déstabilise toute la région du Sud-Est de l’Europe, prêtant le flanc à des puissances impériales aux desseins inquiétants, a averti la Présidente. À cette aune, elle a demandé un déblocage du processus de négociation afin que son pays devienne membre de l’UE, arguant que la réunification européenne est « une symphonie inachevée sans nous. » Elle a en effet affirmé que la pleine intégration des Balkans au sein de l’UE permettra de mettre un terme à la lancinante question du tracé des frontières régionales et à la balkanisation qui en découle. Naturellement, les États des Balkans doivent se conformer aux normes européennes et coopérer à l’échelle régionale, a-t-elle dit, jugeant important le partage d’expériences avec les pays devenus membres de l’UE. « L’Homo Balkanicus peut devenir Homo Europicus s’il le veut. »
La Présidente a indiqué que le monde traverse de grandes turbulences, l’action de l’homme ayant un impact considérable sur la planète. « J’ai peur que l’homme ne soit en train de détruire le jardin d’Éden et qu’il finisse par en être éjecté si l’ONU ne vient pas à son secours. » Nous n’avons jamais eu autant besoin de l’ONU, pourtant celle-ci n’a jamais été autant marginalisée, a déploré la Présidente. Enfin, rejetant toute acquisition de territoire par la force, elle a plaidé pour une paix juste et durable en Ukraine, dans le respect du droit international.
M. LUIS LACALLE POU, Président de l’Uruguay, a abordé le thème de la liberté et de la responsabilité qui s’accompagnent et ne peuvent exister, selon lui, l’un sans l’autre. C’est du moins ce qui est reflété dans la Constitution de son pays, a-t-il dit, disant aussi sa conviction de voir la mondialisation gagner davantage en importance. Mais cela ne pourra marcher que si l’on est tolérant et curieux des autres et de leurs systèmes de pensées et de valeurs. Ce sont des concessions qui ne signifient pas que l’on renonce à ses valeurs propres, au contraire. Cela signifie simplement que l’on collabore à bâtir un droit international crédible et robuste. Tout texte international que l’on signe et que l’on ne met pas en œuvre érode davantage le droit international, a-t-il mis en garde.
Abordant la situation au Venezuela, il a dit que tous savent ce qu’il se passe dans ce « gouvernement autoritaire. » Beaucoup de pays ont détourné le regard, soit par désintérêt, soit par intérêt. Or, la responsabilité aujourd’hui est de condamner la fraude, la répression de l’opposition et de la société civile. Le moment est venu d’agir pour le bien du Venezuela et des Vénézuéliens. Si la communauté internationale se satisfait de la situation, il est certain que d’autres pays connaîtront le même sort que le Venezuela, qui prive ses citoyens de la liberté, a-t-il assuré.
Le Président a également abordé le thème de l’environnement et de l’économie. Il a dit avoir vu l’évolution des liens entre ces questions, notamment en matière de financement. Cependant, il y a des pays qui polluent et d’autres qui font des efforts. Il faut donc accélérer la mise en œuvre des engagements financier pris sur le plan international sur cette question. Il a aussi dit relever un retour au protectionnisme dans certaines économies. Or, il faut aller vers un monde plus ouvert, sans pour autant délaisser les économies nationales, et favoriser une libre circulation des biens et services, dans le but de créer plus de prospérité pour tous. Par cette manière nous irons beaucoup plus vite et beaucoup plus loin, a-t-il conclu.
M. RATU WILIAME MAIVALILI KATONIVERE, Président de la République des Fidji, a déclaré que les petits États insulaires en développement (PEID), qui sont en première ligne face aux changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer, continuent de faire face aux conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles. Malgré leurs ressources limitées, l’injustice du système de gouvernance mondiale et les inégalités évidentes, les PEID continuent d’avancer, n’ayant pas le « luxe de l’inaction ». Le renforcement de la résilience économique est une condition du développement durable des PEID, a assuré le chef de l’État, non sans rappeler que le redressement après des chocs climatiques est une affaire coûteuse. La mobilisation des fonds initiaux nécessaires à l’adaptation reste un défi, les ressources étant concentrées sur le redressement et la reconstruction, a-t-il expliqué. L’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les PEID contribuera à alléger leur fardeau économique, au moment où ils en ont le plus besoin, s’est félicité M. Katonivere.
Les Fidji, s’est-il enorgueilli, sont peut-être un petit État, mais grâce à nos rôles de leadership et d’intendance dans la région, nous apportons une profonde contribution au régionalisme et au multilatéralisme. Le tout premier Livre blanc sur la politique étrangère des Fidji s’appuie sur les thèmes interconnectés de la souveraineté, de la sécurité et de la prospérité. Et notre Plan national de développement 2025-2029, a encore fait valoir le Président, envisage d’autonomiser le peuple de l’archipel en s’appuyant sur la résilience économique et la bonne gouvernance. Des réductions rapides et durables des émissions de gaz à effet de serre doivent être vigoureusement poursuivies, a exhorté le Chef d’État. De même, le financement des mesures d’adaptation et d’atténuation doit être augmenté, raison pour laquelle il a appelé les États à finaliser le nouvel objectif chiffré collectif.
D’ici à 2050, a prévenu M. Katonivere, environ 240 des communautés côtières des Fidji seront déplacées en raison de l’élévation du niveau de la mer, avec un besoin urgent de relocalisation pour des dizaines d’entre elles. Compte tenu des limites de l’architecture multilatérale du financement climatique, les Fidji ont créé le premier fonds fiduciaire national de réinstallation au monde pour soutenir les coûts relatifs à cette problématique. « Nous avons émis des obligations vertes et bleues aux niveaux national et international, piloté des produits d’assurance à faible coût pour les communautés rurales et engagé le secteur privé dans le renforcement de la résilience climatique », a-t-il précisé, en demandant aux partenaires du développement de soutenir ces efforts. Le Pacte pour l’avenir, adopté en début de semaine, ouvre à cet égard la voie à de nouvelles possibilités.
M. TEODORO NGUEMA OBIANG MANGUE, Vice-Président de la Guinée équatoriale, a estimé que le panorama de discriminations, de crises alimentaires et de conflits armés montre l’importance d’accorder une plus grande priorité au multilatéralisme et à la coopération internationale. Il a déclaré que la position de son pays reste inchangée: il faut donner la priorité, par tous les moyens, à la pacification et à la diplomatie préventive. Il a également estimé que la prolifération de conflits, dans toutes les régions au monde, est la plus grande preuve de l’obsolescence, de l’incapacité et de l’inefficacité du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Ce que l’on voit aujourd’hui de cet organe de décision, ce sont les luttes d’intérêts géostratégiques qui rendent de plus en plus difficile la prise de décisions pouvant résoudre les situations de conflit et alléger les souffrances des populations. C’est pourquoi, a tranché le Vice-Président, il y a urgence à réformer le Conseil et à mettre fin à sa configuration obsolète qui remonte à 1945. « L’Afrique, dans le cadre du consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte, le réclame depuis plus de 20 ans. »
Il s’est aussi exprimé sur la situation au Sahel où les pays, à l’instar de certains pays du Sud, subissent des interférences, des pressions et autres blocus dont le seul objectif est de provoquer la déstabilisation et de paralyser leurs efforts pour atteindre la prospérité. Certains pays veulent être juges et arbitres pour intervenir et donner des leçons aux autres, s’immisçant dans les affaires intérieures d’autres pays, a-t-il critiqué. Or, tous les pays, en tant qu’États souverains, ont le droit de décider avec qui ils souhaitent entretenir des relations et signer des accords bilatéraux, a-t-il insisté.
Nous ne comprenons pas, a-t-il poursuivi, pourquoi jusqu’à présent, il n’a pas été possible de lever complètement l’embargo contre Cuba et mettre un terme au blocus économique, commercial et financier imposé à ce pays depuis plusieurs décennies. Le Vice-Président a appelé à la levée immédiate dudit embargo et à son retrait de la « fameuse liste » des États qui parraineraient le terrorisme, ajoutant que cela devient plus que nécessaire dans le contexte du Pacte pour l’avenir, qui préconise de ne laisser aucun pays de côté.
Il aussi jugé « clair » que les économies africaines peuvent devenir des acteurs importants des chaînes approvisionnement mondial, en faisant profiter de leurs vastes ressources en matières premières nécessaires aux secteurs de haute technologie et à leurs propres marchés de consommation en pleine croissance. C’est pourquoi l’Afrique mérite une attention prioritaire de la part des initiatives d’appui et de financement du développement, a-t-il plaidé. Le Vice-Président a conclu son discours en demandant de concrétiser les engagements de financement du développement durable, conformément au Programme 2030 de l’ONU et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Mme UDUCH SENGEBAU SENIOR, Vice-Présidente et Ministre de la justice des Palaos, a déclaré que les efforts que déploie son pays pour protéger son environnement, sa culture et son mode de vie se fondent sur son peuple. Alors que l’archipel célèbre cette année le trentième anniversaire de son indépendance, la Ministre a considéré la communauté internationale et l’ONU comme le « point d’ancrage » de la coopération mondiale, laquelle aide les Palaos à relever les défis communs. Pour les Palaos, la « quête d’égalité » commence avec le rôle essentiel que jouent les femmes dans notre société, a-t-elle indiqué, comme l’a démontré la première Réunion des femmes élues au leadership ainsi que diverses initiatives visant à autonomiser les femmes.
La Ministre a également présenté les défis auxquels est confronté son pays en tant que petit État insulaire en développement (PEID), des défis uniques qui menacent le développement économique, l’environnement et la survie des Palaos. Bien que les PEID contribuent à moins de 1% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, ils sont les plus touchés par la crise climatique, a-t-elle rappelé, soulignant que cette réalité n’épargne pas l’archipel, qui a été le témoin de tempêtes plus intenses qu’avant, de glissements de terrain et des sécheresses prolongées. En retour, ces phénomènes ont fait grimper en flèche le coût des biens importés, a expliqué Mme Sengebau Senior, inquiète de voir mises en péril la sécurité alimentaire et la stabilité économique du pays. « La réponse mondiale aux changements climatiques est une question de vie ou de mort. »
Alors que les Palaos s’apprêtent à assumer la présidence de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS), de 2025 à 2026, la Ministre s’est engagée à faire la promotion du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, afin de veiller à ce que « nos voix restent au centre des discussions mondiales ». Parmi ses priorités, la Ministre a évoqué un meilleur accès au financement climatique, le renforcement de la résilience et la promotion d’un avenir durable pour les nations insulaires.
En tant que premier pays à ratifier l’Accord sur la biodiversité marine au-delà des zones de juridiction nationale (BBNJ), les Palaos restent déterminés à conserver et à utiliser de manière durable la biodiversité marine de ces zones, a-t-elle poursuivi. Considérant que ce traité symbolise « l’unité mondiale dans la sauvegarde de nos océans », Mme Sengebau Senior a appelé à la solidarité internationale pour le ratifier rapidement afin qu’il entre en vigueur. Elle a ajouté que les Palaos ont également déclaré un moratoire national sur l’exploitation minière en eaux profondes. La Ministre s’attend par ailleurs à ce que la Conférence des Nations Unies sur les questions relatives aux océans de 2025, à Nice, soit l’occasion d’accélérer l’action en faveur des océans.
Pour Mme Sengebau Senior, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle offre une évaluation « complète » permettant d’analyser les défis propres aux PEID, particulièrement vulnérables à l’érosion côtière et aux inondations. « Il ne s’agit pas seulement d’une menace actuelle, mais d’une crise existentielle pour les générations futures », a-t-elle observé. Les Palaos ont d’ailleurs pris des mesures pour relocaliser leurs infrastructures essentielles, notamment l’hôpital national et les écoles, afin de les protéger de la montée des eaux et des catastrophes. « L’adaptation est vitale pour notre survie. »
L’archipel continue par ailleurs de renforcer sa sécurité nationale grâce à des partenariats avec les États-Unis, l’Australie, le Japon et Taïwan, tout en renforçant son cadre juridique et de coopération maritime. Enfin, Mme Sengebau Senior a exprimé son appui à la candidature du Japon à un siège permanent au Conseil de sécurité, ainsi qu’à une représentation au Conseil des PEID, qui sont « en première ligne des défis mondiaux ». Elle a également tenu à reprocher l’exclusion de Taïwan des organisations internationales, qui porte atteinte aux principes d’inclusion et de coopération portés par l’Organisation.
Le Prince héritier du Koweït, M. SABAH AL KHALED AL SABAH, a appelé tous les États Membres à assumer leurs responsabilités face aux défis du monde et à coopérer. Il a notamment pointé la réforme du Conseil de sécurité et celle de l’architecture financière mondiale, deux priorités du Pacte pour l’avenir. Malheureusement, a-t-il constaté, la volonté politique nécessaire à la réforme du Conseil est toujours absente, alors même que le Conseil, chargé du maintien de la sécurité et de la paix dans le monde, devrait être inclusif, transparent, démocratique, efficace et redevable pour pouvoir s’acquitter de son mandat dans le monde actuel. Passant aux nouvelles technologies, comme les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle, le Prince a mis en exergue leur rôle dans la propagation de la haine, du terrorisme et de la désinformation en appelant à lutter contre ce fléau à travers la coopération internationale en vue d’assurer la redevabilité dans ce domaine sur le plan international.
Alors que le Conseil de coopération du Golfe célèbre son quarante-troisième anniversaire, le prince héritier a mis en avant son rôle de pilier de la stabilité dans cette région en proie à des défis. Pour sa part, le Koweït est attaché aux objectifs internationaux et désireux de coopérer avec les organisations internationales et régionales, a-t-il assuré, ajoutant que son pays est également attaché au principe du bon voisinage. Le Royaume fait notamment son possible pour que l’Iraq puisse retrouver sa place dans le concert des nations, a-t-il dit, mais cela suppose que ce pays règle les questions en suspens, notamment la démarcation de la frontière maritime avec l’Iran, et la question des prisonniers koweïtiens et de leurs biens.
Alors que le monde est témoin de pratiques inacceptables et d’une escalade dangereuse dans les territoires palestiniens occupés, le prince héritier s’est indigné de la « punition collective » infligée aux Gazaouites où l’occupant persiste à cibler les civils, les infrastructures critiques et les sites des organisations internationales à Gaza. Il a estimé qu’il ne pouvait y avoir de paix au Moyen-Orient tant qu’il n’y aurait pas un État de Palestine indépendant, conformément au droit international et à l’Initiative de paix arabe. Le Koweït œuvrera en ce sens, a-t-il assuré, en annonçant aussi avoir formalisé son appui à l’UNRWA.
Passant au conflit au Soudan, il a appelé à une cessation immédiate des hostilités et au dialogue entre les belligérants pour que le pays retrouve la stabilité et son intégrité territoriale. Au Yémen, le Koweït tient à un règlement global sur la base des trois termes de référence, dont le respect de l’intégrité territoriale, a aussi plaidé le Prince. Il a ajouté que le Royaume soutient les efforts du Sultanat d’Oman en ce sens, en insistant sur l’impératif de la sécurité de la navigation en mer Rouge. S’agissant du Liban, il a condamné dans les termes les plus forts les frappes israéliennes qui le visent en ce moment, y voyant une violation flagrante du droit international et de la souveraineté libanaise au risque d’entraîner le Liban dans un conflit régional. Le Prince a également encouragé l’Iran à s’engager dans un dialogue sur la base de la non-ingérence dans les affaires internes d’autres pays.
Enfin, il a annoncé les ambitions du Koweït qui souhaite devenir un centre financier, économique et culturel. S’appuyant sur une approche proactive, le Koweït reste attaché à la bonne gouvernance mondiale et à la coopération dans le but de réaliser objectifs nobles des Nations Unies et les aspirations de toutes les populations du monde, a-t-il conclu.
M. LUÍS MONTENEGRO, Premier Ministre du Portugal, a réaffirmé la primauté du multilatéralisme et s’est dit favorable à une réforme du Conseil de sécurité axée sur la Position commune Africaine et les aspirations du Brésil et de l’Inde à en devenir membres permanents. Il a également prôné un bon encadrement de l’exercice du droit de veto. Le Chef de gouvernement a ensuite dénoncé la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, rejetant le précédent consistant à modifier unilatéralement les frontières par la force, en violation de la Charte des Nations Unies. Il s’est dit en outre profondément préoccupé par l’aggravation de la crise au Moyen-Orient, appelant les parties à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter l’escalade.
Après avoir rappelé la présence constante du Portugal dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et dans les missions de l’Union européenne, le Chef de gouvernement a fait observer que 97% du territoire de son pays est constitué d’océans. C’est la raison pour laquelle nous soutenons fermement la gestion et la gouvernance durables des océans et le développement d’une « nouvelle économie bleue durable » conformément au Programme 2030, a-t-il expliqué. Considérant le renforcement des capacités dans les domaines liés aux océans comme une priorité, le Portugal, a-t-il dit, a mis au point un programme de bourses destiné aux pays en développement, en mettant l’accent sur les petits États insulaires en développement (PEID).
Compte tenu de l’importance centrale du lien entre climat, océan et biodiversité, Lisbonne, a précisé le Premier Ministre, a salué l’avis rendu en mai 2024 par le Tribunal international du droit de la mer qui, avec celui à venir de la Cour internationale de Justice (CIJ), renforcera le cadre juridique sur les changements climatiques. Par ailleurs, le Portugal a favorisé l’introduction de mécanismes financiers innovants, notamment pour les PEID. Les accords signés avec Cabo Verde et Sao Tomé-et-Principe pour transformer la dette en investissement climatique, soutenant ainsi la transition énergétique, en sont un exemple. En conclusion, M. Montenegro a rappelé l’intention de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) de faire reconnaître celle-ci comme langue officielle des Nations Unies, avec ses 260 millions de locuteurs à travers le monde.
M. WESLEY W. SIMINA, Président et Chef de gouvernement de Micronésie, a fait observer que son pays est aux prises avec les graves conséquences des changements climatiques. En ce moment même, la Micronésie est en état d’urgence en raison d’une sécheresse prolongée. « Pour nous, chaque degré, chaque centimètre d’élévation du niveau de la mer et chaque retard comptent », a déclaré le Chef d’État, avant d’appeler la communauté mondiale à prendre des mesures plus énergiques sur le plan climatique. L’objectif de 1,5 degré est « la limite de sécurité pour nos petites îles », a-t-il souligné, ajoutant qu’au-delà se trouve « une zone dangereuse avec une chaleur mortelle qui coûtera des vies, aura un impact sur nos systèmes alimentaires et hydriques et noiera nombre de nos îles basses ». Et même s’il est essentiel que le monde réduise les émissions, le bénéfice ne s’en fera sentir que plus tard au cours de ce siècle, a relevé le dirigeant, exhortant les plus grands émetteurs à donner la priorité à la réduction des polluants autres que le CO2, en particulier le méthane, les gaz fluorés et le carbone noir.
Le Président a mis l’accent sur l’élévation du niveau de la mer, qui constitue une menace importante pour les moyens de subsistance, le bien-être et la sécurité des communautés et des écosystèmes. Il s’est réjoui que, cette semaine, l’Assemblée générale ait accueilli pour la première fois une réunion de haut niveau sur cette question, tout en assurant que la crise climatique ne met pas en péril le statut d’État ou la souveraineté de la Micronésie, ni ne diminue ses droits en vertu du droit international. Il a rappelé à cet égard que les dirigeants du Forum des îles du Pacifique et de l’Alliance des petits États insulaires ont affirmé que les zones maritimes, telles que reconnues par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, resteront valables malgré les changements physiques dus aux changements climatiques.
S’agissant du projet de réglementation sur l’exploitation minière, que négocie actuellement l’Autorité internationale des fonds marins, le Président a adopté une approche prudente, soulignant la nécessité d’une connaissance approfondie, de données et d’une compréhension scientifique de l’environnement marin et des impacts avant toute opération. Selon lui, toutes les parties prenantes, y compris les États côtiers adjacents, les peuples autochtones et les communautés locales du Pacifique, doivent être consultées préalablement. Il s’est par ailleurs félicité de l’adoption de l’Accord BBNJ, qu’il a été le premier dirigeant à signer il y a un an, et a invité tous les autres États à faire de même et à le ratifier pour le rendre opérationnel. Quant au traité juridiquement contraignant qui vise à mettre fin à la pollution plastique, y compris dans le milieu marin, il a salué son adoption prochaine, tout en souhaitant qu’il comprenne des mesures pour freiner la production non durable de polymères plastiques primaires. Sans cela, l’objectif consistant à mettre fin à la pollution plastique d’ici à 2040 et à limiter l’augmentation moyenne de la température à moins de 1,5 °C ne pourra pas être atteint, a-t-il averti.
Après avoir plaidé pour la création d’un représentant spécial pour le climat, la paix et la sécurité, le Président micronésien a constaté que le Conseil de sécurité peine à s’attaquer efficacement à ces problèmes. Il s’est donc prononcé pour une réforme globale de l’organe afin qu’il reflète les réalités du monde d’aujourd’hui. Il est temps, a-t-il dit, que les membres permanents du Conseil incluent le Japon, l’Inde, l’Allemagne, le Brésil et une représentation du continent africain. En outre, il est crucial selon lui d’amplifier les voix des régions sous-représentées, telles que les petits États insulaires en développement (PEID). Il a enfin appelé à une architecture financière mondiale plus inclusive et à la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle récemment adopté.
M. PRITHVIRAJSING ROOPUN, Président de Maurice, s’est dit consterné de voir les valeurs et principes de l’ONU s’éroder et la force prendre le dessus alors que l’impunité continue de prévaloir. Il a jugé urgent de renouveler l’engagement en faveur de la diplomatie et du dialogue constructif. Passant à la révolution technologique en cours, il a salué l’adoption du Pacte numérique mondial et estimé par ailleurs, que la seule façon de parvenir à un monde plus équitable, plus résilient et plus digne, est que l’Afrique et les PEID trouvent leur place au Conseil de sécurité et dans les institutions financières internationales.
Alors que les changements climatiques représentent une menace existentielle pour les PEID, le Président Roopun a insisté sur la notion de responsabilités communes et différenciées. Nos actes doivent être guidées par les connaissances scientifiques les plus récentes et s’appuyer sur les résultats de l’inventaire mondial convenu lors de la COP28, y compris la feuille de route visant à maintenir l’objectif de 1,5 °C à portée de main, une bouée de sauvetage pour nous tous, et en particulier pour les PEID. Il a réclamé un accord sur un nouvel objectif collectif, quantifié, équitable et ambitieux dans le domaine climatique.
La hausse des températures met en péril les fondements mêmes de la vie des États océaniques. À ce sujet, le Président a salué le dernier avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer sur les changements climatiques. Il s’agit, à ses yeux, d’un phare juridique qui oblige tous les États à tracer une nouvelle voie, guidée par la science et l’impératif moral de l’équité intergénérationnelle. Une autre priorité pour Maurice est de veiller à ce que les PEID soient en mesure d’accéder à la chaîne mondiale des valeurs pour les emplois verts. Il a notamment encouragé des approches novatrices et l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle (IVM) pour améliorer l’accès aux financements concessionnels.
M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a constaté que le cadre qui permettrait de remédier aux défis de notre génération -conflits, pauvreté, climat, migrations- à savoir l’ordre multilatéral, est « en train de se fissurer sous nos yeux ». Il est revenu sur les trois conflits majeurs qui forment aujourd’hui un « cocktail explosif ». Commençant par l’Ukraine, il a dénoncé l’agression faite par un membre permanent du Conseil de sécurité, et a réitéré le soutien inconditionnel de l’Union européenne à l’Ukraine. Il s’est engagé à soutenir une paix juste et durable fondée sur la Charte des Nations unies.
Concernant la situation à Gaza, le Président du Conseil européen a condamné les attaques terroristes perpétrées par le Hamas et exigé la libération immédiate des otages. Il a affirmé qu’Israël avait le droit de se défendre, mais en respectant le droit international et le principe de proportionnalité. Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, tout en soulignant la nécessité d’une solution à deux États. Il a insisté sur le fait que la sécurité ne pouvait être assurée sans la paix, et que le déni des droits du peuple palestinien alimentait la polarisation mondiale. « La politique suivie par Israël est sans issue et dangereuse pour tous. Elle doit changer », a-t-il martelé. M. Michel a également mis en lumière le conflit au Soudan, qualifiant la situation de catastrophe humanitaire majeure, avec 20 000 morts et 25 millions de personnes en situation d’urgence, dont 8 millions de déplacés. Il a alerté sur le risque de famine pour des millions de personnes et sur la situation particulièrement préoccupante des femmes. L’Union européenne, a-t-il précisé, continue de faire pression sur les parties belligérantes pour qu’elles respectent le droit humanitaire et entament un processus de réconciliation. « Un crime est un crime. Quel que soit le lieu, quel que soit l’auteur. Et notre indignation n’est sincère que si elle est universelle », a-t-il lancé.
M. Michel a ensuite dénoncé les actions déstabilisatrices de l’Iran, qui soutient des groupes terroristes au Moyen-Orient et fournit un soutien militaire à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. Il a fait le parallèle entre les pratiques de l’Iran et de la Russie, pointant leurs ambitions impérialistes et leur recours à la menace nucléaire. Puis, abordant la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, il a plaidé pour une institution plus représentative et opérationnelle, collaborant davantage avec les organisations régionales. Il a souligné l’importance d’inclure l’Afrique et l’Amérique latine parmi les membres permanents, afin de rendre plus légitime le Conseil, qu’il a comparé à « un mort-vivant ».
En ce qui concerne les changements climatiques et les pandémies, il a insisté sur l’urgence d’une solidarité internationale. Il a rappelé l’initiative de l’Union européenne en faveur d’un traité international sur les pandémies, qui est en phase de négociation avancée, et a appelé à conclure cet accord pour renforcer les capacités de réponse mondiale aux crises sanitaires futures. Il a également dénoncé les obstacles liés aux lobbies qui empêchent la distribution équitable des vaccins. Évoquant la révolution technologique en cours, le Président du Conseil européen a mis en garde contre les dérives potentielles de l’intelligence artificielle et de la gestion des données personnelles, qualifiées « d’instruments de pouvoir, voire d’asservissement ». Il a plaidé pour un dialogue global, notamment avec la Chine, « partenaire indispensable pour relever les grands défis mondiaux », l’implorant de ne pas soutenir la Russie dans sa guerre illégale contre l’Ukraine.
M. Michel a poursuivi en soulignant la nécessité de réformer le système financier international pour qu’il réduise les inégalités au lieu de les amplifier, notamment en facilitant l’accès au financement pour les pays en développement. Il a appelé à une restructuration des dettes et à une gouvernance améliorée pour lutter contre la corruption et stimuler les ressources locales. Enfin, estimant que « l’optimisme est un devoir », il a conclu par un appel à la paix, « délicate, difficile à réparer quand elle se brise, mais magnifique, lumineuse. Comme le vitrail de Marc Chagall » qui accueille les visiteurs de l’ONU.
M. TIÉMOKO MEYLIET KONÉ, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, s’est alarmé de la multiplication des tensions géopolitique et des conflits armés, avant de mettre en garde contre un « embrasement généralisé ». Constatant que cette situation d’insécurité et de recul de la paix est aggravée par le terrorisme, il a appelé à la mobilisation de la communauté internationale en faveur des populations du Sahel, qui paient un lourd tribut à ce fléau. Il a ajouté que la Côte d’Ivoire accueille dans les meilleures conditions possibles plusieurs milliers de ressortissants de pays sahéliens voisins qui fuient la violence des groupes armés. Au-delà du Sahel, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui est confrontée à cette menace, a averti le dirigeant, précisant que son pays s’emploie à aider les pays de la région concernés à renforcer leurs capacités.
Le Vice-Président ivoirien a ensuite prévenu que les progrès réalisés par les pays de sa région en matière de développement et de sécurité humaine sont fragilisés par les effets des changements climatiques, qui accentuent la pauvreté et entraînent le déplacement forcé de millions de personnes chaque année. « L’accroissement incessant du nombre de réfugiés climatiques constitue une tragédie de notre époque », s’est-il ému, appelant les Nations Unies et l’ensemble des partenaires à accroître et intensifier leur assistance humanitaire d’urgence destinée à ces populations en détresse.
Mais il faut, selon lui, aller plus loin et mettre résolument en œuvre des mesures qui permettront d’inverser à court terme la courbe dangereuse du réchauffement planétaire. Il a donc exhorté les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement climatique et de soutien à la transition énergétique. En particulier, il importe d’abonder rapidement le fonds pour les pertes et dommages afin de soulager les populations les plus touchées, a-t-il souligné.
Abordant les questions institutionnelles, le dirigeant a estimé que les Nations Unies « héritées du XXe siècle » doivent être réformées en profondeur pour jouer pleinement leur rôle dans le monde multipolaire d’aujourd’hui. Le Conseil de sécurité, en particulier, doit s’ouvrir à l’Afrique dans toutes les catégories de membres afin de refléter cette réalité, a-t-il préconisé. « C’est à cette condition que notre organisation mondiale pourra véritablement contribuer à la résolution durable des conflits, en s’appuyant sur le respect du droit international, qui demeure son fondement ».
Il en est de même de la lutte contre le réchauffement climatique, qui dépend de la capacité de l’ONU à mobiliser les États Membres autour de cette priorité, a poursuivi le Vice-Président, pour qui la réforme de la gouvernance mondiale doit également s’étendre aux institutions financières multilatérales, afin qu’elles soutiennent davantage les efforts de financement des objectifs de développement durable des pays en développement, tout en adressant la question de la dette. Ces transformations profondes sont inévitables et doivent être accélérées pour que les institutions soient véritablement au service de tous nos pays et de leur combat contre la pauvreté et pour le développement, a-t-il conclu.
M. HENDRIKUS WILHELMUS MARIA (DICK) SCHOOF, Premier Ministre des Pays-Bas, a appelé à anticiper un « avenir inconnu », en arguant que c’est la responsabilité des dirigeants d’anticiper l’avenir. L’histoire de l’ONU nous montre tout ce que nous pouvons accomplir lorsque nous joignons nos forces et persévérons, a-t-il dit. « Sans l’ONU, il n’y aurait pas eu d’accords climatiques, de traités sur le désarmement et de tribunaux internationaux. » Dans un monde imprévisible, a-t-il ajouté, il faut trouver « notre force dans la stabilité ».
Il a plaidé pour une réforme du Conseil, avec notamment une représentation africaine permanente en son sein, en vue de préserver la légitimité, la vitalité et l’efficacité de l’ONU. Il a déclaré que le monde n’est plus ni noir ni blanc, constatant que « ces dernières années, nous sommes confrontés à quelque chose qui ne semble ni l’un ni l’autre ». En effet, de plus en plus de pays développent des programmes cybernétiques à visée offensive, a expliqué le Premier Ministre, en soulignant la menace grave qu’ils font peser sur les infrastructures essentielles. « Nous ne pouvons pas aisément prédire l’avenir, mais nous pouvons l’anticiper, et c’est exactement ce que nous faisons ». Il a estimé que le Pacte pour l’avenir est un grand pas dans la bonne direction. Il a ensuite dénoncé « l’illusion » de certains pays selon laquelle les changements climatiques ne les concernent pas. Que ce soit les Pays-Bas ou les petits États insulaires en développement, tous les pays sont directement touchés, a tranché le Premier Ministre.
Il a ensuite insisté sur l’importance de protéger la démocratie et les droits humains, tant ils sont attaqués dans certains pays. « Aux Vénézuéliens qui demandent que leurs voix soient entendues, je voudrais leur dire, je vous ai entendus. » Ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres pays qui se sentent oubliés, a-t-il déclaré. Il a ainsi évoqué le Soudan où 25 millions de personnes connaissent la famine. « Nous ne pouvons pas fermer les yeux, nous devons agir. » Il a précisé que la contribution de son pays pour remédier à la crise dans ce pays et les pays voisins s’élève à 80 millions d’euros.
Certains d’entre vous peuvent se dire –« pas encore l’Ukraine »- mais nous devons régler cette situation car la guerre de la Russie ne se limite pas à ce pays, a-t-il poursuivi. Il a estimé que cette guerre est une guerre d’agression contre tout ce que l’ONU représente. L’Ukraine a besoin de notre soutien à chaque étape d’un processus de paix, a-t-il dit. « Ce qui veut dire élaborer et participer à un nouveau dialogue afin de s’engager sur la voie de la paix. » Il a également appelé à faire pression sur les pays qui appuient la Russie. « C’est un processus qui demandera beaucoup d’énergie, mais nous en possédons en abondance, nous avons le temps, la patience et les ressources. »
Enfin, il a évoqué les atrocités commises par le Hamas il y a près d’un an et la guerre qui a éclaté à Gaza. « Une nouvelle attaque contre Israël et une guerre régionale doivent être évitées à tout prix », a-t-il affirmé, en exhortant toutes les parties à respecter le droit. « Joignons nos forces et persévérons. »
M. NIKOL PASHINYAN, Premier Ministre de l’Arménie, a estimé que la paix entre son pays et l’Azerbaïdjan est « non seulement possible, mais à portée de main ». À cet égard, il a mentionné la signature, le 30 août, du Règlement sur l’activité conjointe des commissions de délimitation de la frontière entre les deux pays, premier document juridique bilatéral signé entre les parties. Mais le plus important à ses yeux est le fait que, par ce texte, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont convenu de faire de la Déclaration d’Alma-Ata de 1991 le principe de base de la délimitation de leurs frontières communes. « Cela signifie que l’Arménie et l’Azerbaïdjan réaffirment de jure le principe de reconnaissance de l’intégrité territoriale et de l’inviolabilité des frontières de l’autre qui existaient à l’époque de l’Union soviétique », a-t-il expliqué, un facteur « fondamental » pour l’instauration de la paix. Ainsi, s’est félicité le Premier Ministre, il est désormais réaffirmé en droit que les deux pays n’ont aucune revendication territoriale l’un envers l’autre. Les deux États doivent maintenant franchir une « nouvelle étape » et signer l’accord sur l’instauration de la paix et des relations interétatiques entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, accord « déjà approuvé à 80% », selon M. Pashinyan.
Afin de saisir cette occasion « historique » et d’éviter le risque d’une impasse, l’Arménie propose maintenant de signer ce qui a déjà été convenu dans le projet d’accord, et de conclure un accord de paix entre les deux États tout en poursuivant les négociations concernant les questions en suspens. « Nous sommes prêts à le faire dès maintenant », a-t-il assuré, jugeant « pratiquement impossible » de parvenir à un accord global « qui réglerait et résoudrait tout ». Bien que de nombreuses questions importantes restent en suspens, le Premier Ministre a expliqué que les articles convenus du projet d’accord de paix contiennent des dispositions concernant la paix, le fait de ne pas avoir de revendications territoriales l’un envers l’autre et de ne pas en formuler à l’avenir, l’établissement de relations diplomatiques et la création d’une commission mixte chargée de superviser la mise en œuvre de l’accord de paix, tout en prohibant toute intervention dans les affaires internes de l’autre ainsi que le recours à la force. Selon lui, la signature de l’accord de paix avec les articles déjà convenus et l’établissement de relations diplomatiques faciliteront la résolution des questions en suspens.
Bakou, a noté M. Pashinyan, insiste cependant sur le fait que la Constitution arménienne pose un obstacle à l’accord de paix parce qu’elle contiendrait des revendications territoriales sur l’Azerbaïdjan. « Permettez-moi de dire qu’il n’y a rien de tel dans notre Constitution », a-t-il assuré, estimant au contraire que les textes fondamentaux de l’Azerbaïdjan contiennent des revendications sur le territoire arménien. « Mais attention: nous ne considérons pas la Constitution de l’Azerbaïdjan comme un obstacle à l’accord de paix », a-t-il ajouté, jugeant suffisantes les garanties juridiques qu’il contient.
Bien que la paix soit si proche « que tout ce que nous devons faire, c'est la saisir », M. Pashinyan a reconnu que ce processus n’est facile ni pour l’Arménie ni pour l’Azerbaïdjan, « car chacun de nous a sa propre vérité, et le débat sur ces vérités a conduit à l’inimitié, aux victimes et aux guerres ». Se tournant vers l’avenir, le Premier Ministre a évoqué le projet « Carrefour de la paix » du Gouvernement arménien, qui vise à ouvrir des routes et des voies de communication entre l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Türkiye et l’ensemble de la région.
M. MOHAMMED SHIA’ AL SUDANI, Premier Ministre de l’Iraq, a dénoncé l’impuissance du Conseil de sécurité face aux multiples crises dans le monde, et en particulier face au conflit à Gaza. Il a salué les prises de position courageuses du Secrétaire général, même si elles n’ont pas été suivies d’effet. Mettre un terme au conflit en Palestine occupée est pourtant la responsabilité de tout le monde, a-t-il martelé. Le peuple palestinien se voit refuser son droit à vivre dans la dignité pendant que le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité sont restés lettre morte et les frontières palestiniennes sont redessinées. Tout cela mine les fondements même d’un ordre international fondé sur des règles, a-t-il mis en garde. « L’occupant » utilise désormais la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité pour s’en prendre au Liban, a ajouté le Ministre, en se disant indigné de voir des organisations internationales prises pour cible à Gaza, dont l’UNRWA . Constatant une aggravation de l’intolérance et des crimes de haine dans le monde, il a appelé à la coopération, au dialogue et à l’entente.
Le Ministre a ensuite fait le point sur la situation en Iraq, et notamment sur son plan d’ensemble pour la reconstruction et la sécurité qui reprend ses droits. Parmi les autres priorités du pays figurent la diversification de l’économie, la cohésion nationale et la lutte contre le terrorisme. Des élections municipales ont eu lieu dans certaines régions, et des élections parlementaires et législatives vont se tenir dans la région du Kurdistan, a-t-il annoncé, en comptant sur le soutien international pour relever les défis environnementaux, dont la désertification et la gestion durable des ressources hydriques. Sur le plan régional, le Ministre a expliqué que son pays encourage l’intégration économique et la stabilité régionale, avant d’évoquer des nouveaux projets ferroviaires.
M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, s’est réjoui de s’adresser pour la première fois à cette tribune en tant que membre du Conseil de sécurité, plaçant son mandat sous le signe du dialogue, de la diplomatie et de la démocratie, et laissant entrevoir ses six priorités: le règlement pacifique des différends; le respect du droit international et des règles et principes de la Charte des Nations Unies; les femmes, la paix et la sécurité; le climat, la paix et la sécurité; les enfants dans les conflits armés; et bien sûr, en tant que nation insulaire, la sécurité maritime.
Examinant la situation mondiale, le Premier Ministre a reconnu que le monde est moins sûr aujourd’hui qu’il ne l’était il y a un an. Cependant, il s’est dit convaincu que les défis peuvent être transformés en opportunités si la communauté internationale renforce le système multilatéral. Concernant les conflits régionaux, le Premier Ministre a souligné la proximité géographique de la Grèce, « portail de l’Europe », avec des zones de conflit comme Gaza et l’Ukraine. Sur le plan des relations bilatérales avec la Türkiye, il a exprimé l’intention de la Grèce de poursuivre le dialogue pour résoudre les différends, notamment la délimitation des zones économiques exclusives en mer Égée et en Méditerranée orientale. La Déclaration d’Athènes, signée en décembre, va dans le bon sens.
Il a cependant déploré le manque de progrès concernant la question de Chypre, réaffirmant l’engagement de la Grèce à soutenir une solution fondée sur une fédération bizonale et bicommunautaire, plutôt qu’une solution à deux États. Enfin, le Premier Ministre a abordé deux sujets critiques pour l’avenir: l’intelligence artificielle et l’impact des technologies numériques sur les enfants. Il a averti de la menace que l’IA pourrait poser si elle était mal utilisée.
Il a particulièrement insisté sur la nécessité de protéger les enfants contre les effets néfastes des médias sociaux, citant des études liant l’utilisation excessive de ces plateformes à la dépression et à l’isolement. Il a conclu en appelant à une coopération mondiale pour réguler l’IA, tout en félicitant les efforts de l’Union européenne dans ce domaine et en saluant le rapport « Gouverner l’IA pour l’humanité » qui vient d’être publié.
M. KEIR STARMER, Premier Ministre du Royaume-Uni, a dit se rappeler avoir lu, étudiant, la Déclaration universelle des droits de l’homme et le profond effet qu’elle avait laissé sur lui. « J’ai ensuite consacré ma carrière d’avocat à protéger ces droits et cette Déclaration me guide aujourd’hui en tant que Premier Ministre, parce qu’elle parle de notre dignité, de l’essence même de notre humanité, des droits égaux et inaliénables. » Il a déploré l’effroyable bilan des conflits actuels, lesquels entravent le progrès, sapent la coopération et sèment la division entre le Nord et le Sud.
Le Premier Ministre a indiqué que son gouvernement a été élu pour changer le Royaume-Uni, ajoutant que le succès ne saurait être séparé de ce qui se passe hors des frontières nationales. Nous devons travailler de conserve pour traiter des problèmes mondiaux à la racine et remédier à leurs conséquences. Mon pays s’engage de nouveau en faveur d’un leadership mondial responsable parce « nous pouvons faire mieux ». Évoquant l’instabilité et la polarisation actuelles, il a confié sa peur que le fatalisme finisse par triompher. Notre tâche aujourd’hui est de dire non, nous n’accepterons pas une telle dérive.
Le Premier Ministre a appelé Israël et le Hezbollah à mettre un terme à la violence et à s’éloigner du précipice. Il a réclamé un cessez-le-feu immédiat afin de mettre en place un règlement diplomatique. La poursuite des souffrances à Gaza est une honte pour tous. Le Premier Ministre a aussi plaidé pour la paix au Soudan, ajoutant que parce qu’il faut défendre le droit international, son pays reste déterminé dans son soutien à l’Ukraine.
Il a détaillé le réengagement du Royaume-Uni en faveur de la lutte contre les changements climatiques, avec la levée de l’interdiction d’exploiter l’énergie éolienne en Angleterre et le refus d’octroyer de nouvelles licences d’exploitation des gisements de gaz et de pétrole. Nous allons parvenir à la cible de zéro émission et nous aiderons les autres à faire de même. Le Premier Ministre a également assuré que son pays sera un contributeur clef du financement climatique. Nous nous sommes également engagés à revenir à la cible de 0,7% du PIB pour l’aide publique au développement. Il a conclu en souhaitant une représentation permanente de l’Afrique et l’octroi de sièges permanents à l’Allemagne, au Brésil, à l’Inde et au Japon.
M. K.P. SHARMA OLI, Premier Ministre du Népal, a fait observer que le contraste entre riches et pauvres, harmonie et haine, développement économique et destruction de l’environnement, n’a jamais été aussi frappant qu’aujourd’hui. Pour surmonter cette fracture du monde, il a appelé les États Membres à favoriser la coopération et la collaboration. « Ce n’est que par une volonté collective et une action unifiée que nous pourrons inverser la tendance et inaugurer une ère de paix durable et de prospérité partagée pour tous », a-t-il professé, saluant l’adoption récente du Pacte pour l’avenir.
Après avoir plaidé pour une « démocratie globale » qui garantisse l’égalité des droits, la justice sociale, la protection des plus vulnérables et la sécurité de tous, il a assuré qu’en tant que nation sortant d’un conflit, le Népal mesure parfaitement la valeur de la paix et de la stabilité politique. Rappelant à cet égard que le Parlement népalais a adopté une loi sur la justice transitionnelle, il a affirmé que tout est mis en œuvre pour défendre les droits des victimes et panser les plaies du conflit. Ainsi, tendu vers son objectif de prospérité, le Népal sortira de son statut de pays moins avancé (PMA) d’ici à 2026, s’est-il félicité. « Malgré nos difficultés économiques, nous travaillons avec diligence pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030 et aspirons à devenir un pays développé d’ici à 2043. »
Le Chef du Gouvernement népalais a cependant reconnu que son pays est l’un des plus vulnérables aux effets des changements climatiques. « La vitesse alarmante à laquelle l’Himalaya vierge perd ses vastes réserves de neige est extrêmement préoccupante », a-t-il pointé, signalant que cette perte menace la disponibilité de l’eau pour des milliards de personnes vivant en aval. Dans ce contexte, il a appelé à la justice climatique et plaidé pour que l’agenda de la montagne reçoive l’attention voulue dans les négociations sur le climat. Le Népal entend atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2045, soit cinq ans plus tôt que l’objectif mondial, a-t-il fait valoir, avant d’exiger une action mondiale et des efforts de collaboration pour faire face aux impacts généralisés du réchauffement planétaire. Il a souhaité un financement climatique adéquat, y compris via le fonds pour les pertes et les préjudices, afin de soutenir les mesures d’adaptation dans les pays en développement, notamment dans les PMA.
Exprimant sa consternation face aux conflits qui font rage dans le monde, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient, le Premier Ministre a soutenu que « l’hostilité et la haine peuvent être surmontées grâce à l’amour et la compassion ». Il a également jugé essentiel de respecter les principes d’égalité souveraine et de non-ingérence consacrés dans la Charte des Nations Unies, réaffirmant l’opposition ferme de son pays à toute forme d’intervention ou de sanctions unilatérales.
Il a ajouté qu’en tant que plus grand fournisseur de troupes et de policiers aux opérations de paix de l’ONU, le Népal est prêt à renforcer encore sa contribution. Mais il estime légitime de réclamer une représentation proportionnelle aux postes de direction, tant au Siège de l'ONU que sur le terrain. Dans le même esprit, le dirigeant a plaidé pour une réforme du système des Nations Unies afin de le rendre plus efficace, démocratique, transparent et responsable. Selon lui, cela vaut aussi pour le système financier mondial, la voix et la représentation des pays en situation particulière, notamment les PMA, les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits États insulaires en développement (PEID), devant être garanties.
M. WINSTON PETERS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a estimé que le monde de 2024 ne ressemble pas du tout à celui de 1945, et que les institutions collectives doivent donc évoluer pour refléter les réalités contemporaines. Nous avons besoin d’un Conseil de sécurité qui ressemble davantage au monde d’aujourd’hui et d’une réforme du droit de veto, a-t-il avancé, avant de se dire convaincu que tous les États sont égaux entre eux et que les voix des petits comptent autant que celles des puissants.
Jamais un leadership politique n’a paru aussi nécessaire pour répondre aux défis internationaux auxquels nous sommes confrontés, un leadership capable de restaurer la confiance dans nos institutions nationales et internationales, a constaté M. Peters. À quoi ressemble-t-il? C’est un leadership qui sait discerner les opportunités futures, en ayant à l’esprit les contraintes historiques. Un leadership qui s’appuie sur la force de caractère d’un dirigeant, son courage, sa détermination et son engagement à éduquer, et non à dominer ses citoyens.
Le Vice-Premier Ministre a ensuite déclaré que son pays ne veut pas revivre la catastrophe d’une nouvelle guerre mondiale, ni connaître une autre Conférence de San Francisco pour recoller les morceaux au lendemain d’une nouvelle plongée dans l’anéantissement mondial et les souffrances humaines. Malgré sa frustration face au manque de volonté politique nécessaire pour adapter cette organisation aux défis d’aujourd’hui, le soutien de la Nouvelle-Zélande à l’ONU reste inébranlable, a assuré M. Peters. Une diplomatie multilatérale efficace signifie assumer sa responsabilité et ses obligations. Le Vice-Premier Ministre a donc annoncé l’intention de son pays, porte-parole des petits États, de poser sa candidature à un siège non-permanent du Conseil de sécurité pour la période 2039-2040. C’est une intention soutenue par l’espoir que l’esprit de San Francisco reviendra.
M. MBAE MOHAMED, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, chargé du monde arabe, de la diaspora, de la Francophonie et de l’intégration africaine des Comores, a d’entrée, imploré les dirigeants russes et ukrainiens d’emprunter le chemin du dialogue et de la négociation. Cette requête pour un cessez-le-feu, d’abord, et la paix ensuite, est, à son avis, nécessaire pour un « apaisement », économique, social et alimentaire, pour le monde entier et, en particulier, pour l’Afrique qui souffre tant de ce conflit. Abordant la situation au Moyen-Orient, il a dénoncé le « génocide » perpétré par les forces israéliennes à Gaza, qu’il « nous faut condamner, et auquel il est urgent de mettre un terme ». En attendant, le Ministre a salué « l’admission de l’État de Palestine en tant que membre de plein droit de l’ONU » et sa participation aux travaux de l’ONU, à compter de la présente session.
Se tournant vers l’Afrique, il a appelé les deux parties au conflit au Soudan à la retenue, pour épargner les populations des affres de cette guerre qui n’a que trop duré. S’agissant du Sahara occidental, il a estimé que le plan d’autonomie de ce territoire, présenté dès 2007 par les autorités marocaines, constitue le moyen le plus sûr de parvenir à un règlement durable de ce « conflit anachronique ».
Insistant sur le respect de l’intégrité territoriale des États, le dignitaire a, s’agissant de la question de l’île comorienne de Mayotte, rappelé que l’unité comorienne est une réalité fondée sur des données ethnogéographiques, linguistiques, religieuses et économiques, malgré le caractère insulaire du pays. Il a donc saisi l’occasion de sa présence à la tribune des Nations Unies pour réaffirmer la constance du Gouvernement comorien dans sa volonté de respecter le droit et son ouverture au dialogue pour ce différend qui oppose les Comores à la France, afin de parvenir à une solution juste et durable, capable de préserver les intérêts partagés entre deux pays amis.
Au sujet du Sommet de l’avenir, il s’est dit confiant que le Pacte adopté la semaine dernière contribuera à ouvrir des perspectives prometteuses dans la prise en compte des problèmes spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID). Il a de plus salué la quatrième Conférence internationale sur les PEID (SIDS4) qui s’est tenue en mai dernier à Antigua-et-Barbuda, qui a marqué un nouveau progrès dans cette prise de conscience universelle. Il a aussi dit attendre avec beaucoup d’intérêt la prochaine conférence internationale sur le financement du développement, prévue en Espagne en 2025, y voyant une opportunité pour les États du Sud, de plaider pour les réformes des banques et institutions multilatérales de développement.
Sur le plan national, le dignitaire a mis en avant l’engagement du Chef d’État comorien à poursuivre la « noble mission » d’accélérer l’émergence des Comores d’ici à 2030, à travers la réalisation de projets phares, contenus dans le Plan Comores Emergent, présentés lors de la Conférence des partenaires au développement des Comores, tenue à Paris en décembre 2019. Ce plan, a-t-il confié, dispose également de projets structurants dont le programme de développement de l’économie bleue. M. Mohamed a, enfin, rappelé la tenue en juin 2023 de la Conférence ministérielle sur l’économie bleue et l’action climatique en Afrique, qui a été couronnée par l’adoption de la Déclaration de Moroni.
Mme DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a dénoncé l’agression russe contre l’Ukraine en violation du droit international qui, a-t-elle souligné, est le garant de la souveraineté des petits États comme le Liechtenstein. Une paix juste doit garantir la responsabilité pénale individuelle de ceux qui ont déclenché cette guerre d’agression. Cela seul garantira une perspective de paix durable pour l’Ukraine, mais aussi pour la région, a-t-elle estimé. Elle a appelé à la réforme du Conseil de sécurité et fait part de son appui à l’initiative sur le veto qui permet à l’Assemblée générale d’agir même si le Conseil de sécurité est paralysé par un veto. Le Pacte pour l’avenir nous permettra de tracer une nouvelle voie pour la paix et la sécurité.
Consternée par les souffrances de la population civile de Gaza, elle a réaffirmé son attachement à la solution des deux États. De même, elle a demandé la libération inconditionnelle de tous les otages. En attendant, la souffrance humaine doit prendre fin aujourd’hui. Rappelant l’engagement de son pays en faveur du droit international, la Ministre a dit être encouragée de voir les petits États en particulier se mobiliser de plus en plus pour défendre l’état de droit et s’opposer à la loi du plus fort. Elle s’est également félicitée du fait que les décisions de la Cour internationale de Justice servent de guide pour les prises de décisions, dans des situations allant de la solution des deux États à l’applicabilité de la Convention sur le génocide, aux changements climatiques.
Poursuivant, la Ministre a dénoncé le déni de justice et des droits humains des femmes en Afghanistan. L’ONU doit être à la hauteur de son obligation de lutter contre les violations des droits, y compris sexuels. Il faut aussi s’élever contre l’oppression brutale des femmes en Iran et partout dans le monde. Elle a émis le vœu que le prochain Secrétaire général de l’ONU soit une femme. Après des décennies de discussions sur l’égalité des sexes, l’ONU devrait montrer l’exemple, a-t-elle estimé.
Mme MARIA MALMER STENERGARD, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déploré les conséquences des violations des règles et principes convenus, dont le monde est témoin, y compris dans le voisinage immédiat de son pays, dénonçant l’agression continue de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.
La Ministre a saisi cette occasion pour réaffirmer le soutien indéfectible de la Suède aux efforts déployés par l’Ukraine pour restaurer sa souveraineté et son intégrité territoriale, aussi longtemps qu’il le faudra. La conséquence directe de cette invasion à grande échelle de la Russie s’est traduite par la décision de la Suède et de la Finlande à rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a-t-elle fait remarquer. Pour la Suède, cela représente un « changement historique », mettant fin à 200 ans de non-alignement militaire. « C’est notre décision, car chaque État a le droit de choisir sa propre politique de sécurité. »
Par ailleurs, la Ministre a rappelé que la Suède avait toujours soutenu les pays luttant pour la liberté, l’indépendance et la démocratie, notamment en Afrique pour laquelle son pays demeure « un partenaire engagé ». Elle a cité le Soudan, pays qui a reçu cette année le plus d’aide humanitaire de la part de son gouvernement. Elle a également parlé du Yémen, où la Suède continue de travailler avec des partenaires pour une réponse humanitaire inclusive et fondée sur des principes.
Au Moyen-Orient, l’engagement de longue date de son pays en faveur des efforts de paix remonte à 1948, a rappelé la Ministre en précisant que la Suède est l’un des principaux donateurs des agences des Nations Unies et d’autres organisations qui s’efforcent d’atténuer les immenses souffrances de la population civile à Gaza.
Dans le même temps, la Ministre a réitéré le droit d’Israël à se défendre conformément au droit international et exigé la libération des otages. Israël est menacé simultanément par l’Iran et ses alliés sur plusieurs fronts, a-t-elle noté. La Suède soutient pleinement les efforts déployés par les États-Unis, la France et d’autres pour parvenir à une solution diplomatique, a-t-elle dit, en plaidant pour un cessez-le-feu qui fournirait un espace pour parvenir à un règlement diplomatique conforme aux résolutions 1701 (2006) et 2735 (2024). À plus long terme, la Suède, croit en l’idée d’une solution à deux États dans laquelle Israéliens et Palestiniens pourraient vivre côte à côte dans la paix, la liberté et la démocratie.
Sur le volet du développement, l’intervenante a appelé à redoubler d’efforts pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’occasion pour elle de rappeler que son pays est « l’un des donateurs d’aide au développement les plus généreux au monde ». Dans cette optique, elle a exhorté à intensifier la lutte contre la corruption afin que la croissance économique profite à l’ensemble de la société.
La Ministre a rappelé que l’égalité des sexes demeure une valeur fondamentale de la politique étrangère suédoise, déplorant la sous-représentation des femmes lors de l’actuel débat général. « Sur cette question, beaucoup reste à faire. »
La dignitaire a également défendu le droit à chacun de vivre librement et en sécurité, quelles que soient ses croyances religieuses ou ses convictions personnelles. Sur ce point, son pays a, d’ores et déjà, commencé à travailler sur un plan d’action pour l’égalité des droits et des chances en faveur des personnes LGBTQI, a-t-elle annoncé. Pour finir, elle a évoqué la transition verte et numérique qui offre de vastes opportunités en termes de nouveaux emplois, d’augmentation de la croissance et d’amélioration des moyens de subsistance. La Suède, pour sa part, ambitionne de devenir neutre en carbone d’ici à 2045, s’est-elle enorgueillie.
M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral pour les affaires européennes et internationales de l’Autriche, a constaté que l’état d’urgence s’est encore aggravé depuis l’année dernière. « La neutralité de l’Autriche ne rime pas avec indifférence », a-t-il déclaré. Alors que la Russie continue à envahir l’Ukraine, a-t-il poursuivi, il s’est dit encouragé par ses conversations avec des partenaires qui, peu importe leurs convictions, ont réitéré leur attachement aux principes généraux consacrés dans la Charte des Nations Unies. La paix doit être négociée et non dictée par Moscou, a-t-il recommandé, prônant l’intégration de l’Ukraine dans les négociations de paix.
Passant au conflit entre le Hamas et Israël, M. Schallenberg a rappelé que le droit international humanitaire est non-négociable. Un cessez-le-feu, la libération des otages et davantage d’aide humanitaire sont nécessaires immédiatement, a-t-il exhorté, appelant à travailler à une solution politique afin d’éviter toute escalade du conflit dans une région déjà sous tension. D’autres crises, tout aussi graves, ne reçoivent pas assez d’attention, a-t-il également souligné, citant la famine au Soudan et l’effondrement des structures étatiques en Haïti. Dans ce contexte, l’humanité fait face à des questions fondamentales, a-t-il encore remarqué, attirant l’attention sur les changements climatiques et l’intelligence artificielle.
« Le pendule oscille dorénavant de l’intégration vers la fragmentation », a ensuite lancé le Ministre. Les idéologies protectionniste et nationaliste se propagent alors que le multilatéralisme et le régionalisme se craquèlent au rythme des tensions politiques, économiques et idéologiques, a-t-il regretté. Les États se divisent, s’ignorent et s’annulent les uns les autres, « un jeu à somme nulle qui nous rappelle les réseaux sociaux ».
Le peuple autrichien se rendra aux urnes ce dimanche, a-t-il ensuite rappelé, mettant en garde contre les « fausses solutions » qui, bien que tentantes, ne peuvent qu’affaiblir les sociétés ouvertes, pluralistes et favorables à une Europe plus forte. Pour contrer ces forces, il faut éviter que notre ère d’anxiété ne devienne une ère de peur, a-t-il estimé. La peur est mauvais guide, nous le savons tous, a-t-il poursuivi, invitant la communauté internationale à adopter une position claire et à défendre l’ordre international par tous les moyens. Mon pays défend cet ordre basé sur des règles et rien de bon ne peut ressortir de sa démolition, a-t-il mis en garde.
« Certes, nous nous trouvons dans une rivalité systémique ou certains considèrent les sociétés ouvertes et démocratiques comme des menaces », a-t-il expliqué. Toutefois, il a fait remarquer que les sociétés libres, pluralistes et fondées sur les droits humains se sont montrées plus flexibles et plus résilientes que nous ne le pensions, invitant à « croire en nos capacités et en nos principes ». Le Ministre a assuré que son pays défendra toujours ses intérêts et ses valeurs tout en cherchant le compromis et en défendant un système multilatéral pragmatique, avant d’appeler à réformer le Conseil de sécurité pour le rendre plus inclusif et efficace. « Nous devons affronter les défis de notre temps ensemble et en en ayant confiance en nos forces. »
M. ARNOLDO RICARDO ANDRÉ TINOCO, Ministre des relations extérieures et du culte de Costa Rica, a dénoncé l’absence de démocratie, d’état de droit et de respect des droits humains au Venezuela d’où 8 millions de citoyens ont fui, provoquant une crise migratoire sans précédent. Le Ministre a condamné la manipulation des résultats de la dernière élection présidentielle dans ce pays: Nicolás Maduro n’ayant pas gagné ce scrutin, il ne faut pas que la répression et la dictature au Venezuela se normalisent une fois de plus. Au Nicaragua, a-t-il poursuivi, des milliers de personnes traversent quotidiennement notre frontière nord, fuyant la répression d’une dictature qui dure depuis près de trois décennies. Nul ne peut rester indifférent à la situation en Haïti, a-t-il poursuivi. Il faut répondre au Plan d’action pour ce pays et aux besoins humanitaires évalués à 674 millions de dollars. Pour contrer le trafic de drogues, la traite des êtres humains et la contrebande d’armes et de munitions, le Ministre a exhorté la communauté internationale à adopter une approche coordonnée et multilatérale, en favorisant la coopération, le partage d’informations et des mesures juridiques fortes.
Face aux conflits à Gaza, au Liban, en Ukraine, en mer Rouge, au Soudan, au Sahel, au Yémen, au Myanmar et en Syrie, le Ministre a réitéré son appel à tous les acteurs concernés en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, d’un accès sûr, ininterrompu et sans restriction à l’aide humanitaire, de la libération des otages et des détenus, du retrait des troupes des zones touchées et de la désescalade des tensions. Il est également urgent de se conformer aux décisions des tribunaux internationaux et aux résolutions du Conseil de sécurité. Il a invité tous les États à participer à la prochaine conférence internationale sur les conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, qui se tiendra en juillet 2025 à San José. Il a aussi appelé à un consensus sur les cadres de gouvernance de l’intelligence artificielle dans les domaines militaire et civil, conformément au Pacte numérique mondial.
Le Costa Rica, a poursuivi le Ministre, lance un appel en faveur d’un système financier international transparent, inclusif et durable qui réponde aux besoins de financement des pays sans perpétuer les inégalités mondiales. Le Costa Rica, un pays à revenu intermédiaire et avec une économie en transition, a besoin d’un système adapté à ses besoins spécifiques. Il a espéré que la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement débouchera sur des accords concrets et fera preuve de la volonté politique nécessaire. Enfin, le Costa Rica mène une « diplomatie bleue » qui reconnaît le rôle crucial que joue l’océan dans la santé de la planète, et juge urgent que le nouveau traité sur la haute mer entre en vigueur.
Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre fédérale des affaires étrangères de l’Allemagne, a constaté que le monde est devenu un écosystème où les manchettes et les slogans donnent une image en noir et blanc, créant une culture du « nous contre eux ». C’est cet état d’esprit qu’a été le fondement-même des pires extrémismes que l’humanité n’ait jamais vus, à savoir les guerres mondiales et l’Holocauste. Mais à leur création, les Nations Unies ont offert un contre-modèle sous la forme de la Charte qui nous appelle à accepter non seulement l’humanité des autres mais qui garantit aussi à tous les pays le droit de déterminer leur propre destin, dans un monde débarrassé de la division nationaliste. Donner corps à ces principes, a prévenu la Ministre, exige du travail, de l’empathie et de la solidarité mais aussi la recherche d’un terrain d’entente. Cela veut dire reconnaître le dilemme qui veut que les valeurs de la Charte peuvent parfois sembler contradictoires.
Le conflit entre Israël et Gaza, a dit la Ministre, ne doit pas seulement être vu sous l’angle de notre propre perspective ou de l’histoire commune. Il doit être vu mais sous celui de notre humanité universelle pour briser le cercle vicieux de la haine. Les droits des Israéliens et des Palestiniens ne s’annihilent pas les uns les autres et l’Allemagne reste attachée au droit d’Israël à la sécurité et à la légitime défense. Mais elle travaille aussi sans relâche pour sortir les enfants de l’enfer de Gaza, en sachant que la sécurité des Israéliens et des Palestiniens ne sera durable que s’ils se sentent réellement en sécurité. Les efforts de l’Allemagne visent donc un accord sur les otages, et comme il est stipulé dans le plan Biden approuvé par le Conseil de sécurité, l’Allemagne se joindra aux autres pour appeler à un cessez-le-feu de 21 jours le long de la Ligne bleue.
Notre faculté à apprendre des erreurs du passé nous rend plus forts, a poursuivi la Ministre. L’Allemagne assume son passé colonial, comme en atteste la restitution des œuvres d’art à la Namibie, dans un élan de réconciliation. Quant à la l’agression russe en Ukraine, la Ministre a appelé les États à obtenir du Président Putin la fin de ses attaques et le retour à la table des négociations non seulement pour notre sécurité mais aussi dans son propre intérêt. La Ministre a également parlé des efforts de son pays pour accélérer la réforme du Conseil de sécurité et celle de l’architecture financière internationale, jugeant parfaitement injuste que les institutions de Bretton Woods ne soient dirigées que par des Américains et des Européens. Nous voulons des institutions acceptées par tous et représentantes de tous, a martelé la Ministre, avant d’avouer son souhait de voir une femme au poste de Secrétaire général de l’ONU.
M. ABDALLAH BOUHABIB, Ministre des affaires étrangères et des émigrants du Liban, a exhorté la communauté internationale à agir avant que la situation de crise dans son pays ne dégénère encore davantage et ne s’étende à la région. « Ce que nous vivons aujourd’hui au Liban est le résultat, et non la cause, de l’absence d’une solution durable. La cause, c’est l’occupation », a-t-il affirmé, soulignant que son pays a tenté à maintes reprises de régler les différends frontaliers avec Israël. En dépit de la conjoncture difficile et de l’incapacité de l’ONU à nous protéger, le Liban continue de contribuer au droit international et de croire au rôle de l’ONU, a-t-il fait remarquer. « Nous continuons à considérer que le dialogue est une alternative à la langue des armes », a-t-il assuré, rappelant que son pays a été, à plusieurs occasions, un partenaire fiable pour régler les différends de manière pacifique.
Comptant sur l’appui des pays amis afin de renforcer le déploiement de l’armée libanaise au sud du fleuve Litani, M. Bouhabib a explicité la volonté de son gouvernement de coopérer pour faire face aux défis militaires dans la région. Mon gouvernement, malgré la crise économique, a enrôlé 1 500 soldats supplémentaires afin de mettre en œuvre la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé. Il a également réitéré son attachement au rôle de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui a grandement contribué à la paix et la sécurité régionales. Il s’est, en outre, dit préoccupé par la situation dans certains villages frontaliers où de nombreux Libanais sont attaqués. « Israël se radicalise de plus en plus », a-t-il déploré. Revenant sur les appareils de communication à usage civil qui ont été activés à distance, faisant des milliers de morts et de blessés, le Ministre a rappelé le droit à l’autodéfense. « Rien ne peut justifier le meurtre de masse de civils. »
« Quand Israël empruntera-t-il le chemin de la paix jusqu’au bout? » s’est encore demandé le Ministre, rappelant que le Liban et les pays arabes ont choisi ce chemin en de nombreuses occasions. Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu sur tous les fronts. « Il incombe désormais à Israël de choisir la paix et de dépasser ses obsessions et angoisses sécuritaires », a-t-il soutenu, souhaitant un travail collectif qui offre des garanties claires. « La diplomatie n’est pas toujours aisée mais elle est le seul moyen de sauver les patries et de briser le cycle de la violence », a-t-il conclu, réaffirmant que le Liban suivra ce chemin afin de faire de la diplomatie la grande gagnante.
M. ELMER SCHIALER SALCEDO, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a réaffirmé son attachement au multilatéralisme, « le meilleur outil dont nous disposons pour réaliser, d’un commun accord, les conditions nécessaires au développement durable ». Pour cela, la première condition est la paix, a souligné le Ministre, condamnant tout recours à la force dans les relations internationales. À ses yeux, la paralysie du Conseil de sécurité face à certains conflits et l’application d’un « deux poids, deux mesures » dans d’autres imposent de réformer cet organe et de revoir les prérogatives de ses membres permanents, principalement le droit de veto.
Le Ministre a ensuite expliqué que la grande vulnérabilité du Pérou aux changements climatiques l’a incité à en faire une question prioritaire de sa politique étrangère. Pour cette raison, il a demandé, avec d’autres pays, à la Cour internationale de Justice (CIJ) de se prononcer sur les obligations internationales des États en matière de changements climatiques. Signalant que le Pérou a été durement touché l’an dernier par le cyclone Yaku et le phénomène El Niño, il s’est félicité de l’adoption par l’ONU d’une approche préventive de la gestion des risques de catastrophe. Malgré les efforts déployés par son gouvernement pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, il a reconnu que les actions nationales ne suffisent pas. Il faut accroître la coopération internationale, en tenant toujours compte du principe de responsabilités partagées, mais différenciées, a-t-il plaidé, avant d’appeler les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement climatique.
Après s’être alarmé du retard pris dans la réalisation du Programme 2030, le Ministre a fait état d’une hausse de 10% des ressources allouées par son pays aux objectifs de développement durable (ODD), avec pour axes prioritaires la santé, l’éducation et la protection sociale. Mais là encore, les efforts nationaux ne peuvent suffire, a-t-il soutenu, plaidant pour une réforme de l’architecture financière internationale afin de disposer d’un système plus inclusif et plus équitable. Dans l’immédiat, il a salué l’inclusion dans le Pacte pour l’avenir d’une initiative visant à développer de nouveaux indicateurs de progrès multidimensionnels.
M. Schialer Salcedo a par ailleurs fait observer que le manque de liberté démocratique, ajouté à la répression et à l’absence d’opportunités, génère des flux migratoires massifs, entraînant des tensions sociales dans les pays d’accueil. C’est pourquoi il a souhaité qu’un instrument mondial contraignant facilite une migration sûre, ordonnée et régulière, tout en protégeant les migrants de la criminalité transnationale organisée. Dans le même esprit, il s’est dit préoccupé par la situation postélectorale au Venezuela, estimant que les résultats officiellement proclamés ne reflètent pas légitimement la volonté populaire des citoyens vénézuéliens, ce qui empêche le Pérou de les reconnaître.