L’Assemblée générale célèbre la Journée internationale contre les essais nucléaires et souligne l’importance du Traité international
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La célébration de la Journée internationale contre les essais nucléaires était aujourd’hui l’occasion pour le Président de l’Assemblée générale, les groupes régionaux, des agences de l’ONU et des universitaires de promouvoir le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires « dans un monde déchiré par les conflits et les guerres » et marqué par « des signes inquiétants qui menacent les efforts visant à mettre fin au régime de désarmement et de non-prolifération ». Mme Shizuka Kuramitsu, jeune chercheuse ayant grandi à Hiroshima, a prévenu: « l’échec n’est pas une option pour notre génération ».
M. Dennis Francis, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que cette Journée est célébrée le 29 août depuis 1996, en l’honneur des victimes et des survivants des essais nucléaires. Cette Journée, a-t-il ajouté, est l’occasion de réaffirmer notre engagement à mettre fin à ces essais « une fois pour toute » rappelant qu’avant l’adoption du Traité en 1996, plus de 2000 essais avaient été menés et qu’après, seulement une dizaine.
« Encouragé » par le fait que depuis 1996, 187 États Membres ont signé le Traité et que 178 l’ont ratifié, M. Francis a salué la Papouasie-Nouvelle-Guinée de l’avoir ratifié en 2023. Il a néanmoins averti que face aux tensions géopolitiques, rien n’est acquis. Le Traité n’étant pas encore entré en vigueur, le Président a dit aux États concernés: « La complaisance face aux menaces risque d’annihiler la civilisation telle que nous la connaissons. » Le temps est venu de mettre fin aux essais nucléaires « aujourd’hui et pas demain ». Le Traité entrera en vigueur 180 jours après la date à laquelle tous les États inscrits à l’annexe 2 l’auront ratifié, dont la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Iran ou encore Israël.
M. Adedeji Ebo, Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a souligné que le moratoire mondial sur les essais nucléaires reste insuffisant sans l’entrée en vigueur du Traité. Il s’est alarmé « des signes inquiétants » notamment les menaces de plus en plus nombreuses de recourir aux armes nucléaires pour faire pression ou d’effectuer des essais nucléaires pour assoir son influence.
Le Haut-Représentant adjoint a jugé impératif de réparer les erreurs du passé, compte tenu des « cicatrices » laissées sur l’environnement et la santé et a estimé que l’arrêt complet des essais nucléaires est « une obligation morale » pour sauvegarder l’avenir de l’humanité et de notre planète. Mme Vivian Okeke, Directrice de la liaison newyorkaise de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a d’ailleurs indiqué que pour mieux aider les États à se préparer aux menaces sécuritaires posées par les acteurs non étatiques, l’AIEA a inauguré en octobre 2023 son nouveau Centre de formation et de démonstration en sécurité nucléaire, à Seibersdorf, en Autriche.
S’agissant en particulier de la situation à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, en Ukraine, Mme Okeke a expliqué que la Mission de soutien et d’assistance de l’AIEA effectue sa vingt-deuxième rotation pour surveiller le respect des sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires pendant les conflits armés et les cinq principes visant à garantir la sécurité à la centrale.
Jeune chercheuse à l’Association pour la maîtrise des armements, Mme Shizuka Kuramitsu, s’est présentée comme une originaire d’Hiroshima qui a grandi entourée de survivants des bombardements de 1945. Elle a accusé la communauté internationale de ne pas faire assez pour en finir avec la course aux armements et comme d’autres intervenants, a dénoncé le fait que la Fédération de Russie ait retiré sa ratification du Traité. Exhortant les États-Unis à ne pas reprendre ses essais nucléaires, elle a prévenu: pour notre génération, l’échec n’est pas une option. Le Traité doit être préservé afin que ma génération puisse vivre sans la crainte d’une nouvelle détonation, a-t-elle plaidé.
Quatrième intervenante de haut niveau, Mme Sharon Squassoni, professeure à l’Elliot School of International affairs, de l’université George Washington, a dit constaté l’effondrement de l’échafaudage des accords, des normes et des traités qui, ensemble, constituent la sécurité nucléaire collective. L’idée même d’une sécurité nucléaire partagée est attaquée aujourd’hui par ce qu’on appelle « la concurrence entre les grandes puissances ». Nous n’avons aucune intention de procéder à des essais, ont assuré les États-Unis qui ont dit œuvrer à la transparence de leur programme nucléaire, comme l’atteste la récente déclassification des informations sur ses arsenaux et ses programmes d’essais.
La Fédération de Russie et la Chine devraient suivre l’exemple américain, a commenté Mme Squassoni. La ratification du Traité par l’Égypte, l’Iran et Israël aurait un poids considérable au Moyen-Orient, tout comme dans leurs régions respectives, celles du Pakistan, de l’Inde et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).
Les États dotés et ceux qui sont sous le « parapluie nucléaire » doivent signer et ratifier le Traité dans les plus brefs délais, a martelé le Groupe des États d’Afrique qui a appelé à la volonté politique nécessaire pour que la prochaine Conférence d’examen en 2026 puisse faire des recommandations concrètes sur le désarmement nucléaire et l’universalisation du Traité. L’entrée en vigueur de ce dernier est d’autant plus importante aujourd’hui avec l’invasion de notre territoire par la Fédération de Russie, a dit l’Ukraine.
Le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC) a mis l’accent sur le Plan d’action conjoint avec l’AIEA, tout comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui s’est tout de même dite préoccupée par les agissements de la RPDC. L’Union européenne (UE) a d’ailleurs exhorté la RPDC à respecter ses obligations, en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et a plaidé pour un soutien financier au régime de vérification de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et des activités intégrées de renforcement des capacités dans les pays en développement. Le Groupe des États arabes a réitéré ses craintes face aux capacités nucléaires d’Israël.
L’observateur du Saint-Siège qui a cité le pape François a rappelé les États à leur devoir de reconstruire la vie des victimes des essais nucléaires et de protéger l’environnement pour les générations futures.