Commission du développement social: appels pressants pour créer des systèmes de protection sociale durables et transformer le secteur du travail informel
Les travaux de la Commission du développement social se sont déclinés aujourd’hui autour d’une table ronde avec les représentants de différentes entités du système des Nations Unies et d’un forum multipartite sur le thème prioritaire de cette soixante et unième session axée sur le plein emploi productif et le travail décent.
Au cours de ces discussions, de nombreux appels ont été lancés pour créer des systèmes de protection sociale durables et transformer le secteur informel en emplois productifs et décents. Outre les crises multiples provoquées par la pandémie et le conflit en Ukraine, de nombreux pays doivent en effet remédier aux problèmes du vieillissement de leur population et la paupérisation croissante des milliards d’individus vivant du secteur informel, ont alerté les experts de l’ONU qui ont appelé à élargir la couverture sociale afin qu’elle bénéficie au plus grand nombre de personnes.
Constatant le vieillissement des populations dans les 54 pays membres de la Commission économique pour l’Europe (CEE), la Secrétaire exécutive de la Commission a également insisté sur l’importance de la réforme des systèmes de retraite, de l’accès équitable de tous y compris des personnes âgées au marché du travail, et des investissements dans les services de soins. C’est le gage d’économies prospères pour tous, a-t-elle affirmé.
Il faut créer 400 millions d’emplois au niveau mondial et assurer une couverture sociale universelle pour 4 milliards d’individus, a estimé le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Directeur de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), appelant pour sa part à restructurer la dette des pays africains, cause profonde, selon lui, de la prolifération du secteur informel.
Durant le forum multipartite, l’importance de l’accès des femmes et des personnes handicapées à l’emploi, de même que l’autonomisation des jeunes a été mis en avant. Les avantages des modèles de travail hybrides ont également été soulignés.
La Commission du développement social poursuivra demain, vendredi 10 février, à partir de 15 heures, sa discussion générale.
DIALOGUE INTERACTIF SUR LE THÈME PRIORITAIRE AVEC DE HAUTS RESPONSABLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES
Panélistes
Modérée par Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociale (DESA), a été l’occasion pour plusieurs responsables du système des Nations Unies de faire part de leurs activités sur l’emploi productif et le travail décent dans leurs domaines et régions respectifs.
Premier à intervenir, M. SIMONE CECCHINI, Directeur de la Division de la population et du développement à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), s’est focalisé sur l’emploi dans la région, y compris l’emploi des personnes âgées, notant qu’en 2022, la région a connu un taux de chômage élevé. Il a indiqué que la CEPALC doit en premier lieu se préparer aux tendances émergentes comme les migrations et les inégalités, avant d’encourager l’encadrement des transferts d’argent qui constituent une source de revenus importante pour les populations et les États. Il a ajouté que face aux défis socioéconomiques, il faut, entre autres choses, mettre en place des politiques inclusives pour créer un État providence, rendre universelle la protection sociale, élaborer des politiques de genre, bâtir un nouveau pacte social et fiscal, générer des statistiques sur les dimensions des inégalités et renforcer les cadres institutionnels de politique sociale.
Il faut créer 400 millions d’emplois au niveau mondial et assurer une couverture sociale universelle pour 4 milliards d’individus, a estimé de son côté M. GILBERT HOUNGBO, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Ce dernier a également appelé à investir dans la justice sociale, garantir un partage équitable des ressources dans et entre les pays, et créer des emplois décents, plaidant en outre pour une transition verte et technologique juste, et la promotion d’une stratégie de sortie du secteur informel. Lui emboîtant le pas, Mme BEATE ANDREES, Directrice du Bureau de l’Organisation internationale du Travail (OIT) à New York, a exhorté les pouvoirs publics à intégrer ces recommandations dans les politiques publiques. À cet égard, ils peuvent faire appel aux institutions financières internationales.
Intervenant par visioconférence, Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a concentré son intervention sur le vieillissement de la population dans les 54 pays de la région. Elle a rappelé la Déclaration de Madrid sur le vieillissement pour souligner l’importance de la réforme des systèmes de retraite dans les États membres de la CEE. Elle a insisté sur la nécessité d’assurer l’égalité sur le marché du travail et d’investir dans des meilleurs services de soins face au vieillissement des populations. C’est ainsi que l’on peut créer des économies prospères pour tous, a-t-elle affirmé
M. SRINIVAS TATA, Directeur de la Division du développement social de la Commission économique pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), s’est focalisé sur la nécessité d’améliorer le niveau de vie, d’augmenter les pouvoirs d’achat, d’accroître les recettes de l’État et les revenus des travailleurs y compris les travailleurs dans le secteur informel. Il a encouragé les États à augmenter les dépenses publiques notamment une augmentation moyenne de salaires de 10%. Une telle mesure aidera beaucoup de ménages à joindre les deux bouts et à augmenter leur pouvoir d’achat, et permettra aussi d’assurer une meilleure couverture sociale et sanitaire. Le marché du travail doit fonctionner pour tous, a-t-il insisté. L’intervenant a aussi souligné l’importance de collecter des données fiables qui éclairent les politiques publiques, de reformer les systèmes fiscaux et d’augmenter les dépenses publiques afin de créer une couverture sociale qui soit véritablement universelle. Il faut en outre investir dans la diversification des compétences y compris celles des personnes âgées.
De son côté, M. ANTONIO PEDRO, Commission économique pour l’Afrique (CEA), a souligné qu’il faut de premier abord restructurer les dettes des pays africains, s’attaquer aux causes profondes de la prolifération du secteur informel, taxer les multinationales, et investir dans le développement à long terme et la transition verte. Notant que l’Afrique a besoin de trois milliards de dollars en investissements vert d’ici à 2030, il a insisté sur l’importance de renforcer l’intégration régionale et créer de nouvelles chaînes d’approvisionnement. Il a également appelé à adopter des politiques fiscales inclusives, développer les compétences, combler le fossé numérique, et lutter contre la pauvreté. Il faut créer une population instruite en mettant l’accent sur une éducation à la science, à la technologie et aux mathématiques, et investir dans le numérique et la cyber sécurité, a-t-il ajouté.
Dialogue interactif
À l’issue des interventions des panélistes, la représentante de Cuba a dénoncé les incidences des sanctions unilatérales sur les pays en développement. Les sanctions aident-elles les pays à élaborer des politiques de protection sociale universelle? a-t-elle lancé. Le Directeur de la Division de la population et du développement à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a encouragé les pays à reformer leurs systèmes fiscaux afin de pouvoir financer les systèmes de protection sociale, dont il a souligné l’importance. Ces mesures risquent cependant de disparaître sans la réforme de leur financement, a prévenu la Directrice du Bureau de l’OIT à New York, appelant employeurs et travailleurs à dialoguer pour créer des systèmes viables et durables. Le Directeur de la Division du développement social de la Commission économique pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a de son côté conseillé d’étendre la protection aux travailleurs du secteur informel.
Comment procéder pour intégrer les populations marginalisées dans le secteur formel et quelles stratégies mettre en œuvre pour leur venir en aide? a voulu savoir le représentant du Zimbabwe, tandis que son homologue du Sénégal a appelé à garantir le caractère universel de la protection sociale.
Le secteur informel représente un défi immense pour les systèmes de protection sociale nationaux, a reconnu le Directeur de la Division de la population et du développement à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), qui a rappelé que celle-ci encourage à la création de systèmes de protection sociale universelle différenciés en fonction des besoins des populations. Il faut en outre réfléchir à leur financement autre que sur la base « des systèmes par contribution », notamment en tenant compte des spécificités des modes de vie des populations, des migrations, et du rajeunissement des populations, sans oublier l’importance des envois de fonds. La Directrice du Bureau de l’OIT à New York a suggéré aux gouvernements d’ouvrir des lignes budgétaires pérennes et d’encourager le secteur privé à contribuer à ce financement, y compris en investissant dans la transition verte. Il faut des systèmes de protection abordables, a insisté à son tour le Directeur de la Division du développement social de la Commission économique pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), déplorant que trop de personnes ne peuvent pas en bénéficier.
FORUM MULTIPARTITE SUR LE THÈME PRIORITAIRE « PLEIN EMPLOI PRODUCTIF ET TRAVAIL DÉCENT POUR TOUTES ET TOUS: SURMONTER LES INÉGALITÉS POUR ACCÉLÉRER LE RELÈVEMENT APRÈS LA PANDÉMIE DE COVID-19 ET LA MISE EN ŒUVRE INTÉGRALE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 »
Panélistes
En ouverture de ce forum, M. PAUL VINCENT W. AÑOVER, Secrétaire assistant en charge de l’emploi et du développement des ressources humaines au Département du travail et de l’emploi des Philippines, a présenté en détail les mesures prises par son gouvernement pour protéger la population contre les pires effets de la pandémie de COVID-19. D’après lui, les politiques qui se sont avérées essentielles pour réduire les inégalités et mieux se remettre de la pandémie et des autres crises interconnectées comprennent les mesures de relance économique, les programmes d’aide financière, notamment ceux destinés à réduire l’impact budgétaire de la crise, et les programmes de soutien d’urgence à l’emploi. À ce propos, il a indiqué que, dans le cadre de son programme de relance de l’emploi en huit points, le Gouvernement philippin a poursuivi des politiques et stratégies alignées sur les ODD, en particulier l’élimination de la pauvreté, la réalisation de l’égalité des sexes et la réduction des inégalités. Cela comprenait la promotion de la reconversion et de l’amélioration des compétences des travailleurs, la mise en œuvre intégrale des programmes d’employabilité des jeunes, la fourniture d’une protection sociale aux groupes vulnérables ou encore le soutien à la mise en œuvre continue de programmes à fort impact sur l’emploi, a-t-il précisé. Il a ajouté que, pour compléter les initiatives gouvernementales, des groupes d’entreprises et d’employeurs ont mis en œuvre le projet de partenariat intitulé « Réforme, rebond, relèvement: un million d’emplois pour 2021 », qui visait à déployer une main d’œuvre qualifiée dans les secteurs de la construction, de la fabrication, du tourisme, de l’hôtellerie et de l’exportation. Il a d’autre part détaillé les actions menées par son gouvernement pour réduire les inégalités entre les sexes dans le domaine de l’emploi, ainsi que les mesures visant à accélérer la transition des travailleurs de l’économie informelle vers l’économie formelle, en particulier la simplification des procédures permettant aux travailleurs informels de s’enregistrer et de se conformer aux réglementations.
Intervenant à sa suite, M. MATÍAS SOTOMAYOR, Directeur général des relations internationales et de la communication institutionnelle et Coordinateur du programme Argentine 2030 au Conseil national de coordination des politiques sociales de l’Argentine, a commencé par rappeler que la COVID-19 est apparue alors que son pays faisait face à une grave crise socioéconomique, marquée par un net recul du PIB, une forte inflation et une hausse de la pauvreté et de l’extrême pauvreté. À cela s’ajoutait une énorme dette extérieure, qui empêchait l’Argentine de contracter des crédits étrangers. Pourtant, après la chute de l’activité observée au premier semestre 2020, le pays a commencé à montrer des signes de reprise, a indiqué le haut fonctionnaire, imputant cette tendance positive à une série de politiques publiques, notamment aux nombreuses mesures d’aide aux travailleurs et aux entreprises, à l’assistance spécifique aux plus vulnérables et aux dispositifs de développement social et d’inclusion professionnelle. Il a ainsi détaillé le programme « Améliorer le travail », dont l’objectif est d’accroître les revenus des personnes par leur insertion dans des projets sociocommunautaires, et « Promouvoir l’inclusion des jeunes », grâce auquel 45 000 jeunes ont pu accéder à une formation ainsi qu’à une bourse de relance économique. Des progrès ont par ailleurs été réalisés dans la formalisation fiscale de plus de 750 000 travailleurs de l’économie populaire, a précisé M. Sotomayor, avant d’évoquer les politiques de souveraineté alimentaire et de protection de la petite enfance prises par le Gouvernement argentin. Selon lui, des instruments publics tels que le programme d’aide d’urgence au travail et à la production, l’interdiction des licenciements sans raison valable et le programme de redressement productif ont permis une sortie de crise plus rapide et une reprise sur le plan macroéconomique. Enfin, il a fait état de la création d’espaces de participation incluant les principaux acteurs locaux et régionaux pour concevoir, valoriser et influencer les politiques publiques liées à la réalisation des ODD.
Mme MARYAM ABDULLAH AL-THANI, chargée de projets internationaux au Cabinet du Ministre du développement social et de la famille du Qatar, a indiqué, pour sa part, que son gouvernement s’est employé à lutter contre les effets de la pandémie tout en maintenant son processus d’autonomisation des femmes. Il a aussi permis à 80% de celles qui travaillent de le faire à domicile afin de les aider à assumer leurs tâches domestiques et familiales. Il a par ailleurs accordé des incitations financières aux femmes qui travaillent bénévolement et aux entrepreneuses dans différents domaines dans le but de les aider à maintenir et à augmenter leurs revenus financiers, a-t-elle expliqué. Parallèlement, tandis que 20 milliards de dollars étaient investis dans le secteur privé pour surmonter cette crise, des partenariats ont été créés par le Gouvernement qatari pour maintenir les ODD en s’alignant sur la vision nationale à l’horizon 2030, a poursuivi Mme Al-Thani, avant de faire état de mesures spécifiques, prises dans ce cadre en faveur des composantes socioéconomiques les plus vulnérables, notamment les femmes qui travaillent, les veuves, les femmes divorcées, les enfants et les personnes âgées. S’agissant par ailleurs des efforts visant à réaliser l’égalité des sexes dans le domaine de l’emploi, elle s’est déclarée fière d’annoncer que le pourcentage des femmes économiquement productives dans son pays atteindra 57% en 2023, soit plus que la moyenne internationale. Elle a ajouté que 70% des diplômés des facultés de droit, d’ingénierie, de médecine, de pharmacie, de systèmes d’information et de sciences sont des femmes et que, sur le marché du travail, des secteurs comme la politique étrangère, la sécurité, la justice et l’armée emploient de plus en plus de femmes. Elle a par ailleurs précisé qu’en 2020, 58 pays ont bénéficié d’aides économiques qataries d’une valeur de 577 millions de dollars, dont une part importante est allée à l’Afrique.
De son côté, Mme HAFSA QADEER, Directrice générale et fondatrice d’ImInclusive, première entreprise sociale certifiée des Émirats arabes unis pour l’emploi inclusif des personnes handicapées, a qualifié son itinéraire de « success story ». De nationalité pakistanaise, elle a expliqué avoir eu l’idée de cette plateforme pour l’emploi inclusif en écoutant son frère Ahmed, lui-même en situation de handicap. Ce projet, a-t-elle expliqué, a été sélectionné parmi 500 candidatures puis financé par les Émirats arabes unis, où l’entreprise est implantée. La plateforme, opérée en partenariat avec les autorités et la société civile émiriennes, vise à permettre aux personnes handicapées d’accéder à l’emploi. Elle propose un site d’offres d’emploi, un espace d’entretiens en ligne et a touché 14 000 personnes au cours de l’année dernière, a précisé sa conceptrice. Notre approche se fonde sur la promotion de l’inclusion et des compétences, ainsi que sur la déconstruction des préjugés et des stéréotypes, a-t-elle souligné, affirmant sa volonté de donner aux jeunes handicapés la possibilité d’agir et de s’épanouir pour qu’ils puissent, à leur tour, transmettre leur expérience.
Dialogue interactif
À la suite de ces présentations, deux déléguées de la jeunesse du Maroc ont pris la parole, la première d’entre elles relevant que les jeunes constituent la principale ressource humaine pour le développement et le progrès technologique. Les jeunes font néanmoins face à d’importants défis, de la pandémie aux changements climatiques, en passant par les problèmes de santé mentale et les difficultés d’accès à l’emploi. Dans ce contexte, il est selon elle essentiel que l’éducation soit renforcée et numérisée, notamment pour permettre aux jeunes femmes et filles qui vivent en zones rurales d’y accéder. La deuxième déléguée de la jeunesse du Maroc a, elle, estimé que les ODD doivent être atteints dans l’intérêt des jeunes, en particulier de ceux en situation de vulnérabilité comme les jeunes femmes des zones rurales. Il faut les autonomiser et leur donner les aptitudes nécessaires à leur épanouissement, a-t-elle plaidé, avant d’encourager les décideurs à promouvoir l’égalité femmes-hommes en matière de responsabilités.
La représentante de la Guinée a ensuite rappelé le choc qu’a été pour son pays la période pandémique allant de mars à août 2020. Outre les nombreux décès occasionnés par la maladie, cette crise a provoqué un effondrement économique, frappé de plein fouet la subsistance des familles et engendré une augmentation des violences contre les femmes, a-t-elle constaté. Pour y remédier, le Gouvernement guinéen a tablé sur des mesures de développement de la résilience, via des transferts monétaires, et s’est efforcé de renforcer le capital humain pour sauvegarder la productivité future, a souligné la déléguée. Il est également resté engagé sur le front social, considérant la lutte contre le chômage et le sous-emploi comme un défi majeur, a-t-elle ajouté.
Lui emboîtant le pas, la Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd a voulu savoir quelles sont les politiques mises en œuvre pour poursuivre et consolider les programmes d’assistance engagés pendant la période pandémique. Le représentant de la Malaisie s’est quant à lui concentré sur le renforcement des filets de sécurité sociale décidé par son gouvernement durant la pandémie. Ces mesures d’urgence ont notamment permis d’améliorer l’accès aux services essentiels, de soutenir les foyers pauvres avec des transferts monétaires, d’aider les travailleurs du secteur informel et de réduire le taux de pauvreté. Malgré tout cela, la pandémie s’est traduite par un creusement des inégalités, a-t-il déploré, avant d’appeler à des approches innovantes, du bas vers le haut, pour atténuer l’impact de cette crise sur le monde du travail. Comment, dans ces conditions, peut-on trouver le juste équilibre pour répondre aux femmes et aux jeunes, sachant que le monde du travail est en évolution permanente, s’est-il interrogé.
En réponse à ces commentaires et questions, le Secrétaire assistant en charge de l’emploi et du développement des ressources humaines au Département du travail et de l’emploi des Philippines a plaidé pour un changement d’état d’esprit, estimant que sociétés et gouvernements doivent, ensemble, contribuer à l’accélération du relèvement en faisant front commun. Quant à l’équilibre à trouver entre les différents groupes vulnérables, il a appelé à mettre au point des projets synergiques pour répondre aux besoins là où ils sont identifiés.
Le Directeur général des relations internationales et de la communication institutionnelle et Coordinateur du programme Argentine 2030 au Conseil national de coordination des politiques sociales de l’Argentine a salué le projet ImInclusive appuyé par les Émirats arabes unis, précisant que son gouvernement subventionne lui aussi des programmes d’insertion pour personnes handicapées, lesquelles doivent selon lui jouer un rôle important sur le marché du travail. Il a encouragé les jeunes à se faire entendre pour parler des politiques publiques mais aussi à faire des propositions en faveur de l’égalité. Insistant sur la notion d’inclusion, notamment des femmes, des LGBTI, des handicapés et des seniors, il a estimé que la justice sociale devrait être garantie par les États avec le soutien du système international.
Rebondissant sur la question de l’inclusion des femmes, la chargée de projets internationaux au Cabinet du Ministre du développement social et de la famille du Qatar a indiqué que, dans son pays, 70% des femmes suivent un cursus de troisième degré, 64% des étudiantes à l’université sont des femmes et que 44% des postes gouvernementaux sont occupés par des femmes. De plus, en vertu de la loi qatarie, les secteurs public et privé doivent embaucher au moins 3% de personnes handicapées. À cet égard, elle a estimé que la récente Coupe du monde de football organisée au Qatar a été un modèle de protection et d’inclusion de ces personnes, des technologies de pointe ayant été utilisées pour les aider à assister aux matchs.
En tant que jeune entrepreneuse, la Directrice générale et fondatrice d’ImInclusive s’est, elle, faite l’écho de l’appel des déléguées de la jeunesse du Maroc, appelant à la promotion d’un état d’esprit progressiste en faveur des jeunes. Elle a d’autre part relevé que la génération Z a des attentes différentes du travail et entend travailler n’importe où pourvu que ses besoins mentaux soient satisfaits. À ce propos, elle a jugé que les modèles de travail hybrides fonctionnent et se révèlent même plus productifs que les modèles traditionnels. De surcroît, a-t-elle fait valoir, les modèles hybrides aident les personnes handicapées à accéder à l’emploi et permettent aux femmes qui le souhaitent de rester chez elles pour assumer d’autre tâches.
En clôture de ces échanges, modérés par Mme JEAN QUINN, Présidente du Comité des ONG sur le développement social, le Vice-Président de la soixante et unième session de la Commission du développement social, M. JON IVANOVSKI, s’est réjoui de la variété d’approches adoptées par les secteurs public et privé et la société civile pour instaurer le plein emploi productif et créer du travail décent en vue de surmonter les inégalités, parvenir à un relèvement post-COVID-19 axé sur l’inclusion et la résilience, et mettre en œuvre dans son intégralité le Programme 2030. Il a notamment salué les mesures et programmes mis en place pour promouvoir l’égalité d’accès aux emplois pour les femmes, les personnes handicapées et les autres groupes vulnérables. Nous avons aussi appris comment les jeunes, lorsqu’on leur fait confiance, qu’on leur donne une chance et qu’on les soutient, peuvent être acteurs du changement et montrer la voie, a ajouté le Vice-Président qui a souhaité que ce forum soit un moyen pour les différentes parties prenantes de dessiner des voies de coopération afin d’avancer dans des domaines d’intérêt mutuel.