Mer Rouge: le Conseil de sécurité prolonge la demande de lui présenter des rapports mensuels sur les attaques des houthistes contre des navires de commerce
Ce matin, le Conseil de sécurité a adopté par 12 voix pour et 3 abstentions (Algérie, Chine et Fédération de Russie) la résolution 2739 (2024) par laquelle il prolonge jusqu’au 15 janvier 2025 la demande faite au Secrétaire général de lui présenter des rapports écrits mensuels sur toute nouvelle attaque perpétrée par les houthistes contre des navires marchands et des navires de commerce en mer Rouge, afin d’éclairer ses futures consultations.
Cette demande avait été formulée initialement lors de l’adoption, en janvier, de la résolution 2722 (2024) qui exige des houthistes qu’ils mettent fin immédiatement aux attaques qu’ils commettent en mer Rouge contre des navires marchands et de commerce et qu’ils libèrent immédiatement le Galaxy Leader et son équipage. Cet appel a été renouvelé dans la résolution adoptée aujourd’hui.
S’exprimant au nom des deux porte-plume, le Japon et les États-Unis, le représentant des États-Unis a argué qu’en prolongeant la disposition sur les rapports du Secrétaire général, le Conseil de sécurité obtiendra des informations mises à jour en temps voulu pour informer ses décisions sur ce dossier. Il a déploré que les houthistes persistent à lancer des attaques complexes contres des navires en mer Rouge, dans le golfe d’Eden et dans les eaux alentours, s’inquiétant en outre des conséquences sur le commerce mondial et l’acheminement de l’aide humanitaire.
Le Royaume-Uni et la Sierra Leone ont appuyé les objectifs du texte adopté aujourd’hui, tout comme le Guyana qui a fait le lien entre ce qui se passe en mer Rouge et la situation à Gaza, en plaidant pour un cessez-le-feu immédiat et durable afin de désamorcer les tensions.
Considérant que la résolution 2739 (2024) serait une prolongation de la résolution 2722 (2024), l’Algérie, la Chine et la Fédération de Russie ont expliqué leur abstention en exprimant leurs préoccupations quant au libellé « ambigu » de la résolution 2722 (2024) pouvant mener, selon elles, à une interprétation erronée du droit international et de la Charte des Nations Unies, et donc à une escalade des risques et des tensions en mer Rouge.
Cela a conduit à des frappes et à des bombardements d’un pays souverain, a dénoncé la Fédération de Russie qui a jugé impératif de veiller à ce que les mesures prises au nom de la liberté de navigation n’empiètent pas sur la souveraineté des États.
Les trois délégations ont aussi insisté sur la nécessité de tenir compte des causes profondes des tensions en mer Rouge, en particulier leurs liens avec la situation à Gaza. Toute normalisation de la situation en mer Rouge sera impossible sans stabilisation dans la zone de conflit israélo-palestinienne, et un texte qui ne reflète pas cela est déconnecté de la réalité, a estimé la Fédération de Russie.
Outre l’instauration de toute urgence d’un cessez-le-feu durable dans la bande de Gaza, ces délégations ont appelé à faire montre de la plus grande retenue et à donner la priorité aux moyens diplomatiques pour éviter des actes de violence et de nouvelles tensions en mer Rouge afin que la stabilité puisse prévaloir dans la région.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Texte du projet de résolution (S/2024/500)
Le Conseil de sécurité,
Rappelant toutes ses résolutions sur la situation au Yémen et en mer Rouge, notamment les résolutions 2216 (2015) et 2722 (2024),
Condamnant les attaques incessantes perpétrées par les Houthis contre les navires marchands et les navires de commerce,
Réaffirmant son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États côtiers de la mer Rouge, et soulignant de nouveau que les États de la région doivent jouer un rôle moteur, en étroite coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, pour contribuer à la paix et à la sécurité,
1. Prolonge jusqu’au 15 janvier 2025 la demande qu’il a faite au paragraphe 10 de la résolution 2722 (2024) au sujet des informations dont il doit lui être rendu compte;
2. Exige de nouveau que les Houthis mettent fin immédiatement aux attaques qu’ils mènent contre les navires marchands et les navires de commerce et qu’ils libèrent immédiatement le M/V Galaxy Leader et son équipage;
3. Souligne de nouveau qu’il faut s’attaquer aux causes profondes, notamment les conflits qui alimentent les tensions régionales et qui contribuent à perturber la sécurité maritime, afin d’intervenir rapidement et en toute efficience et efficacité, et redit à cet égard que tous les États Membres doivent respecter les obligations que leur impose la résolution 2216, qui établit un embargo sur les armes ciblé;
4. Appelle à la prudence et à la retenue afin de prévenir une nouvelle détérioration de la situation en mer Rouge et dans la région, et engage toutes les parties à redoubler d’efforts diplomatiques à cette fin, notamment en continuant de favoriser le dialogue et le processus de paix du Yémen sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies;
5. Décide de rester saisi de la question.