Session de 2023,
COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX, RÉUNION CONJOINTE – MATIN
ECOSOC/7133-CCP/144

L’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix prônent la mobilisation des ODD en tant qu’outils de prévention des conflits et de pérennisation de la paix

Ce matin, la réunion conjointe du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a donné lieu à des appels insistants à accélérer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) en faveur de la prévention des conflits et de la pérennisation de la paix.

À bien des égards, les ODD sont le « meilleur vaccin » que l’on puisse administrer aux sociétés afin d’éviter que les échecs de développement ne créent les conditions favorables aux conflits, a déclaré l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à l’ouverture de la réunion conjointe, consacrée à « l’importance des ODD dans les liens entre la paix et le développement sur le terrain ».  L’année 2022, a rappelé M. Achim Steiner, a vu le plus grand nombre de victimes de conflits dans le monde depuis 1945.  « Il est clair que plusieurs de nos tentatives de répondre aux aspirations à la paix et au développement ne fonctionnent pas. » 

Dans ce contexte, la Présidente de l’ECOSOC a espéré que la tenue prochaine du forum politique de haut niveau pour le développement durable (juillet) et du Sommet sur les ODD (septembre) permettra d’engendrer une nouvelle réflexion sur le programme pour la paix proposé par le Secrétaire général dans son rapport intitulé « Notre Programme commun ».  À l’approche de la mi-parcours de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, Mme Lachezara Stoeva a proposé la tenue de réunions conjointes régulières entre l’ECOSOC et la CCP ainsi que l’élaboration de programmes de travail communs.  Elle a aussi recommandé de faire du processus d’examen national volontaire une plateforme permettant aux pays touchés par les conflits de partager leurs expériences. 

Une idée reprise par le Président de la CCP, M. Ivan Šimonović, pour qui les deux organes doivent rendre leur coopération plus systématique et structurée.  La coordination sur le terrain entre les bailleurs de fonds, les acteurs du système onusien, les institutions financières internationales et les organisations régionales et sous-régionales bénéficie au premier chef aux pays se trouvant dans des situations fragiles ou de conflit, a-t-il fait remarquer.  Adapter ces solutions à chaque pays, appuyer les structures institutionnelles tout en associant les organisations de la société civile sont autant de mesures qui ont fait leurs preuves, a-t-il ajouté. 

L’adoption, lors du Sommet des ODD, d’un nouvel agenda pour la paix ainsi que la révision de l’architecture de consolidation de la paix, prévue en 2025, seront selon lui le moment propice au renforcement de la CCP et à l’intensification de sa coopération avec l’ECOSOC.  « Nous avons maintenant l’occasion d’accélérer la réalisation des ODD afin qu’ils puissent être mobilisés en tant qu’outils de prévention des conflits et de pérennisation de la paix », a assuré M. Šimonović. 

Pour Mme Elizabeth Spehar, Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, les liens entre paix et développement n’ont jamais été aussi clairs qu’aujourd’hui.  Selon l’indice mondial de la paix publié hier par l’Institut de recherche international sur les liens entre économie et paix, la violence a coûté 17,5 trillions des dollars à l’économie mondiale en 2022, soit 12,9% du PIB global, a-t-elle relevé. En s’attaquant aux causes profondes des conflits, les ODD constituent selon elle la meilleure forme de prévention structurelle de cette violence, ainsi que de la pérennisation de la paix. 

Sur le terrain, les réformes structurelles et politiques engagées depuis quelques années par l’ONU ont déjà mené à la création d’outils permettant de travailler de façon plus cohérente, a poursuivi la Sous-Secrétaire générale.  Ainsi, les analyses conjointes des équipes pays, le financement mixte, les entités intergouvernementales et la prévention constituent autant d’avancées permettant de concrétiser dans la durée les liens entre paix et développement. 

Près de cinq ans après sa publication, le rapport « Orientations pour la paix » a changé la manière dont la Banque mondiale, l’ONU et d’autres institutions conçoivent la fragilité, les conflits et la violence en tant que facteurs cruciaux de la pauvreté extrême dans les pays à revenu faible et intermédiaire, a noté le Représentant spécial par intérim du Groupe de la Banque mondiale auprès des Nations Unies.  Depuis, la Banque a déployé 40 milliards de dollars dans la consolidation de la paix dans des contextes fragiles comme au Yémen ou en Afghanistan.  « Nous investissons dans la prévention afin de faire face aux risques avant qu’ils ne dégénèrent en crises », a expliqué M. Farhad Peikar. 

Au vu des progrès réalisés en matière de repositionnement du système onusien, le Maroc a salué la volonté des fonds, agences et programmes de l’ONU de renforcer la synergie et la cohérence de leur travail, ainsi que le rôle des coordonnateurs résidents dans les interventions sur le terrain, notamment dans les régions touchées par les conflits.  Comme l’Équateur, les États-Unis et le Japon, le délégué marocain a cependant souligné que la mise en œuvre des ODD en faisant le lien entre développement et paix sera impossible sans une mobilisation du financement, notamment par le biais du Fonds pour la consolidation de la paix et des institutions financières internationales.

L’opérationnalisation du lien entre développement et paix est en effet tributaire de partenariats efficaces et de financement pérenne permettant une transition efficace entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, a observé le Danemark, qui s’exprimait au nom des pays nordiques.  Son représentant a dit attendre la conclusion d’un accord sur les contributions statutaires du Fonds, avant, comme l’Égypte, d’encourager les États Membres à faire avancer la question à la Cinquième Commission de l’Assemblée générale.  Pour la Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, il s’agirait là d’une réalisation « formidable ». 

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