9485e séance - matin
CS/15504

Condamnations et lassitude au Conseil de sécurité après le lancement d’un satellite de reconnaissance militaire par la République populaire démocratique de Corée

Le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, et une majorité de délégations, ont condamné, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, le lancement, le 21 novembre dernier, d’un satellite de reconnaissance militaire par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), avant d’exhorter les membres du Conseil à rester unis face aux actions illicites de ce pays. D’autres délégations ont toutefois exprimé une forme de lassitude, à l’instar du Brésil qui a estimé que le Conseil fait « toujours la même chose » après chaque tir de la RPDC.

Le Sous-Secrétaire général Khaled Khiari, a souligné le risque posé par ce lancement pour l’aviation civile et le trafic maritime internationaux.  Prenant note de l’intention la RPDC de procéder « à court terme » à d’autres lancements, il a rappelé que les résolutions du Conseil interdisent à la RPDC de recourir à des missiles balistiques pour de tels lancements.

Les pays qui avaient demandé cette réunion d’urgence du Conseil -l’Albanie, les Émirats arabes unis, l’Équateur, les États-Unis, la France, le Japon, Malte et le Royaume-Uni– ont, eux aussi, condamné avec force le tir effectué pour le placement en orbite de ce satellite.  « Il s’agit d’une nouvelle violation manifeste des résolutions de ce Conseil », a tranché la France, en notant l’accentuation par la RPDC de sa rhétorique nucléaire.

« Ces provocations accumulées contribuent à l’accroissement des tensions. »  Même son de cloche du côté des États-Unis, qui ont rappelé que le Conseil a exhorté à plusieurs reprises la RPDC à cesser son programme de missiles balistiques et d’armes de destruction massive et à faire le choix de négociations.  « La porte de la diplomatie est ouverte mais la RPDC fait la sourde oreille », a déploré la déléguée de ce pays, en rappelant que la RPDC a, cette année, procédé au tir de 29 missiles balistiques, dont 4 de portée intercontinentale. 

Ce lancement n’a rien à voir avec l’utilisation légitime de l’espace extra-atmosphérique, puisque l’article 3 du Traité sur l’espace extra-atmosphérique dispose que l’exploration et l’utilisation dudit espace doivent être effectuées conformément au droit international, y compris la Charte des Nations Unies, a, de son côté, expliqué le délégué de la République de Corée.  « Les activités illégales de la RPDC n’entrent donc pas dans cette catégorie. »  Et, a ajouté le délégué de la République de Corée, la RPDC ne se contente pas de violer des accords internationaux, elle le fait également pour des accords bilatéraux avec son voisin du sud. 

Rejetant toute tentative visant à justifier la poursuite par la RPDC de programmes illicites d’armes de destruction massive, le délégué du Japon, à l’instar de M. Khiari et de la déléguée du Royaume-Uni, a souhaité voir le Conseil « uni » sur cette question.  Les membres du Conseil doivent retrouver l’unité affichée en 2017, a-t-il insisté.  « Dans le cas contraire, le Conseil ne fait qu’envoyer un mauvais message, non seulement à Pyongyang, mais au monde entier. »

Certaines délégations ont fait entendre une note dissonante, à l’instar du Brésil qui a invité le Conseil à faire davantage appel à des experts en désarmement.  « La poursuite des discussions du Conseil sur cette question est inutile tant que les États-Unis n’envisagent pas de tendre la main à Pyongyang dans le cadre d’un dialogue basé sur le respect », a, de son côté, déclaré la déléguée de la Fédération de Russie, en accusant ce pays de nourrir les tensions par ses manœuvres navales dans la région.

À chaque tir, la délégation des États-Unis convoque le Conseil pour se présenter comme une victime d’une situation prétendument créée exclusivement par Pyongyang, a ironisé la déléguée russe.  Si les États-Unis souhaitaient véritablement engager un dialogue avec la RPDC afin de sortir de l’impasse actuelle, ils devraient s’abstenir d’appliquer des tactiques de pression consistant à mener des exercices militaires ou à envoyer des armes stratégiques, a appuyé la Chine.

Constatant la montée de la polarisation politique dans ce dossier au sein du Conseil, le Ghana a, lui, exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre un engagement à long terme avec la RPDC dans le cadre d’un accord-cadre multilatéral visant à restreindre son programme de développement d’armes.  Il faut d’urgence rétablir la confiance et le respect mutuel par le dialogue et la diplomatie, en tenant compte des préoccupations de toutes les parties, a préconisé le délégué, en notant les « signes de réouverture » du côté de la RPDC.

Enfin, le représentant de la RPDC, dont la présence à cette réunion a été saluée par le Royaume-Uni, a expliqué que ce dernier lancement avait pour but d’obtenir une image claire des mouvements militaires des États-Unis et de leurs alliés.  « Il s’agit d’un un exercice légitime et juste du droit à la légitime défense de la RPDC. »  Le Conseil ne devrait pas perdre son temps à contester l’exercice de ce droit par un État souverain en butte à des forces hostiles, a tranché ce délégué, en l’invitant plutôt à faire cesser les meurtres de civils au Moyen-Orient.

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA), a indiqué que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a lancé avec succès un satellite de reconnaissance militaire le 21 novembre.  La RPDC a annoncé qu’elle procéderait à d’autres lancements de ce type de satellite à court terme, a-t-il dit, en rappelant les échecs enregistrés dans ce domaine par ce pays le 31 mai et le 24 août.  « Ces lancements posent un véritable risque pour l’aviation civile et pour le trafic maritime internationaux », a-t-il averti avant de rappeler que les résolutions du Conseil interdisent à la RPDC de procéder à tout type de lancement par le moyen de missiles balistiques.  Il a signalé que le Secrétaire général a condamné ce lancement et, de nouveau, appelé la RPDC à se conformer à ses obligations internationales.

Le Sous-Secrétaire général a rappelé que le lancement de satellite de reconnaissance militaire fait partie d’un plan militaire quinquennal dévoilé par la RPDC en janvier 2021.  Il a ajouté que, le 27 septembre 2023, la RPDC a amendé sa constitution afin d’entériner davantage encore sa politique nucléaire.  « Ce pays a démontré avec constance sa détermination à développer un programme nucléaire et de missiles balistiques, en violation des résolutions du Conseil. »  Il a de nouveau appelé la RPDC à s’abstenir de telles actions.  Il a rappelé que le seul moyen de prévenir l’utilisation d’armes nucléaires est de les éliminer.  En attendant la dénucléarisation totale et vérifiable de la péninsule coréenne, il est capital que la RPDC assure le plus haut niveau de sécurité de ses installations nucléaires, a tranché le délégué. 

Il a souligné l’importance, au vu de la recrudescence des tensions dans la péninsule, de rétablir des canaux de communication entre entités militaires.  « Faire montre de la plus grande retenue est essentiel pour inviter tout incident et erreur d’appréciation », a-t-il ajouté. Il a exhorté les membres de ce Conseil à s’unir, à envisager des mesures concrètes afin de contrecarrer cette tendance négative et à user de tous les instruments de dialogue et de diplomatie à sa disposition, tout en faisant respecter ses résolutions.  Enfin, préoccupé par la situation humanitaire dans le pays, il a exhorté la RPDC à permettre l’entrée sans entrave des agences internationales, y compris le Coordonnateur résident de l’ONU.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a accusé la RPDC de faire peser de graves menaces sur la sécurité internationale.  Le Conseil de sécurité, a rappelé la représentante, a exhorté à plusieurs reprises la RPDC à cesser son programme de missiles balistiques et d’armes de destruction massive.  Le Conseil a demandé à Pyongyang de renoncer à la provocation et d’accepter les négociations.  « La porte de la diplomatie est ouverte mais la RPDC fait la sourde oreille », a-t-elle déclaré, constatant que ce pays a violé de façon flagrante de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité par ses lancements et son utilisation de la technologie des missiles balistiques.  Le lancement, le 21 novembre, d’un satellite de reconnaissance militaire, à présent mis en orbite, est la dernière violation en date après une longue série, a constaté la représentante, qui a rappelé que, rien que cette année, la RPDC a procédé à 3 lancements de satellites et tiré 29 missiles balistiques, dont 4 missiles balistiques intercontinentaux.  Ce faisant, la RPDC ne réagit pas aux activités militaires des États-Unis ou de leurs alliés mais met à exécution ce qu’elle a annoncé, à savoir l’amélioration de ses systèmes d’armes nucléaires, en testant la technologie des missiles balistiques, a-t-elle souligné. 

Ce comportement « illicite et sans scrupule » menace tous les voisins de la RPDC et tous les États Membres, a prévenu la déléguée, selon laquelle, le 21 novembre, Pyongyang n’a pas émis de notification de son lancement.  Le Conseil doit réagir pour préserver sa crédibilité, a-t-elle affirmé, déplorant que deux membres permanents de l’organe, la Chine et la Fédération de Russie, n’aient pas voulu condamner « ce lancement dangereux qui représente une escalade ».  De plus, a-t-elle ajouté, de hauts représentants russes et chinois ont participé à une parade militaire et se sont félicités, aux côtés de Kim Jong-un, du programme de missiles balistiques de la RPDC, qui est pourtant explicitement interdit par le Conseil.  Pire encore, a poursuivi la représentante, Moscou renforce ses liens militaires avec la RPDC, comme l’a reconnu lui-même le Président Putin.  Selon elle, la Fédération de Russie envisage même d’aider la RPDC à construire davantage de satellites tels que celui lancé la semaine dernière. 

La déléguée a ajouté que, selon ses informations, la RPDC a fourni à la Fédération de Russie plus de 1 000 conteneurs de matériel militaire et de munitions, qui seront utilisés pour appuyer la guerre brutale que mène l’armée russe en Ukraine.  Face à cette évolution, le Conseil devrait exiger que la RPDC renonce à son programme d’armes de destruction massive et de missiles balistiques, a-t-elle plaidé, avant d’appeler la Chine et la Russie à condamner le programme illicite de Pyongyang et son réseau d’achats connexes.  Sur toutes ces questions, la RPDC doit faire le choix du dialogue sans condition préalable, a ajouté la représentante, pour qui ce pays peut décider du moment et du sujet. Elle a également exhorté le Conseil à encourager la RPDC à se concentrer moins sur le renforcement de son arsenal que sur la constitution de stocks alimentaires pour sa population victime de malnutrition.  À cet égard, elle a appelé la RPDC à accepter l’offre d’aide de l’ONU. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a constaté que la RPDC n’est soumise à aucune menace de la part de ses voisins ou de qui que ce soit d’autre partout dans le monde.  « La RPDC est uniquement et constamment sous la menace de son régime, de ses politiques insidieuses et dangereuses, de ses choix qui affament les gens et de sa paranoïa effrayante qui en a fait un paria. »  Le délégué a donc constaté que les actions entreprises par la RPDC et sa rhétorique constituent une menace directe à la paix et à la sécurité régionales dans la péninsule coréenne et un défi au régime mondial de non-prolifération. Le cas de la RPDC est un parfait exemple de politique préventive, a-t-il noté car il y a une nécessité claire et urgente d’agir avant que les choses n’empirent.

Dans ce contexte, le représentant a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité, notant que la RPDC viole également le régime des sanctions et ne le fait pas seule.  Il a condamné tous les efforts visant à ouvrir des fenêtres d’opportunités à la RPDC, à des fins militaires et nucléaires.  Non seulement cela viole le régime de sanctions et les normes internationales, mais cela accroît aussi les tensions dans la péninsule coréenne et exacerbe les menaces à la paix et à la sécurité ailleurs, y compris en Europe, a dénoncé le délégué.  Il a constaté que la majorité des membres du Conseil continuent de réclamer une action contre l’attitude imprudente de la RPDC, mais ils ne sont pas écoutés.  Pour le représentant, si le Conseil n’agit pas contre la RPDC, alors, d’autres États voyous suivront et se moqueront du Conseil. Il a donc invité celui-ci à agir « maintenant » et par le biais d’une diplomatie préventive collective, afin de garantir que le « régime » mette fin de manière complète, transparente, et irréversible à son programme d’armes de destruction massive, balistiques et nucléaires.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a condamné avec fermeté le lancement d’un satellite de reconnaissance militaire par la RPDC le 21 novembre dernier. Ce lancement constitue, à ses yeux, un acte de provocation qui viole de manière flagrante les résolutions du Conseil de sécurité et porte atteinte à l’architecture internationale de désarmement et de non-prolifération, en plus d’exacerber les tensions régionales.  De surcroît, a-t-il rappelé, la RPDC a procédé cette année à un nombre record d’essais de missiles balistiques, face auxquels le Conseil n’a pas été en mesure de prendre des mesures concrètes.  Dans ces circonstances, le représentant a invité les États Membres à promouvoir l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique et à freiner toute possibilité d’une course aux armements dans l’espace.  Il a appelé une fois de plus la RPDC à s’acquitter de ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies et à respecter les résolutions du Conseil en s’abstenant de tout nouveau lancement de satellites de reconnaissance militaires ou de missiles balistiques. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que le placement en orbite d’un satellite de reconnaissance militaire témoigne de la poursuite par la RPDC d’activités contraires à ses obligations internationales.  Le représentant a relevé que le lancement de cet engin spatial recourt à des technologies balistiques, ce qui confirme selon lui les progrès préoccupants réalisés par ce pays dans son programme illicite de missiles balistiques.  Il s’agit d’une nouvelle violation manifeste des résolutions de ce Conseil, a-t-il dénoncé, en notant l’accentuation par ce pays de sa rhétorique nucléaire.  Il a en outre rappelé qu’en septembre dernier, la RPDC a réformé sa constitution pour y inscrire la détention de l’arme nucléaire.

De l’avis du délégué, ces « provocations accumulées » contribuent à l’accroissement des tensions régionales et internationales et constituent un défi direct pour l’intégrité du régime international de non-prolifération et l’autorité du Conseil de sécurité.  « Nous regrettons que des membres du Conseil, États dotés au sens du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, affichent publiquement leur soutien aux programmes illicites de la RPDC », a-t-il ajouté.  Enfin, il s’est dit préoccupé par les transferts d’armes mutuels entre la RPDC et la Fédération de Russie. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a condamné le nouveau lancement de la RPDC utilisant la technologie des missiles balistiques qui a survolé directement l’archipel japonais, y voyant une menace pour la paix et la sécurité internationales et un sérieux défi pour le régime mondial de non-prolifération.  Le Conseil ne discute pas ce matin du droit d’utiliser l’espace extra-atmosphérique ou du droit à la légitime défense, a tenu à préciser le représentant en rappelant qu’il se réunit pour assurer la non-prolifération des armes de destruction massive.  Le Conseil a adopté à l’unanimité plusieurs résolutions obligeant la RPDC à ne plus procéder à d’autres lancements utilisant la technologie des missiles balistiques, a-t-il rappelé, car ce faisant, elle contribue à la mise au point de ses vecteurs d’armes nucléaires qui constitue une grave menace pour la paix et la sécurité de la région et au-delà. 

Rejetant toute tentative de justifier l’ambition de la RPDC de poursuivre des programmes illégaux d’armes de destruction massive, le délégué a souhaité voir le Conseil « uni » sur les questions de non-prolifération et tous ses membres réaffirmer leur attachement au régime de non-prolifération. Déplorant que la RPDC continue d’ignorer et de nier ses obligations internationales en poursuivant ses ambitions militaires, il a insisté sur la nécessité pour les membres du Conseil de retrouver l’unité affichée en 2017.  Dans le cas contraire, le Conseil ne fait qu’envoyer un mauvais message, non seulement à Pyongyang, mais au monde entier, y compris aux proliférateurs potentiels, a fait remarquer le délégué qui a appelé la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour y remédier.  Enfin, il a appelé à mettre pleinement en œuvre les résolutions interdisant les transferts d’armes de la RPDC vers la Russie aggravant la situation en Ukraine et portant atteinte au régime de non-prolifération.  « La RPDC devra s’engager dans la diplomatie et reprendre le dialogue. » 

Mme FRANCESCA GATT (Malte) a condamné dans les termes les plus fermes les dernières activités de la RPDC ayant conduit à cette réunion, notant que ces actes accroissent les tensions, déstabilisent la région, menacent sérieusement la paix et la sécurité internationales et érodent le régime mondial de non-prolifération. Elle a souligné que ce lancement aurait réussi à placer un satellite en orbite, « une évolution extrêmement inquiétante ».  Encore plus troublant, a-t-elle poursuivi, l’agence spatiale de la RPDC a déclaré que le lancement « apporte une contribution significative à l’intensification définitive de la préparation de la guerre par les forces armées de la République ». 

Pour la déléguée, le Conseil ne peut rester silencieux ni fermer les yeux face à cette situation.  Elle a marqué sa profonde préoccupation du fait que la RPDC ait réussi à obtenir des conseils techniques d’un autre pays pour mener à bien ce lancement.  Selon elle, c’est une violation flagrante des obligations relatives au régime des sanctions relatif à la RPDC.  Elle a appelé la RPDC à cesser toute confrontation et à engager un dialogue réel avec toutes les parties, tout en respectant les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Les divisions persistantes au sein du Conseil et son incapacité à parler d’une seule voix pour condamner ces actions n’ont fait qu’enhardir la RPDC, a-t-elle regretté.  Elle a également dit sa préoccupation face à la situation humanitaire désastreuse et les graves violations des droits humains perpétrées par le « régime nord-coréen ».  Pour la déléguée, la seule façon de parvenir à la paix et la dénucléarisation de la péninsule coréenne est de garantir que la RPDC s’abstienne de toute nouvelle provocation et action dangereuse.  Et pour cela, nous avons besoin d’un Conseil de sécurité uni, a-t-elle tranché.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a exprimé sa profonde préoccupation face au lancement du satellite de reconnaissance Malligyong-1, à l’aide de la technologie des missiles balistiques.  De telles activités, y compris le lancement d’un satellite de reconnaissance militaire et les exercices militaires dans la région, pourraient selon lui aggraver les tensions dans la péninsule coréenne.  Après avoir souligné la nécessité d’établir un dialogue en vue d’une paix durable et de la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne, le représentant a exhorté la RPDC à respecter les résolutions pertinentes du Conseil.  Il a souligné l’importance de veiller à ce que la technologie nucléaire soit utilisée à des fins pacifiques plutôt que d’exacerber l’insécurité et l’instabilité régionales. Le délégué a donc demandé d’intensifier l’engagement diplomatique et, à cette fin, de persuader la RPDC de reprendre un dialogue constructif avec la communauté internationale sur ces questions. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dénoncé le lancement par la RPDC d’un satellite de reconnaissance militaire le 21 novembre.  Elle a aussi critiqué les contacts étroits entre la RPDC et la Russie dans le domaine militaire.  Elle a indiqué que ces lancements ont des conséquences humanitaires, puisque des ressources dont aurait besoin la population sont détournées à cette fin.  « Le Conseil ne doit pas rester silencieux. »  La déléguée s’est néanmoins félicitée de la présence du représentant de la RPDC à la séance, espérant que le Conseil puisse communiquer à ce pays ses préoccupations au sujet de la population de la République populaire démocratique de Corée.  Elle a exhorté la RPDC à rouvrir ses frontières et à coopérer avec les agences onusiennes.  De plus, elle a appelé ce pays à cesser toute vente et livraison d’armes à la Russie.  Elle l’a enfin exhortée à cesser de tels lancements et à œuvrer à l’apaisement des tensions dans la péninsule coréenne.  « Le Conseil doit rester uni. »

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) s’est dit inquiet du fait que la RPDC ait lancé un satellite d’observation militaire en recourant à la technologie des missiles balistiques.  Le représentant a relevé que ce dernier lancement a été effectué en avance de l’heure indiquée dans l’avis aux instances maritimes et aériennes, annulant ainsi tout effet d’avertissement.  Notant que le recours à la technologie des missiles balistiques constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité, il a souhaité que ce dernier ne reste pas passif face à ces essais qui menacent la paix et la sécurité internationales.  Le Conseil devrait y répondre, a-t-il dit, avant d’appeler la RPDC à renoncer à toute future tentative de lancement de missiles balistiques.  Selon lui, les obligations qui découlent des résolutions s’appliquent également à tous les États.  En tant qu’États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), nous sommes tenus de lutter contre la prolifération des armes nucléaires, a-t-il insisté, ajoutant que les projets de coopération dans les domaines spatial et de l’armement sont par principe incompatibles avec le respect des sanctions du Conseil, sauf exemption préalable par le Comité 1718. 

La tentative de légitimer le développement du programme nucléaire de la RPDC par la RPDC elle-même ou d’autres États exige notre vigilance continue, a encore plaidé le représentant, pour qui le Conseil doit s’engager en faveur du désarmement et du maintien du « tabou nucléaire ».  Il a aussi attiré l’attention sur le sort de la population de la RPDC qui subit des violations graves et systématiques de ses droits humains.  L’impunité des auteurs doit cesser, a-t-il affirmé, estimant que l’ouverture des frontières de la RPDC doit aller de pair avec un accès rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire.  Soulignant le rôle que joue le Conseil pour encourager le dialogue, la désescalade et la prospection de solutions diplomatiques, il a appelé à la réduction des risques d’un affrontement militaire, à l’image de l’accord conclu entre les deux Corées en 2018. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a souligné que les alertes régulières provoquées par les lancements de missiles constituent non seulement une insupportable source de stress pour les populations de la région, mais également un véritable danger pour la navigation aérienne et maritime.  Condamnant le nouveau lancement de missile effectué par la RPDC, il a appelé les parties concernées à ouvrir des canaux de discussions pour trouver une solution pérenne à cette situation devenue intenable.  Il s’est dit persuadé que c’est par le dialogue qu’une issue durable et communément satisfaisante pourra être trouvée.

En outre, le représentant a relevé que la menace d’utilisation d’armes nucléaires se fait de plus en plus prégnante.  Le démantèlement des accords de désarmement, ainsi que les revirements de certains pays concernant leurs engagements en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaire, contribuent à la situation actuelle, marquée par la banalisation du recours aux armes nucléaires et de l’utilisation d’armes de destruction massive.  Selon lui, l’échelle de la tension et l’absence d’avancée des pourparlers depuis 2018 sur la situation dans la péninsule coréenne est particulièrement préoccupante. Il est fondamental, à ses yeux, que les parties puissent travailler à l’apaisement nécessaire et rebâtir la confiance pour une issue diplomatique.  Il est aussi indispensable que la communauté internationale réaffirme sa détermination à œuvrer en faveur d’une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne en vue d’une coexistence pacifique des pays de la région, a—t-il conclu. 

M. SERGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a condamné le recours à la technologie des missiles balistiques lors du lancement d’un satellite par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) le 21 novembre dernier.  Tout en reconnaissant pleinement le droit des États à poursuivre des programmes spatiaux pacifiques, ce pays doit selon lui se conformer à ses obligations en vertu du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité.  Un tel lancement présentait en outre des risques pour les avions, les navires et les populations civiles de la région, s’est-il inquiété.  Selon le délégué, le retrait de l’accord militaire global de 2018 entre la République de Corée et la RPDC constitue un pas en arrière qui éloigne les parties du dialogue et d’un accord pacifique.  Il s’est également inquiété des conséquences de ce lancement sur la militarisation de l’espace et la stabilité régionale, y voyant une « nouvelle phase » de la concurrence régionale marquée par un recours plus large aux moyens spatiaux à des fins militaires.  Au cours des deux dernières années, nous avons vu la RPDC réaliser d’importantes avancées militaires, a rappelé le représentant en notant l’ajout de deux nouvelles classes de missiles balistiques intercontinentaux à son arsenal.  Selon lui, le Conseil doit faire plus « sans faire toujours la même chose » à chaque nouveau lancement, comme c’est le cas à nouveau aujourd’hui, notamment en faisant davantage appel à des experts du désarmement. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est dite préoccupée par l’escalade dans la péninsule coréenne.  Elle a souligné les signaux alarmistes envoyés par Washington et ses alliés dans la région concernant les programmes balistiques de la RPDC.  « À chaque fois, la délégation des États-Unis convoque le Conseil de sécurité pour se présenter comme une victime d’une situation prétendument créée exclusivement par Pyongyang. »  Elle a rappelé qu’en mars dernier son pays avait déjà attiré l’attention du Conseil sur les « manœuvres belliqueuses » des États-Unis, du Japon et de la République de Corée, menées à proximité immédiate des frontières de la RPDC.  Cette année, à ce jour, six exercices conjoints avec la participation directe des forces armées américaines ont été menés dans la région.  Elle a indiqué que le 21 novembre un groupe aéronaval des États-Unis, dirigé par le porte-avions Carl Vinson, est entré dans le port de Busan, un mois à peine après l’entrée d’un autre porte-avions américain, l’USS Ronald Reagan

Il serait intéressant d’entendre la délégation américaine expliquer dans quelle mesure ces actions sont liées aux exigences posées par le Conseil dans ses résolutions quant à la réduction des tensions dans la péninsule coréenne, a-t-elle ironisé.  Elle a souligné l’intention de la République de Corée de lancer son premier satellite de reconnaissance depuis la base américaine de Vandenberg à la fin du mois. Lorsque cela se produira, nous serons intéressés de voir la réaction des délégations qui ont demandé la réunion d’aujourd’hui, a-t-elle dit.  « La Russie prône un règlement pacifique des défis relatifs à la péninsule coréenne par des moyens politiques et diplomatiques exclusivement. »  La déléguée a dit que son pays a des relations amicales avec la RPDC, tout en se conformant à ses obligations internationales. Plutôt que de chercher à élargir son influence, Washington, qui n’a plus de levier d’influence sur la RPDC, devrait envisager de tendre la main à Pyongyang dans le cadre d’un dialogue basé sur le respect, a conclu la déléguée, en jugeant inutiles, en attendant, la poursuite des discussions du Conseil sur la question.

M. JESWUNI ABUDU-BIRRESBORN (Ghana) a regretté que les mécanismes de lutte contre la prolifération, qui servaient autrefois de garde-fous, soient en train d’échouer.  À ses yeux, l’impasse nucléaire nord-coréenne s’inscrit dans cette tendance.  Constatant l’érosion de la confiance et la montée de la polarisation politique dans ce dossier au sein du Conseil de sécurité, le représentant a exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre un engagement à long terme avec la RPDC dans le cadre d’un accord-cadre multilatéral visant à restreindre son programme de développement d’armes.  Pour ce faire, il faut d’urgence rétablir la confiance, la solidarité et le respect mutuel par le dialogue et la diplomatie, en tenant compte des préoccupations de toutes les parties, a-t-il préconisé.  Alors que des signes de réouverture se font jour du côté de la RPDC, les canaux de communication diplomatiques entre ce pays, ses voisins et d’autres parties prenantes devraient être prioritaires, a plaidé le délégué, non sans exhorter Pyongyang à accélérer le retour de l’équipe de pays des Nations Unies ainsi que d’autres organisations d’aide humanitaire.

Dans ce contexte, le représentant a demandé au Conseil de s’attaquer aux conséquences imprévues des sanctions contre la RPDC.  Il a également jugé important d’évaluer en profondeur le régime de sanctions afin de mieux comprendre les lacunes qui ont permis à la RPDC de passer outre ces mesures et de faciliter son programme d’armement nucléaire sans entrave.  De plus, il faut selon lui trouver une solution globale en matière de sécurité multilatérale et régionale aux problèmes de la péninsule coréenne.  Il est temps que les acteurs régionaux prennent la tête de l’effort visant à relever les défis de sécurité et de développement de leur région, a-t-il soutenu, constatant que la menace que représente la RPDC pour la sécurité internationale est grave et croissante.  Enfin, le Conseil doit poursuivre un engagement à long terme dans le cadre d’un accord-cadre multilatéral visant à restreindre le programme de développement d’armes de la RPDC, a ajouté le représentant. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a exhorté la RPDC à renoncer à ses activités de lancement de missiles balistiques qui constituent des violations flagrantes des résolutions du Conseil de sécurité et du droit international.  Le lancement par la RPDC d’un satellite de reconnaissance militaire, qui fait suite à un nombre record de violations comparables ces trois dernières années, s’appuie sur une technologie illicite de missiles de longue portée, a-t-il souligné, appelant à ce que ces provocations cessent.  Le représentant a enjoint la RPDC à s’abstenir de tout lancement futur, avant de l’inviter à la retenue et au dialogue.  L’heure est venue pour la RPDC d’entendre les appels au dialogue, a-t-il insisté.  Il a également marqué sa préoccupation devant le fait que près de la moitié de la population de la RPDC a besoin d’un appui humanitaire. Enfin, appelant de ses vœux une dénucléarisation de la péninsule coréenne et un retour de la RPDC au Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a exhorté le Conseil de sécurité à relancer les efforts diplomatiques pour permettre une reprise des pourparlers de paix et amener la RPDC à renoncer à son programme de missiles balistiques et d’armes nucléaires. 

M. GENG SHUANG (Chine) a pris note du lancement d’un satellite par la RPDC, tout en exprimant sa préoccupation face à l’aggravation des clivages sur la péninsule coréenne, qui risquent, à terme, d’échapper à tout contrôle. « La sécurité de nos pays est indivisible », a-t-il fait valoir, estimant que les préoccupations sécuritaires légitimes de la RPDC enferment la péninsule dans un cercle vicieux. Dans ce contexte, le représentant a déploré l’absence d’un mécanisme de paix depuis la fin de la guerre froide.  Toutes les parties devraient, selon lui, promouvoir la dénucléarisation et la paix en participant à un dialogue qui leur permette d’exprimer leurs préoccupations, notamment sécuritaires.  À ses yeux, le renforcement actuel des alliances militaires et des blocs va à l’encontre de l’objectif de dénucléarisation et de maintien de la paix et de la sécurité dans la région. 

Si les États-Unis souhaitent véritablement engager un dialogue avec Pyongyang afin de sortir de l’impasse actuelle, ils devraient s’abstenir d’appliquer des tactiques de pression consistant à mener des exercices militaires ou à envoyer des armes stratégiques, a souligné le représentant, avant d’inviter Washington à présenter des propositions concrètes destinées à rétablir la confiance et à encourager la RPDC à prendre part au dialogue et à la négociation.  À cette fin, le représentant a jugé que le projet de résolution sur la question humanitaire proposé par la Chine et la Fédération de Russie constitue un point de départ utile. 

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée, RPDC) s’est étonné du fait que 70 ans après le lancement du premier satellite artificiel dans l’espace, et alors que plus de 5 000 satellites sont actuellement en orbite autour de la Terre, le Conseil de sécurité incrimine le lancement par la RPDC de satellites.  Cette réunion convoquée à la demande « scandaleuse » des États-Unis et d’autres États est une violation flagrante de la souveraineté de la RPDC et une ingérence grave dans ses affaires intérieures, a déclaré le délégué.  Il a expliqué que ce dernier lancement avait pour but d’obtenir une image claire des mouvements militaires des États-Unis et de leurs alliés, étant donc, selon lui, un exercice légitime et juste du droit à la légitime défense de la RPDC.  Il a notamment dénoncé le déploiement par les États-Unis de vastes ressources stratégiques dans la péninsule coréenne et aux alentours, qui constitue la menace militaire la plus ouverte et la plus directe contre la RPDC.  De plus, a-t-il ajouté, cette situation est aggravée par la mobilisation dans la région de forces nucléaires stratégiques conjointes par les États-Unis et leurs alliés.  « Si ces actions ne sont pas considérées comme une menace pour la paix et la sécurité mondiales, il n’y a aucune raison pour que le Conseil de sécurité existe et il devrait donc être dissout aujourd’hui, maintenant. »

Le délégué a expliqué que son pays avait lancé son satellite de reconnaissance pour contrôler et gérer de manière décisive cette situation et empêcher le déclenchement d’une nouvelle guerre dans la région en exerçant son droit à la légitime défense.  Ce lancement est directement lié à l’environnement sécuritaire instable dans la région, créé par la présence militaire irréfléchie des États-Unis et de leurs alliés, a insisté le représentant.  Si les États-Unis n’avaient pas poursuivi la mise en place d’une « version asiatique de l’OTAN » créant ainsi cette situation dangereuse dans la péninsule coréenne, les lancements de satellites de communication ou météorologiques à des fins pacifiques auraient dû être la priorité par rapport au satellite de reconnaissance, a-t-il expliqué insistant sur le droit de la RPDC à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.  Pour lui, les sanctions du Conseil ayant servi de base pour critiquer la RPDC ne sont que des « morceaux de papiers illégaux » qui vont à l’encontre de la Charte des Nations Unies.  « Les États-Unis lancent-ils leurs satellites avec des montgolfières ou une catapulte, ou avec une fusée? »

Le délégué a demandé à la communauté internationale de ne pas tolérer la politique de « deux poids, deux mesures » d’une poignée d’États.  Il a dénoncé les tentatives irresponsables de désarmer son pays avertissant que si les États-Unis et leurs alliés tentaient à nouveau d’empiéter sur la souveraineté nationale de la RPDC en appelant à la mise en œuvre des sanctions, cela déclencherait inévitablement l’exercice de son droit légitime à l’autodéfense.  Le Conseil, a estimé le représentant, ne devrait pas perdre son temps et son énergie à contester l’exercice de ce droit par un État souverain soumis à l’arbitraire et l’autoritarisme de forces hostiles.  Le Conseil devrait accorder son attention à l’élimination de la menace pour la paix et la sécurité internationales et à l’arrêt des meurtres de civils commis au Moyen-Orient « sous le patronage des États-Unis ».  La RPDC exercera fièrement son droit souverain de lancement de satellites, quels que soient les obstacles qui se dressent sur son chemin, a réaffirmé le représentant. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a condamné, dans les termes les plus fermes, le lancement d’un soi-disant satellite de reconnaissance militaire par la RPDC le 21 novembre, dénonçant cette violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.  Il a aussi dénoncé le fait que ce lancement ait eu lieu avant la date prévue, ce qui indique que la RPDC ne respecte pas ses propres engagements, sans parler d’assurer la sécurité des autres pays.  Pour le délégué, le lancement n’avait rien à voir avec l’utilisation légitime de l’espace extra-atmosphérique, puisque l’article 3 du Traité sur l’espace extra-atmosphérique dispose que l’exploration et l’utilisation dudit espace doivent être effectuées conformément au droit international, y compris la Charte des Nations Unies: les activités illégales de la RPDC n’entrent donc pas dans cette catégorie.  Il a également rappelé que plusieurs résolutions du Conseil de sécurité interdisent tout lancement par la RPDC par le biais de la technologie de missiles balistiques.

Le délégué a indiqué que la RPDC a fait du 18 novembre la « Journée de l’industrie des missiles », afin de commémorer le lancement d’essai du missile Hwasong-17 le même jour l’an dernier.  « Je ne trouve aucun autre pays au monde qui célèbre de cette manière son activité illégale explicitement interdite par le Conseil de sécurité de l’ONU », a observé le délégué.  Il a aussi marqué sa surprise de voir à cette séance la délégation de la RPDC qui a pourtant nié la légitimité du Conseil de sécurité.  Il a appelé le Conseil à agir résolument avant que cela ne soit trop tard.

Le représentant a ensuite relevé que la RPDC ne se contente pas de violer des accords internationaux, elle le fait également pour des accords bilatéraux avec son voisin du Sud.  Il a cité les différents accords, comme la Déclaration conjointe du Nord et du Sud de 1972, l’accord fondamental intercoréen de 1991, ou encore plus récemment l’accord militaire global de 2018 qui visait à bâtir une péninsule coréenne sûre en évitant de mener des activités militaires autour de la zone démilitarisée.  La RPDC a rendu cet accord caduc en menant des intrusions à l’aide de drones dans cette zone et en tirant des missiles dans les eaux territoriales sud-coréennes, a expliqué le délégué.  Il a annoncé qu’après le lancement du dernier satellite par la RPDC, la République de Corée a décidé de suspendre une partie des dispositions de l’accord militaire global portant sur des zones d’exclusion aériennes dans la zone démilitarisée.  Il a d’ailleurs relevé que le Ministère de la défense de la RPDC a déclaré le 23 novembre qu’il n’allait jamais tenir compte des termes dudit accord. 

Le représentant a ensuite relevé que la RPDC fournit des munitions à la Fédération de Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.  Il a exprimé sa vive préoccupation face à la coopération militaire entre ces deux pays, rappelant que cela constitue une violation directe des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Et si les membres du Conseil eux-mêmes n’appliquent pas les résolutions, alors elles seront de nul effet, a-t-il craint.  Le délégué a ensuite rappelé que les programmes nucléaires de la RPDC ont été lancés depuis trois décennies et n’ont pas de lien avec d’éventuels menaces venant de la République de Corée et des États-Unis.  Il a justifié le renforcement de sa coopération militaire avec les États-Unis par le besoin de protéger la population sud-coréenne.  Il a terminé en appelant à l’unité du Conseil et à prendre des mesures déterminées, précisant tout de même que la porte du dialogue reste ouverte, sans condition préalable. 

Reprenant la parole, Mme THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a noté que 14 États Membres ont appelé la RPDC, au cours de cette réunion, à renoncer à ses essais illicites, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  La RPDC prétend agir en légitime défense, alors que les essais militaires menés par les États-Unis et la République de Corée sont de nature défensive, voire « routinière », et ne sont pas interdites par les résolutions du Conseil, a-t-elle expliqué.  La déléguée a donc rejeté le caractère défensif de ces essais.  Elle a cité une déclaration de la Chine à cet effet.  S’agissant de la résolution « soi-disant humanitaire » russo-chinoise, elle a estimé qu’elle envoyait le message que les violations des résolutions du Conseil et du droit international seraient tolérées. 

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a également repris la parole pour répondre à son homologue des États-Unis et réitérer le droit de son pays à la légitime défense.  Estimant que la RPDC et les États-Unis sont des belligérants « techniquement et légalement », il a accusé la partie américaine d’exercer une menace nucléaire sur son pays.  Il est donc légitime, selon lui, que la RPDC, en tant que partie belligérante, élabore, fabrique et mette en place des systèmes d’armement équivalents à ceux que détiennent les États-Unis.  Si la voie du dialogue est ouverte, encore faut-il mettre en place les conditions propices au dialogue et à la diplomatie, a ajouté le représentant, pour qui la déclaration des États-Unis selon laquelle ils ne seraient pas hostiles à la RPDC est « vide de sens ».  Les États-Unis n’ont jamais reconnu la souveraineté de la RPDC, qu’il traite comme un « État ennemi », a-t-il dit, faisant état d’une « hostilité américaine omniprésente ».  Tant que la menace nucléaire ne sera pas éliminée contre la RPDC, nous continuerons de renforcer nos efforts pour assurer la dignité et la sécurité de notre pays, a-t-il affirmé.   

Mme THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a de nouveau pris la parole pour préciser qu’aucune arme américaine n’a jamais visé la RPDC.  Elle a ajouté que son pays travaille avec ses alliés pour les aider à protéger leur souveraineté contre les actions nord-coréennes, lesquelles s’appuient sur la paranoïa que nourrit la RPDC à l’endroit des États-Unis en faisant état d’une éventuelle attaque américaine.  De plus, l’assistance humanitaire que les États-Unis sont prêts à apporter vise à aider le peuple de la RPDC et non à le détruire, a-t-elle fait valoir. 

Dans une nouvelle prise de parole, M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a fait remarquer que les moyens mobilisés par les États-Unis lors de ses exercices militaires « offensifs » sont « colossaux » et constituent une menace pour son pays.  Si les États-Unis désirent vraiment la paix et la stabilité, ils doivent cesser immédiatement leurs exercices militaires conjoints, a-t-il conclu. 

Reprenant à son tour la parole, M. GUANG SHUANG (Chine) a souhaité rectifier la citation de ses propos faite par la délégation des États-Unis.  Il a répété que la sécurité de tous les États est indivisible et que si les préoccupations sécuritaires de la RPDC ne sont pas prises en compte, la péninsule coréenne ne pourra être sûre.  Le représentant a donc appelé les différentes parties à rétablir la confiance et à reprendre le dialogue. 

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