Le Président du Comité des sanctions concernant Haïti s’alarme du retard pris dans le déploiement d’une force multinationale spécialisée
À l’occasion d’un bref exposé devant le Conseil de sécurité, cet après-midi, le Président du Comité des sanctions créé par la résolution 2653 (2022) concernant Haïti a regretté que le déploiement d’une force multinationale spécialisée en soutien de la Police nationale d’Haïti (PNH) tarde à se concrétiser, alors que la situation sécuritaire du pays demeure préoccupante.
M. Michel Xavier Biang, Représentant permanent du Gabon, a constaté qu’Haïti reste en proie à une extrême violence caractérisée par des kidnappings avec demandes de rançons, des affrontements entre gangs rivaux, une justice populaire et l’infiltration des institutions par des réseaux criminels. Dans la capitale, Port-au-Prince, plus de la moitié du territoire est aux mains des bandes criminelles qui dictent leur loi et rendent le quotidien des populations haïtiennes infernal, a dénoncé le Président du Comité 2653.
Face à cette situation, l’adoption par le Conseil de sécurité, le 2 octobre dernier, de la résolution 2699 (2023) visant le déploiement d’une force multinationale spécialisée en vue d’apporter un appui à la PNH pour rétablir la paix et la sécurité dans ce pays avait été accueillie avec beaucoup d’espoir, a rappelé M. Biang, regrettant que la mise en œuvre de ce texte « tarde à être effective ». Pourtant, a-t-il insisté, l’enjeu lié au déploiement de cette force est crucial: « il s’agit de restaurer l’état de droit, de réformer le système judiciaire, de professionnaliser la Police nationale d’Haïti et de la rendre autonome, pleinement opérationnelle, bien structurée et équipée ».
Pour le Président du Comité 2653, il importe de travailler au déploiement effectif de cette force, qui, combinée aux sanctions prévues par le régime de sanctions, « constitue un atout pour le retour espéré de la paix et la stabilité à Haïti, mais également pour l’éradication des violations des droits humains, des enlèvements, des violences sexuelles, de la traite des personnes, des exécutions extrajudiciaires et de la contrebande d’armes ». M Biang a ajouté que son comité s’emploie en outre à élargir les sanctions.
En guise de conclusion, il a réitéré ses félicitations au Kenya pour son leadership et son engagement, qui, selon lui, mérite d’être « soutenu de façon multiforme » par la communauté internationale. Il a également salué les efforts déployés sur le terrain par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et la Communauté des Caraïbes (CARICOM), avant d’appeler une nouvelle fois à la mise en œuvre pleine et effective de la résolution 2699 (2023).
Intervenant à leur tour, les États-Unis ont salué les activités du Comité ainsi que le rapport exhaustif de son Groupe d’experts, qui met en lumière les activités des chefs de gangs en Haïti. À cet égard, ils ont indiqué avoir demandé l’inscription de trois chefs de gangs sur la Liste des sanctions. Invitant le Conseil à utiliser tous les outils à sa disposition pour « venir à bout de la violence en Haïti », ils ont déclaré envisager l’inscription de nouveaux individus sur cette liste et compter sur l’appui des membres du Conseil à cet égard.