Conseil de sécurité: inquiétudes face à l’aggravation de la situation humanitaire en Ukraine du fait d’attaques répétées contre ses infrastructures civiles
À l’approche de l’hiver, le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et du Département des opérations de paix a déploré, ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’aggravation des conditions humanitaires déjà « désastreuses » qui prévalent en Ukraine du fait de l’intensification des attaques menées par la Fédération de Russie contre les installations énergétiques du pays.
« Depuis mon dernier exposé sur cette situation, il y a deux semaines, des informations quotidiennes font état d’attaques contre les infrastructures civiles essentielles de l’Ukraine, dont beaucoup ont entraîné des victimes civiles », a indiqué M. Miroslav Jenča, déplorant les 10 065 civils tués depuis le début du conflit.
« Le nombre de morts et de blessés et le niveau de destruction des infrastructures civiles vitales sont stupéfiants », a constaté à son tour le Directeur de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), en s’inquiétant plus particulièrement des attaques croissantes menées contre les hôpitaux et les systèmes d’approvisionnement en électricité, en gaz et en eau. Dans un contexte de températures glaciales, ces dommages menacent la survie des plus vulnérables qui souffrent déjà de la perturbation des services essentiels causée par la guerre, une situation que M. Ramesh Rajasingham a jugé « profondément préoccupante ».
Le haut fonctionnaire a précisé que près de 10 millions de personnes ont reçu une aide et des services de protection essentiels, les partenaires humanitaires travaillant « contre la montre » afin d’aider la population civile à traverser l’hiver. Néanmoins, le manque d’accès humanitaire à travers la ligne de front demeure le plus grand défi, a signalé M. Rajasingham.
Le Sous-Secrétaire général Jenča s’est également inquiété de l’impact de la guerre sur la santé mentale de millions d’Ukrainiens, relevant en outre qu’aux graves traumatismes subis par les enfants s’ajoutent des perturbations scolaires, seule la moitié des 3,9 millions d’enfants qui se trouvent sur le territoire contrôlé par l’Ukraine étant scolarisés en personne à temps plein. Plus de 510 enfants ukrainiens ont perdu la vie depuis le début de l’agression russe, a fustigé pour sa part l’Ukraine qui a demandé que l’État agresseur soit banni des organisations internationales.
Devant un tel constat, le Royaume-Uni a enjoint à la Fédération de Russie de respecter ses obligations en vertu du droit international, alors qu’elle continue de refuser l’accès humanitaire à des millions d’Ukrainiens vivant dans les territoires temporairement sous son contrôle. L’hiver dernier, a rappelé la France, les attaques russes ont laissé plus de 12 millions de personnes sans électricité ou avec une alimentation limitée, par des températures glaciales. La délégation française a également dénoncé l’attaque d’une « ampleur inégalée » du 25 novembre, jour de commémoration de la Grande Famine de 1932-1933 en Ukraine (Holodomor), au cours de laquelle 75 drones iraniens Shahed ont frappé Kyïv.
Dans son intervention, le Sous-Secrétaire général a également attiré l’attention sur les risques importants que continue de présenter la guerre pour la navigation civile et les capacités d’exportation de céréales de l’Ukraine. Depuis l’abandon de l’Initiative de la mer Noire par la Fédération de Russie, 32 attaques ont endommagé ou détruit des installations ukrainiennes de production et d’exportation de céréales, notamment dans les ports de la mer Noire et du Danube, a‑t‑il détaillé.
Le Directeur de la coordination de l’OCHA a toutefois indiqué qu’en dépit de ces attaques, les exportations à partir des ports ukrainiens de la mer Noire, via les nouveaux corridors annoncés en août, ont augmenté. Ainsi, quelque 7 millions de tonnes de marchandises, dont 70% de céréales et de denrées alimentaires, ont pu être transportées de cette façon, malgré les frappes aériennes et les mines marines.
« Nous assistons une fois de plus aux crimes commis par la Russie contre le peuple ukrainien, en se servant de la nourriture comme d’une arme », a déploré la Lettonie, au nom des pays baltes, rejointe par l’Union européenne et le Japon. Les pays nordiques, par la voix du Danemark, de même que la France et la Suisse, se sont néanmoins félicités que le corridor de la mer Noire établi par l’Ukraine contribue à maintenir la sécurité alimentaire mondiale, tout comme les voies de solidarité de l’Union européenne.
Si l’Ukraine se trouvait réellement dans une situation aussi désastreuse que le prétendent les pays occidentaux, elle n’exporterait pas de céréales en si grandes quantités, a estimé la Fédération de Russie qui a par ailleurs accusé ce pays d’avoir attaqué des cibles russes à partir des couloirs humanitaires sous couvert de l’Initiative de la mer Noire. Tant que nous n’obtiendrons pas de garanties de la part du « régime de Kiev », cette initiative ne sera pas relancée, a prévenu la délégation.
La Chine a relevé pour sa part que l’an prochain, du fait de la destruction « colossale » des infrastructures civiles ukrainiennes et des conflits géopolitiques dans le monde, la croissance économique mondiale sera la plus faible depuis 2020. « La poursuite et l’escalade de la crise ukrainienne ne sont pas dans l’intérêt de qui que ce soit », a‑t‑elle prévenu.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE
Déclarations
M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et du Département des opérations de paix, a constaté que l’intensification des attaques russes contre les installations énergétiques de l’Ukraine, sur fond de fortes chutes de neige et de températures glaciales, aggrave les conditions humanitaires désastreuses à travers le pays. Il a indiqué que, depuis son dernier exposé sur cette situation devant le Conseil de sécurité, il y a deux semaines, des informations quotidiennes ont fait état d’attaques contre les infrastructures civiles essentielles de l’Ukraine, dont beaucoup ont entraîné des victimes civiles. Depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a confirmé 10 065 civils tués et 18 679 blessés, a‑t‑il précisé, ajoutant que les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés. Selon lui, la plupart des victimes civiles ont continué d’être causées par des bombardements et des tirs de roquettes dans les zones proches de la ligne de front. Toutefois, a relevé le haut fonctionnaire, les attaques se sont récemment intensifiées contre des zones peuplées à travers le pays. Le 25 novembre, Kyïv a ainsi subi l’attaque de drones la plus importante depuis des mois. Et depuis août dernier, les restes explosifs de guerre et des mines ont tué 31 personnes et en ont blessé 98 autres, réduisant en outre les moyens de subsistance, en particulier dans les zones rurales. Toutes les attaques contre les civils et les infrastructures civiles doivent cesser immédiatement, a‑t‑il martelé.
Rappelant que cette guerre a contraint 10 millions de personnes à fuir leurs foyers, dont 3,7 millions de personnes déplacées et plus de 6,3 millions de réfugiés, M. Jenča a estimé que le bilan total du conflit sur la population civile est « au-delà de toute mesure ». Outre les vies perdues, les familles déchirées et les blessures physiques, l’impact de la guerre sur la santé mentale de millions d’Ukrainiens se fera sentir pendant des décennies à venir, a-t-il prévenu, insistant sur les graves traumatismes subis par les enfants, qui sont également confrontés à des perturbations majeures dans l’accès aux soins de santé et à l’éducation de base. Compte tenu de la situation sécuritaire, seule la moitié des 3,9 millions d’enfants du territoire sous contrôle ukrainien sont scolarisés en personne à temps plein depuis la rentrée scolaire, a-t-il déploré. Le Sous-Secrétaire général a également dénoncé le risque accru de violence sexuelle et sexiste auquel font face les femmes ukrainiennes, par ailleurs davantage confrontées à la pauvreté que les hommes.
M. Jenča a ensuite alerté que les quatre centrales nucléaires ukrainiennes « restent en danger ». Il a rappelé que, samedi, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a rapporté que la centrale nucléaire de Zaporizhzhia a subi une panne totale de courant hors site pour la huitième fois depuis le début de l’invasion. Et mercredi dernier, l’équipe de l’AIEA présente dans la centrale nucléaire de Khmelnitsky, dans l’ouest de l’Ukraine, a annoncé avoir entendu plusieurs explosions à proximité de l’installation. Tous les sites nucléaires doivent pouvoir fonctionner en toute sécurité et doivent être protégés pour éviter des conséquences potentiellement catastrophiques, a insisté le Sous-Secrétaire général.
Le haut fonctionnaire a également évoqué la situation en mer Noire, notant que, malgré les informations faisant état d’une augmentation des expéditions, la guerre continue de présenter des risques importants pour la navigation civile et la capacité d’exportation de céréales de l’Ukraine. Depuis le 11 juillet, a-t-il précisé, le HCDH a enregistré 32 attaques qui ont endommagé ou détruit des installations de production et d’exportation de céréales sur le territoire ukrainien sous contrôle ukrainien. La plupart de ces attaques ont touché les infrastructures de la région d’Odessa, où se trouvent les ports de la mer Noire et du Danube, et ont considérablement réduit la capacité de l’Ukraine à exporter des produits alimentaires, à la suite de la suspension de l’Initiative de la mer Noire, a indiqué M. Jenča. Avec autant d’installations endommagées et de routes d’exportation réduites, le coût de la logistique augmente, a‑t‑il ajouté. Enfin, avertissant que l’année prochaine pourrait être encore plus imprévisible et destructrice si des mesures urgentes ne sont pas prises pour inverser cette trajectoire, il a réitéré l’appel du Secrétaire général à tous les États Membres pour qu’ils contribuent à jeter les bases d’une paix conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale.
M. RAMESH RAJASINGHAM, Directeur de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déclaré que la population civile ukrainienne continue de payer un lourd tribut à cette guerre, des millions de personnes étant désormais confrontées à la perspective d’un nouvel hiver difficile, sur fond d’attaques croissantes contre les hôpitaux et les systèmes d’approvisionnement en électricité, en gaz et en eau. « Le nombre de morts et de blessés, et le niveau de destruction des infrastructures civiles vitales sont stupéfiants », a‑t‑il déploré. Dans un contexte de températures glaciales, ces dommages menacent la survie des plus vulnérables qui souffrent déjà de la perturbation des services essentiels causée par la guerre, une situation qu’il a jugée profondément préoccupante.
Cette année, près de 560 partenaires humanitaires, en majorité locaux, ont fourni une aide et des services de protection essentiels à la vie de plus de 10 millions de personnes. Ces organisations travaillent « contre la montre » afin de fournir les services et les fournitures dont auront besoin les civils pour traverser l’hiver. Plus de 361 000 personnes ont déjà reçu une forme d’assistance directe en prévision de l’hiver, notamment la réparation des systèmes énergétique et de chauffage. Un centième convoi interinstitutions a atteint Chasiv Yar la semaine dernière, a relevé M. Rajasingham, en expliquant que de tels convois ont fourni une aide humanitaire à près de 400 000 personnes dans les communautés de première ligne du conflit à Kharkiv, Zaporizhzhia, Dnipro, Kherson et Sumy. Néanmoins, le manque d’accès humanitaire à travers la ligne de front demeure le plus grand défi, a‑t‑il signalé, soulignant que les obstructions qui privent les civils des éléments essentiels à leur survie sont contraires au droit international humanitaire.
Autre préoccupation majeure pour les communautés de première ligne, les mines terrestres et autres munitions non explosées qui causent des pertes et entravent le rétablissement des communautés. Le haut fonctionnaire a toutefois salué « l’incroyable » soutien des donateurs au Plan de réponse humanitaire pour l’Ukraine, qui a reçu 2,3 milliards de dollars sur les 3,9 milliards de dollars requis en 2023. Le manque à gagner de 1,6 milliard de dollars reste cependant considérable, et signifie que les femmes, les filles et les garçons sont confrontés à des risques de violence et d’exploitation, à des interruptions des soins de santé primaires et à une aggravation de l’insécurité alimentaire.
M. Rajasingham a ensuite indiqué que malgré les attaques constantes contre les ports et les infrastructures céréalières, les exportations à partir des ports ukrainiens de la mer Noire via les nouveaux corridors annoncés en août ont augmenté. Quelque 7 millions de tonnes de marchandises, dont 70% de céréales et de denrées alimentaires, ont été transportées de cette façon. Cependant, du fait des frappes aériennes et des mines marines, ces ports continuent de fonctionner en deçà de leurs capacités. Il a ajouté que les exportations agricoles de la Fédération de Russie restent élevées, principalement via la mer Noire. Ce pays a annoncé le transport d’une première tranche d’un total de 200 000 tonnes de céréales promises à six pays africains. Bien que l’indice FAO des prix des produits alimentaires continue de baisser, la volatilité persiste, a‑t‑il constaté, insistant sur l’impératif de connecter toutes les exportations alimentaires aux chaînes d’approvisionnement mondiales de manière sûre et durable.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a indiqué que la Russie continue de frapper délibérément les infrastructures critiques du pays, au mépris de toutes les règles du droit international humanitaire. Le 25 novembre, jour de commémoration de l’Holodomor, 75 drones iraniens Shahed ont frappé « Kiev », lors d’une attaque d’une ampleur inégalée depuis le début du conflit, a‑t‑il dénoncé. Il a rappelé qu’au cours de l’hiver dernier, les attaques russes ont laissé plus de 12 millions de personnes sans électricité ou avec une alimentation limitée par des températures glaciales, signalant en outre que plus de 10 000 civils ont été tués à ce jour. Il a ensuite exhorté la Russie à permettre un accès complet, sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire destinée aux civils, avant de condamner les attaques russes contre le personnel humanitaire.
« La Russie n’a pas non plus renoncé à prendre en otage la sécurité alimentaire mondiale », a poursuivi le représentant, évoquant la suspension unilatérale de sa participation à l’Initiative céréalière de la mer Noire. Il a soutenu les efforts des Nations Unies pour rétablir un couloir d’exportation sécurisé en mer Noire. Le délégué a indiqué que la France est mobilisée dans le cadre de l’initiative « Grain from Ukraine » (Céréales en provenance d'Ukraine), faisant part de l’annonce, le 25 novembre, d’une nouvelle contribution de 3 millions d’euros pour la livraison de céréales ukrainiennes vers des pays particulièrement impactés par la crise alimentaire mondiale, en plus des opérations de livraison de céréales que son gouvernement a soutenu pour le Nigéria, le Soudan, la Somalie et le Yémen.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a rappelé que 10 000 civils ukrainiens ont perdu la vie depuis le début de l’agression russe. Il a dénoncé toutes les justifications de ladite agression avancées par la Russie, que cela soit la « dénazification » de l’Ukraine ou la destruction d’armes biologiques. Le seul moyen de mettre un terme à cette guerre est simple, la Russie doit se retirer du territoire ukrainien, a tranché le délégué, en dénonçant les frappes russes contre les infrastructures civiles. Il a déploré les frappes de Moscou contre les installations portuaires et les navires ukrainiens. Ce n’est que grâce aux efforts de l’Ukraine et de ses partenaires qu’un couloir humanitaire a pu être ouvert en mer Noire, a précisé le délégué, en soulignant le besoin mondial en céréales ukrainiennes. Enfin, il a appelé à la poursuite des efforts en vue d’une paix pérenne en Ukraine, avant de saluer les actions de ce pays en vue de remédier à la crise alimentaire mondiale déclenchée par l’agression russe.
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a constaté que la guerre non justifiée et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine n’a toujours pas pris fin. Au contraire, les souffrances des populations civiles, les destructions d’infrastructures essentielles et les besoins humanitaires ne font qu’augmenter, s’est-elle lamentée, notant que les conséquences dévastatrices de cette guerre dépassent l’entendement, notamment en Europe. Alors que l’hiver approche, les déplacements restent massifs et des millions d’Ukrainiens ne bénéficient plus des services de base, a alerté la représentante, pour qui il importe de garantir l’accès des organisations humanitaires pour subvenir aux besoins et de permettre l’évacuation des zones visées par des attaques russes. Dans ce contexte, a‑t‑elle poursuivi, des millions d’Ukrainiens vont rester déplacés en 2024, tandis que près de six millions d’autres sont réfugiés à l’étranger.
La situation des enfants est particulièrement alarmante, a‑t‑elle souligné, rappelant que, selon un récent rapport du procureur général de l’Ukraine, 512 ont été tués et plus de 1 152 autres blessés depuis le début de l’invasion.
De plus, des informations dignes de foi indiquent que les forces russes ont transféré de force jusqu’à 1,6 millions de réfugiés ukrainiens vers des territoires russes et que nombre de ces derniers ont dû renoncer à leur nationalité. Ces actes constituent des crimes de guerre en droit international, comme les attaques contre les civils, les assassinats, les cas de torture, les viols et les déportations d’enfants, a‑t‑elle martelé. Relevant en outre que, selon le Programme alimentaire mondial (PAM), un foyer ukrainien sur trois est aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire, elle a déploré les conséquences dramatiques de cette guerre par-delà les frontières de l’Ukraine, du fait de la suspension, par la Russie, de l’Initiative de la mer Noire. Elle a félicité, à cet égard, Kyïv de ses efforts visant à poursuivre ses exportations de céréales via des couloirs humanitaires. La Russie doit mettre un terme à son agression, seul moyen de soutenir la paix, a‑t‑elle ajouté en conclusion.
M. GENG SHUANG (Chine) a constaté que la crise en Ukraine a été marquée par une destruction « colossale » des infrastructures civiles, une situation aggravée par des phénomènes météorologiques extrêmes. La communauté internationale et les organisations humanitaires devraient redoubler d’efforts afin que la population des zones de conflit puisse survivre à l’hiver. Relevant que l’an prochain, la croissance économique mondiale sera la plus faible depuis 2020, principalement en raison de l’impact des conflits géopolitiques, le représentant a souligné que la poursuite et l’escalade de la crise ukrainienne ne sont pas dans l’intérêt de qui que soit. La communauté internationale devrait agir de concert afin de préserver la stabilité énergétique, alimentaire et politique de l’Ukraine, ainsi que le bon fonctionnement des chaînes d’approvisionnement mondiales, a‑t‑il insisté. Estimant que les guerres ne donnent lieu à aucun gagnant, il a appelé les parties à adopter une attitude pragmatique et à redoubler d’efforts pour la paix.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est dit alarmé par les attaques contre les infrastructures de santé, les établissements d’enseignement et les installations agricoles en Ukraine. « De telles attaques ne sont pas acceptables, surtout dans un contexte mondial marqué par des besoins humanitaires en constante augmentation et où les chaînes d’approvisionnement alimentaire connaissent des perturbations de nature à aggraver la sécurité alimentaire des pays ou des régions déjà vulnérables », a déclaré le représentant. Le Gabon souligne la nécessité urgente de prévenir tout incident grave en redoublant de vigilance dans la protection des installations énergétiques, a‑t‑il ajouté. Il a appelé les belligérants à ne pas recourir aux armes de destruction massive aux effets indiscriminés telles que les mines, les armes à sous-munitions ou autres armes téléguidées. « Nous encourageons les pays de la région, les organisations régionales et sous-régionales à faire prévaloir le dialogue entre les parties, rebâtir la confiance et rétablir la communication », a ajouté en conclusion le représentant.
M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a indiqué que le Président de la Confédération suisse s’est récemment rendu à Kyïv pour plaider en faveur d’une paix globale, juste et durable et pour réaffirmer la solidarité de son pays avec les Ukrainiens, « aujourd’hui et à long terme ». Au moment où la baisse des températures est aggravée par de nouvelles attaques russes contre des infrastructures essentielles, l’engagement de la Suisse prend notamment la forme d’une contribution au plan de réponse hivernal de l’ONU en Ukraine et d’une fourniture d’une aide spécifique pour assurer la sécurité des services d’électricité et de chauffage, a précisé le représentant. À cet égard, il s’est dit profondément préoccupé par le manque d’accès humanitaire aux territoires ukrainiens sous contrôle russe. Déplorant par ailleurs les attaques qui ont touché, ces dernières semaines, des hôpitaux dans la région de Donetsk et dans la ville de Kherson, il a rappelé que les établissements et le personnel sanitaires bénéficient d’une protection spéciale en vertu du droit international humanitaire qui « s’applique à toutes les parties, dans tous les conflits armés ».
Le représentant a ensuite appelé à renforcer la sécurité alimentaire en Ukraine et dans le monde, avant de se féliciter de l’initiative « Céréales d’Ukraine » du Président Zelenskyy ainsi que de la mise en place d’un couloir humanitaire en mer Noire. Il a également salué les efforts continus de l’ONU pour faciliter les exportations sans entrave et a souligné l’importance des corridors de solidarité Union européenne-Ukraine. Réitérant la déception de la Suisse face à la suspension par la Russie de l’Initiative de la mer Noire, il a condamné les attaques qui détruisent les infrastructure céréalières et portuaires ukrainiennes. Il a ajouté que, pour lutter contre l’insécurité alimentaire, son pays soutient le travail du PAM et donne la priorité au déminage humanitaire en Ukraine, y compris le nettoyage des terres agricoles.
M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a dit être gravement préoccupé par la poursuite de la crise humanitaire en Ukraine, condamnant fermement les attaques contre les infrastructures civiles, notamment les réseaux énergétiques et de transports ainsi que les installations portuaires. Il a rappelé que le conflit a un impact direct sur la sécurité alimentaire mondiale et a appelé à relancer l’Initiative de la mer Noire. Le représentant s’est inquiété de l’absence de progrès en termes de dialogue et de désescalade, soulignant que la recherche de la paix est une responsabilité collective de l’ensemble des acteurs de la communauté internationale. Il a exhorté les parties à s’engager rapidement dans des négociations pragmatiques avec le soutien de tiers et grâce aux nombreux recours prévus par l’Article 33 de la Charte des Nations Unies.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a prévenu que, près de deux ans après le début de l’invasion illégale de leur pays par la Russie, les civils ukrainiens sont confrontés au spectre d’un nouvel hiver long et difficile. Alors que plus de 17 millions d’Ukrainiens ont un besoin urgent d’aide humanitaire et que les températures chutent, la Russie poursuit ses attaques incessantes contre des civils et des infrastructures civiles ukrainiennes, notamment énergétiques, a‑t‑elle dénoncé, avant de saluer le travail des organisations ukrainiennes et des réseaux de bénévoles qui fournissent une assistance vitale à la population. La représentante a également rappelé que la Russie continue de refuser l’accès humanitaire à des millions d’Ukrainiens vivant dans les territoires temporairement sous son contrôle, qui font face à de graves pénuries de nourriture, de carburant et d’eau. Elle a enjoint à la Russie de respecter pleinement ses obligations en vertu du droit international humanitaire et de permettre aux humanitaires d’opérer en toute sécurité dans ces territoires.
Dans ce contexte, la représentante a salué la création d’un corridor maritime en mer Noire, qui a désormais permis à l’Ukraine de fournir 5 millions de tonnes de céréales aux marchés mondiaux. Elle y a vu l’échec des tentatives de la Russie qui visent à empêcher l’Ukraine d’exporter ses céréales en attaquant ses ports et en rançonnant la nourriture mondiale. « Nous continuerons de travailler avec l’Ukraine et d’autres partenaires pour assurer la sécurité du corridor et protéger la sécurité alimentaire mondiale », a‑t‑elle assuré, exhortant à nouveau la Russie à se retirer du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine et à mettre fin à sa guerre d’agression illégale.
Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a indiqué que la situation en Ukraine exige toujours une attention soutenue de la part de la communauté internationale, même si celle-ci est focalisée sur la situation au Moyen-Orient. Toutes les parties doivent se conformer aux principes fondamentaux du droit international humanitaire, notamment les principes de distinction et de proportionnalité, a dit la déléguée. Elle a estimé que la paix est possible en Ukraine, avant de souligner la nécessité d’un dialogue afin d’aboutir à une cessation immédiate des hostilités et à un accord global conforme au droit international. En conclusion, la déléguée a appelé la Russie à mettre un terme à la guerre en retirant immédiatement et sans conditions ses troupes du territoire ukrainien.
M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a jugé regrettable que la situation humanitaire en Ukraine continue de se détériorer malgré les demandes de cessation des hostilités du Conseil, avec des conséquences « catastrophiques ». Ce conflit constitue selon lui une menace sérieuse pour la paix et la sécurité internationales, les possibilités de paix devenant de plus en plus illusoires à mesure que le conflit perdure. Pour le représentant, une solution militaire à ce conflit n’est pas viable. Il a déploré la multiplication des déplacements, la destruction des infrastructures et la perturbation des activités agricoles et de la production alimentaire qui en résultent. Face à cette situation humanitaire « désastreuse », qui devrait encore se détériorer à l’approche de l’hiver, le représentant a fait valoir que la reprise de l’Initiative de la mer Noire pourrait constituer une amorce de dialogue pour le bien commun. Dans ce contexte, le délégué a appelé les parties à cesser immédiatement les hostilités, à reprendre les négociations directes et à adopter une approche constructive.
M. YAMANAKA OSAMU (Japon) a alerté qu’a l’approche de l’hiver, la poursuite des attaques russes contre les infrastructures énergétiques pourrait obliger les civils à faire des choix difficiles en ce qui concerne le chauffage et d’autres services essentiels. Une situation humanitaire déjà désastreuse en Ukraine pourrait empirer cet hiver, s’est-il inquiété. Nous ne pouvons pas tolérer que l’hiver devienne à nouveau une arme. Il a indiqué qu’en septembre, le Japon a fourni deux autotransformateurs à l’Ukraine et qu’il prévoit d’en fournir 10 autres, afin de renforcer l’approvisionnement électrique du pays. Le Japon envisage également de fournir trois turbines à gaz d’ici à la fin de cette année, deux autres étant actuellement en cours d’acquisition. Une fois livrés, ces autotransformateurs et turbines à gaz devraient bénéficier à plus de 5,5 millions de personnes en Ukraine, a‑t‑il précisé. Le représentant a ensuite dénoncé le mépris flagrant de la Russie à l’égard du droit international humanitaire avant de l’exhorter à se retirer immédiatement et sans condition des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que rien d’extraordinaire ne s’est produit en Ukraine pour nécessiter la tenue d’une réunion publique du Conseil de sécurité. Il a accusé ses collègues occidentaux d’user de tous les artifices pour maintenir le sujet ukrainien à l’ordre du jour du Conseil. Cela n’est pas sans cynisme, a‑t‑il dit, en accusant ces pays d’ignorer l’ampleur de la catastrophe humanitaire provoquée par les actions d’Israël dans la bande de Gaza. Mais ils ne veulent pas discuter de cette question au Conseil, car ce sujet leur est défavorable en termes géopolitiques et présente leur allié stratégique sous un jour défavorable, a‑t‑il assené.
Le représentant a rappelé la faute faite par le « régime de Kiev » de ne pas avoir mis en œuvre les accords de Minsk, avant de rappeler le passé colonial des pays occidentaux. Nos collègues africains et asiatiques se souviennent très bien de la façon dont les anciennes puissances européennes ont dressé des pays les uns contre les autres et séparé des peuples unis par des frontières artificielles, a tranché le délégué. Rien dans leur comportement n’a fondamentalement changé au fil des années, que ce soit en Afrique ou en Ukraine, a‑t‑il accusé. Le délégué a ensuite proposé que les conséquences de la fourniture continuelle d’armes occidentales à l’Ukraine sur les perspectives d’une résolution pacifique de la crise ukrainienne fassent l’objet d’une réunion du Conseil le 11 décembre.
Si l’Ukraine se trouvait réellement dans une situation aussi désastreuse que les pays occidentaux le prétendent, elle n’exporterait pas de céréales en si grandes quantités, a poursuivi le délégué qui a relevé que selon les estimations des experts, pour les années 2022 et 2023, près de 50 millions de tonnes de céréales ont été exportées « depuis une Ukraine prétendument affamée ». Abordant la question des perspectives de reprise de l’Initiative de la mer Noire, il a affirmé que la Russie a été trompée par le « régime de Kiev », qui sous couvert de cette Initiative a attaqué des cibles russes à partir des couloirs humanitaires, ainsi que par les pays occidentaux qui n’ont pas respecté le mémorandum conclu entre la Russie et l’ONU. Tant que nous n’obtiendrons pas de garanties de la part du régime de Kiev, cette Initiative ne sera pas relancée, a‑t‑il prévenu.
Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a déploré que la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine continue d’aggraver la sécurité alimentaire mondiale. Le retrait de Moscou de l’Initiative de la mer Noire, conjuguée à sa campagne d’attaques systématiques contre les infrastructures portuaires et les réserves céréalières ukrainiennes, mettent à mal les moyens de subsistance des civils ukrainiens, déstabilisent l’économie mondiale et instrumentalisent l’alimentation. Aujourd’hui, une famille ukrainienne sur cinq est confrontée à la faim, les communautés agricoles étant les plus touchées. En conséquence, les exportations de céréales ukrainiennes vers les pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe ont été réduites de près de 3 millions de tonnes par mois, a relevé la représentante. Toutefois, les voies de solidarité de l’Union européenne continuent de faciliter le transit et l’exportation de denrées alimentaires vers les marchés mondiaux, via des routes terrestres, après avoir permis l’exportation de plus de 57 millions de tonnes de produits agricoles ukrainiens.
Dans ces conditions, la représentante a exhorté une fois de plus la Russie à respecter ses obligations internationales et à garantir la liberté de navigation dans la mer Noire. Elle a condamné la récente attaque menée contre Kyïv, la plus importante depuis le début de la guerre, ainsi que le bombardement brutal de la ville de Kherson. Les attaques contre les infrastructures civiles visent principalement à infliger des souffrances au peuple ukrainien et constituent une grave violation du droit international, a mis en garde la déléguée.
Mme SHAHD JAMAL YOUSUF IBRAHIM MATAR (Émirats arabes unis) a constaté que la guerre en Ukraine approche de son deuxième anniversaire sans qu’aucun signe de solution pacifique ne soit visible. Elle a noté que le déplacement interne de plus de 3,5 millions de personnes, en plus des 6 millions de réfugiés à l’étranger, aggrave encore la situation humanitaire liée au conflit. Plus de 17 millions d’Ukrainiens ont aujourd’hui besoin d’aide humanitaire, s’est-elle alarmée, regrettant que les combats aient entraîné des évacuations massives de populations, notamment d’enfants. Rappelant que plus de 3 800 établissements scolaires ont été endommagés ou détruits depuis le début du conflit, elle a déploré que quelque 5 millions d’enfants ukrainiens aient vu leur éducation interrompue. Une génération entière risque de perdre son droit à l’éducation, a alerté la représentante. De plus, les graves dommages infligés aux infrastructures civiles sont préoccupants alors que l’hiver approche, a poursuivi la déléguée, avant de dénoncer les attaques qui ont visé des personnels humanitaires et des centres de santé près de la ligne de front. Évoquant la situation dramatique dans la bande de Gaza, elle a appelé toutes les parties à des conflits armés par le monde à respecter le droit international humanitaire. En Ukraine et ailleurs, il importe, selon elle, de trouver un chemin vers la paix, par le biais de la diplomatie et du dialogue. C’est la seule solution pour régler les différends, a‑t‑elle conclu, exhortant toutes les parties à œuvrer de concert pour mettre fin à la guerre en Ukraine, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies.
M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA LOPEZDOMÍNGUEZ (Équateur) a tout d’abord salué le « travail extraordinaire » accompli par l’OCHA tout au long de l’année, que ce soit en Ukraine, en Haïti ou au Moyen-Orient, notamment à Gaza. S’agissant de l’Ukraine, où la guerre approche de son deuxième anniversaire, il a insisté sur la nécessité pour les parties de respecter pleinement leurs obligations découlant du droit international humanitaire, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution. Il a en outre appelé les parties à protéger les travailleurs humanitaires, demandant en particulier à la Fédération de Russie de faciliter un accès humanitaire sûr aux zones sous son occupation temporaire, d’autant plus que l’hiver approche et que la population souffre d’un manque d’accès aux services de base. Regrettant que, depuis la suspension de l’Initiative de la mer Noire, les bombardements contre les villes portuaires d’Ukraine et les infrastructures de chargement des céréales se soient multipliés, il a rappelé qu’il est impératif de garantir la sécurité maritime et de respecter l’intégrité des navires civils. Il a également appelé à la préservation des systèmes d’approvisionnement en nourriture et en eau, rappelant qu’il est interdit d’attaquer, de détruire ou de désactiver des biens essentiels à la survie de la population civile, y compris les biens agricoles et les cultures.
Le représentant s’est par ailleurs alarmé de la situation des filles et des garçons, aussi bien ceux qui ont fui la guerre et sont déplacés ou réfugiés, que ceux qui vivent quotidiennement dans une situation de violence, avec un manque d’accès aux soins de santé et services éducatifs, lesquels seront exacerbés par l’hiver. Il s’est également dit attentif à la situation des enfants transférés en territoire russe et a demandé que leurs droits soient protégés et leur retour facilité.
M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a mentionné une vidéo du 2 décembre montrant le meurtre de deux soldats ukrainiens, tués par des soldats russes alors qu’ils venaient de se rendre. Cette exécution, en violation du droit de la guerre, n’est pas la première, a dénoncé le délégué, en rappelant aussi les cas de torture de soldats ukrainiens. Il a fustigé les mensonges de la Fédération de Russie produits à « échelle industrielle » sur la situation en Ukraine. L’objectif final de la Fédération de Russie est l’élimination de la nation et de l’État ukrainiens, a tranché le délégué, en soulignant la visée génocidaire de ce pays. Il a déploré les civils tués par les drones russes, même si 80% desdits drones ont pu être interceptés. Il a également indiqué que la ville de Kherson est soumise à un pilonnage lourd de la part de la Fédération de Russie. Plus de 510 enfants ukrainiens ont perdu la vie depuis le début de l’agression russe, a dit le délégué, en demandant le retour des enfants ukrainiens transférés en Russie. Le représentant a ensuite demandé que l’État agresseur soit banni des organisations internationales. Le temps est venu de discuter de l’opportunité de la présence du « représentant de Putin » au sein de ce Conseil, a‑t‑il estimé, en soulignant l’impossibilité de toute « conciliation avec le mal ».
S’exprimant au nom des pays nordiques, Mme CHRISTINA MARKUS LASSEN (Danemark) a déploré que la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine continue de causer des souffrances incommensurables et d’aggraver la situation humanitaire déjà désastreuse du pays. Elle a appelé à un accès humanitaire sûr et sans entrave, y compris aux zones occupées par la Russie. Les attaques aveugles menées par ce pays contre des civils et des infrastructures civiles sont strictement interdites par le droit international humanitaire, a‑t‑elle rappelé, et doivent prendre fin. À l’approche de l’hiver, les attaques russes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes suscitent de vives inquiétudes. En plus de l’instabilité sur les marchés céréaliers mondiaux, le bombardement des infrastructures agricoles et des installations d’exportation de céréales ukrainiennes constitue, selon elle, une « militarisation de la nourriture », en violation du droit international humanitaire. La représentante s’est néanmoins félicitée que le corridor de la mer Noire, créé et géré par l’Ukraine, contribue à maintenir la sécurité alimentaire mondiale, tout comme les voies de solidarité de l’Union européenne.
Les pays nordiques réitèrent par ailleurs leur condamnation la plus ferme de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, ainsi que leur appui aux efforts internationaux visant à assurer la pleine responsabilité des crimes commis sur le territoire ukrainien. Le fait que la Fédération de Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, continue de mener une guerre illégale pose de sérieux défis qui vont bien au-delà de l’Ukraine, en remettant en question la légitimité même du Conseil et de la Charte des Nations Unies, a‑t‑elle conclu.
Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a indiqué que son pays est devenu la principale passerelle d’appui pour l’Ukraine, rappelant qu’il héberge la plus importante communauté de réfugiés ukrainiens. De plus, la Pologne fonctionne comme une plaque tournante pour le transfert de l’aide humanitaire internationale via sa frontière terrestre avec l’Ukraine, et fournit en outre une aide direct au pays. Notant que 17,6 millions de personnes ont actuellement besoin d’une aide humanitaire d’une forme ou d’une autre en Ukraine, elle a salué le plan de réponse hivernal de l’OCHA. Le peuple ukrainien se débat pour se défendre et survivre tout en assurant la fourniture de vivres pour d’autres, et il agit ainsi, car l’Ukraine est un membre responsable de la communauté internationale, a‑t‑elle affirmé. Elle a ensuite appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer Kyïv tout en exerçant une pression sur le « coupable ».
Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne (UE), a déclaré que les frappes aériennes systématiques menées par la Russie contre des biens civils et des infrastructures cruciales en Ukraine sont inacceptables et doivent cesser. De telles attaques intentionnelles s’ajoutent aux preuves croissantes de crimes de guerre, la Russie et ses dirigeants devant être tenus pleinement responsables de la guerre d’agression contre l’Ukraine au regard du droit international. Elle a rappelé que les États membres de l’UE ont fourni une protection temporaire à 4 millions de réfugiés ukrainiens fuyant l’agression russe tout en intensifiant leur assistance humanitaire. L’UE a notamment renforcé son aide, en fournissant 785 millions d’euros pour soutenir les personnes les plus vulnérables en Ukraine, en particulier dans les zones difficiles d’accès.
Mais les conséquences humanitaires de l’agression russe ne se limitent pas à l’Ukraine, a déploré la représentante. Les attaques délibérées de Moscou contre les installations de stockage et d’exportation de céréales ukrainiennes, ainsi que ses actions visant à entraver la liberté de navigation dans la mer Noire, montrent qu’elle continue de transformer la nourriture en arme et de compromettre délibérément la sécurité alimentaire mondiale. Aussi l’Union européenne se félicite‑t‑elle de la prolongation, le 25 novembre, de l’initiative « Grain from Ukraine » (Céréales en provenance d'Ukraine) à laquelle la Commission européenne contribuera en fournissant 50 millions d’euros pour réparer les infrastructures portuaires ukrainiennes. Nous renforçons également la capacité de l’UE à faciliter le transit et l’exportation via des routes terrestres et maritimes vers les marchés mondiaux, ce qui a permis jusqu’à présent d’exporter plus de 57 millions de tonnes de produits agricoles ukrainiens, a encore précisé la déléguée.
S’exprimant également au nom de l’Estonie et de la Lituanie, Mme SANITA PAVĻUTA-DESLANDES (Lettonie) a rappelé que la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, rendue possible par le Bélarus, constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international. À l’heure où l’attention de l’opinion internationale se concentre de plus en plus sur la crise au Moyen-Orient, la Russie bombarde des cibles civiles de plus en plus nombreuses et tente de détruire les infrastructures civiles ukrainiennes. Ces dernières semaines, nous avons assisté à des attaques massives, notamment la plus vaste attaque de drones lancée jusqu’à présent, à Kyïv, lors d’un raid aérien qui a duré six heures le 25 novembre à l’aide de 75 drones Shahed.
Le même jour, alors que le monde commémore le quatre-vingt-dixième anniversaire de l’Holodomor, une « famine artificiellement provoquée », nous assistons une fois de plus aux crimes commis par la Russie contre le peuple ukrainien, en se servant de la nourriture comme d’une arme: elle bombarde les entrepôts de céréales ukrainiens, les infrastructures énergétiques et les routes commerciales, rend inexploitables les terres agricoles ukrainiennes et confisque de manière flagrante les céréales ukrainiennes. L’agression de la Russie contre l’Ukraine a un impact mondial, et la pénurie de produits ukrainiens est particulièrement ressentie par les pays déjà confrontés à l’insécurité alimentaire. C’est pourquoi nous devons mettre en œuvre la formule de paix de l’Ukraine pour atteindre ensemble les objectifs de sécurité alimentaire et faire face à la crise mondiale actuelle.