Comité de l’information: devant la multiplicité des crises, le Département de la communication globale ne cesse d’affiner sa réponse, affirme Melissa Fleming
À l’ouverture de la quarante-cinquième session du Comité de l’information (COI) ce matin, la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, a déclaré que devant la « nouvelle norme » que constituent des crises internationales toujours plus nombreuses et souvent liées entre elles, le Département qu’elle dirige, le DCG, n’a de cesse de recalibrer sa réponse pour promouvoir les activités de l’ONU à travers le monde.
Qu’il s’agisse de l’urgence climatique, de la guerre en Ukraine, de la montée des discours de haine et de la xénophobie, des catastrophes dévastatrices telles que les récents séismes en Türkiye et en Syrie, des déplacements massifs de population à travers le monde ou, pas plus tard que la semaine dernière, des combats meurtriers au Soudan et de leur effroyable impact humanitaire, le DCG applique systématiquement une méthodologie fondée sur des données, axée sur ses publics qu’il souhaite informer et sur l’impact qu’elle peut avoir, a-t-elle indiqué.
Mais pour la Secrétaire générale adjointe, au-delà de la sensibilisation, il faut « éveiller l’imagination » et proposer des solutions aux grands problèmes collectifs dans des langues et sur des plateformes que les gens utilisent et comprennent. Ainsi en va-t-il des objectifs de développement durable (ODD), dont la réalisation a été entravée par la pandémie de COVID-19, raison pour laquelle Mme Fleming a annoncé qu’elle dévoilerait, lors de cette session du Comité, une stratégie de communication à ce sujet ainsi qu’une campagne d’action sur la question climatique, à quelques mois du Sommet sur les ODD prévu en septembre.
Sous l’impulsion de Mme Fleming, la stratégie entreprise par le Département privilégie une dimension collaborative, notamment avec des influenceurs, des ambassadeurs de bonne volonté et des messagers de la paix, pour amplifier ses communications. De façon générale, a-t-elle expliqué, la gestion des crises est devenue au cours des 12 derniers mois un élément central des activités du DCG, qu’il s’agisse de celles qui sévissent en Ukraine, en Afghanistan, en Haïti, en Éthiopie, au Burkina Faso ou au Soudan.
« La situation extrêmement fluide qui règne actuellement dans ce pays a rendu plus complexe le fait d’expliquer le rôle de l’ONU sur place, en particulier lorsque son personnel déployé sur le terrain est confronté à d’énormes risques sécuritaires », a-t-elle précisé, en rappelant l’importance de la lutte contre la désinformation.
Le Président du Comité, M. Aamir Khan (Pakistan), nouvellement élu ce matin, a lui aussi fait état d’un monde confronté à la « triple crise » de la pandémie de COVID-19, des changements climatiques et des chocs interdépendants de la hausse des prix des produits alimentaires et du carburant, aggravés par les conflits. Dans ce contexte, il a jugé essentiel le rôle de cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale dans la lutte contre les défis actuels et la mise à disposition en temps opportun d’informations exactes.
Nous devons donc concentrer nos efforts sur les problèmes les plus urgents auxquels notre monde est confronté, a-t-il ajouté, à commencer par l’intégrité de l’information dans un monde interconnecté et en évolution constante où la propagation de fausses nouvelles peut être source de déstabilisation. Mme Fleming a d’ailleurs annoncé aux États Membres qui siègent au Comité qu’ils continueraient d’être consultés dans le cadre de l’élaboration du code de conduite sur l’intégrité de l’information en ligne, une note du Secrétaire général à ce sujet devant leur être présentée le 18 mai.
« La désinformation et les discours de haine sont si omniprésents qu’il est impossible d’être aujourd’hui un professionnel de la communication sans y être confronté », a-t-elle déploré.
En début de séance, outre M. Khan au poste de président, ont été élus Vice-Présidents du Comité M. Ivars Liepnieks (Lettonie) et Mmes Vero Henintsoa Andriamiarisoa (Madagascar), Liliana Verónica Baños Muller (El Salvador) et Ludovica Murazzani (Italie). Mme Baños Muller a également été élue Rapporteuse du Comité.
Le Comité de l’information entamera son débat général demain, mardi 25 avril, à partir de 10 heures.
OUVERTURE DE LA QUARANTE-CINQUIÈME SESSION DU COMITÉ DE L’INFORMATION
Déclarations d’ouverture
M. AAMIR KHAN, Président du Comité de l’information, a fait état d’un monde confronté à la « triple crise » de la pandémie de COVID-19, des changements climatiques et des chocs interdépendants de l’augmentation des prix de l’alimentation et du carburant, qui sont encore aggravés par les conflits. Dans ce contexte, il a jugé essentiel le rôle du Comité dans la lutte contre les défis actuels et la fourniture d’informations exactes et opportunes. Nous devons donc concentrer nos efforts sur les problèmes les plus urgents auxquels notre monde est confronté, a-t-il ajouté, à commencer par assurer l’intégrité de l’information dans un monde interconnecté et en évolution rapide où la propagation de la désinformation peut déstabiliser les sociétés. Il a ensuite indiqué qu’en tant que Président du Comité, il entend promouvoir l’information factuelle et lutter contre la diffusion de fausses informations.
Il a ainsi appelé à combattre les discours de haine qui pullulent sur les plateformes numériques utilisées à mauvais escient afin de provoquer des troubles sociaux et d’attiser les tensions. À cette fin, il entend intensifier les efforts déployés pour lutter contre les contenus problématiques et promouvoir l’accès à l’information pour tous, y compris les communautés marginalisées telles que les migrants, les réfugiés, et les populations touchées par des conflits et les catastrophes naturelles. Malgré les défis posés par la pandémie, le Président du Comité a appelé à renouveler l’engagement à atteindre les objectifs de développement durable (ODD), question prioritaire à l’approche du Sommet des ODD, en septembre de cette année. Nous devons encore faire face à la menace « existentielle » des changements climatiques, a-t-il ajouté, en évoquant la récente inondation catastrophique au Pakistan, le tremblement de terre qui a frappé la Türkiye et la Syrie cette année ainsi que les menaces de la montée des eaux de la mer et de la désertification. Pour y arriver, nos systèmes d’information doivent selon lui favoriser l’échange d’informations et de bonnes pratiques afin d’accélérer l’action climatique.
Selon le Président, il est essentiel de mettre fin à la fragmentation de notre système d’information pour parvenir à un système « cohérent », fondé sur la diversité et une meilleure compréhension des principes de la Charte des Nations Unies. Afin de créer un environnement mondial de l’information juste, équitable et résilient, il nous faut encore remédier à la fracture technologique et au manque d’accès des pays en développement à des informations fiables et multilingues. Il a vu dans la réduction de la fracture numérique le remède à la « pandémie de désinformation et de discours de haine », ainsi que le moyen de prendre des décisions éclairées tout en élargissant la participation aux débats démocratiques. Bien qu’un travail considérable ait été initié par le Département de la communication globale pour lutter contre la désinformation et les discours de haine, il incombe selon lui au Comité de l’information d’aiguiller son action. À l’ouverture de cette nouvelle session du Comité, M. Khan a encouragé les délégations à examiner la proposition d’élaborer un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.
Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, a constaté que cette quarante-cinquième session du Comité s’ouvrait sur fond de crises internationales multiples, qu’il s’agisse de l’urgence climatique, de la guerre en Ukraine, de la montée des discours de haine et de la xénophobie, des catastrophes dévastatrices telles que les récents séismes en Türkiye et en Syrie, des déplacements massifs de population à travers le monde et, pas plus tard que la semaine dernière, des combats meurtriers au Soudan et de leur effroyable impact humanitaire. Malheureusement, a-t-elle dit, la multiplication des crises est devenue la nouvelle norme, posant de véritables défis de communication à l’ONU.
Dans ce contexte, l’approche du Département de la communication globale (DCG) continue d’être définie par une stratégie qui préconise une méthodologie systématiquement fondée sur des données, axée sur ses publics et sur l’impact qu’elle peut avoir. Au-delà de la sensibilisation, nous devons éveiller l’imagination et proposer des solutions aux grands problèmes collectifs dans des langues et sur des plateformes que les gens utilisent et comprennent, a préconisé la Secrétaire générale adjointe. Ainsi en va-t-il des objectifs de développement durable (ODD), dont la réalisation a été ralentie par la pandémie de COVID-19, raison pour laquelle Mme Fleming a l’intention de dévoiler, lors du segment interactif informel de cette session du Comité, une stratégie de communication ainsi qu’une campagne d’action sur la question climatique. Elle a cependant donné quelques exemples de la manière dont l’ONU a déjà trouvé des moyens créatifs de nouer des partenariats pour promouvoir les ODD, comme Football for the Goals, une initiative qui vise à mobiliser la communauté du ballon rond, sur le terrain et en dehors, en vue de prendre des mesures pour atteindre ces objectifs.
À l’occasion de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, le 6 avril, un évènement a été organisé au Siège de l’ONU, qui a attiré 400 personnes, dont de nombreux athlètes de haut niveau, pour discuter du rôle du sport dans la lutte contre les changements climatiques, la promotion de l’égalité entre les sexes et la lutte contre le racisme. Relayée par des influenceurs entre autres, la retransmission en ligne de cette manifestation a été regardée par plus de 30 millions de personnes. La Secrétaire générale adjointe a ensuite présenté un certain nombre d’initiatives lancées par son département au cours des 12 derniers mois, allant de l’accueil de la Conférence scientifique ouverte des Nations Unies, qui portait précisément cette année sur l’accélération de la réalisation des ODD, à Impact universitaire, un réseau de plus de 1 600 campus dans plus de 150 pays, qui a organisé 18 sessions de formation en ligne sur les ODD pour des publics anglophones et hispanophones entre janvier et mars.
Une même approche collaborative, y compris avec des influenceurs, prévaut pour les communications du DCG relatives au climat, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe. Pour le lancement du récent rapport de synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ses contenus sur les réseaux sociaux ont été repris et amplifiés par 30 ambassadeurs de bonne volonté, messagers de la paix, défenseurs des ODD et autres personnalités de premier plan affiliées à l’ONU, touchant près de 100 millions de « followers ». La Section de la vidéo a renforcé sa couverture pertinente, en produisant des vidéos mettant en scène des étudiants et des activistes dans leurs propres langues et les publications d’ONU Info sur l’action climatique continuent de représenter un nombre important de visites sur la plateforme dans toutes les langues. En outre, le mois dernier, lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, le DCG a collaboré avec le système des Nations Unies dans le cadre d’une campagne stratégique coordonnée menée avant, pendant et après les délibérations. Dès la mi-février, des contenus multilingues ont été postés plus de 400 fois sur les réseaux sociaux, générant au moins 450 000 réactions distinctes. Et pendant la Conférence elle-même, la Section des communiqués de presse, qui publie en anglais et en français, a observé une hausse de la fréquentation, des pages visionnées et du temps de lecture de ses nombreux résumés, s’est encore félicitée Mme Fleming.
Au cours des 12 derniers mois, a-t-elle poursuivi, la gestion des crises est devenue un élément central des activités du DCG, chargé de coordonner les communications dans l’ensemble du système des Nations Unies et d’identifier les lacunes éventuelles. Ainsi, les situations en Ukraine, en Afghanistan, en Haïti, en Éthiopie, au Burkina Faso et maintenant au Soudan ont toutes nécessité une réponse soigneusement calibrée au fur et à mesure que ces conflits ou crises s’aggravaient ou s’atténuaient, a indiqué la haute fonctionnaire qui a expliqué que la situation extrêmement fluide qui règne actuellement au Soudan a rendu plus complexe le fait d’expliquer le rôle des Nations Unies sur place, en particulier lorsque son personnel déployé sur le terrain est confronté à d’énormes risques sécuritaires. S’agissant de l’Ukraine, le DCG adapte ses communications à l’évolution de la situation dans le pays, ONU Info fournissant des mises à jour sur tous les aspects de la réponse de l’Organisation. Un document explicatif sur la guerre a ainsi attiré plus de deux millions de visiteurs, dont un quart de russophones. Les services Web continuent de mettre à jour les informations relatives à l’Initiative sur l’exportation de céréales par la mer Noire, et les réunions de l’ONU, conférences et points de presse liés à la guerre sont accessibles dans le monde entier par l’intermédiaire de UNTV et du Webcast de l’ONU.
Mme Fleming a ensuite annoncé qu’à la suite de la tenue, il y a moins d’un mois, d’une réunion informelle avec les membres et non-membres du Comité sur l’intégrité de l’information en ligne, ceux-ci continueraient d’être consultés dans le cadre de l’élaboration du code de conduite à cet égard, une note d’information du Secrétaire général sur ce sujet devant leur être présentée le 18 mai. La désinformation et les discours de haine sont si omniprésents qu’il est impossible d’être aujourd’hui un professionnel de la communication sans y être confronté, a-t-elle déploré. Cependant, l’ONU constate de plus en plus que ce n’est pas seulement la capacité des personnels à remplir leurs mandats qui est en jeu, mais aussi qu’ils sont souvent directement attaqués, s’est alarmée la Cheffe du DCG. C’est particulièrement vrai sur le terrain, où des Casques bleus et des travailleurs humanitaires sont délibérément pris pour cible. Une enquête réalisée l’an dernier, par exemple, a révélé que 75% des soldats de la paix de l’ONU estiment que la désinformation a un impact sur leur sûreté et leur sécurité. Dans ce contexte, le DCG est à pied d’œuvre pour élaborer avec d’autres départements une réponse « permanente » à ce problème, a précisé la Secrétaire générale adjointe, pour qui le réseau des centres d’information des Nations Unies jouera un rôle crucial à cet égard. Un site Web sur la lutte contre la désinformation a par ailleurs été lancé sur un.org en collaboration avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, a-t-elle ajouté, rappelant au passage l’existence de l’initiative phare Verified.
En collaboration avec les États Membres et d’autres parties prenantes, les programmes de sensibilisation du DCG sur l’Holocauste, la traite transatlantique des esclaves et le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda se poursuivent tout au long de l’année, que ce soit par l’organisation d’expositions, d’activités pédagogiques et autres événements. L’objectif n’est pas seulement de commémorer, mais aussi d’informer sur les séquelles de ces tragédies, pour éviter qu’elles ne se répètent, a précisé la Secrétaire générale adjointe. Dans cette optique, ONU Info et la Section de la vidéo ont brossé le portrait de plusieurs survivants, dont les témoignages rappellent ce que « plus jamais ça » signifie pour eux.
Le multilinguisme est l’élément vital de notre travail, a reconnu la Secrétaire générale adjointe, relevant que « sans lui, nous ne serions pas en mesure d’atteindre et d’engager le public ». Elle a signalé que le défi est de trouver les ressources suffisantes pour faire du multilinguisme une réalité. Dans la mesure du possible, nous nous servons de la technologie, mais même à l’ère de l’intelligence artificielle, il n’est pas toujours possible d’y parvenir, a-t-elle indiqué. Dans ce contexte, Mme Fleming s’est dite ravie d’annoncer que, grâce à la générosité des États Membres qui ont fourni des ressources en personnel supplémentaires cette année, UN Web TV a récemment lancé son site Web en arabe, chinois, français, russe et espagnol, en complément de la version anglaise existante, ce qui signifie que les réunions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et d’autres organes clefs de l’ONU sont désormais accessibles en direct, et à la demande, dans les six langues officielles.
Elle a également annoncé le lancement, à la Bibliothèque Dag Hammarskjöld, d’une capacité de création de métadonnées pour les documents juridiques et normatifs ainsi que les publications de l’ONU, une innovation qui remplace le système en vigueur depuis la fin des années 80. Enfin, l’an dernier, le Département a poursuivi la numérisation, le catalogage et l’affichage sélectif des documents de la collection audiovisuelle historique de l’ONU, avec 55 000 documents audio, vidéo et cinématographiques numérisés à ce jour.