Soixante-dix-neuvième session
7e et 8e séances, matin & après-midi
AG/12633

L’Assemblée générale ouvre son débat annuel sur un constat d’échec face à l’impunité, l’inégalité et l’incertitude qui rendent le monde insoutenable

Après un sommet tourné vers l’avenir, concrétisé dans un Pacte pour l’avenir adopté le 22 septembre, les chefs d’État et de gouvernement ont défilé aujourd’hui à la tribune de l’Assemblée générale en prenant acte de « l’impasse » dans laquelle se trouve pour l’instant le monde, confronté aux divisions géopolitiques, au réchauffement planétaire, aux guerres sans fin et aux menaces nucléaires.  Les femmes (seulement deux aujourd’hui) et hommes d’État ont oscillé entre une dénonciation de l’escalade des tensions, principalement en Ukraine et au Moyen-Orient, un appel urgent à l’action climatique et un plaidoyer en faveur de réformes du système multilatéral. 

En ouverture de ce débat général annuel de l’ONU, le Secrétaire général a décrit la situation comme un « tourbillon », en priant les dirigeants mondiaux de s’attaquer à ce qui rend notre monde « insoutenable », à savoir l’impunité, l’inégalité et l’incertitude.  Il a pointé le fait qu’un nombre croissant de gouvernements et d’autres acteurs se sentent autorisés à fouler aux pieds le droit international, à violer la Charte des Nations Unies et à ignorer les conventions relatives aux droits humains ou les décisions des tribunaux internationaux, tout cela « sans que rien ne se passe ». Évoquant la guerre en Ukraine, M. António Guterres a surtout insisté sur le « cauchemar permanent » qui se déroule à Gaza et qui menace d’entraîner la région dans le chaos. 

Après avoir appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la libération inconditionnelle de tous les otages et au lancement d’un processus irréversible « pour que la solution des deux États voie le jour », le Chef de l’ONU a demandé à « ceux qui continuent de saper cet objectif en multipliant les implantations, les expulsions, les provocations », quelle pourrait être « l’alternative ».  Il a été rejoint dans cette prise de position par le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang (ancien Premier Ministre du Cameroun), pour qui la solution des deux États est la seule à garantir la paix, la sécurité et la dignité « tant aux Palestiniens qu’aux Israéliens ». 

Dans ce conflit, le droit de se défendre est devenu un « droit de se venger », empêchant ainsi tout accord, s’est alarmé le Président du Brésil, tandis que le Roi de Jordanie jugeait « intenable » le statu quo dans les territoires palestiniens, rappelant que, dans un récent avis consultatif, la Cour internationale de Justice (CIJ) a conclu à l’illicéité de l’occupation israélienne.  « Nous ne regarderons pas en silence l’apartheid se perpétrer contre d’autres », a renchéri le Président de l’Afrique du Sud, dont le pays est à l’origine de la saisine de la CIJ.  Utilisant le même terme d’« apartheid », l’Émir du Qatar s’est ému que certains en Israël veuillent « éliminer un peuple ». 

Plus virulent encore, le Président de la Türkiye a regretté que l’ONU peine à remplir sa mission fondatrice et se transforme peu à peu en une « structure dysfonctionnelle, lourde et inerte ».  Qu’attend le Conseil de sécurité pour faire cesser ce « génocide »? s’est-il interrogé, avant de réclamer que des « mesures coercitives contre Israël » soient inscrites à l’ordre du jour de cet organe.  À ceux qui soutiennent inconditionnellement Israël, il a demandé jusqu’à quand ils continueront à supporter « la honte d’être complices de ce massacre ». 

Implicitement visé, le Président des États-Unis a réitéré son appel au cessez-le-feu, estimant que seul un arrêt des hostilités permettrait d’assurer le retour des otages, de préserver la sécurité d’Israël et de libérer Gaza de l’étau du Hamas.  Il a également demandé que soit mis un terme aux violences « inacceptables » contre les Palestiniens de Cisjordanie, avant d’avertir qu’au Liban, une guerre à large échelle n’est dans l’intérêt de personne.  La paix permettrait au contraire de mieux faire face à la menace de l’Iran et de son programme nucléaire, a-t-il argué. 

Le Président iranien a, lui, fustigé le retrait en 2018 du Plan d’action global commun (PAGC) par l’ancien Président américain Donald Trump, assurant que l’Iran s’acquittait alors de ses obligations.  Il a réitéré la volonté de son pays de collaborer avec les participants au Plan. En ce qui concerne la question palestinienne, il a proposé de garantir le droit des Palestiniens à l’autodétermination en leur soumettant un référendum.

Sur la guerre en Ukraine, le Chef de la Maison Blanche y a vu un « échec » du Président Putin, dans la mesure où l’agressé tient tête à l’agresseur et où l’OTAN est plus forte que jamais.  Un avis nuancé par le Président de la Lituanie, pour qui l’impuissance de la communauté internationale face à l’invasion russe est « un coup terrible porté à la crédibilité même du système des Nations Unies ».  La logique de conquête et le mépris du droit international doivent cesser, a tranché son homologue de la Pologne, inquiet que tout pays puisse désormais être victime d’une agression. 

À l’instar du Secrétaire général, qui a qualifié d’injustice mondiale le fait que l’Afrique ne dispose toujours pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité, de nombreux intervenants ont plaidé pour une réforme de l’ONU et de ce Conseil.  Il est inacceptable que certaines décisions en faveur de la paix ne puissent être adoptées en raison d’un usage abusif du droit de veto, a fait valoir le Président du Guatemala.  Son homologue du Brésil a quant à lui revendiqué un siège permanent pour l’Amérique latine, tandis que le Président de la Sierra Leone s’est fait l’écho de la requête formulée par l’Union africaine pour l’octroi au continent de deux sièges permanents et de deux autres non permanents. 

Également partisan d’une réforme de l’architecture financière internationale afin d’offrir aux pays en développement le soutien dont ils ont besoin, M. Guterres a une nouvelle fois mis l’accent sur la crise climatique.  Il a tenu à rappeler le niveau d’ambition requis pour éviter une catastrophe planétaire.  À l’approche de la COP29, il a souhaité que les pays développés tiennent leurs promesses en matière de financement de l’adaptation. 

Son appel a notamment été repris par le Président des Maldives, qui a « imploré » les pays riches et émergents de respecter les engagements pris. Le but est de « ne laisser personne de côté », comme le veut le Programme 2030 et le thème du débat général.  Mais pour certains, comme le Président de l’Argentine, le Programme 2030 a échoué.  Une des raisons pour lesquelles son pays se dissocie du Pacte pour l’avenir fraîchement adopté, cet accord n’étant selon le Chef d’État qu’une « aggravation du cap tragique emprunté par l’ONU ».  Le Président du Viet Nam s’est alarmé pour sa part de la concurrence stratégique de plus en plus « féroce et conflictuelle » entre les grandes puissances, à une époque où 780 millions de personnes connaissent la famine.

Le débat général se poursuivra demain, mardi 25 septembre, à partir de 9 heures.

PRÉSENTATION DU RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/79/1)

OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations liminaires

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a constaté que « notre monde est pris dans un tourbillon », entre divisions géopolitiques, réchauffement planétaire, guerres sans fin et gesticulations nucléaires. Et si la moitié de l’humanité doit se rendre aux urnes cette année, « c’est sur l’humanité tout entière que pèsera l’issue de ces scrutins », a-t-il contemplé.  Face à ce tourbillon, M. Guterres s’est dit convaincu qu’on ne peut continuer ainsi mais qu’il est possible de relever les défis auxquels nous sommes confrontés.  Cela exige de s’assurer que les mécanismes de règlement des problèmes internationaux « permettent bel et bien de régler les problèmes », a-t-il avancé, voyant dans le Sommet de l’avenir « un premier pas ». Pour y parvenir, il faut selon lui s’attaquer à trois grands facteurs de l’insoutenabilité que sont l’impunité, l’inégalité et l’incertitude. 

Qualifiant le degré d’impunité dans le monde d’« indéfendable sur le plan politique et moralement intolérable », le Secrétaire général a pointé le fait qu’un nombre croissant de gouvernements et d’autres acteurs se sentent autorisés à fouler aux pieds le droit international, à violer la Charte des Nations Unies et à ignorer les conventions relatives aux droits humains ou les décisions des tribunaux internationaux.  Ils peuvent bafouer le droit international humanitaire, envahir un autre pays, dévaster des sociétés entières ou mépriser le bien-être de leur propre peuple « sans que rien ne se passe ».  C’est le cas en Ukraine, où la population civile paie le prix d’une guerre qui s’étend.  C’est le cas aussi à Gaza, où le « cauchemar permanent » du conflit menace d’entraîner toute la région dans le chaos, à commencer par le Liban.

Rien ne peut justifier les actes de terreur commis par le Hamas le 7 octobre, ni les prises d’otages, ni le châtiment collectif infligé au peuple palestinien, a réaffirmé le Secrétaire général, tout en reconnaissant que la rapidité et l’ampleur du massacre et des destructions à Gaza ne ressemblent à rien de ce qu’il a connu depuis qu’il dirige l’ONU.  Rappelant que plus de 200 membres du personnel des Nations Unies ont déjà été tués, il a rendu hommage à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et à tous les acteurs humanitaires présents à Gaza, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat, à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et au lancement d’un processus irréversible pour que la solution des deux États voie le jour.  Quelle est l’alternative? a-t-il demandé à « ceux qui continuent de saper cet objectif en multipliant les implantations, les expulsions, les provocations ». 

Du Soudan au Sahel, du Myanmar à la République démocratique du Congo, en passant par Haïti et le Yémen, les populations restent exposées à des souffrances effroyables, « sur fond d’incapacité chronique à trouver des solutions ».  Dans ce monde où de plus en plus de pays « occupent les espaces laissés vides par les divisions géopolitiques et font ce qu’ils veulent sans avoir à rendre de comptes », il est plus important que jamais de réaffirmer la Charte, d’appuyer le droit international et de renforcer les droits humains, a soutenu le Secrétaire général. 

Abordant l’augmentation des inégalités, M. Guterres a noté qu’un tiers des 75 pays les plus pauvres du monde se trouve aujourd’hui dans une situation pire qu’il y a cinq ans.  « Au cours de la même période, les cinq hommes les plus riches de la planète ont plus que doublé leur fortune », a-t-il relevé, ajoutant que 1% des habitants de la planète détient 43% de l’ensemble des avoirs financiers mondiaux. Et alors que certains gouvernements décuplent les inégalités en accordant des cadeaux fiscaux massifs aux entreprises et aux ultrariches, personne n’est plus lésé que les femmes et les filles du monde entier, a déploré le Secrétaire général.  Tout en condamnant les cas de féminicides, de violences fondées sur le genre et de viols collectifs, les lois utilisées pour menacer les droits reproductifs, et, en Afghanistan, l’oppression systématique des femmes et des filles, il s’est dit « désolé » de constater que moins de 10% des intervenants au débat général de cette semaine sont des femmes. 

Les inégalités mondiales se reflètent jusque dans nos propres organisations internationales, a poursuivi le Chef de l’ONU, pour qui « un changement s’impose » alors que l’Afrique ne dispose toujours pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité.  De même, la lutte contre les inégalités exige une accélération de la réforme de l’architecture financière internationale, a-t-il plaidé, jugeant que les institutions de Bretton Woods ne sont plus en mesure de fournir un filet de sécurité mondial, ni d’offrir aux pays en développement le niveau de soutien dont ils ont besoin.  Pour redresser le cap, il faut selon lui que les pays du G20 financent le Plan de relance des objectifs de développement durable, que des réformes renforcent la capacité de prêt des banques multilatérales de développement et que soit encouragée une restructuration de la dette à long terme. 

Quant à l’incertitude, troisième facteur de l’insoutenabilité de notre monde, elle est alimentée par la menace existentielle que constitue la crise climatique.  Toutefois, si le problème s’aggrave, les solutions apportées deviennent plus efficaces, a nuancé M. Guterres, prenant l’exemple des énergies renouvelables, désormais accessibles et d’un coût abordable.  Signalant que, d’ici à l’an prochain, tous les pays devront élaborer de nouveaux plans d’action ambitieux ou déterminer leurs contributions au niveau national, le Secrétaire général a précisé que, selon l’Agence internationale de l’énergie, le niveau d’ambition à atteindre d’ici à 2035 est une diminution de 80% des émissions en moyenne dans les économies avancées et de 65% dans les marchés émergents.  À l’approche de la COP29, il a souhaité que le fonds pour les pertes et les préjudices soit à la hauteur de l’enjeu et que les pays développés tiennent leurs promesses en matière de financement de l’adaptation.  Il a également demandé aux pays du G20 de mettre fin aux subventions et aux investissements liés aux combustibles fossiles, de financer à la place une transition énergétique juste et de « faire payer les pollueurs » via une redevance internationale de solidarité sur l’extraction. 

Autre menace existentielle aux conséquences imprévisibles, l’essor des nouvelles technologies, et notamment de l’intelligence artificielle, interroge, a encore observé le Secrétaire général.  Faute de mesures mondiales pour en gérer le déploiement, l’intelligence artificielle risque d’engendrer des divisions artificielles dans tous les domaines, a-t-il alerté, estimant toutefois que l’adoption du Pacte numérique mondial et les recommandations de l’Organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle peuvent asseoir les bases d’une gouvernance inclusive en la matière.  « Ensemble, faisons de l’intelligence artificielle une force au service du bien », a-t-il lancé. 

Plus largement, a conclu le Chef de l’ONU, le Sommet de l’avenir a montré que nous pouvons unir nos forces dans un esprit de dialogue et de compromis pour engager le monde sur une voie plus durable.  « Ce n’est que le début, une boussole dans la tempête; il faut continuer sur cette lancée. »

M. PHILEMON YANG, Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, a accueilli les délégations en rappelant que le débat général reste « l’une des plateformes de réflexion mondiale et d’action collective les plus inclusives, représentatives et faisant autorité au monde ».  Cette année, a-t-il dit, l’accent sera mis sur la poursuite des objectifs de développement durable, dont seulement 18% ont été atteints, mais aussi sur la crise climatique, qui ravage les écosystèmes et démantèle les moyens de subsistance de communautés entières, et sur les conflits qui continuent de faire rage, du Moyen-Orient à l’Ukraine, d’Haïti au Soudan du Sud.  Il a profité de cette occasion pour appeler à un cessez-le-feu immédiat dans la guerre Hamas-Israël, ainsi qu’à la libération inconditionnelle de tous les otages et au respect par toutes les parties du droit international. Seule une solution à deux États peut mettre fin au cycle de violence et d’instabilité, garantissant la paix, la sécurité et la dignité tant aux Palestiniens qu’aux Israéliens, a-t-il affirmé.

Jugeant essentiel de ne pas détourner des ressources essentielles vers des stocks militaires, M. Yang a déploré que les armes nucléaires continuent de constituer une menace pour l’humanité et notre planète.  Il a appelé à des mesures urgentes pour l’abolition de ces « outils d’anéantissement de la race humaine et de notre environnement », avant d’encourager les États Membres à investir davantage dans l’instauration de la confiance et la pratique du dialogue, condition préalable à une paix et une sécurité durables. 

Alors que l’égalité des sexes reste un objectif lointain, que des millions de personnes restent piégées dans la pauvreté et que l’esclavage moderne persiste, le Président de l’Assemblée générale a condamné ces insultes à la dignité humaine et exigé de les combattre à tout moment dans chaque société.  Il est également urgent de réformer le système financier international, alors que trop de pays restent accablés par une dette écrasante, a-t-il ajouté, dénonçant par ailleurs une fracture numérique qui prive des populations entières des outils nécessaires pour réussir au XXIe siècle. 

Face à ces crises, a souligné M. Yang, nous disposons de l’un des outils les plus puissants pour un changement positif: « une coopération internationale fondée sur la vérité indéniable selon laquelle même les nations les plus puissantes ne peuvent pas résoudre seules ces défis complexes ». Cette vérité a été réaffirmée lors du Sommet de l’avenir, s’est-il félicité, saluant l’adoption par consensus du Pacte pour l’avenir, qui redynamise les institutions multilatérales pour répondre aux exigences d’un monde en évolution rapide. 

Pour le Président de l’Assemblée générale, un monde meilleur commence par la libération du potentiel de tous les peuples, sans négliger les défis auxquels font face les petits États insulaires en développement, les États en développement sans littoral, les pays les moins avancés et les petits États.  Il incombe à l’ONU de faire plus que simplement exprimer sa solidarité, a ajouté le Président de l’Assemblée générale, promettant de faire de cette question l’une de ses priorités. 

Également prioritaire, l’Afrique doit être soutenue, a poursuivi M. Yang, pour qui il importe de véritablement libérer le potentiel de ce continent et de cultiver des partenariats mondiaux qui correspondent à ses aspirations.  Il s’est dit impatient de travailler avec tous les États Membres pour maintenir l’Afrique au cœur de l’ordre du jour. 

Le Président de l’Assemblée générale entend par ailleurs donner la priorité au multilinguisme en tant que reconnaissance de la richesse culturelle et linguistique de notre monde.  À ses yeux, « la multitude de langues, de cultures et de perspectives ne doit pas être considérée comme une source de division mais comme une source de force ». 

Misant sur une semaine de haut niveau « très réussie », M. Yang a précisé qu’outre le Sommet de l’avenir récemment conclu et ce débat général en cours, auront lieu l’événement de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens, la réunion de haut niveau sur la réponse aux menaces existentielles posées par l’élévation du niveau de la mer et la réunion plénière de haut niveau pour promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.  Tout au long de cette session, nous aborderons les questions urgentes de notre temps, a-t-il promis, se disant convaincu qu’au-delà des différences de point de vue, les États Membres partagent le même objectif fondamental: « construire un monde meilleur, pour tous, partout ». 

Déclarations

M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a souligné l’alarmante escalade des tensions géopolitiques et des rivalités stratégiques.  « Le recours à la force, en contradiction avec le droit international, est devenu la norme. »  Nous sommes les témoins de deux conflits concomitants qui pourraient se transformer en déflagration généralisée, s’est-il inquiété.  Il a condamné l’invasion du territoire ukrainien, en ajoutant qu’aucune des parties à ce conflit ne pourra atteindre tous ses objectifs par des moyens militaires.  Il a jugé crucial de créer les conditions pour une reprise d’un dialogue direct entre les deux parties.  « C’est le message des six points de convergence que le Brésil et la Chine ont proposé pour un retour au dialogue et une cessation des hostilités. »

Le Président a ensuite évoqué la grave crise à Gaza et en Cisjordanie qui est en train de s’étendre au Liban.  « Ce qui a commencé comme une action terroriste perpétrée par des fanatiques contre des civils israéliens innocents est devenu un châtiment collectif pour l’ensemble du peuple palestinien. »  Le droit de se défendre est devenu un droit de se venger, empêchant ainsi un accord pour la libération des otages et différant tout cessez-le-feu, a tranché le Président. 

Il a ensuite abordé la crise climatique et le réchauffement climatique, « qu’il est impossible de nier ».  L’année 2024 devrait être l’année la plus chaude de l’histoire moderne, a-t-il dit, en signalant que le sud du Brésil a connu ses pires inondations depuis 1941.  Il a précisé que son pays a, l’année dernière, diminué de 50% la déforestation de l’Amazonie, dans l’objectif de l’éradiquer d’ici à 2030.  Il a aussi rappelé que le Brésil accueillera en 2025 la COP30, se disant convaincu que seul le multilatéralisme permettra de surmonter l’urgence climatique.  Le Président a estimé qu’il est temps de discuter de la lenteur avec laquelle la planète se décarbonise et d’œuvrer à une économie qui soit moins dépendante des énergies fossiles. 

Le Président Lula da Silva a détaillé les efforts de défense de la démocratie dans son pays face aux attaques extrémistes, messianiques et totalitaires qui nourrissent la haine, le ressentiment et l’intolérance.  « C’est au nom de la démocratie que les Brésiliens ont vaincu les dictateurs et les tyrans qui ont essayé de saper les institutions et de les mettre au service de leurs intérêts réactionnaires. »  Dans un monde globalisé, cela n’a pas de sens de miser sur des « patriotes et isolationnistes défroqués », a tranché le Président brésilien.

Poursuivant son discours, le Président brésilien a fait remarquer que l’accès aux ressources financières demeure prohibitif pour de nombreux pays.  Le coût de l’emprunt des pays africains est près de huit fois supérieur à celui de l’Allemagne et quatre fois supérieur à celui des États-Unis, a-t-il déploré.  « C’est un Plan Marshall à l’envers, les plus pauvres finançant les plus riches. »  Il a appelé à une plus grande participation des pays en développement au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale.  La fortune des cinq premiers milliardaires dans le monde a plus que doublé depuis le début de la décennie, tandis que 60% de l’humanité est devenue plus pauvre, a-t-il alerté.  « Les super-riches paient proportionnellement moins d’impôts que la classe ouvrière. »  Afin de remédier à une telle anomalie, le Président a défendu une coopération internationale afin de mettre en place une imposition internationale minimale.

Enfin, il a proposé plusieurs pistes de réforme de l’ONU, en demandant que le Conseil économique et social (ECOSOC) devienne le principal forum de discussion de développement durable et de la lutte contre les changements climatiques, avec une réelle capacité à influer sur les institutions financières. L’Assemblée générale devrait être revitalisée et la Commission de consolidation de la paix renforcée, a-t-il aussi recommandé.  Le fait qu’il n’y ait pas de pays d’Afrique et d’Amérique latine siégeant de manière permanente au Conseil est inacceptable, a encore jugé le Président. « Je ne me fais pas d’illusions sur la complexité d’une réforme comme celle du Conseil, avec des intérêts en faveur du statu quo bien établis. »  Cela va exiger un effort de négociation considérable, mais c’est notre devoir, a-t-il conclu. 

M. JOSEPH R. BIDEN, Président des États-Unis d’Amérique, a rappelé qu’il avait entamé sa carrière politique dans un monde divisé par la guerre froide et dans un pays en plein conflit avec le Viet Nam. Aujourd’hui, les États-Unis et le Viet Nam ont forgé une paix historique et un important partenariat, s’est-il félicité, voyant dans cette évolution la preuve de la capacité humaine de réconciliation. 

L’avenir est fait de menaces, mais aussi d’occasions à saisir, a estimé M. Biden, qui a rappelé son travail pour mettre fin aux conflits déclenchés dans le sillage des attaques du 11 septembre 2001, notamment en Afghanistan, et les nombreux partenariats que son pays a relancés ou créés sous sa présidence. Les partenariats sont la clef pour que les forces qui nous unissent soient plus puissantes que celles, centrifuges, qui veulent nous diviser, a-t-il insisté.

Concernant l’Ukraine, le Président a rappelé l’aide massive octroyée par son pays, suivi par l’OTAN et une cinquantaine d’autres États.  « La guerre de Putin est un échec », a-t-il affirmé.  La Russie a voulu défaire l’Ukraine, mais elle est toujours debout; elle a voulu défaire l’OTAN, mais elle est plus forte que jamais, avec la Suède et la Finlande qui ont rejoint ses rangs, a-t-il ajouté, avant de lancer un appel à résister à la lassitude et à persister dans les actions de soutien à l’Ukraine. 

M. Biden a souhaité que son pays poursuive une gestion responsable de la concurrence avec la Chine, pour éviter de possibles conflits.  Il a toutefois assuré de la détermination de son pays à résister à la coercition en mer de Chine méridionale, à maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan, ainsi qu’à protéger ses technologies de pointe.

Rappelant les horreurs du 7 octobre, M. Biden a évoqué l’enfer que vivent les familles des otages, mais aussi les civils à Gaza, déplorant la mort de milliers d’entre eux, dont des travailleurs humanitaires.  Ils ne sont pas responsables de la guerre initiée par le Hamas, a-t-il insisté.  Il a relancé un appel au cessez-le-feu et à la libération des otages, estimant qu’ainsi seulement l’on pourra assurer le retour des otages, la sécurité d’Israël et libérer Gaza de l’étau du Hamas.  Il a également demandé que soit mis un terme aux violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, « inacceptables », préconisé une solution à deux États, avant d’avertir qu’au Liban, « une guerre à large échelle n’est dans l’intérêt de personne ».  À ses yeux, la paix permettrait au contraire de mieux faire face à la menace de l’Iran, et il a appelé à veiller à ce que ce pays ne mette jamais la main sur l’arme nucléaire.  Il a également cité le conflit au Soudan, exhortant le monde à cesser d’armer les généraux soudanais.

Les citoyens ont cependant besoin de davantage que l’absence de guerre, a poursuivi le chef d’État, demandant que chacun puisse vivre dans la dignité, à l’abri de la faim, de la maladie et des crises climatiques.  Il a rappelé que les États-Unis avaient contribué pour 150 milliards de dollars à la réalisation des objectifs de développement durable, dont 30 milliards pour la sécurité alimentaire, avant d’assurer que son pays était sur le point de quadrupler financement de l’action climatique pour les pays en développement.  Il a également dit vouloir lancer une initiative à même de mobiliser les financements pour les pays en développement et les aider à construire des infrastructures pour une énergie propre et à négocier la révolution du numérique. 

M. Biden a jugé nécessaire un élargissement du Conseil de sécurité, afin qu’il reflète le monde actuel.  Il a souhaité que les Nations Unies redeviennent le négociateur à même de conclure la paix et de mettre fin à la dissémination des armes les plus dangereuses, mais aussi qu’elles préparent les citoyens à l’avenir avec l’évolution fulgurante des nouvelles technologies.  À ce titre, il s’est félicité de la résolution sur l’intelligence artificielle adoptée par l’Assemblée générale. 

Ces nouvelles règles ne représentent toutefois qu’une modeste part du travail à accomplir, a averti M. Biden, qui a insisté sur la nature imprévisible des futurs développements et déploiements de l’intelligence artificielle. Le plus grand défi sera peut-être de faire en sorte qu’elle ne constitue pas un instrument de répression plus puissant encore entre les mains des dictateurs, a-t-il averti.

Revenant sur sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat, malgré son envie d’en faire plus, le Président des États-Unis a déclaré à ses homologues présents qu’il existe des choses plus importantes que de rester au pouvoir. Nous sommes au service de nos peuples, et non l’inverse, a-t-il insisté.  Enfin, il s’est félicité de ce que l’art de la démocratie transcende les frontières, que ce soit dans la lutte contre l’apartheid, avec les récentes manifestations au Venezuela ou chez les militants LGBT en Ouganda.  Aux quatre coins du monde, nous voyons des citoyens tenter de prendre les rênes de leur avenir, s’est-il félicité, y trouvant une source d’optimisme.

M. RECEP TAYYİP ERDOĞAN, Président de la Türkiye, s’est adressé à l’Assemblée en tant que dirigeant d’un pays qui n’est pas loin des tensions.  À ce titre, il a regretté que l’ONU peine à remplir sa mission fondatrice et se transforme peu à peu en une « structure dysfonctionnelle, lourde et inerte ».  La paix et la sécurité internationales sont trop importantes pour être « laissées à l’arbitraire des cinq privilégiés », s’est-il indigné, jugeant que l’exemple le plus dramatique de cette situation est le massacre qui se déroule à Gaza depuis 353 jours.  Suite aux attaques israéliennes, l’enclave est devenue le plus grand cimetière d’enfants et de femmes au monde, a dénoncé le chef d’État, pour qui, avec les enfants palestiniens, ce sont les espoirs de l’humanité qui meurent aussi. « Qu’attend le Conseil de sécurité pour empêcher le génocide à Gaza et dire stop à cette cruauté? » Quant à ceux qui soutiennent inconditionnellement Israël, il leur a demandé jusqu’à quand ils continueront à supporter « la honte d’être complices de ce massacre ». 

Accusant le Gouvernement israélien de conduire « un nettoyage ethnique » et une occupation « étape par étape », M. Erdoğan a estimé que les Palestiniens exercent à juste titre leur « droit légitime de résistance ».  Dans ce contexte, il a condamné l’attitude de ceux qui sont censés œuvrer pour un cessez-le-feu sous les projecteurs et qui continuent d’envoyer en coulisses des armes et des munitions à Israël.  À ses yeux, c’est d’autant plus incohérent que le Hamas a déclaré à plusieurs reprises son acceptation de la proposition de cessez-le-feu.  Face au refus de la paix exprimé par le Gouvernement israélien, il a réclamé que des « mesures coercitives contre Israël » soient inscrites à l’ordre du jour du Conseil.  « Tout comme Hitler a été arrêté par l’alliance de l’humanité il y a 70 ans, il doit en être de même pour Netanyahu et son réseau meurtrier », a-t-il martelé, estimant que le pouvoir de l’Assemblée générale de formuler des recommandations sur le recours à la force doit être pris en compte dans ce processus.  La Türkiye a démontré sa sensibilité sur cette question en devenant le pays qui envoie le plus d’aide à Gaza et en arrêtant ses transactions commerciales avec Israël, a signalé son Président, soutien ardent de l’action intentée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour garantir que les crimes commis par Israël ne restent pas impunis. 

Abordant la situation des pays voisins du sien, M. Erdoğan a déploré que la Syrie reste aux prises avec des organisations terroristes et séparatistes. Il a souhaité que le processus politique progresse et que la réconciliation nationale se réalise.  Il a d’autre part salué les mesures prises par l’Iraq en faveur de sa réintégration dans la région.  Le succès de ces efforts dépend de l’élimination de la menace terroriste, notamment celle du PKK, a-t-il souligné, avant de plaider pour une relance du Plan d’action global commun avec l’Iran.  Après avoir promis d’augmenter l’appui de la Türkiye aux efforts visant à mettre fin à la guerre en Ukraine « par la diplomatie et le dialogue », il a dit soutenir le processus de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, et a appelé la communauté internationale à reconnaître la République turque de Chypre du Nord. 

Avant de conclure, M. Erdoğan a fait observer que son pays est de ceux qui fournissent l’aide la plus élevée proportionnellement à leur revenu national et qui, ainsi, contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Jugeant que toutes les nations devraient bénéficier de manière égale du pouvoir transformateur des technologies émergentes, notamment de l’intelligence artificielle, il a estimé que la Banque de technologies des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA), que la Türkiye abrite, est une manifestation concrète de ces efforts.  Il a enfin souhaité que la COP29 organisée à Bakou fasse progresser l’action climatique et s’est élevé contre le danger grandissant de l’islamophobie et les attaques visant l’institution familiale, « pilier fondamental de la société ». 

« Je ne peux me rappeler des temps plus périlleux que ceux que nous vivons », a d’emblée déclaré ABDULLAH II IBN AL HUSSEIN, Roi de Jordanie. « L’ONU est attaquée, littéralement et figurativement. »  Il a fait remarquer que pendant près d’un an le drapeau bleu ciel de l’ONU flottant au-dessus des écoles et abris à Gaza n’a pas été en mesure de les protéger des bombardements militaires israéliens.  « Il n’est pas surprenant que la confiance dans les idéaux onusiens s’effrite. »  Pour beaucoup, la dure réalité est que certains pays sont au-dessus du droit, que la justice plie devant le pouvoir et que les droits humains sont un privilège accordé à certains et refusé à d’autres, a-t-il relevé. 

Le Roi a rappelé que les attaques du 7 octobre contre des civils israéliens ont été condamnées par de nombreux pays dans le monde, y compris la Jordanie, avant d’ajouter que la terreur sans précédent déclenchée depuis à Gaza échappe à toute justification.  « Le Gouvernement israélien a tué plus d’enfants, de journalistes, de travailleurs humanitaires et de soignants que dans toute guerre récente. »  Il a également dénoncé les violations flagrantes du statu quo autour des lieux saints chrétiens et musulmans à Jérusalem. Ces horreurs répétées qui se normalisent pourraient faire advenir un monde où tout est permis, a averti le Roi. « Est-ce cela que nous voulons? »

Le Roi a jugé qu’il est temps d’apporter une protection au peuple palestinien, y voyant un devoir moral de la communauté internationale.  Un mécanisme de protection devrait être établi dans tous les territoires occupés face aux extrémistes qui poussent la région au bord du gouffre, a-t-il dit, en précisant que cela inclut tous ceux qui propagent l’idée selon laquelle la Jordanie pourrait être une patrie alternative. « Pour cette raison, je veux très clair, cela n’arrivera jamais. »  Le Roi a ajouté: « Nous n’accepterons jamais le déplacement forcé des Palestiniens qui constitue un crime de guerre. »

Il a observé que pendant des décennies, Israël s’est présenté sous les traits d’une démocratie à l’occidentale florissante au Moyen-Orient. Mais la brutalité de la guerre à Gaza amène le monde à y regarder de plus près, a-t-il dit. « Maintenant, beaucoup voient Israël à travers les yeux de ses victimes. »  Le Roi a affirmé que pendant des années le monde a accepté le statu quo d’une occupation militaire des Palestiniens tout en appelant, pour la forme, à la solution des deux États, mais il est de plus en plus évident, a-t-il ajouté, que le statu quo n’est plus tenable.  Il a rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ), dans un récent avis consultatif, a conclu à l’illicéité de l’occupation israélienne. « Cet avis est un impératif moral pour chacun d’entre nous. »

La guerre à Gaza doit cesser, a prié le Roi en appelant à la libération de tous les otages.  Enfin, le souverain a appelé tous les pays à se joindre au sien afin d’établir un pont humanitaire international pour Gaza, dans un effort de masse pour venir en aide aux plus démunis.  « Parce que l’aide humanitaire ne doit jamais être un instrument de guerre. » Il a conclu en exhortant tous les pays à rejoindre en conscience la Jordanie dans les semaines cruciales à venir pour s’acquitter de cette mission.

M. CÉSAR BERNARDO ARÉVALO DE LEÓN, Président du Guatemala, a salué l’Assemblée dans la langue du peuple quiché, pour souligner que la démocratie dans son pays ne pourrait exister sans la détermination des peuples mayas, métis, garinagu et xinca.  Il a remercié tous ceux qui l’ont soutenu depuis son élection à la présidence en 2023 dans sa volonté de rétablir les institutions démocratiques du pays, par le biais du dialogue et d’un grand consensus national contre la corruption enracinée dans un passé autoritaire, marqué par la répression, la violence politique et l’exclusion sociale.  M. Arévalo de León s’est dit convaincu que l’Assemblée générale peut être d’accord avec ce consensus: « nous ne pouvons pas continuer à tolérer la corruption ».  Il a comparé les abus de quelques-uns à une ancre qui nous fige dans le passé, qui nous empêche de construire une société fondée sur le bien commun, se disant heureux que le Guatemala soit en train de se « libérer de ces chaînes ».

De la même manière, « cette enceinte si importante » doit retrouver ses valeurs fondamentales et s’en servir pour s’orienter dans la réalité complexe d’aujourd’hui, a-t-il recommandé.  Il est temps de sauver le multilatéralisme, de revitaliser le dialogue pour la paix et d’agir concrètement pour trouver des solutions aux problèmes urgents, à commencer par la guerre, a lancé le Président guatémaltèque. « Nous ne devons pas abandonner l’espoir d’un monde sans guerre, d’un avenir dans la paix. »  Il a réitéré la solidarité du Guatemala avec les nations qui souffrent de conflits armés et de guerres injustifiées et a lancé un appel à redoubler d’efforts, aux niveaux régional et international, pour trouver des solutions pacifiques.  « Nous ne pouvons accepter aucune violation de la Charte des Nations Unies, ni des résolutions du Conseil de sécurité, de la part d’aucun État Membre de cette Organisation: ni en Ukraine, ni à Gaza, ni au Soudan, ni dans aucune autre partie du monde. »

Le Président du Guatemala a apporté son soutien à la réforme du Conseil de sécurité, jugeant inacceptable que certaines décisions en faveur de la paix ne puissent être adoptées en raison du droit de veto.  Pour sa part, fier de contribuer à sept missions de maintien de la paix, le Guatemala va prochainement déployer un contingent de police militaire à la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti, en vertu de la résolution 2699 (2023) du Conseil.

Par ailleurs, M. Arévalo de León a rappelé que l’Organisation a l’obligation de maintenir et d’accroître sa coopération afin d’assurer la protection des migrants et des personnes déplacées.  Dans le futur que le Guatemala est en train de construire, la migration sera un droit, pas une sentence due à un manque d’opportunités, à la violence ou à la faim, a espéré le Président.  Il a souligné que tous les migrants méritent d’avoir une vie digne et de voir leurs droits fondamentaux respectés, quelles que soient les raisons qui les ont poussés à migrer.  Les conflits et les migrations en Amérique centrale sont alimentés par l’un des plus grands défis au monde, la crise climatique, a souligné M. Arévalo de León avant d’exhorter les grandes puissances à assumer leurs responsabilités à cet égard.  Il a rappelé qu’il est primordial que la prochaine COP29, qui aura lieu en Azerbaïdjan, soit une réussite.  Dans l’esprit du livre sacré du peuple maya, le Popol Vuh, il a conclu ainsi: « Que tous se lèvent, que personne ne reste en arrière. »

Mme VIOLA AMHERD, Présidente de la Confédération helvétique, a rappelé que, si le monde a changé, les principes restent identiques.  À quelques jours de la présidence suisse du Conseil de sécurité, mon pays s’inquiète de l’aggravation des tensions à travers le monde et de l’émergence de nouveaux conflits, a-t-elle déclaré.  Regrettant les violations des droits de l’homme et le mépris pour les frontières internationalement reconnues, elle a averti que la force risquait de prendre le pas sur le droit.  De grands défis se dressent devant nous, a poursuivi Mme Amherd, qui a mis en avant le rôle de l’ONU en tant que seule organisation universelle pour traiter de ces questions.  Il faut travailler ensemble et négocier avec toutes les grandes régions du monde, dans l’intérêt de tous et indépendamment des facteurs politiques, économiques ou culturels, a-t-elle insisté. 

« La recherche de la paix prime sur tout, et la Suisse s’y engage », a ensuite affirmé Mme Ahmerd, qui a rappelé la conférence de haut niveau pour la paix en Ukraine organisée par son pays, lors de laquelle une centaine d’États et d’organisations internationales ont pu réaffirmer leur engagement envers les principes de la Charte.  Rappelant l’importance du droit international et des Conventions de Genève, la Présidente a déploré les attaques envers les populations et les infrastructures civiles que ce soit à Gaza, au Soudan ou en Ukraine.  Il est urgent que les résolutions du Conseil de sécurité soient mises en œuvre et que le droit international humanitaire soit considéré comme une priorité absolue, a-t-elle insisté.  Mme Ahmerd a ensuite mis en avant le rôle des missions de paix.  Si elles n’atteignent pas toujours tous les objectifs qui leur sont fixés, elles contribuent jour après jour à la sécurité des personnes, a-t-elle rappelé, avant d’exhorter la communauté internationale à surmonter les désaccords et les intérêts particuliers. 

Mme Ahmerd a ensuite abordé d’autres défis que les conflits armés qui doivent eux aussi être relevés de toute urgence, comme les catastrophes naturelles et les conséquences des changements climatiques.  Appelant à renforcer l’engagement dans ces domaines, elle a déploré que de nombreux accords internationaux ne soient encore que trop peu appliqués, conduisant à une destruction massive de l’environnement.

Réitérant l’engagement de son pays en faveur de la liberté d’expression, la Présidente a regretté l’augmentation de la désinformation et appelé à démasquer les influences illégitimes en favorisant des débats ouverts, équitables et transparents. 

En conclusion, Mme Ahmerd a réaffirmé l’engagement de la Suisse envers le multilatéralisme et s’est félicitée de l’adoption du Pacte pour l’avenir.  Selon la Présidente, une de ses dimensions clefs est le Programme 2030 pour le développement durable.  « Nous avons besoin d’un cadre dans lequel nous pouvons travailler ensemble pour trouver des solutions », a-t-elle affirmé, estimant que le Pacte et les Nations Unies offrent ce cadre.

M. GUSTAVO PETRO URREGO, Président de la Colombie, a exhorté tous les pays à agir en toute conscience pour que cesse « l’assassinat de la Terre nourricière ».  Son allocution a été axée tout entière sur la nécessité que, face ce qu’il a qualifié à plusieurs reprises d’« oligarchie mondiale dirigée par des puissances de mort », se dresse la démocratie du peuple pour sauver l’existence de l’humanité et de la planète.  M. Urrego a répété que depuis sa venue à la tribune de l’Assemblée générale l’an dernier, le pire était plus sûr que jamais, ses manifestations les plus effroyables se déroulant sous nos yeux.  Ainsi a-t-il déploré qu’alors que les scientifiques avaient prévenu que si l’Amazone brûlait le point de non-retour climatique serait atteint, la forêt amazonienne brûle sans relâche, sonnant le glas pour la planète. 

Sur Gaza, le Président colombien a rappelé qu’il avait préconisé, avant même les premiers bombardements, la convocation d’une conférence internationale de paix pour la Palestine.  Il s’est ému de ce que désormais « les présidents de la mort et les médias qui sont à leur solde » rient de l’assassinat de 20 000 enfants sous les bombes.  Les puissances de mort, a-t-il accusé, veulent arranger le monde à leur guise, et pour ce faire ils s’affairent à contrôler l’humanité par la barbarie.  Quand Gaza mourra, c’est l’humanité tout entière qui périra, a-t-il prédit.  Selon lui, les enfants de Gaza étaient l’humanité, et les responsables de l’Armageddon du monde contemporain en cours sont les tenants de logiques infernales et mortifères.  Il a cité à cet égard la logique économique du libéralisme qui se traduit par une inégalité sociale inouïe, laquelle s’accommode du fait que 1% de l’humanité détient plus de richesse que les 95% restants.

Cette logique de destruction massive est la cause de la crise climatique et des bombes, c’est la volonté mercantile qui conduit à la destruction de l’atmosphère et de la vie et au triomphe d’un libre-échange qui maximise la mort et non la liberté, a déclaré M. Urrego pour qui ce n’est que dans un tel monde que « Netanyahou » peut agir comme il le fait, et que la mort peut être semée à l’envi au Soudan et ailleurs.  L’oligarchie mondiale conduisant l’humanité à sa propre extinction, le Président colombien a appelé les peuples, qui ne peuvent plus tolérer cela, à se mobiliser et à affirmer leur choix de la vie contre l’avidité et le choix de l’humanité contre le capital.  L’heure des peuples a sonné, a-t-il dit, exhortant les peuples à brandir « le drapeau multicolore de la vie », à agir localement dans le cadre d’une action mondiale et d’un socialisme nouveau.  Pour que le « réseau neuronal de l’humanité et la vie l’emportent », M. Urrego a appelé à prendre ce qu’il y a de meilleur dans chaque civilisation et à s’armer culturellement afin de livrer bataille en faveur de la vie humaine.  Une nouvelle histoire est sur le point de commencer, a-t-il conclu. 

M. TAMIM BIN HAMAD AL THANI, Émir du Qatar, s’est indigné de « l’agression flagrante » dans la bande de Gaza, selon lui la plus barbare, la plus horrible et la plus contraire aux normes internationales.  Il l’a d’ailleurs définie moins comme une guerre au sens classique que comme « un génocide », perpétré avec les armes les plus modernes, contre un peuple assiégé dans un « camp de concentration ».  De son point de vue, il n’est désormais plus possible de parler du droit d’Israël à l’autodéfense sans s’impliquer dans la justification du crime, et le fait de ne pas intervenir pour mettre fin à l’agression constitue un « scandale majeur ». 

Évoquant un « régime d’apartheid » dans l’État de Palestine, ainsi que la volonté parmi certains en Israël d’« éliminer un peuple », l’Émir s’est dit incrédule de découvrir que certains tentaient encore de rechercher des mesures innovantes pour gérer Gaza après la guerre en partant uniquement du « principe de sécurité » -comprendre, bien entendu, la sécurité de l’occupant, a-t-il ironisé.  M. Al Thani a aussi jugé regrettable que le Conseil de sécurité n’ait pas réussi à mettre en œuvre sa résolution pour un cessez-le-feu et qu’il se soit abstenu d’accorder à l’État de Palestine une adhésion à part entière à l’ONU, malgré l’adoption d’une résolution à cet effet par l’Assemblée générale en mai dernier.  Certes, que l’État de Palestine devienne membre de plein droit de l’ONU ne lui apporterait ni la souveraineté, ni la fin de l’occupation; mais cela enverrait au moins un message au « Gouvernement d’extrême-droite » faisant fi du droit international, à savoir que « la force n’annule pas le droit ».  Dire à quel point l’adhésion de l’État de Palestine nuirait au processus de paix, c’est chercher à brouiller les pistes, a poursuivi l’Émir; car enfin, il n’y a pas de partenaire israélien pour la paix sous le Gouvernement actuel, ni de processus de paix en cours, « mais plutôt un génocide », a-t-il répété. 

Dans ce contexte, Le Qatar a choisi d’entreprendre des efforts de médiation pour mettre fin à l’agression et pour libérer des prisonniers et des détenus.  L’Émir a insisté sur la complexité de la tâche, alors qu’« aucun parti n’hésite à assassiner les dirigeants politiques avec qui il négocie ».  Ces efforts, déployés en partenariat avec l’Égypte et les États-Unis, ont abouti à un accord sur une trêve humanitaire en novembre dernier, conduisant à un cessez-le-feu temporaire dans la bande de Gaza, à la libération de 240 prisonniers palestiniens et de 109 détenus à Gaza, ainsi qu’à une augmentation du flux des secours.  Le Qatar a aussi fourni une aide humanitaire aux habitants de Gaza et accru son soutien financier à l’UNWRA, une agence « calomniée pour des raisons politiques », liées à la volonté du Gouvernement israélien de liquider la question des réfugiés sans résoudre la question palestinienne.  La création d’un État palestinien indépendant dans le cadre d’une solution juste et durable est dans l’intérêt des deux peuples, israélien et palestinien.  « Nous n’atteindrons cet objectif qu’avec un partenaire sérieux. » 

S’agissant des derniers événements au Liban, l’Émir du Qatar a condamné une guerre dévastatrice qui est, selon lui, « le choix d’Israël », ses dirigeants sachant très bien qu’elle n’apportera pas la sécurité ni la paix au nord d’Israël ou au Liban, et que la clef de la sécurité était une paix juste.  « Arrêtez l’agression contre Gaza!  Arrêtez la guerre contre le Liban! » a-t-il lancé. 

M. CYRIL MATAMELA RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé que la culture politique de son pays avait évolué et mûri, assurant que l’Afrique du Sud était entrée dans une nouvelle ère, pleine de promesses, que certains appelle « notre deuxième miracle » et qui voit les Sud-Africains de toutes les races se rallier au Gouvernement d’unité nationale. L’histoire de l’Afrique du Sud témoigne du rôle durable des Nations Unies dans les affaires mondiales, a-t-il estimé, expliquant qu’en « soutenant notre lutte, l’ONU a affirmé les principes de la Charte des Nations Unies – les droits fondamentaux de l’homme, la dignité et la valeur de chaque personne et l’égalité des droits des nations, grandes et petites ».

M. Ramaphosa a rappelé que son pays avait condamné l’attaque du Hamas à Gaza, voici 11 mois, mais a décrit la réaction d’Israël comme une punition collective.  La violence à laquelle le peuple palestinien est soumis est la sombre continuation de plus d’un demi-siècle d’apartheid, a estimé le Président sud-africain, qui a rappelé que « nous, les Sud-Africains, savons à quoi ressemble l’apartheid ».  « Nous ne resterons pas silencieux et ne regarderons pas l’apartheid se perpétrer contre d’autres », a-t-il lancé. 

Le droit international ne peut être appliqué de manière sélective et aucun État n’est plus égal qu’un autre, a déclaré M. Ramaphosa, qui a ainsi motivé la saisine par son pays, en décembre dernier, de la Cour internationale de Justice pour lui demander une ordonnance empêchant Israël de commettre un génocide contre le peuple de Gaza.  « Nous l’avons fait dans le cadre de nos obligations en tant qu’État partie à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », a-t-il expliqué, estimant que la seule solution durable au conflit est la création d’un État palestinien, existant côte à côte avec Israël et avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Au nom de la « conscience morale », le Président sud-africain a ensuite exigé que tous les efforts soient déployés pour apporter la paix à la République démocratique du Congo, au Soudan, au Yémen, à l’Ukraine et à la région troublée du Sahel.  Il a demandé que soient concrétisées les aspirations du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination.  Il a réclamé de toute urgence une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre représentatif et inclusif, se désolant de constater que l’Afrique et son 1,4 milliard d’habitants restent exclus d’une des principales structures de prise de décisions. 

Évoquant la crise climatique, devenue urgence climatique, M. Ramaphosa a rappelé que, bien qu’ils soient les moins responsables des changements climatiques, les pays en développement et particulièrement les pays africains sont en première ligne.  Il a jugé essentiel que les actions climatiques n’aggravent pas les inégalités mondiales ou n’étouffent pas les aspirations de développement des pays du Sud. Il a plaidé pour la mise en œuvre des instruments convenus de financement et de renforcement des capacités de lutte contre les changements climatiques, afin de faire progresser l’atténuation et l’adaptation.

Rappelant que le service de la dette prive les pays de fonds indispensables pour le développement social, le chef de l’État a soutenu l’appel du Secrétaire général en faveur d’une réforme de l’architecture financière mondiale et s’est prononcé en faveur de systèmes de financement du développement plus accessibles, plus agiles et plus équitables.  L’Afrique du Sud, qui assumera la présidence du G20 en 2025, entend utiliser cette occasion pour « défendre les peuples d’Afrique et de l’ensemble du Sud ».  En conclusion, il a souhaité que le Pacte pour l’avenir revigore la solidarité internationale, dans laquelle il a vu l’élément vital du progrès.

M. MOHAMED MUIZZU, Président des Maldives, a constaté que nous sommes réunis ici aujourd’hui à un moment délicat de l’histoire du monde.  L’humanité doit faire face à une série de crises qui ne cesse de s’allonger, a-t-il affirmé, évoquant les conflits, la pauvreté, la faim, les changements climatiques, les inégalités, l’inflation, les migrations, les occupations et la dépendance aux opioïdes.  Exhibant une carte mondiale des pays en crise, totalement rouge, il a rappelé que personne n’était épargné.  « Nous détournons le regard et continuons à faire comme si de rien n’était », a-t-il martelé, « alors que les alarmes retentissent, l’orchestre continue de jouer les mêmes vieux airs, tandis que le navire tout entier s’enfonce dans des eaux inconnues ».  Dans la même veine, il a exhorté l’Assemblée: « Nous avons besoin de Nations Unies dans l’harmonie et non de Nations Unies dans la misère. » 

Rappelant que les Maldives fêteraient le soixante-quinzième anniversaire de leur indépendance en 2040, le Président a souhaité que son pays devienne une nation développée à part entière d’ici là.  Il a également rappelé qu’en 1965, au moment de son indépendance, son pays était l’un des plus pauvres du monde, mais qu’il avait depuis atteint le statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.  Détaillant son plan de développement fondé sur une productivité accrue, la numérisation d’une économie propulsée par l’intelligence artificielle et la valorisation de la beauté et des ressources marines d’un archipel aux 1 100 îles, il a affirmé que l’économie numérique devrait atteindre 15% du PIB d’ici à 2030.   

Dénonçant le retard pris pour la réalisation des ODD, M. Muizzu a rappelé que moins d’un cinquième des cibles fixées en 2015 étaient en passe d’être atteintes d’ici à 2030.  Il s’est inquiété de voir le Pacte pour l’avenir suivre la même voie.  « Nous ne pouvons pas continuer à nous réunir, à parler, à nous engager, mais sans agir », a-t-il lancé, exhortant à « ne pas laisser ces jours où nous avions une chance, mais pas de volonté, revenir nous hanter ».   

Le Président a condamné le « génocide perpétré par Israël à Gaza » et les raids israéliens au Liban qui coûtent la vie à des centaines de civils.  Il a dénoncé le ciblage des journalistes palestiniens et libanais par Israël comme une « tentative brutale d’empêcher le monde de connaître les crimes qu’il commet ».  Qualifiant ces crimes « d’actes de terrorisme », il a appelé à traduire les responsables en justice.  Il a également appelé à la reconnaissance d’un État palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  

Face aux changements climatiques, « la plus grave menace pesant sur notre monde », il a expliqué que son pays s’était fixé comme objectif de couvrir un tiers de sa demande électrique grâce à des énergies renouvelables d’ici à 2028.  « Au nom du peuple maldivien, je vous implore: faites votre part, agissez dès maintenant! » a-t-il insisté, appelant les pays riches et les pays émergents à respecter les engagements financiers déjà pris, en particulier en matière d’adaptation.  Indiquant qu’il avait ratifié l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (Accord BBNJ) le matin même, il a appelé les autres États Membres à faire de même.

M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a jugé plus important que jamais d’unir les forces de la communauté internationale pour protéger la sécurité, maintenir la stabilité et parvenir au développement durable.  L’heure a sonné de prendre des mesures concrètes et audacieuses, et de renforcer le rôle clef joué par les Nations Unies dans le rétablissement de la paix dans le monde, a-t-il déclaré.  Il a proposé l’adoption d’une résolution de l’Assemblée générale déclarant une décennie de promotion de la paix pour les générations présentes et futures. 

Parallèlement, M. Rahmon a tenu à insister sur le fait que son pays apporte un soutien indéfectible à la réalisation des ODD.  Cependant, de grandes difficultés entravent le financement du développement durable, parmi lesquelles des troubles sécuritaires, les crises économiques et financières, le réchauffement sans précédent de la planète ainsi que des pandémies.  Il a appelé à donner la priorité au financement du développement, notamment lors de la quatrième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra en Espagne en 2025.

Après avoir évoqué la transition graduelle de son pays vers un système numérisé, M. Rahmon a proposé à l’Assemblée générale d’adopter une résolution spéciale sur le rôle joué par l’intelligence artificielle dans la création de nouvelles possibilités de développement socioéconomique et dans l’accélération de la réalisation des ODD dans la région d’Asie centrale.  Revenant sur le Pacte pour l’avenir adopté lors du Sommet qui vient de se tenir, il a considéré qu’il joue un rôle décisif dans la garantie de la paix et de la sécurité et du développement durable.  Selon lui, la communauté internationale se doit de prendre des mesures conjointes et efficaces pour contrer la menace du terrorisme, de l’extrémisme, du radicalisme, de la cybercriminalité, du trafic de drogue, du trafic d’armes et autres manifestations de la criminalité transnationale organisée. 

Par ailleurs, M. Rahmon s’est dit vivement préoccupé par la montée de l’islamophobie et la tendance de la politique de deux poids, deux mesures dans les relations internationales au cours des dernières années.  C’est pourquoi, au mois de novembre, le Tadjikistan organisera avec le Koweït, en coopération avec le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, la prochaine réunion de haut niveau dans le cadre du processus de Douchanbé sur la lutte antiterroriste. 

Sur les questions de sécurité, le Président a tenu à rappeler que la crise palestinienne reste une source de vive préoccupation.  Le Tadjikistan est d’avis qu’un règlement concret et définitif du conflit n’est possible qu’en mettant en œuvre les résolutions des Nations Unies portant sur la reconnaissance d’un État indépendant de Palestine dans les frontières de 1967.  En outre, M. Rahmmon a soutenu la pérennisation de la paix en Afghanistan et a fait savoir que le Tadjikistan est prêt à fournir son aide au développement et au redressement.  Il a exhorté la communauté internationale à ne pas ménager ses efforts pour soutenir le peuple afghan qui souffre de longue date, et ce, afin d’éviter une crise humanitaire dans le pays.

Inquiet des effets des changements climatiques, en particulier la fonte des glaciers dans son pays, M. Rahmon a indiqué que la première conférence internationale de haut niveau sur les glaciers aura lieu à Douchanbé, au Tadjikistan, l’année prochaine, en coopération avec l’UNESCO et l’Organisation météorologique mondiale.  Elle jouera un rôle décisif pour évaluer l’ampleur du problème et pour étudier des stratégies spécifiques et des solutions.  Le Tadjikistan a aussi lancé une autre initiative, avec la France, pour que 2025-2034 soit déclarée décennie d’action pour les sciences cryosphériques.

M. GITANAS NAUSĖDA, Président de la Lituanie, s’est félicité de la récente adoption du Pacte pour l’avenir, par lequel les dirigeants mondiaux ont réaffirmé leur engagement en faveur du multilatéralisme.  Si l’ordre mondial fondé sur des règles mis en place au cours des dernières décennies n’a jamais été parfait, il nous a néanmoins aidés à trouver des solutions communes aux défis mondiaux tels que les changements climatiques ou le terrorisme.  Or, depuis plus de 10 ans, quelque chose de complètement différent s’est produit lorsqu’un membre permanent du Conseil de sécurité a lancé une « agression militaire contre un État Membre pacifique », s’est insurgé le Président.  

Aujourd’hui, malgré une nouvelle crise au Moyen-Orient et des tensions croissantes dans la région indopacifique, la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine constitue, selon lui, « la menace la plus dangereuse » à l’ordre international.  « Chaque membre de l’ONU, chaque nation souveraine a beaucoup à y perdre », a-t-il prévenu.  Pour bien comprendre ce qui est en jeu, M. Nausėda a invité à prêter attention aux paroles des dirigeants russes et de leurs représentants au Conseil de sécurité, lorsqu’ils ont ouvertement admis leur intention « d’effacer l’Ukraine de la surface de la Terre ».  « Si une nation souveraine est menacée de destruction complète, aucun pays n’est vraiment en sécurité », a-t-il ajouté, tout comme « si les massacres, les déportations et les attaques délibérées contre la population civile deviennent la nouvelle norme, aucun pays n’est vraiment en sécurité ».

« La Russie offre au monde un retour à l’ère de la conquête impériale, de la domination coloniale et du génocide », a encore mis en garde le Président lituanien.  Or, a-t-il lancé, « l’Ukraine se bat pour nous tous! », afin d’éviter que de « puissants voisins » se convainquent que « désormais, tout différend doit être réglé par la force ».  Pourtant, jusqu’à présent, notre réponse collective a été insuffisante.  À ses yeux, la raison de cette impuissance réside dans le fait que « l’agresseur se cache sous le couvert du statut de membre permanent du Conseil de sécurité ».  Ainsi dissimulée « à la vue de tous », la Fédération de Russie « se moque de chacun d’entre nous avec son droit de veto illimité », a fustigé M. Nausėda, « un coup terrible porté à la crédibilité même du système des Nations Unies ».  Dénonçant les appels à la reddition de l’Ukraine, il s’est demandé pour quelle raison l’agresseur devrait être « récompensé ».  Pourquoi la politique d’apaisement devrait-elle fonctionner cette fois-ci, alors qu’elle a échoué de manière spectaculaire il y a près de 90 ans?  Pourquoi la victime devrait-elle accepter les exigences du « terroriste en chef, assis en sécurité au Kremlin, après tant de sang versé et de pertes de vies innocentes? » 

Le fait est l’Ukraine est « toujours forte », a poursuivi le Chef d’État, et qu’elle seule a le droit de déterminer les conditions de la paix.  Dans l’intervalle, il a jugé du devoir de chacun de la soutenir.  Après les attaques « délibérées et constantes » menées par la Russie contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, M. Nausėda a appelé à concentrer l’aide sur l’énergie afin d’éviter une catastrophe humanitaire.  Il a également incité les « autres parties », notamment le Bélarus, l’Iran, la République populaire démocratique de Corée et la Chine, à cesser de fournir un soutien militaire à Moscou, y compris le transfert de matériel « à double usage ».  La Fédération de Russie devra, selon lui, « expier ses nombreux crimes » et payer des dommages.  Quant aux principaux responsables, à commencer par le Président Putin, ils devront, selon lui, comparaître devant la Cour pénale internationale (CPI).  « La Russie n’a tout simplement pas sa place au Conseil de sécurité », qui doit être réformé, a-t-il conclu. 

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a rappelé la guerre civile qui a frappé son pays il y a plus de 30 ans.  La Sierra Leone a surmonté cette période de son histoire grâce à une vision commune, un dialogue authentique et une gouvernance engagée, s’est-il félicité, notant toutefois que la paix durement gagnée n’en demeure pas moins fragile.  Cette histoire façonne l’implication de la Sierra Leone au sein du Conseil de sécurité, où elle s’efforce d’être une voix de raison et de défendre le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il assuré.

Cet engagement est plus nécessaire aujourd’hui encore avec les conflits qui frappent le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie et l’Europe de l'Est, a-t-il souligné, lançant un appel au cessez-le-feu à Gaza, mais aussi dans la région dans son ensemble, ainsi qu’au Soudan, dans l’est de République démocratique du Congo et en Ukraine.  S’exprimant en tant que Président d’un pays qui a connu la dévastation des conflits armés, il a considéré que la paix ne peut être conclue de manière isolée, mais à travers le déploiement de processus politiques.

Évoquant le travail accompli au Sahel et en Afrique de l’Ouest pour endiguer la propagation du terrorisme, il a exhorté la communauté internationale à renforcer son soutien à ces efforts.  Il a notamment insisté sur la nécessité d’assister les pays en première ligne, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger. 

Dénonçant la composition du Conseil de sécurité, jugée injuste et déséquilibrée, il s’est prononcé en faveur d’une réforme à même de sauvegarder son efficacité et sa légitimité.  Dans le cadre de sa présidence du Conseil, a-t-il rappelé, la Sierra Leone a lancé un débat pour souligner l’importance d’accorder la priorité à l’Afrique dans cette réforme.  À ce titre, il a réitéré le soutien de son pays à la requête de l’Union africaine (UA), telle que formulée dans le consensus d’Ezulwini, à savoir octroyer au continent deux sièges permanents et deux autres non permanents.

Détaillant des initiatives déployées à l’échelle nationale, il a mentionné un plan national de développement pour la période 2024-2030, aligné sur les ODD et l’Agenda 2063 de l’UA, pour accélérer la transformation de l’agriculture, des questions alimentaires, de la sécurité et du capital humain. Il a également cité la mise en place d’une éducation gratuite, une nouvelle loi pour interdire le mariage des enfants, ainsi que d’un texte instituant l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes.  Il a déclaré, à cet égard, son soutien au programme pour les femmes et la paix et la sécurité du Conseil de sécurité et à l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution condamnant toute forme de violence sexuelle ou basée sur le genre.  Il a annoncé que son pays compte lancer des travaux visant à organiser une conférence en vue d’introduire un instrument international juridiquement contraignant sur l’accès à la justice des victimes de violences sexuelles.

Enfin, le Président a relevé que les pays en développement sont de moins en moins susceptibles de concrétiser les ODD, en raison d’une crise de la dette ingérable, de flux de capitaux insuffisants, des effets dévastateurs des changements climatiques et des instabilités politiques.  Dans ce cadre, il a souligné l’importance des institutions qui financent le développement.  Partant, il a réitéré le soutien de son pays au communiqué de Nairobi de l’Association internationale de développement, en vue d’octroyer des financements abordables pour que les pays africains puissent développer leurs systèmes d’éducation et de santé, faire face aux effets des changements climatiques et élargir l’accès à l’électricité et au numérique.  Citant un proverbe africain –« nos deux mains ne se lavent pas elles-mêmes mais l’une l’autre »– il a conclu sur un appel à la sauvegarde du multilatéralisme et à l’unité dans la diversité.

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a déploré que, cette année encore, des conflits tragiques et des destructions entraînant des souffrances atroces et d’immenses pertes humaines sont au cœur du débat général.  Citant les événements tragiques en cours au Moyen-Orient et en Ukraine, il a estimé qu’il est impardonnable qu’aujourd’hui, au XXIe siècle, les États Membres égrènent à la tribune de l’Assemblée les chiffres horribles d’enfants morts dans des conflits. 

Le Président serbe s’est également dit incrédule face à cette réalité que le monde est en outre au bord d’un holocauste nucléaire.  Dans notre désir de vaincre et de détruire l’autre, nous nous sommes rapprochés petit à petit du précipice et nous y sommes finalement arrivés, a-t-il constaté, ajoutant amèrement que le monde actuel est inapte à l’écoute des aspirations de paix des peuples.  Aussi a-t-il appelé à restauration de la crédibilité et de l’autorité érodées de l’ONU, en mettant un terme à la pratique d’une politique de deux poids, deux mesures et en insufflant de nouveau la foi dans le droit international et les principes essentiels sur lesquels les pays se sont mis d’accord il y a longtemps, en adoptant la Charte des Nations Unies.  Nous devons restaurer la foi dans la paix, nous le devons à toutes les victimes innocentes, où qu’elles soient dans le monde, à toutes les générations actuelles et futures, a-t-il déclaré. 

Le Président serbe est ensuite revenu longuement sur les heures sombres de l’histoire européenne, pointant d’abord du doigt les États Membres qui parlent, ici et aujourd’hui, avec force et ardeur de la nécessité que l’Ukraine recouvre sa liberté et du respect de la Charte des Nations Unies et de ses résolutions. Or, en 1999, ici, à l’ONU, a été prise la décision d’attaquer et d’agresser, de bombarder la Serbie, a-t-il souligné, accusant les États Membres de ne s’être alors pas souciés le moins du monde de la Charte des Nations Unies, de ses résolutions et du droit international. 

M. Vučić a ensuite accusé ceux qui ont alors commis l’agression contre la Serbie d’essayer de la séparer, aujourd’hui encore, d’une partie de son territoire, le « Kosovo-Metohija ».  Ils fournissent quotidiennement des armes aux prétendues forces de sécurité du Kosovo, lesquelles pourraient devenir demain les forces armées des Albanais sur le territoire de la Serbie, s’est inquiété le Président serbe. 

« Nous ne sommes les serviteurs ni de la Russie ni des États-Unis; nous avons notre propre politique et notre propres intérêts », a insisté le Chef d’État, qui a invité ses homologues à bien assimiler les mécanismes du mensonge dans les relations internationales.  C’est ainsi, a-t-il expliqué, qu’on pourra tenter de les changer au sein de l’ONU, seul moyen de préserver la paix dans un monde au bord de la catastrophe, dans lequel chacun refuse de reconnaître des erreurs et prétend défendre des principes, « alors qu’il est clair qu’en fait personne n’en a », sinon les « petits ».  M. Vučić a opposé ces « petits » États aux « grands », estimant que ces derniers se souvenaient de l’existence de principes seulement lorsque, ayant écrasé tous les petits, ils en étaient réduits à s’entre-dévorer.  La chose étant alors plus difficile et plus douloureuse, ils s’accusent mutuellement de violer ces mêmes principes qu’ils ignoraient jusqu’alors, a-t-il argué. 

Affirmant que la Serbie restera engagée dans le dialogue constructif et ouvert avec Pristina sous les auspices de l’Union européenne, M. Vučić a conclu en affirmant que son pays lutterait pour préserver la paix mais en ne renonçant jamais à sa liberté et son indépendance. 

M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de la République d’Angola, a mis l’accent sur l’adaptation du Conseil de sécurité aux réalités du monde contemporain.  Une réforme du Conseil et des institutions financières internationales est urgente et nécessaire pour donner une voix aux pays du « Sud global », a-t-il argumenté. 

Profondément engagé dans le processus de recherche de solutions aux conflits en Afrique, le Président angolais a rappelé que, dans le cadre de la feuille de route de Luanda, un cessez-le-feu avait été conclu dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et était entré en vigueur le 4 août.  Pour consolider les acquis obtenus, une proposition d’accord de paix a été mise sur la table par l’Angola, impliquant la RDC et le Rwanda; ses termes sont en cours de discussion, a-t-il précisait, ajoutant que l’objectif est de parvenir à un accord pour sceller la signature de l’accord de paix définitif et le rétablissement des relations entre les deux pays.  Très préoccupé par la situation au Soudan où fait rage, « dans une certaine apathie de la communauté internationale », une guerre violente avec des conséquences humanitaires dramatiques, l’Angola souhaite là aussi apporter son expérience acquise dans la résolution, par le dialogue, de son propre conflit interne. 

M. Lourenço a relevé que les pays africains cherchaient à contribuer de plus en plus efficacement aux missions de stabilisation des Nations Unies. Hélas, a-t-il tempéré, ces opérations de paix ne sont pas menées aussi souvent et aussi efficacement qu’elles devraient l’être, « en raison des contraintes financières des pays désireux d’y participer ».  Il s’est toutefois réjoui que cette contrainte ait apparemment été enfin surmontée au niveau du Conseil de sécurité.  Il y a vu une étape décisive dans le renforcement des missions dirigées par l’Union africaine, qui dispose désormais d’un mécanisme de financement plus approprié. 

Concernant les flux illicites de capitaux et la récupération d’avoirs, le Président angolais a déploré que les efforts étaient souvent « entravés de manière incompréhensible par les pays détenant les fonds ».  Récupérer ces ressources a pourtant un effet direct sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable et donc sur l’amélioration des conditions de vie générales de la population, a-t-il fait valoir. L’Angola, a-t-il affirmé, a fait des progrès importants dans la lutte contre la corruption, avec des cas concrets de citoyens jugés et condamnés ayant vu leurs avoirs recouvrés en faveur de l’État. Concernant la récupération d’avoirs, il a cité deux exemples de succès.  Les autorités britanniques ont ainsi restitué à l’Angola 2,5 milliards de dollars américains se trouvant dans une banque à Londres, « et il est juste de le reconnaître publiquement sur cette scène mondiale ».  Malheureusement, des pays ayant accepté de recevoir ces avoirs corrompus sans poser de questions à l’époque ne respectent pas les peines obligatoires prononcées aujourd’hui par les tribunaux angolais.  « Certains pays s’arrogent même le droit de remettre en question la crédibilité de nos tribunaux », a protesté le Président Lourenço, comme s’il s’agissait d’organes d’appel extraterritoriaux.  Or ces avoirs sont « la propriété de nos États, déjà appauvris pendant la période coloniale », a-t-il argumenté. 

M. MOHAMED OULD CHEIKH EL GHAZOUANI, Président de la Mauritanie, a déploré que les crises sans précédent que connaît le monde aujourd’hui affaiblissent la capacité à s’acquitter des engagements collectifs pris dans le cadre du Programme 2030.  La situation internationale actuelle a un impact des plus négatifs sur les efforts de développement durable, a-t-il noté, en particulier pour l’Afrique, qui souffre déjà de déséquilibres structurels entravant ses progrès.  Le continent continue en effet d’être confronté à la pauvreté ainsi qu’à de systèmes sanitaires et éducatifs précaires, a constaté le Président, sans parler du terrorisme, des conflits et des effets destructeurs des changements climatiques.  Autant de facteurs qui mettent en lumière la nécessité urgente d’alléger le fardeau de la dette des pays africains, de corriger les déséquilibres « évidents » dans le système d’aide au développement ainsi que dans la gouvernance politique et financière internationale. 

Pour sa part, la Mauritanie a fait de la réalisation des ODD un objectif central, vers lequel convergent l’ensemble de ses politiques publiques, a-t-il fait valoir.  Comme l’indique le Rapport mondial sur le développement durable 2024, et grâce à ses efforts « intensifs » visant à raffermir l’état de droit et les institutions nationales, le pays a su améliorer les indicateurs de nombreux ODD, s’est félicité M. El Ghazouani.  Il a notamment évoqué les mesures prises pour consolider la démocratie et les libertés individuelles, l’adoption du dialogue et de la consultation en tant que méthode de gestion des affaires publiques, la lutte contre la corruption, ainsi que la promotion des droits humains, dont ceux des femmes et des enfants, ainsi que la lutte contre la migration irrégulière et la criminalité transnationale organisée.  La stratégie nationale de sécurité intégrée a en outre permis à la Mauritanie d’assurer sécurité et stabilité dans une région minée par la propagation du terrorisme et les crises politiques.  « Tout ce qui précède a joué un rôle positif dans la consolidation de notre unité nationale et de notre cohésion sociale. »  

S’agissant des changements climatiques, dont les effets dévastateurs affectent particulièrement le Sahel, le Président a indiqué que son pays s’est efforcé de réduire les émissions de carbone de 11%, ce qui lui permettra d’augmenter la part des énergies renouvelables dans sa consommation totale d’énergie à 50% d’ici à 2030, du fait notamment d’un vaste programme de développement de l’hydrogène vert.  Dans cette veine, Nouakchott poursuit sa lutte contre la désertification, dans le cadre de l’initiative Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel et du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). 

M. El Ghazouani a condamné fermement la guerre « génocidaire » menée par Israël contre le peuple palestinien sans défense, en violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire, et exigé la cessation immédiate de « l’agression israélienne » contre le Liban.  Il a en outre exprimé sa détermination à renforcer les efforts africains et internationaux visant à trouver une solution susceptible de préserver l’unité et la souveraineté de « l’État frère » de Libye.  Le Président a réitéré la position constante de son pays sur le conflit au Sahara occidental, ainsi que son appui aux efforts de l’ONU et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité visant à trouver une solution durable et mutuellement acceptable. 

« Le Sommet de l’avenir, qui s’est achevé hier, a démontré notre conscience de notre responsabilité collective à l’égard de notre avenir commun », a-t-il affirmé, tout en souhaitant que les engagements qu’il contient permettent de renforcer la confiance entre les nations et la coopération multilatérale. 

M. SADYR ZHAPAROV, Président du Kirghizistan, a demandé à une ONU réformée et revitalisée de veiller à ce que l’argent consacré aux guerres, à la destruction et à la mort puisse être utilisé pour aider les pays dans leur lutte contre les changements climatiques, les déplacements massifs et les migrations internationales.  Il a conseillé aux pays développés de ne plus se contenter d’accroître leur aide financière aux pays les moins avancés mais de la cibler et de privilégier les projets pérennes de développement social et d’infrastructures vitales.  Sur ce point, il a noté que le transfert de technologies des pays riches vers les pays pauvres est crucial pour permettre à ces derniers de développer leur économie de manière autonome et de réduire leur dépendance à l’aide extérieure. 

M. Zhaparov l’a répété: la sécurité ne se résume pas à des armées puissantes et à la possession de stocks toujours plus grands d’armes de destruction massive.  La véritable sécurité ne sera obtenue que par la confiance, l’égalité et la prospérité pour tous les peuples, en investissant dans l’avenir des pays les moins avancés, en les aidant à éradiquer la pauvreté et en leur offrant de réelles opportunités de croissance durable, a-t-il estimé.  Concernant les changements climatiques, le dirigeant kirghize a renouvelé sa proposition de mettre en place un mécanisme d’échange de la dette extérieure contre des projets liés au climat et au développement durable, ajoutant que son gouvernement travaille à la création d’un fonds fiduciaire pour financer des projets environnementaux dans les régions montagneuses d’Asie centrale.  Le Président a rappelé la candidature de son pays à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2027-2028.  S’il est élu, a-t-il promis, le Kirghizistan continuera de plaider en faveur de l’efficacité et de la transparence des travaux du Conseil, ainsi que de l’augmentation du nombre de ses membres. 

M. JAVIER GERARDO MILEI, Président de l’Argentine, qui intervenait pour la première fois devant l’Assemblée générale, a tenu à préciser d’emblée qu’il n’est pas un politique.  « Je suis un économiste libéral libertarien à qui on a fait l’honneur de confier la charge de la présidence de l’Argentine face à l’échec retentissant des politiques collectives qui, depuis un siècle, détruisaient notre pays ». Dans la foulée, il a reproché à l’ONU d’être devenue un « Léviathan » qui prétend dicter la marche à suivre, grâce à un modèle de gouvernance supranationale « d’inspiration socialiste », en violation de la souveraineté nationale, du droit à la vie et à la propriété privée.  M. Milei n’a pas épargné le Programme 2030 et le nouveau contrat social que souhaite le Secrétaire général de l’ONU. 

M. Milei a également critiqué le fait que l’ONU ait permis l’entrée au Conseil des droits de l’homme de dictatures sanglantes comme celles de Cuba et du Venezuela, ou encore qu’elle vote systématiquement contre Israël, le seul pays qui défend la démocratie libérale au Moyen-Orient.  Mais l’ONU, a poursuivi le Président, est totalement incapable de riposter au terrorisme et sur le plan économique, s’entête à promouvoir des politiques collectivistes et à exiger des pays à la traîne qu’ils engagent des ressources qu’ils n’ont pas dans des programmes dont ils n’ont pas besoin, les transformant en débiteurs perpétuels. 

L’Organisation n’a pas non plus réussi à défendre la souveraineté de ses États Membres, a renchéri M. Milei, en citant notamment le cas des îles Malvinas.  Il s’est également élevé contre les politiques liées aux droits sexuels et reproductifs alors que les taux de natalité dans les pays occidentaux sont en chute libre.  Au Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, le droit de veto défend aujourd’hui les intérêts de certaines nations, comme on le voit avec l’Ukraine.  Alors que ces aberrations ont entraîné une perte de crédibilité des Nations Unies, l’on prétend maintenant nous imposer le Pacte pour l’avenir, fidèle à la posture morale des programmes « woke » qui se heurtent à la réalité.  Le Président a mis en garde contre la fin d’un cycle: si le Programme 2030 a échoué, il faut changer de cap.  « On ne saurait s’entêter dans l’erreur », a-t-il martelé. 

Pour éviter toute erreur d’interprétation, il a tenu à expliquer que l’Argentine traverse aujourd’hui un processus de changements en profondeur et a décidé d’épouser la thèse selon laquelle tous les citoyens naissent libres et égaux devant la loi et ont le droit à la vie, à la liberté et à la propriété.  Ces mêmes principes vont guider la conduite de l’Argentine sur la scène internationale.  Nous croyons aux libertés de culte, d’expression et de commerce ainsi qu’au droit à la propriété et à une action limitée des gouvernements.  L’Argentine se dissocie du Pacte pour l’avenir et entend renoncer à sa politique historique de neutralité.  Elle sera à l’avant-garde de la lutte pour la liberté, a insisté le Président avant de conclure par un « Vive la liberté, bordel »!

M. NAYIB BUKELE, Président d’El Salvador, a indiqué que son pays a désormais voix au chapitre, loin de la réputation négative qui était la sienne, il y a encore cinq ans.  Mon pays a connu une guerre importée et une fausse paix, croyant naïvement que d’autres pays pourraient se porter à son secours.  Nous avons eu le courage de briser nos chaînes, s’est enorgueilli le Président.  Ces cinq dernières années, El Salvador a retrouvé sa sécurité et accompli une transformation « incomparable ».  

Comment une nation a-t-elle pu se relever en si peu de temps?  C’est peut-être la question que le monde se pose mais la véritable question à se poser est comment le monde est tombé aussi bas? a estimé le Président, car El Salvador est devenu plus sûr et plus heureux alors que le monde est plus dangereux et plus sombre.  Aujourd’hui le monde dit libre ne l’est plus.  Dans certains pays, les rues sont entre les mains de groupes criminels.  Un pays ne peut se dire libre si sa population vit dans la peur, a martelé le Président.  

Il a également déploré l’érosion de la liberté d’expression.  L’Occident, qui était le bastion de cette liberté d’expression, ne l’est plus aujourd’hui.  Cela ne relève pas de la théorie du complot.  Les faits sont avérés, a déclaré le Président.  On ne peut pas gagner le respect du peuple si on ne respecte pas le peuple, s’est-il expliqué, en craignant que le monde s’approche d’un dangereux point d’inflexion et d’une possible ère d’obscurantisme.  Nous connaissons bien la décadence car nous l’avons vécue à El Salvador. 

Le Président a ajouté que son pays a mené une guerre existentielle pour devenir un refuge où prévalent le respect de la liberté d’expression et du droit de propriété.  Aucun individu n’est censuré, aucun opposant n’est en prison et des milliers de personnes ont été libérées.  Les bonnes personnes sont aujourd’hui en liberté.  En quelques années, El Salvador a réussi à renaître de ses cendres, avec la conviction que « la liberté se prend, elle ne s’offre pas, elle doit être nourrie comme toute forme de vie ». 

M. MASOUD PEZESHKIAN, Président de la République islamique d’Iran, a indiqué avoir basé sa campagne présidentielle sur le principe d’empathie nationale, un principe qui définit les intentions de réformes de son gouvernement. Il a déclaré vouloir jeter les bases d’une nouvelle ère pour son pays, notamment en restructurant ses relations extérieures.  Puis le Président s’est lancé dans une critique sévère d’Israël, estimant que depuis 11 mois, le monde entier a été témoin de ses atrocités commises à Gaza. Qualifiant la politique israélienne de « terrorisme d’État » et balayant les justifications reposant sur la légitime défense, il s’est inscrit en faux contre ceux qui taxent d’antisémitisme toute personne qui condamne ce qu’il a qualifié de génocide. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et mettre un terme aux actions d’Israël au Liban, avant que la région ne s’embrase.  Dans ce cadre, il a proposé de garantir le droit des Palestiniens à l’autodétermination en leur soumettant un référendum, seul moyen d’après lui pour que musulmans, juifs et chrétiens puissent vivre ensemble, dans la paix et à l’abri du racisme et des politiques d’apartheid.

Concernant la situation préoccupante de la région, il a souligné la nécessité de bâtir son unité sur la base de trois principes.  Premièrement, il a demandé de reconnaître la nature temporaire de la présence de puissances étrangères et sa propension à entraîner l’instabilité.  « Sous-traiter sa sécurité à des puissances étrangères ne bénéficiera jamais à aucun pays de la région. »  Deuxièmement, il a prôné la création d’un « ordre régional inclusif ».  Enfin, il a exhorté ses voisins à ne pas gaspiller leurs ressources dans des guerres d’usure ou une course à l’armement, alors que la région fait face à la malnutrition, au terrorisme, à la guerre, à l’extrémisme, à la dégradation environnementale ou au trafic de stupéfiants. 

Le Président iranien a par ailleurs appelé de ses vœux l’instauration d’une paix pérenne entre la Russie et l’Ukraine.  Considérant le dialogue comme la seule issue à la crise, il a insisté sur l’urgence de mettre fin aux hostilités en Ukraine.

Rappelant le Plan d’action global commun (PAGC) signé par l’Iran et les puissances internationales en 2015, il a fustigé l’ancien Président américain Donald Trump pour son retrait unilatéral, alors même que l’Iran s’acquittait de ses obligations.  Il a estimé que cette mesure avait ouvert la voie à une approche fondée sur la menace et la coercition, et réitéré la volonté de son pays de collaborer avec les participants au Plan.

Enfin, il a conclu par une adresse directe au peuple américain.  Ce n’est pas l’Iran qui déploie des bases militaires le long de vos frontières, qui vous prive d’accès aux médicaments et au système bancaire international ou qui entrave vos relations commerciales, a-t-il déclaré.  Qualifiant ces mesures de contre-productives, il a souhaité voir s’ouvrir un nouveau chapitre qui reconnaîtrait la légitimité des préoccupations sécuritaires de l’Iran. « Les sanctions sont inhumaines. »  Il s’est insurgé contre la privation d’accès aux traitements médicaux comme l’un des pires aspects de cette politique.  Se disant prêt à conclure des partenariats économiques, sociaux et sécuritaires avec les puissances internationales et les pays voisins, il a lancé un appel à la levée des sanctions, pour le bien du peuple iranien.

M. ALAR KARIS, Président de l’Estonie, a déclaré haut et fort: « Je veux vivre dans un monde en paix.  Dans un monde qui ne se détruit pas lui-même.  Où des nations fières et souveraines, grandes ou petites, vieilles ou jeunes, modernes ou traditionnelles, ne sont pas conquises et colonisées.  Je veux vivre dans un monde propice à la liberté, parce que la liberté ouvre la voie à des solutions durables et à la prospérité.  Parce que la liberté est au cœur de l’humanité. »  Ne voulons-nous pas tous la même chose? a-t-il lancé à la salle en constatant que, malheureusement, aujourd’hui la paix et la liberté sont mises à rude épreuve. 

Plus les mécanismes de protection du droit international sont faibles, plus la menace de saper le mode de vie de la plupart d’entre nous est grande, a mis en garde le Chef d’État.  Pour lui, « nous pouvons continuer à condamner les actes de violence brutaux. On peut même condamner fermement les atrocités, mais sans mesures efficaces contre la violence, l’histoire nous condamnera.  Et elle nous condamnera fermement ».  Le Président a insisté sur l’impératif du respect du droit international et de la Charte des Nations Unies par tous et partout, en rappelant à ses pairs que le bonheur d’un enfant, où qu’il soit, n’a pas de prix et devrait servir de boussole morale à tous. 

M. Karis a donc dit ne pas voir d’alternative à l’action commune pour adapter le système des Nations Unies aux exigences du XXIe siècle. Cela signifie qu’il faut renforcer la Charte, restaurer de la crédibilité de l’ONU en la réformant pour permettre une application plus efficace de sa Charte afin que la paix et la sécurité soient maintenues dans l’intérêt de tous et partout dans le monde. 

Pour le Président estonien, le Pacte pour l’avenir est un bon début en ce sens, à condition de s’y tenir et de l’appliquer maintenant.  Dénonçant le droit de veto au Conseil de sécurité, il a rappelé à ses cinq détenteurs qu’aujourd’hui, les blocages au sein du Conseil se mesurent directement en vies humaines perdues et mutilées: « Ce n’est pas juste et c’est inacceptable. » 

Tous les États, collectivement, devraient avoir plus de poids dans le maintien de la paix et de la sécurité qu’un seul membre du Conseil de sécurité, a affirmé M. Karis, pour qui il est impossible de restaurer la crédibilité du système multilatéral et des Nations Unies lorsqu’un seul membre permanent du Conseil de sécurité agit à l’encontre des principes de la Charte.  Par conséquent, il a appelé à utiliser avec sagesse les pouvoirs de l’Assemblée générale pour venir à bout du droit de veto.

Regrettant que, depuis les horribles attaques terroristes du Hamas contre Israël il y a près d’un an, il y ait eu trop de souffrances à Gaza et dans la région, M. Karis a estimé que les destructions, les pertes humaines et les traumatismes inimaginables ne font qu’engendrer un cercle vicieux de violence et de haine. Il a donc jugé qu’il était grand temps de parvenir à un accord de cessez-le-feu permettant la libération des otages.  Sans être naïve ou aveugle face à la complexité régionale, l’Estonie est profondément convaincue que la solution des deux États est le seul moyen de parvenir à une paix juste et durable, a-t-il réitéré. 

Dans la guerre qui oppose la Russie contre l’Ukraine, le Président estonien a déclaré qu’il est clair comme de l’eau de roche que c’est la Russie l’agresseur et l’Ukraine la victime.  Écartant les suggestions de pourparlers de paix directs -qui ne font que soutenir la cause russe- il a soutenu et appelé à accepter la formule de paix en 10 points du Président Zelenskyy, ajoutant qu’elle bénéficie d’un large soutien international.

M. GABRIEL BORIC FONT, Président du Chili, a proposé que l’ONU célèbre son quatre-vingtième anniversaire en incorporant de façon permanente au Conseil de sécurité le Brésil pour l’Amérique latine, l’Inde et au moins un pays d’Afrique. « Rien ne l’empêche, sauf le manque de volonté », a-t-il estimé.  En matière de gouvernance financière, il a dit apprécier les efforts de modernisation déployés par les institutions financières mondiales.  Mais surtout, le Chili soutient la proposition africaine, menée par le Nigeria, visant à lutter contre l’évasion fiscale, les flux financiers illicites et les inégalités dans la collecte de l’impôt à travers la création d’une convention sur la coopération fiscale internationale. Il s’agit, a-t-il dit, de parvenir à un système plus transparent et inclusif, avec un système fiscal mondial soutenant le financement de la lutte contre la crise climatique.  Le Président a dit n’avoir aucun doute que « seule une femme d’Amérique latine » pourra se charger de ce processus, en suivant la voie réformiste du Secrétaire général António Guterres. 

M. Boric Font s’est ensuite indigné de la politique de deux poids, deux mesures entravant l’action du Conseil, quand « on condamne un adversaire mais qu’on regarde ailleurs quand un soi-disant ami viole la Charte ». C’est pourquoi le Président chilien « refuse de choisir entre deux barbaries », « le terrorisme du Hamas ou le génocide perpétré par l’Israël de Netanyahu ».  Appelant à la fois à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à la libération immédiate des otages détenus par le Hamas, le Président Boric Font a intimé à Israël de respecter le droit international, de cesser l’établissement et l’expansion de colonies illégales dans le Territoire palestinien occupé et de mettre fin à l’occupation de Gaza et aux « attaques aveugles » contre les civils.  Il a plaidé une fois de plus pour une solution durable à deux États. 

Réaffirmant son profond attachement à la démocratie, M. Boric Font s’est inquiété de l’émergence de dirigeants autoritaires.  Particulièrement attentif à la « situation critique » au Venezuela, face à une « dictature » qui entend voler les élections, persécute ses opposants et se montre indifférente à l’exil de millions de ses citoyens, il a appelé à une solution politique à la crise.  Celle-ci passerait par la reconnaissance de la victoire de l’opposition aux dernières élections et par une transition pacifique vers une démocratie pleinement opérationnelle.  Cela n’a pas empêché le Président chilien de se montrer critique envers les sanctions unilatérales imposées par les États-Unis contre le Venezuela.  « Elles ne contribuent pas à résoudre le conflit, au contraire elles l’aggravent », a-t-il estimé, car elles frappent le peuple vénézuélien, « les humbles, les travailleurs ».  La crise politique combinée à la crise économique a poussé plus de 7 millions de Vénézuéliens à l’exil, dont 800 000 au Chili. « Je veux être clair sur ce point: le Chili n’est pas en mesure d’accueillir davantage de migrants vénézuéliens », a prévenu le Président.

Pour M. EDGARS RINKĒVIČS, Président de la Lettonie, l’avenir du système multilatéral et de l’ordre fondé sur des règles est entre les mains de tous et il ne faut accepter ni une application sélective, ni un mépris des normes mondiales « parce que l’alternative est un monde terrifiant où la force prévaut et où le droit disparaît ». 

Le Président a constaté que, trois ans après le début de la guerre d’agression à grande échelle non provoquée de la Russie contre l’Ukraine, la Russie continue de tester la résistance et l’engagement de la communauté mondiale à l’égard de l’ordre fondé sur des règles.  Cette guerre affecte gravement la stabilité de la région et met à mal les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale et le droit international, a-t-il mis en garde en réaffirmant le soutien de son pays à l’Ukraine.  La Russie cherche à démolir ce qui a été construit par la communauté internationale et à réorganiser le système international en un système qui ne profite qu’aux agresseurs, lui a-t-il reproché en exigeant une nouvelle fois le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes et de tous les équipements militaires russes de l’ensemble du territoire de l’Ukraine.  La souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ne peuvent faire l’objet d’aucun compromis, a tranché M. Rinkēvičs avant d’appeler tous les membres des Nations Unies à adhérer au communiqué adopté lors du sommet de la paix tenu récemment en Suisse, afin de commencer à construire un processus de paix basé sur les principes de la Charte des Nations Unies. 

Concernant le Moyen-Orient, le Président letton a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la libération inconditionnelle de tous les otages et la mise en place d’un accès humanitaire à grande échelle, insistant sur l’impératif de protection des civils et d’un règlement durable de ce conflit.  Il a également appelé à tout faire pour éviter un embrasement régional. 

Plus que jamais, il faut agir de manière solidaire pour un développement durable et inclusif, a poursuivi M. Rinkēvičs, qui a salué les résultats du Sommet de l’avenir, estimant qu’il avait démontré l’engagement renouvelé de la communauté internationale en faveur des objectifs de développement durable.  Alors que la Lettonie a déjà atteint 63% des objectifs fixés, elle vient également en aide à ceux qui en ont le plus besoin à travers sa politique de coopération au développement qui augmente d’année en année, a-t-il fait valoir. 

En ce qui concerne la revitalisation de l’ONU, M. Rinkēvičs s’est dit favorable à la réforme du Conseil de sécurité.  Il est favorable à une augmentation du nombre de membres permanents afin de rendre le Conseil plus efficace, plus inclusif et plus responsable et de faire entendre les voix des régions sous-représentées, en particulier l’Afrique.  Il soutient en outre un siège non permanent pour les petits États insulaires en développement.  De plus, la Lettonie encourage une réforme du processus de prise de décisions au sein du Conseil, en révoquant le droit de veto.  Le Président a rappelé que les Nations Unies étaient autrefois une lueur d’espoir pour les peuples.  « Ce n’est plus le cas aujourd’hui.  Nous devons changer cela.  Nous devons rétablir la confiance et les valeurs communes », a-t-il conclu en appelant à inverser la tendance actuelle en travaillant ensemble. 

M. SANTIAGO PEÑA PALACIOS, Président du Paraguay, a estimé que « nous ne serons dignes d’occuper les hautes fonctions qui sont les nôtres que si, au lieu de cacher les problèmes sous le tapis, nous y faisons face avec clarté, avec fermeté et avec courage ».  Se voulant optimiste, il a dit ne pas craindre l’avenir, convaincu de la capacité de l’être humain à relever les défis.  Mais, a-t-il nuancé, il est impératif de faire des changements, notamment d’éliminer le droit de veto au Conseil de sécurité et de redéfinir les mécanismes de coopération internationale.  

Rappelant que le maintien de la paix devrait être le pilier fondamental du multilatéralisme, il s’est alarmé que les institutions créées pour préserver la paix n’aient pas rempli leur mission, avec environ 20 conflits armés internationaux et plus de 110 conflits internes en cours dans le monde.  M. Peña Palacios a réitéré le soutien sans faille du Paraguay à l’Ukraine, à sa souveraineté et à son intégrité territoriale.  Il a reconnu le « droit légitime » d’Israël à se défendre, et a rejeté toute tentative de mettre sur un pied d’égalité, de manière biaisée, la responsabilité des autorités israéliennes démocratiquement élues et celle des dirigeants du groupe terroriste Hamas.  Dans le même temps, il a lancé un appel pressant à la mise en œuvre d’une solution visant à soulager la crise humanitaire, à mettre un terme à la violence et à garantir la libération immédiate des otages.  Par ailleurs, le Président paraguayen s’est dit très préoccupé par la situation en Afrique, où 25 conflits actifs ont des conséquences dévastatrices sur la population.  

M. Peña Palacios s’est ensuite arrêté sur la situation humanitaire dramatique en Haïti, « exemple clair des défaillances du multilatéralisme » après de nombreux efforts et interventions internationales.  Aujourd’hui, les gangs contrôlent une grande partie de Port-au-Prince, plongeant le pays dans une spirale de violence que les mécanismes multilatéraux n’ont pas été en mesure de désamorcer.  Malgré de multiples promesses d’aide, plus de 5 millions d’Haïtiens souffrent d’insécurité alimentaire, a déploré M. Peña Palacios.  Il a aussi condamné haut et fort la situation au Venezuela, où « la détérioration de la démocratie est patente », tout comme les violations systématiques des droits humains et des libertés fondamentales. 

Dans le cadre de son engagement pour un multilatéralisme plus inclusif, le Président du Paraguay a par ailleurs souligné son soutien à Taïwan et à son intégration totale dans le système des Nations Unies, voyant son exclusion comme une injustice. 

M. TO LAM, Président du Viet Nam, a évoqué un monde porté par des « changements transformateurs d’une importance historique », dans lequel la paix, la coopération et le développement, bien que toujours des tendances dominantes, sont confrontés à de défis nouveaux et plus graves, du fait notamment de la concurrence stratégique « plus féroce et plus conflictuelle » entre les grandes puissances.  Cette montée de la « politique de puissance » et du nationalisme étroit remet en cause le droit international, érode les institutions multilatérales et diminue la confiance dans la coopération mondiale.  Au cercle vicieux des conflits et de la violence qui ne cesse de s’intensifier dans diverses régions, s’ajoutent aujourd’hui des défis sécuritaires non traditionnels, a relevé le Président, tels que les changements climatiques, les épidémies et l’épuisement des ressources, lesquels entravent nos efforts de développement.  Le typhon Yagi, qui a récemment dévasté le Viet Nam et d’autres pays de la région, constitue selon lui un avertissement sévère.  Ainsi, bien que la production alimentaire mondiale soit suffisante pour nourrir une fois et demie la population mondiale, la famine touche plus de 780 millions de personnes, alors que les dépenses militaires atteignent un niveau record, a illustré M. To. 

Ces défis sans précédent pour la paix, la coopération, le développement durable et la dignité humaine nous obligent à nous unir, a plaidé le Chef d’État, en soutenant les institutions internationales, en particulier l’ONU, ainsi que les organisations régionales, dont l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Pour y parvenir, il a appelé au respect du droit international et de la Charte des Nations Unies par tous les États, en particulier les grandes puissances.  « Les États doivent contribuer à l’œuvre commune de la communauté internationale en fonction de leurs capacités », a-t-il ajouté, tout en éliminant la confrontation de même que les sanctions unilatérales incompatibles avec le droit international.  Nous devons en outre prioriser les ressources là où elles sont le plus nécessaires pour la mise en œuvre des ODD, en accordant une attention particulière à l’aide aux pays en développement et aux PMA, par le biais de prêts préférentiels, de transferts technologiques et d’allégement de la dette, a-t-il prié. 

Après avoir souligné l’urgence de mettre en place des cadres de gouvernance fondés sur une vision à long terme de la science et de la technologie, y compris l’intelligence artificielle, le Président a salué l’adoption du Pacte numérique mondial, dans le cadre du Sommet de l’avenir.  Pour M. To, la transition verte et la transformation numérique sont des outils essentiels pour permettre aux pays en développement de renforcer leur résilience et leur autonomie, notamment lors de chocs ou de catastrophes.  Autre tâche prioritaire: la réforme des mécanismes multilatéraux, en particulier les institutions financières internationales, afin d’assurer une meilleure équité et une meilleure transparence. 

Le Président vietnamien a par ailleurs salué la décision de l’Assemblée générale d’accorder des droits et privilèges supplémentaires à l’État de Palestine, et a appelé les États-Unis à lever leur embargo contre Cuba.  « Dans le monde en mutation rapide d’aujourd’hui, chaque État joue un rôle essentiel dans la grande orchestration de notre époque », a-t-il conclu. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a déclaré que le monde fait face à une menace « extrêmement sérieuse » à sa sécurité, dénonçant l'agression « brutale » de la Russie contre l’Ukraine voisine, en violation flagrante des normes fondamentales du droit international, telles que l’interdiction du recours à la force dans les relations internationales.  Cette agression non provoquée déstabilise la région et constitue une menace directe pour l’ordre et la sécurité mondiaux, a-t-il mis en garde, en appelant à ne pas permettre que cette guerre se transforme en un autre conflit gelé.  La logique de conquête et le mépris du droit international doivent cesser, à moins que l’on accepte de vivre dans un monde où tout pays peut être victime d’une agression, quelles que soient sa taille et sa situation géographique. 

Également préoccupé par la situation au Moyen-Orient, le Président polonais a souligné qu’Israël, comme tout autre État, a le droit de se défendre, mais que ses actions doivent respecter le droit humanitaire international.  Il a rappelé le soutien de la Pologne a la solution des deux États, affirmant que l’émergence d’une Palestine indépendante ne va pas à l’encontre des intérêts d’Israël.  Le droit d’Israël d’exister ne saurait être remis en cause, a-t-il ajouté.

Il a également évoqué les situations de conflit au Yémen et sur le continent africain, en exhortant le monde à se tenir aux côtés de tous ceux qui sont touchés par l’insécurité et à les aider à rétablir la paix par la réconciliation et la cohésion sociale.  Mais la paix dans le monde ne peut se réaliser sans le respect de l’état de droit, a souligné M. Duda qui croit fermement au principe de « la paix par le droit ».

Après avoir annoncé la candidature de son pays à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2029-2031, le Chef d’État a assuré que la Pologne reste attachée à soutenir les nations africaines.  Tout en étant convaincu que l’Afrique a le potentiel pour développer ses propres solutions à ses défis, il a reconnu que le développement dans de nombreuses régions du monde se heurte actuellement à de sérieux obstacles.  Notant avec inquiétude qu’à mi-parcours de l’échéance fixée par le Programme 2030, les progrès accomplis dans la réalisation des ODD sont encore insuffisants, M. Duda a annoncé qu’à compter du 1er janvier 2025, la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne cherchera à insuffler un nouvel élan aux relations avec les partenaires de développement.

La Pologne est également prête à discuter des réformes du Conseil de sécurité, d’autres organes clefs des Nations Unies et des institutions financières internationales, a-t-il confirmé, en martelant qu’alors que le monde change, notre système multilatéral doit changer aussi, afin de mieux servir la communauté mondiale.

Évoquant sa participation au Sommet de l’avenir, M. ALBERT II, Prince de Monaco, a souligné « l’immensité du travail restant à accomplir pour assurer un futur harmonieux et paisible à nos enfants ».  Il a exprimé son inquiétude face à la multiplication des conflits et à la partition du monde, avançant que l’heure devrait plutôt être à la construction de coalitions d’actions concrètes, à l’intensification de la coopération, à la solidarité, à l’entraide et au dialogue, dans le cadre multilatéral promu par la Charte.  Il a ainsi souligné l’importance du nouvel « Agenda pour la paix », qui trace la voie pour restaurer la solidarité et la confiance entre les nations.  Il a également insisté sur la quatrième Conférence des Nations Unies sur le financement du développement, prévue l’année prochaine, qui invite à repenser l’architecture financière mondiale afin de soutenir un développement inclusif et durable.  

Il a ajouté que la conférence mondiale sur la justice sociale devra impulser des actions concrètes pour lutter contre la pauvreté, le premier des objectifs de développement durable.  Le Prince a ensuite souligné l’importance cruciale de l’égalité des genres, rappelant les anniversaires à venir de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, ainsi que de la Déclaration de Beijing.  Selon lui, cette égalité est nécessaire pour assurer justice et inclusion dans tous les ODD, et les efforts pour promouvoir les droits des femmes doivent se poursuivre, « pas à pas et coûte que coûte ».  

La crise environnementale a ensuite été abordée comme le défi le plus menaçant pour l’humanité à long terme.  Soulignant l’urgence des actions coordonnées contre les changements climatiques, la perte de biodiversité et les pollutions, le Prince a appelé à une mobilisation internationale renforcée pour la COP 16 sur la biodiversité et la COP 29 sur les changements climatiques, afin de définir des objectifs de financement adaptés aux besoins des pays en développement, en particulier des petits États insulaires, les plus vulnérables. 

Exprimant son soutien à la création d’un groupe international d’experts pour la durabilité de l’Océan (IPOS), il a exhorté à accélérer la ratification de l’Accord BBNJ sur la préservation des océans, pour une entrée en vigueur dès 2025.  Il a aussi insisté sur la nécessité d’une régulation stricte de l’exploitation minière des grands fonds marins, basée sur des données scientifiques fiables.  « L’économie bleue a un rôle à jouer », a-t-il insisté, confirmant l’accueil dans sa principauté de Monaco, les 7 et 8 juin 2025, du forum sur l’économie et la finance bleues (Blue Economy and Finance Forum). 

Concernant l’intelligence artificielle, le Prince a rappelé les opportunités et les risques que présente cette technologie et a appelé la communauté internationale à établir des normes éthiques pour garantir que son usage respecte les droits humains et ne soit pas détourné à des fins militaires ou terroristes.  La lutte contre la désinformation, décrite comme l’un des plus grands dangers pour les sociétés modernes, a également été prônée.  

Enfin, il a encouragé la communauté internationale à saisir l’opportunité offerte par le Pacte pour l’avenir et les 80 ans de l’ONU pour avancer sur la réforme du Conseil de sécurité, afin de rendre l’Organisation plus inclusive et représentative des réalités contemporaines.  Il a conclu en mentionnant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris où « les athlètes nous ont montré que les efforts et la persévérance, y compris dans l’adversité, mènent à la victoire ». 

M. DAVID RANIBOK ADEANG, Président de Nauru, a indiqué qu’étant entourée par l’océan, il est dans l’intérêt de son pays que les ressources marines soient gérées de manière responsable.  Fustigeant l’inaction, il a averti du risque de rater la transition vers les énergies renouvelables et de décarboner notre planète.  Nous ne pouvons pas nous laisser freiner par la peur et la désinformation, a-t-il lancé, appelant à une utilisation judicieuse des connaissances pour veiller à ce que la récupération des minéraux des grands fonds ne compromette pas l’intégrité de notre environnement marin.  Il ne s’agit pas seulement d’une opportunité économique, mais d’un impératif environnemental, a-t-il dit. 

Le Président a appelé la communauté internationale à ne pas ignorer la science et les progrès accomplis et exhorté le Conseil de l’Autorité internationale des fonds marins à travailler avec Nauru pour établir et adopter des réglementations solides nécessaires à la conservation et à l’utilisation durable des ressources marines.  De plus, les initiatives d’adaptation exigent une expertise technique et des ressources financières substantielles.  Pour des pays comme Nauru, l’accès aux services bancaires est une véritable bouée de sauvetage.  Le Président, qui a dit être encouragé par l’adoption récente de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les petits États insulaires en développement, a également appelé la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et les autres institutions financières à intégrer ce nouvel indice dans leurs travaux. 

Le Chef d’État a ensuite appelé à la fin du blocus imposé à Cuba avant d’exiger la réforme du Conseil de sécurité.  Il a demandé au Secrétaire général de nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité et appuyé l’appel en faveur d’un traité sur la non-prolifération des combustibles fossiles.  Il a dit attendre avec impatience l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les changements climatiques et suivre de près la mise en œuvre des orientations de la Cour dans la poursuite de la justice climatique.  En revanche, Nauru est déçue par la suppression de la Mesure 21 dans le Pacte pour l’avenir qui aurait pu soutenir les efforts pour faire face aux menaces à la sécurité posées par les crises climatiques. Le Président a appelé les pays développés à fournir le financement climatique et le transfert de technologie promis. 

M. KASHIM SHETTIMA, Vice-Président de la République fédérale du Nigéria, s’est félicité du vent de démocratisation soutenu qui a soufflé sur l’Afrique, au cours des deux dernières décennies.  Dans le même temps, il a déploré la récurrence des changements anticonstitutionnels et des coups d’État militaires dans certains pays du Sahel qui souligne, à son avis, la fragilité de la démocratie lorsqu’elle n’est pas soutenue par le développement économique et une paix et une sécurité durables.  C’est cette fragilité qui devrait, selon lui, être examinée le plus lors des délibérations de l’actuelle session de l’Assemblée générale. 

Nos concitoyens ont besoin d’emplois.  Ils ont besoin de moyens de subsistance décents.  Ils souhaitent une éducation et des soins de santé de qualité et abordables pour leurs enfants et leurs familles, et ont besoin de vivre dans un environnement sain et sûr.  Lorsque les gouvernements ne parviennent pas à les satisfaire, les citoyens se trouvent dans l’obligation de remettre en question l’utilité de la démocratie et d’autres idéaux, comme l’État de droit, a-t-il averti.

Pointant le fardeau de la dette mondiale qui compromet la capacité des pays et des gouvernements à répondre aux besoins de leurs citoyens, il a estimé du devoir de la communauté internationale de rétablir la confiance dans le système démocratique et l’ordre constitutionnel.  « Nous avons besoin de la substance de la démocratie, pas seulement de la forme », a martelé le Vice-Président.

L’intervenant a, ensuite, évoqué les fléaux du terrorisme et de l’extrémisme violent qui demeurent une menace existentielle pour la paix, la sécurité et le développement, parlant des efforts concertés de son pays pour contenir et faire reculer cette menace.  La réunion africaine de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme, organisée par le Nigéria en avril 2024, et sa « Déclaration d’Abuja » promettent d’apporter des solutions aux défis posés par les terroristes.  Les changements climatiques sont un autre facteur d’insécurité, a-t-il dit, rappelant les inondations qui ont frappé son pays, occasionnant des pertes en vies humaines et en biens.

Il s’est inquiété de la situation désastreuse au Soudan et dans d’autres parties du monde où des acteurs étrangers exacerbent les tensions pour prolonger le conflit et aggraver les souffrances de populations innocentes.  Il a cité, à cet égard, la situation déchirante à Gaza et dans d’autres territoires palestiniens.  Nous ne pouvons pas discuter aujourd’hui de guerre et de paix, de conflits et de réconciliation ou d’impératifs humanitaires sans réfléchir au conflit israélo-palestinien qui fait rage depuis le 7 octobre de l’année dernière.  Ici encore, a-t-il déploré, la communauté internationale n’a pas été à la hauteur de l’esprit et des aspirations des Nations Unies.

Enfin, le Nigéria a réaffirmé son engagement à soutenir les opérations de maintien de la paix de l’ONU, et réitéré son appel à un soutien international pour rendre opérationnelle la Force africaine prépositionnée.

M. SALMAN BIN HAMAD AL KHALIFA, Premier Ministre de Bahreïn, estimant que le monde est à un tournant, a soutenu les appels à une réforme holistique des Nations Unies, à commencer par le Conseil de sécurité, afin de refléter les dynamiques géopolitiques actuelles et de permettre à l’Organisation de remplir efficacement son mandat pour les décennies à venir.  Il a rappelé à quel point les conflits dans le monde, notamment en Ukraine, à Gaza et dans la mer de Chine méridionale, fragilisent le système international.  Dénonçant la crise humanitaire à Gaza, il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la libération de tous les otages et à la création d’un État palestinien viable, condition indispensable pour une paix durable.  Il a également fustigé la montée du radicalisme et du recours à la force illégale, tout en s’inquiétant de l’impact des conflits sur l’économie mondiale et sur l’avenir des jeunes générations. 

Le Premier Ministre a ensuite vanté l’engagement de son pays en faveur du pluralisme et de la coexistence pacifique.  Il a mis en avant le « Prix Roi Hamad pour la coexistence pacifique », lancé en août, et a appelé la communauté internationale à soutenir l’initiative de Bahreïn de convoquer une conférence internationale sur la paix au Moyen-Orient. Sur le plan national, il a souligné les efforts de Bahreïn pour placer ses citoyens au cœur des programmes de développement.  Son gouvernement a ainsi concentré ses efforts sur l’accès au logement, la santé et l’éducation, en collaboration avec le secteur privé et la société civile. 

En ce qui concerne les défis du monde, le Premier Ministre a évoqué les conséquences catastrophiques du développement non durable et des conflits croissants, provoquant notamment une aggravation de la faim dans le monde.  Ces crises, a-t-il souligné, sont interconnectées et nécessitent une réponse coordonnée et systémique.  Il a également insisté sur l’importance de réformer les institutions multilatérales, telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) afin de répondre aux défis contemporains et de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD) ainsi que le Pacte pour l’avenir récemment adopté.  L’ordre international ne repose pas sur des espoirs ou des rêves, il est le produit d’institutions solides et de concepts sécuritaires adaptés, a-t-il affirmé. 

Le Premier Ministre a ensuite mis l’accent sur le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) pour le développement mais il a averti que son déploiement doit se faire dans le cadre d’une collaboration internationale, avec des normes éthiques garantissant que l’IA soit utilisée à des fins pacifiques et ne contribue pas à exacerber les conflits.  Il a ainsi appelé à la création d’un traité international pour réguler son usage et en maximiser les bénéfices.  Il a enfin réaffirmé l’engagement de Bahreïn en faveur du multilatéralisme, évoquant l’accord historique signé avec les États-Unis, qui vise à promouvoir une prospérité partagée et une sécurité collective.  En conclusion, il a rappelé que les défis auxquels le monde est confronté ne sont pas insurmontables, à condition que la communauté internationale ait collectivement la volonté de revitaliser l’architecture internationale et de s’engager à protéger la dignité humaine. 

Mme GIORGIA MELONI, Présidente du Conseil des ministres d’Italie, a d’abord rappelé les différents problèmes mondiaux, dont l’émergence de l’intelligence artificielle, que son gouvernement a choisi d’inscrire à l’ordre du jour de la présidence italienne du G20.  Ce que nous voulons, s’est-elle expliquée, c’est une bonne gouvernance de l’intelligence artificielle pour concilier innovation, droit, emploi, propriété intellectuelle, liberté d’expression et démocratie. 

Comme les problèmes de l’hémisphère Nord sont aussi ceux du Sud, a-t-elle poursuivi, il faut changer la donne dans les relations entre pays et le fonctionnement des institutions multilatérales.  L’objectif est de créer un modèle de coopération fondé sur le respect mutuel et orienté vers des résultats concrets.  Il faut instaurer l’égalité pour pouvoir s’écouter les uns les autres.  La Présidente a donc proposé un format rassemblant tous les continents, le G20, l’Union africaine, les institutions économiques et financières et les banques de développement multilatérales.  Le G7 ne saurait être une forteresse fermée aux autres. 

Sur le plan bilatéral, le Gouvernement italien a lancé des projets pilotes dans neuf pays africains dans les domaines du financement, de la sécurité alimentaire et de l’énergie.  Il est important de concevoir de tels projets pour que des dizaines de milliers de personnes n’aient plus le désir d’entrer en Europe de manière illégale.  C’est la première garantie de leur droit à ne pas émigrer et couper leurs liens avec leur patrie.  Au lieu de cela aujourd’hui, des criminels exploitent le désespoir des gens. 

Je demande votre aide à partir de cette tribune pour déclarer une guerre mondiale contre les trafiquants d’êtres humains, a dit la Présidente, en estimant que l’ONU doit faire davantage contre ces organisations criminelles car nous pouvons vaincre cet esclavage du XXIe siècle si nous unissons nos forces et prenons des initiatives communes impliquant nos forces de police, nos services de renseignement et nos autorités judiciaires. 

Sur le plan politique, la Présidente a affiché sa solidarité avec le peuple du Venezuela, reconnu le droit de l’Ukraine à défendre ses frontières avec l’aide des pays occidentaux et souligné le droit des Palestiniens à leur propre État.  Mais, a-t-elle souligné, les Palestiniens doivent avoir des dirigeants prêts au dialogue. Elle n’a pas manqué de demander la libération immédiate des otages israéliens et de déplorer les centaines de pertes en vies humaines au Liban. 

M. AZIZ AKHANNOUCH, Chef du Gouvernement du Maroc, a réitéré l’attachement de son pays pour le multilatéralisme, tout en en questionnant les limites actuelles et en souhaitant que celui-ci prenne un nouvel élan.  Abordant les défis climatiques, il a souligné la nécessité de soutenir les pays africains, qui subissent le plus fortement les conséquences des changements climatiques alors qu’ils sont les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre.  Il a plaidé pour des mécanismes de financement innovants afin d’aider ces pays à s’adapter, et a insisté sur la nécessité de garantir une meilleure représentation des pays en développement au sein des conseils d’administration des institutions financières multilatérales.

Le Chef du Gouvernement du Maroc a ensuite mis en avant l’engagement de son pays vis-à-vis de l’Afrique, notamment à travers l’Initiative atlantique pour le Sahel, qui vise à transformer la région en un espace de stabilité et de développement, en collaboration avec 13 États.  Il a notamment évoqué la coopération économique renforcée entre le Maroc et le Nigéria, comprenant la construction d’un pipeline qui favorisera l’intégration régionale et permettra le développement de la façade atlantique du continent.  Il a souligné que cette initiative, tout comme l’intégration des États sahéliens à l’économie mondiale, repose sur le principe de solidarité. 

Pour ce qui est de la question du Sahara marocain, le Chef du Gouvernement a mis en avant l’initiative d’autonomie, « essentielle pour le développement de la région ».  Il a rappelé que cette initiative a reçu le soutien de nombreux pays, constituant un message clair pour la communauté internationale et les Nations Unies.  Il a encouragé la relance des discussions politiques dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité, avec la participation de toutes les parties concernées, y compris l’Algérie.  Enfin, il a insisté sur le fait que les habitants du Sahara marocain participent à la vie politique, économique et sociale marocaine dans le cadre des conseils locaux, et ce, « à tous les stades de la prise de décisions », démontrant « l’intégrité territoriale et la marocanité du Sahara ». 

Concernant la Palestine, le Chef du Gouvernement a réitéré la solidarité du Maroc avec le peuple palestinien.  Il a dénoncé la violence à Gaza et souligné l’urgence de trouver une solution politique durable basée sur la création de deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.  Il a averti que l’absence d’un horizon politique dans le conflit israélo-palestinien contribue à l’instabilité de la région, menaçant la paix internationale. 

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre de la Belgique, a exhorté les dirigeants du monde présents cette semaine à l’ONU à n’avoir qu’une seule ambition: trouver une issue aux conflits au Soudan, au Moyen-Orient, en Ukraine et dans bien d’autres endroits.  Au Moyen-Orient, des décennies de déshumanisation de l’ennemi ont conduit à un cercle vicieux de violence, qui a entraîné la mort de plus de 40 000 personnes en moins d’un an, s’est désolé le Chef de gouvernement en notant que « ce conflit créé par l’homme » s’est avéré l’un des plus meurtriers depuis des décennies.  Ce conflit n’a pas commencé avec l’horrible attaque terroriste contre Israël, qui a tué plus de 1 400 citoyens israéliens, il y a près d’un an, a-t-il dit. 

Le Premier Ministre a rappelé que le 7 octobre 2023, la Belgique a immédiatement reconnu le droit d’Israël à se défendre et a appelé à la libération inconditionnelle de tous les otages.  Au début de la guerre de Gaza, son gouvernement a mis en garde contre le manque de respect du droit international humanitaire des deux côtés et les attaques disproportionnées au mépris flagrant de la vie civile palestinienne.  Près d’un an plus tard, « nous devons malheureusement reconnaître » que les extrêmes des deux côtés donnent toujours le ton de ce conflit, s’est-il indigné.  « Les fanatiques croient que la puissance militaire peut mettre fin à ce conflit.  C’est une illusion! »  Le chemin vers la paix, nécessite une feuille de route appropriée, du courage politique, et non de simples tactiques pour rester au pouvoir un jour de plus, a-t-il décrété. 

Plus proche de son pays, il a rappelé que M. Vladimir Putin fait la guerre en Europe depuis près de deux ans, pointant la « folie » du Chef d’État qui continue d’avoir des conséquences dévastatrices pour le peuple ukrainien. 

« Aucun d’entre nous ne peut et ne doit détourner le regard. »  C’est dans cet esprit, a-t-il expliqué, que son pays a fourni, au cours de l’année écoulée, 1,7 milliard d’euros en équipements militaires, en aide humanitaire et en reconstruction des régions les plus durement touchées de l’Ukraine.  L’Agence belge de développement aide l’Ukraine à se relever et à se préparer à rejoindre l’Union européenne, a-t-il ajouté. 

En attendant, il a promis que la Belgique continuerait de contribuer à la protection du peuple ukrainien.  « L’agresseur ne gagnera pas », a-t-il martelé en promettant son soutien ferme à l’Ukraine.  S’adressant à tous ceux qui aspirent à la paix, il les a assurés que celle-ci ne se réalisera que lorsque « nous forcerons » le Président Putin à mettre un terme à son agression contre l’Ukraine. 

Reconnaissant la polarisation et les profondes divisions du monde, il a toutefois estimé que le multilatéralisme n’a pas échoué à tous les niveaux.  Il en a voulu pour preuve l’adoption, il y a un an, du traité qui protège la biodiversité en haute mer (surnommé « Accord BBNJ »). Une initiative collective qui prouve, selon lui, qu’il est encore possible d’être unis face à l’urgence climatique et environnementale.  La réponse mondiale à la variole simienne (mpox) et la réaction des Centres africains de prévention et de contrôle des maladies (CDC-Afrique) à l’épidémie sont un autre exemple de progrès, a-t-il cité, avant de faire valoir que l’UE et la Belgique ont investi de manière significative dans la production et l’accès aux vaccins en Afrique. 

 

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