9435e séance – matin
CS/15438

Conseil de sécurité: plaidoyer pour un renforcement de la coopération ONU-Union africaine et le financement par l’ONU des opérations de paix pilotées par l’UA

Une semaine après la tenue à Addis-Abeba de sa dix-septième réunion consultative conjointe annuelle avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), le Conseil de sécurité a entendu ce matin de nouveaux plaidoyers en faveur du renforcement de la coopération entre l’ONU et l’UA aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales, y compris au-delà du Chapitre VIII de la Charte, relatif aux accords régionaux. 

Une fois encore, des appels ont été lancés pour que le Conseil adopte une résolution sur le financement par l’ONU des opérations de paix conduites par l’UA.  Plusieurs délégations, y compris parmi les membres permanents du Conseil, se sont dites prêtes à soutenir une telle initiative.

Parmi les intervenants, le Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’UA et Chef du Bureau de l’ONU à Addis-Abeba, M. Parfait Onanga-Anyanga, s’est voulu le porte-voix de cette revendication.  Après avoir souligné que le communiqué final de la réunion, publié le 6 octobre, avait mis en avant la volonté du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de travailler ensemble pour résoudre les problèmes de paix et de sécurité du continent, il a insisté sur la dimension complémentaire des deux organes: leur partenariat stratégique repose, a-t-il dit, sur le double principe de la complémentarité et des avantages relatifs. 

Mais, au vu des défis que connaît le continent, des efforts renouvelés sont nécessaires, si l’on veut parvenir aux objectifs de paix et de sécurité collective, conformément aux recommandations du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général, a fait observer M. Onanga-Anyanga.  Pour lui, il faut mettre l’accent sur les systèmes de prévention au niveau régional en améliorant la diplomatie préventive, tout en renforçant les opérations de paix. 

Cette approche ne sera toutefois réussie et efficace que si elle est soutenue par des financements suffisants, souples, prévisibles et pérennes des opérations de paix pilotées par l’UA, a insisté le Représentant spécial.  En outre, en donnant l’initiative à ces opérations africaines, le Conseil de sécurité, dans les faits, s’autonomisera lui-même, en renforçant ses fonctions telles que décrites à l’Article 24 de la Charte des Nations Unies, a-t-il assuré. 

L’Observatrice permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies n’a pas dit autre chose. Elle a rappelé qu’il existe, depuis 2017, un cadre commun pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité entre l’ONU et l’UA.  Ce qu’il faut maintenant, c’est se débarrasser de la lourdeur administrative et mettre en commun les ressources des deux organisations pour réagir rapidement et de manière décisive aux crises, a-t-elle plaidé.  C’est pourquoi le Conseil de sécurité devrait adopter une résolution sur le financement par le budget ordinaire de l’ONU, des opérations de paix dirigées par l’UA. 

Le Directeur de Amani Africa, un groupe de réflexion panafricain travaillant sur les processus politiques multilatéraux, M. Solomon Ayele Dersso, s’est voulu encore plus incisif: approfondir ce partenariat n’est pas une question de choix mais une condition préalable à la réalisation des objectifs de paix, de sécurité et de développement.  Renvoyant les membres du Conseil de sécurité au rapport du Secrétaire général « Notre Programme commun », il a assuré que les organisations régionales comblent une lacune critique dans l’architecture mondiale de paix et de sécurité, avant de plaider à son tour en faveur d’un nécessaire arrangement systématique, inclusif et institutionnalisé pour cadrer cette coopération.  Il a en particulier appuyé la proposition du Secrétaire général visant une nouvelle génération d’opérations de paix sur le continent.  Dirigées par l’UA et appuyées par l’ONU, celles-ci combineraient les forces respectives des deux organisations, en donnant la priorité aux solutions politiques. 

Ces analyses, qualifiées de « pertinentes », ont été appuyées par nombre de délégations, en premier lieu par les trois pays africains membres du Conseil.  Par la voix du Mozambique, les A3 ont repris à leur compte les appels du Secrétaire général et du Communiqué conjoint d’Addis-Abeba: il faut un accès d’urgence au Fonds des contributions statutaires de l’ONU pour les opérations d’appui à la paix de l’UA.

D’autres délégations, comme celles du Brésil ou de l’Albanie, ont appuyé cette demande.  Compte tenu que l’UA est un outil formidable, capable de mettre fin aux souffrances immenses endurées par les civils dans tout le continent, ses opérations de maintien de la paix doivent s’appuyer sur un financement prévisible, durable et flexible, a, de même, estimé la Suisse. 

Pour le représentant de la France aussi, il y a besoin d’approfondir cette coopération, dans le contexte où les efforts déployés par l’UA ont effectivement eu des résultats, en particulier au Soudan, en République démocratique du Congo ou pour lutter contre les Chabab en Somalie.  Pour cette raison, la délégation française est prête à soutenir l’adoption d’une résolution sur le financement durable des opérations africaines de paix. 

Le Royaume-Uni a indiqué son « impatience » à travailler à cette résolution-cadre, et la Fédération de Russie, pour qui le potentiel de coopération de l’ONU avec l’Union africaine n’a pas encore été pleinement exploité, s’est dite prête à réfléchir à un modèle de financement viable.  Malte a appelé à un consensus autour de la question, tandis que le Japon a dit soutenir « en principe » la création d’un tel mécanisme de financement, en partie et au cas par cas.  Sans se positionner, les États-Unis ont estimé que l’ONU et ses partenaires régionaux doivent travailler ensemble autour des priorités identifiées par le Secrétaire général dans son rapport. 

La Chine a, quant à elle, insisté sur la nécessité pour l’ONU de traiter d’égal à égal avec l’UA dans le respect et la compréhension mutuels.  Il n’y a pas de hiérarchie, et de ce fait, il ne faut pas imposer de règles à l’Union africaine, a-t-elle insisté. 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Union africaine (S/2023/629)

Déclarations

M. PARFAIT ONANGA-ANYANGA, Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’Union africaine et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (UA), a commencé par remercier les membres du Conseil de sécurité qui ont visité la semaine dernière le siège de l’Union africaine à Addis-Abeba.  Vos échanges avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ainsi que le communiqué final qui a sanctionné vos discussions démontrent de votre volonté de travailler ensemble pour résoudre les problèmes de paix et de sécurité du continent, dans un esprit de coopération, de respect mutuel et de solidarité, a-t-il dit.  Il a ensuite estimé que le partenariat stratégique ONU-UA repose sur le double principe de la complémentarité et des avantages relatifs, en tirant parti des forces de chaque organisation pour atteindre plus efficacement les objectifs communs de paix et de stabilité.  Il a mis l’accent sur la diplomatie préventive et la médiation.

Le Représentant spécial a également déclaré que le Conseil avait visité le continent au moment même où le continent est confronté à des crises liées à la logique de guerre, au terrorisme, aux coups d’État et aux effets des changements climatiques. Tout ceci risque de mettre à mal les maigres gains des années pré-COVID-19, alors même que les efforts de relance postpandémie peinent à produire les effets escomptés, laissant les pays africains dans un état de stress fiscal et d’endettement.  Ici apparaît, dans sa complexité, le lien entre développement, paix et sécurité, a-t-il fait observer; d’où, les injonctions du Secrétaire général visant à adopter une approche holistique aux efforts de prévention des conflits, en particulier en Afrique. 

M. Onanga-Anyanga s’est ensuite attardé sur les défis que connaît le continent, notamment les changements climatiques, l’enracinement des inégalités, les confits, les actes de terrorisme et d’extrémisme violent, les changements anticonstitutionnels de gouvernance ou les crises humanitaires et sécuritaires, comme au Soudan ou en République démocratique du Congo.  Pour cette raison, il faut des efforts renouvelés pour que la sécurité collective devienne plus efficace, conformément aux recommandations figurant dans la note politique du Secrétaire général, dans le Nouvel Agenda pour la paix de juillet 2023, a-t-il plaidé.  Il faut mettre l’accent sur les systèmes de prévention au niveau régional en améliorant la diplomatie préventive, tout en renforçant les opérations de paix.  Et en la matière, l’Union africaine a réalisé des efforts louables, a-t-il assuré.

Mais cette approche ne sera réussie et efficace que si elle est soutenue par des financements suffisants, souples, prévisibles et pérennes des opérations de paix pilotées par l’Union africaine, a poursuivi le Représentant spécial, appelant, une fois de plus, le Conseil de sécurité à réfléchir à cette question.  En donnant l’initiative à ces opérations africaines, le Conseil de sécurité, dans les faits, s’autonomisera lui-même, en renforçant ses fonctions telles que décrites dans l’Article 24 de la Charte des Nations Unies, a-t-il assuré.  Il a alors appelé le Conseil de sécurité à consulter des experts et expertes, avant que des décisions importantes ne soient prises.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Observatrice permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a exhorté à unir les efforts pour gérer les crises en cours et prévenir les conflits futurs.  Il faut approfondir le multilatéralisme, la solidarité et la coopération pour promouvoir la paix et la sécurité internationales, a-t-elle déclaré. Mme Mohammed a demandé plus d’équité, d’inclusivité et d’efficacité au sein du Conseil de sécurité face aux crises de longue date ou émergeantes.  L’Union africaine, a-t-elle ajouté, demeure extrêmement préoccupée par l’éclatement de conflits dans de nombreuses régions du monde y compris les changements anticonstitutionnels de gouvernement, le terrorisme, les changements climatiques et les défis socioéconomiques difficiles.

Depuis la signature du Cadre commun Organisation des Nations Unies (ONU)-Union africaine (UA) pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité en 2017, il faut renforcer et améliorer la collaboration dans la prévention des conflits, la gestion des crises et le renforcement de l’État, a poursuivi Mme Mohammed.  De la Libye au Sahel, en passant par la Corne de l’Afrique, l’Afrique centrale et les Grands Lacs, il faut empêcher que les parties au conflit se jouent de l’une ou de l’autre des deux organisations pour faire avancer leurs propres intérêts. L’Union africaine et l’ONU doivent restaurer la confiance et renforcer la transparence qui sont essentielles pour résoudre les conflits. 

L’Observatrice permanente a invité à mettre en commun les ressources des deux organisations en cette période de crise économique et à se débarrasser de la lourdeur administrative pour réagir rapidement et de manière décisive aux crises. Elle a donc appuyé la demande du Gouvernement fédéral somalien d’une pause technique dans le retrait de la Mission de l’Union africaine pendant trois mois et des ressources pour préserver les gains durement acquis en Somalie.  Elle a aussi prié le Conseil de sécurité d’adopter une résolution sur le financement des opérations de paix dirigées par l’UA par le biais du budget ordinaire de l’ONU. 

Mme Mohammed a encouragé à faire preuve d’innovation en matière de rétablissement de la paix.  Elle a ainsi estimé qu’alors que plusieurs missions de maintien de la paix de l’ONU se retirent, leurs moyens logistiques devraient être attribués aux mécanismes régionaux pour gérer les conflits à travers le continent.  La réaffectation de ces outils peut renforcer les efforts régionaux dans le règlement des conflits, a-t-elle ajouté. 

Mme Mohammed a également exhorté à s’attaquer à « la crise de l’État » sur le continent africain.  Il faut aider les États à devenir plus viables et capables de répondre aux besoins fondamentaux de leurs citoyens en matière de sécurité humaine, a estimé l’Observatrice permanente.  Les causes profondes des conflits découlent souvent de l’échec ou de l’incapacité d’assurer une gouvernance inclusive et la fourniture de biens et services essentiels. Par conséquent, il faut investir plus de temps, d’efforts et de ressources dans le renforcement de la résilience et des capacités des États et améliorer leur gouvernance et leur potentiel de développement.  Mme Mohammed a appelé les partenaires à adhérer à la Facilité africaine pour les transitions inclusives (AFSIT) visant à renforcer l’appui aux États qui traversent des transitions politiques difficiles. 

Enfin, Mme Mohammed a réitéré la détermination de l’Union africaine s’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, afin d’assurer une meilleure représentation du continent africain, une plus grande inclusivité et une plus grande équité. 

M. SOLOMON AYELE DERSSO, Directeur de Amani Africa, a présenté ce groupe de réflexion panafricain sur la recherche, la formation et le conseil en politiques, qui travaille sur les processus politiques multilatéraux intéressant l’Afrique.  À ce titre, il constitue la principale source d’information et d’analyse sur les questions de l’UA en général et de son Conseil de paix et de sécurité en particulier, y compris le partenariat stratégique de l’UA avec l’ONU.  En ce moment historique, a poursuivi M. Dersso, approfondir ce partenariat n’est pas une question de choix mais bien une condition préalable à la réalisation des objectifs de paix, de sécurité et de développement de la Charte des Nations Unies.  Mais pour que la présence de l’ONU et de l’UA dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales en Afrique reste pertinente, il faut que ces organes conjuguent leurs avantages comparatifs et coordonnent systématiquement leurs actions dans tous les dossiers, a-t-il recommandé.  Il a renvoyé à cet égard au rapport du Secrétaire général « Notre Programme commun » et au fait que les organisations régionales « comblent une lacune critique dans notre architecture mondiale de paix et de sécurité ». 

Cependant, comme l’a souligné M. Dersso, l’état du partenariat entre les deux organisations est loin d’être suffisant pour que l’UA puisse combler efficacement cette « lacune critique ».  Il a regretté que les réponses aux conflits et nouvelles menaces adoptent une approche « ad hoc et au cas par cas » pour mettre en place des opérations d’appui à la paix.  Il a plutôt conseillé d’établir « un arrangement systématique et institutionnalisé » pour cadrer cette coopération, en prônant l’inclusion des outils de paix et de sécurité de l’UA dans la boîte à outils du système mondial de sécurité collective.  Il a appuyé par ailleurs la proposition du Secrétaire général tendant à ce que le Conseil innove avec « une nouvelle génération d’opérations de paix sur le continent africain dirigées par l’UA et appuyées par l’ONU », qui combineraient les forces respectives des deux organisations en donnant la priorité aux solutions politiques et qui maximiseraient l’impact des capacités en uniforme et civiles.  En outre, il a appuyé l’idée de changer d’approche concernant les contributions financières de l’ONU à ces opérations: on passerait de l’utilisation « exceptionnelle » des contributions de l’ONU pour les opérations d’appui à la paix de l’UA à une approche devant être « considérée de manière plus systématique ». 

Pour Amani, l’aggravation de la polarisation dans le monde, en particulier entre les grandes puissances, est l’une des principales raisons de la fracture croissante du système multilatéral.  L’UA, dont les États membres représentent 28% des Membres de l’ONU, dispose d’un « réservoir unique de potentiel » pour jouer un rôle de modération face à une telle polarisation, a-t-il estimé.  Il a conclu en recommandant d’exploiter ce rôle modérateur de l’UA, de même que la position de l’Afrique en tant qu’avenir du multilatéralisme, à travers le partenariat ONU-UA.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a salué le rapprochement du Conseil de sécurité de l’ONU avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, soulignant que la complexité des crises en matière de sécurité en Afrique nécessite une amélioration de la coopération entre ces deux organes.  Sur ce point, le représentant a suggéré de trouver des solutions innovantes à un moment où le modèle dominant des opérations de maintien de la paix est sévèrement critiqué.  Le rôle croissant de l’UA et des organisations sous-régionales doit être soutenu de manière adéquate, a-t-il ajouté, assurant que le Brésil est prêt à s’engager activement dans les discussions sur la manière de garantir les ressources nécessaires aux opérations de paix dirigées par l’UA.  Ainsi a-t-il soutenu les accords qui maximisent l’expertise dont l’ONU et l’UA ont fait preuve dans plusieurs domaines.

Le rôle renforcé de l’UA ne devrait toutefois pas se traduire par un affaiblissement de la présence de l’ONU sur le terrain, a recommandé le représentant. « L’assistance fournie par les agences et bureaux régionaux des Nations Unies demeure en effet essentielle sur de nombreux fronts. »  Le délégué a notamment préconisé de renforcer le rôle de la Commission de consolidation de la paix dans la promotion de la prévention des conflits, de la médiation, du renforcement des capacités, du soutien électoral et de l’aide humanitaire. Ce rôle doit être accentué au Mali et en République démocratique du Congo dans la perspective du retrait de la MINUSMA et de la MONUSCO, a-t-il dit. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a rappelé que c’est depuis l’adoption du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, que les deux organisations ont développé un partenariat unique, fondé sur des objectifs partagés, le respect mutuel et l’appropriation africaine. Pour les A3, ce partenariat est devenu « un pilier du multilatéralisme moderne », a poursuivi le représentant, qui a souligné que c’est dans ce contexte que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité des Nations Unies viennent de conclure avec succès, à Addis-Abeba, leur dix-septième réunion consultative conjointe annuelle. 

Le représentant a salué le Communiqué conjoint d’Addis-Abeba, publié le 6 octobre 2023, qui réitère le rôle pivot des deux organisations dans le maintien de la paix et la sécurité en Afrique, fondé sur les principes de complémentarité, de subsidiarité et de partage du fardeau et des responsabilités face à la complexité des menaces et défis à la paix et la sécurité internationales.  Il a ensuite repris à son compte l’appel lancé dans le Communiqué conjoint en appui à celui du Secrétaire général pour donner un accès, d’urgence, au Fonds des contributions statutaires de l’ONU pour les opérations d’appui à la paix de l’Union africaine dans la recherche du maintien de la paix et la sécurité régionales et continentales. 

Les A3 ont reçu pour mission de l’Union africaine de discuter avec les États Membres de l’ONU et du Conseil de sécurité de la question du financement des opérations de paix de l’UA, a rappelé le représentant.  Une violation de la paix, où qu’elle ait lieu, est une menace pour la paix mondiale, a-t-il insisté.  Partant, la proposition du Secrétaire général est pertinente, a-t-il réitéré, soulignant que le dialogue ONU-UA couvre une multitude de questions clefs pour la paix et la sécurité mondiales.  La paix et la sécurité constituent un bien mondial qui ne saurait être bilatéralisé ou fragmenté, ni être autonome dans l’un ou l’autre coin du monde, a insisté le représentant.  Réitérant également le principe des solutions africaines aux problèmes africains, il a appuyé la réforme du Conseil de sécurité, en souffrance depuis longue date. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que le traitement des causes profondes des conflits va de pair avec la nécessité d’un développement durable, guidé par le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Il a estimé que la coopération de l’ONU avec l’Union africaine et avec les organisations régionales peut jouer un rôle essentiel dans la prévention des conflits.  Le soutien continu de l’ONU à l’initiative Faire taire les armes reste crucial pour renforcer les efforts de médiation et de désarmement, ainsi que pour appuyer l’autonomisation des femmes et des jeunes et l’éducation à la paix.  Le délégué a énuméré des exemples positifs obtenus avec l’appui de l’ONU, notamment l’accord de 2022 pour la cessation permanente des hostilités en Éthiopie, la poursuite de l’engagement avec la Somalie en matière de consolidation de la paix et d’édification de l’État, la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, ainsi que des processus de Nairobi et de Luanda.  Il a également souligné les progrès accomplis pour assurer des ressources prévisibles, durables et flexibles aux opérations de soutien de la paix dirigées par l’UA, notamment par l’intermédiaire du Fonds pour la paix. L’UA est un outil formidable, capable de mettre fin aux souffrances immenses endurées par les civils dans tout le continent, a-t-il affirmé.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a estimé que les approches conjointes de l’ONU et de l’Union africaine (UA) dans la médiation et l’identification précoce des conflits sont indispensables.  C’est pourquoi il a soutenu le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, qui mobilise la collaboration dès les premiers signes d’un conflit potentiel. 

Le délégué a salué que le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité aient mené, la semaine passée, pour la première fois, un débat sur le rôle des jeunes en faveur de la paix et la sécurité.  Les deux Conseils doivent continuer à faciliter la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, a-t-il déclaré. Il a évoqué les échanges qu’il a eus à Addis-Abeba avec deux jeunes activistes éthiopiennes qui organisent des conférences afin de rapprocher l’UA des jeunes.  Elles ont fait prendre conscience que la jeunesse africaine est le véritable moteur du développement du continent, a-t-il affirmé. 

Par ailleurs, le délégué a estimé que pour remplir leurs mandats, les opérations de maintien de la paix doivent s’appuyer sur un financement prévisible, durable et flexible. Cela vaut également pour les missions régionales autorisées par ce Conseil, a-t-il ajouté, notant en outre que le rôle de l’UA dans la gestion des défis actuels et émergents du continent en matière de sécurité est essentiel.  Il a ensuite salué l’initiative des A3 en faveur d’une décision du Conseil visant un financement des opérations de paix menées par l’Afrique. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que « nous sommes collectivement plus forts et plus pertinents lorsque nous capitalisons sur la valeur ajoutée de nos deux organisations ».  Il a donné comme exemples les efforts déployés par l’UA au Soudan afin de contribuer à la résolution du conflit ; la tenue de la réunion quadripartite sur la coordination des différentes initiatives régionales concernant la RDC ; ou encore la coopération entre l’UA et l’ONU en Somalie pour lutter contre les Chabab.  Il a recommandé d’approfondir cette coopération en matière de prévention des conflits, indiquant au passage que la France a été attentive aux décisions prises par l’UA en réponse aux changements anticonstitutionnels de gouvernement intervenus récemment.  « Le Sommet de l’UA à Malabo en mai 2022 a marqué la ferme désapprobation des chefs d’État africains face à ces initiatives qui menacent la paix et la sécurité du continent. » 

Le délégué a soulevé l’enjeu du sous-financement des économies africaines, notamment pour faire face aux changements climatiques.  Il a fait valoir la forte implication de la France dans ce domaine, en parlant du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial tenu en juin dernier.  Il s’est félicité des progrès réalisés pour placer, auprès d’organisations régionales, des experts climat et sécurité qui renforcent les capacités d’alerte précoce dans les zones à risque.  Il a aussi soutenu l’adoption d’une résolution sur le financement durable des opérations africaines de paix, confirmant son soutien au principe d’un financement sur contributions obligatoires.  « La France est donc prête à s’engager, dès à présent, avec les pays africains dans la négociation d’un texte », a-t-il déclaré en y voyant une occasion d’affirmer la valeur ajoutée des opérations africaines de paix conduites par les soldats africains et de renforcer l’appropriation de ces opérations par le continent au travers d’une contribution financière.  Enfin, le délégué a salué le travail « considérable » accompli par l’UA au cours des derniers mois, qui a notamment permis d’adopter le cadre de conformité en matière de droits de l’homme, avec le soutien de l’ONU et grâce aux financements de l’Union européenne. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a souligné qu’une coordination fructueuse entre l’UA, l’ONU, les organisations sous-régionales et les partenaires internationaux est essentielle pour mettre fin aux conflits et promouvoir la stabilité. C’est en ce sens que le Royaume-Uni soutient depuis longtemps une représentation africaine permanente au Conseil de sécurité, et « c’est pourquoi nous sommes impatients de travailler ensemble à une résolution-cadre sur le financement par l’ONU des missions dirigées par l’UA », a-t-elle ajouté.  La déléguée a réitéré la préoccupation de son pays quant au risque de propagation du terrorisme au Sahel et aux États côtiers d’Afrique de l’Ouest.  Elle s’est ainsi posée en soutien résolu aux efforts visant à résoudre ce problème, en particulier ceux menés au niveau régional dans le cadre de « ce véritable forum sécuritaire qu’est l’Initiative d’Accra ». 

Par ailleurs, la représentante a attiré l’attention sur le fait que la collaboration ONU-UA est nécessaire pour relever les défis humanitaires sur le continent, en premier lieu l’insécurité alimentaire, sachant que plus de 160 millions de personnes en Afrique se trouvent dans une situation de vulnérabilité extrême.  Elle a annoncé que, le mois prochain, le Royaume-Uni s’associe à la Somalie et aux Émirats arabes unis pour organiser un sommet mondial sur la sécurité alimentaire, qui réunira des experts internationaux en vue de galvaniser l’action visant à prévenir l’insécurité alimentaire, la malnutrition et, tout simplement, sauver des vies. 

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que les récentes adhésions de l’Union africaine au G20 et de l’Éthiopie et de l’Égypte au groupe des BRICS démontrent la montée en puissance du continent au plan mondial.  Cela implique dès lors que des partenariats solides, d’égal à égal, avec un respect et une compréhension mutuels soient développés avec l’Union africaine et ses États membres.  Et à la lumière des défis mondiaux, le Conseil de sécurité devrait continuer de renforcer cette coopération.  Par exemple, les missions de paix de l’ONU devraient être informées des pratiques utiles de l’Union africaine, a-t-il dit.  Le représentant a également déclaré que l’ONU et l’UA sont deux organisations au même pied d’égalité.  Il n’y a pas de hiérarchie, et de ce fait, il ne faut pas imposer de règles à l’Union africaine, a-t-il souligné.

Poursuivant, le représentant a appelé à mettre un terme à l’ingérence dans les affaires intérieures. Certains pays industrialisés devraient également assumer leur responsabilité afin de rembourser leurs dettes historiques, au lieu de faire porter le chapeau à d’autres ou de rester les bras ballants, a-t-il dit.  Il a ainsi appelé à répondre favorablement aux demandes de l’UA pour le financement de ses missions de paix et du développement.  En ce qui la concerne, la Chine est active aux cotés de ses partenaires africains, sur un pied d’égalité, a dit le représentant, citant des projets à caractère économique et social lancés au Nigéria, en République démocratique du Congo, au Ghana, à Djibouti et en Éthiopie. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que le potentiel de coopération de l’ONU avec l’Union africaine n’avait pas encore été pleinement exploité et a soutenu la volonté de l’Union africaine d’établir un dialogue plus concret en ce qui concerne les problèmes du continent.  Notant que la situation dans de nombreuses régions d’Afrique demeure très instable, la représentante a estimé que la situation était aggravée par les mesures coercitives unilatérales illégales visant plusieurs États africains et leurs populations.  Elle a salué l’accord de cessez-le-feu dans le nord de l’Éthiopie et s’est félicitée de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine en Somalie. Elle a déploré que la Libye ne fasse pas l’objet de davantage de considération. 

S’agissant du financement des opérations de paix de l’Union africaine, la Fédération de Russie est prête à réfléchir à un modèle de financement viable dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité.  La représentante a également plaidé pour des solutions politiques africaines aux problèmes africains, notamment par le biais des organisations régionales africaines.  Elle a ajouté que seule l’indépendance en matière de ressources des États africains permettra aux pays africains de véritablement avoir suffisamment de marge de manœuvre pour trouver des solutions politiques.  L’Afrique doit surmonter les conséquences du passé colonial et du néocolonialisme, a-t-elle ajouté. 

La Russie, a assuré la représentante, a toujours soutenu les efforts africains en matière de maintien de la paix sur le continent sur une base bilatérale.  Elle a réaffirmé la disposition de son gouvernement à poursuivre une coopération d’égal à égal avec ses partenaires africains, l’objectif étant de renforcer leur potentiel. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a estimé que la coopération ONU-UA doit aller au-delà du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Elle reste indispensable pour l’appui aux trois piliers fondamentaux de l’ONU, a-t-il ajouté.  Il a témoigné qu’à l’occasion de la mission récente du Conseil de sécurité à Addis-Abeba, il avait pu se rendre compte que le Conseil de sécurité et celui pour la paix et la sécurité le Conseil de paix et de sécurité avaient renforcé leur alliance stratégique face aux défis en Afrique.  Ces deux organes déploient des efforts soutenus pour améliorer leur coordination et l’échanges d’information pour parvenir aux buts communs, a-t-il constaté. 

Le représentant a mis l’accent par ailleurs sur l’importance de la mise en œuvre du Cadre continental de la jeunesse, la paix et la sécurité de l’Union africaine.  Il a salué à cet égard la nomination d’une envoyée de la jeunesse et de cinq jeunes ambassadeurs de la paix (un pour chaque région du continent) ainsi que le programme jeunesse pour la paix en Afrique.  Le représentant a également salué l’institutionnalisation de la participation des jeunes dans les processus de prise de décisions de l’UA par le truchement d’un conseil consultatif jouissant d’un budget et d’un mandat définis. Il a encouragé à la diffusion de ce genre de bonnes pratiques dans le souci de transversaliser l’agenda « jeunesse, paix et sécurité » partout dans le monde.

M. JOHN KELLEY (États-Unis) a dit faire la recommandation du Secrétaire général de l’ONU en faveur d’une évolution des institutions financières internationales afin qu’elles soient en mesure de contribuer réellement à l’éradication de la pauvreté et à la promotion de la prospérité partagée en Afrique.  Le Président Biden a fait beaucoup pour accroître les ressources des pays en développement afin qu’ils puissent réaliser les objectifs de développement durable dans le contexte des changements climatiques, a ajouté le représentant.

Pour les États-Unis, l’ONU et ses partenaires régionaux, à commencer par l’Union africaine, doivent travailler ensemble autour des priorités identifiées par le Secrétaire général dans son rapport, et ce, dans le cadre d’une coopération inclusive accrue.  Le représentant a assuré que les États-Unis souhaitent de travailler de concert avec les dirigeants locaux, la société civile et les communautés locales pour renforcer les institutions démocratiques en Afrique et aider à y restaurer, le cas échéant, comme au Niger, l’état de droit.

Concernant la situation au Mali, le représentant a rappelé la responsabilité qu’a le Gouvernement malien de se coordonner avec l’ONU pour assurer un retrait souple de la MINUSMA, et éviter que des armes légères et de petit calibre ne finissent entre les mains d’acteurs non étatiques.  Au Soudan, l’accès humanitaire aux populations dans le besoin doit être assuré et sans entrave, a-t-il aussi dit, appelant les autorités en place à coopérer de près avec l’ONU et l’Union africaine à cette fin.  Enfin, le représentant a souligné la nécessité que les opérations de l’Union africaine dont le déploiement est autorisé par l’ONU puissent s’appuyer sur un financement prévisible.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a rappelé que les deux organisations ont approfondi leur collaboration en vue d’un retour rapide à la gouvernance constitutionnelle dans les échéances fixées par la CEDEAO.  Elle a salué les activités de l’UA sur la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité en Afrique, notant que les missions de solidarité des dirigeantes africaines de la région des Grands Lacs « dans le contexte du Soudan », ainsi que la création d’une « salle de situation des femmes » pour surveiller la participation politique des femmes aux élections au Kenya, sont des exemples pertinents de solidarité interrégionale. Elle a également appuyé la Plateforme africaine pour les enfants touchés par les conflits armés, se félicitant en outre de l’élaboration d’un programme de protection de l’enfance au sein du Département de la paix et de la sécurité de l’UA, avec l’appui de l’ONU. 

S’agissant du Plan stratégique triennal pour l’intégration de la protection de l’enfance, elle a dit attendre avec intérêt la mise en œuvre de la politique sur la protection de l’enfance dans les opérations de soutien de la paix dirigées par l’UA, ainsi que celle sur l’intégration de la protection de l’enfance dans l’architecture africaine de paix et de sécurité.  La représentante a ensuite encouragé à forger un consensus autour de la question du financement prévisible, durable et flexible des opérations de soutien à la paix de l’UA.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a appelé à faire fond sur les succès engrangés par les organisations régionales ces 20 dernières années en particulier la volonté politique africaine de régler les conflits par le biais de la diplomatie et celle de l’Union africaine d’assumer un rôle plus important au niveau régional.  Les points de vue et les voies régionales sont fondamentaux pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a pris l’exemple de la Somalie pour illustrer son propos, saluant la poursuite du dialogue avec le Gouvernement fédéral.  Il a ensuite plaidé pour le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA à travers un dialogue permanent sur des questions de sécurité et thématiques. Les organisations sous-régionales sont aussi de véritables partenaires, notamment en matière de partage d’informations et d’évaluation.  Le Conseil de sécurité devrait renforcer le financement des opérations de paix de l’UA, a exhorté le représentant qui a également invité les deux Conseils à travailler ensemble pour promouvoir les valeurs de tolérance et de coexistence pacifique.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a rappelé que les dossiers africains pèsent lourd dans les travaux du Conseil de sécurité.  L’adoption rapide du Communiqué conjoint entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine suite à la consultation annuelle conjointe des deux organes est une illustration de notre compréhension commune d’un même ensemble d’objectifs, a-t-elle estimé.

La demande d’un partenariat solide entre l’ONU et l’Union africaine (UA) ne cesse de croître afin de relever plus efficacement les défis de l’Afrique, avec une coordination étroite entre les deux organes ainsi que l’accent mis sur les efforts de prévention, comme le propose le Nouvel Agenda pour la paix, a également noté la représentante.  Elle s’est félicitée des contacts techniques réguliers entre les deux secrétariats sur les dossiers nationaux et thématiques, y compris un exercice d’analyse de l’horizon pour la prévention des conflits.

La représentante a rappelé que son pays avait, lors de la réunion d’Addis-Abeba, souligné l’importance d’un financement prévisible, durable et souple des opération de paix menées par l’Union africaine grâce à des contributions de l’Union africaine et des Nations Unies.  Le Japon soutient en principe la création d’un mécanisme par lequel de telles opérations autorisées par le Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VIII de la Charte pourraient être en partie financées par des contributions de l’ONU, au cas par cas, a affirmé la représentante, qui a ajouté que son pays reste déterminé à poursuivre les consultations avec toutes les parties prenantes à cet égard.

L’Afrique continue de souffrir de crises de sécurité humaine causées par de multiples facteurs, a encore déclaré la représentante, qui a rappelé que le Japon joue son rôle en soutenant les efforts internationaux et régionaux en faveur de la paix et de la sécurité.

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