Soixante et unième session,
2e et 3e séances plénières – matin & après-midi
SOC/4906

La Commission du développement social ouvre ses travaux axés sur le rôle du plein emploi et du travail décent dans un contexte postpandémique

La Commission du développement social a entamé aujourd’hui sa soixante et unième session qui, jusqu’au 15 février, examinera le rôle du plein emploi productif et du travail décent pour surmonter les inégalités pour accélérer le relèvement après la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

La création d’emplois productifs et d’un travail décent pour tous est une solution pour réduire les inégalités de manière durable, a insisté à cette occasion la Présidente de la Commission.  Mme Alya Ahmed Saif Al-Thani a également insisté sur l’importance d’élaborer des politiques salariales et de protection sociale capables d’appuyer le plein emploi productif et le travail décent et avoir un impact plus important dans la lutte contre les inégalités et les défis à l’inclusion sociale. 

Il faut investir dans les capacités humaines pour répondre aux demandes émergentes et futures du marché du travail, tout en inculquant les valeurs d’inclusion, de durabilité et de partenariat inscrites dans le Programme 2030, a renchéri la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Lachezara Stoeva, selon qui les gouvernements ont « la responsabilité de faire passer les gens en premier » dans le cadre de la transition juste et inclusive vers une économie verte.

Exhortant la Commission à « passer de la théorie à la pratique », le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales l’a d’ailleurs encouragé à déterminer comment améliorer les possibilités d’emploi dans l’économie verte sur fond de changements démographiques et de transition vers le numérique.  M. Li Junhua s’est également inquiété de l’ampleur des pertes d’emplois qui ont touché les femmes depuis 2020 et a appelé à garantir des moyens de subsistance aux milliards de personnes qui travaillent dans le secteur informel.

Nous ne devons pas perdre de vue que le droit au travail est un droit humain, a insisté la Ministre des services sociaux de la Suède.  Intervenant au nom de l’Union européenne, Mme Camilla Waltersson Grönvall a notamment appelé à améliorer les perspectives des jeunes sur le marché du travail, notant que ces derniers y sont exposés à des obstacles structurels et sont souvent employés dans des formes d’emploi atypiques, sans avoir nécessairement accès à une protection sociale adéquate, à la formation et au développement des compétences, ainsi qu’aux droits humains au travail.  La situation des jeunes a également inquiété le Groupe des d’États d’Afrique qui, par la voix de l’Égypte, a relevé que 75% d’entre eux seraient employés dans le secteur informel.

« Des emplois décents et de qualité sont nécessaires parce que c’est la condition pour une reprise durable après la COVID-19 », a aussi martelé le Directeur exécutif de Building Blocks for Peace Foundation, M. Rafiu Lawal, qui a appelé à impliquer les jeunes dans les efforts de reprise afin de ne pas accentuer les fossés entre eux et le reste de la société.  Le Chili au nom du Groupe des amis des personnes âgées a, de son côté, appelé à la collecte de données sur les femmes âgées qui sont obligées de travailler faute de couverture sociale et de pension de retraite décente. 

Pour éradiquer la pauvreté, faire avancer le progrès social et parvenir à un développement social pour tous, il convient d’investir à long terme dans les politiques qui favorisent la croissance économique et d’adopter une approche collaborative, a exhorté la Communauté des Caraïbes (CARICOM) qui, par la voix d’Antigua-et-Barbuda, s’est dite d’avis que la pandémie offre une fenêtre d’opportunités pour construire un marché du travail plus inclusif, équitable et adaptable.

Les participants à cette soixante et unième session ont poursuivi leurs travaux dans l’après-midi dans le cadre d’une table ronde de haut niveau sur le thème prioritaire. 

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain mardi 7 février à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations liminaires

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar), Présidente de la Commission du développement social, a souligné l’importance du thème prioritaire « plein emploi productif et travail décent pour toutes et tous: surmonter les inégalités pour accélérer le relèvement après la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » dans un monde confronté à des crises multiples qui causent d’immenses souffrances.  Les fortes inégalités sont devenues l’un des problèmes majeurs de notre époque, a-t-elle souligné, pointant notamment l’augmentation des inégalités des revenus dans de nombreux pays.  Elle a également dénoncé l’inégalité des opportunités sociales en termes d’accès à un emploi décent, à une éducation et à des soins de santé de qualité ou à des moyens de production tels que la terre et le crédit.  La création d’emplois productifs et d’un travail décent pour tous est une solution pour réduire les inégalités de manière durable, a-t-elle insisté. 

Selon la Présidente, les délibérations de la Commission devraient également suggérer des politiques salariales et de protection sociale capables de créer le plein emploi productif et un travail décent et avoir un impact plus important dans la lutte contre les inégalités et les défis à l’inclusion sociale.  Il est important d’avoir des réponses intégrées en matière de politique de l’emploi.  De même, la protection sociale est essentielle pour une prospérité partagée, l’équité sociale et la justice, et pour lutter contre l’exclusion systémique des groupes les plus défavorisés et les plus vulnérables.  La protection sociale est un investissement et non une simple dépense, a-t-elle déclaré, avant de rappeler le programme de la session réparti en six tables rondes pour répondre à ces questions.  La Commission discutera également des questions relatives au développement social de l’Afrique et à la situation des groupes sociaux. 

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a tout d’abord fait état d’un net ralentissement de la croissance économique mondiale, du fait des multiples crises interconnectées.  Sous l’effet des changements numériques, démographiques ou encore climatiques, on assiste en outre à des transformations sectorielles de la croissance, avec des retombées sur le marché du travail, a-t-elle observé, estimant que ces tendances, exacerbées par la pandémie, nécessitent des efforts complémentaires en matière d’éducation, de formation et d’apprentissage tout au long de la vie.  Investir dans les capacités humaines pour répondre aux demandes émergentes et futures du marché du travail, tout en inculquant les valeurs d’inclusion, de durabilité et de partenariat inscrites dans le Programme 2030, est, selon elle, un moyen fondamental de progresser dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

Évoquant ensuite les discussions à venir sur la transition juste et inclusive vers une économie verte, l’intervenante a estimé qu’elles seront essentielles non seulement pour éclairer les travaux du Conseil et du forum politique de haut niveau, mais aussi pour préparer le Sommet sur les objectifs de développement durable prévu en septembre prochain.  Dans le cadre de cette transition, a-t-elle souligné, les gouvernements ont « la responsabilité de faire passer les gens en premier », notamment en soutenant les régions et les industries, en facilitant la réinstallation des travailleurs déplacés et en créant des opportunités pour que les jeunes accumulent des compétences pertinentes pour le marché du travail.  Donner la priorité aux personnes implique aussi que chacun ait accès à une protection complète, adéquate et durable, ce qui nécessite des systèmes nationaux de protection sociale universels, complets, tenant compte des risques, sensibles au genre et durables, a ajouté la Présidente, en se félicitant que la Commission du développement social collabore avec d’autres commissions techniques et des partenaires du système des Nations Unies pour « naviguer dans les complexités de notre époque et faciliter les approches intégrées ». 

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a dit que l’emploi productif et le travail décent permettent de lutter contre la pauvreté et de juguler les inégalités.  Il a salué l’approche ciblée qu’adoptera la Commission sur l’ODD 8 pour venir en aide aux pays en développement qui connaissent encore des taux de chômage très élevés, notamment en raison de la pandémie.  Même si certains progrès ont été constatés, des pertes d’emplois considérables ont touché principalement les femmes depuis 2020.  Il faut inverser ces tendances pour éviter que cette situation ne s’exacerbe, a exhorté le haut fonctionnaire.  Selon lui, il faut également garantir des moyens de subsistance à ceux qui sont dans le secteur informel où travaillent des milliards de personnes dans le monde, en particulier les femmes.  L’économie informelle occupe également un très grand nombre de personnes vulnérables, y compris les personnes handicapées, les personnes âgées, les peuples autochtones et les jeunes qui paient un très lourd tribut notamment en raison de leur manque de formation. 

Notant qu’il ne reste plus que sept ans pour concrétiser les ODD d’ici à 2030, le haut fonctionnaire a appelé la Commission à fixer des priorités pour trouver de vraies solutions afin d’investir dans les capacités de chacun, soulignant que tout le monde doit pouvoir se prévaloir des possibilités que l’emploi décent peut lui offrir.  Il faut en outre façonner un marché du travail plus inclusif et plus adaptable capable de résoudre les problèmes des inégalités mais aussi proposer des mesures de protection sociale pour l’ensemble des employés et soutenir les plus vulnérables.  Les discussions devront également se porter sur les grandes entreprises, les petites et moyennes entreprises mais aussi sur l’économie solidaire et la façon dont cette notion s’inscrit dans le développement durable.  De même, le Secrétaire général adjoint a encouragé la Commission à déterminer dans quelle mesure on peut améliorer les possibilités d’emploi dans des secteurs nouveaux tels que l’économie verte sur fond de changements démographiques et de transition vers le numérique.  La Commission devra passer de la théorie à la pratique, a-t-il insisté. 

Mme JEAN QUINN, Présidente du Comité des ONG pour le développement social, a rappelé que cet organe fondé voilà 25 ans, a pour ambition de mettre l’individu au centre du développement.  Dans cet esprit, a-t-elle indiqué, le Comité a participé cette année au soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, « l’une des réussites les plus remarquables et une source d’inspiration pour l’humanité », qui appelle notamment à reconnaître les droits fondamentaux et à rendre l’emploi accessible pour tous.  L’article 23 de la Déclaration stipule ainsi que chaque personne a droit au travail, à des conditions de travail justes et équitables et à une protection face au chômage, a souligné l’intervenante, précisant que le Comité travaille sur ces questions avec des organisations de la société civile qui connaissent les obstacles structurels auxquels se heurtent les personnes les plus vulnérables en matière d’emploi.  Selon elle, la pandémie a exacerbé les inégalités sur le marché du travail, frappant tout particulièrement les homme et femmes déjà touchés par les discriminations et le chômage, ainsi que les personnes travaillant dans le secteur informel, les autochtones et les handicapés.  Constatant que les politiques économiques, sociales et environnementales restent fragmentaires, elle a appelé à un renouveau social pour parvenir à une qualité de vie supérieure pour tous.  Pour ce faire, il faut une reprise post-COVID-19 axée sur l’individu, a-t-elle plaidé, ajoutant que cet appel figure dans la déclaration de la société civile signée par un millier d’organisations.  Elle a souhaité que cette déclaration fasse partie du document final de la Commission du développement social. 

S’exprimant au nom des jeunes dans un message vidéo, M. RAFIU LAWAL, fondateur et Directeur exécutif de Building Blocks for Peace Foundation, une ONG nigériane, a relevé que la pandémie a changé nos modes de vie.  Au Nigéria par exemple, de nombreux jeunes ont perdu leur emploi et ont été exclus des services médicaux, alors que le monde estimait alors que les jeunes étaient immunisés contre la pandémie.  Il a appelé à impliquer les jeunes dans les efforts de reprise, afin de ne pas accentuer les fossés entre ceux-ci et le reste de la société.  Il a évoqué le Programme d’action pour l’emploi des jeunes initié par le Gouvernement nigérian, invitant les États à créer des politiques adaptées aux demandes du marché de l’emploi.  Des emplois décents et de qualité sont nécessaires, a-t-il insisté en arguant que c’est la condition pour une reprise durable après la COVID-19. 

Mme FRANCES ZAINOEDDIN, représentante de la International Federation on Ageing (IFA), et membre du Comité des ONG sur le vieillissement, a indiqué que des millions de personnes ne peuvent pas bénéficier des services sociaux et médicaux.  Elle a relevé que des personnes âgées à travers le monde n’ont toujours pas accès aux services dont ils ont besoin, malgré le Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement.  Notant que « les jeunes d’aujourd’hui sont les vieux de demain », elle a prévenu qu’ils seraient donc confrontés à plus de problèmes que les seniors d’aujourd’hui si rien n’est fait dès à présent.  La déléguée a souligné qu’un instrument juridique international pour renforcer les droits des personnes âgées serait utile à la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid.  Cet instrument juridique, a-t-elle expliqué, permettrait de codifier les droits fondamentaux des personnes âgées et permettrait d’améliorer la redevabilité et la transparence. 

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté les six rapports du Secrétaire général dont est saisi la Commission:

  • Plein emploi productif et travail décent pour toutes et tous: surmonter les inégalités pour accélérer le relèvement après la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 E/CN.5/2023/3
  • Aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique E/CN.5/2023/2
  • Politiques et programmes mobilisant les jeunes E/CN.5/2023/5
  • Quatrième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement E/CN.5/2023/6
  • Préparation et célébration du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille A/78/61–E/2023/7
  • Remédier aux conséquences sociales des crises multiformes afin d’accélérer le relèvement après la pandémie et ses effets persistants par la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 E/CN.5/2023/4

Débat de haut niveau sur le thème prioritaire: Plein emploi productif et travail décent pour toutes et tous: surmonter les inégalités pour accélérer le relèvement après la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Au nom de l’Union européenne (UE), Mme CAMILLA WALTERSSON GRÖNVALL, Ministre des services sociaux de la Suède, a estimé que les violations des droits fondamentaux au travail, les mauvaises conditions de travail, en particulier dans l’économie informelle, l’insuffisance de la sécurité et de la santé au travail, le manque de salaires équitables, les horaires de travail irréguliers ou excessifs, la discrimination à l’égard des personnes vulnérables, ainsi que la discrimination fondée sur le sexe et la violence contre les femmes et les filles doivent être combattus par une approche globale.  Nous ne devons pas perdre de vue que le droit au travail est un droit humain, inscrit dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, a-t-elle insisté, appelant à favoriser la création d’emplois de qualité et pérennes, notamment en promouvant l’économie sociale et verte, en améliorant les perspectives des jeunes sur le marché du travail et en renforçant la participation au marché du travail des femmes, des groupes sous-représentés et des personnes confrontées à des formes multiples et croisées de discrimination. 

Pour la Ministre, le dialogue social joue un rôle crucial dans la gestion et l’atténuation des effets de la crise de COVID-19 et ne peut être efficace que si la liberté d’association et la négociation collective sont protégées.  De même, a-t-elle ajouté, la réalisation des objectifs fixés par le Programme 2030 nécessite des efforts accrus pour promouvoir le travail décent, en particulier dans le contexte des transitions verte et numérique.  Pour sa part, l’UE promeut le travail décent dans différents domaines, notamment l’égalité et la non-discrimination, le commerce, la coopération au développement, les politiques du travail et des droits humains, les politiques sectorielles, les politiques de voisinage et les mesures liées à la responsabilité des entreprises, a-t-elle indiqué, avant d’appeler à la ratification universelle et à la mise en œuvre effective de toutes les conventions fondamentales de l’Organisation internationale du Travail (OIT). 

Évoquant ensuite la situation des jeunes en matière d’emploi, la Ministre a noté que ces derniers sont exposés à des obstacles structurels sur le marché du travail et sont souvent employés dans des formes d’emploi atypiques, sans avoir nécessairement accès à une protection sociale adéquate, à la formation et au développement des compétences, ainsi qu’aux droits humains au travail.  Pour répondre à ces carences, l’UE promeut l’éducation et la formation, et prépare les jeunes aux transitions numérique et verte, par exemple par le biais de la nouvelle garantie européenne pour les enfants et de la garantie renforcée pour la jeunesse, a-t-elle expliqué.  Rappelant que 2022 a été l’Année européenne de la jeunesse, elle a fait état d’un nouveau plan d’action de l’UE sur la jeunesse qui vise à donner aux jeunes les moyens de participer à la prise de décisions.  Elle a également indiqué que l’Année européenne des compétences 2023 souligne le rôle essentiel de l’éducation et du développement des compétences, tandis que le Pacte pour les compétences, lancé en novembre 2020, rassemble des entreprises, des travailleurs, des acteurs locaux, les partenaires sociaux, les prestataires de formation et les services de l’emploi afin d’identifier les compétences qui seront nécessaires dans les différents secteurs.  L’UE, a-t-elle poursuivi, est également attachée à la pleine jouissance par les femmes et les filles de tous les droits humains, de l’égalité des sexes, de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et de l’autonomisation des femmes et des filles.  De même, a encore précisé la Ministre, l’UE s’engage à respecter, protéger et réaliser les droits des personnes handicapées dans toutes les politiques, comme le montre l’adoption de la stratégie relative aux droits des personnes handicapées 2021-2030, qui contient des mesures destinées à assurer le plein emploi productif et un travail décent pour les personnes handicapées. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. YURI ARIEL GALA LÓPEZ (Cuba) a souligné l’importance du thème « plein emploi productif et travail décent pour toutes et tous » si l’on veut réaliser le Programme 2030 et la Déclaration de Copenhague sur le développement social.  Il faut surmonter les inégalités pour accélérer le relèvement après la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre intégrale du Programme 2030, a insisté le délégué pour qui cette période sans précédent nécessité une riposte sans précédent.  Il a préconisé le partage des responsabilités, la coopération, triangulaire et Sud-Sud qui doivent compléter les efforts des pays en développement dans la promotion de l’emploi productif.  Il a attiré l’attention sur les cas des pays dans des situations particulières en demandant aux pays développés les promesses de l’aide publique pour le développement (APD).  Il a aussi demandé un espace fiscal décent pour les pays en développement pour qu’ils puissent aider leurs populations.  Il a exhorté les institutions financières internationales à augmenter leurs contributions et a exigé un système financier international plus juste et plus équitable.  Le représentant a également dénoncé les sanctions unilatérales qui ne sont pas acceptables car elles sapent le développement des pays et affectent directement l’accès des populations aux produits de base.  En conclusion, il a souligné l’importance de l’éducation équitable, de la formation professionnelle, l’accès à Internet, l’investissement dans la petite enfance et l’accès aux vaccins. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDEL KHALEK MAHMOUD (Égypte), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a constaté que les personnes en situation de vulnérabilité, y compris les personnes vivant avec le VIH et le sida, les personnes handicapées, les réfugiés et personnes déplacées, ainsi que les femmes, jeunes et enfants continuent d’être les plus touchés par les impacts de la COVID-19, ce qui exacerbe les inégalités au sein et entre les communautés et les pays.  Il a fait part de sa préoccupation de constater que plus de 2 milliards de travailleurs dans le monde exercent dans l’économie informelle.  Les jeunes et les personnes âgées sont les plus touchés, car on estime que 75% parmi eux sont employés de manière informelle dans le monde.  Et les femmes sont elles aussi surreprésentées dans les professions informelles parmi les moins rémunératrices et les moins protégées.  Pour résoudre cette situation, il a plaidé pour la création du plein emploi productif et un travail décent pour réduire les inégalités de manière durable. 

Au-delà d’être une simple source de revenus, l’emploi favorise un sentiment de dignité et crée des liens sociaux qui favorisent l’inclusion sociale et une participation politique accrue, en particulier pour les femmes, a-t-il argué.  De même, les systèmes de protection sociale, y compris au niveau national, sont un instrument efficace non seulement pour éradiquer la pauvreté, mais aussi pour réduire les inégalités, remédier aux vulnérabilités et renforcer la résilience au sein des communautés.  Il a appelé les partenaires au développement à assurer la fourniture d’un soutien nécessaire et indispensable aux pays en développement.  Le Groupe des États d’Afrique entend pour sa part mettre en œuvre le Programme 2030, l’Agenda 2063 de l’Union africaine, et la Déclaration de Copenhague sur le développement social. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a rappelé que les pays en développement, et en particulier les petits États insulaires en développement (PEID), ont été durement touchés par la pandémie, laquelle a placé des économies déjà vulnérables dans une situation plus précaire.  Les retombées sur la santé, l’éducation, l’emploi et les moyens de subsistance, encore aggravés par les effets des changements climatiques, ont été écrasantes, a-t-il ajouté, assurant toutefois que les États membres de la CARICOM restent résolus à accélérer leurs efforts pour réaliser le Programme 2030.  À cet égard, il s’est dit d’avis que la pandémie offre également une fenêtre d’opportunités pour construire un marché du travail plus inclusif, équitable et adaptable, avec pour objectif le plein emploi productif et un travail décent pour tous.  La CARICOM, a poursuivi le représentant, s’efforce d’améliorer la qualité de vie de son peuple en s’appuyant sur sa stratégie de développement des ressources humaines 2030, qui reconnaît la nécessité d’une réforme de l’éducation et sa contribution à la croissance et au développement.  Pour éradiquer la pauvreté, faire avancer le progrès social et parvenir à un développement social pour tous, il convient aussi d’investir à long terme dans les politiques qui favorisent la croissance économique et d’adopter une approche collaborative, a-t-il affirmé, plaidant pour une coopération intégrée et transversale des pays du Nord et des partenariats entre toutes les parties prenantes, y compris la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Enfin, il a réitéré l’engagement de la CARICOM à atteindre les objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague adoptés en 1995. 

Au nom du Groupe des amis des personnes âgées, Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a demandé des mesures pour permettre aux personnes âgées de participer aux marchés du travail et à l’emploi, insistant sur l’importance de la formation à la technologie numérique pour cette catégorie de la population.  Elle a indiqué que les personnes âgées représentent un groupe hétérogène dont trois-quarts des membres travaillent dans le secteur informel.  Des systèmes de sécurité sociale et de prise en charge sont donc nécessaires pour qu’elles disposent d’un revenu minimum durant leur retraite.  Les personnes âgées sont aussi confrontées au risque de maladies graves ce qui les expose à des risques supplémentaires, et peuvent par ailleurs se trouver facilement dans une situation de vulnérabilité en raison de la discrimination et la violence qui empêchent leur participation active dans la vie publique.  La représentante a ainsi attiré l’attention sur les femmes âgées qui sont nombreuses à être obligées de travailler dans le monde.  Il faut promouvoir leur bien-être et réfléchir à des systèmes de protection sociale pour elles.  À cet effet, la déléguée a souligné l’importance des données sur les femmes qui travaillent mais qui ne sont plus en âge de procréer.  S’agissant du Programme d’action de Madrid de 2002 sur le vieillissement, elle a demandé l’établissement de normes contraignantes pour réaliser les droits des personnes âgées. 

Au nom du Groupe restreint LGBTI, Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) a souligné que ce groupe de personnes est confronté aux plus grands risques de chômage et d’exclusion.  En conséquence, les personnes LGBTI sont plus exposées à la pauvreté, à la faim et aux multiples et interdépendantes formes de violence et de discrimination.  Elle a rappelé que selon l’ancienne Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, seulement un tiers des États du monde ont des lois qui protègent contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.  Il est préoccupant que ces défis ne soient pas explicitement pris en compte dans les rapports du Secrétaire général de cette session lorsqu’il évoque les groupes en situation de vulnérabilité, a-t-elle estimé.  Elle a exigé la reconnaissance expresse des LGBTI, et des défis auxquels ils sont confrontés, dans les documents officiels de l’ONU.  Toutes les personnes LGBTI, quelle que soit leur origine, devraient avoir le droit d’être incluses dans le lieu de travail sur un pied d’égalité avec les autres, et les employeurs doivent disposer des outils nécessaires pour garantir un environnement de travail inclusif et égalitaire pour tous, a-t-elle plaidé. 

M. LUIS MIGUEL DE CAMPS GARCIA, Ministre du travail de la République dominicaine, a constaté que la pandémie a creusé les inégalités économiques en privant d’emploi des millions de travailleurs et en réduisant les conditions d’emploi décent pour ceux qui ont eu la chance de conserver leur travail.  Face à cette réalité, le Gouvernement dominicain s’est efforcé de promouvoir la reprise des emplois perdus, tout en œuvrant à la création de 600 000 emplois supplémentaires, a-t-il indiqué, précisant qu’à ce jour, plus de 400 000 emplois ont été récupérés et plus de 120 000 nouveaux emplois créés.  Cela a permis d’améliorer les salaires minima, avec des augmentations historiques dans les secteurs vulnérables, s’est félicité le Ministre.  Reconnaissant que ces mesures restent insuffisantes pour vaincre les inégalités, il y a néanmoins vu un moyen d’offrir des salaires égaux au coût de la vie et d’inverser l’effet de l’inflation mondiale sur le revenu des travailleurs.  Le pays a également mis en œuvre en décembre dernier les dispositions de la Convention 189 de l’OIT sur le travail domestique, espérant ainsi venir en aide aux plus de 200 000 travailleurs domestiques dominicains, qui sont des femmes à 90%, en les faisant bénéficier de droits tels qu’une couverture santé, une couverture des risques professionnels, le droit à une retraite décente, un congé maladie et des pauses d’allaitement rémunérées, ainsi qu’un salaire minimum.  Un programme a par ailleurs été lancé à l’échelle nationale pour connecter les entreprises et ceux qui cherchent à améliorer leur qualité de vie grâce à l’emploi formel, tandis que le système de sécurité sociale a été renforcé quantitativement et qualitativement, a ajouté le Ministre.  Il a enfin fait état de mesures visant à garantir la pleine inclusion des personnes handicapées dans le marché du travail, notamment par la suppression des obstacles qui pourraient empêcher leur participation à des conditions égales. 

Mme NIVINE EL KABBAG, Ministre du développement social d’Égypte, a souligné l’importance des petites entreprises et de leur accès au crédit pour créer des emplois productifs et du travail décent.  Il a expliqué que son gouvernement a investi dans la formation et l’autonomisation des groupes vulnérables en élaborant notamment une politique visant à atténuer la pauvreté multidimensionnelle.  Cette politique a bénéficié à plus de 2 millions de personnes, et le Gouvernement apporte aussi un appui financier à plus de 1,5 million de jeunes pour les aider à la réinsertion professionnelle.  De même, il a lancé le programme « vie décente » doté de 850 milliards de livres égyptiennes pour les personnes vivant dans le milieu rural en vue d’améliorer les services de base, la collecte d’eau, l’assainissement, l’accès au gaz, les services bancaires et la télécommunication.  Le Gouvernement a également mis en œuvre un « projet de sécurité alimentaire et vert » pour soutenir les petits agriculteurs pour qu’ils utilisent de manière efficace les ressources naturelles et les chaînes de valeur.  Le Gouvernement encourage en outre la participation des femmes sur le marché du travail, notamment en améliorant les centres de soins pour les enfants et les services à la petite enfance.  La Ministre a ensuite préconisé d’adopter des politiques à long terme pour juguler la pauvreté et créer un système de sécurité sociale bien financé et inclusif. 

M. RAFAEL RODRÍGUEZ (Guatemala) a indiqué que son gouvernement a lancé un dialogue national sur le travail décent et le plein emploi et créé une Commission nationale pour l’emploi décent qui cible entre autres le secteur informel.  Le Gouvernement investit dans le capital humain en offrant 24 000 bourses pour apprendre l’anglais ainsi qu’un programme de cantines scolaires.  En 2022, la création d’un programme d’économie verte a profité à 127 000 bénéficiaires, et dans les 22 départements du pays, 33 guichets pour l’emploi ont vu le jour.  Le représentant a également parlé de la mise sur pied d’un système de formation professionnelle pour appuyer la création d’emploi.  Entre 2022 et 2023, celui-ci va octroyer 2 500 bourses de formation pour des emplois productifs.  Une campagne de lutte contre la corruption et de protection des migrants va également être lancée afin de promouvoir une migration régulière, a-t-il ajouté, précisant que le Code de la migration a permis à 500 000 Guatémaltèques de travailler à l’étranger.  Un salaire minimum est garanti pour les personnes handicapées, et le programme d’inclusion sociale a permis à 32 000 personnes handicapées d’intégrer le marché du travail.  Le Gouvernement a également adopté une loi permettant l’augmentation automatique de la pension de retraite de 240 000 personnes âgées de plus de 75 ans.  Le représentant a ensuite demandé l’application de la Convention de l’OIT pour combattre l’emploi d’enfants de moins de 15 ans, et renforcer le dialogue social pour mieux protéger les travailleurs. 

M. JULIO JAVIER DEMARTINITI MONTES, Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, a indiqué que les efforts nationaux ont permis au Pérou de sortir 9 millions de personnes de la pauvreté, mais la pandémie est venue ensuite annuler ces avancées.  Il a fait savoir que 22% de la population active du Pérou exerce dans l’informel, notamment les jeunes et les femmes qui sont dans une situation de précarité extrême.  Les politiques d’inclusion sociale mises sur pied entendent réduire, d’ici à 2030, l’exclusion qui est génératrice de pauvreté.  De ce fait, les politiques mises en place par le Gouvernement péruvien participent à la répartition équitable des richesses dans le pays, a—t-il affirmé. 

Mme OKSANA ZHOLNOVYCH, Ministre de la politique sociale de l’Ukraine, a expliqué que du fait de la guerre, de nombreuses personnes ont perdu un ou plusieurs membres de leur corps.  Le Gouvernement fournit une assistance aux familles vulnérables et soutient les employeurs pour favoriser le recrutement des déplacés.  Les autorités sont conscientes qu’il faudrait créer une industrie locale de fabrication des prothèses, afin que les personnes estropiées reçoivent des prothèses et puissent se réinsérer dans le monde de l’emploi.  Dans le même temps, le Gouvernement apporte une assistance sociale aux populations affectées par l’invasion de la Russie.  La Ministre a appelé au soutien des pays du monde entier, notamment par le biais d’une plateforme numérique gouvernementale qui permet de sélectionner les services que les bailleurs de fonds veulent soutenir.  Elle s’est félicitée de voir que 34 pays ont déjà choisi cet outil très apprécié à l’international.  La Ministre a dit que la victoire de l’Ukraine contre la Russie est in facteur important pour la mise en œuvre du Programme 2030 dans le monde. 

M. JOSE CARLOS CARDONA ERAZO, Ministre du développement social du Honduras, a rappelé qu’à la suite du coup d’État de 2019, son pays a connu deux années difficiles durant lesquelles la démocratie a été mise à mal, ce qui a entraîné une hausse de la pauvreté de 17%.  Depuis, a-t-il ajouté, la détérioration des conditions de vie exacerbée par la pandémie et la proportion croissante des populations en état de vulnérabilité ont fait que très peu de revenus ont été générés au niveau national.  De fait, les ressources utilisées pour contrer la crise sanitaire et ses effets socioéconomiques ont retiré des moyens pour répondre à la situation des plus vulnérables, a expliqué le Ministre, pour qui l’élection fin 2021 de Mme Xiomara Castro, première Présidente de l’histoire du pays, a représenté un espoir sur le plan social.  Mme Castro, a-t-il souligné, s’est attelée à la réalisation des ODD dans le cadre d’un plan d’action et a établi une feuille de route sur la pauvreté extrême.  Dans ce cadre, le nouveau Gouvernement a créé des programmes d’action solidaires destinés à garantir des moyens de subsistance aux personnes vulnérables, tout en luttant contre la malnutrition afin de rendre les populations plus autonomes et résilientes.  Le programme national de cantine scolaire a ainsi pu reprendre, aidant 1,2 million d’enfants à s’alimenter correctement, s’est-il félicité.  Enfin, après avoir détaillé les mesures prises pour rembourser la dette extérieure du pays sans obérer son budget, les subventions accordées aux familles pauvres, les aides fournies au secteur agricole et les actions de protection des réserves naturelles du pays, le Ministre a appelé au renforcement de la solidarité internationale, notamment pour pallier les pénuries de produits alimentaires de base.  Face à nos réalités, il faut nous aider à réaliser les ODD et à survivre, a-t-il conclu. 

Mme MARIAM BINT ALI BIN NASSER AL MISNAD, Ministre du développement social et de la famille du Qatar, a rappelé que 28 années se sont écoulées depuis le sommet de Copenhague, au cours duquel les États Membres s’étaient entendus pour soutenir les pays et leur développement social.  Invitant la communauté internationale à passer en revue les raisons de la récession actuelle et à réfléchir aux moyens d’atteindre les objectifs fixés en 1995, elle a constaté que des défis supplémentaires se font jour aujourd’hui.  Face à ces crises interconnectées, il convient de faire émerger des solutions qui garantiront un avenir radieux pour nos enfants, a-t-elle plaidé, ajoutant que son pays entend partager son expérience en la matière avec le reste du monde, notamment les pays en développement qui souffrent du sous-développement et de la guerre.  Le Qatar est en effet parvenu à limiter la pauvreté, tout en renforçant l’inclusion sociale et en aidant les groupes vulnérables, s’est enorgueillie la Ministre.  Malgré la crise liée à la pandémie, notamment ses répercussions sur les marchés, nous avons soutenu les droits des travailleurs et débloqué des dizaines de millions de dollars pour soutenir le secteur privé, a-t-elle indiqué, avant de relever que le Qatar est un des pays ayant enregistré le moins de pertes d’emploi au monde.  Elle a également dit la fierté qu’a son pays d’accueillir en mars prochain la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA).  Enfin, elle a jugé que la coopération internationale est indispensable pour assurer une reprise pour tous. 

Table ronde de haut niveau sur le thème prioritaire

Pour atteindre les objectifs de développement durable énoncés dans le Programme 2030, il est indispensable de surmonter les inégalités, rappelle le Secrétaire général de l’ONU dans un rapport portant sur le thème prioritaire de la session de la Commission du développement social.  Ce fut également le thème d’une table ronde, cet après-midi, au cours de laquelle les intervenants ont établi des constats et suggéré des solutions sous la modération de Mme CARMELA TORRES, Sous-Secrétaire à l’emploi et au développement des ressources humaines au Ministère du travail des Philippines

Dans son discours liminaire, Mme MANUELA TOMEI, Directrice du Département des conditions de travail et de l’égalité à l’Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que 214 millions de travailleurs à travers le monde vivent dans la pauvreté extrême, tandis que 290 millions de jeunes sont dans une situation de chômage et hors de tout cadre formel de formation.  De même, 2 milliards d’humains appartiennent au secteur informel qui a été le plus affecté par la COVID-19.  Elle a appelé à agir contre les inégalités, arguant que le problème est plus prononcé dans les pays en développement qui font face à des dettes immenses et ne bénéficient pas des transferts de technologies.  Elle a donc appelé au dialogue social et à la solidarité internationale, tout en faisant fond sur les normes internationales du travail pour réduire les inégalités. 

Selon Mme Tomei, des politiques de travail inclusives devraient permettre l’insertion des plus vulnérables au monde du travail.  L’égalité des salaires et la prévention du harcèlement au travail sont parmi les mesures à prendre à cet effet.  Avec des socles de protection sociale, cela permettrait à tous les travailleurs de bénéficier d’une couverture sanitaire, a-t-elle argué.  Elle a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU envisage la création de pas moins de 400 millions d’emplois décents grâce à l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale à l’appui d’une transition juste.  Elle a indiqué que l’OIT entend pour sa part lancer une coalition mondiale en faveur de la justice sociale. 

C’est pour mettre en branle cette justice sociale que le Ministre du travail et du bien-être social du Guatemala, M. RAFAEL RODRIGUEZ, a évoqué la création d’un fonds destiné à appuyer financièrement 3 millions de personnes pendant trois mois au cours de la pandémie de COVID-19.  Dans le même temps, un autre fonds dédié à la protection de l’emploi a permis au Gouvernement de prendre en charge les salaires de 190 000 employés dont les contrats auraient été suspendus du fait du marasme économique relatif à la pandémie.  De son côté, la Malaisie a mis en place des mesures pour soutenir les femmes vulnérables et les personnes au foyer et les mères célibataires. 

« La COVID-19 a mis en relief les conséquences des inégalités entre et au sein des pays », a relevé M. DIRK ANDREAS ZETZSCHE, enseignant et Chef du Département de droit des finances à l’Université du Luxembourg.  De même, a-t-il ajouté, la pandémie a inversé des avancées déjà acquises et nous a obligés à nous tourner vers la numérisation.  Pour le professeur, l’inclusion financière est incontournable pour lutter contre les inégalités et permettrait d’appuyer l’émancipation sociale des travailleurs.  Il a cité le cas du Kenya et de l’Inde pour expliquer comment l’inclusion financière a permis de protéger les plus vulnérables et de suivre les flux financiers.  Ainsi, l’inclusion financière numérique, les services financiers utilisant les téléphones mobiles par exemple, permet également de fournir une identité numérique à des populations qui n’étaient pas formellement identifiées par les services d’état civil.

Avant la COVID-19, les inégalités étaient à la baisse à travers le monde, mais depuis, près de 95 millions de personnes ont sombré dans la pauvreté extrême en 2020 du fait de la pandémie, a affirmé Mme CÉLINE THÉVENOT, économiste principale à la Division des affaires fiscales au Département des finances publiques du Fonds monétaire international (FMI).  Face à cette situation, elle a préconisé une bonne éducation et des soins de santé universels comme préalables avant l’insertion professionnelle, afin de réduire les inégalités dans le monde du travail.  Et au travail, il faut garantir des salaires justes pour les deux sexes et assurer des congés de maternité et d’autres factibilités aux femmes.  Elle a relevé que les gouvernements qui investissent plus dans l’éducation connaissent une baisse des inégalités du fait de ces actions.  Cela permet donc de donner plus de chance aux enfants démunis avant qu’ils ne frappent aux portes du marché du travail. 

L’inclusion sociale dépend effectivement de la solidarité internationale pour de nombreux pays en développement sans moyens nécessaires pour investir dans le social, a estimé le Pérou.  Le délégué du Portugal a aussi relevé que les pays développés doivent participer à ces efforts internationaux.  C’est pourquoi le pays a mis en place des programmes de sécurité sociale ciblant les immigrés et leur famille arrivant au Portugal.   

Mme PAOLA SIMONETTI, Directrice du Département de l’égalité à la Confédération syndicale internationale, a demandé un nouveau contrat social qui verrait la création d’emplois afin de caser au moins 1 milliard de travailleurs du secteur informel.  L’économie des soins de longue durée peut créer plus de 200 millions d’emplois formels, a-t-elle suggéré.  Elle a, de ce fait, appelé les gouvernements à créer des cadres qui favorisent la création d’emplois dans ce secteur précis.  Elle a aussi appelé à l’égalité des salaires entre les sexes, alors que l’écart de salaires est de 20% dans le monde.  La protection sociale est cruciale, a-t-elle insisté, plaidant pour une solidarité internationale à travers un fonds mondial de protection social en faveur des pays en développement.  Elle a enfin souligné l’importance de la liberté syndicale et du dialogue social, et a invité les États à organiser en 2025 un sommet social mondial. 

Intervenant par visioconférence, Mme ROSE NGUGI, Directrice exécutive de l’Institut Kenyan de recherche et d’analyse des politiques publiques, a axé son intervention sur la question du handicap au Kenya.  Elle a constaté qu’il y a plus d’handicapés hommes que de femmes, alors que la plupart de ces gens sont localisés en zones rurales et appartiennent au secteur informel.  Elle a souhaité que l’environnement des entreprises soit mieux équipé en termes d’accessibilité afin de mieux accommoder le personnel handicapé.  Elle a également appelé leur intégration à tous les niveaux du secteur public afin qu’ils accompagnent les politiques d’intégration des handicapés au monde du travail.  Le secteur privé devrait aussi adopter des mesures idoines, a-t-elle argué, avant de conclure en appelant au renforcement des capacités des organisations dédiées aux personnes vivant avec un handicap. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.