Ukraine: le Conseil de sécurité se réunit à la demande de la Fédération de Russie après les frappes ukrainiennes du 7 novembre sur Donetsk
Des frappes de l’armée ukrainienne qui ont touché hier, 7 novembre, un quartier très peuplé de Donetsk ont déclenché une réunion du Conseil de sécurité qui s’est tenue, cet après-midi, à la demande de la Fédération de Russie. À cette occasion, le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, M. Miroslav Jenča, a rappelé que l’invasion lancée il y a 20 mois par la Russie, « en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international », a entraîné la mort de 9 333 personnes et infligé des blessures à 18 302 autres. Un bilan auquel s’ajoute les destructions d’infrastructure et de services essentiels, qui mettent 17,6 millions de personnes dans le besoin d’assistance humanitaire.
Après avoir donné des détails sur les frappes les plus récentes, M. Jenča a mis en garde contre le risque d’une plus grande escalade, à l’orée du deuxième anniversaire de cette guerre. Cela pourrait entraîner des répercussions sur la sécurité du peuple ukrainien, de la région et au-delà, a-t-il craint.
Le représentant russe a décrit précisément les frappes d’hier en montrant à ses homologues du Conseil les photos du « lieu du crime ». Il en a dressé le bilan: 6 civils tués et 55 autres blessés, dont 3 enfants, ainsi que des membres du personnel d’urgence arrivés sur les lieux. Les frappes ont eu lieu au milieu d’une journée de travail, à 16 h 25, puis à 16 h 40 et 18 h 27, a-t-il décrit, en attribuant à l’Ukraine l’intention de toucher le plus de monde, y compris des sauveteurs et des policiers. Il a insisté sur cette habitude des « terroristes » de mener des frappes répétées au même endroit.
Le délégué de la Russie a mentionné d’autres « attaques aveugles » lancées par l’armée ukrainienne sur Donetsk le 31 octobre et en a recensé 20 ayant touché des ambulanciers et des médecins. Ces frappes meurtrières répétées visaient délibérément des civils, selon lui, « un crime cynique » rendu possible par des armes occidentales, a-t-il affirmé. Il a d’ailleurs estimé qu’il aurait pu également justifier sa demande de réunion en invoquant les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine.
En retour, plusieurs membres du Conseil, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni notamment, ont accusé la Fédération de Russie de chercher à « distraire le Conseil avec des réunions fallacieuses », afin de « détourner l’attention » et de manipuler ces événements de façon cynique pour les exploiter à son profit. « S’évertuer à manipuler les faits ne changera rien à la réalité de ce conflit », a prévenu la France.
Au lieu de verser des larmes de crocodile, la Fédération de Russie pourrait plutôt commencer à se comporter comme un État épris de paix en retirant ses troupes de l’Ukraine, a renchéri le représentant ukrainien. De l’avis du Mozambique, une spirale de dénonciations, d’accusations et d’escalade rend le conflit encore plus insoluble.
Les membres du Conseil ont, de manière générale, dénoncé les vagues d’attaques incessantes infligées à la population ukrainienne depuis plus de 20 mois. La France et le Royaume-Uni ont affirmé que les Russes ont perpétré de multiples violations du droit international humanitaire, qui s’apparentent à des crimes de guerre, par leurs attaques intentionnelles sur des infrastructures civiles. Ces attaques ont en outre exacerbé l’insécurité alimentaire mondiale, a relevé Malte.
L’Albanie a comptabilisé non seulement les morts et les blessées, mais aussi les personnes déplacées (plus de 5 millions) et celles qui se sont réfugiés dans divers pays européens (5,8 millions). L’agression russe a entraîné également la destruction de 25 000 kilomètres de routes et de 344 ponts et viaducs, a-t-elle signalé. Le délégué de l’Ukraine a ajouté à cette liste une information sur un missile russe ayant touché aujourd’hui un navire civil battant pavillon libérien près d’Odessa, qui a fait 1 mort et 4 blessés.
Dans ce contexte, des appels à la désescalade militaire et à la reprise du dialogue ont été lancés, notamment pour protéger les civils et les infrastructures civiles en toutes circonstances, conformément au droit international et au droit international humanitaire. Le respect de la loi n’est pas facultatif, ont estimé les Émirats arabes unis, tandis que le Gabon déplorait que tous les appels à une cessation des hostilités demeurent lettre morte, chacun affûtant ses armes et renforçant ses positions.
L’Équateur a recommandé de passer d’une logique de force et de domination à une logique diplomatique. Les efforts diplomatiques doivent être déployés pour sécuriser une paix juste, complète et durable, a abondé le Ghana, appelant à rebâtir la confiance « douloureusement érodée ». La Chine a tenu à rappeler qu’« on peut gagner des guerres avec des armes mais pas la paix », en demandant aux pays qui ont de l’influence de jouer un rôle positif plutôt que d’aggraver les tensions. Le représentant de l’Ukraine a assuré, pour sa part, que son pays persistera dans son droit à la légitime défense.
MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Déclarations
M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, a rappelé que, voici 20 mois, la Fédération de Russie lançait son invasion à grande échelle de l’Ukraine, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international. Il en est résulté des milliers de civils tués et des millions de personnes déplacées, sans compter les blessés. La guerre a également causé des destructions massives, touchant en particulier les services essentiels, comme les écoles, les hôpitaux, les infrastructures alimentaires et hydriques. Presque la moitié de la population, soit 17,6 millions de personnes, a aujourd’hui besoin d’assistance humanitaire, a encore comptabilisé le Sous-Secrétaire général. Il a cité précisément les chiffres du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, selon lesquels 9 333 personnes ont été tuées et 18 302 autres blessées depuis février de l’année dernière. Les chiffres seraient même plus élevés, si l’on en croit certains rapports, a-t-il ajouté.
Alors que la guerre se poursuit sans que l’on n’en voie la fin, les attaques contre les civils et les infrastructures civiles se poursuivent, a noté le haut fonctionnaire, en citant en particulier les régions ukrainiennes de Kharkiv, Kherson, Zaporizhzhia, Donetsk et Louhansk, qui sont constamment sous les bombardements. Il a signalé que les dernières semaines avaient vu une escalade de la tendance, avec des bombardements visant des infrastructures cruciales, notamment énergétiques, ce qui soulève des préoccupations majeures au regard de l’hiver qui approche.
M. Jenča a donné des détails sur ces frappes. Ainsi le 18 octobre dernier, 10 personnes ont été tuées dans des bombardements visant Dnipropetrovsk, Kherson, Mykolaev et Zaporizhzhia en Ukraine. Le 1er novembre, l’Ukraine a en outre subi les plus intenses bombardements depuis le début du conflit. Et, le 3 novembre, neuf personnes ont été tuées par le tir d’un missile sur la ville ukrainienne de Chaplynka, actuellement sous le contrôle russe. Le même jour, une attaque massive de drones a ciblé des infrastructures civiles, blessant des civils, dont des enfants, dans les régions ukrainiennes de Lviv, Kharkiv, Kherson et Odessa. Le Sous-Secrétaire général a fermement condamné toutes ces attaques.
Concluant son intervention, M. Jenča a mis en garde contre le risque d’une plus grande escalade, à l’orée du deuxième anniversaire de cette guerre. Cela pourrait entraîner des répercussions sur la sécurité du peuple ukrainien, de la région et au-delà, a-t-il craint. Pour cette raison, il a pressé les États Membres à prévenir ce risque et à bâtir les fondations d’une paix durable, en lien avec la Charte et les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit avoir demandé cette réunion d’urgence du Conseil après une autre grave violation « flagrante » du droit international humanitaire commise par l’Ukraine, à savoir des frappes massives sur un quartier très peuplé de Donetsk le 7 novembre. « Nous aurions pu aussi demander cette réunion en raison des livraisons d’armes occidentales », a-t-il ajouté. Outre des immeubles, le bâtiment de la protection sociale a été frappé, a signalé le représentant en brandissant des photos du « lieu du crime » reçues d’habitants du Donbass. Il a fait remarquer que la première frappe avait été effectuée au milieu de la journée de travail, à 16 h 25, puis à 16 h 40 et 18 h 27. Il a relevé que les « terroristes », comme à leur habitude, mènent des frappes répétées au même endroit, sachant très bien que les sauveteurs, médecins, policiers et journalistes arrivent promptement sur les lieux. Il a fait le bilan de cette attaque: 6 personnes civiles tuées et 55 blessées, dont 3 enfants, tandis que des sauveteurs arrivés sur les lieux et des policiers ont été tués ou blessés.
Le représentant a recensé d’autres attaques aveugles lancées sur Donetsk à trois reprises le 31 octobre, recensant au total plus de 20 cas de frappes par l’armée ukrainienne contre les sauveteurs et les médecins. Ces frappes meurtrières répétées, visant délibérément des civils, ont été rendues possibles par des armes occidentales, selon le délégué. Il s’agit d’un « crime cynique » pour lequel il ne saurait y avoir de prescription, a-t-il tranché. Il a rappelé les bombardements massifs contre des cibles civiles conduites en Iraq en 2003 par les États-Unis. « À ce titre, l’Ukraine est une bonne élève. » Il a constaté l’impuissance de ces frappes sur le champ de bataille tout en soulignant le lourd bilan de cette « terreur ukrainienne » contre les populations civiles du Donbass depuis mai 2014. Il semble que le « régime de Kiev » oublie que les habitants du Donbass sont des compatriotes, a déclaré le délégué russe. Enfin, il a indiqué que les frappes d’hier ont atteint des zones civiles, « ce que le régime de Kiev et ses parrains occidentaux ne pouvaient ignorer ».
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a rappelé le caractère indiscriminé des assauts par les belligérants en Ukraine, dont souffrent en premier lieu les populations, installations et infrastructures civiles. Il a rappelé que son pays appelait de manière incessante, comme d’autres, à l’arrêt des affrontements, mais que ces appels demeuraient « lettre morte » et que les perspectives de dialogue restaient lointaines, « chacun affûtant ses armes et renforçant ses positions ». Il s’est dit alarmé par « la remise en question par certains États de certains accords de sécurité », une tendance qui inverse les gains acquis en matière de désarmement après la guerre froide, a-t-il noté. Il a réitéré son appel à mettre à profit les mécanismes de la Charte des Nations Unies pour le règlement des conflits. « Il est toujours temps pour la diplomatie et le dialogue », a-t-il déclaré, en concluant que « ce Conseil est un Conseil de sécurité, et non un Conseil de guerre ».
M. OSAMU YAMANAKA (Japon) a déclaré que Donetsk fait partie intégrante de l’Ukraine, rappelant que l’occupation actuelle de cette région par la Fédération de Russie viole la souveraineté, l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, tel qu’explicitement établi dans les résolutions adoptées par l’Assemblée générale. Il a ensuite estimé que les attaques ciblant les populations et les infrastructures civiles constituent des crimes de guerre pour lesquels il ne doit y avoir aucune tolérance ou impunité, appelant la communauté internationale à faire respecter le droit international humanitaire. En conclusion, il a exhorté la Russie à mettre fin à ses attaques et à retirer ses troupes d’Ukraine.
M. FELIX OSEI BOATENG (Ghana) a appelé les parties belligérantes à mettre fin aux hostilités en Ukraine, soulignant le lourd tribut humanitaire de ce conflit, en particulier pour les enfants. Il a également réitéré son appel aux parties au conflit pour qu’elles respectent scrupuleusement leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, sans exception. Le représentant s’est ensuite déclaré convaincu que des efforts diplomatiques doivent être déployés pour sécuriser une paix juste, complète et durable. Il a insisté sur la nécessité de rebâtir la confiance, qui a été douloureusement érodée, tout en aidant les parties à reconnaître la valeur de la paix. Enfin, constatant que la guerre n’a rapproché aucune des parties de ses objectifs en termes de sécurité, le représentant les a exhortées à rechercher une solution non par la violence, mais par les moyens acceptables offerts par le droit international et le règlement pacifique des différends.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a déclaré que la Fédération de Russie essaye, une nouvelle fois, de détourner l’attention de la communauté internationale des atrocités qu’elle commet en Ukraine. Elle ne pourra néanmoins pas se soustraire à ses responsabilités quant aux pertes en vies humaines découlant de la guerre choisie, a tranché le délégué. Il a indiqué que son pays appuie l’Ukraine dans sa légitime défense contre la guerre d’agression russe, non justifiée et non provoquée. Il a souligné la nécessité de protéger les civils, conformément au droit international humanitaire, rappelant que c’est un impératif juridique et moral. Il a estimé que les pertes civiles tragiques en Ukraine pourraient être évitées si la Russie écoutait les quelque 140 pays qui l’exhortent à cesser sa guerre d’agression et à se retirer d’Ukraine.
La guerre de la Russie contre l’Ukraine sape la sécurité internationale, a martelé le représentant. Il a condamné les frappes russes qui visent délibérément les infrastructures civiles essentielles, notamment le système de chauffage à l’électricité, aux heures les plus froides. Les missiles cherchent aussi à toucher les écoles et les hôpitaux, a-t-il fait remarquer. Il a également dénoncé le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire. Le délégué a, enfin, dénoncé la menace nucléaire agitée par la Russie, un chantage irresponsable selon lui. La Russie est seule responsable de la prolongation de cette guerre et des morts qui en découlent, a conclu le délégué en lui demandant de retirer immédiatement ses troupes de l’Ukraine.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a pris note des faits rapportés par les autorités autoproclamées de Donetsk, « territoire illégalement occupé », avant de condamner la manipulation de ces événements par la Russie, qui, « de façon cynique, tente de les exploiter à son profit ». Ce faisant, la Russie cherche à nouveau à détourner l’attention du Conseil et de la communauté internationale de ses propres responsabilités et des crimes qu’elle commet quotidiennement, a‑t‑elle accusé, rappelant que, depuis l’invasion de février 2022, les autorités russes ont perpétré de multiples violations du droit international humanitaire, qui s’apparentent à des crimes de guerre, en prenant intentionnellement pour cible des civils et des infrastructures à caractère civil, comme l’a confirmé la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine établie par le Conseil des droits de l’homme (CDH).
Pour ce qui est des faits se déroulant dans les territoires illégalement occupés par la Russie, cette dernière doit se conformer au droit international humanitaire, en accordant l’accès des acteurs humanitaires aux populations civiles qui s’y trouvent, et plus largement aux Nations Unies, a insisté la représentante, non sans rappeler le rôle que joue la Cour pénale internationale (CPI) dans la lutte contre l’impunité des responsables de crimes de guerre en vue d’apporter réparation aux victimes et aux survivants. « S’évertuer à manipuler les faits ne changera rien à la réalité de ce conflit », a‑t‑elle affirmé, estimant que seule la Russie peut mettre fin à cette guerre qu’elle a provoquée en toute illégalité. Dans cette attente la France continuera de se tenir aux côtés de l’Ukraine et d’œuvrer à la recherche d’une paix conforme à la Charte des Nations Unies, a conclu la représentante.
M. THOMAS PATRICK PHIPPS (Royaume-Uni) a rappelé que les enquêtes de l’ONU confirment que la Fédération de Russie est responsable de violations flagrantes des droits humains et du droit international humanitaire, assimilables à des crimes de guerre.
Il a déclaré qu’il y a neuf jours, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) avait publié un rapport sur l’attaque russe contre Hroza qui a tué 59 personnes, « l’incident le plus meurtrier pour les civils depuis le lancement de l’invasion illégale » par la Fédération de Russie, a‑t‑il précisé. Or, le représentant russe a lui-même admis devant le Conseil que son pays avait « délibérément pris pour cible » le site de Hroza, en affirmant qu’il visait du personnel militaire, a‑t‑il précisé, et l’enquête de l’ONU a conclu qu’il n’y avait pas d’indication de présence militaire légitime à l’intérieur ou à proximité du café au moment de l’attaque russe, a‑t‑il précisé.
Il a par ailleurs souligné que les affirmations de la Russie sur ce qui avait pu se passer à Donetsk hier n’avaient pas été vérifiées et resteraient non vérifiées tant que l’ONU ou d’autres organismes indépendants n’y auraient pas accès. Il a conclu son intervention en rappelant que d’autres tragédies humaines complexes se déroulaient dans le monde et que trop souvent, la Fédération de Russie « tente de distraire le Conseil avec des réunions fallacieuses ». Moscou « doit se retirer du territoire ukrainien et mettre fin à sa guerre d’agression », a‑t‑il insisté en conclusion.
M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a estimé que le récent incident à Donetsk, comme beaucoup d’autres, démontre une fois de plus l’urgence d’une entente entre les parties pour désamorcer le conflit tant il est clair que la poursuite des combats n’apportera pas la paix et ne fera qu’aggraver les souffrances imposées à des millions de civils des deux côtés du front. C’est la seule façon, a-t-il ajouté, de mettre fin à ces pertes insensées de vies humaines, à la destruction des infrastructures de l’Ukraine et à tant d’effets désastreux pour le monde entier, en particulier pour les pays en développement. Le représentant a exhorté les parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population de la zone de conflit contre les conséquences des bombardements aveugles et de l’utilisation généralisée de mines terrestres qui affecteront de vastes étendues de territoire pour les décennies à venir. Il a en outre plaidé en faveur de la protection des installations nucléaires, avant d’exhorter les parties à rechercher une solution politique à leurs différends, conformément à l’Article 33 de la Charte des Nations Unies.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a présenté ses condoléances aux familles de toutes les victimes de l’attaque de Donetsk, souhaitant un prompt rétablissement aux blessés. Il a dénoncé les destructions d’infrastructures civiles et les attaques contre des installations nucléaires, appelant au respect des principes de proportionnalité et de distinction, en particulier pour préserver les sites indispensables à la survie de la population civile. Le respect de la loi n’est pas facultatif, a‑t‑il ajouté, estimant que le Conseil de sécurité doit agir en trouvant les moyens d’aller de l’avant dans la résolution de ce conflit.
Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) a condamné l’agression militaire russe et appelé toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire. Elle a fait part de sa consternation devant « les vagues d’attaques incessantes » auxquelles la population civile ukrainienne est soumise depuis plus de 20 mois et fait écho à l’avertissement du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) concernant l’impact d’attaques qui ont causé de graves dégâts aux installations énergétiques, écoles, hôpitaux et autres services publics, notamment dans les régions du sud et de l’est de l’Ukraine. Elle a rappelé que les attaques ne devaient être dirigées que contre des objectifs militaires et toutes les précautions possibles être prises pour épargner les civils.
Elle a souligné l’importance du travail des acteurs humanitaires en Ukraine, ainsi que la nécessité de garantir « un accès sans entrave dans toute l’Ukraine », y compris dans les territoires placés sous le contrôle de la Fédération de Russie, comme la ville occupée de Donetsk. Elle a conclu son intervention en indiquant que la Suisse ne reconnaissait pas l’intégration des territoires ukrainiens dans la Fédération de Russie et en appelant ce pays à retirer « sans délai » ses troupes du territoire ukrainien.
M. DARREN CAMILLERI (Malte) a déploré la destruction des infrastructures vitales et les attaques répétées envers les populations civiles par la Fédération de Russie, qui ont fait de nombreux décès parmi les civils et exacerbent l’insécurité alimentaire mondiale depuis plus de 20 mois. À ce titre, il a fermement condamné les attaques de l’armée russe contre les infrastructures scolaires, médicales et éducatives, ainsi que contre les stocks céréaliers. Les belligérants doivent s’efforcer d’épargner les civils, y compris le personnel humanitaire, a-t-il exhorté, rappelant que les attaques à l’aveugle sont interdites en vertu du droit humanitaire international. Réitérant le soutien de sa délégation pour l’établissement des responsabilités concernant les crimes de guerre, il a réaffirmé le plein soutien de son pays à l’Ukraine et à son droit de défendre son intégrité territoriale en vertu de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.
M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a dénoncé la pratique « de plus en plus courante et inquiétante » consistant à prendre pour cible des civils, notamment des femmes, des enfants et des travailleurs humanitaires, lors des conflits dans le monde entier. Ce ciblage délibéré des civils pourrait signaler une érosion du système contemporain de relations internationales, a-t-il avancé. Lorsque les règles de la guerre sont abandonnées, il peut en résulter une « spirale de dénonciations, d’accusations et d’escalade » qui rend le conflit encore plus insoluble, a averti le représentant. Il a donc réitéré l’appel de sa délégation aux parties au conflit en Ukraine pour qu’elles fassent preuve de distinction, de proportionnalité et de précaution dans leurs opérations militaires et remplissent leurs obligations légales en matière de protection des civils.
M. ANDRIS STASTOLI (Albanie) a vivement dénoncé les souffrances et les pertes de vie infligées par la Russie aux civils ukrainiens. Faisant le total, il a déclaré que plus de 10 000 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées; que plus de 5 millions ont été déplacées; et que 5,8 millions d’autres ont cherché refuge dans divers pays européens. Au sujet des dégâts subis par l’infrastructure ukrainienne, il a expliqué que, selon la Banque mondiale, le coût des dommages a grimpé à 35,7 milliards de dollars depuis le début de ce conflit à grande échelle.
D’un autre côté, l’agression de la Fédération de Russie a entraîné la destruction de 25 000 kilomètres de routes et de 344 ponts et viaducs. Les conséquences à long terme de ces dommages sont évidentes, a‑t‑il estimé, en renvoyant aux déclarations récentes du maire légalement élu de Marioupol selon qui il faudrait 20 ans, soit près d’une génération, pour que la ville retrouve sa taille d’avant-guerre. Le représentant s’est demandé la raison pour laquelle la Russie avait convoqué cette réunion alors que l’on attend toujours une explication satisfaisante de la part de ce pays concernant ses attaques et bombardements sans relâche contre les civils à Donetsk, Louhansk, Zaporizhzhia et dans d’autres territoires ukrainiens. Pourquoi s’efforce‑t‑il d’effacer toute trace de l’identité nationale ukrainienne et de rendre la vie insupportable à la population, s’est interrogé le représentant albanais. Il a réitéré son appel à la Russie pour qu’elle cesse la guerre, retire toutes ses troupes des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, et s’engage sincèrement dans un processus de paix global et juste.
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a rappelé la nécessité de protéger les populations civiles en toutes circonstances, dénonçant également les frappes contre les infrastructures civiles essentielles. Il a rappelé le droit à la légitime défense des peuples, avant de souligner la nécessité de respecter le droit international humanitaire. Il faut passer d’une logique de force et de domination à une logique diplomatique, dans le respect de la Charte des Nations Unies, en vue d’une paix durable, a plaidé le représentant. « À cette fin, nous exhortons une nouvelle fois la Russie à mettre un terme à l’invasion prolongée de l’Ukraine », a‑t‑il conclu.
M. GENG SHUANG (Chine) a dénoncé la frappe de missile sur Donetsk, qui a endommagé des infrastructures civiles et fait des dizaines de morts dans la population locale. Rappelant que la protection des civils est une ligne rouge au regard du droit international humanitaire, il a appelé les belligérants à faire preuve de retenue et à tout faire pour protéger les populations civiles et les infrastructures essentielles. « On peut gagner des guerres avec des armes mais pas la paix », a‑t‑il affirmé. Pour le représentant, l’afflux d’armes vers les champs de bataille ne fait que perpétuer la crise ukrainienne et précipiter davantage d’innocents dans la souffrance. Dans ce contexte, il a appelé toutes les parties, en particulier les pays ayant de l’influence, à jouer un rôle positif plutôt que d’aggraver les tensions. « Nous sommes du côté de la paix et du dialogue », a‑t‑il conclu, en exhortant la communauté internationale à renforcer ses efforts diplomatiques pour parvenir à la cessation des hostilités et au rétablissement de la paix dans les plus brefs délais.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour réagir aux déclarations de certaines délégations occidentales. « Vous êtes des hypocrites et des cyniques, et cela se voit », leur a-t-il dit, faisant observer que, ces derniers temps, ils n’ont pas fait grand cas du sort réservé aux civils dans la bande de Gaza. « Vous accusez la Fédération de Russie, mais fermez les yeux depuis huit ans », depuis 2014, lorsque cette guerre a commencé, alors que « le régime de Kiev, appuyé par ses bataillons de nazis », pilonnait sans discontinuité ceux qui étaient encore leurs propres compatriotes dans le Donbass, a lancé le délégué. « Où était votre humanisme hypocrite à l’époque? »
M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a estimé qu’au lieu de « verser des larmes de crocodile dans l’enceinte du Conseil », le représentant de la Fédération de Russie pourrait plutôt commencer à se comporter comme un État Membre épris de paix, comme le requiert l’Article 4 de la Charte des Nations Unies, en retirant ses troupes de l’Ukraine. Jusqu’à ce que cela arrive, l’Ukraine persistera dans son droit à la légitime défense, a-t-il promis. Il a déclaré que toutes les troupes russes et leurs sites de déploiement, leurs installations et autres articles militaires constituent des cibles légitimes pour l’Ukraine.
Des photos et vidéos montrent clairement que la frappe de précision d’hier a touché le bâtiment d’un centre de formation à l’utilisation des drones. Elles montrent aussi que des activités d’assemblage et des formations militaires russes s’y déroulent, a signalé le représentant. Il a aussi évoqué un navire de guerre russe conçu pour porter huit missiles, qui devait participer à une campagne de terreur contre les infrastructures essentielles ukrainiennes, notamment énergétiques, dès que le gel commencera. Il a été notifié qu’un missile russe a touché, aujourd’hui, un navire civil battant pavillon libérien près d’Odessa, ayant fait 1 mort et 4 blessés, a encore signalé le délégué. Enfin, le représentant ukrainien a salué le fait que 66 pays et organisations internationales aient participé, le 28 octobre à Malte, à la réunion sur le plan de paix en 10 points de l’Ukraine. Il a invité toutes les nations éprises de paix à transposer cette vision dans la réalité.