Au deuxième jour du Sommet de l’avenir, les petits États insulaires réclament des financements pour survivre à la menace climatique
Après l’adoption par acclamation, hier, du Pacte pour l’avenir, chefs d’État, de gouvernement et ministres se sont de nouveau succédé à la tribune de l’Assemblée générale, au deuxième jour du segment plénier du Sommet de l’avenir, pour réclamer les réformes les plus pressantes à leurs yeux pour redonner du souffle à l’Organisation et l’adapter aux nouveaux défis menaçant l’humanité.
Parmi celles-ci, financer l’adaptation aux changements climatiques est, sans conteste, arrivé en tête de liste, notamment de la part des petits États insulaires en développement (PEID). Pour eux, a rappelé la Présidente des Îles Marshall, « la menace climatique est partout ».
Frustrés comme elle par le gouffre entre les annonces ambitieuses et la maigreur des financements disponibles, certains dirigeants de PEID sont demeurés circonspects sur la portée du Pacte face à une menace planant sur eux comme une épée de Damoclès. Le Président des États fédérés de Micronésie a souhaité que les Nations Unies veillent à ce que la mise en œuvre du Pacte comprenne des engagements solides et durables pour abandonner le charbon, le pétrole et le gaz, en s’alignant sur la limite de 1,5 degré Celsius de l’Accord de Paris. Lui emboîtant le pas, le Chef d’État des Palaos a demandé aux délégations de résister à la tentation de se lancer dans l’exploitation minière des fonds marins.
« Nous qui avons le moins contribué à la crise climatique, nous en subissons les pires conséquences », a protesté le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, estimant insultant que « les grands pollueurs » s’octroient des centaines de milliards de dollars en crédits carbone pour prolonger l’utilisation excessive des combustibles fossiles, aux dépens de l’avenir de son pays. « Vous avez une dette envers le monde », a-t-il lancé à l’adresse des pays développés, illustrant à sa façon le principe de « responsabilité commune mais différenciée » dans la crise climatique actuelle et à venir. Le Premier Ministre de la Norvège est d’accord pour que soient augmentés le financement et les investissements pour le climat, avec en ligne de mire la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra en 2025 en Espagne.
Saluant l’orientation générale du Pacte, les PEID ont aussi regretté que des « exigences trop lourdes » conditionnent le financement international de la résilience climatique et ont appelé à ce qu’il soit adapté à leurs conditions particulières. Le Président de Nauru a appelé les banques et institutions financières internationales à participer aux efforts, appelant à « des indicateurs solides ». Enfin, les PEID ont relié les enjeux des changements climatiques aux questions de sécurité car « ils accroissent les tensions sociales et exercent une pression humanitaire ».
Les appels pour que l’Afrique pèse davantage dans les institutions internationales, dont le Conseil de sécurité, ont encore été nombreux. Le continent est toujours sous-représenté au sein de nombreuses organisations financières internationales, alors qu’il est la destinataire du plus grand nombre de programmes du Fonds monétaire international (FMI), où pourtant il ne détient que 6,5% des voix. À la Banque mondiale, l’Afrique n’a que 11% des actions, a aussi observé le Ministre des affaires étrangères de Djibouti. Relayant les nombreux appels à alléger la dette des pays en développement, le Président par intérim du Gabon a opportunément rappelé qu’il existait des outils destinés à articuler ce défi avec la lutte contre les changements climatiques, par le biais d’opportunités de financement concessionnel telles que « la rétribution pour la conservation des forêts » ou encore « la conversion dette-nature ».
En écho à l’adoption du Pacte numérique mondial en annexe du Pacte pour l’avenir, les délégations se sont aussi emparées des questions relatives aux nouvelles technologies, que ce soit pour encourager leur développement ou leur partage. La fracture numérique, entrave majeure au développement de plusieurs régions -dont la région Pacifique, l’une plus isolées de la planète-, doit être réduite, a martelé la Cheffe d’État des Îles Marshall. Des appels entendus par l’Australie, engagée à « créer de la connectivité Sud-Sud » grâce à des câbles sous-marins dans l’océan Pacifique.
Au sujet de l’intelligence artificielle (IA), dont les potentialités excitent autant qu’elles effraient, le Chef du Gouvernement espagnol a préconisé la création de normes internationales pour une utilisation éthique, une garantie de transparence et la garantie d’un accès juste. Forte d’avoir créé « la première agence de supervision de l’intelligence artificielle au monde », l’Espagne a défendu un rôle clef de gouvernance mondiale pour les Nations Unies en la matière. Pour la Chine également, l’ONU doit être au cœur de la gouvernance de l’intelligence artificielle. Optimiste, le Président de la Slovaquie a observé que la collecte massive de données associée à l’essor de la technologie de l’IA permettait de voir et d’agir sur des bases factuelles et scientifiques. Il craint davantage un corollaire de la numérisation tous azimuts: la diffusion virale et instantanée de la « désinformation » et des « mensonges ».
Dans un discours remarqué, le Président de l’Ukraine a dénoncé un « groupe de sept complices, mené par la Russie », qui a tenté de faire échouer hier l’adoption du Pacte. « Putin nous a déjà volé beaucoup mais il ne peut nous voler l’avenir », a-t-il lancé, se positionnant en fervent défenseur de la Charte.
Soulignant que la Russie n’a pas bloqué l’adoption du Pacte pour l’avenir, le Vice-Ministre des affaires étrangères russe a déploré que le document ne mentionne pas explicitement le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains. De même, il a indiqué que Moscou ne peut soutenir le renforcement du rôle du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, « notoirement connu pour sa partialité et sa complaisance à l’égard des intérêts occidentaux ». Le Pacte numérique mondial présente également de graves lacunes, a-t-il ajouté, car il tente de mettre sur un pied d’égalité les acteurs non gouvernementaux et les États dans la prise de décisions relatives à l’agenda technologique international et de créer des mécanismes d’examen supplémentaires dont le mandat n’est pas clair.
Le débat général de l’Assemblée générale débutera demain, mardi 24 septembre, à 9 heures.
RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES - SOMMET DE L’AVENIR
Suite du débat général
M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, a dit espérer que, grâce à ce Sommet de l’avenir, la communauté internationale sera en meilleure position pour trouver des solutions pour un avenir meilleur. Le Pacte pour l’avenir est un point d’inflexion, a poursuivi M. Lourenço, et nos engagements politiques doivent nous permettre de réunir les ressources pour financer le développement durable et ne laisser personne de côté. Il a demandé de ne pas oublier les jeunes et les femmes, qui sont des moteurs essentiels de la transformation de l’humanité. Selon lui, la communauté internationale doit s’engager à lutter de manière plus intense contre la pauvreté, condition sine qua non du développement durable. Les plus pauvres et les plus vulnérables doivent être placés au cœur de notre action, a insisté le Président de l’Angola, ajoutant qu’il est impossible de construire un monde sûr, équilibré et durable s’il ne concerne que certaines personnes. En ce sens, un système financier plus juste doit servir les pays en développement.
M. PETR PAVEL, Président de la République tchèque, a estimé que le Pacte pour l’avenir créait une base solide pour un système multilatéral meilleur et plus efficace, et a affirmé que son pays était prêt à s’engager avec d’autres pour assurer un suivi fructueux du Sommet. Il a dénoncé l’agression russe contre l’Ukraine, qu’il a qualifiée de « défi singulier qui ébranle le cœur même du système international et les principes fondamentaux des Nations Unies ». Saluant l’adoption du Pacte numérique mondial, il a insisté sur les opportunités offertes par les technologies émergentes, comme l’intelligence artificielle ou la biotechnologie, tout en les mettant en regard avec les risques générés par la plus grande dépendance à ces technologies, qui crée de plus grandes vulnérabilités. Dans cette optique, il a indiqué qu’il avait coparrainé le lancement du Sommet GeoTech à Prague, qui se tiendra chaque année dans le cadre du Forum Globsec. Il a précisé qu’il visait à favoriser le dialogue entre les entreprises et les gouvernements, notamment en vue de lutter contre l’utilisation de la technologie de manière abusive par des acteurs malveillants, États ou individus.
Rappelant que les changements climatiques avaient récemment affecté son pays, le Président a affirmé qu’ils agissaient comme un multiplicateur de menaces susceptibles d’aggraver certains des plus grands défis de l’humanité, tels que la pauvreté, la faim ou la santé. Il a par ailleurs invité instamment les États Membres à payer leur contribution financière aux Nations Unies en intégralité et dans les délais impartis, comme le faisait son pays.
M. BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA, Président par intérim du Gabon et Président du Comité pour la transition, a mis en avant les réformes de son gouvernement pour améliorer la vie de ses citoyens, une promesse d’espoir qui passe par une gouvernance transparente, dans un esprit de réconciliation nationale et d’attachement au multilatéralisme.
En matière de paix et de sécurité, le dignitaire a jugé évident que le Conseil de sécurité doit se réformer. L’Afrique, théâtre d’une « conflictualité déplorable », doit prendre une part plus grande aux efforts pour parvenir à la paix. Il semble aussi indispensable de réformer l’architecture financière mondiale en investissant massivement dans la réalisation des ODD. Dans le souci de ne laisser aucun pays en marge, tous doivent avoir un accès aux ressources financières nécessaires, ce qui nécessite un allégement de la dette, ainsi que des opportunités de financement concessionnel, telles que « la rétribution pour la conservation des forêts », ou encore « la conversion dette-nature ». La solidarité internationale appelle aussi à une coopération scientifique et un transfert des nouvelles technologies, a insisté le Président par intérim.
Plus de la moitié des Gabonais ont moins de 20 ans, et le Gabon s’engage donc naturellement de plain-pied dans le Pacte pour l’avenir, pour donner davantage aux jeunes voix au chapitre, a conclu M. Oligui Nguema.
M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, s’est dit convaincu que le Sommet offre une occasion unique de réfléchir à l’efficacité des structures actuelles pour relever les principaux défis mondiaux. L’ordre fondé sur le droit international et la solidarité inscrit dans la Charte des Nations Unies est gravement menacé et le système multilatéral est devenu dysfonctionnel et doit être réformé. « Nous ne pouvons pas accepter que ceux qui remettent cet ordre en question gagnent en puissance », a lancé le Président de la Pologne, citant l’agression de la Russie contre l’Ukraine comme exemple édifiant.
M. Duda a plaidé pour une amélioration de l’efficacité du système des Nations Unies, suggérant de renforcer le droit international pour restaurer la confiance dans le multilatéralisme et maintenir la paix et la sécurité. Il a salué le Pacte pour l’avenir, qui vise à renforcer les trois piliers de l’activité onusienne: la paix et la sécurité; le développement et les droits humains; et le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international.
M. DANIEL NOBOA AZIN, Président de l’Équateur, s’est présenté comme un jeune président et a affirmé son désir de voir le Pacte pour l’avenir tenir ses promesses pour un avenir résilient, durable et inclusif. Il a appelé à s’attaquer à l’augmentation du chômage des jeunes au moyen d’investissements publics et privés, notamment dans l’éducation, pour les soustraire à la délinquance, à la drogue et à la criminalité transnationale organisée.
Évoquant l’examen national volontaire de son pays concernant l’état d’avancement des objectifs de développement durable, présenté devant l’Assemblée générale il y a deux mois, le Président équatorien a rappelé que six des cibles de l’objectif no 16 (« Paix, justice et institutions fortes ») génèrent des synergies avec 125 autres cibles des ODD. Il a affirmé que cette corrélation confirmait le lien entre les progrès en matière de paix et de développement durable. Ajoutant que son pays s’était engagé à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, il a indiqué que l’Équateur avait aligné son plan national de développement sur les ODD et a réalisé des progrès significatifs dans la réduction de la pauvreté, la lutte contre la malnutrition infantile et la défense de l’environnement. En Équateur, 40% de la population est âgée de 14 à 35 ans, a rappelé M. Noboa Azin, ajoutant que « si nous ne réglons pas les problèmes des jeunes, il sera impossible de concrétiser les ODD ».
M. PETER PELLEGRINI, Président de la Slovaquie, a observé que l’une des caractéristiques les plus positives de notre époque est la collecte massive de données. Associée à l’essor de la technologie de l’intelligence artificielle (IA), elle nous donne le pouvoir de voir et d’agir sur des bases factuelles et scientifiques. Cette médaille a toutefois son revers: la diffusion de la désinformation et des mensonges, a poursuivi le Président. C’est pourquoi les politiques doivent refléter le fait que nos vies sont de plus en plus transférées dans l’espace numérique. « Nos identités en ligne deviennent tout aussi importantes que nos identités physiques », a observé M. Pellegrini, pour qui l’ONU doit créer les conditions d’un « humanisme numérique » - c’est-à-dire définir les droits et les obligations du monde virtuel, ainsi que les outils pour leur application. Et comme les menaces et les dangers en ligne ne sont pas moins réels que leurs versions hors ligne, « nous devons nous assurer que les règles du monde en ligne reflètent les règles de notre monde physique ». Les mots et les actes dans le monde virtuel peuvent même être encore plus destructeurs du fait de leur viralité, a verti le chef d’État.
Pour la Slovaquie, l’expression d’opinions dans l’espace numérique ne doit pas être restreinte. Elle devrait néanmoins être guidée par des principes similaires à ceux appliqués hors ligne: en pleine responsabilité, avec l’identité du locuteur « clairement identifiée ». « Ne confondons pas ces règles avec une atteinte à la liberté d’expression; toute liberté exige une responsabilité », a argumenté M. Pellegrini.
Rappelant que nul ne connaît l’avenir, mais que le rythme du changement ne ralentira pas, le Président slovaque a jugé évident que l’éducation, l’inclusion, l’investissement dans la jeunesse et la réduction de la fracture numérique joueront un rôle essentiel dans la préparation de l’avenir numérique. « Tout le monde mérite de partir sur la même ligne de départ avec les technologies numériques », qui ouvrent la voie vers une vie meilleure, a-t-il ajouté. L’accès aux outils numériques ne doit pas être déterminé uniquement par l’argent, mais par les compétences et les talents individuels.
Vivre dans un monde numérique signifie également un apprentissage tout au long de la vie. « J’ai la cinquantaine et j’adore la technologie, mais je dois être prêt à acquérir constamment de nouvelles compétences pour suivre le rythme », a concédé M. Pellegrini, pour qui « le changement et l’adaptabilité resteront les seules constantes » à l’avenir. Un choix d’infrastructures judicieux, la collecte et l’analyse de données doivent façonner les politiques en priorité — et non l’intuition, les préjugés ou les partis pris, a conclu l’orateur.
M. ALEXANDER STUBB, Président de la Finlande, a jugé que le Pacte pour l’avenir est excellent car il montre la différence entre le multilatéralisme et la coopération, d’un côté, et le désordre, de l’autre. Le Pacte démontre que l’ONU fonctionne, a ajouté M. Stubb, avant de souligner le paradoxe de notre époque qui est de se tourner vers un désordre multipolaire, dont le résultat est de ne pas réaliser les ODD et d’être confronté à des conflits. En venant aux critiques contre les Nations Unies, le Président de la Finlande a rappelé que l’Organisation fonctionnait sur bien des questions mais que le Conseil de sécurité avait échoué, en ne parvenant pas à maintenir la paix et en étant peu représentatif. Le Conseil doit être élargi, le droit de veto doit être supprimé et le droit de vote d’un membre du Conseil qui viole de manière flagrante la Charte des Nations Unies doit être suspendu, a tranché le Président. S’agit-il d’une proposition réaliste? a-t-il demandé, recevant pour réponse de nombreux applaudissements de la salle.
M. EDGARS RINKĒVIČS, Président de la Lettonie, a déclaré qu’un multilatéralisme efficace est essentiel dans un monde de plus en plus interdépendant, notant que les Nations Unies jouent un rôle primordial pour faire face aux défis mondiaux tels que les changements climatiques et les pandémies.
Les Nations Unies sont la seule organisation véritablement mondiale, dont le rôle est essentiel pour maintenir la paix et la sécurité internationales, mais dont les cadres nécessitent une révision urgente, a poursuivi le Président de la Lettonie. Par exemple, les institutions internationales doivent devenir plus représentatives, et refléter les réalités politiques et économiques d’aujourd’hui. S’agissant du Conseil de sécurité, il a dit soutenir fermement une amélioration de ses méthodes de travail et a souligné que les membres permanents doivent respecter leur responsabilité de protéger la paix et la sécurité, en particulier la Russie, qui continue de « mener une guerre d’agression brutale contre l’Ukraine ».
M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a espéré que le Sommet permettrait de faire des progrès dans le domaine de la réforme de la structure financière internationale. S’agissant des changements climatiques, il s’est plaint des mesures insuffisantes pour garantir à tous un accès à l’eau et à l’assainissement, avant d’appeler à des mesures constructives pour gérer les ressources hydriques de la planète. La Décennie d’action sur l’eau (2018-2028) est, selon le Président, un bon exemple montrant comment régler ces problèmes. Il est possible, a-t-il insisté, de réunir les conditions garantissant la sécurité hydrique de millions de personnes dans le monde.
Renforcer la coopération pour réussir le développement durable est tout aussi essentiel à ses yeux pour lutter contre le terrorisme. Dans ce contexte, le Président a préconisé l’échange d’informations ainsi que le renforcement des capacités pour lutter contre la menace mondiale du terrorisme.
Jugeant nécessaire d’agir ensemble pour un monde sans laissés-pour-compte, M. Rahmon a enfin proposé de mettre sur pied une « décennie du renforcement de la paix pour les générations à venir » pour renforcer le rôle des Nations Unies afin de parvenir à la paix et à la stabilité sur la planète.
M. ALESSANDRO ROSSI et Mme MILENA GASPERONI, Capitaines-régents de la République de Saint-Marin, ont rappelé le rôle historique de leur pays dans l’accueil des réfugiés, citant l’accueil de plus de 400 réfugiés ukrainiens, « plus de 1% de la population totale de Saint-Marin ». Ils ont également mis en avant son rôle de promoteur de la résolution qui a établi en 2000 le 29 septembre comme Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, moyen de contribuer à la sécurité alimentaire. Se disant convaincus que le présent Sommet et le Pacte pour l’avenir donneront une nouvelle impulsion à l’ensemble du système multilatéral et plus généralement à la coopération internationale, ils ont rappelé que, pour les petits État, le droit international représente la seule sauvegarde en cas de menace contre leur existence. Les forums multilatéraux représentent pour eux un précieux mégaphone pour faire entendre leur voix, sinon inaudible. Au sein de telles enceintes, Saint-Marin a toujours contribué à mettre en valeur le rôle que les petits États peuvent jouer en tant que facilitateurs du dialogue et que promoteurs de la paix, ont ajouté les deux capitaines-régents, qui ont assuré que Saint-Marin continuera de contribuer activement à la recherche de solutions collectives en vue d’un avenir de paix et de dialogue, un meilleur avenir, plus durable, pour nous-mêmes et pour les générations futures, conformément au droit international, y compris la Charte des Nations Unies.
M. NIKOS CHRISTODOULIDES, Président de Chypre, a constaté que les négociations intergouvernementales sur le Pacte pour l’avenir, le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures avaient révélé l’existence de différents points de vue, estimant cependant que les efforts pour surmonter cette diversité faisaient la force du multilatéralisme. Il a affirmé qu’en tant que membre de l’Union européenne et du Groupe Asie-Pacifique, et grâce à ses liens étroits avec les petits États insulaires en développement, Chypre « occupe une position unique et fait office de pont entre les régions et les perspectives ». Le Président a expliqué que, pour son pays, « les changements climatiques ne sont pas une menace lointaine, mais une réalité vécue », notamment en raison des sécheresses, de l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes. Il a rappelé que Chypre avait présenté sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027.
ALBERT II, Prince souverain de Monaco, a souligné que les tensions sont exacerbées par les changements climatiques. Réconcilier l’homme et la nature est un prérequis indispensable pour édifier des sociétés durables et inclusives, a-t-il demandé. Il a insisté sur l’importance de l’inclusion de toutes les femmes, levier essentiel du progrès. Il a ensuite loué le pouvoir d’unification du sport, qui est souvent sous-estimé, alors qu’il efface notamment les barrières sociales. Mon pays va œuvrer pour que la contribution du sport soit pleinement reconnue, a affirmé Albert II. S’inquiétant des abus dans l’usage des technologies numériques, le souverain a salué l’adoption du Pacte numérique mondial. Accélérons nos efforts pour réformer nos institutions afin de les rendre plus inclusives et durables, a-t-il conclu.
M. WESLEY W. IMINA, Président des États fédérés de Micronésie, a rappelé que ces pays avaient toujours exprimé leurs préoccupations, notamment en plaidant pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre conformément à la trajectoire de 1,5 degré Celsius. Ils ont en outre toujours soutenu les initiatives visant à éliminer les subventions aux combustibles fossiles et l’utilisation de ces combustibles, qui contribuent de manière significative au réchauffement climatique à court terme. Dès lors, et bien qu’ayant adhéré au Pacte pour l’avenir, ils conservent quelques inquiétudes concernant le texte adopté. Nous aimerions suggérer que les Nations Unies veillent à ce que la mise en œuvre du Pacte comprenne des engagements solides et durables pour abandonner le charbon, le pétrole et le gaz dans tous les secteurs de la société, en s’alignant sur la limite de 1,5 degré Celsius de l’Accord de Paris, a-t-il dit.
Le chef d’État a aussi appelé à l’action immédiate. Nous possédons les outils, les connaissances et l’esprit d’innovation nécessaires pour lutter contre les changements climatiques et protéger nos écosystèmes, a-t-il rappelé. Le Pacte pour l’avenir est un appel à l’action, nous exhortant à nous engager à atteindre des objectifs climatiques ambitieux et à investir dans les énergies renouvelables. Ensemble, nous devons nous efforcer de créer une économie verte qui donne la priorité à la fois à notre planète et à notre population, a-t-il conclu.
Pour M. DAVID RANIBOK ADEANG, Président et Chef d’État de la République de Nauru, le Sommet de l’avenir est un appel à l’action, pour reconstruire la confiance et assurer un avenir vivable. Toutefois, il s’est demandé si les besoins des plus vulnérables sont vraiment pris en compte, sous forme d’engagements concrets, avec des indicateurs solides afin d’en assurer le suivi. Nous ne pouvons pas nous contenter de paroles vaines, a lancé le Président, qui a appelé les banques multilatérales et les institutions financières internationales à participer à ces efforts.
M. JOSÉ RAÚL MULINO QUINTERO, Président du Panama, a indiqué que dans son pays, 64,8% de la population était en âge de travailler, dont une proportion importante de jeunes. Il a constaté que les défis auxquels les États Membres étaient confrontés évoluaient beaucoup plus vite que leur capacité à les résoudre et qu’il était impossible de les affronter en ordre dispersé. « Le Sommet pour l’avenir est donc une étape cruciale dans la construction d’un multilatéralisme plus robuste et efficace », a-t-il martelé, ajoutant qu’il convenait de « mettre à jour » les institutions internationales, notamment le Conseil de sécurité et l’architecture financière mondiale.
S’inquiétant du retard pris en vue de mettre en œuvre le Programme 2030, il a dénoncé l’augmentation continue des inégalités, de l’insécurité et de la violence, et évoqué la crainte croissante de l’utilisation d’armes nucléaires découlant de conflits ouverts. Il a salué la nomination d’un envoyé spécial des Nations Unies chargé de veiller à ce que les décisions de l’Organisation tiennent compte des implications pour les générations futures, ainsi que la création d’un « laboratoire des futurs ».
Mme HILDA HEINE, Présidente des Îles Marshall, a axé son discours sur l’interconnexion du développement et de la sécurité dans la région Pacifique. Dans son pays, de faible élévation, la menace climatique est partout. « En mettant l’accent sur la construction de la paix, nous pouvons réduire l’élévation du niveau de la mer et les tensions », a-t-elle formulé.
La fracture numérique mondiale est une entrave majeure au développement de la région Pacifique, l’une des régions les plus isolées de la planète. La Présidente s’est donc félicitée de l’adoption du Pacte numérique mondial et des perspectives de développement du numérique avec le système des Nations Unies. Néanmoins, le document ne fait qu’acter la fragmentation multilatérale, a-t-elle regretté, frustrée par les « limites politiques », le gouffre entre les mesures ambitieuses et la maigreur des financements disponibles, ainsi que par les belles paroles prononcées lors des sommets internationaux et aussitôt oubliées.
Le système international ne parvient pas à identifier ni à régler les problèmes, a déploré Mme Heine, pour qui de nombreux ODD n’avancent plus en dépit de la volonté politique. Il faut en conclure que les financements manquent, ou « n’atteignent jamais nos pays, nos communautés », a-t-elle poursuivi. Mme Heine a aussi appelé à établir un lien concret entre le Pacte pour l’avenir et le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement (PEID), les PEID nécessitant une attention particulière. Enfin, saluant « un partenaire clef pour les Îles Marshall », elle a conclu en demandant que Taiwan soit reconnue par l’Organisation pour prendre part aux travaux des Nations Unies.
M. SURANGEL S. WHIPPS, Président des Palaos, a expliqué que la tradition de son pays nommée « bul », une pratique de gestion des ressources ancrée dans la préservation de l’ordre social, avait guidé son pays sur les chemins de la durabilité pendant des siècles, protégeant l’écosystème pour les générations futures. « Tout en étant parmi ceux qui contribuent le moins aux changements climatiques, nous sommes confrontés à leurs effets les plus graves », a-t-il constaté, évoquant l’élévation du niveau de la mer et les événements climatiques extrêmes qui menacent les hôpitaux, les écoles et la sécurité alimentaire de ses concitoyens. Affirmant que la dépendance aux combustibles fossiles avait aggravé les inégalités et la pauvreté, il a indiqué qu’en renouant avec la tradition du bul, couplée à des approches scientifiques et technologiques, son pays pouvait combattre la pauvreté, rétablir l’équilibre des écosystèmes et lutter efficacement contre les changements climatiques.
Saluant le financement international de la résilience climatique, le Président a toutefois regretté que des « exigences trop lourdes » le rendent inaccessible, et appelé à ce qu’il soit adapté aux conditions particulières des PEID. Les progrès réalisés en vue de réaliser les ODD sont insuffisants, a-t-il déploré, précisant que 37% des objectifs étaient en régression contre seulement 15% sur la bonne voie. Il a évoqué les progrès réalisés par son pays en matière d’éducation et de réduction de la dépendance alimentaire nationale, notamment grâce à la construction d’un port de pêche, et à la création d’un sanctuaire marin. Se félicitant du projet international pour développer la prospérité du « Pacifique bleu » (Unlocking Blue Pacific Prosperity), lancé lors de la COP 28, il a appelé à un meilleur financement international. Il a également appelé à résister à la tentation destructrice de l’exploitation minière des fonds marins, pour que le plus grand puits de carbone du monde, l’océan, ne soit « abîmé par une cupidité à courte vue ».
M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, a appelé à repenser le modèle de développement international, prédisant un avenir sombre si cela n’était pas le cas. « Changeons de cap », a-t-il plaidé. L’action collective doit se mener dans des cadres politiques rénovés, a dit le Président. Il a également appelé à repenser le multilatéralisme tant la gouvernance actuelle est obsolète, avant de plaider pour un nouveau modèle. « Pour regarder vers l’avenir, il faut regarder vers l’Afrique », a poursuivi le Président, en insistant sur la jeunesse et le potentiel du continent. Il a estimé que l’État, en Afrique comme ailleurs, doit jouer un rôle central de coordination car il est le seul garant des intérêts de la population et des générations futures. Au Togo, nous nous efforçons de bâtir un État fort, a affirmé le Président, avant de déplorer l’insuffisance et la déconnection de l’aide internationale. Enfin, il a insisté sur la nécessité que l’Afrique soit mieux représentée sur la scène internationale
M. TIEMOKO MEYLIET KONÉ, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, a estimé que la tenue de ce sommet marque un tournant historique dans les efforts visant à refonder notre planète, et s’est réjoui de l’élan de solidarité qui a permis l’adoption du Pacte pour l’avenir et ses annexes. Notre grande attente est que ce pacte favorise l’avènement d’un monde juste et durable, à travers des actions concrètes et déterminées. Nous devons, par conséquent, tout mettre en œuvre pour rétablir la paix partout où les conflits sévissent, a-t-il dit.
Le dignitaire a également plaidé pour une gouvernance mondiale plus juste, plus représentative et plus inclusive. À cet effet, le multilatéralisme doit être revitalisé pour encourager une coopération internationale plus étroite et plus efficace. L’heure est donc venue d’adapter les institutions financières internationales et la gouvernance mondiale aux réalités actuelles, tout en veillant à accorder une attention particulière à la modernisation des Nations Unies, notamment à la réforme du Conseil de sécurité, a-t-il dit, disant fonder un réel espoir dans la mise en œuvre effective des recommandations de ce sommet.
M. TEODORO NGUEMA OBIANG MANGUE, Vice-Président en charge de la défense et de la sécurité de l’État de la Guinée équatoriale, a évoqué un moment crucial de l’histoire pour décider de l’avenir de nos nations et de la communauté internationale. Mais cela ne sera pas possible sans prendre en compte la place unique de l’Afrique, qui est à la fois un défi et une opportunité. Il a souligné que la coopération internationale est indispensable pour bâtir des infrastructures résilientes et durables pour l’ensemble des générations. Le Pacte pour l’avenir sera essentiel pour l’avenir des jeunes, raison pour laquelle il faut investir dans leur éducation et leur bien-être, a-t-il ajouté. Il a ensuite lancé un appel à tous les pays, du Nord comme du Sud, pour qu’ils unissent leurs forces et bâtissent un avenir dans lequel chaque personne puisse vivre de manière digne et dans l’espoir.
Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, a rappelé que les petits États insulaires en développement du Pacifique étaient en première ligne dans la lutte contre les changements climatiques. Ils sont confrontés à leurs effets au quotidien: élévation du niveau de la mer, catastrophes naturelles, érosion, entre autres.
Appelant à agir dès maintenant pour ne pas compromettre l’existence des générations futures, en revoyant à la hausse les efforts pour la transition vers un avenir durable, le dignitaire a réaffirmé la nécessité d’accélérer l’action climatique au cours de cette « décennie décisive ». Compte tenu du principe de « responsabilité commune mais différenciée », ainsi que des capacités différentes d’un pays à un autre, il a appelé à se concentrer sur les besoins des pays en développement touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques, en leur octroyant davantage de financement climatique. Il a appelé la communauté internationale à combler le déficit financier en faveur des PIED en revoyant les ambitions à la hausse dans le cadre des contributions définies au niveau national, et en accélérant le transfert de technologies. Les changements climatiques sont aussi une question de sécurité car « ils accroissent les tensions sociales et exercent une pression humanitaire », a-t-il ajouté.
M. IRAKLI KOBAKHIDZE, Premier Ministre de la Géorgie, a rappelé que seuls 17% des objectifs de développement durable sont en passe d’être atteints, tout en estimant que les résultats du Sommet de l’avenir feraient progresser de manière significative le Programme 2030. Dans un monde marqué par les conflits, les agressions et les déplacements forcés, le Pacte pour l’avenir est un moyen essentiel pour aller de l’avant, a-t-il estimé, tout en reconnaissant que le véritable défi consisterait à traduire les engagements pris en actions concrètes.
Mme GIORGIA MELONI, Présidente du Conseil des ministres de l’Italie, a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, fruit de négociations complexes. Évoquant la phase de mise en œuvre, elle a rappelé que les défis sont multiples, des effets des changements climatiques aux inégalités économiques et aux crises humanitaires et sanitaires, en passant par la criminalité transnationale et les conflits armés, en particulier « la guerre inacceptable que mène la Russie contre l’Ukraine ». Face à un tel scénario, « nous n’avons d’autre choix que d’agir », a-t-elle affirmé.
Pour Mme Meloni, les crises peuvent toutefois être des « sources d’occasion », propices à l’action. Aucun État ne peut faire cavalier seul pour répondre à ces défis, a-t-elle souligné, justifiant ainsi le soutien de son pays au multilatéralisme et à l’ONU, organisation où toutes les voix sont entendues. Toute organisation n’est efficace que si ses règles sont justes et fondées sur un accord mutuel, a poursuivi la dirigeante, pour qui la réforme de la gouvernance de l’ONU, et notamment de son Conseil de sécurité, ne peut faire fi des principes d’égalité, de démocratie et de représentativité. « Cette réforme ne fonctionnera que si elle est mise au service de tous et non de quelques-uns », a-t-elle averti. Il convient donc de repenser la manière de coopérer entre les nations, a-t-elle soutenu, assurant que l’Italie adopte cette approche avec l’Afrique, continent « trop souvent sous-estimé ».
S’agissant des technologies de pointe, question qui est au cœur du Pacte numérique mondial et de la présidence italienne du G20, la Cheffe du Gouvernement italien a dit considérer l’intelligence artificielle comme un « facteur de multiplication ». Si ce progrès peut permettre de guérir des maladies, cela contribuera à l’intérêt collectif. Mais s’il remet en question les équilibres mondiaux, ce sera catastrophique, a-t-elle averti, jugeant crucial que l’intelligence artificielle reste exploitée par les humains.
M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de la Croatie, a déploré que l’agression russe contre l’Ukraine comme le conflit à Gaza mettent aujourd’hui à rude épreuve l’esprit de coopération incarné par l’ONU. Dans cette période trouble, il est nécessaire de rétablir la confiance et la solidarité entre les nations, a-t-il insisté. La Croatie le comprend très bien, a-t-il poursuivi, rappelant la guerre qui l’a frappée il y a 30 ans et les progrès accomplis depuis par le pays, devenu membre de l’Union européenne et de l’OTAN. Selon lui, cette histoire douloureuse a conféré à la Croatie une compréhension unique des défis associés aux conflits et rappelle l’importance d’agir très tôt pour les prévenir.
M. Plenković a lancé un appel pour faire une priorité du développement durable, considérant qu’il s’agit d’un socle pour la paix, la stabilité et la sécurité mondiales. Pour ce faire, il a préconisé une réforme des institutions financières internationales. Il a également réitéré sa confiance dans le multilatéralisme, qui permettra prospérité, sécurité et respect des droits humains, pour autant qu’il soit ancré dans le droit international et la Charte des Nations Unies.
Détaillant les actions de son pays pour mettre en œuvre le Programme 2030, le Président croate a mentionné ses trois processus prioritaires, à savoir la transformation numérique, la décarbonation et le renouveau démographique. Une vision tournée vers l’avenir, en équilibre entre progrès économique et responsabilité sociale, s’est-il félicité. Il a conclu en exhortant les pays membres à lancer une action climatique et à lutter pour la biodiversité et contre la dégradation environnementale, et en appelant de ses vœux une gouvernance plus inclusive et représentative de la diversité mondiale.
M. JONAS GAHR STØRE, Premier Ministre de la Norvège, a plaidé pour une transformation de la gouvernance mondiale, avec un système multilatéral plus efficace, transparent et représentatif. Le Pacte pour l’avenir propose une vision à cet égard, couvrant les trois principaux piliers de l’ONU, a-t-il estimé. Le Premier Ministre a appelé à combler le déficit de financement considérable actuel pour atteindre les ODD, sans laisser personne de côté, ce qui implique d’augmenter le financement et les investissements pour le climat. Avec le Mexique, le Népal et la Zambie, la Norvège servira de cofacilitateur pour la prochaine Conférence sur le financement du développement, a-t-il annoncé, ajoutant que son pays s’engage à œuvrer avec tous les États Membres à un résultat ambitieux à Séville l’année prochaine.
Le Pacte, a noté M. Støre, répond à juste titre à la nécessité d’accorder un allégement de la dette suffisant et opportun aux pays en difficulté, de réformer les banques multilatérales de développement et de promouvoir une coopération fiscale plus inclusive et efficace. Le Gouvernement norvégien continuera de s’engager de manière active et constructive pour élaborer une convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale.
Enfin, le Premier Ministre a estimé qu’il fallait un Conseil de sécurité plus transparent, inclusif et efficace, avec des restrictions plus importantes sur l’utilisation du droit de veto. Il faut aussi remédier à l’injustice historique faite à l’Afrique et améliorer la représentation des régions sous-représentées.
M. JOHN BRICEÑO, Premier Ministre du Belize, s’est inquiété des lenteurs dans la réalisation des objectifs de développement durable. « Nos objectifs climatiques et de développement sont en train de nous échapper. » Afin d’y remédier, il a souhaité que les voix des marges se trouvent au centre: « les voix des jeunes, des femmes, des peuples autochtones et des pays comme le mien, les petits États insulaires en développement. » Le Premier Ministre a loué les progrès accomplis par son pays sur la voie du développement durable, avant de mentionner les domaines d’action à améliorer, tels que l’entrée de davantage de femmes dans le marché du travail ou la réduction du déficit commercial. « Nous pourrons aller plus loin, plus vite avec un soutien international », a-t-il déclaré, en soulignant la nécessité que cette aide soit adaptée aux spécificités des pays comme le sien. Enfin, il a estimé que les fondations de l’architecture financière internationale actuelle appartiennent à une époque révolue. « Plus qu’une opportunité, le Sommet de l’avenir est un défi, montrons-nous à la hauteur. »
M. NIKOL PASHINYAN, Premier Ministre de l’Arménie, a déclaré que la chose la plus importante pour construire l’avenir était de « créer des récits positifs ». Il a expliqué qu’une des causes des crises actuelles venaient du fait que les enceintes internationales étaient depuis longtemps devenues le théâtre d’accusations mutuelles et de menaces, où l’on entend seulement parler de crises et d’impasses. Le Premier Ministre a toutefois reconnu qu’il n’y avait pas beaucoup de matière à satisfaction, estimant que cela s’expliquait peut-être par une absence de discours positifs dans le passé. Constatant que les faits négatifs étaient omniprésents, il a exhorté à s’efforcer de voir les conditions préalables d’un avenir meilleur.
Mon parti a adopté le slogan « Il y a un avenir » alors qu’il semblait ne plus y avoir de raisons d’être optimiste dans notre région, a—t-il confié, estimant que la même situation se présentait aujourd’hui à l’échelle mondiale. Le Premier Ministre a également indiqué que contrairement à ses trois précédentes interventions à cette tribune lors des dernières assemblées générales, il souhaitait, cette année, se concentrer sur les opportunités plutôt que d’accuser les pays voisins dans ses discours. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès Dieu, et le Verbe était Dieu », a-t-il lancé, citant l’évangile selon Jean, en concluant qu’il fallait « commencer par les bonnes paroles ». Il a enfin proposé de considérer le slogan « Il y a un avenir » comme un théorème et de travailler à le prouver.
M. LUC FRIEDEN, Premier Ministre du Luxembourg, a déclaré que face à la réalité des conflits dans le monde et des ODD non atteints, il n’y a pas de remède miracle, pas de solution unique. Il n’y a que l’engagement qui compte, l’engagement concret. Selon lui, il est évident qu’il faut passer des mots à l’action sur la réforme des Nations Unies. Le Conseil de sécurité doit devenir plus représentatif, plus efficace et plus redevable à l’égard de l’ensemble des États Membres. Cela est d’autant plus urgent que l’expérience montre que les États élus au Conseil peuvent faire la différence en apportant d’autres perspectives, en particulier quand les membres permanents sont divisés. Le Luxembourg l’a prouvé en 2013-2014, et espère pouvoir de nouveau le prouver s’il est élu pour le mandat 2031-2032, a promis son Premier Ministre.
Il a également assuré que de la même manière, le Luxembourg, en tant que membre du Conseil des droits de l’homme, s’engage pour promouvoir les droits humains et le droit international. Il continue aussi de tenir son engagement en matière d’aide publique au développement en y consacrant chaque année 1% de son revenu national brut. Il continue en outre de tenir son engagement en matière de financement climatique, qui s’ajoute à sa contribution à l’aide publique au développement.
M. NARENDRA MODI, Premier Ministre de l’Inde, a voulu faire entendre la voix d’un sixième de l’humanité: nous devons veiller au bien-être humain, à la sécurité alimentaire, à la santé. L’Inde, a-t-il dit, a réussi à faire sortir 250 millions de personnes de la pauvreté et a démontré que le développement durable peut être un succès. Nous sommes prêts à partager cette expérience avec l’ensemble du Sud car l’avenir de l’humanité dépend des forces collectives, et pas des champs de bataille. À cet égard, M. Modi a plaidé pour la réforme des institutions internationales. Nous avons besoin, a-t-il poursuivi, de règles équilibrées pour garantir une utilisation sûre et responsable des technologies numériques. Les infrastructures numériques publiques devraient être des ponts, pas des obstacles. À ce sujet, l’Inde est également disposée à partager son expérience et elle continuera à travailler, à réfléchir et à agir pour protéger les droits de toute l’humanité et assurer la prospérité de tous.
M. RUSSEL MMISO DLAMINI, Premier Ministre d’Eswatini, a évoqué les défis sans précédent auxquels fait face l’humanité, citant la pauvreté, les inégalités face aux changements climatiques et la transformation technologique. Estimant qu’aucune nation ne peut les relever seule, il s’est félicité que le Pacte pour l’avenir préconise un renouvellement du système multilatéral qui doit être plus inclusif, équitable et réactif. Il a rappelé que son pays et d’autres nations africaines réclament depuis longtemps la réformes des Nations Unies. La structure du Conseil de sécurité, s’est-il expliqué, ne reflète pas les réalités géopolitiques. L’Afrique mérite d’y siéger de manière permanente. Cette réforme, a-t-il insisté, est essentielle pour maintenir la légitimité du système international et pour relever les défis liés à la sécurité internationale.
Arguant du rôle de Taiwan dans les domaines de la santé publique mondiale, du développement économique et de l’innovation technologique, le Premier Ministre a estimé que ce pays mérite une place dans le système international, d’autant plus que son exclusion est un obstacle à la coopération entre États. Le Premier Ministre a poursuivi sur la question de la dette et de la réforme de l’architecture financière internationale. Le fardeau de la dette, a-t-il souligné, empêche les pays concernés à investir comme il faut dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des infrastructures. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale doivent évoluer de manière à répondre au mieux aux besoins des pays en développement. Enfin, il a exhorté les pays développés à assurer le financement climatique et à soutenir le transfert des technologies, comme l’intelligence artificielle, pour qu’elles deviennent des outils d’inclusion plutôt que d’exclusion.
Les générations futures sont sur le point d’hériter des plus grandes avancées technologiques mais que si les changements climatiques ne s’atténuent pas, elles n’auront peut-être plus de terre où vivre, a prévenu M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda. Notre planète est limitée, mais l’appétit humain pour le profit est sans limite tout comme le désir d’expansion territoriale. Qui compensera les générations futures pour notre égoïsme? Qu’en est-il du principe du pollueur payeur censé guider l’action climatique?
« Nous qui avons le moins contribué à la crise climatique, nous en subissons les pires conséquences », a protesté M. Browne, qui a estimé insultant que « les grands pollueurs » s’octroient des centaines de milliards de dollars en crédits carbone, afin de prolonger l’utilisation excessive des combustibles fossiles, aux dépens de l’avenir des petits États insulaires en développement (PEID). Les pays riches responsables de la crise climatique, doivent faire face à cette vérité indiscutable: « vous avez une dette envers le monde ». Le temps des excuses est révolu, payez pour « vos actes écocides » et prenez immédiatement des mesures pour réduire drastiquement vos émissions et financez la transition vers des alternatives énergétiques plus propres et plus vertes. Vous mettre devant vos responsabilités est un impératif éthique nécessaire à notre survie, a martelé le Premier Ministre.
Au « lobby du pétrole », M. Browne a lancé: « les jours d’exploitation des ressources naturelles du Sud mondial sont comptés ». Aux « milliardaires du carbone, il a dit: « vos profits doivent alimenter un avenir durable, pas vos modes de vie dépensier ». Le Premier Ministre a réclamé des instruments financiers innovants et des technologies avancées. Le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID montre la marche à suivre pour changer d’orientation, préserver nos écosystèmes endommagés, assurer l’équité et la justice, en offrant à tous une justice climatique et financière.
Mgr PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a estimé que l’avenir doit être construit sur des principes, tels que la dignité inhérente et donnée par Dieu à chaque individu, la promotion du développement humain intégral, l’égalité et la dignité souveraine de toutes les nations et l’établissement d’une confiance entre elles. À cette aune, il a jugé nécessaire de repenser les actions dans un certain nombre de domaines, à commencer par l’éradication de la pauvreté, laquelle nécessite la volonté politique de parvenir au développement durable, notamment par la réforme des institutions financières internationales, la restructuration de la dette et l’annulation de la dette. S’agissant de la poursuite de la paix, le Secrétaire d’État du Saint-Siège a plaidé pour la mise en œuvre d’un désarmement général, avec pour objectif l’élimination totale des armes nucléaires. À ses yeux, les considérations géopolitiques étroites doivent être mises de côté et il faut résister aux puissants lobbys économiques afin de défendre la dignité humaine et de promouvoir le développement intégral.
Le Saint-Siège se prononce par ailleurs pour l’établissement d’un cadre réglementaire pour l’éthique de l’intelligence artificielle, qui englobe le cycle de vie de cette technologie, son impact sur l’emploi, la protection des données, la responsabilité et les préjugés. « Penser l’avenir doit prendre en compte les besoins et les intérêts des générations futures, garantir un avenir digne à tous et assurer les conditions requises –y compris un environnement familial stimulant– pour faciliter l’épanouissement », a conclu Mgr Parolin, non sans exprimer des réserves sur certaines des notions utilisées dans le Pacte pour l’avenir et ses annexes.
M. CHENDA SOPHEA SOK, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a déploré l’intensification des tensions géopolitiques. À l’aune de l’histoire de son pays, il a rappelé que la paix est un préalable au développement et au progrès. Grâce à la paix et à la stabilité, le Cambodge figure en tête des pays s’agissant de la réalisation des objectifs de développement durable, s’est-il félicité. Il a souligné la nécessité d’un financement suffisant du développement durable, avant d’appeler à la réforme de l’architecture financière internationale. Il est de notre responsabilité partagée de sauvegarder les intérêts des générations futures, a-t-il insisté. Enfin, il a jugé capital de réformer la gouvernance mondiale afin d’instaurer la paix et la stabilité et de réaliser lesdits objectifs. Mon pays est confiant que le Pacte va générer les réformes nécessaires pour renforcer le multilatéralisme, a-t-il conclu.
M. MURAT NURTLEU, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a affirmé l’engagement de son pays à respecter les trois documents historiques du Sommet de l’avenir. Dans cet esprit, il a estimé que le Sommet est un appel opportun à une réforme globale du système des Nations Unies, et en particulier du Conseil de sécurité. Il a aussi rappelé que les changements climatiques sont un problème mondial qui ne peut être résolu sans un engagement multilatéral.
L’Asie centrale est en première ligne du réchauffement climatique et sera confrontée à une augmentation des températures supérieure à la moyenne de 2,5 degrés d’ici à 2050, a fait observer M. Nurtleu. En guise de contribution à la lutte contre ce défi, le Kazakhstan accueillera le premier Sommet régional sur le climat sous les auspices de l’ONU en 2026. Il propose en outre d’ouvrir le Centre régional des Nations Unies pour le développement durable pour l’Asie centrale et l’Afghanistan afin de renforcer la coordination sur les résultats des ODD.
En tant que puissance régionale des technologies de l’information, le Kazakhstan a initié la création du Centre de solutions numériques de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique-ONU, afin de réduire la fracture numérique dans la région Asie-Pacifique. Il encourage par ailleurs, dans le domaine des armes nucléaires, tous les États à mettre de côté leurs divergences politiques et à se concentrer sur un nouvel ordre mondial fondé sur la confiance et le respect.
M. WANG YI, Représentant spécial du Président chinois Xi Jinping, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a appelé à redoubler d’efforts pour préserver la planète et pour la gouvernance mondiale. Il a également appelé à renforcer la solidarité et la coopération, estimant que « ce n’est pas un choix, c’est un impératif ». Selon lui, les grands pays doivent montrer l’exemple et renoncer aux confrontations de blocs et fédérer la paix internationale. Nous devons garantir une mondialisation inclusive garantissant la prospérité pour tous, a poursuivi M. Yi. L’approche du premier arrivé-premier servi ne sert personne et nous divise, a-t-il ajouté, insistant sur un avenir fait d’équité et de justice.
Évoquant les transformations technologiques en cours, M. Yi a salué les opportunités qui se profilent et rappelé que l’ONU doit être au cœur de la gouvernance de l’intelligence artificielle.
S’exprimant au nom des Pays-Bas, M. LUC MERCELINA, Premier Ministre de Sint Maarten, a rappelé que la Jamaïque et son pays avaient présenté la Déclaration sur les générations futures. Il a appelé les États Membres à se réengager pour le multilatéralisme afin de résoudre les problèmes les plus urgents, tels que les changements climatiques, l’inégalité des sexes et la pauvreté. Il a affirmé que le Pacte pour l’avenir répondait clairement à des questions essentielles pour les pays particulièrement vulnérables, dans des domaines comme la gestion de l’eau et la sécurité alimentaire.
Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a affirmé que les crises multiples auxquelles le monde fait face ne peuvent être réglées qu’en collaborant. Hélas, force est de constater que nous faisons l’inverse, a-t-elle déploré, exprimant ses craintes pour le multilatéralisme dans son ensemble. « Le Sommet de l’avenir est l’occasion de rectifier le tir », a soutenu la Ministre, selon laquelle il importe de poursuivre trois objectifs stratégiques, le premier d’entre eux étant de garantir la pérennisation de la paix. La paix, a-t-elle rappelé, n’est pas seulement l’absence de guerre, mais la présence de la justice, de la stabilité et du développement. « La paix ne peut prospérer que si l’ont fait valoir le droit international, sans deux poids, deux mesures ». Dans ce contexte, elle a souhaité que le « génocide » perpétré par Israël cesse immédiatement et que le droit des Palestiniens à ériger un État indépendant se concrétise enfin, sur la base de la solution des deux États. Le deuxième objectif est selon elle la préservation du droit au développement, qui suppose une accélération des efforts collectifs pour atteindre les ODD. Les pays du Sud doivent pouvoir se développer à l’abri de tarifs discriminatoires, a souligné l’intervenante. Enfin, le troisième objectif est de promouvoir un système de gouvernance mondial inclusif en réformant le Conseil de sécurité et les institutions financières internationales, a-t-elle indiqué, appelant à tenir compte du point de vue des pays en développement et à répondre à leurs préoccupations.
Mme OHOOD BINT KHALFAN AL ROUMI, Ministre d’État pour le futur et le développement des Émirats arabes unis, s’est inquiétée de la multiplication des crises et conflits qui entrave la paix et la sécurité mondiales, mais aussi la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Elle a préconisé de se concentrer sur les opportunités qu’offre la coopération internationale, estimant nécessaire de renforcer la Charte des Nations Unies et les principes de l’action multilatérale internationale.
Elle a rappelé l’occasion unique que représente le Sommet de l’avenir, où les États Membres peuvent confirmer leur engagement en faveur de la coopération internationale. À ce titre, elle s’est félicitée de l’adoption par 198 pays de l’agenda de la COP28, organisée par son pays, qui démontre la possibilité de la collaboration internationale. La Ministre a ensuite estimé nécessaire de se préparer pour l’avenir avec l’aide des technologies modernes, comme l’IA, considérant que leur utilisation judicieuse peut contribuer à la réalisation des ODD. Selon elle, ces technologies peuvent renforcer la cohésion et contrer les discours de haine. Rappelant le Pacte numérique mondial, elle a jugé essentiel que personne ne soit laissé de côté par ces développements. Enfin, elle a souhaité que toutes les mesures soient prises pour préserver l’environnement, la paix et la sécurité, notamment en consultant les femmes, la jeunesse et tous les composants de la société.
M. FAISAL BIN FARHAN AL-SAUD, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a souhaité que le Pacte pour l’avenir ramène la communauté internationale à ses principes fondamentaux, à ses lois et normes universelles, loin des guerres et des tensions géopolitiques qui ont creusé les écarts de développement entre nations, affaibli les liens entre les peuples et porté atteinte à la crédibilité des institutions internationales.
Pour réaliser notre ambition d’un avenir meilleur, la réforme du système des Nations Unies est devenue une nécessité urgente, afin qu’il puisse remplir son rôle face aux menaces qui perturbent la paix et la sécurité internationales et entravent les voies du développement, a affirmé le Ministre. Pour lui, le besoin urgent de réformes radicales des institutions internationales est clairement démontré par leur incapacité à mettre fin à la catastrophe humanitaire en Palestine et à demander des comptes aux autorités d’occupation israéliennes pour leurs massacres. Les échecs internationaux persistants dans l’instauration de la paix dans le monde, en particulier dans la résolution du conflit au Moyen-Orient, mettront à l’épreuve ce Pacte pour l’avenir, alors que la sécurité et la stabilité sont la base solide de toute coopération visant à réaliser le développement, a mis en garde le chef de la diplomatie saoudienne.
Mme LUMINITA-TEODORA ODOBESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a déclaré que la vision de son pays est claire: les piliers paix, droits de l’homme et développement durable sont plus que nécessaires. L’ordre international fondé sur des règles, qui est attaqué, doit être au cœur des actions. Il incombe donc à tous les États Membres de respecter les principes et les objectifs sur lesquels l’ONU a été construite. C’est une question de crédibilité, a poursuivi la Ministre, en évoquant le crime d’agression contre l’Ukraine qui ne doit pas rester impuni. Pour elle, le Sommet de l’avenir et ses résultats sont un « grand pas en avant » pour améliorer le travail de la communauté internationale. À cet égard, une action urgente est nécessaire pour relever les défis critiques découlant des changements climatiques ou pour faire en sorte que les nouvelles technologies appuient l’innovation et ne soient pas utilisées à mauvais escient pour fomenter des discours de haine et de désinformation. Il nous appartient de faire du Pacte pour l’avenir un modèle pour des sociétés pacifiques, justes et prospères, où personne n’est laissé pour compte, a-t-elle conclu.
M. VALDRACK JAENTSCHKE, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a jugé préoccupant que les pays en développement soient toujours confrontés aux impacts des crises provoquées avant tout par le « modèle économique égoïste et inhumain », qui empêche le développement et augmente encore la pauvreté extrême, la faim et les inégalités sur toute la planète. Commencer à reconnaître ces responsabilités et dessiner une voie claire pour de justes réparations permettra aux pays en développement de lutter contre la pauvreté extrême, les inégalités, les tensions politiques et en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable.
Le Ministre a cité au rang des obstacles pour atteindre un meilleur avenir les mesures coercitives unilatérales illégales imposées à plus de 30 pays. Il a plaidé pour un pacte politique mondial pour bâtir cet avenir commun, en consolidant le monde multipolaire en construction, fondé sur la coopération et non sur des agressions, dans le respect sans restriction du droit international, de la souveraineté et l’autodétermination des peuples.
M. VINCE HENDERSON, Ministre des affaires étrangères de la Dominique, a appelé à agir de façon audacieuse pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en résorbant le fossé entre les pays nantis et les autres. À cet égard, le Pacte numérique mondial tombe à point nommé, dans la mesure où il promet l’équité dans la distribution des nouvelles technologies. La lutte contre les inégalités ne peut jamais être considérée comme acquise, c’est une ambition de l’humanité qui doit faire l’objet d’un suivi. La Dominique est devenue indépendante en 1978, a rappelé le Ministre. Cette liberté a été le fruit d’une « lutte titanesque » contre l’esclavage, le colonialisme et les plaies atroces infligées à son pays. S’il a mis en avant son bilan en matière de lutte contre la pauvreté, notamment en direction des jeunes et des personnes âgées, il a toutefois souligné l’impact des catastrophes naturelles, comme les ouragans qui frappent l’île quasiment chaque année. « Nous sommes des survivants », a conclu le Ministre en citant l’artiste jamaïcain Bob Marley. « Tant que nous sommes sur Terre, nous nous battrons pour un monde plus pacifique. »
Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. YVAN GIL PINTO, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a regretté que, malgré de nobles idéaux, les négociations sur le Pacte se soient déroulées dans un contexte marqué par le « génocide » en cours en Palestine, par des tentatives de déclencher un conflit à l’échelle régionale au Moyen-Orient, par l’instrumentalisation croissante des droits humains, et par l’ingérence dans les affaires intérieures des États. Il a relevé le paradoxe selon lequel, à une époque interconnectée exigeant un plus grand pluralisme, le monde assiste à un recours croissant à l’unilatéralisme.
Cette tendance, marquée par des « actions isolationnistes et arbitraires », y compris l’imposition de mesures coercitives unilatérales ou le retrait de certains accords, « sape les efforts visant à relever les défis communs ». L’application sans deux poids, deux mesures, des principes de la Charte se trouve au cœur des relations internationales. Elle est nécessaire à la coexistence pacifique entre les nations. La tragédie humaine qui se déroule sous nos yeux dans la bande de Gaza rappelle brutalement l’importance vitale de ce principe intemporel, qui a pour fondement des décennies de colonialisme et leurs conséquences. Dans ce contexte, le Ministre a une fois de plus appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, notamment en réexaminant favorablement la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU.
M. EDUARDO ENRIQUE REINA GARCIA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a rappelé que la Présidente de son pays, Mme Iris Xiomara Castro Sarmiento, avait mis en garde contre le risque que représente la dette extérieure pour les États, jugeant essentiel de rebâtir une architecture financière internationale qui tienne compte des besoins d’un développement inclusif. Il a appelé le Secrétaire général à convoquer un sommet pour rétablir la paix et la sécurité internationales, en raison des nombreux drames qui se déroulent aujourd’hui, notamment celui du peuple palestinien. Il a également appelé à réformer le système des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, pour assurer le respect du droit international et pour esquisser un nouvel ordre politique et économique mondial qui préserve les droits à la souveraineté et à l’autodétermination des États du Sud. « Il faut rétablir la confiance des peuples dans notre organisation », a-t-il affirmé, citant la lutte contre la corruption, les changements climatiques, la pauvreté et l’unilatéralisme.
M. ALVA ROMANUS BAPTISTE, Ministre des affaires extérieures, du commerce international, de l’aviation civile et des affaires de la diaspora de Sainte-Lucie, citant Victor Hugo, a estimé que rien au monde n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu. Or, a-t-il poursuivi, le temps est venu pour l’idée d’un nouveau consensus international. Cette idée est le principe qui sous-tend le Sommet de l’avenir. Toutefois, la puissance du Pacte pour l’avenir ne réside pas dans l’adoption du texte, mais dans la mise en œuvre de ses engagements, a-t-il averti, ajoutant que nous avons le pouvoir de transformer la gouvernance mondiale pour répondre à l’évolution rapide de l’environnement mondial.
Détaillant les fondements sur lesquels s’appuient les actions de son gouvernement, le Ministre a mentionné la création d’un ministère de l’économie de la jeunesse. Toutefois, les efforts déployés à l’échelle nationale sont freinés par les menaces économiques, sociales, environnementales et géopolitiques, a-t-il déploré. Sainte-Lucie souffre notamment d’une vulnérabilité aux chocs économiques externes et ses écosystèmes terrestres et marins sont fragiles, a-t-il poursuivi. Il a estimé que le Programme d’Antigua-et-Barbuda, plan d’action des petits États insulaires en développement, représente une réponse à ces problèmes.
M. MAHAMOUD ALI YOUSSOUF, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Djibouti, a jugé urgent de parvenir à un consensus pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) dans les délais impartis. Il a blâmé les régimes commerciaux et les conditionnalités injustes qui ont pour résultat des disparités économiques énormes entre nations. Les institutions financières internationales doivent mobiliser des financements adéquats pour atteindre les ODD, protéger les pays des chocs systémiques et rendre le système financier plus stable, a plaidé M. Youssouf. Pour rétablir la confiance, nous devons repenser la gouvernance mondiale pour un système international plus juste, plus équitable et plus efficace. L’Afrique, a observé le Ministre, est toujours sous-représentée au sein de nombreuses organisations financières internationales, alors qu’elle est la destinataire du plus grand nombre de programmes du Fonds monétaire international (FMI), où pourtant elle n’a que 6,5% des voix. À la Banque mondiale, l’Afrique n’a que 11% des actions.
Mme ZEINA TOUKAN, Ministre du plan et de la coopération internationale de la Jordanie, a insisté sur l’importance de prendre des mesures concrètes afin de restaurer la confiance des peuples et des pays dans le système multilatéral. L’architecture financière internationale doit être un outil pour remédier aux inégalités dans la répartition du fardeau, non pas aggraver les disparités, a-t-elle ajouté, plaidant pour sa réforme afin de la rendre plus responsable et équitable, la voix des pays en développement devant mieux se faire entendre.
La Ministre a évoqué la catastrophe humanitaire inimaginable à Gaza en raison de la guerre barbare menée par Israël. « Une paix juste et durable est la seule voie à suivre pour mettre fin une bonne fois pour toute à ce conflit », a-t-elle affirmé, en appelant à l’édification d’un État palestinien viable et indépendant dans ses frontières de 1967. Enfin, elle a appelé à revitaliser le travail de l’Assemblée et à réformer le Conseil afin de le rendre plus représentatif et efficace, estimant que « le Sommet de l’avenir est l’occasion de revenir sur le bon chemin ».
M. MARIS SANGIAMPONGSA, Ministre des affaires étrangères de Thaïlande, a souhaité que le Pacte représente un changement fondamental dans la manière dont le monde conçoit la croissance. La philosophie de suffisance économique de la Thaïlande met la priorité sur l’usage durable des ressources de la planète et sur une cohabitation harmonieuse avec la nature, a expliqué le Ministre. Il a réclamé une réforme du Conseil de sécurité afin de le rendre plus représentatif et efficace. Il a souligné la nécessité de la volonté politique pour un avenir d’espoir, y compris pour les générations futures, affirmant: « Nous avons besoin d’unité et d’engagement. » La Thaïlande pays appuie le Pacte et son objectif de revitalisation du multilatéralisme et des institutions internationales, a dit le Ministre, pour qui « la coopération multilatérale n’est pas un luxe, mais une nécessité ».
M. SERGEI KHOMENKO, Vice-Président du Conseil de la République de l’Assemblée nationale du Bélarus, a mis en avant les contradictions croissantes dans les relations internationales. Selon lui, le monde est prisonnier de « l’égoïsme de l’Occident » qui ne pense qu’à garantir ses propres intérêts au détriment de ceux des autres. Il faut mettre un terme à cette dynamique dangereuse et s’éloigner du précipice, a-t-il plaidé, en appelant à un dialogue international sur la sécurité, dans l’esprit de celui de San Francisco. L’objectif serait d’élaborer une base constructive afin de bâtir un monde plus juste. Et le Sommet en cours dispose de ce potentiel, même dans ce contexte difficile, a argué le Ministre. Après avoir présenté les réalisations de son pays en matière d’ODD, il a dénoncé les sanctions internationales qui lui sont infligées. Or, non seulement les sanctions sont un obstacle majeur dans la réalisation des droits à travers le monde, mais elles sont contraires à la Charte. Elles sont une impasse et vont à l’encontre du bon sens, a-t-il insisté, expliquant que dans un monde aussi interconnecté les sanctions ont également des effets néfastes sur leurs auteurs.
Aucune nation ne peut se lever seule face aux défis communs, a déclaré M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée. La communauté internationale, a-t-il dit, doit travailler ensemble, guidée par les principes de respect mutuel, d’équité et de coopération. La souveraineté nationale et l’autodétermination doivent être le fondement de l’ordre international et toutes les nations doivent pouvoir choisir librement leur propre voie du développement, sans ingérence étrangère ni mesures coercitives unilatérales. Réaffirmant l’appui de son pays au multilatéralisme, le Ministre a noté que la paix et la sécurité sont les conditions préalables du développement durable. Toutefois, l’impact dévastateur des conflits limite les progrès et il est temps que la diplomatie soit promue au détriment de la force. Dans ce contexte, a dit le Ministre, mon pays appuie la réforme du Conseil de sécurité et la démocratisation des institutions financières internationales. Il s’est donc dit déçu que le libellé proposé par les pays du Sud ne figure pas dans les accords sur la réforme de ces institutions. Quant aux progrès technologiques, il a mis en garde contre les abus et la cybercriminalité, tout en plaidant pour un accès équitable aux technologies.
Mme PENNY WONG, Ministre des affaires étrangères du Commonwealth de l’Australie, a regretté que les idéaux posés voici 79 ans soient restés lettre morte et que l’ONU n’ait pas évolué au rythme des enjeux. Le Pacte pour l’avenir témoigne de notre capacité d’action, a souligné Mme Wong, constatant toutefois que des obstacles se dressent toutefois pour relever les défis d’aujourd’hui. Elle a appelé à réformer les Nations Unies, à condition que la réforme ne profite pas aux fauteurs de trouble. De même, il faut garantir la représentation de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie-Pacifique au sein du Conseil de sécurité, et s’assurer que les petits États voient leurs intérêts respectés. Quant à la sécurité et à la paix, l’année 2024 risque d’être la plus meurtrière et le personnel humanitaire doit être impérativement protégé.
La Ministre a ensuite expliqué plusieurs des actions menées par l’Australie dans la région, comme l’association avec les Tuvalu dans un cadre juridiquement contraignant reconnaissant l’importance de leur souveraineté par rapport à l’élévation du niveau de la mer. L’Australie s’est aussi associée avec le Japon pour apporter de l’aide aux pays les plus vulnérables de la région et a écouté les appels à réduire la fracture numérique en créant de la connectivité Sud-Sud grâce à des câbles sous-marins dans le Pacifique. « Les Nations Unies ne peuvent se réformer, c’est à nous de le faire en tant qu’États Membres », a conclu Mme Wong.
Pour M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, la communauté internationale doit se relever pour surmonter les dangers qui l’accablent comme les guerres, les fossés en matière de développement qui empirent ou les changements climatiques. À cet égard, l’Algérie salue les conclusions qualitatives du Sommet, et s’engage à contribuer pour les mettre en œuvre. Le Ministre a aussi appelé à rééquilibrer les relations internationales dans toutes leurs dimensions: politique, économique et sociale.
Il a aussi insisté sur les effets négatifs de la marginalisation des pays en développement africains au sein du Conseil de sécurité ainsi qu’au sein des institutions financières internationales en général. De son point de vue, si l’ONU est indispensable et irremplaçable, elle a besoin d’une véritable réforme qui garantirait ses capacités d’adaptation à l’époque et lui redonnerait son rôle de cœur battant de la diplomatie internationale.
M. BAKHTIYOR SAIDOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a estimé que, dans une époque marquée par l’instabilité mondiale et l’incertitude, ce sommet est l’occasion de réfléchir au leg que nous allons transmettre aux générations futures. Pour espérer résoudre les défis actuels et futurs, il importe selon lui de réformer les systèmes de gouvernance mondiaux et de renforcer les institutions multilatérales. Dans ce cadre, l’ONU doit continuer d’être l’organisation centrale, a-t-il affirmé, avant d’assurer que son pays mettra en œuvre, aux côtés de ses partenaires, les principes du Pacte pour l’avenir. Il a ajouté que l’Ouzbékistan ne ménage aucun effort pour réaliser les ODD. Le pays, a-t-il précisé, a ainsi progressé dans la lutte contre pauvreté, promu l’égalité femmes-hommes et renforcé la résilience climatique de sa population. Il est déterminé à doubler son produit intérieur brut (PIB) à l’horizon 2030 et à devenir un pays à revenu intermédiaire de la case supérieure.
Le Ministre s’est par ailleurs déclaré favorable au Pacte numérique mondial et a apporté son soutien à l’initiative du Secrétaire général visant à créer un forum de coopération numérique et un conseil consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle. Concernant les changements climatiques, il a rappelé que l’Asie centrale est confrontée de longue date au stress hydrique, à la dégradation environnementale et à la perte de diversité. Selon lui, la catastrophe en cours en mer d’Aral a un impact sur les écosystèmes de tous les pays de la région. Convaincu de l’importance de la durabilité environnementale, l’Ouzbékistan organisera en 2025 à Samarcande un forum sur le climat, a-t-il annoncé. Enfin, après avoir vanté la politique de la jeunesse de son pays, il a mis en avant les efforts nationaux destinés à créer des couloirs de transport dans la région, notamment le chemin de fer transafghan qui garantira un accès aux ports internationaux.
M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a déploré la détérioration de la sécurité mondiale, citant comme cause la menace terroriste et les flux migratoires illégaux. Préconisant un retour aux fondamentaux de la politique internationale, à savoir le respect mutuel et le dialogue, il a regretté que ceux dont la position ne représente pas le statu quo fassent l’objet d’attaques politiques, voire physiques. Les partisans du courant libéral prônent des solutions pacifiques quand les conflits sont éloignés de l’Europe, a-t-il poursuivi, dénonçant les stigmatisations contre ceux qui prescrivent la paix quand la guerre se déroule sur le sol européen, comme aujourd’hui. « Si la situation actuelle se poursuit, les deux seuls scénarios sont une troisième guerre mondiale ou le retour à un monde divisé en blocs », a-t-il prédit. La Hongrie a subi les conséquences d’une telle division, a rappelé le Ministre, assurant vouloir jouir à ce titre d’une authentique collaboration internationale. Quand les liens n’étaient pas rompus, il existait une coopération positive entre l’Europe et l’Asie, de Lisbonne à Vladivostok, a-t-il dit, lançant un appel pour que l’on s’engage à nouveau sur cette voie.
L’ONU n’a pas été fondée pour un groupe de pays partageant les mêmes points de vue. « Où parler de paix sinon ici? » La Hongrie n’accepte pas qu’on lui dicte avec qui elle peut ou ne peut pas discuter, a-t-il conclu.
Mme RAFARAVAVITAFIKA RASATA, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a déclaré que son gouvernement s’était lancé dans une vaste campagne dans toutes les régions du pays pour faire entendre la voix de la jeunesse malgache et veiller à ce qu’elle soit prise en compte dans les politiques publiques. Elle a toutefois regretté de constater qu’à six ans de l’échéance de 2030, seulement 10% des objectifs de développement durable avaient été atteints. Le Sommet de l’avenir est donc pour la Ministre l’occasion de réinventer notre approche collective et de repenser le multilatéralisme: celui-ci doit être plus inclusif, équitable et dynamique pour que les besoins des pays vulnérables soient pris en compte. Madagascar plaide en faveur d’une coopération internationale axée sur des actions qui tiennent compte des intérêts des générations futures, a-t-elle ajouté.
M. JUSTIN TKATCHENKO, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, qui souligne combien le multilatéralisme est important pour l’ensemble de l’humanité. Une véritable action est maintenant nécessaire pour traduire le Pacte et les documents qui l’accompagnent en actes bénéficiant à tous de manière juste et inclusive. À cet égard, il a cité l’importance de l’investissement dans le bien-être des femmes et des filles et de l’autonomisation des jeunes par le biais d’une éducation de qualité, de l’apprentissage tout au long de la vie et d’opportunités économiques.
Dans un monde écrasé par le poids de la dette qui empêche les pays de satisfaire aux besoins de leur population, la réforme d’un système financier international dépassé ne saurait attendre davantage, a plaidé le Ministre. Le monde a besoin d’une architecture financière mondiale qui place la vie et les moyens de subsistance des populations en son centre, plutôt que les profits de quelques-uns. Par ailleurs, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle est un outil de transformation qui doit être mis en place rapidement pour soutenir les pays en développement, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il en va de même pour le financement climatique, a-t-il encore souligné.
M. FREDERICK MAKAMURE SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a jugé fondamental de réformer les institutions financières mondiales et le Conseil de sécurité, estimant que seules des institutions adaptées aux défis contemporains sauront aider à atteindre des objectifs communs. Il a lancé un appel aux pays développés pour qu’ils octroient des ressources financières et opèrent des transferts de technologie pour aider les pays en développement à passer à des économies vertes. Réitérant le soutien de son pays au Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général, il a estimé crucial de renforcer la capacité de l’ONU en matière de prévention des conflits et préconisé l’inclusion des femmes et des jeunes dans le programme de paix et de sécurité. Évoquant les pays africains les plus vulnérables, les pays en développement sans littoral comme le Zimbabwe et les petits États insulaires en développement, il a demandé qu’il leur soit accordé une attention particulière dans la mise en œuvre des résultats du Sommet.
Son pays est une nation relativement jeune, a-t-il poursuivi, rappelant que plus de 65% de sa population est âgée de moins de 35 ans. Cette caractéristique offre des perspectives de croissance économique, s’est-il réjoui, mentionnant des initiatives nationales comme la création de pôles d’innovation et de parcs industriels ou scientifiques, la mise en place d’une banque destinée à la jeunesse et le succès des nouvelles approches de son gouvernement en matière d’enseignement. Toutefois, les efforts de son gouvernement sont entravés par les sanctions déployées contre son pays, a-t-il déploré, demandant la révocation inconditionnelle de ces mesures punitives, jugées contraires au droit international et à la Charte.
M. TOUHID HOSSAIN, Conseiller du Ministère des affaires étrangères du Gouvernement intérimaire de la République populaire du Bangladesh, a déclaré que les décisions que doit prendre la communauté internationale sont complexes, notamment dans la mise en œuvre des ODD. Mais à l’heure où l’on souhaite aller de l’avant, où les pays en développement sont disposés à agir, les ressources ne sont pas disponibles, a-t-il déploré. Il faut dès lors essayer de trouver des équilibres entre le bien-être des personnes et l’écologie, l’harmonie et les conflits. Pour faire avancer les populations, a plaidé le Conseiller, il faut également démocratiser l’accès à l’éducation et aux technologies pour ne laisser personne de côté. Il faut œuvrer ensemble, en dépit des différences de vues sur notre avenir commun.
M. FREDERICK MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et des services publics des Bahamas, a constaté que de nombreux conflits font rage, alors même que sont bien connus les principes d’intégrité territoriale consacrés par la Charte des Nations Unies. La population de l’Ukraine, de Gaza et du Soudan fait les frais des infractions à ces principes, a-t-il déploré. Aujourd’hui, des nations en envahissent d’autres, a-t-il poursuivi, rappelant le déplacement de milliers d’esclaves africains sur de nombreuses îles, dont les Bahamas. Notant par ailleurs que plusieurs pays se tournent vers l’espace pour en exploiter les ressources, il a dénoncé la logique du « premier arrivé, premier servi » qui laisse de côté les petits pays dépourvus des ressources et du pouvoir nécessaires. De même, il a fustigé certains pays qui sabordent les tentatives des pays des Caraïbes de profiter des marchés, sous prétexte de lutte contre l’évasion fiscale ou le blanchiment. Estimant que les pays les plus riches ne sont pas à la hauteur de la tâche face aux changements climatiques et déplorant que les engagements restent souvent lettre morte, le Ministre a toutefois réitéré l’engagement de son pays en faveur de la gouvernance internationale. Entouré par la mer, plus petit qu’un petit village indien, son pays continue sa lutte pour habiter son territoire et développer une économie viable, a-t-il conclu.
M. HAKAN FIDAN, Ministre des affaires étrangères de la Türkiye, a constaté que notre capacité à trouver des solutions aux crises s’érode alors que les inégalités continuent de progresser, encourageant le radicalisme et l’islamophobie. Dans ce contexte, les déséquilibres se renforcent et l’ONU ne fait pas montre du leadership requis pour y répondre, a-t-il déploré, estimant que le monde doit pouvoir compter sur un modèle multilatéral plus efficace. Dans cet esprit, le Ministre a plaidé pour une réforme en profondeur de l’ONU et de son Conseil de sécurité. Face à la polarisation actuelle, il faut démocratiser les processus de prise de décisions au sein de l’Organisation et développer de nouveaux outils de dialogue, a-t-il préconisé, avant d’affirmer que « la paix et la sécurité ne sauraient dépendre d’une poignée de privilégiés ».
Pour le Ministre, la réforme des institutions financières internationales est elle aussi indispensable si l’on veut atteindre les ODD. Il importe également de trouver des moyens d’intégrer les nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle. Saluant l’adoption du Pacte numérique mondial, composante du Pacte pour l’avenir, il a souhaité que la communauté internationale renforce son appui à la Banque de technologies abritée par son pays afin de combler la fracture numérique entre les pays développés et les pays les moins avancés. Ce sommet, a-t-il conclu, va déterminer notre capacité à rétablir la confiance dans le système multilatéral.
M. NICOLAS ALBERTONI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, s’est félicité de l’adoption du Pacte pour l’avenir, qui, selon lui, incarne une aspiration collective et constitue une véritable boussole pour garder à l’esprit ce qui est le plus important. Ce pacte doit permettre d’imaginer un multilatéralisme renforcé et une coopération internationale renouvelée, a-t-il plaidé, se réjouissant que les États Membres soient parvenus à se mettre d’accord. L’Uruguay n’a pas attendu ce pacte pour agir, a affirmé le Vice-Ministre, avant de faire état de la création de commissions parlementaires chargées de l’avenir et de l’organisation de « dialogues sur l’avenir », centrés en particulier sur les effets des changements climatiques. Pour améliorer les perspectives des générations futures, il importe selon lui de redoubler d’efforts sur le plan climatique. Bien que ses émissions de dioxyde de carbone soient minimes sur le plan international, l’Uruguay a d’ores et déjà opéré une transition énergétique, s’est-il enorgueilli, et le bouquet énergétique national est constitué à 98% de sources renouvelables. L’Uruguay, à l’instar de nombreux pays en développement, demande que les engagements climatiques soient honorés, selon le principe des responsabilités communes mais différenciées. Il faut aussi faire preuve d’innovation en matière de financements et tenir compte des indicateurs environnementaux, a-t-il ajouté, saluant le fait que le Pacte pour l’avenir établisse une mesure du développement qui dépasse le simple PIB national.
M. SERGEY VERSHININ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déploré que les versions finales du Pacte et de ses annexes contiennent encore des éléments non consensuels et inacceptables, lourds de conséquences négatives pour les fondements mêmes du travail des Nations Unies. La Russie n’a pas pour autant bloqué l’adoption du Pacte, mais s’est clairement distanciée du consensus sur le Pacte et le Pacte numérique mondial. Il a dit ne pas pouvoir soutenir un libellé qui cherche à saper la nature intergouvernementale de l’Organisation. La citation sélective de principes de droit international universellement reconnus est également inacceptable, a-t-il argué, pointant le fait que le document ne mentionne pas explicitement le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains, ni le principe de coopération. De même, nous ne pouvons soutenir le renforcement du rôle du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, notoirement connu pour sa partialité et sa complaisance à l’égard des intérêts occidentaux. En outre, la Russie s’oppose au forçage du processus de désarmement nucléaire. En ignorant le principe de sécurité égale et indivisible, de telles idées sont franchement irréalistes, voire destructrices, a argué le Vice-Ministre. Le Pacte numérique mondial présente également de graves lacunes, selon lui, car il tente de mettre sur un pied d’égalité les acteurs non gouvernementaux et les États dans la prise de décisions relatives à l’agenda technologique international et de créer des mécanismes d’examen supplémentaires dont le mandat n’est pas clair.
Mme BAHIA EL HARIRI, parlementaire du Liban, s’est excusée de l’absence de son Premier Ministre, obligé de rester au pays pour répondre aux conséquences de « l'agression humanitaire, diplomatique, sanitaire, de subsistance et de sécurité et à faire face au déplacement et au ciblage des zones résidentielles suite au massacre qui a coûté la vie à plus de 3 000 citoyens libanais à Beyrouth, dans le Sud du Liban et dans la Bekaa ». Le peuple libanais est en danger, a alerté l’oratrice. Le Sommet de l’avenir se tient à un moment sensible. L’humanité a besoin de dialogue, de remise en question et de prise de conscience quant aux menaces à la paix et à la sécurité internationales. Les nouvelles générations sont témoins de la violence et des destructions, de l’exode, de l’asile et de la faim. Cela aura des conséquences sur leur esprit, a-t-elle mis en garde, affirmant que les causes des guerres futures se forment dans l’esprit des jeunes d’aujourd’hui. L’intelligence artificielle expose les jeunes à tous les détails de catastrophes en cours. Il faut réexaminer les documents fondateurs avec chaque génération de manière directe, les générations actuelles mûrissant rapidement en raison des avancées technologiques.
M. KARAMOKO JEAN MARIE TRAORE, Ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, a jugé primordial de veiller au respect strict des principes de la Charte des Nations Unies afin que cessent pour toujours le recours à la menace ou à l’emploi de la force, à l’agression, aux pressions politiques et économiques, à l’ingérence dans les affaires intérieures des autres États. Dans le domaine de la sécurité, a-t-il poursuivi, il est crucial de renforcer l’efficacité et l’efficience des opérations de maintien de la paix ainsi que la crédibilité de l’ONU dans la gestion des crises et conflits.
Le Chef de la diplomatie burkinabè a également considéré comme essentiel que les questions du développement et de la santé demeurent au centre de nos préoccupations, notamment en ce qui concerne les moyens de mise en œuvre, y compris le renforcement des capacités, le transfert de technologies et des ressources financières adéquates, suffisantes, prévisibles et additionnelles. Face aux progrès dans le domaine du numérique, il est urgent d’œuvrer à l’avènement d’une coopération qui définirait des principes, des objectifs et des actions respectueux des droits humains, a déclaré M. Traore. Il a salué en ce sens l’initiative d’un dialogue mondial annuel sur la gouvernance de l’intelligence artificielle sous les auspices de l’ONU, et d’un processus inclusif vers des arrangements internationaux de gouvernance des données.
Enfin, le Ministre s’est dit interpellé par la problématique particulière et très préoccupante du terrorisme, qui menace les fondements de nos sociétés. « Nous devons lutter de manière solidaire contre ce fléau, et prendre les dispositions contre certains États qui soutiennent et financent les terroristes, comme c’est le cas dans le Sahel », a-t-il conclu.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a dit comprendre que toutes les aspirations ne pourront pas être satisfaites par ce pacte. Néanmoins, il a loué son potentiel considérable, malgré ses lacunes, avant de se dire préoccupé par le manque de financement des objectifs de développement durable. Il a demandé une réforme de l’architecture financière internationale afin de la rendre plus efficiente et équitable, sachant que les défis des pays en développement doivent être mieux pris en compte. Le représentant a rappelé que les droits humains sont universels, indivisibles et interdépendants, estimant que « nous ne pouvons pas fermer les yeux devant les graves violations des droits humains dans une partie du monde tout en demandant un établissement des responsabilités dans une autre. » Le multilatéralisme ne peut se satisfaire du deux poids, deux mesures, a-t-il conclu.
M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée (RPDC)) a indiqué que son pays fait face à une situation défavorable en raison de facteurs externes, tout en avançant sur la bonne voie. « Mais nous avons besoin de conditions pacifiques pour nous développer », a-t-il insisté, pointant du doigt les tentatives impérialistes contre les États souverains, notamment les exercices militaires menés conjointement par les États-Unis et leurs alliés. Ces exercices sapent la sécurité régionale et mondiale, tout comme les sanctions unilatérales imposées par certains pays sapent la confiance entre les États, a-t-il regretté. Le représentant a prôné le droit au développement, estimant qu’il constitue une garantie pour le Programme 2030. Déplorant que le Conseil de sécurité « reste silencieux face au drame qui se déroule à Gaza depuis un an », il a estimé que les principes qui gouvernent la communauté internationale sont foulés au pied, réclamant une réforme du Conseil afin de garantir un monde plus juste.
Mme CAROLINE SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) s’est dite satisfaite du texte de compromis que constitue le Pacte pour l’avenir, mais a estimé que les éléments de langage relatifs au désarmement nucléaire étaient loin de répondre à l’objectif commun d’un monde exempt d’armes nucléaires et à la manière dont nous prenons des mesures concrètes pour y parvenir. La Nouvelle-Zélande aurait également souhaité voir un discours plus ferme sur la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU. La Nouvelle-Zélande accueille toutefois favorablement l’idée selon laquelle les générations présentes agissent de manière responsable pour sauvegarder les besoins et les intérêts des générations futures. À mesure que le paysage géopolitique continue d’évoluer, les États Membres doivent agir avec détermination pour protéger la Charte des Nations Unies et le droit international, ainsi que pour mettre en œuvre le Pacte pour l’avenir, a conclu la représentante.
M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement de l’Espagne, a fait observer que la peur est notre pire ennemi en période d’incertitude et qu’un avenir de paix, de justice et de prospérité ne peut se fonder que sur l’espoir. Pour ce faire, il nous faut une gouvernance multilatérale plus efficace, inclusive et juste, dont le Sommet de l’avenir est une étape clef. L’Espagne travaille à la nécessaire réforme des Nations Unies et de ses institutions afin qu’elles soient plus représentatives, efficaces et transparentes et que leur fonctionnement soit plus démocratique. Elle défend ces principes avec détermination et cohérence, quel que soit le contexte, qu’il s’agisse de Gaza, de l’Ukraine ou de toute autre partie du monde, a assuré M. Sánchez Pérez-Castejón.
En outre, l’Espagne souhaite un avenir avec une meilleure coopération internationale, qui permette d’atteindre les objectifs de développement durable. Hôte de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Séville en 2025, elle attend un consensus sur des mesures concrètes permettant de mobiliser toutes les ressources et politiques nécessaires en faveur du développement durable. Il s’agit notamment de renforcer les banques multilatérales de développement et d’optimiser le recours aux droits de tirage spéciaux (DTS). Le Président du Gouvernement a également défendu des mesures telles qu’un impôt minimum international sur les grandes fortunes et la pleine opérationnalisation des deux piliers de l’OCDE et du G20 sur la fiscalité des entreprises multinationales, comme bases d’une future convention-cadre de coopération fiscale.
M. Sánchez Pérez-Castejón a par ailleurs préconisé la création de normes internationales pour une utilisation éthique des technologies, la transparence et la garantie d’un accès juste. C’est la raison pour laquelle l’Espagne a créé la première agence de supervision de l’intelligence artificielle au monde. À partir de cette expérience, elle défend le rôle clef que les Nations Unies doivent jouer dans la définition d’un système de gouvernance mondiale en la matière.
M. TEBURORO TITO (Kiribati) a relevé que l’accent mis par le Sommet de l’avenir sur le multilatéralisme était essentiel pour la résilience et le bien-être des petits États insulaires comme le sien. Kiribati soutient donc fermement l’objectif du Sommet visant à revigorer le multilatéralisme au profit d’un système multilatéral solide, inclusif et efficace, dans lequel chaque nation, quelle que soit sa taille ou sa richesse, a une voix et où les décisions sont prises en gardant à l’esprit le bien-être de la communauté mondiale. Ceci, a ajouté le représentant, nécessite de réformer les institutions internationales pour les rendre plus réactives, responsables et transparentes.
Kiribati témoigne à la fois de la vulnérabilité et de la résilience de notre planète, a affirmé le représentant. Nation atoll, elle est en première ligne de la crise climatique face aux menaces de la montée des eaux, les événements météorologiques extrêmes et l’acidification des océans. « Pour nous, l’avenir n’est pas un concept abstrait: il s’agit de naviguer et de s’adapter aux extrêmes et à la variabilité climatiques », a ajouté le représentant. Par ailleurs, la rapidité des évolutions technologiques présente à la fois des défis et des opportunités et il faut les exploiter pour le bien de tous. À cette fin, toutes les nations, y compris les petits États insulaires, doivent pouvoir disposer des outils et ressources pour participer pleinement à l’économie numérique mondiale.
Le représentant a jugé tout aussi important l’appel en faveur d’une économie mondiale plus juste et inclusive, ce qui suppose une réforme de l’architecture financière internationale actuelle, qui entrave la capacité des petits États insulaires en développement (PEID) comme Kiribati à atteindre une croissance économique durable. Pour Kiribati, qui dispose de sa version locale du Programme 2030, le développement durable n’est pas un choix mais une nécessité, notamment dans les secteurs clefs de la pêche, de l’agriculture et des énergies renouvelables. Enfin, le représentant a appelé au respect et à la responsabilité dans les engagements mondiaux, deux concepts qui, pour Kiribati, constituent l’épine dorsale de l’ordre social, de la paix et de l’harmonie, éléments cruciaux pour favoriser un avenir juste et durable.
M. KOUSSAY ALDAHHAK (République arabe syrienne) a dénoncé la persistance de l’occupation de territoires arabes par Israël. La Puissance occupante continue de violer la Charte des Nations Unies et le droit international et cette occupation est un obstacle majeur à l’avenir que nous voulons, a-t-il lancé, ajoutant qu’il fallait contrer cette agression et mettre fin à l’occupation sans attendre. L’avenir doit être porteur de changement radical pour les États Membres et les peuples, a poursuivi le représentant. Cet avenir nécessite notamment que les pays occidentaux respectent les choix des autres États, a-t-il ajouté, déplorant la politique occidentale visant à empêcher les Syriens de façonner leur propre avenir. Le peuple syrien est décidé à bâtir son avenir sans aucun diktat de l’extérieur ni ingérence étrangère.
Nous voulons le dialogue, a assuré le représentant, pour qui l’avenir doit être libre d’occupation, de sanctions, d’hégémonie ou de châtiment collectif. Il a réclamé des mécanismes multilatéraux efficaces pour tourner la page des politiques d’exclusion des pays occidentaux. Il a appelé à prendre à bras le corps les problèmes auxquels sont confrontés les pays en développement, en particulier la dette et les moyens de réaliser les objectifs de développement durable. Ces pays doivent avoir accès aux nouvelles technologues pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il ajouté.
M. AKIHIKO NISHIO, de la Banque mondiale, a déclaré qu’avec les outils dont dispose la communauté internationale et les défis qui se posent à elle, la question est de savoir comment utiliser ces outils pour répondre aux défis. Pour le Groupe de la Banque mondiale, il s’agit de bâtir des systèmes résilients et l’Association internationale de développement (IDA) est au cœur de ce projet. Avec cet outil, 31 milliards de dollars ont été mis à disposition des pays qui en ont le plus besoin. Avec Mission 300, l’objectif est d’apporter de l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici à 2030. Mais ces objectifs ne pourront être atteints sans coopération internationale. C’est aussi grâce à elle que des emplois pour la jeunesse pourront être créés. Et le Groupe de la Banque mondiale est disposé à travailler avec les États Membres pour atteindre ces objectifs, a assuré son représentant.
M. GABRIEL BORIC FONT, Président du Chili, s’est dit perplexe face à la difficulté de discuter de l’avenir alors qu’il est parfois difficile de gouverner au présent: « l’optimisme ne règne pas, c’est le moins qu’on puisse dire ». Cela étant dit, M. Boric Font a relevé un consensus au niveau mondial selon lequel il ne devrait plus y avoir de privilégiés et que les richesses devraient être réparties de manière plus équitable, tant entre les États qu’au sein des États.
Animé d’un sentiment de frustration mais aussi d’espoir, le Président du Chili a voulu dire qu’il est encore temps de bâtir un monde meilleur, à condition de changer nos institutions, et une enceinte qui n’est plus en 2024 ce qu’elle était en 1945. Il a en particulier estimé qu’il ne devrait plus y avoir de droit de veto au Conseil de sécurité et que « les règles du jeu doivent correspondre une bonne fois pour toutes au monde dans lequel nous vivons ». Les défis à relever sont colossaux et il faut donner un nouveau souffle à cette Organisation, a conclu le Président.
M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président du Guyana, a indiqué que la réalisation des engagements climatiques ne peut plus attendre. Il s’est alarmé de la détérioration de la sécurité alimentaire mondiale, avant d’estimer à 90 milliards de dollars la somme annuelle nécessaire pour offrir une protection sociale élémentaire d’ici à 2030. Il a appelé à une réforme de l’architecture financière internationale afin de la rendre plus inclusive et responsable. Le Conseil de sécurité doit être réformé pour être plus représentatif, responsable et inclusif. Cet organe risque de perdre sa crédibilité et sa pertinence. Il a rappelé que plus de 340 millions de femmes et de filles devraient connaître la pauvreté en 2030 si rien n’est fait. Nous devons désormais définir un plan de mise en œuvre du Pacte pour l’avenir afin d’assurer une vie de dignité pour toutes et tous, a dit le Président. « Mettons de côté nos différences et concentrons-nous sur ce qui nous unit. »
M. MASOUD PEZESHKIAN, Président de la République islamique d’Iran, a proposé, à propos du Pacte pour l’avenir, que le Secrétaire général de l’ONU, en collaboration avec les pays touchés par les sanctions internationales illégales, présente un rapport d’ensemble sur le sujet à l’Assemblée générale. Le Président a aussi demandé la réforme de l’architecture internationale pour garantir la participation de tous au développement, à la prise de décisions et à l’établissement de normes justes pour traiter des besoins financiers des pays en développement. Le Pacte numérique mondial doit également contribuer à réduire la fracture numérique entre le Nord et le Sud, via le transfert de nouvelles technologies et le renforcement des capacités, et la levée des obstacles à une participation égale des pays du Sud à la gouvernance d’Internet et de l’intelligence artificielle.
De plus, M. Pezeshkian a demandé un monde débarrassé des armes nucléaires et de toute arme de destruction massive, sans conditions préalables. Victime du terrorisme, l’Iran a toujours été à l’avant-garde de la lutte contre ce phénomène. L’Iran, a assuré le Président, est prête à coopérer avec tout pays qui veut lutter contre le terrorisme. L’Iran veut une région sûre et stable où les ressources des pays peuvent être utilisées dans l’intérêt mutuel pour promouvoir le progrès socioéconomique et gérer les défis communs. Le Président a dénoncé le massacre des civils à Gaza et le « terrorisme d’État ». La fin de l’occupation, la cessation de l’apartheid en Palestine, le cessez-le-feu immédiat à Gaza sont nécessaires au développement et à la paix, a-t-il dit.
« L’avenir est le fils du présent », a déclaré d’emblée M. SANTIAGO PEÑA PALACIOS, Président du Paraguay, qui s’est dit conscient du fait que le consensus dont la communauté internationale a accouché n’implique pas que les nations soient d’accord sur tous les points, mais que cela traduit le désir d’un ordre international basé sur des principes. Parmi ces principes, le Paraguay est particulièrement attaché à celui de l’égalité souveraine entre les nations. Le Président a également voulu que l’on n’abandonne la loi du plus fort au profit d’un avenir démocratique et ancré dans les droits humains. Il a encouragé un multilatéralisme plus fort, en regrettant la crise dont il souffre de nos jours. Il nous faut collectivement lutter contre les changements climatiques et aider les pays en développement. Le Paraguay, s’est enorgueilli le Président, utilise 100% d’énergie verte. Avant de conclure, il a passé en revue les points de désaccord avec certains aspects du Pacte pour l’avenir lequel, a-t-il souligné, n’est pas contraignant. Par conséquent, le Paraguay l’appliquera à la lumière de sa propre législation.
M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, s’est félicité que le monde travaille en faveur d’une vision commune. Il a appelé de ses vœux une ONU forte et unie, composée d’États Membres adhérant aux principes de la Charte des Nations Unies. À cet égard, « vous pouvez voir qui est contre et qui sape l’unité mondiale en cette période de guerre », a-t-il lancé à l’Assemblée, dénonçant le « groupe de sept complices, mené par la Russie », qui a tenté de faire échouer le Pacte pour l’avenir. Ces pays, qui s’opposent à toute initiative collective, entendent nuire à l’efficacité de la Charte, a-t-il accusé, avant de constater que ce groupe se comporte toujours de la sorte quand l’ONU agit dans l’intérêt de tous. Après avoir remercié les cofacilitateurs du Pacte pour l’avenir, du Pacte numérique mondial et de la Déclaration sur les générations futures pour leurs efforts, le Chef d’État a rendu hommage à tous les pays qui ont offert leurs idées pour l’avenir. « Le monde a besoin d’un avenir paisible et de développement durable », a-t-il dit « en tant que Président d’un pays qui résiste à la guerre brutale d’agression coloniale de la Russie ».
Soulignant l’importance de l’unité mondiale, « ici à l’ONU comme dans les sommets de la paix pour l’Ukraine », il a indiqué que son pays prépare une deuxième réunion de ce type avec ses partenaires, « cheminant pas à pas conformément à la formule de paix ». Parmi les priorités de ce sommet figurent la sécurité alimentaire et énergétique de l’Ukraine et les efforts visant à tenir la Russie pour « responsable de sa terreur ». Nous aborderons tous les autres points de la formule, notamment la libération des prisonniers et le rétablissement de notre intégrité territoriale, a promis le Président ukrainien, avant d’inviter les États Membres à continuer de soutenir les efforts de son pays pour un avenir juste. « Putin nous a déjà volé beaucoup mais il ne peut nous voler l’avenir », a-t-il conclu en scandant « Slava Ukraini » (gloire à l’Ukraine) sous les applaudissements de la salle.
Nous devons rechercher ce qui nous unit afin de dégager des solutions communes aux problèmes communs, a déclaré M. LUIS RODOLFO ABINADER CORONA, Président de la République dominicaine. « La décolonisation des économies » doit être prise au sérieux pour faire face à la crise climatique, a-t-il poursuivi. En effet, les petits pays ne peuvent avoir qu’un effet limité si les gros pollueurs n’agissent pas, a-t-il mis en garde. Concernant l’intelligence artificielle, il a estimé qu’elle doit être intégrée à un cadre de souveraineté numérique et éthique pour éviter qu’elle ne devienne un outil d’exploitation et d’exclusion. Il faut également redessiner les normes sur lesquelles reposent les institutions internationales. La communauté internationale doit réformer son architecture financière pour que le respect du droit international ne reste pas illusoire. L’avenir est déjà ici, c’est en l’envisageant que nous construisons le présent », a-t-il conclu.
M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, a souligné que le développement et le financement durables restent la priorité des pays en développement. Nous devons prêter attention à leurs besoins les plus urgents et, à ce titre, nous engager pleinement à réformer l’architecture financière internationale, à combler la fracture numérique entre pays développés et pays en développement, à traiter des problèmes des jeunes et à garantir l’équité générationnelle. Il faut aussi réformer le Conseil de sécurité et redynamiser l’Assemblée générale, garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire et enfin, à promouvoir la coopération. L’Administration botswanaise, a assuré le Président, continuera de veiller à ce que l’autonomisation des femmes et des filles reste un pilier central de ses politiques. Le Président a lancé une invitation à tous les États Membres pour qu’ils se rendent à Gaborone pour la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra du 10 au 13 décembre 2024.
M. MOHAMED OULD CHEIKH EL GHAZOUANI, Président de la Mauritanie, s’est inquiété des lenteurs dans la réalisation des objectifs de développement durable. Il a détaillé la lutte de son pays contre le terrorisme, la violence et la pauvreté, tout en reconnaissant que les résultats ne sont pas encore à la hauteur. La communauté internationale doit trouver les solutions pour accélérer la réalisation desdits objectifs et réformer l’architecture financière internationale. Le Président de la Mauritanie a également demandé une réforme du Conseil de sécurité, avant d’appeler les États Membres à œuvrer de conserve pour éviter un « effondrement de la planète ».
M. MOHAMED YOUNIS A MENFI, Président du Conseil présidentiel de l’État de Libye, a vu dans ce sommet une occasion exceptionnelle de relever ensemble les défis et de construire un avenir meilleur. Il a encouragé la communauté internationale à miser sur les progrès numériques, tout en appelant à reconnaître qu’il n’est pas seulement question d’intelligence artificielle, mais bien de stratégies de développement qui s’appuient sur ces nouveaux outils. À ce sujet, le haut responsable a appelé à garantir des chances égales pour tous les pays. La Libye soutient les mêmes objectifs que ceux du Sommet, a-t-il assuré, et elle est attachée à travailler avec ses partenaires internationaux pour trouver des solutions novatrices en s’appuyant sur les nouvelles technologies. Rappelant que la Libye est un pays de transit, il a mis en avant l’importance de la coopération internationale pour traiter des causes profondes des migrations illégales et pour assurer le développement dans les pays d’origine. En outre, il a encouragé la communauté internationale à ne plus utiliser les ressources naturelles de manière irresponsable.
M. GUSTAVO PETRO URREGO, Président de Colombie, a reconnu que l’intelligence artificielle peut semer la confusion dans l’esprit humain. Elle peut à la fois augmenter la productivité horaire et l’exclusion sociale. L’intelligence artificielle consomme beaucoup d’énergie et risque de produire une crise climatique et de mener, in fine, à « la fin de l’humanité, à la fin de la démocratie et à la barbarie », a-t-il alerté. L’alternative est donc de réussir la transition énergétique, de parvenir à une énergie verte et propre. Selon le Président, il faut promouvoir une démocratie globale, réduire la consommation d’énergie et donner à chaque être humain suffisamment de temps libre pour « vivre heureux ».
M. BASSÍROU DIOMAYE DIAKHAR FAYE, Président du Sénégal, évoquant les nombreux défis auxquels nous faisons face, a préconisé la recherche de solutions communes dans un cadre multilatéral, à même d’inspirer la confiance et l’adhésion. À ce propos, il a souhaité partager quelques observations. En premier lieu, a-t-il dit, il est clair que le futur ne saurait être construit sur le système actuel, dominé par les injustices, l’extrême pauvreté, les tensions géopolitiques et le réchauffement de la planète. Citant les rapports du Secrétaire général, il a rappelé que 575 millions de personnes devraient encore vivre dans la pauvreté extrême en 2030 si les tendances actuelles se maintiennent. Une situation qui, a-t-il précisé, annihile tout espoir de développement durable. À ce titre, il a jugé indispensable de s’attaquer au cycle « infernal » de la dette qui asphyxie de nombreux pays du Sud, dénonçant les taux d’emprunt qui leur sont accordés, de 2à 12 fois supérieurs à ceux appliqués aux pays développés, selon un récent rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Le Président a ensuite lancé un appel à la réforme de la gouvernance politique, économique et financière mondiale. Saluant certains progrès, dont l’octroi d’un siège permanent à l’Afrique au sein du G20 ainsi qu’un troisième siège au conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), il a toutefois considéré qu’il restait encore beaucoup à faire dans ce domaine. Enfin, il a préconisé un renforcement des actions en faveur de l’éducation et de la formation professionnelle, de même que des investissements plus importants dans les infrastructures numériques, l’innovation et le soutien à l’industrie créative des jeunes.
M. PRITHVIRAJSING ROOPUN, Président de Maurice, a fait remarquer que l’ingéniosité humaine offre de nombreuses promesses, mais que les conflits, les catastrophes climatiques et les épidémies menacent d’effilocher le tissu de nos sociétés. Le Pacte pour l’avenir est un pacte pour la postérité, une promesse solennelle pour les générations qui ne sont pas encore nées, a-t-il insisté. Ce doit être la pierre angulaire sur laquelle nous bâtissons un monde plus résistant. Le délégué a expliqué que Maurice s’est engagée à donner une chance et un accès égaux aux ressources économiques à tous ses citoyens. Il a ensuite rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) sont les sentinelles des changements climatiques puisque leurs défis forment un microcosme des défis mondiaux. Il a donc appelé à soutenir le développement économique et technologique de ces États en prenant en compte leurs spécificités. L’intelligence artificielle doit être guidée par des principes moraux, a-t-il encore mentionné. Ensemble, nous pouvons et nous devons forger un avenir qui montrera le potentiel de chaque nation, a-t-il conclu, en pensant aux générations futures. « Face aux défis nous avons réagi avec une solidarité sans précédent. »
M. RATU WILIAME MAIVALILI KATONIVERE, Président des Fidji, a déclaré que le Sommet est une occasion à saisir pour préserver l’avenir de l’humanité, affirmant que le multilatéralisme n’a jamais été si important et si urgent. Le Pacte pour l’avenir représente notre engagement collectif à « faire mieux, ensemble, en veillant à ne laisser personne de côté ». Il ne reste que six années pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a rappelé le président des Fidji, pour qui il faut de toute urgence recalibrer la coopération internationale et réformer le système multilatéral. Le monde que nous léguerons aux générations de demain sera le fruit des décisions prises aujourd’hui, a-t-il conclu.
M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a estimé que le moment était venu de gouverner avec plus de modernité, d’humanité, d’empathie et d’intégrité. À ce titre, il a assuré que son pays est disposé à participer à une nouvelle étape de l’histoire des Nations Unies. Il a estimé urgent d’envoyer un message aux citoyens du monde entier, afin de leur signifier que le multilatéralisme est le seul instrument à même d’affronter les crises actuelles. L’Histoire a démontré que certains défis ne peuvent être relevés de manière unilatérale ou par quelques groupes d’États, a-t-il poursuivi, évoquant les changements climatiques.
Relevant le potentiel des nouvelles technologies, il s’est inquiété de leurs effets pernicieux, estimant nécessaire de réguler ce secteur suivant des principes éthiques et inclusifs. Partant, il a considéré que la protection des données et de la vie privée devrait constituer une priorité mondiale. Détaillant des initiatives déployées à l’échelle nationale, il a mentionné le Programme de transformation numérique et le Plan d’action visant à améliorer le bien-être numérique des enfants et des jeunes. En outre, l’Andorre est l’une des premières nations à avoir signé la Convention du Conseil de l'Europe sur l'intelligence artificielle.
Il a appelé à ne pas faire fi de l’empathie face aux souffrances, aux conflits ou au terrorisme, à mettre à jour nos mécanismes de sécurité, à renforcer le multilatéralisme en le rendant plus représentatif et à consolider les capacités de prévention des conflits. Enfin. Il a exhorté les États Membres à suivre la voie tracée par le Programme 2030 pour réduire les inégalités, soulignant dans ce cadre le rôle crucial de l’éducation.
SIAOSI 'OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI Premier Ministre et Ministre de l’Éducation et de la formation, Ministre de la de la police, des pompiers et des services et des services d'urgence, et Ministre des forces armées des Tonga, intervenant en sa qualité de Président du Forum des Îles du Pacifique, a affirmé que les 18 membres du Forum des Îles du Pacifique sont déterminés à ne pas laisser leur avenir au hasard. En 2022, le Forum a lancé la stratégie 2050 pour le continent bleu du Pacifique, dans une perspective de paix, d’harmonie, de sécurité, d’inclusion sociale et de prospérité, a-t-il rappelé. « Il ne s’agit pas seulement d’une vision, mais d’un engagement solennel que nous prenons envers nos peuples et les générations futures pour construire notre résilience, notre durabilité et notre prospérité communes ». Pour concrétiser cette vision, les membres du Forum s’appuient sur un ordre international stable, ouvert, prospère et fondé sur des règles et sur un système de gouvernance mondiale structuré et capable de relever la multitude de défis et de garantir un avenir commun, a-t-il expliqué. Au cours des prochains mois, le Forum va finaliser une déclaration sur l’océan de paix qui soulignera davantage son engagement à faire progresser la paix dans sa région, a annoncé le Premier Ministre. Soulignant que les changements climatiques restent une menace existentielle pour les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être des peuples et des communautés du Pacifique, il a insisté sur l’urgence de l’action climatique. Il a plaidé pour de meilleures données scientifiques, tenant compte du principe des responsabilités communes, mais différenciées et des capacités respectives, à la lumière des situations nationales et des efforts déployés pour éradiquer la pauvreté dans le contexte du développement durable.
M. AMADOU OURY BAH, Premier Ministre de la Guinée, a plaidé pour une coopération renforcée entre les États, visant à prévenir les conflits et à promouvoir la diplomatie internationale. Les mécanismes de financement international, a-t-il ajouté, doivent être renforcés pour permettre à toutes les nations, particulièrement les plus vulnérables, de progresser vers une croissance durable, résiliente et inclusive. Dans cette optique, nous ne pouvons ignorer l'importance de préserver notre environnement, en particulier des écosystèmes sensibles comme le massif du Fouta Djallon, a souligné le Chef de gouvernement. Ce site, véritable « château d’eau » pour toute l’Afrique de l’Ouest, est vital pour l’équilibre écologique des 15 États concernés. Aussi a-t-il réitéré l’engagement de la Guinée pour son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, afin de garantir sa conservation pour les générations présentes et futures, et d’anticiper pour les prévenir les conflits autour des ressources hydriques. Nous avons aujourd'hui une opportunité rare et précieuse de redéfinir notre destin collectif, a estimé M. Bah. Ce sommet doit être bien plus qu'un lieu de rencontre ; il doit marquer un tournant décisif « où nous choisissons, ensemble, de construire un avenir qui soit concret, inclusif et prospère pour tous ».
M. LESLEY VOLTAIRE, Conseiller du Président du Conseil présidentiel de transition de Haïti, a souligné l’importance du Pacte pour l’avenir, qui « symbolise non seulement un engagement historique pour un multilatéralisme renouvelé, mais aussi une occasion unique de renforcer les structures internationales pour répondre aux différentes réalités économiques, sociales et environnementales auxquelles nous faisons face ». Pour le Conseiller, les mécanismes de gouvernance mondiale doivent être adaptés aux nouvelles dynamiques économiques et politiques, et garantir que toutes les nations, grandes et petites, aient une voix dans la résolution des crises mondiales.
Le Sommet de l’avenir offre aussi l’opportunité de repenser la gouvernance mondiale en abordant des sujets tels que le financement du développement durable, l’égalité des genres et la protection de la biodiversité, a-t-il ajouté, jugeant par ailleurs nécessaire de réformer l’architecture financière internationale pour soutenir la transition de certains pays, en particulier les pays les moins avancés. Il est essentiel que les bénéfices de la croissance soient équitablement partagés à travers le monde, a insisté le Conseiller, avant de mettre l’accent sur l’intégration des jeunes, qui est une des pierres angulaires du Pacte pour l’avenir. Malgré les graves difficultés que nous rencontrons en Haïti, nous considérons leur participation comme essentielle pour garantir une paix durable et un développement équitable, a-t-il affirmé, assurant que les jeunes sont intégrés dans tous les aspects de la reconstruction nationale. « Nous veillerons à ce que les générations futures ne portent pas le fardeau des erreurs du passé », a-t-il promis.
M. MOHAMMAD MUSTAFA, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine, a rappelé que le programme du Pacte pour l’avenir est axé sur la prospérité commune et la dignité humaine pour tous. Malheureusement, a-t-il regretté, l’augmentation des crises économiques et militaires risquent de saper notre système multilatéral. Le peuple palestinien est victime d’agressions en Cisjordanie et de catastrophes diverses. Gaza traverse un des chapitres les plus sombres de son histoire et subit « un génocide sans précédent », a-t-il martelé, signalant que la région continue de subir agressions systématiques, déplacements et colons. Toutefois, a-t-il assuré, notre peuple demeure constant face à ces circonstances, tout en restant attaché aux institutions et à la bonne gouvernance. « La résilience extraordinaire de notre peuple renouvelle notre confiance quant au fait que notre population pourra se relever », a poursuivi le Premier Ministre. Les Palestiniens forment une communauté « forte, unie, tenace ». Il s’agit maintenant d’étendre cette résilience sociale à la sphère économique afin d’outiller la Palestine pour qu’elle puisse se transformer, a-t-il conclu. RAS
M. FILIP IVANOVIĆ, Vice-Premier Ministre du Monténégro, a salué le consensus auquel les États sont parvenus sur les documents finaux de ce sommet et s’est dit convaincu que le Pacte et ses deux annexes auront un impact significatif, ouvrant la voie à un avenir plus radieux pour les générations actuelles et futures. Il a appelé à travailler ensemble à l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030 et des objectifs de développement durable et à mobiliser des ressources pour les pays les moins avancés.
Pour sa part, le Monténégro a été l’un des premiers pays à adopter une stratégie nationale pour le développement durable à l’horizon 2030, a indiqué le Vice-Premier Ministre, dont le pays fait également partie des 32 États Membres des Nations Unies à avoir adopté la Déclaration nationale d’engagement pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable. En tant que pays candidat à l’Union européenne, le Vice-Premier Ministre a précisé que le Monténégro accorde une grande importance à la complémentarité et à la synergie entre l’agenda de l’UE et les objectifs de développement durable, et reste pleinement engagé à progresser et à réussir dans les deux processus.
M. AZIZ AHKKANOUCH, Chef du Gouvernement du Royaume du Maroc, a considéré que ce Sommet fournit une occasion unique de renouveler notre engagement pour la Charte des Nations Unies et un nouveau dynamisme multilatéral. Il s’est lancé dans un plaidoyer en faveur d’une réforme des institutions financières internationales qui donne enfin à l’Afrique la place et le pouvoir décisionnaire qu’elle mérite. Les participants à la réunion du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech en 2023 ont insisté sur la nécessité de réformer ces institutions. Nous demandons maintenant: l’Afrique n’est-elle pas un bon indicateur pour évaluer nos efforts collectifs en vue de concrétiser les aspirations les plus hautes pour la paix et la sécurité dans le monde entier? Pour sa part, le Maroc a beaucoup progressé en se fixant de nouveaux objectifs pour des émissions de gaz à effet de serre de moins de 45% d’ici à 2030, s’est félicité le Chef du Gouvernement. Son pays veut en outre renforcer le niveau des investissements dans les énergies renouvelables, y compris dans les mesures écologiques vertes, pour parvenir à l’objectif de 52% d’énergies non polluantes dans son bouquet énergétique d’ici à 2030. Des efforts sont également déployés en termes de protection sociale et de renforcement du système de santé, a-t-il ajouté.
M. IAN BORG, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce de Malte, a partagé le point de vue selon lequel les défis mondiaux nécessitent des solutions mondiales et que pour créer un avenir meilleur, il faut accélérer l’action. Il s’est dit d’avis que ce Sommet n’est pas une destination finale, mais un tremplin et qu’enfin, il faut reconnaître l’interdépendance et exploiter les synergies entre les trois piliers des Nations Unies. Il a en outre jugé inacceptable que l’extrême pauvreté et la faim persistent dans le monde. Cela exige dès lors de transformer les défis climatiques et environnementaux en opportunités pour un monde plus propre et plus vert, en augmentant les énergies renouvelables et en abandonnant les combustibles fossiles pour atteindre la neutralité carbone. Il a souligné l’importance d’investir dans les jeunes, mais aussi d’agir pour l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes et des filles et pour leur participation pleine, égale et significative aux processus décisionnels.
M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a jugé crucial de développer un système multilatéral plus fort, où les règles sont appliquées de manière universelle. La paix, la sécurité et, partant, la lutte contre les changements climatiques ou les risques technologiques dépendent du respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il déclaré.
Il s’est inquiété des dangers d’un monde où s’érode le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale. Il a qualifié le Pacte numérique mundial de projet révolutionnaire, à même de libérer le potentiel de transformation des nouvelles technologies tout en atténuant leurs risques. Plus des deux tiers des objectifs de développement durable peuvent bénéficier directement des innovations numériques, a-t-il ajouté. Enfin, il s’est félicité que la Déclaration sur les générations futures mette l’accent sur l’engagement des jeunes, estimant que l’on devrait leur laisser l’espace nécessaire pour qu’ils façonnent les politiques nationales et internationales. Concluant, il a lancé un appel au compromis et aux mesures audacieuses, avant de plaider en faveur d’un avenir juste, équitable et inclusif.
M. ARNOLDO RICARDO ANDRÉ TINOCO, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, a déclaré que le Pacte pour l’avenir est un appel urgent à l’action collective et à faire primer le dialogue sur les armes. Il place la prévention au cœur de l’action collective, a-t-il noté, avant d’exprimer sa déception face au manque de progrès en matière de désarmement nucléaire. Le Pacte reconnaît la menace que posent les changements climatiques pour les générations futures, a-t-il continué, en appelant à « mettre les bouchées doubles » pour remplir les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et pour protéger la biodiversité, les océans et les mers. C’est la raison pour laquelle le Costa Rica souhaite voir le BBNJ entrer en vigueur le plus rapidement possible. Pour cela, le Ministre a donné rendez-vous à ses pairs à Nice en juin 2025 pour la deuxième Conférence sur les océans, que son pays coprésidera aux côtés de la France. L’heure est venue de s’attaquer à l’architecture financière internationale pour qu’elle corresponde mieux aux besoins des nations les plus vulnérables, a-t-il conclu.
M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères et de la Communauté des Caraïbes de Trinité-et-Tobago, a souligné l’importance d’une architecture financière internationale pour l’aide publique au développement guidée par l’indice multidimensionnel de vulnérabilité. L’escalade sans précédent des conflits, leur envergure et leur nombre contredisent la raison d’être de l’ONU, a dit le Ministre, estimant que pour mettre fin aux conflits et faire régner une paix pérenne pour tous, il faut combattre, prévenir et éradiquer le commerce des armes, y compris les armes légères de petits calibres. Notant le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation pour le développement durable, il a déclaré qu’il ne faut pas fermer les yeux sur l’ampleur des risques associés. C’est pourquoi il faut renforcer les capacités des petits États en développement en matière de sécurité cybernétique, et veiller à ce que les jeunes aient les outils nécessaires pour exploiter pleinement leur potentiel.
M. JEYHUN BAYRAMO, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a détaillé les efforts de son pays en faveur des objectifs de développement durable, en ajoutant que la libération des territoires occupés a ouvert, à ce titre, un nouveau chapitre. Nous avons restauré notre souveraineté et notre intégrité territoriale et nous entendons désormais faire fond sur les progrès accomplis dans les négociations bilatérales. Nous voulons aussi jeter des ponts entre pays développés et pays en développement. À ce propos, il a rappelé que son pays doit accueillir en novembre prochain la vingt-neuvième édition de la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29). L’un des objectifs de cette COP sera de rechercher des modes de financement innovants, a estimé le Ministre.
Mme CELINDA SOSA LUNDA, Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, a déclaré que l’humanité et la planète sont confrontées aux effets de la crise multidimensionnelle du système capitaliste. La mise en œuvre du Pacte pour l’avenir requiert une équité dans la gouvernance mondiale, a-t-elle estimé. En effet, dans un monde moderne où les pays du Sud concentrent les populations les plus denses, les décisions multilatérales devraient être collectives, prises sur un pied d’égalité et dans le respect de la souveraineté dont jouissent tous les États. Ce qui implique une réforme réelle et profonde du Conseil de sécurité et des organisations financières internationales, en a conclu la Ministre. Les engagements pris dans le Pacte pour l’avenir doivent garantir des responsabilités communes, mais différenciées entre pays développés et pays en développement, a-t-elle dit. Il n’est pas acceptable que les nations les plus responsables des changements climatiques tentent maintenant de renégocier le contenu de l’Accord de Paris. « Une fois pour toutes, nous devons construire un modèle de développement basé sur le respect de la Terre nourricière et des droits de tous nos peuples. » Enfin, la Bolivie considère qu’il faut avancer vers des processus plus profonds, a souligné la Ministre, c’est pourquoi elle propose de promouvoir un processus de décolonisation et de « dépatriarcalisation », pour démanteler les structures de domination et de sujétion du passé.
M. DAVID LAMMY, Secrétaire d’État pour les affaires étrangères du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a estimé que le Sommet et Pacte pour l’avenir offrent aux États Membres l’occasion de faire preuve d’un leadership mondial responsable pour s’adapter aux changements rapides de notre époque et aller plus loin en répondant aux besoins de chacun, en particulier des plus vulnérables. Reconnaissant qu’on ne pouvait ignorer les « grandes injustices » subies par les pays du Sud dans le passé ni les « frustrations » face à l’injustice du système mondial, il a appelé à agir de trois manières.
Le Chef de la diplomatie britannique a d’abord rappelé la nécessité de davantage d’efforts collectifs pour prévenir et mettre fin aux conflits, ce qui signifie notamment « défendre la souveraineté de l’Ukraine, exiger un cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban et soutenir la fin des combats au Soudan », ainsi qu’un Conseil de sécurité « plus représentatif », le soutien à l’état de droit international et son application égale et équitable. M. Lammy a ensuite appelé à agir d’urgence face à la crise climatique et naturelle, précisant que le nouveau Gouvernement britannique allait renouveler ses ambitions intérieures et se « reconnecter » à l’étranger en construisant une « alliance mondiale pour une énergie propre » et en veillant à débloquer le financement international du climat et de la nature en particulier par le secteur privé. Enfin, il a préconisé une nouvelle approche du développement, faisant appel au partenariat plutôt qu’au paternalisme. Rappelant en conclusion que « dans le monde entier, dans chaque zone de guerre, chaque camp de réfugiés, l’ONU est là », il a estimé que ce Sommet devait « à nouveau diriger les yeux du monde vers ce phare ».
M. ANTHONY J. BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré que le système actuel a besoin de soutien, de réformes et de revitalisation. Son gouvernement en convient et c’est pourquoi il a forgé un ensemble de priorités dans ce Pacte pour l’avenir afin de mieux réagir aux chocs et aux changements climatiques, de rétablir la paix et la sécurité sur terre, en mer et dans l’espace, de faire respecter les droits de l’homme et de mieux représenter le monde tel qu’il est aujourd’hui. Les États-Unis, a dit le Secrétaire d’État, sont en faveur d’une réforme immédiate du Conseil de sécurité. Il a appelé tous les États Membres à y parvenir, avant d’expliquer que les États-Unis souhaitent que l’Afrique puisse faire entendre sa voix. S’agissant des crises humanitaires, il a souligné que son pays collabore avec les secteurs public et privé et concluant sur la réforme de l’ONU, il a prévenu que le révisionnisme n’a pas sa place ici. L’Organisation doit préserver son essence qui est de mobiliser des efforts communs autour d’objectifs communs et de garantir un système multilatéral fort.
Mme METTE FREDERIKSEN, Première Ministre du Danemark, a commencé par rendre hommage au courage du Président et du peuple ukrainiens qui se battent pour la démocratie, l’autodétermination, la souveraineté et la liberté. Ne pas laisser un pays agresser un autre pour modifier les frontières, parce qu’il est mû par son rêve d’impérialisme est une question fondamentale du droit, a-t-elle asséné. La guerre doit cesser et l’Ukraine doit la gagner, a-t-elle lancé. Elle a ensuite estimé que le système international doit être beaucoup plus égalitaire et favoriser davantage la solidarité et la représentation de tous. Il faut donc réformer l’architecture financière internationale pour pouvoir investir dans le développement durable, l’éducation, la santé, et « surtout » dans des solutions climatiques. Pour sa part, le Danemark apporte déjà une contribution importante à l’Association internationale de développement et a l’intention de l’augmenter de 40%.
M. JEAN-NOËL BARROT, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a déclaré que la gouvernance mondiale doit à la fois être plus représentative et collectivement plus efficace. Chacun doit y contribuer, chacun doit y prendre ses responsabilités, a-t-il affirmé, appelant à accélérer les efforts pour répondre aux enjeux climatiques, à l’insécurité alimentaire, à la pauvreté, aux pandémies et aux crises humanitaires. De même, il a indiqué que la réforme du Conseil de sécurite est indispensable pour préserver la légitimé et renforcer la représentativité de l’organe. Il a défendu un élargissement dans les deux catégories de membres et une présence renforcée de l’Afrique, y compris parmi les permanents.
Poursuivant, le Ministre a appelé à un sursaut décisif de la communauté internationale pour aider les économies vulnérables. Il faut une impulsion financière et la mobilisation de toutes les ressources nécessaires, a-t-il insisté. Aucun pays ne doit avoir à choisir entre son propre développement et la préservation de la planète. Ce sont les deux facettes d’une même pièce. Le dignitaire a par ailleurs souligné que la révolution numérique ne doit pas creuser davantage la fracture numérique et doit servir les objectifs de développement durable.
Le Ministre français s’est par ailleurs inquiété des frappes israéliennes qui viennent de faire des centaines de victimes au Liban, parmi lesquelles des femmes et des enfants. Ces frappes doivent cesser immédiatement, a-t-il enjoint, appelant les parties à la désescalade et à éviter un embrasement régional qui serait dévastateur pour tous. Il a fait savoir que la France a demandé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.
M. REXON RAMOFAFIA, Ministre de la planification nationale et de la coordination du développement des Îles Salomon, a regretté que l’architecture financière internationale ne soit pas en harmonie avec la réalité de pays comme le sien. Les Îles Salomon, a-t-il rappelé, sont une économie à la fois petite et vulnérable. « Notre éloignement géographique augmente le coût de l’acheminement des services et de de notre participation au commerce international. » Il a cependant salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, exprimant l’engagement de son pays à cet égard, comme en atteste la présentation en juillet de son deuxième rapport volontaire national portant sur les ODD et sa stratégie nationale de développement.
Après avoir loué la coopération et le partenariat, « indispensables pour notre développement », le Ministre a alerté sur les effets délétères des changements climatiques sur les petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique. Outre les pertes en vies humaines qu’ils provoquent, ces phénomènes sont lourds de conséquences pour nos économies, a-t-il souligné, exprimant sa frustration face aux difficultés de financement que rencontrent ces pays, bien qu’ils soient en première ligne du « front climatique ». Il a par ailleurs souhaité que le Pacte soit l’occasion de réduire la fracture climatique et de tirer parti des nouvelles technologies, non sans préciser que son pays y accède de façon très limitée, même s’il vient de lancer sa première politique pour une gouvernance du cyberespace. Enfin, après avoir plaidé pour une réforme du système multilatéral, il a rappelé que l’avenir appartient aux jeunes, lesquels représentent 60% de la population des Îles Salomon.
M. ELMER SCHIALER SALCEDO, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a dit qu’il faut une nouvelle gouvernance mondiale plus inclusive et plus équitable pour réduire les fossés qui persistent dans certaines franges de la société historiquement lésées. Si le Sommet de l’avenir a abordé des questions qui ont un impact sur les générations à venir notamment la numérisation et l’intelligence artificielle, il reste indispensable d’élaborer un système de gouvernance mondiale qui promeuve les transferts de connaissances et de technologie et qui établisse des directives pour l’utilisation de l’intelligence artificielle. Pour le Pérou, a expliqué le Ministre, le Pacte pour l’avenir est un outil qui doit respecter la souveraineté des États et qui doit également promouvoir la coopération fondée sur la solidarité, le respect mutuel et l’équité. Il s’est opposé à l’imposition de programmes qui pourraient saper le cadre juridique interne de son pays. Il a préconisé une plateforme permettant de travailler ensemble aux côtés d’autres nations pour relever des défis tels que la lutte contre la pauvreté, la protection de l’environnement et la reprise économique mondiale, au bénéfice des pays en développement.
M. PAULO RANGEL, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a souligné la gravité des incendies que connaît son pays et qui sont la conséquence des changements climatiques. Il a aussi insisté sur l’importance d’une gestion durable des océans, avant de préciser que son pays est candidat à un siège non permanent du Conseil. Les défis d’aujourd’hui, a-t-il poursuivi, ignorent les frontières. C’est pourquoi l’adoption du Pacte pour l’avenir était nécessaire, a-t-il déclaré. Enfin, le Ministre du Portugal a voulu que l’on mise sur le dialogue afin de bâtir un avenir durable pour tous et toutes.
M. KHAWAJA MUHAMMAD ASIF, Ministre de la défense du Pakistan, a déclaré qu’il ne peut avoir de développement durable alors que les tragédies comme celles qui se déroule à Gaza sont perpétrées et perpétuées par les pays développés. Il a ensuite estimé que pour la centaine de pays en développement que compte le monde, le Pacte pour l’avenir aura un impact transformateur, à condition qu’il tienne ses engagements, et que se réalisent ceux pris dans le cadre du financement du développement. Il faudra réaliser les engagements concernant l’aide publique au développement, la réattribution des bons de tirages spéciaux, la baisse des taux d’intérêt ou encore la mise en place d’un système fiscal international plus équitable ou la réorganisation du système financier international. Il en sera de même pour le Pacte numérique mondial si l’on veut qu’il porte ses fruits, a-t-il ajouté. De même, il a jugé essentiel d’assurer un rééquilibrage du fossé existant entre Nord et Sud, dans le domaine du numérique, et de l’accès à la technologie. Il sera également essentiel de travailler aux bienfaits et à la régulation de l’intelligence artificielle.
M. BADJIE, Ministre de la jeunesse et des sports, a lancé un appel au renforcement des principes du multilatéralisme, à savoir le respect des droits humains, le maintien de la paix et la promotion du développement durable. Soulignant l’effet délétère des instabilités régionales sur les pays en développement, il s’est dit préoccupé par l’aggravation de la pauvreté dans le sillage des grandes crises mondiales, dont la pandémie de COVID-19, les vulnérabilités climatiques, l’insécurité alimentaire et les menaces sanitaires émergentes. La majorité des pauvres sont des femmes, a-t-il relevé, précisant qu’elles font face à des barrières considérables en matière d’éducation, de ressources économiques, de participation au marché du travail et aux processus de prise de décision.
Ces problèmes freinent les progrès des ODD, a estimé le Président. Partant, il a appelé de ses vœux des actions audacieuses, des solutions globales et l’octroi de ressources importantes. Les incertitudes économiques mondiales font tout particulièrement obstacle à l’emploi des jeunes, a-t-il déploré. Détaillant les initiatives déployées par son gouvernement pour soutenir la jeunesse, il a notamment cité une consultation nationale. Entre autres revendications, les jeunes ont mentionné la nécessité de réformer le système financier international, plaidé pour un accès accru au financement climatique, à des mesures pour combler l’écart entre les sexes ou encore au renforcement des infrastructures Internet.
Mme ADRIANA MIRA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Salvador, a estimé que les instruments négociés au sein du Sommet de l’avenir sont à même de revitaliser le multilatéralisme. Ce dernier poursuivra toutefois son recul si les dynamiques de pouvoir prévalent sur les règles instaurées au bénéfice de tous, a-t-elle averti. Elle a réitéré le soutien de son pays à une réforme du Conseil de sécurité, dans la ligne de ses positions émises lors des négociations du Pacte pour l’avenir, afin de permettre la participation des nations sous-représentées.
Rappelant la stratégie de sécurité initiée par son pays sous l’impulsion de son président, Mme Mira a considéré que la résolution de ce problème représentait la seule manière d’assurer un futur au Salvador. Elle s’est félicitée que son gouvernement puisse désormais se consacrer à l’économie et au commerce international. Ce dernier thème exige le développement des industries de technologie, l’adaptation aux changements climatiques et la transition vers une énergie verte, a-t-elle estimé. Dans ce but, son pays a franchi des étapes importantes, a-t-elle poursuivi, citant l’amélioration des accès à Internet et l’inauguration d’un data center de grande envergure en collaboration avec Google.
M. JÜRGEN STOCK, d’INTERPOL, confirmant l’adhésion de son organisation au Pacte pour l’avenir, a mis l’accent sur le rôle crucial joué par les forces de l’ordre pour garantir la sécurité et la prospérité des communautés du monde entier, renforçant ainsi les bases du développement. Il a rappelé qu’en 2017, INTERPOL avait lancé les Objectifs mondiaux en matière de police, qui proposent un modèle permettant à la communauté chargée de l'application des lois de faire progresser le Programme 2030, en complémentarité avec les objectifs de développement durable des Nations Unies. En outre, l'Assemblée générale des Nations Unies doit adopter durant l’année la quatrième révision de sa résolution sur la coopération entre INTERPOL et l'ONU. Face à la coopération mondiale entre réseaux criminels, l’orateur a appelé à adopter une architecture de sécurité mondiale unique et solide, qui garantisse l’inclusivité de l’information, des réseaux et de l’accès à la technologie. Il également appelé à restaurer et maintenir la confiance dans les institutions conçues pour protéger la paix, la sécurité et la prospérité, en faisant évoluer les approches pour relever les défis émergents de manière responsable, éthique et avec une intégrité sans faille. RAS
M. KEVIN CASAS-ZAMORA, Secrétaire générale de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déclaré qu’il voulait vivre dans un monde qui ne tolère plus que 81 personnes soient plus riches que la moitié de l’humanité éprise de démocratie. Le Pacte pour l’avenir est notre meilleure chance, non pas de créer le paradis sur Terre qui est toujours une idée dangereuse, mais d’édifier un monde qui soit un petit peu plus respectueux de la dignité de chaque être humain.
M. ERNESTO OTTONE, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré qu’il n’y a pas de futur viable lorsque 250 millions de jeunes à travers le monde sont privés du droit fondamental à l’éducation. Il y a donc un travail supplémentaire à faire en ce sens, notamment pour l’éducation des filles. Il est également essentiel que le Pacte pour l’avenir favorise l’échange de technologie afin de combler le fossé existant en la matière entre les pays. Il a aussi plaidé pour la préservation des biens culturels et des sites appartenant au patrimoine mondial, dans la droite ligne de l’article 11 du Pacte pour l’avenir. Son adoption est une avancée majeure, mais il faut aller plus loin en faisant en sorte que la culture soit élevée au rang d’objectif à part entière dans le Programme de développement durable post 2030 qui est encore à construire, a dit l’orateur.
M. RAFAEL MARIANO GROSSI, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a jugé bon de rappeler, lorsque les divisions politiques, les changements climatiques, la guerre, la faim et la maladie semblent éclipser nos efforts, que « la meilleure façon de prédire l’avenir est de le construire ». Il a ajouté que le monde dispose des outils pour relever ces défis, sous forme de connaissances, de technologie, de moyens financiers, de la diplomatie et d’institutions internationales solides. Parmi ces dernières, l’AIEA met au service de ses 180 États membres « les outils de la science et de la technologie nucléaires qui sauvent et renforcent la vie, contribuant ainsi directement aux objectifs de développement durable », a expliqué M. Grossi, qui a détaillé le travail de son agence, notamment dans les domaines de la santé et de l’agriculture. Faisant observer que l’énergie nucléaire fournit environ un quart de l’électricité mondiale à faible émission de carbone et qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs climatiques énoncés dans l’Accord de Paris, il a rappelé que l’AIEA aide les États, en particulier les pays en développement, à élargir leurs programmes nucléaires civils ou à s’y lancer en toute sécurité.
M. Grossi a ensuite rappelé le rôle de l’AIEA dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales en appliquant les garanties nucléaires prévues par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), grâce à un système d’inspection permanent, et en facilitant la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires. Son travail dans différentes régions du monde et notamment en Iran et en Syrie, contribue à la stabilité internationale, a-t-il exposé. Il a également rappelé le travail de l’AIEA pour éviter tout accident radiologique ou nucléaire dans le cadre du conflit en Ukraine, notamment dans la centrale de Zaporizhzhia, ou encore pour s’assurer de l’innocuité des rejets des eaux de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au Japon.
En conclusion, le Directeur général de l’AIEA a mis en avant ses efforts depuis sa nomination pour augmenter la part des femmes dans son agence, passée de 30% à 48%, ainsi que son programme de bourses pour favoriser la diversité. « L’AIEA est un acteur multilatéral clef pour faire du Pacte pour l’avenir une réalité », a-t-il conclu.
Mme BYANYIMA, du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a rappelé qu’une responsabilité commune et une solidarité mondiale doivent nous unir, aucun pays ni aucune entité à eux seuls ne pouvant résoudre des problèmes comme celui de la pandémie de VIH/sida. Il faut faire en sorte que les bienfaits de l’innovation scientifique soient mis en commun par tous les pays et partager les ressources financières. Aujourd’hui, a-t-elle expliqué, nous sommes confrontés à un défi: les pays les plus vulnérables face au VIH/sida sont les plus en difficulté, ce qui suppose une restructuration de la dette pour mutualiser les ressources. La riposte collective au VIH devrait être une source d’inspiration pour réaffirmer notre attachement au multilatéralisme.
M. PIERRE KRÄHENBÜHL, Directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a salué le fait que le Pacte pour l’avenir précise qu’il existe une voie pour un avenir plus radieux, sur la base de la coopération internationale. Rappelant que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève de 1949, il a rappelé que tous les États Membres de l’ONU se sont engagés à garantir le respect de ces règles, « dans les propos comme dans les actes ». Le droit international humanitaire exige que les parties belligérantes ne s’attaquent qu’à des cibles militaires et prennent toutes les précautions pour minimiser les dégâts causés aux civils, a-t-il souligné, avant d’encourager les États à utiliser leur influence pour s’assurer que ce principe soit bien mis en œuvre. Les parties doivent également autoriser et faciliter la circulation de l’aide humanitaire. Or, « des millions de personnes en zone de guerre, souvent victimes d’attaques aveugles, manquent du soutien humanitaire le plus élémentaire ». Pour le représentant, la destruction des infrastructures civiles essentielles pourrait être évitée si les attaques étaient limitées et basées sur les principes de proportionnalité et de distinction. La réalité, a-t-il ajouté, est que les effets de la destruction et de l’abandon entraînent des conséquences terribles pour les jeunes générations.
« L’avenir est créé aujourd’hui », a déclaré M ABOUL GHEIT, de la Ligue des États arabes, pour qui ce Sommet doit lancer un message fort pour un avenir meilleur. Il a insisté sur l’importance du multilatéralisme pour venir à bout des enjeux urgents dans le monde, comme le financement climatique, la crise de l’endettement, les défis des nouvelles technologies et la lutte contre la pauvreté. Cependant, l’enjeu principal que doivent relever l’ONU et la communauté internationale restent la paix et la sécurité dans le monde. Sans cela, les autres objectifs ne pourront être atteints. Pourtant aujourd’hui, le Conseil de sécurité ne reflète plus le monde et ne sert plus le multilatéralisme de façon efficace, a-t-il constaté, en prenant pour exemple la paralysie du Conseil face au conflit à Gaza. Et « aujourd’hui c’est le tour du Liban ». Il a appelé à un sursaut pour éviter un embrasement régional.
Mme CELIK, Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a indiqué que deux tiers de la population mondiale vivra dans les villes d’ici à 2050, et qu’ONU-Habitat est prêt à soutenir l’engagement pris par les États Membres dans le cadre du Pacte pour l’avenir pour garantir un accès à des logements sûrs et appropriés pour tous. Nous aiderons également les pays en développement à planifier et à créer des villes résilientes et durables et appuierons l’accès aux services essentiels dans les villes. Lorsqu’elles sont bien planifiées, les infrastructures urbaines, de même que les logements et les services, peuvent changer les vies des populations des villes en les rendant plus durables et plus résilientes.
La représentante a encouragé les États Membres à penser le développement urbain durable en coopération avec les autorités locales et régionales et à doter ses dernières de ressources. Il faut aussi s’appuyer sur la participation des jeunes afin de promouvoir la stabilité et la sécurité sur le long terme, et de pacifier les sociétés en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. Les risques de catastrophes peuvent également être mieux gérés, notamment grâce aux technologies numériques.
M. SALAZAR XIRINACHS, de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a déclaré que le Pacte pour l’avenir est un pas dans la bonne direction pour réformer les structures internationales qui à ce jour ne sont ni représentatives ni équitables. Le monde et la région d’Amérique latine et des Caraïbes, en particulier, gagneraient à vivre dans un monde multipolaire qui permettrait de faire avancer la réalisation des objectifs de développement durable et de relever le défi des changements climatiques. À la quarantième session de la CEPALC qui aura prochainement lieu au Pérou, les discussions porteront sur les engagements pris à ce Sommet de l’avenir et de leurs incidences sur la région, a annoncé l’orateur.
Mme ACKSON, Présidente de l’Union interparlementaire (UIP), s’est félicitée de la voix claire qu’a établie le Pacte pour l’avenir afin de progresser vers les ODD et de réparer le système multilatéral abimé. Elle a applaudi la reconnaissance de la Mesure 55 qui souligne la nécessité de renforcer les liens entre les 180 parlements nationaux de l’UIP et les Nations Unies. Nous attendons avec intérêt de travailler avec les États Membres pour mieux intégrer les parlements dans les processus au sein des Nations Unies, s’est réjouie la représentante. D’année en année, notre objectif final est de rendre l’ONU plus apte et plus fiable afin que cette organisation puisse tenir ses engagements, a-t-elle conclu.
M. LARIO, Fonds international de développement agricole (FIDA), a déclaré que dans quelques années, les progrès dans la lutte contre la famine seront dans l’impasse, à moins de prendre des mesures urgentes et drastiques. Près de 600 millions de personnes n’auront pas assez à manger, a-t-il averti. Il a expliqué que l’humanité dépend des 3,7 milliards de petites productions agricoles pour leur subsistance, et que la moitié de l’alimentation provient de ces petits producteurs. Pourtant, la faim et la pauvreté sont concentrées dans les zones rurales et les communautés rurales. Il a appelé à intégrer ces communautés en première ligne de la lutte contre la faim, la pauvreté et les changements climatiques, et à investir davantage dans les zones rurales. Il faut des investissements ciblés et effectifs afin de porter assistance aux populations et aux pays qui en ont le plus besoin.
Aujourd’hui, a indiqué le représentant, moins d’un tiers du financement pour le développement en matière d’aide alimentaire parvient à ces personnes. Et une part minime de ce financement parvient aux petits producteurs qui sont en première ligne dans la lutte contre les changements climatiques. Il a appelé à répondre aux besoins individuels des pays, notamment en prévoyant des taux préférentiels pour les pays les plus endettés. Il faudra également mobiliser les investissements du secteur privé.
Mme IFIGENEIA KONTOLEONTOS, de l’Organisation internationale de la Francophonie–OIF, a dit avoir apprécié l’inclusivité des processus qui ont mené à l’adoption du Pacte pour l’avenir. Expliquant que la Francophonie « œuvre constamment pour un multilatéralisme revigoré », elle a rappelé le plaidoyer mené par l’OIF pour la bonne prise en compte de la diversité culturelle et linguistique dans le Pacte numérique mondial. Par ailleurs, l’OIF appelle à une réforme de l’accès au financement concessionnel du développement qui prenne en compte la vulnérabilité dans toutes ses dimensions, économique, sociale et environnementale. Dans le domaine du maintien de la paix, la Francophonie plaide pour la prise en compte du multilinguisme et des compétences interculturelles, « vecteurs d’efficacité dans la mise en œuvre des mandats complexes des opérations de paix ». L’oratrice s’est aussi félicitée du consensus qui s’est dégagé sur la nécessité d’honorer, de préserver et de promouvoir la diversité culturelle et linguistique au bénéfice des générations futures, et de ce que le Pacte pour l’avenir ait prévu des actions destinées à protéger et promouvoir la culture comme composante intégrale du développement durable. Elle a assuré que la communauté francophone veillera à faire fructifier les résultats du Sommet de l’avenir, notamment à l’occasion du prochain Sommet de la Francophonie, qui se tiendra début octobre en France.
M. ALBUDAIWI, Conseil de coopération du Golfe (CCG), a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir dont il partage la vision. Regrettant le ralentissement marqué dans la réalisation des ODD, pourtant l’une des priorités du CCG avec l’action climatique et le financement du développement, il a indiqué que le Conseil joue un rôle important dans plus de 90 pays dans le monde en soutien aux ODD. Il est attaché au renforcement de la paix à travers le règlement pacifique des différends. Quant au règlement de la question de la Palestine, le représentant a insisté sur le fait que cela doit se faire sur la base du droit international.
La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mme NATALIA KANEM, a fait valoir que les changements démographiques -croissance de la population, vieillissement, migration- remodèlent notre monde et notre avenir. Dans un monde de plus de 8 milliards d’habitants en constante évolution, il faut veiller à ce que la dynamique démographique soit prise en compte dans les plans de développement, en mettant l’accent sur les droits, les choix, la dignité et l’égalité, a insisté la haute responsable. Cela signifie qu’il faut investir dans le capital humain -dans la santé, l’éducation et l’autonomisation des femmes et des jeunes- a-t-elle souligné, en rappelant que ces investissements sont très rentables et qu’ils ont des effets d’entraînement sur plusieurs générations.
Mettant l’accent sur le 1,9 milliard de jeunes qui ont le pouvoir de transformer le monde, Mme Kanem a appelé à investir dans leur potentiel et à soutenir leur leadership, affirmant qu’ils « ont le droit fondamental de participer au développement durable, à l’action humanitaire et au maintien de la paix ». En tirant parti de la science, des données et des statistiques, combinées à la prospective stratégique, il est possible de penser au présent et de préparer l’avenir, a-t-elle souligné, en encourageant les États Membres à adopter et façonner la technologie qui transforme notre monde et notre travail.
Notant que la fracture numérique entre les hommes et les femmes n’est pas seulement due à un manque de disponibilité et d’accessibilité des technologies, mais aussi à des normes sociales et sexospécifiques néfastes qui limitent l’autonomie des femmes et des jeunes filles, Mme Kanem a demandé qu’en comblant le fossé numérique, on veille aussi à ce que la technologie favorise l’autonomisation et l’égalité des sexes plutôt que de perpétuer la violence.
Mme ALYAHYA, de l’Organisation de coopération numérique, a estimé que le Pacte numérique mondial constitue une feuille de route ambitieuse pour un avenir numérique inclusif, ouvert, durable, juste, sûr et sécurisé pour tous. Le véritable défi consiste selon elle à traduire ces engagements en actions, en particulier alors que nous nous efforçons d’atteindre les ODD. À cet égard, elle a noté que le fossé en matière d’intelligence artificielle représente un obstacle important, certains pays progressant rapidement en matière d’innovation, tandis que d’autres ont du mal à suivre le rythme. Dans le même temps, a-t-elle poursuivi, « la fracture numérique entre les sexes continue de limiter l’accès des femmes à la technologie et aux opportunités ». Si nous ne relevons pas ces défis interconnectés, nous risquons de laisser des communautés entières pour compte, a averti l’intervenante, dont l’organisation s’emploie à accélérer la croissance inclusive et durable de l’économie numérique en Afrique, en Asie, en Europe et au Moyen-Orient, touchant plus de 800 millions de personnes. Elle a ajouté que, lors de ce Sommet, l’Organisation de coopération numérique a lancé un outil innovant qui fournit des informations détaillées sur les performances de l’économie numérique dans 50 pays, mettant ainsi en pratique certains des principes du Pacte numérique mondial.
M. BLANCO, de l’Organisation des États ibéro-américains pour l’éducation, la science et la culture, a indiqué qu’en tenant compte des tendances actuelles, la région Amérique latine et Caraïbes n’est en passe d’atteindre que 22% des cibles des ODD, précisant que l’ODD no 2 (Faim « zéro ») et l’ODD no 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques) affichent les résultats les plus inquiétant avec des reculs dans plus de 50% des indicateurs analysés.
Le représentant a expliqué que la région est parvenue à une éducation primaire quasi universelle (97%), à des progrès significatifs dans l’éducation secondaire (77%), et à un bon spectaculaire dans l’éducation supérieure. En revanche, les écarts d’accès à l’éducation en fonction du niveau socioéconomique, du sexe, de la zone de résidence et de l’appartenance ethnique persistent, a-t-il tempéré, ajoutant que la qualité de l’apprentissage posait aussi problème: à 15 ans, trois jeunes sur quatre n’ont pas acquis les compétences fondamentales en mathématiques et un sur deux en lecture. De plus, moins de 50% de la population de la région dispose d’une connectivité fixe à large bande et seulement 10%, de la fibre optique à domicile, a-t-il regretté, s’inquiétant des effets de cette « fracture numérique » sur sa capacité à tirer pleinement parti de la révolution de la numérisation et de l’émergence de l’intelligence artificielle.
Mme GRETHEL AGUILAR ROJAS, Directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a rappelé l’impact dévastateur de l’humanité sur la nature avant de rappeler que « les humains ne sont pas propriétaires du monde ». Si nous voulons assurer l’avenir de notre planète, nous devons apporter des changements transformateurs pour la nature et les populations, a-t-elle ajouté. Elle a vu une « lueur d’espoir » dans quelques récents succès dans les accords multilatéraux sur la nature et l’action climatique, citant le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et le Traité sur la haute mer, tout en jugeant essentiel d’en assurer désormais la mise en œuvre.
Pour l’UICN, il faut placer la nature au centre des systèmes sociaux et économiques mondiaux et changer la relation entre les hommes et la nature, afin que la nature offre des solutions aux hommes et que les gens gèrent la nature de manière équitable et efficace. Mme Aguilar a plaidé pour un passage à une économie circulaire mondiale, soutenu par des processus décisionnels inclusifs et participatifs incluant réellement les jeunes, les peuples autochtones et les communautés locales, avec des considérations de genre, et qui soient étayés par la science. À cet égard, elle a salué le Pacte pour l’avenir en tant qu’engagement renouvelé des États membres en faveur du multilatéralisme, tout en regrettant qu’il « n’ait pas pleinement réalisé le changement transformateur nécessaire pour la nature et le climat ».
M. PHILIPPE LAZZARINI, Commissaire générale de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a exprimé que le Pacte pour l’avenir était l’occasion de renouveler les principes qui ont été utiles par le passé et de mener les réformes qui sont nécessaires. Les équipes qui œuvrent au Moyen-Orient font face à des défis de taille, a-t-il poursuivi, rappelant néanmoins les nombreux efforts menés notamment en matière d’enseignement, de vaccination universelle et de traitements contre les maladies. L’ampleur des souffrances humaines devrait nous alarmer, a-t-il averti, estimant que la capacité à répondre à ces souffrances est mise à mal par les tentatives visant à se débarrasser de l’UNRWA et à la classer en tant qu’organisation terroriste. Nous devons repousser les violations du droit international et les tentatives d’intimidation, a-t-il exhorté, au risque de créer un dangereux précédent.
M. SHEN XIAOMENG, Vice-Recteur de l’Université des Nations Unies (UNU) pour l’Europe, a dit que le Sommet et le Pacte pour l’avenir représentent un moment décisif pour les générations actuelles et futures. Dans plusieurs décennies, a-t-il voulu croire, nos enfants regarderont en arrière et reconnaîtront que ce sommet a été un événement capital; ils seront d’accord pour dire que « nous avons été de bons ancêtres et que nous avons jeté les bases d’un monde plus juste, plus durable et plus pacifique ». Notre avenir sera défini par les engagements collectifs que nous prenons aujourd’hui, a-t-il affirmé: abandonner les combustibles fossiles, renforcer la gouvernance des nouvelles technologies, construire la paix et réformer l’architecture financière internationale. La science et la recherche joueront un rôle essentiel dans ce changement en ce qu’elles éclaireront l’élaboration des politiques et des solutions et garantiront qu’elles auront un impact réel. L’UNU, grâce à ses activités de recherche et d’enseignement collaboratives, est une source de connaissances impartiales, d’éléments probants et de solutions politiques, a fait valoir le responsable, en rappelant qu’elle a participé à l’élaboration du Pacte pour l’avenir et qu’elle s’engage à ce qu’il soit mis en œuvre avec succès. « Nous vous offrons un pont vers la communauté scientifique », a-t-il souligné, dans la mesure où l’UNU offre un espace neutre pour tester des idées et créer de nouvelles coalitions. RAS
Pour M. ROBERT FLOYD, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), « l’avenir est vaste! Où allons-nous y vivre? Dans les bons quartiers? Les mauvais quartiers? C’est à nous de décider. Mais une chose est sûre: si les essais d’armes nucléaires reprennent, notre avenir commun ne sera pas brillant. » Rappelant que le monde avait connu 900 essais d’armes nucléaires entre Hiroshima et la signature du Traité sur la non-prolifération nucléaire en 1968 et que les essais avaient continué ensuite, M. Floyd a insisté sur le caractère vital du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) pour le monde plus sûr envisagé par le Pacte pour l’avenir. Il a ensuite mis en avant le caractère « intelligent » du TICE, la transparence de son fonctionnement et son efficacité, alors même qu’il n’est toujours pas entré en vigueur. Dans la période actuelle, « inquiétante, voire dangereuse », il a estimé que, pour éviter un conflit nucléaire et libérer le monde des armes atomiques, mettre fin aux essais une fois pour toutes constituerait « un grand pas ».
Alors que les changements majeurs souhaités par le Pacte vont requérir des investissements majeurs, M. Floyd a assuré qu’« arrêter les essais nucléaires coûte si peu! Il suffit de notre volonté collective, puis de l’action de quelques-uns ». Présentant le TICE comme « l’une de nos plus grandes réalisations communes », il a jugé qu’il était « temps de terminer le travail » en le faisant entrer en vigueur. « Si ce Sommet amène toutes les nations du monde à faire preuve d’audace, choix de principe, que celui-ci en fasse partie. Ce sera un succès historique! », a-t-il conclu.
Mme COKE-HAMILTON, du Centre international pour le commerce, a attiré l’attention sur la situation des femmes-entrepreneures qui gèrent des entreprises et qui relèvent des défis liés à la sécurité alimentaire et à la santé. Ce sont des personnes qui trouvent de nouvelles manières de soutenir leur famille par le biais notamment du numérique tout en échangeant leur expertise dans le monde entier. La représentante a ajouté que les jeunes nous apprennent aussi comment sauvegarder l’environnement tout en créant de nouveaux emplois. Ils sont des sources d’inspiration. Elle a appelé à placer les entreprises et le commerce au cœur des efforts de mise en œuvre du Pacte qui, a-t-elle ajouté, doit permettre aux petites entreprises de participer pleinement à l’économie numérique, et soutenir les jeunes entrepreneurs et innovateurs.
Mme BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, s’est félicitée de ce que l’égalité des genres et les droits des femmes et des filles fassent partie du Pacte pour l’avenir. Nous avons désormais, a-t-elle dit, des preuves solides du rôle de l’ODD no 5 comme accélérateur de l’ensemble du Programme 2030. Toutefois, les données les plus récentes nous montrent que nous ne sommes pas sur la voie bonne voie. Sans un changement, il faudra 137 ans pour éradiquer la pauvreté extrême chez les femmes et les filles, 68 ans pour mettre fin aux mariages précoces et 39 ans pour instaurer la parité dans les parlements. Elle a parlé de la Conférence de Beijing, qui fête cette année son trentième anniversaire, comme du programme d’action le plus visionnaire. C’est pourquoi ONU-Femmes attend avec intérêt un pacte Beijing +30, aligné sur le Pacte pour l’avenir. Nous voulons travailler avec toutes les parties prenantes pour mobiliser les ressources nécessaires et soutenir le rôle crucial de la société civile autour des problématiques liées à l’égalité des genres.
M. O’BRIEN, du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), a remarqué que le succès du Pacte pour l’avenir dépendra de la manière dont les politiques sont appliquées dans les budgets nationaux. « Pour les citoyens les plus jeunes, nous avons énormément accompli durant ces dernières décennies, mais des millions d’enfants sont toujours confrontés à des crises multiples, telles que les conflits et la pauvreté », a-t-elle expliqué. Estimant que les enfants définiront l’avenir, elle appelé la communauté internationale à faire de leur droit à être entendu un élément central des efforts collectifs. Elle a rappelé la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), le traité sur les droits humains le plus ratifié de l’histoire, mais a remarqué que nous ne sommes pas en bonne voie pour réaliser les ODD, en particulier ceux qui incluent les droits de l’enfant. En conclusion, elle a enjoint les gouvernements d’augmenter leurs investissements.
M. ASAD KHAN, Secrétaire général de l’Organisation de coopération économique (OCE), a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, et le fait que ce sommet ait également donné la priorité à la technologie par le biais du pacte numérique mondial, il a fait valoir que les technologies restent un facteur d’égalité et un multiplicateur de force pour de nombreuses personnes dans les pays en développement. Il est crucial d’honorer les engagements pris et de les faire fructifier, a-t-il insisté. À une époque où le multilatéralisme n’est souvent pas à la hauteur, où notre capacité à trouver un terrain d’entente pour relever des défis urgents est de plus en plus limitée, où l’optimisme pour des solutions gagnant-gagnant semble s’estomper, le régionalisme coopératif est la voie à suivre en tant qu’élément constitutif d’un multilatéralisme inclusif et plus efficace, a-t-il argué. Pour sa part, l’OCE a élaboré l’ECO Vision 2025, qui vise à stimuler le commerce, à améliorer la connectivité, à assurer la transition vers l’énergie verte et à promouvoir la croissance économique durable et le bien-être des populations.
Mme SERVAT, de l’Union postale universelle (UPU) a regretté l’absence de mention des contributions des personnes âgées dans le Pacte pour l’avenir. « Les jeunes d’aujourd’hui sont pourtant les personnes âgées de demain. » Il faut relever ce défi, a-t-elle dit. Le Pacte numérique mondial reconnaît certes largement les groupes vulnérables mais ne parle pas spécifiquement des personnes âgées. Ce manquement est troublant vu que les personnes âgées font également partie des groupes les plus touchés par la fracture numérique. Les membres du groupe inter-agences des Nations Unies sur le vieillissement sont prêts à soutenir les États Membres et à travailler en partenariat avec toutes les parties prenantes à ce sujet.
Déclaration de clôture
Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Assemblée générale, a d’abord félicité les États Membres qui ont travaillé avec engagement et solidarité au cours des deux dernières années pour réaliser ce jalon et pour renforcer la coopération internationale, la rendant plus efficace. Toutefois, a prévenu M. Philémon Yang, notre travail ne fait que commencer. Le Sommet de l’avenir est un grand pas dans nos efforts pour aller plus vite et de façon plus intelligente dans la réalisation des ODD, le plan d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Le Pacte devrait galvaniser notre engagement à travailler ensemble à l’avenir, notamment lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral qui se tiendra au mois de décembre de cette année et de la quatrième Conférence sur le financement du développement au mois de juillet 2025.
Le Président a souhaité que les vues et les idées échangées à l’occasion du Sommet inspireront de nouvelles initiatives dans les pays et les régions mais également à l’ONU. Les États Membres doivent faire des actions décisives et réaliser des progrès réels. Il ne faut jamais perdre de vue les vies perdues en raison de la pauvreté et de la famine, ni celles et ceux qui souffrent des affres des conflits, de la violence et du dénuement. Enfin, a dit le Président, il ne faut pas perdre de vue ces générations futures à qui nous devons nos meilleurs efforts pour faire advenir un monde qui permette la prospérité et l’essor de toute l’humanité en ne laissant personne de côté.