Commission du développement social: les pistes d’un panel de ministres pour parvenir au plein emploi productif et au travail décent après la pandémie
Au deuxième jour de sa soixante et unième session, la Commission du développement social a entendu, ce matin, un forum ministériel tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 et suggérer des pistes pour parvenir au plein emploi productif et au travail décent, tout en accélérant la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Après cet examen de haut niveau du thème prioritaire de la session, la Commission a repris dans l’après-midi sa discussion générale.
En ouverture du forum, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a mis le curseur sur le bien-être des personnes et de la planète, plaidant pour que cette notion soit au centre de toute politique de relance post-COVID-19. Elle a également estimé qu’à l’heure de la « polycrise », le travail décent, les systèmes de protection sociale universelle et la couverture maladie universelle sont des stratégies efficaces pour lutter contre les inégalités. Selon elle, les innovations de son pays en matière d’éducation, de politique sociale et d’emploi ont permis de réduire les inégalités entre les sexes sur le marché du travail et constituent des « investissements à forts taux de rendement ».
Voyant dans la gestion de la pandémie une réussite de son pays, le Ministre du travail et de la protection sociale du Monténégro a, pour sa part, reconnu que la reprise est aujourd’hui compliquée par les retombées de l’agression russe contre l’Ukraine, laquelle a de graves conséquences pour toute l’économie mondiale. Malgré ces défis, a-t-il dit, le pays s’emploie à promouvoir les normes et les principes fondamentaux du droit au travail, en vue de parvenir à un revenu digne pour tous, à la sécurité professionnelle, à une assurance sociale pour les membres de la famille et à l’égalité des chances et de traitement. Il a ajouté que son gouvernement a décidé d’une augmentation du salaire minimum, considérant que dans le contexte actuel de crises multiples, il ne peut y avoir de travail décent sans rémunération décente.
Le travail décent est une « condition préalable à la dignité humaine », a abondé la Ministre du développement social et de la famille du Qatar, avant de rappeler le rôle actif joué par son pays dans le partenariat mondial pour le développement et, par voie de conséquence, pour l’emploi. Le Qatar a financé des projets de développement dans 85 pays à hauteur de 658 millions de dollars, a-t-elle précisé avant de souligner l’importance « vitale » de la main d’œuvre migrante, à laquelle son pays fournit des services de base, une protection sociale et un logement, « sans aucune discrimination », tout en facilitant les transferts financiers de ces travailleurs vers leurs familles.
Dans le même ordre d’idées, le Vice-Ministre des affaires multilatérales du Costa Rica a fait état de la mise œuvre par son pays, durant la période pandémique, d’un système de traçabilité épidémiologique des travailleurs migrants du Nicaragua ou du Panama. Pour développer cet instrument, a-t-il expliqué, il a été tenu compte du consentement éclairé des migrants ainsi que de la législation costaricienne et des réglementations internationales. L’outil continue d’être utilisé pour surveiller le respect des droits du travail des migrants, ce qui a un impact direct sur la création d’emplois décents et la transition au secteur formel, a expliqué le Vice-Ministre.
La Ministre du développement communautaire et des services sociaux de la Zambie s’est, elle, concentrée sur l’égalité des chances face au travail, un droit consacré par la Constitution de son pays, indépendamment de l’appartenance ethnique de chacun. Elle a aussi indiqué que son gouvernement s’est fixé pour objectif d’assurer une représentation équitable des deux sexes au sein de la fonction publique, ajoutant que le nouveau Code du travail de 2019 impose l’égalité de rémunération à travail égal et interdit toute forme de discrimination au travail.
Depuis la crise pandémique, les deux tiers des limitations à l’embauche des femmes ont été supprimées en Azerbaïdjan, a de son côté précisé le Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de ce pays, qui s’est dit convaincu que cette avancée contribuera à combler l’écart de rémunération entre les sexes. Il a par ailleurs fait état de l’introduction progressive de régimes de travail flexibles, tels que le travail à domicile et le télétravail, et du relèvement des minima sociaux pour mieux protéger les groupes à faible revenu.
Partageant à son tour l’expérience de son pays face au « grand défi de développement social » qu’a constitué la pandémie, la Sous-Secrétaire à l’emploi et au développement des ressources humaines des Philippines a évoqué une stratégie de relance basée sur le dialogue social et destinée à faciliter l’accès au marché du travail. Dans ce cadre, le Gouvernement a mis l’accent sur l’amélioration des compétences, tout en renforçant l’aide aux travailleurs via l’assurance maladie, les régimes de retraite, la révision du salaire minimum et la protection sociale, a-t-elle détaillé, faisant également état d’une simplification des procédures d’enregistrement pour faciliter la transition des travailleurs de l’économie informelle vers l’économie formelle.
La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain mercredi 8 février à partir de 10 heures.
FORUM MINISTÉRIEL SUR LE THÈME PRIORITAIRE « PLEIN EMPLOI PRODUCTIF ET TRAVAIL DÉCENT POUR TOUTES ET TOUS: SURMONTER LES INÉGALITÉS POUR ACCÉLÉRER LE RELÈVEMENT APRÈS LA PANDÉMIE DE COVID-19 ET LA MISE EN ŒUVRE INTÉGRALE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 »
Panélistes
Donnant le ton de cet échange de haut niveau, Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de Finlande, a plaidé pour que le bien-être des personnes et de la planète soit la priorité de toute politique de relance. En effet, a-t-elle fait valoir, il existe un lien évident entre le bien-être des personnes et la prospérité économique. De même, les efforts déployés pour renforcer la confiance, l’engagement civique et la cohésion sociale contribuent à des économies durables en permettant une productivité plus forte, une plus grande stabilité financière et politique et une meilleure résilience face aux chocs, a ajouté la Ministre, qui a souhaité que la question de la maximisation du bien-être des personnes dans les limites de notre planète soit discutée au cours de cette session de la Commission du développement social, mais aussi lors du Sommet sur les ODD de cette année et au Sommet social mondial prévu en 2025.
Évoquant ensuite le thème prioritaire de cette session, Mme Sarkkinen a averti qu’à l’ère de la « polycrise », la fracture sociale en termes de richesse et de revenus, mais aussi d’opportunités, de ressources et de participation aux marchés du travail et à la vie politique peut conduire à l’érosion des contrats sociaux. Selon elle, le travail décent, les systèmes de protection sociale universelle et la couverture maladie universelle sont des stratégies efficaces pour lutter contre les inégalités. Mais il importe aussi de disposer d’un système fiscal juste et soutenu par le peuple, ce qui permet notamment de renforcer la cohésion sociale et de guider l’économie vers un avenir plus vert, a-t-elle argué. La Ministre a également estimé que si le plein emploi est un objectif important, tout travail doit être décent. Dans cet esprit, l’éducation et la bonne gouvernance sont les meilleurs outils pour lutter contre l’économie informelle qui cause la pauvreté et des conditions de travail inférieures aux normes, a-t-elle souligné, avant de relever que les innovations de son pays en matière d’éducation, de politique sociale et d’emploi ont réduit les inégalités entre les sexes sur le marché du travail et constituent des « investissements à forts taux de rendement ».
M. ADMIR ADROVIĆ, Ministre du travail et de la protection sociale du Monténégro, a mis l’accent sur la gestion -selon lui réussie- de la pandémie par son pays, indiquant qu’elle s’est appuyée sur une évaluation des besoins en matière de politique budgétaire, la fourniture de fonds supplémentaires aux plus vulnérables de la population, le maintien de l’activité à distance, la continuité des versements de salaires, de pensions et de prestations sociales, et la préservation du plus grand nombre d’emplois. Au-delà des mesures d’urgence, le Gouvernement monténégrin a aussi adopté des plans de soutien à l’économie et aux citoyens, qui ont permis de maintenir les niveaux d’emploi, d’améliorer les liquidités, d’augmenter le nombre de touristes, de stabiliser l’agriculture et de soutenir les catégories vulnérables de la population, a-t-il précisé. Le Ministre a cependant reconnu que la reprise post-COVID-19 est aujourd’hui compliquée par l’agression russe de l’Ukraine, laquelle a déclenché une nouvelle crise qui a de graves conséquences pour l’ensemble de l’économie mondiale. Malgré ces défis, a-t-il dit, le pays s’emploie à promouvoir les normes et les principes fondamentaux du droit au travail, en vue de parvenir à un revenu digne pour tous, à la sécurité professionnelle, à une assurance sociale pour les membres de la famille et à l’égalité des chances et de traitement. Il a également constaté que les nouvelles technologies et la numérisation créent de nouvelles formes d’emploi et une nouvelle conception du travail dans laquelle doit se développer le système de protection sociale. Enfin, après avoir souligné l’importance du dialogue social pour garantir un emploi décent à tous, il a estimé qu’il ne peut y avoir de travail décent sans rémunération décente, en particulier dans les conditions de crise économique actuelle. C’est pourquoi le Monténégro a augmenté le salaire minimum, dans le respect du niveau de vie, a-t-il précisé, faisant aussi état de programmes de soutien au travail des femmes et des jeunes.
La question du développement n’est pas la responsabilité d’un État ou d’une région mais celle de tous les États, a soutenu Mme MARIAM BINT ALI BIN NASSER AL MISNAD, Ministre du développement social et de la famille du Qatar. Nul ne vit dans l’isolement total et lorsqu’un événement grave se produit dans une partie du monde, nous en subissons tous les conséquences, a-t-elle fait remarquer, en formant le vœu que la communauté internationale renforcera sa solidarité pour que toutes les sociétés aient des chances égales en matière de développement. À ses yeux, la pandémie a mis en lumière l’importance de l’action internationale pour la fourniture d’un travail décent pour tous, « condition préalable à la dignité humaine ». La Ministre a précisé que son pays a financé des projets de développement dans 85 pays à hauteur de 658 millions de dollars. Le Qatar accorde en outre une grande importance au rôle vital de la main d’œuvre migrante, à laquelle il continue de fournir des services de base, une protection sociale et un logement, sans aucune discrimination, tout en facilitant les transferts financiers de ces travailleurs vers leurs familles.
Mme DOREEN SEFUKE MWAMBA, Ministre du développement communautaire et des services sociaux et députée de la Zambie, a indiqué que, pour créer des emplois et réduire les inégalités du travail, la Constitution de son pays prévoit l’octroi de chances égales pour tous les citoyens, indépendamment de leur appartenance ethnique. Dans cet esprit, a-t-elle indiqué, le Gouvernement zambien s’est fixé pour objectif d’augmenter de 60% le nombre des fonctionnaires en assurant une représentation équitable des deux sexes. Le nouveau Code du travail de 2019 consacre en outre l’égalité de rémunération à travail égal et interdit toute forme de discrimination au travail, quel qu’en soit le motif. Le pays a d’autre part mis en place une législation sur le travail des personnes handicapées, tout en prenant des mesures en faveur d’une plus grande accessibilité financière pour les jeunes, notamment à travers la formation professionnelle et la création de liens avec les marchés locaux, a détaillé la Ministre. Elle a d’autre part fait état d’une aide d’État aux entreprises en difficultés financières, de transferts d’espèces pour venir en aide aux plus vulnérables et à ceux qui ont subi les effets de la pandémie, et d’un fonds d’urgence destiné à protéger les travailleurs du secteur informel.
M. CHRISTIAN GUILLERMET-FERNÁNDEZ, Vice-Ministre des affaires multilatérales du Costa Rica, a rappelé que la pandémie a durement touché les secteurs du tourisme, de la production agricole et de l’économie des services de son pays. Pour venir en aide à ces secteurs, notamment aux deux premiers qui nourrissent l’économie des zones côtières et rurales du Costa Rica, le Gouvernement a choisi d’adopter une approche fondée sur les droits humains, a-t-il précisé, faisant état à cet égard de la mise en œuvre, durant la période pandémique, d’un système de traçabilité de la main-d’œuvre immigrée, qui vise à fournir une traçabilité épidémiologique aux travailleurs migrants du Nicaragua ou du Panama. Pour développer cet instrument, a-t-il expliqué, il a été tenu compte du consentement éclairé des migrants ainsi que de la législation costaricienne et des réglementations internationales. L’outil continue aujourd’hui d’être utilisé pour surveiller le respect des droits et obligations du travail des migrants, ce qui a un impact direct sur la création d’emplois décents, a poursuivi le Vice-Ministre, selon lequel le Costa Rica entend promouvoir un flux ordonné, contrôlé et durable de migrants, en veillant à la protection des plus vulnérables, notamment les femmes, et à une insertion adéquate dans la vie productive. Grâce à ces mécanismes, a-t-il relevé, il a été possible de formaliser davantage d’emplois, avec des conditions plus dignes et respectueuses des droits des migrants, dont la contribution est nécessaire à la productivité agricole du pays. De même, a-t-il ajouté, des actions ont été menées pour répondre aux flux circulaires de populations autochtones de manière ordonnée, sûre et régulière pour les récoltes de café, dans le respect des droits sociaux et culturels de cette population.
M. ANAR KARIMOV, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de l’Azerbaïdjan, a quant à lui détaillé les mesures de relance entreprises par son gouvernement, en évoquant tout d’abord les programmes sociaux liés à la pandémie et destinés à soutenir la croissance de l’emploi et la protection sociale. Dans ce cadre, a-t-il dit, le Gouvernement azerbaïdjanais s’est efforcé de prévenir les licenciements injustifiés et de préserver les emplois existants, tout en accordant des subventions salariales et des exonérations temporaires d’impôts et de droits de douane dans le secteur privé afin de contribuer à la pérennité des entreprises. Parallèlement, des interventions spécifiques de protection sociale ont été faites pour aider les travailleurs informels et les chômeurs, en tant que groupes vulnérables sur le marché du travail, tandis qu’un nouveau programme d’auto-emploi a été mis en place dans le cadre des incitations sociales au démarrage, avec pour deux tiers des bénéficiaires des femmes, des jeunes et des personnes handicapées, a indiqué le Vice-Ministre. Abordant ensuite les réformes sociales mises en œuvre par son gouvernement ces cinq dernières années, il a précisé que les fonds annuels alloués aux prestations sociales et aux pensions ont été multipliés par cinq entre 2018 et 2022 pour atteindre 900 millions de dollars. Dans le même temps, les minima sociaux ont été relevés afin de mieux protéger les groupes à faible revenu et de lutter contre l’insécurité des revenus, tandis que le salaire minimum et les pensions ont doublé voire triplé, a-t-il souligné, ajoutant que grâce aux mesures d’accompagnement mises en place pendant la pandémie, le marché du travail s’est stabilisé et le taux de chômage est passé de 7,2% en 2020 à 5,6% en 2023. Il a encore indiqué que, pour réduire les inégalités sur le marché du travail et garantir un travail décent aux femmes, la réglementation nationale du travail a été révisée conformément aux normes internationales. Les deux tiers des limitations à l’embauche des femmes ont ainsi été supprimées, ce qui devrait contribuer à combler l’écart de rémunération entre les sexes, a-t-il noté, avant de faire état de l’introduction progressive de régimes de travail flexibles tels que le travail à domicile et le télétravail.
Mme CARMELA TORRES, Sous-Secrétaire à l’emploi et au développement des ressources humaines au Ministère du travail et de l’emploi des Philippines, a souhaité à son tour partager l’expérience de son pays face à « l’un des plus grands défis au développement social auquel le monde moderne a dû faire face de mémoire récente: la pandémie de COVID-19 et l’aggravation des inégalités qu’elle a causée ». Alors qu’au plus fort des confinements le taux de chômage atteignait le niveau sans précédent de 17,7%, soit 7,3 millions de travailleurs sans emploi, le Gouvernement philippin a pris un train de mesures pour soutenir les entreprises, tout en fournissant une aide financière d’urgence aux travailleurs des secteurs formel et informel, et revenant de l’étranger, a-t-elle expliqué. La stratégie de relance économique, lancée dans le cadre d’une approche intégrée et centrée sur le dialogue social, a permis de restaurer la confiance des entreprises, d’opérationnaliser la main-d’œuvre et de faciliter l’accès au marché du travail, s’est félicitée la Ministre, selon laquelle cet ensemble de mesures a bénéficié à plus de 6,5 millions de personnes, grâce notamment à la création de plus de 900 000 emplois et à la fourniture de formations à plus de 1,3 million de travailleurs.
En complément des initiatives gouvernementales, des groupes d’entreprises et d’employeurs ont mis en œuvre des projets tels que le partenariat « Réformer, rebondir, récupérer: un million d’emplois pour 2021 », qui visait à trouver des talents philippins dans les secteurs de la construction, de la fabrication, du tourisme et de l’hôtellerie. Soucieux d’accélérer la reprise, le Gouvernement a ensuite mis l’accent sur l’amélioration des compétences, en particulier dans l’économie verte, le numérique et les soins, tout en renforçant l’aide aux travailleurs via l’assurance maladie et les régimes de retraite, la révision du salaire minimum et la finalisation de la politique sur le socle de protection sociale, a-t-elle poursuivi, faisant également état d’une simplification des procédures d’enregistrement pour faciliter la transition des travailleurs de l’économie informelle vers l’économie formelle.
Dialogue interactif
À la suite de ces prises de paroles ministérielles, la représentante de la Türkiye a remercié les intervenants pour leur message de solidarité avec son pays après les séismes meurtriers qui l’ont frappé dans la nuit de dimanche à lundi. Elle a ensuite mis en avant les dispositifs nationaux visant à permettre aux personnes handicapées de participer au marché du travail, en particulier l’instauration de quotas. Notant que la pandémie a révélé les difficultés que rencontrent ces personnes face à l’emploi, elle a souhaité savoir quelles mesures devraient être prises pour que des conditions de travail décentes soient fournies aux personnes qui travaillent dans le secteur des soins.
La représentante de l’Ukraine a indiqué que malgré les difficultés économiques que connaît son pays en temps de guerre, son gouvernement a décidé de changements législatifs pour améliorer les conditions d’emploi, notamment pour les personnes handicapées, et permettre aux jeunes d’accéder à l’emploi. Reconnaissant par ailleurs que les systèmes de service sociaux ne sont pas encore optimaux dans son pays, elle a affirmé que les efforts portent actuellement sur l’adaptabilité de ces services et sur le contrôle de la qualité des mesures sociales. Dans ce contexte, elle a souhaité que les pays qui ont une expérience en la matière la partage avec l’Ukraine et a invité les bailleurs de fonds à cibler les régions et les groupes les plus vulnérables dans leurs programmes d’aide.
De son côté, le Ministre du travail et de l’inclusion sociale du Pérou a souligné l’importance de la protection sociale face aux catastrophes naturelles, avant d’appeler à davantage d’interactions, entre les États mais aussi au sein des entreprises, pour atteindre le développement social. Tout le monde doit bénéficier de l’égalité des chances et d’une juste répartition des richesses, a-t-il plaidé, exhortant la communauté internationale à conjuguer ses efforts pour ne laisser personne de côté.
Réagissant à ces remarques et questions, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a insisté sur le lien entre le vieillissement de la population et le travail décent. Relevant à cet égard que dans son pays la pyramide des âges s’inverse et la population active vieillit, elle a jugé essentiel de proposer des services sociaux à toutes les personnes en âge de travailler. Il importe aussi, selon elle, d’investir dans les aptitudes des jeunes en veillant à ce qu’ils puissent occuper un emploi dans les meilleures conditions possibles et jusqu’à l’âge de la retraite, voire au-delà. Dénonçant les cas de discrimination en matière d’âge, elle a déploré que nombre de travailleurs âgés se voient refuser des emplois. Il fait juguler ces discriminations, mais aussi celles sur le handicap ou le sexe, a-t-elle ajouté, souhaitant également que des efforts soient faits pour protéger le lieu du travail et investir dans la santé, notamment mentale.
À sa suite, le Ministre du travail et de la protection sociale du Monténégro s’est réjoui des différentes solutions avancées pour répondre à la pandémie et accélérer le développement des sociétés. Il a toutefois rappelé que la COVID-19 n’est pas le seul défi auquel l’Europe doit faire face, évoquant notamment les retombées de la guerre en Ukraine et, maintenant, les suites des séismes en Türkiye. Il a appelé les pays à envisager des mesures rapides et inclusives en faveur des plus vulnérables.
La Ministre du développement social et de la famille du Qatar est quant à elle revenue sur l’emploi des personnes âgées, précisant que son pays a adopté un programme permettant à ces personnes de s’engager dans le bénévolat et le secteur social. C’est aussi un programme de transfert de savoirs, a-t-elle expliqué, avant d’assurer que son pays a imposé des sanctions à ceux qui n’avaient pas versé de salaires aux travailleurs qui ont travaillé sur la construction des stades de la Coupe du monde de football 2022.
En Zambie, un grand nombre de personnes âgées veulent continuer de travailler ou bénéficier de formations après la retraite, a indiqué à son tour la Ministre du développement communautaire et des services sociaux de la Zambie. Pour éviter toute dérive, nous avons aussi revalorisé les pensions et nous nous employons à déterminer dans quelle mesure ces personnes peuvent nous apporter une aide, a-t-elle ajouté.
Le Vice-Ministre des affaires multilatérales du Costa Rica s’est intéressé aux asymétries en matière d’emploi, constatant que les difficultés rencontrées ne sont pas les mêmes dans tous les pays et toutes les régions. Tout en se disant favorable au développement d’une économie verte et décarbonée par tous, il a cependant estimé que le moteur de la création du plein emploi productif et décent doit être l’éducation. Les jeunes doivent être préparés à entrer en contact avec le monde du travail, a-t-il souligné, avant de voir dans l’égalité salariale entre les sexes une autre priorité.
Restant centré sur sa situation nationale, le Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de l’Azerbaïdjan a jugé essentiel de ne pas perdre de vue les objectifs des réformes entreprises. Au cours des cinq dernières années, les dépenses publiques de l’Azerbaïdjan ont augmenté de 43%, et la réalisation des ODD est le deuxième poste après la défense, s’est-il enorgueilli. La priorité du moment est de réussir le déploiement de la numérisation, ce qui permettra de rendre plus accessibles les services sociaux et de faciliter les allocations de ressources, a-t-il indiqué.
Dernière intervenante à s’exprimer, la Sous-Secrétaire à l’emploi et au développement des ressources humaines au Ministère du travail et de l’emploi des Philippines a insisté sur l’importance du salaire minimum et de l’égalité des droits des femmes. Soulignant d’autre part la nécessité d’une numérisation généralisée, elle a aussi souhaité que soit pris en considération le caractère hybride du travail depuis la pandémie. Les employeurs et les employés doivent en tirer le meilleur parti, a-t-elle conclu.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Discussion générale sur le thème prioritaire
M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus), au nom du Groupe des Amis de la famille, a souligné la place centrale de la famille dans les politiques sociales. Il a donc appelé à des politiques qui soutiennent d’abord les membres de la famille, afin de s’assurer de l’équilibre entre la vie professionnelle et familiale. Il a aussi insisté sur la protection dont ont besoin les enfants au sein de la famille. De ce fait, il a suggéré de se servir des technologies de la communication modernes pour faciliter le travail à distance, permettant ainsi aux parents d’accorder plus de temps à la famille. Le délégué a appelé les États à apporter tout le soutien possible aux familles, puisqu’une famille forte est le socle d’une société durable.
Mme AAWATIF HAYAR, Ministre de la solidarité, de l’intégration sociale et de la famille du Maroc, a indiqué que son gouvernement a adopté des stratégies visant à appuyer la diversification économique et le développement du capital humain. Le Maroc, a ajouté la représentante, protège les populations les plus vulnérables en leur fournissant une protection sociale pour tous. Le Gouvernement a aussi lancé une politique de prise en charge des familles dont ont bénéficié plus de cinq millions de Marocains. S’agissant des droits des femmes, des efforts sont menés pour garantir l’égalité des genres et des droits. Plus de 30% de femmes bénéficient des activités qui entrent dans le cadre de cette politique, a-t-elle précisé. Les personnes handicapées se sont aussi vues allouées des fonds pour promouvoir leur employabilité, leur intégration professionnelle et la formation dans le budget 2022-2023. Le Gouvernement investit en outre dans la résilience des familles. Toutes ces approches reposent sur des travailleurs qualifiés, a déclaré la Ministre qui a fait part de l’adoption d’un cadre juridique visant à protéger le travail social. L’exécutif marocain encourage aussi l’investissement national et étranger pour stimuler la création d’emplois.
M. PAUL MAVIMA, Ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a indiqué que la promotion de l’emploi est devenue une composante essentielle de la stratégie nationale de développement pour une économie prospère, productive et libre. Il a fait savoir que son pays a mis sur pied un programme de promotion du travail décent en 2005 avec le soutien de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui a abouti à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une politique nationale de l’emploi en 2010. En novembre 2022, avec ses partenaires et l’OIT, le quatrième cycle du programme de promotion du travail décent 2022-2026 a été adopté donnant la priorité à l’emploi, la protection sociale, le dialogue social et les droits fondamentaux au travail.
Le Ministre a ajouté que le système éducatif permet aux jeunes filles de poursuivre des études dans les matières scientifiques pour lutter contre les inégalités. Il a ensuite indiqué que l’économie zimbabwéenne était devenue hautement informelle en raison de la pandémie et de l’imposition de sanctions unilatérales. Une « stratégie de formalisation » a été mise sur pied dans le but d’appuyer des cadres macro-économiques favorables à l’emploi et l’élaboration d’un régime de sécurité sociale dans le secteur informel, de même que la promotion de l’emploi des jeunes, des femmes et des personnes handicapées. Après avoir énuméré les programmes pour soutenir les petites et moyennes entreprises après la pandémie, le Ministre a rappelé que le Gouvernement a aidé les populations vulnérables, par le biais de transferts monétaires, l’aide alimentaire et sanitaire, l’aide à l’éducation, la protection de l’enfance et l’aide aux moyens de subsistance durables. Préoccupé par l’impact des mesures coercitives unilatérales sur le développement de son pays et sa population, il a appelé au dialogue les pays qui les imposent.
Mme ANA MENDES GODINHO, Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, a appelé à investir dans les enfants pour qu’ils aient accès aux services sociaux dès la petite enfance, et à mettre en place un cadre pour le travail décent des jeunes et lutter par ailleurs contre les nouvelles formes d’esclavage. Il faut en outre améliorer les compétences et garantir les systèmes de protection sociale inclusifs. Elle a en outre préconisé l’élaboration d’un nouveau contrat social qui tienne compte des nouvelles technologies et de la transition verte. Cette stratégie nécessite un financement suffisant et la coopération multilatérale, a-t-elle ajouté, exhortant à l’élaboration de réponses souples pour faire face aux défis socioéconomiques. L’accélérateur du relèvement mondial est l’emploi et le travail. Il s’agit d’un instrument puissant pour atteindre l’ambition de réduire les inégalités, a-t-elle souligné. Enfin, la Ministre a insisté sur l’importance de la protection sociale universelle, la couverture universelle de santé, des logements adaptés et l’emploi décent.
Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de Finlande, a estimé que tout travail doit être décent, indiquant par ailleurs que pour favoriser l’emploi des femmes, des garderies abordables sont essentielles. En Finlande et dans l’UE, a-t-elle relevé, nous avons commencé à utiliser le concept d’« économie du bien-être », parce que nous croyons que le bien-être de tous nos employés est la principale ressource, le but et l’objectif d’une économie prospère. Elle a appelé les États Membres à appuyer le Sommet social mondial prévu en 2025 pour assurer sa réussite. Nos systèmes de protection sociale sont assez complets, mais nous avons encore besoin de les pérenniser, a-t-elle dit. De son avis, les politiques sociales et les politiques climatiques doivent travailler main dans la main.
M. HUNG LY, représentant de la jeunesse de la Finlande a ensuite dit que pour nombre de jeunes, le travail décent est inaccessible. Il a relevé que des millions de jeunes à travers le monde sont laissés pour compte et n’ont pas d’opportunités d’éducation. Il a appelé par exemple à créer des programmes spéciaux pour des déplacés. En Finlande, a-t-il poursuivi, un fonds pour les étudiants à risque créé et dirigé par des jeunes aide les étudiants fuyant la violence ou la persécution en prenant en charge leurs frais de scolarité. En garantissant l’accès aux services de santé mentale et à la sécurité sociale aux jeunes, nous garantissons le bien-être et la productivité des générations futures, a observé le jeune délégué qui a souligné le rôle important de la société civile d’agir pour le changement. Selon lui, le concept de travail décent doit également tenir compte d’un environnement de travail sain, exempt de harcèlement sexuel ou de discrimination à l’endroit des LGBTQI. Il a ensuite salué le fait que la Finlande soit le premier pays ayant adopté une résolution sur la jeunesse et la paix et la sécurité.
Mme DOREEN SEFUKE MWAMBA, Ministre du développement communautaire et des services sociaux de Zambie, a indiqué que les programmes de protection sociale du Gouvernement visent les plus vulnérables afin de réduire la pauvreté, la faim et les vulnérabilités parmi les femmes, les enfants, les personnes âgées et les handicapées. Le Gouvernement s’est attaché à réformer la sécurité sociale des travailleurs du secteur formel et informel en le rendant plus accessible financièrement. Un quota de 10% est par ailleurs réservé aux personnes handicapées dans la fonction publique et un Code de la famille visant à protéger et promouvoir les droits des enfants a été mis en œuvre. S’agissant du développement de la jeunesse, l’exécutif a lancé des initiatives pour améliorer la formation et l’accès aux crédits. Pour les personnes âgées, la politique nationale élaborée en 2015 entend promouvoir et protéger leurs droits, leur bien-être et leur niveau de vie. Pour atténuer les inégalités causées par la pandémie, le Gouvernement a mis en œuvre un programme de transfert de fonds pour les familles afin de leur venir en aide financièrement et de lutter contre l’insécurité alimentaire. Il a également lancé le programme de transfert d’argent de 1 000 jours pour les femmes enceintes et les adolescentes, les femmes allaitantes et les enfants de moins de 2ans.
Mme CAMILLA WALTERSSON GRONVALL, Ministre des services sociaux de la Suède, a déclaré que les services sociaux font figure de derniers remparts de la protection sociale en Suède. En temps de crise et face à l’afflux de réfugiés, des mesures de renforcement des systèmes sociaux ont été prises pour protéger les filles et les garçons déplacés pour éviter qu’ils deviennent victimes de la traite. La Ministre a insisté sur l’importance d’investir dans les enfants touchés par la pandémie et la fermeture des écoles. Elle a fait savoir que la Suède a décidé de maintenir les écoles ouvertes durant la pandémie car l’isolement social et les pertes de revenu des parents ont accru les risques d’atteinte physique et psychologique pour les enfants. Lorsque que nous faisons face à des pandémies mondiales, il faut se focaliser sur les plus vulnérables en particulier les enfants, a raisonné la Ministre.
Mme VINDHYA PERSAUD, Ministre des services sociaux et de la sécurité sociale de Guyana, a indiqué que son gouvernement a élaboré des programmes axés sur les besoins de main-d’œuvre de l’économie qui sont gratuits, accessibles en ligne, et disponibles pour les communautés urbaines, rurales et de l’arrière-pays. L’objectif est de faire en sorte que chacun puisse participer pleinement et équitablement au développement. Les programmes universitaires, dont la Guyana Online Academy of Learning, sont gratuits et offrent des milliers de bourses en ligne à ceux qui souhaitent accéder à des diplômes universitaires. Le programme GROW offre des cours de rattrapage gratuits et de préparation au monde du travail pour ceux qui ont abandonné l’école ou qui ont besoin de diplômes supplémentaires pour accéder à des emplois.
Le Gouvernement a lancé des programmes d’infrastructure et de connectivité, créant des routes reliant les campagnes et ouvrant de nouveaux marchés aux communautés. Il investit en outre dans des programmes agricoles et d’entrepreneuriat pour les jeunes et a élaboré une stratégie de développement à faible émission de carbone qui facilitera les investissements respectueux de l’environnement. Le réseau pour l’innovation et l’investissement des femmes, aide à leur autonomisation financière. Et le budget national accorde la priorité à la lutte contre les inégalités en mettant l’accent sur la parité entre les sexes, l’égalité, le développement des jeunes, des familles et un partenariat avec le secteur privé pour offrir des opportunités d’emploi.
Mme WILLIAMETTA E. SAYDEE-TARR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, a indiqué que son gouvernement travaille à faire du Libéria un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030 et s’efforce d’améliorer les moyens de subsistance, le bien-être et la dignité de la population. L’exécutif a mobilisé 12,8 millions de dollars pour l’emploi des jeunes et le développement social. Il a construit des logements pour les personnes à faible revenu, y compris les communautés les plus pauvres. Des centres à la pointe de la technologie offrent un accès aux marchés pour les entrepreneurs, dont les femmes. En réponse à la COVID-19, le Gouvernement a également obtenu de la Banque mondiale 10 millions de dollars pour accroître l’accès aux opportunités de revenus pour les personnes vulnérables du secteur informel, a révélé la Ministre. Ce projet, a-t-elle expliqué, subventionne les ménages vulnérables pour relancer ou démarrer de petites entreprises, ainsi que la fourniture d’un soutien à l’emploi temporaire et le développement de l’employabilité.
Poursuivant, la Ministre s’est réjouie du fait que grâce à la numérisation du budget, la masse salariale est désormais facilement vérifiable, prévisible et ajustable. Elle a aussi indiqué que la première phase du Programme de développement communautaire accéléré doté de 100 millions de dollars aidera à créer plus d’emplois et à réduire la pauvreté et les inégalités dans certaines des communautés rurales et urbaines les plus pauvres du Libéria. Le Gouvernement, avec le soutien de la Banque mondiale, a par ailleurs obtenu 44,6 millions de dollars américains pour le projet d’autonomisation des femmes ciblant 750 communautés et plus de 258 000 bénéficiaires.
Mme PAULINE IRENE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a indiqué que son gouvernement entend consolider les emplois existants et encourager la création de nouveaux emplois qualifiés. Son action repose sur deux piliers principaux, à savoir la promotion de la politique d’import-substitution et l’appui direct aux secteurs touchés par la pandémie. La politique de substitution aux importations met ainsi en œuvre des mécanismes visant à développer et à encourager la transformation locale des produits locaux, tels que l’augmentation des droits de douane sur certains produits importés. Dans le même ordre d’idées, la hausse de la taxation à l’exportation à 50%, puis à 60%, de la valeur « sans frais à bord » des grumes vise à encourager la transformation locale et l’abaissement de la taxation à l’importation des intrants qui contribuent à promouvoir la transformation locale. Par ailleurs, un soutien direct a été apporté à certains secteurs impactés par la pandémie de COVID-19 à travers le Fonds d’appui aux entreprises dans ses six composantes, notamment les start-ups et les entreprises innovantes ainsi que celles du secteur informel. La politique du Gouvernement est également axée sur la création de nombreux emplois décents et mieux rémunérés dans les zones rurales en augmentant la productivité agricole, pastorale et halieutique. À cette fin, il élabore un certain nombre de programmes et de projets spécifiques visant à accroître la productivité agricole, a précisé la Ministre.
Mme BUHUMAID (Émirats arabes unis) a indiqué que son gouvernement s’efforçait d’œuvrer à la réalisation du Programme 2030, en particulier pour les personnes handicapées. Nous avons ainsi organisé des ateliers et des séances de travail avec les prestataires de différents services pour faire en sorte que les politiques élaborées s’adressent aux personnes ciblées, répondent au mieux à leurs besoins et incluent des plans d’action concrets, s’est-t-elle félicitée. C’est une approche qui s’applique également à tous les autres domaines avec des objectifs précis dans le cadre de la stratégie nationale pour la qualité de vie dans les Émirats arabes unis, a poursuivi la représentante, en faisant valoir un plan de développement de la famille et une politique nationale de protection des personnes âgées.
Mme FLORENCE BORÉ, Secrétaire de cabinet au Ministère du travail et de la protection sociale du Kenya, a souligné que le programme national de filet de sécurité a accru la résilience des membres pauvres et vulnérables de la société. Elle a décrit certaines des actions de ce programme, notamment les transferts monétaires aux orphelins et enfants vulnérables, personnes âgées et personnes handicapées. Et ce programme utilise le service d’argent mobile M-PESA qui est maintenant dans sa troisième phase. C’est dans cette optique que le Gouvernement a alloué plus de 71 millions de dollars pour aider 600 000 personnes vivant dans les terres arides et semi-arides du Kenya. De même, le programme d’accès aux marchés publics soutient les groupes vulnérables en attribuant 30% de tous les marchés publics aux entreprises détenues par des femmes, des jeunes et des personnes handicapées.
Pour appuyer l’emploi et le travail décent pour tous, le Gouvernement a élaboré un projet de stratégie nationale pour des emplois verts (2023-2027) qui est aligné sur le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Grâce à cette stratégie, le Kenya facilitera la croissance verte en investissant dans les infrastructures, les énergies renouvelables, et des technologies durables. Le Gouvernement s’est aussi engagé à investir 2 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour stimuler le secteur informel du Kenya, un pilier clef de la croissance économique, a-t-elle dit. Pour soutenir davantage les petites et moyennes entreprises (PME), le Gouvernement a donné la priorité à l’achat de produits fabriqués localement par le biais de l’initiative « Buy Kenya-Build Kenya ».
Intervenant par visioconférence, Mme IRINA KOSTEVICH, Ministre du travail et de la protection sociale du Bélarus, a déclaré que les mesures systémiques mises en place par le Gouvernement pendant la pandémie ont eu un effet positif. En effet, tout au long de la pandémie, il n’y a pas eu de périodes de licenciements massifs, et le niveau de chômage n’était que de 4% en 2020. Au sujet de la présence des femmes sur le marché du travail, la Ministre a expliqué que des garanties de l’État permettent aux mères de bénéficier d’un congé payé pour s’occuper d’un enfant jusqu’à l’âge 3 ans. Les familles de trois enfants ou plus ont une journée de travail libre par semaine pour résoudre des problèmes familiaux et domestiques. Ces mesures font que le taux de participation des femmes au marché du travail est semblable à celui des hommes, soit un peu plus de 86%. En outre, le Gouvernement soutient sur le long terme les chômeurs, les jeunes, et les personnes handicapées.
La Ministre a ensuite décrié la pression des sanctions et leurs conséquences dans diverses régions du monde, créant de sérieux obstacles à la mise en œuvre du concept de travail décent et la réalisation des ODD. Elle a appelé toutes les structures de l’ONU à faire une évaluation des sanctions et de leur impact destructeur sur le monde du travail.
Mme MARIA INES CASTILLO, Ministre du développement social du Panama, a insisté sur les vertus économiques de l’emploi décent avant de mentionner le contexte inflationniste global, lourd de difficultés macroéconomiques. Il faut promouvoir le retour à un emploi digne des plus vulnérables pour parvenir à l’autosuffisance économique, a dit la Ministre, en soulignant l’importance de la protection sociale. Elle a détaillé l’action de son pays à cette fin, en mentionnant un projet pilote qui a profité à 7 000 familles, dont nombre de familles autochtones. La Ministre a aussi cité un programme mis en place pour aider les personnes ayant perdu leur emploi en raison de la pandémie.
Mme TITO (Argentine) a mentionné la flambée des prix des denrées alimentaires, les menaces sur la paix, les conséquences des changements climatiques et l’incidence de la pandémie comme autant d’entraves pour l’action en faveur du développement durable. Nos pays ne sont plus en passe d’atteindre les objectifs arrêtés, a-t-elle constaté, avant de rappeler le rôle des États pour combler les fossés en matière de financement. Elle a indiqué que son pays est considéré comme développé alors que l’Argentine souffre de déficits structurels, notamment en matière d’infrastructures. Elle a enfin plaidé pour une restructuration des dettes souveraines.
Mme TORRES (Philippines) a déclaré que les États doivent partager leurs expériences pour faire face à la généralisation des inégalités du fait de la pandémie de COVID-19. Aux Philippines par exemple, le taux de chômage est passé à 17,7% pendant cette période. De ce fait, le Gouvernement a réagi promptement en mettant sur pied des mesures de protection sociale et de réduction des disparités. Les autorités nationales ont également mis en place des mesures pour réduire les inégalités, rétablir la confiance des entreprises et relancer l’économie. La représentante a ensuite évoqué plusieurs actions du Gouvernement visant par exemple à réduire les écarts de revenus entre les sexes. Toutes ces politiques, a-t-elle assuré, sont conformes au Programme 2030, et le Président du pays a appelé les partenaires internationaux à accompagner ces initiatives.
Pour M. ALEXEY VOVCHENKO, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Fédération de Russie, le moyen de réduire progressivement les inégalités consiste à parvenir au plein emploi productif et à un travail décent pour tous. Les filets de sécurité sociale sont des outils efficaces non seulement pour éradiquer la pauvreté, mais aussi pour réduire les inégalités et renforcer la résilience. Afin de maintenir la stabilité du marché du travail en 2022, le Gouvernement a mis en œuvre des mesures visant à y réduire les tensions et qui consistent à garder les employés risquant le licenciement et à soutenir les revenus des travailleurs. Le projet fédéral de « Promotion de l’emploi » a été dispensé dans plus de 50 000 programmes éducatifs dans 252 métiers, et a bénéficié de la participation de 1 500 organisations.
Face à la persistance du chômage des jeunes, le Gouvernement a lancé un programme pour la promotion de l’emploi des jeunes pour la période allant jusqu’en 2030 dont le but est de créer les conditions pour la réalisation du potentiel professionnel, de travail et entrepreneurial des jeunes. Par ailleurs, a poursuivi le Vice-Ministre, la Russie met en œuvre le plan d’action 2021-2024 pour intégrer les personnes handicapées, ainsi que des quotas pour leur embauche pour la période allant de 2022 à 2028. Au 1er novembre 2022, le nombre total de personnes handicapées actives en âge de travailler s’élevait à un peu plus de 1,8 million de personnes, soit près de 26% des personnes handicapées en âge de travailler en Russie, a-t-il précisé.
M. CHRISTIAN GUILLERMET-FERNANDEZ, Vice-Ministre des affaires multilatérales de Costa Rica, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a durement touché les secteurs du tourisme, de la production agricole et de l’économie des services. Il a indiqué que la politique de relèvement de l’État repose sur le respect des droits humains, les efforts de redressement économique ne pouvant ignorer le libre exercice des opinions du peuple, et sa participation effective aux affaires qui le concernent. Le Gouvernent met l’être humain au centre des politiques et des décisions, y compris par le truchement du Système de traçabilité de la main-d’œuvre immigrée (SITLAM) qui vise à fournir une traçabilité épidémiologique aux travailleurs migrants du Nicaragua ou du Panama pour travailler dans des fermes.
De son côté, le Système d’information sur l’immigration de travail vise à promouvoir un flux ordonné, contrôlé et durable de migrants, en tenant compte de la perspective de genre et de la protection des migrants les plus vulnérables, pour une insertion adéquate dans la vie productive. Ce système a permis d’enregistrer plus de 10 000 personnes en 2020 et plus de 14 000 en 2021. Le même mécanisme est appliqué aux personnes handicapées, qui représentent 18,2% de la population du pays, permettant à plus de 42 000 d’entre elles de recevoir une formation gratuite pendant deux ans.
M. ASSEGID YIMENU, Ministre du travail et des compétences de l’Éthiopie, a déclaré que son gouvernement a pris une série de mesures politiques et législatives ainsi que des dispositions institutionnelles, notamment la création de son ministère qui a pour mission de diriger la création d’emplois productifs, le développement des compétences, la protection des droits des travailleurs et la « paix industrielle ». Grâce à diverses institutions, l’Éthiopie a fait des progrès considérables en termes d’élaboration de politiques et d’alignement des initiatives mondiales sur les cadres politiques et juridiques nationaux de création d’emplois. En outre, l’Éthiopie participe activement aux initiatives régionales et continentales qui contribuent à la conceptualisation et à la réalisation d’un travail décent et digne pour tous. Sa politique de croissance inclusive s’appuie sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine, les objectifs de développement durable et d’autres engagements régionaux et internationaux pertinents, notamment la Déclaration de Copenhague, a poursuivi le Ministre. Le plan de développement décennal, qui est conforme au programme de réforme économique national et intègre les idéaux de ces objectifs de développement régionaux et internationaux, est actuellement mis en œuvre et prévoit de réduire le taux de chômage de 1% par an jusqu’en 2030, a-t-il encore précisé.
M. BARQ AL-DMOUR, Secrétaire général du Ministère du développement social de la Jordanie, a souligné l’importance du développement des régimes de protection sociale unifiés, faisant valoir à cet égard la stratégie 2019-2025 de son pays relative à la protection sociale. Son gouvernement a également amélioré l’accès à l’éducation, à la protection sociale et à des services de santé, tout comme à la recherche d’emploi. La numérisation a peu à peu contribué à cette démarche au niveau national et un registre électronique unifié a été créé au fil des ans, a noté l’intervenant. La Jordanie, a-t-il dit, a pu avec succès inclure davantage de groupes sociaux dans ses programmes de protection sociale, dont les réfugiés et les personnes qui ne sont pas citoyens de notre pays pour leur permettre d’avoir accès à la sécurité sociale, à l’éducation et à la santé. Nous devons maintenant améliorer la gouvernance de notre pays en nous appuyant sur les meilleures bases de données et développer des solutions pour répondre aux problématiques liées à la microfinance, a-t-il ajouté.
Mme CECLI (Türkiye) a remercié tous les États qui ont fait part de leur soutien à son pays après le tremblement de terre qui l’a affecté. Elle a ensuite appelé à faire baisser la dépendance aux sources d’énergie polluante et accélérer la transition vers des sources vertes. Pour assurer le travail décent, il faut réduire les inégalités au niveau mondial, a-t-elle dit. Elle a considéré que les ODD sont essentiels pour ne laisser personne de côté. C’est pour cela que le Gouvernement a mis en place une structure nationale de suivi de leur mise en œuvre. La déléguée a ajouté que la Türkiye est un partenaire de choix des PMA dans le cadre de la réalisation des ODD, comme en témoigne son soutien à la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.
Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a déclaré que le programme de développement social de l’Inde met l’accent, entre autres, sur la réduction de la pauvreté, la fourniture de meilleurs services de santé, la promotion des réformes agricoles, et le déploiement de technologies centrées sur le citoyen. Les progrès de l’Inde dans la réalisation des ODD sont cruciaux pour le monde, a-t-elle noté, car le pays abrite environ 17% de la population mondiale. Elle s’est réjouie du fait qu’aujourd’hui en Inde, 331 millions de personnes supplémentaires ont accès à un assainissement amélioré; 233 millions de personnes supplémentaires ont accès à un combustible de cuisine propre; et la couverture électrique est passée de 88 à 97% du territoire national, bénéficiant à 183 millions de personnes supplémentaires. De plus, a-t-elle poursuivi, les programmes de couverture médicale bénéficient à plus de 500 millions de personnes. Dans la même lancée, le programme de développement social de l’Inde se concentre largement sur le déploiement du numérique pour améliorer la prestation de services gouvernementaux. C’est ainsi que le système Aadhaar d’identification unique basé sur la biométrie, couvre désormais plus de 95% de la population du pays, facilitant l’accès à une gamme de prestations sociales.
Mme SARANPAT ANUMATRAJKIJ (Thaïlande) a souligné que la Thaïlande accorde la priorité à l’égalité d’opportunités comme principe fondamental pour accélérer la reprise après la pandémie et concentre ses actions sur la création d’emplois. De même, le Gouvernement thaïlandais a investi dans la promotion du numérique et l’utilisation des technologies, en particulier pour les personnes handicapées, les femmes entrepreneures, les personnes vivant dans des régions reculées et les jeunes. Il existe en outre 12 programmes de développement de la femme et de la famille qui ont permis d’autonomiser professionnellement 50 000 femmes. Le Gouvernement a aussi mis en place des politiques pour préparer les jeunes au monde du travail et promeut en outre l’emploi pour les personnes handicapées dans le cadre d’une loi sur l’autonomisation des personnes handicapées (B.E. 2550). De même, étant donné que la Thaïlande deviendra une société âgée d’ici à 2028, le Gouvernement a introduit le troisième plan national sur les personnes âgées qui vise à améliorer la vie des séniors dans ses dimensions économique, environnemental, sanitaire et social.