Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
7e et 8e séances plénières – matin & après-midi
DEV/3455

LDC5: les conditions de sortie de la catégorie des pays les moins avancés et l’aide publique au développement dominent la fin de la discussion générale

DOHA, 8 mars -- Avant de clore ses travaux demain après-midi, la cinquième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA) a achevé, cet après-midi à Doha, sa discussion générale, l’occasion pour une trentaine d’États Membres et d’organisations d’exprimer leur soutien au nouveau Programme d’action, d’évoquer à nouveau le rigoureux processus de sortie de la catégorie des PMA et de souligner l’importance de l’aide publique au développement, dont 45% a pour destination ces 46 pays vulnérables. 

En prélude à l’ultime table ronde de cette conférence, intitulée « Soutenir une sortie durable et irréversible de la catégorie des pays les moins avancés » et programmée demain matin, plusieurs pays ont dit craindre une réduction brutale du traitement spécial et différencié et des mesures dérogatoires en cas de reclassement, alors que le Programme d’action de Doha soutient qu’aucun PMA admis au retrait ne devrait voir son processus de développement interrompu ou inversé. 

Cette crainte a notamment été formulée par le Ministre du commerce du Cambodge, qui s’est d’abord réjoui que son pays ait rempli en 2021 les trois critères nécessaires à sa sortie de la catégorie des PMA.  Une sortie qui, a-t-il dit, pourrait avoir lieu dès 2024, à l’issue d’une nouvelle évaluation.  Il s’est également plu à dire que si le Cambodge quitte la catégorie d’ici à 2027, il pourra rejoindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030, puis celle des pays à revenu élevé d’ici à 2050.  Le Ministre a cependant déploré que ce reclassement s’accompagne d’une perte d’avantages, souhaitant que le processus soit rendu plus aisé pour les pays « sortants ».

Comme pour rassurer les pays en instance de sortie de la catégorie, le Deuxième Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée a rappelé que son pays est passé du statut de PMA à celui de bailleur de fonds.  Il a dit vouloir faire bénéficier les PMA actuels de son expérience, tandis qu’un groupe de pays développés faisait assaut de propositions pour aider les pays en voie de reclassement. 

Le Royaume-Uni a ainsi dit vouloir agir dans l’intérêt des PMA dans les six domaines prioritaires énoncés par le Programme d’action de Doha, notamment la réduction de la pauvreté, le renforcement des systèmes de santé, la lutte contre les changements climatiques et la transformation économique.  Pour cela, il prévoit d’utiliser tous les moyens à sa disposition, en recourant par exemple aux services financiers de la City de Londres, aux universités britanniques mondialement reconnues et aux technologies de pointe qu’il conçoit.  L’aide seule ne suffira pas, a expliqué la délégation. 

Soulignant le rôle de chef de file mondial de l’Union européenne et de ses États membres dans la fourniture de l’aide alimentaire d’urgence et la prévention de la famine dans le monde, le représentant de la République tchèque a, pour sa part, indiqué que son pays s’emploie à réduire les risques et à mettre en place des institutions et des infrastructures résilientes dans les PMA, conditions préalables à une transition durable vers la catégorie des pays à revenu intermédiaire. 

De son côté, le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT) a expliqué qu’il s’efforce de promouvoir dans les PMA un développement urbain durable d’un point de vue social et environnemental, en modernisant les infrastructures locales afin de répondre aux exigences de sortie de la catégorie. 

Comme lors des précédentes journées, la question des financements est revenue régulièrement dans les interventions, le Japon détaillant par exemple les milliards de dollars qu’il a versés ou prévoit de fournir aux pays en développement au titre de la lutte contre la COVID-19 et de l’adaptation aux changements climatiques.  En Afrique, où se trouvent 33 des 46 PMA, le pays compte investir pas moins de 30 milliards de dollars au cours des trois prochaines années, a indiqué l’Ambassadeur japonais auprès du Qatar. 

Mais c’est surtout la question de l’aide publique au développement (APD) qui a alimenté la discussion.  L’Indonésie a appelé à créer un environnement favorable au développement des PMA, non sans faire remarquer que les sources de financement sont limitées, qu’il s’agisse d’investissements étrangers directs ou d’APD.  Dans ces conditions, le respect des engagements envers les PMA est crucial, a-t-il argué, avant de rappeler que, pendant la récente présidence indonésienne du G20, celui-ci a convenu d’intensifier le financement mixte dans les pays en développement, y compris les PMA. 

Annonçant quant à elle une révision à la hausse de son APD, la République de Corée a fait état d’une progression de 140% de son aide bilatérale avec les PMA, principalement dans la région indo-pacifique et en Afrique.  Le Luxembourg a, lui, indiqué qu’il consacre 1% de son revenu national brut (RNB) à l’APD, en se concentrant sur six partenaires prioritaires, qui tous appartiennent à la catégorie des PMA ou l’ont quittée. 

L’Arabie saoudite s’est également déclarée prête à accompagner les PMA par le biais de son programme d’aide et de coopération.  Relevant que la part de son budget dédiée à l’APD ne cesse de croître, elle a ajouté que le Fonds saoudien d’aide au développement a déjà débloqué quelque 330 prêts pour un montant total de 6,7 milliards de dollars au bénéfice de 35 PMA. 

Parmi les mesures préconisées par le Programme d’action de Doha, la Belgique a mis l’accent sur le financement des changements climatiques.  Elle portera son APD en la matière à 130 millions d’euros cette année, a annoncé sa représentante, tandis que la Croatie faisait part d’une APD représentant désormais 0,15% de son RNB et en grande partie destinée aux PMA. 

Parallèlement à cette discussion générale, la Conférence a tenu deux nouvelles tables rondes de haut niveau.  La première, ce matin, avait pour thème « Reprise durable après la pandémie et renforcement de la résilience des pays les moins avancés face aux chocs futurs »; la seconde, cet après-midi, était intitulée « Mobilisation des ressources et renforcement des partenariats mondiaux pour le développement durable dans les pays les moins avancés ».  Elle reprendra ses travaux demain, jeudi 9 mars, à partir de 9 heures. 

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. SORASAK PAN, Ministre du commerce du Cambodge, a rappelé que, pour la première fois, son pays a rempli en 2021 les trois critères de reclassement de la catégorie des PMA et fera l’objet d’une nouvelle évaluation en 2024.  Le Cambodge, a-t-il indiqué, pourrait ainsi sortir de la catégorie cette année-là.  Toutefois, si nous sortons d’ici à 2027, nous pourrons rejoindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030, puis celle des pays à revenu élevé d’ici à 2050, a précisé le Ministre.  Déplorant à cet égard que la sortie de la catégorie des PMA s’accompagne d’une perte d’avantages, il a souhaité que le processus soit rendu plus aisé pour les pays « sortants ».  Il a ajouté que le Cambodge est néanmoins déterminé à mettre en œuvre le Programme d’action de Doha.  Dans ce cadre, le Cambodge entend investir dans les domaines de la santé et de l’éducation ainsi que dans les infrastructures essentielles, tout en promouvant une économie circulaire, verte et numérique, a poursuivi le Ministre.  Pour ce faire, le pays doit aussi élargir la gamme de ses financements pour le développement et explorer des mécanismes innovants, a-t-il dit, assurant que le Cambodge souhaite apprendre des expériences d’autres pays.  Enfin, après s’être félicité de l’appui des partenaires gouvernementaux et des bailleurs de fonds, il a invité la communauté internationale à se rallier à l’initiative du Secrétaire général en faveur d’une relance des objectifs de développement durable (ODD) et d’un soutien accru aux PMA. 

M. FIGUEIREDO (Brésil) a appelé la communauté internationale à soutenir le développement des PMA, car il est fondamental aujourd’hui de tendre la main aux plus vulnérables.  Il a demandé de mettre l’accent sur le principe de solidarité et d’utiliser également le levier de la coopération Sud-Sud comme le fait son pays.  Le Brésil coopère ainsi avec 31 des 46 PMA.  Le délégué a informé que cette coopération allait s’approfondir à l’avenir à la demande du Président Lula qui entend faire rayonner le pays à travers le monde.  Un nouveau modèle de coopération a d’ailleurs été engagé avec des PMA, par exemple dans le secteur des énergies renouvelables dans lequel le Brésil a connu des avancées notables. 

M. LEE DO-HOON, Deuxième Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a regretté que les premiers signes de relève post-COVID-19 aient été balayés par une contraction de l’économie mondiale et mis à mal par les changements climatiques.  Dans un contexte si sombre, il faut accorder une attention particulière aux PMA, a-t-il souligné, à travers une approche cohérente en vue de renforcer leur résilience et de faciliter leur transformation structurelle pour leur permettre d’être mieux intégrés dans le commerce international.  Le Ministre a insisté sur l’importance d’une approche au cas par cas et d’une aide « sur mesure » pour les PMA.  Il faut améliorer le partenariat mondial pour aider ces pays à se relever de la pandémie et des conséquences de la crise en Ukraine, deux aspects clairement abordés par le Programme d’action de Doha qui doit guider la communauté internationale du potentiel à la prospérité, a-t-il poursuivi, en assurant que la Corée jouera son rôle en revoyant notamment à la hausse son aide publique au développement (APD).  L’aide bilatérale de la Corée avec les PMA a augmenté de 140%, et le Ministre, évoquant la collaboration avec la région indo-pacifique et l’Afrique, a promis que cela ne s’arrêtera pas là.  Rappelant que son pays est passé du statut de PMA au statut de bailleur de fonds, il a assuré qu’il lui tarde de faire bénéficier les PMA de son expérience.

M. JONATHAN WILKS (Royaume-Uni) a constaté que les économies des pays en développement, en particulier des PMA, et le niveau général de la coopération internationale ont grandement pâti de la guerre lancée par la Fédération de Russie en Ukraine, qui fait flamber les prix de l’énergie et des denrées alimentaires.  À mi-parcours du Programme 2030, il est temps de revitaliser les efforts de mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) pour ne pas faire de laissés-pour-compte, a plaidé le représentant.  « Les priorités des PMA sont nos priorités », a poursuivi le délégué, selon lequel le Royaume-Uni entend agir dans l’intérêt des pays en développement sur les six domaines prioritaires du Programme d’action de Doha, notamment la réduction de la pauvreté, le renforcement des systèmes de santé, la lutte contre les changements climatiques et la transformation économique.  Le représentant a ajouté que son pays prévoit d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour exécuter sa stratégie de soutien aux PMA, en recourant par exemple aux services financiers de la City de Londres, aux universités britanniques mondialement reconnues et aux technologies de pointe qu’il conçoit.  L’aide seule ne suffira pas, a-t-il expliqué, il faut tirer profit de nos avantages comparatifs, de notre expertise technique, de notre réseau diplomatique et de notre société civile.  Il importe également de faire en sorte que les pays en développement puissent profiter du système fiscal international et emprunter à des taux raisonnables. 

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a fait valoir que pour atteindre les ODD d’ici à 2030, il faut renforcer le partenariat avec les PMA, en se concentrant sur les six domaines prioritaires du Programme d’action de Doha.  Le Luxembourg tient ses engagements en faveur des PMA, a-t-il annoncé précisant que la solidarité internationale et l’objectif de l’éradication de la pauvreté forment la base de son engagement continu en matière de coopération au développement.  Le Luxembourg suit une approche fondée sur les droits humains, l’égalité des genres et la durabilité environnementale afin de permettre à chaque individu de s’épanouir et de déterminer librement le cours de son existence, et de faire en sorte que le développement soit durable et inclusif, a précisé le représentant.  Concrètement, cela signifie que le Luxembourg continue de consacrer 1% de son revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD), en se concentrant sur les pays les moins avancés.  Cinq de ses six pays partenaires prioritaires (Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal et République démocratique populaire lao) font partie des 46 PMA, et le sixième, Cabo Verde, a pu en sortir en 2007, a relaté le représentant avant de citer le Bénin avec lequel le Luxembourg a décidé de renforcer son partenariat.  Il a ajouté que le Luxembourg s’engage aussi pleinement en matière de financement climatique, en phase avec le Programme d’action de Doha, et qu’il a ainsi décidé de contribuer à hauteur de 220 millions d’euros au financement climatique international pendant la période de 2021-2025 en vue notamment de renforcer la capacité des pays en développement, dont les PMA, à faire face aux effets des changements climatiques.

M. SATOSHI MAEDA (Japon) a déclaré que le Japon est déterminé à soutenir fortement le développement durable des PMA, en mettant en avant le principe de la sécurité humaine.  Dans le domaine de la santé mondiale, le Japon a fourni environ 5 milliards de dollars d’aide pour répondre à la pandémie de COVID-19 dans les pays en développement, a-t-il chiffré.  En ce qui concerne les changements climatiques, le Japon s’est engagé à fournir jusqu’à 70 milliards de dollars sous forme de fonds publics et privés sur cinq ans à partir de 2021.  Le pays entend également doubler son aide consacrée à l’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement, faisant passer le montant à environ 14,8 milliards de dollars, a encore indiqué le représentant.  Il a ensuite informé que le Japon s’est engagé à verser un total de 3 milliards de dollars au Fonds vert pour le climat.  En Afrique, qui compte la majorité des PMA, le Japon a longtemps soutenu le développement mené par les pays du continent, à travers le processus de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), a poursuivi le délégué.  C’est ainsi que lors de la TICAD 8, l’an dernier, le Japon a annoncé son intention d’investir un total de 30 milliards de dollars au cours des trois prochaines années, en mettant l’accent sur « l’investissement dans les personnes » et « une croissance de qualité », afin de contribuer à la réalisation d’une croissance résiliente et durable en Afrique.  Un ordre économique libre et équitable fondé sur des règles est la base de la croissance et de la prospérité, a argué le délégué.  En outre, « l’investissement dans les personnes », qui est un pilier du Programme d’action de Doha, est également au centre de la « nouvelle forme de capitalisme » que le Premier Ministre Kishida entend promouvoir, a-t-il indiqué. 

M. PETR CHALUPECKY (République tchèque) a souligné le rôle de chef de file mondial de l’Union européenne et de ses États membres dans la fourniture de l’aide alimentaire d’urgence et la prévention de la famine.  Pour aller plus loin encore dans cette aide, la République tchèque a soutenu financièrement l’initiative « Grain from Ukraine » pour assurer la livraison de céréales ukrainiennes aux pays les plus nécessiteux, a-t-il précisé.  À cet égard, il a assuré que l’assistance de son pays à l’Ukraine n’a pas de conséquence stratégique ou budgétaire sur l’aide qu’il apporte aux autres pays dans le besoin, en particulier les PMA.  Pour ces derniers, a expliqué le représentant, l’action menée vise à réduire les risques et à mettre en place des institutions et des infrastructures résilientes, conditions préalables à une transition durable des PMA vers les pays à revenu intermédiaire.  Il a ajouté que son pays a lancé un programme de coopération bilatérale avec trois PMA, le Cambodge, l’Éthiopie et la Zambie.  Chaque année, nous investissons environ 20 millions de dollars dans les PMA par le biais de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, a-t-il dit, indiquant que la République tchèque soutient actuellement le Cambodge dans son processus de reclassement.  Formant le vœu que le Programme d’action de Doha conduira à un partenariat renouvelé entre les PMA et leurs partenaires de développement, il a conclu son intervention en appelant le secteur privé et les institutions financières internationales à appuyer efficacement ces pays et leur développement durable.

Mme ISABELLE MARTIN (Canada) a fait valoir que des partenariats efficaces reposent sur le respect mutuel et, dans la mesure du possible, incluent toutes les parties prenantes, de la société civile au secteur privé, en passant par le milieu universitaire et les gouvernements à tous les niveaux.  À cette aune, a-t-elle dit, le Canada est fier de son travail continu pour renforcer ses partenariats avec les PMA, qui consiste à renforcer leurs capacités et à partager des expertises en vue de permettre la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Notant à ce propos que le Premier Ministre, M. Justin Trudeau, copréside, aux côtés de son homologue de la Barbade, le Groupe des défenseurs des ODD, elle a estimé que la réalisation du Programme d’action de Doha et du Programme 2030 nécessite une action inclusive et collaborative.  La représentante a également rappelé qu’au début de la pandémie, le Canada, avec la Jamaïque et le Secrétaire général de l’ONU, a lancé l’Initiative sur le financement du développement à l’ère de la COVID-19 et au-delà afin d’identifier et promouvoir des solutions de financement concrètes.  Une initiative à laquelle ont adhéré un grand nombre de pays, dont beaucoup de PMA, s’est-elle félicitée, ajoutant que son pays continue de rechercher des solutions novatrices de financement du développement.  Dans la perspective de la LDC5, a précisé la déléguée, le Canada a ainsi aidé le Bureau de la Haute Représentante des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement à organiser des tables rondes avec des experts des PMA, ce qui a débouché cette semaine sur la publication d’un rapport relatif à l’accès des PMA au financement. 

M. ZAMSHARI SHAHARAN (Malaisie) a jugé fondamental que la communauté internationale mette en œuvre fidèlement le Programme d’action de Doha compte tenu de la vulnérabilité extrême de la catégorie des PMA.  La Malaisie reste très attachée aux engagements de Doha pour que ces pays puissent s’embarquer sur la voie d’un développement socioéconomique durable.  Elle a élaboré une feuille de route à cette fin via son programme de coopération.  Plus de 47 nations en ont bénéficié à ce jour, dont la plupart des PMA, a précisé le représentant, ajoutant que la Malaisie offre aussi une assistance technique aux PMA et qu’elle a mis en place un programme de bourses universitaires.  L’approche de la Malaisie s’inscrit dans la coopération Sud-Sud, a-t-il expliqué en insistant toutefois sur l’importance de renforcer la coopération triangulaire, notamment pour mieux aider l’intégration des PMA dans le commerce international. 

M. RIDWAN HASSAN (Indonésie) a appelé à créer un environnement favorable pour accroître le financement du développement dans les PMA.  Il a relevé que ces pays sont confrontés à des défis systémiques et structurels, alors qu’une grande partie des sources de financement du développement (investissements étrangers directs et APD) sont limitées.  Le respect des engagements d’APD envers les PMA est donc crucial, a-t-il insisté.  Le représentant a rappelé que pendant la présidence indonésienne du G20, celui-ci a convenu d’intensifier le financement mixte dans les pays en développement, y compris les PMA.  Le délégué a ensuite demandé de faire progresser le développement humain dans ces pays.  Selon lui, investir dans les personnes est une condition préalable au renforcement de la résilience et cela favorise la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a appelé à investir en particulier dans la jeunesse, en lui fournissant l’accès à une éducation et à des formations inclusives et de qualité.  C’est dans cette optique que l’Indonésie a été active dans le renforcement de capacités au sein des PMA, y compris par l’octroi de bourses d’études dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de la pêche, a-t-il témoigné.  Le représentant a enfin appelé à renforcer les partenariats Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire.  Il a expliqué que la coopération doit être axée sur la demande et sous-tendue par les principes de solidarité, d’inclusion, d’égalité, avec l’ambition de ne laisser personne de côté.

M. MUSTAFA GOKSU (Türkiye) a affirmé que son pays considère le développement durable des PMA comme une priorité absolue.  Il a souhaité que la Conférence de Doha soit l’occasion d’un nouveau partenariat mondial, afin de faire en sorte que ces pays bénéficient du développement social, économique et environnemental.  Il a recommandé de coopérer pour garantir que le système économique et financier mondial ne crée pas de nouvelles inégalités, demandant de garantir que les PMA ne soient pas freinés par des décisions prises bien au-delà de leurs frontières.  Remerciant ensuite les pays qui ont proposé leur aide à la Türkiye à la suite des séismes du 6 février, il a relevé que les PMA ont été parmi les premiers pays à manifester leur solidarité, et ce, en dépit de leurs vulnérabilités.  Il est de notre responsabilité collective de soutenir le développement des nations fragiles, a-t-il poursuivi, assurant que la Türkiye est un partenaire de longue date de ces pays.  Le représentant a ainsi rappelé que le Président Erdoğan a accueilli la conférence LDC4 à Istanbul en 2011, puis l’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul à Antalya en 2016.  De plus, a-t-il souligné, la Banque de technologies des Nations Unies en Türkiye est la seule agence des Nations Unies dédiée exclusivement aux PMA.  Enfin, s’est-il encore enorgueilli, la Türkiye est l’un des pays les mieux classés en matière d’aide au développement et d’aide humanitaire, et contribue aux efforts des PMA dans de nombreux domaines, y compris le renforcement des capacités.  Saluant le fait que le Programme d’action de Doha reprenne les engagements de son prédécesseur, il a appelé toutes les nations à le soutenir et à intensifier leur efforts en faveur des PMA. 

Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a estimé que cette conférence doit permettre de renforcer les efforts collectifs en vue de la mise en œuvre du Programme d’action de Doha et des objectifs de développement durable (ODD).  L’état de droit peut être un catalyseur dans cet effort, a-t-elle fait valoir en s’appuyant sur l’expérience de l’IDLO, qui travaille avec des pays de tous niveaux de développement, y compris de nombreux PMA.  L’élaboration de cadres politiques et réglementaires solides, fondés sur l’état de droit, peut contribuer à améliorer l’accès à la justice, éliminer les lois et pratiques discriminatoires, réduire la corruption et renforcer la transparence.  Ce faisant, a poursuivi l’intervenante, « l’état de droit crée un environnement propice à l’investissement et au commerce durables ».  L’IDLO s’associe à des pays du monde entier pour promouvoir le renforcement des capacités juridiques, notamment en matière de droit économique et commercial.  Par son programme d’aide à l’investissement, l’Organisation fournit aux PMA une assistance technique et les aide à renforcer leurs capacités, notamment en ce qui concerne la négociation de contrats complexes, l’arbitrage commercial et la médiation, ainsi que la résolution des litiges.  À cet égard, l’IDLO se réjouit que le Programme d’action de Doha comprenne un engagement à renforcer davantage ce type de partenariat public-privé.

M. CHI DUNG DUONG, de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a salué la progression des PMA dans l’indice mondial de l’innovation de l’OMPI.  Il a souligné que l’Organisation entend renforcer son soutien aux PMA, notamment en promouvant des écosystèmes de propriété intellectuelle qui accompagnent le développement national.  Les femmes et jeunes sont une priorité, a assuré l’intervenant, en citant à titre d’exemple un programme mené en Ouganda où 70 femmes entrepreneuses ont été formées pour s’appuyer sur la propriété intellectuelle afin de faire avancer leurs affaires.  L’OMPI soutient aussi les PMA en cours de reclassement dans le domaine de la propriété intellectuelle. 

M. HAFNER (Suisse) a relevé que le monde d’aujourd’hui n’est pas celui que nous voulions en adoptant le Programme d’action d’Istanbul en 2011.  Dans ce contexte, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit demeurer le cap de la communauté internationale, a-t-il plaidé, notant qu’à mi-parcours de la réalisation des ODD, un grand nombre de politiques sont en place.  Pour le représentant, cette cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA donne l’occasion d’identifier les voies et moyens de travailler ensemble dans ce sens et d’associer le secteur privé et la société civile à la mis en oeuvre du Programme 2030.  Observant que le Sommet sur l’efficacité de la coopération pour le développement, organisé en 2022 en Suisse, a montré que les partenariats peuvent faire la différence pour les PMA, il a indiqué que son pays s’emploie à soutenir des initiatives de développement locales, en s’appuyant notamment sur des organisations dirigées par des femmes.  Les acteurs locaux ont un rôle majeur à jouer dans le rapprochement des efforts humanitaires, de paix et de développement, a-t-il affirmé, avant de déplorer le fait que seulement 18% des fonds mobilisés ciblent les PMA.  Il faut donc, selon lui, promouvoir le dialogue avec les entreprises, sachant que les banques multilatérales de développement se chargent d’atténuer les risques encourus par les investisseurs privés en mobilisant des financements à grande échelle.  En conclusion, il s’est dit convaincu que les PMA feront de grands progrès en matière de développement si un environnement favorable leur est offert. 

M. THOMAS STELZER, de l’Académie internationale de lutte contre la corruption, a souligné que la corruption mondiale sape les efforts qu’entreprennent les PMA pour réaliser les ODD et qu’elle est au cœur des défis que le monde entier doit affronter.  La corruption sape la confiance dans les institutions publiques et dans l’état de droit, détourne les ressources publiques, menace l’intégrité des marchés, nuit à la concurrence, corrompt la prise de décisions et facilite le crime organisé, a énuméré le représentant.  ll a dès lors recommandé d’adopter des politiques efficaces de lutte contre la corruption pour promouvoir une croissance inclusive et durable ainsi que la cohésion sociale, et pour réduire les inégalités.  L’Académie qu’il représente est la seule organisation qui met l’accent sur la lutte holistique contre la corruption en fournissant une assistance technique aux 139 signataires de la Convention des Nations Unies contre la corruption.  Elle offre des programmes de master interdisciplinaires, a-t-il dit en faisant valoir que 4 500 professionnels de la lutte anticorruption de plus de 70 pays ont déjà participé à ses programmes universitaires et à ses formations.  Le représentant a appuyé l’idée de créer une université en ligne pour les PMA, qui vient du Programme d’action de Doha, et a promis l’aide de l’Académie qui apporterait son expertise et son expérience en matière de cours en ligne.

M. DRAGO LOVRIĆ (Croatie) a rappelé que la Croatie elle-même eu son propre chemin épineux vers le développement à travers l’expérience de la guerre, avant que le pays ne devienne un membre « prospère et actif » de l’Union européenne.  Nous sommes un petit pays mais nous aidons autant que nous le pouvons, a—t-il déclaré.  Depuis qu’elle participe à la coopération au service du développement, la Croatie a partagé son expérience de la transition de la guerre à l’après-guerre.  Son aide publique au développement (APD) s’élevait à 94,4 millions de dollars en 2020 et elle a augmenté en 2021 pour désormais représenter 0,15% du revenu national brut, a informé le représentant en notant qu’une grande partie de cette aide est destinée aux PMA.  La Croatie a également augmenté son soutien aux PMA par le biais du Fonds européen de développement, contribuant un total de 22,7 millions de dollars en 2020 et 2021.  Dans le cadre multilatéral, la Croatie est également active au sein de l’ONU dans son appui aux PMA.  Le pays préside actuellement la Commission de consolidation de la paix qui compte plusieurs PMA inscrits dans son programme de travail.

Mme HEIDY ROMBOUTS (Belgique) a rappelé qu’il y a 22 ans, la communauté internationale s’était réunie pour lancer le troisième Programme d’action pour les PMA.  C’est à la suite de cette conférence que l’Assemblée générale avait créé le Bureau de la Haute-Représentante, a-t-elle ajouté, indiquant que l’appui de son pays aux PMA ne s’est jamais démenti depuis.  Notant que la coopération bilatérale de la Belgique, qui est coprésidente du Groupe des PMA, se fait de manière privilégiée avec ces pays vulnérables, la déléguée a justifié ces partenariats par le fait que « le droit universel à la dignité humaine exige d’aider ceux qui sont le plus en retard ».  Dans ce cadre, il importe de protéger les valeurs universelles pour la démocratie, la bonne gouvernance et les droits humains.  Elle a indiqué que, parmi les mesures du Programme d’action de Doha, la Belgique entend mettre l’accent sur le financement des changements climatiques en portant son aide publique au développement (APD) en matière climatique à 130 millions d’euros cette année.  La Belgique appuie en outre le mécanisme d’adaptation mis en place en Angola et au Mozambique, lutte contre l’inégalité dans l’accès aux vaccins et investit dans les transferts de technologies en Afrique.  Enfin, la déléguée a conclu en disant que son pays accordera une grande importance à ces questions lors de sa prochaine présidence de l’Union européenne. 

M. CHRISTOPHE PERRIN, de l’Organisation internationale du travail (OIT), a expliqué que l’un des éléments clefs du développement durable pour les PMA est  la promotion d’une transition progressive vers le travail formel afin d’améliorer la qualité du travail, la protection sociale et la mobilisation des ressources nationales.  Les normes internationales du travail et le dialogue social contribuent à définir et à mettre en œuvre des politiques, des réglementations et des programmes non seulement pour la bonne gouvernance des marchés du travail, mais aussi pour le développement économique et social durable au sens large.  Les institutions du travail coopèrent étroitement avec d’autres institutions qui investissent dans les personnes, telles que les systèmes de santé, d’éducation, de formation et de protection sociale.  Le représentant a rappelé que la justice sociale est couverte par le Programme 2030 visant à ne laisser personne de côté et que la protection sociale est un élément essentiel du renforcement des capacités et de l’éradication de la pauvreté.  Pour sa part, l’OIT est prête à soutenir les PMA avec les partenaires internationaux dans la mise en œuvre du Programme d’action de Doha.  L’Organisation se concentre sur les actions suivantes: accroître l’assistance et la coopération internationales pour fournir une aide financière d’urgence et apporter des changements plus permanents aux systèmes financiers et fiscaux internationa; renforcer les capacités institutionnelles nationales et locales et créer un environnement favorable aux entreprises, notamment en soutenant l’investissement; renforcer les institutions et les politiques pour l’emploi et la création d’emplois décents; améliorer la cohérence des politiques pour l’action climatique et une transition juste pour tous; étendre les systèmes de protection sociale et promouvoir la ratification et l’applicatio n des normes internationales en matière de sécurité sociale dans les PMA.

M. FRANÇOIS RUBOTA MASUMBUKO, Ministre d’État et du développement durable de la République démocratique du Congo (RDC), a expliqué que la RDC a mis en place un ensemble de mesures pour favoriser le développement du pays.  Il a indiqué que le budget national est passé de 4 à 20 milliards de dollars entre 2016 et 2022, ce qui témoigne de l’embellie économique de la RDC.  Conscient du fait qu’il n’y a pas de développement sans paix, le Gouvernement s’évertue à assurer la paix dans l’est du pays, en dépit de l’agression militaire du Rwanda, a aussi informé le Ministre avant de parler des efforts que déploie le Gouvernement pour éradiquer la pauvreté et la faim dans le pays.  Le Ministre a décrié à cet égard le fait que la RDC ne bénéficie pas d’APD au même niveau que d’autres PMA.  Enfin, il a souhaité que la Conférence prenne une résolution forte pour condamner les conflits qui bloquent l’essor des PMA, notamment en Afrique. 

M. SHAUKAT ABDULRAZAK, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré que les sciences et la technologie sont fondamentales pour relever des défis comme la pandémie de COVID-19 ou la menace climatique.  Il a toutefois constaté qu’elles ne sont pas accessibles partout de la même façon, les PMA accusant un grand retard en la matière.  Remédier à ces inégalités est essentiel si l’on veut sauver la vie et les moyens de subsistance de milliards de personnes dans le monde, notamment les habitants des PMA, a plaidé le représentant.  Évoquant les multiples applications des sciences nucléaires, tant pour la santé que pour l’énergie, il a également vanté la précision et la fiabilité des données obtenues grâce aux technologies nucléaires.  L’AIEA est déterminée à appuyer la mise en œuvre du Programme d’action de Doha via des transferts de technologies, a assuré le délégué.  Pour ce faire, a-t-il dit, l’AIEA compte sur les mécanismes de coopération Sud-Sud et triangulaires, qui peuvent contribuer à élaborer des infrastructures de recherche à la hauteur des besoins.  Il a enfin appelé à un renforcement substantiel des capacités des PMA pour permettre à ces pays de prendre des décisions sur la base de données objectives. 

Mme AMEERA ALHASSAN, du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT), soulignant que les villes sont des moteurs essentiels de la croissance économique, du développement social et de l’innovation, a reconnu qu’elles sont confrontées à des défis importants dans les PMA.  ONU-Habitat joue un rôle essentiel pour y promouvoir un développement urbain durable d’un point de vue social et environnemental, en modernisant leurs infrastructures afin de répondre aux exigences de sortie de la catégorie des PMA.  ONU-Habitat, a précisé la représentante, collabore étroitement avec les gouvernements nationaux et locaux, la société civile et d’autres agences des Nations Unies.  Sa mission est la suivante: faciliter un logement abordable et adéquat pour tous; garantir l’accès aux services urbains fondamentaux tels que l’eau, l’assainissement et l’électricité; renforcer la planification et la gestion urbaines pour améliorer la qualité de vie des résidents; soutenir la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques dans les zones urbaines; et promouvoir un développement économique inclusif et durable.  La représentante a également plaidé pour la mise en œuvre de programmes conjoints avec les autres agences onusiennes et partenaires de développement, sur la santé urbaine, la gouvernance urbaine, le développement urbain durable et la garantie des droits urbains des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. 

M. AL-SAATI, de la Banque islamique de développement (BID), a expliqué que ces trois prochaines années, la Banque entend investir dans les infrastructures vertes, les énergies renouvelables, la numérisation, l’eau et l’assainissement, entre autres.  La BID entend aussi œuvrer à la création d’emplois.  Elle a du reste débloqué 3 milliards de dollars pour les urgences, afin d’améliorer la préparation à des crises comme la pandémie de COVID-19, ainsi que 13 milliards de dollars pour appuyer l’action climatique.  La Banque est aussi fortement engagée dans le développement vert, a-t-il indiqué, avant de souligner l’engagement de la BID en faveur du développement durable des PMA.

Le représentant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a affirmé que la poursuite de la prospérité des PMA est un objectif conjoint de l’ONU et de l’OMC.  Il a ajouté que le commerce est essentiel pour réaliser le Programme d’action de Doha et le Programme 2030.  Constatant que, dans la période d’incertitude actuelle, la réduction des échanges frappe d’abord les plus faibles, il a appelé à plus de partenariats pour construire la résilience des PMA.  Le représentant a précisé que des progrès notables ont été faits pour intégrer les PMA dans le commerce international.  Ainsi les membres de l’OMC ont-ils mis en place des programmes pionniers pour renforcer la participation de ces pays aux échanges de services.  Malgré ces efforts, a-t-il regretté, la part des PMA dans les exportations mondiales ne dépasse toujours pas 1%, la grande majorité de ces pays dépendent des matières premières et se trouvent en bas de la chaîne de valeurs.  Il est temps d’envisager de nouvelles frontières, a-t-il conclu, assurant que les membres de l’OMC contribueront à une transition en douceur et durable pour les PMA.  Pour cela, la communauté internationale doit œuvrer avec eux pour tirer parti des nouvelles sources de croissance commerciale, notamment le commerce numérique. 

Mme NORONHA, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a constaté que les PMA sont les pays les plus touchés par les retombées des changements climatiques alors qu’ils n’en sont que marginalement responsables.  Parmi les problèmes auxquels s’attaque le PNUE dans le cadre de sa collaboration avec les PMA, elle a cité la gestion des déchets, notamment les dangers créés par les décharges à ciel ouvert.  Soulignant que l’action du PNUE s’inscrit dans les priorités du Programme d’action de Doha, elle a mis en valeur quelques domaines clefs comme l’accompagnement des pays dans leur transition juste vers des technologies sobres en carbone; le renforcement de solutions pour la sauvegarde de la biodiversité, y compris par la mobilisation de ressources financières; et la gestion durable des déchets.  Le PNUE va continuer de coopérer étroitement avec les pays pour apporter des solutions en vue de parvenir à un environnement sain pour tous, a conclu la représentante.

M. MELCHIADE BUKURU, Directeur du Bureau de liaison de New York du Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a indiqué que la désertification a causé un manque à gagner de 37 milliards de dollars dans l’agriculture des PMA entre 2008 et 2018.  Le rétablissement des terres pourrait pourtant inverser la tendance, a-t-il informé.  Il a déclaré que des milliers de petites et moyennes entreprises (PME) sont actives dans le secteur de la reforestation, soulignant qu’elles pourraient avoir un meilleur essor économique avec un soutien approprié.  Au Malawi par exemple, le Gouvernement consacre 15% du budget national à la reforestation, ce qui crée des emplois pour les jeunes.  Il en est de même en Éthiopie où des programmes similaires ont donné des résultats positifs, a-t-il ajouté.  Il a appelé les bailleurs à soutenir de telles initiatives dans les PMA, arguant que ces efforts de préservation de l’environnement se font pour le bien de tous.  Ce serait donc un partenariat gagnant-gagnant, a-t-il insisté.  De plus, a-t-il expliqué, une bonne gestion des terres permettrait d’augmenter leur capacité de séquestration du carbone. 

Mme RAYANA BOU HAKA, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a fait état de progrès dans les PMA, où le taux de mortalité maternelle a été divisé par 2 entre 2000 et 2020 et où le risque de mourir en couche est passé dans le même temps de 1 sur 28 à 1 sur 66.  Si 15% de la population mondiale vit dans des PMA, les pays de cette catégorie comptaient 42% de toutes les morts maternelles enregistrées en 2020, a-t-elle informé, et le taux de mortalité maternelle y représente encore plus de 18% de tous les décès de femmes âgées de 18 et 49 ans.  Rappelant que l’OMS a lancé en 2019 son nouveau programme de travail pour les plus vulnérables, la représentante a noté que la pandémie de COVID-19 a montré combien la santé est au cœur du développement.  Sur le plan mondial, a-t-elle poursuivi, les progrès sont toutefois notables, puisque les personnes vivent en moyenne plus longtemps et plus longtemps en bonne santé.  L’espérance de vie à la naissance est ainsi passée de 66,8 ans en 2001 à 73,3 ans en 2019, tandis que l’espérance de vie en bonne santé a bondi de 50,3 ans à 63,7 ans.  Mais ces deux indicateurs sont plus faibles de 10 ans dans pays à faible revenu que dans les pays à revenu élevé, a fait observer la représentante, avant de relever que, dans les PMA, seulement 63% des infrastructures sanitaires ont accès à des sources d’eau protégées, contre 78,8% au niveau mondial.  Pour parvenir à une couverture sanitaire universelle dans les écoles d’ici à 2030, il faudra multiplier par 14 les progrès en matière d’eau potable.  Enfin, tous les foyers des 46 PMA pourraient disposer d’une installation pour se laver les mains si seulement la communauté internationale investissait dans ce projet à hauteur d’un dollar par habitant dans le monde. 

M. EWUSL, de l’Université pour la paix, a estimé que cette conférence est l’occasion de faire le point sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Il a soutenu le Programme d’action de Doha qui appelle notamment à investir dans l’éducation et la santé dans les PMA.  L’Université pour la paix a des bureaux sur tous les continents, a-t-il rappelé, avant de s’attarder sur le rôle de l’éducation ne tant que vecteur du développement.  Le représentant a constaté que la plupart des PMA se trouvent en Afrique, or l’éducation dans ces pays n’est pas en phase avec leurs besoins et valeurs.  Soit les dirigeants ne savent pas comment relever ce défi, soit ils ne s’en soucient pas, s’est-il impatienté en insistant sur l’importance du contenu des programmes éducatifs.  La quatrième révolution industrielle a complétement changé la donne, ce que n’ont pas compris les responsables de l’éducation, a poursuivi le représentant en affirmant que « l’illettrisme tue davantage de personnes dans les PMA que les conflits ».  Il a donc appelé à investir davantage de ressources dans l’éducation, en notant que trop souvent les maigres ressources ont été détournées vers l’aide humanitaire.  Si l’on veut le développement à long terme, il faut financer l’éducation dans les PMA, a-t-il raisonné en regrettant que l’éducation n’ait jusqu’à présent pas été utilisée comme moteur du développement.  En conclusion, le représentant a appelé à tourner la page du néolibéralisme « qui perpétue des schémas de domination et d’exploitation ».

M. FAISAL ALIBRAHIM, Ministre de l’économie et du plan de l’Arabie saoudite, a déclaré que son pays est prêt à accompagner les PMA par le biais du programme d’aide et de coopération de l’Arabie saoudite.  La part du budget dédiée à l’aide publique au développement (APD) ne cesse de croître dans le PIB du pays, a-t-il souligné, rappelant que le Fonds saoudien d’aide au développement a déjà débloqué environ 330 prêts pour un montant total de 6,7 milliards de dollars au bénéfice de 35 PMA.  De même, le Prince héritier a octroyé une enveloppe de 6,6 milliards de dollars en faveur des PMA.  L’Arabie saoudite est également intervenue dans le domaine humanitaire, à hauteur de plus de 2 milliards de dollars, dans 94 pays à travers le monde, dont certains PMA.  Son pays aide également « le peuple frère yéménite » à travers des projets de coopération, a indiqué le Ministre.  Il a appelé la communauté internationale à accompagner les PMA pour qu’ils puissent réaliser tout leur potentiel.  Ces pays sont riches en ressources naturelles et celles-ci doivent être exploitées au mieux pour leur développement, a-t-il plaidé. 

M. AHMET HALIT HATIP, de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, a fait remarquer que les 46 PMA sont des pays à faible revenu qui rencontrent de très nombreux obstacles structurels, dont le manque d’accès aux technologies.  De fait, aucun de ces pays ne peut bénéficier d’un développement rapide sans développement technologique, a relevé le représentant.  Depuis la création de la catégorie des PMA en 1971, seulement sept d’entre eux ont jusqu’à présent réussi à en sortir.  Les derniers programmes d’action pour les PMA, a-t-il noté, ont reconnu que la pauvreté ne pourra être éliminée si les capacités de ces pays ne sont pas renforcées.  C’est pourquoi le Programme d’action d’Istanbul a appelé à la création d’une banque de technologies dédiée aux PMA.  Selon lui, le mandat de cette banque établie en 2016 par l’Assemblée générale est devenu plus ambitieux lorsque le Programme d’action l’a identifié comme un axe prioritaire pour les enjeux sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM).  Alors que l’écart technologique entre les PMA et les autres pays est devenu manifeste pendant la pandémie de COVID-19, l’une des leçons de la crise a été que les PMA ne pouvaient être laissés pour compte sur ces questions, a poursuivi le représentant.  Reste que « des centaines de millions de personnes n’ont toujours pas accès à Internet », ce qui exige d’accompagner la transition numérique des PMA.  À cette fin, a-t-il dit, des mécanismes de facilitation technologique permettront de coordonner les actions de la Banque et des Nations Unies, avec des contributions du secteur privé. 

M. EINAR BJØRGO, de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a recommandé d’accélérer les actions de relèvement dans les PMA qui peuvent tirer parti des services offerts par l’Institut.  Vantant les compétences technologiques de son personnel, il a cité en exemple le travail réalisé par le Centre satellitaire des Nations Unies (UNOSAT) qui est utile en matière de réduction et de prévention des risques de catastrophe dans les PMA.  L’apprentissage peut aider ces pays à gérer les crues et le suivi des inondations.  L’UNITAR et UNOSAT dispensent ainsi des formations spécialisées pour l’adaptation aux changements climatiques. 

M. WILFRIED BIYA, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a constaté que le Programme d’action de Doha reconnaît le caractère essentiel de l’accès à des services d’énergie abordables, fiables, durables et modernes, pour réaliser la transformation structurelle dans les PMA.  Il a déclaré que l’éradication de la pauvreté dans ses aspects multidimensionnels dépendra de l’amélioration de l’accès à l’électricité.  Or, les PMA ont du mal à accélérer leur rythme d’électrification, avec un taux d’accès moyen de 55% en 2020.  Ce n’est tout simplement pas acceptable, a-t-il déploré, notant qu’en 2020, 479 millions de personnes dans ces pays n’avaient toujours pas accès à l’électricité.  Il a relevé que seuls 2% des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables au cours des deux dernières décennies ont été réalisés en Afrique, avec des disparités régionales importantes.

M. Biya a indiqué que l’IRENA a développé des moyens innovants pour accélérer l’action sur le terrain.  Ainsi, la Plateforme de financement de l’accélération de la transition énergétique, laquelle a récemment mobilisé 1 milliard de dollars lors de la COP27, contribuera au financement des projets et à atténuer les risques d’investissement, y compris dans les PMA.  L’IRENA soutient aussi les PMA en fournissant des conseils et un renforcement leurs capacités, les aidant à relancer leurs économies après la COVID-19 grâce à la transition énergétique.  L’Agence a ainsi conseillé plus de 60 pays, dont 17 PMA, sur le renforcement et la mise en œuvre des énergies renouvelables.  L’Agence poursuit des projets dans différents pays, a rappelé l’intervenant, évoquant à ce propos un projet d’évaluation de l’électrification des établissements de soins de santé primaires au Burkina Faso.

M. DAVID JACKSON, du Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU), a rappelé que parmi les priorités identifiées par le Programme d’action de Doha en faveur des PMA figure la mobilisation accrue de financements publics et privés.  La mission du FENU est précisément de mobiliser de tels fonds et de combiner l’assistance technique avec ces sources de financement.  À l’occasion de cette conférence, le représentant s’est félicité de pouvoir présenter des solutions spécifiques pour mettre en œuvre le Programme d’action plus rapidement, notamment grâce à des financements climatiques ou des aides à la transition énergétique.  S’agissant du financement de l’action climatique, il a indiqué que le FENU gère un mécanisme destiné à aider les pays à faible revenu à bénéficier d’une assistance ciblée.  Le FENU est par ailleurs doté d’une structure d’investissement chargée de créer des financements catalyseurs pour les PME et de faciliter leur accès aux crédits.  Nous essayons de fournir des financements avantageux en créant des arrangements avec des parties tierces, a expliqué le représentant, avant d’évoquer les activités du FENU en matière de transformation des investissements consacrés aux villes dans les PMA. 

M. ASHISH SHAH, du Centre du commerce international (ITC), s’est focalisé sur la situation de l’emploi des femmes dans les PMA.  Le Centre travaille avec 34 PMA en les aidant à gérer les impacts des crises multiples.  En 10 ans, a-t-il rappelé, les PMA n’ont représenté que 10% du commerce international.  Or, le Centre peut offrir son expertise aux PMA pour les aider à atteindre leurs objectifs, notamment en contribuant à renforcer leurs capacités de négociation commerciale.  Selon le Directeur, les PMA ne peuvent plus se reposer sur des produits à valeur ajoutée faible.  Ils doivent avoir accès à des informations sur les technologies disponibles, les marchés existants et les différentes règles du commerce international en vigueur.  Ils doivent pouvoir également utiliser toutes les possibilités existantes dans le cadre de l’atténuation des changements climatiques.  Quant aux PMA d’Afrique, a-t-il ajouté, ils peuvent recevoir des informations sur la manière de tirer parti de la zone de libre-échange continentale.

M. MUSSIE DELELEGN, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a relevé que les PMA sont le champ de bataille où se jouera la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a appelé à des réformes structurelles qui passeront par la transformation des capacités productives au sein des PMA.  Il a signalé que, précisément, la CNUCED a un indice sur ce dernier point.  Il a aussi informé que la CNUCED a mis sur pied des programmes pour soutenir cette transformation des économies.  Il a ensuite demandé une meilleure intégration des PMA dans les chaînes de valeurs régionales et mondiales.  Les PMA ont besoin de financements durables, a-t-il ajouté tout en constatant qu’ils ne reçoivent que 2% d’investissements étrangers directs, alors qu’ils représentent 40% de la population mondiale.  Il a aussi souligné que les PMA sont surendettés.  En outre, il a rappelé que les PMA représentent moins de 4% des émissions des gaz à effet de serre, mais qu’ils sont au cœur des conséquences des aléas climatiques.  Il a donc appelé la communauté internationale à appuyer ces pays pour qu’ils soient mieux à même de réduire les risques de catastrophe.

 

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