En cours au Siège de l'ONU

9421e séance – matin & après-midi
CS/15416

Ukraine: « cette guerre a tout changé pour l’ONU », déclare le Président Zelenskyy au Conseil de sécurité en presentant sa formule pour la paix

En marge du débat général de l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui une réunion de haut niveau consacrée à la défense des buts et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies au moyen d’un multilatéralisme efficace: maintien de la paix et de la sécurité de l’Ukraine.  Présent en personne pour la première fois dans la salle du Conseil de sécurité, le Président ukrainien, M. Volodymyr Zelenskyy, y a présenté, à grands traits, sa « formule pour la paix ».  Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie a pour sa part répété qu’en l’état, aucune négociation n’était possible avec « les putschistes néonazis de Kiev » et a présenté sa propre chronologie de la crise ukrainienne. 

L’une des questions auxquelles les participants étaient invités à répondre portait sur les répercussions de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine sur le fonctionnement du multilatéralisme en général et celui de l’ONU en particulier.  Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé que les Nations Unies ont condamné sans ambiguïté la guerre en exigeant que la Russie quitte l’Ukraine et en rejetant les efforts de ce pays pour annexer le territoire ukrainien.  « Il n’y a pas d’autre voie que celle du dialogue, de la diplomatie et d’une paix juste », a insisté M. António Guterres, qui a assuré que l’Organisation continue d’œuvrer en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine, conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale.  Il a exhorté tous les pays à faire leur part pour éviter une nouvelle escalade et jeter les bases d’une paix durable.

« L’ONU a reconnu que le responsable de la guerre est la Russie, mais cela n’a rien changé pour elle; or, cette guerre a tout changé pour l’ONU », a répondu M. Zelenskyy.  Présentant sa formule pour la paix en 10 points comme destinée à actualiser et préserver l’ordre international basé sur les règles auquel les États Membres sont attachés, le Président ukrainien a imputé l’inaction du Conseil de sécurité à la présence en son sein d’un pays qui ment pour pouvoir conduire sa destruction de l’Ukraine.  « La Russie est un État qui estime que sa première ligne de défense et d’attaque n’est pas la Charte mais son armée », a-t-il accusé avant d’énoncer ses propositions. 

Une de celles-ci consiste à faire supprimer le droit de veto de la Fédération de Russie, accusée d’y recourir abusivement, par une résolution de l’Assemblée générale soutenue par les deux tiers de ses membres.  La formule de paix préconise aussi la mise en place d’un mécanisme juridiquement contraignant pour riposter rapidement en cas de violation de la Charte et empêcher la constitution d’armées d’invasion.  « Laissons la paix l’emporter! », a lancé M. Zelenskyy, qui a renouvelé sa proposition d’organiser un sommet pour la paix pour examiner comment sa formule pourrait être intégrée dans une Charte « amendée ».

La formule n’a pas reçu de réponse lors de la séance de ce jour.  Pour l’essentiel, à l’exception de la Fédération de Russie, la plupart des nombreux intervenants –environ 45 devraient s’exprimer ce jour et demain en plus des 15 membres du Conseil- ont réaffirmé leur soutien à l’exercice, par l’Ukraine, de son droit à la légitime défense contre l’agression illégale dont elle est victime, et redit leur détermination à agir collectivement pour affermir l’ordre international fondé sur des règles. 

Ainsi, les ministres présents des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France se sont bornés à souligner qu’il y a un agresseur et une victime, le premier, la Russie, qui s’attaque aux principes de la Charte des Nations Unies, et l’autre, l’Ukraine, qui s’efforce, avec leur soutien militaire et économique, de les défendre. La Chine, pour sa part, a réitéré sa position sur le règlement de la crise ukrainienne, qui prône en particulier la reprise de pourparlers et la levée des sanctions. 

Quant à la Fédération de Russie, après avoir protesté contre le fait que M. Zelenskyy était invité à s’exprimer immédiatement après le Secrétaire général et avant les membres du Conseil, dont plusieurs étaient pourtant représentés par leur chef d’État, elle a maintenu fermée la porte du dialogue.  Son ministre des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov, a dénoncé avec une véhémence égale le « régime néonazi de Kiev » et les slogans antirusses des États-Unis et de leurs alliés.  Il a ensuite présenté sa propre chronologie de la crise, faisant remonter au démantèlement de l’Union soviétique les ingérences occidentales en Ukraine et leurs propres violations de la Charte des Nations Unies, en affirmant notamment que c’est « l’Occident global » qui aurait porté à la tête de l’Ukraine un président pro-occidental à l’issue d’un coup d’État. 

Attirant l’attention sur les ravages causés par la « politique russophobe » des « putschistes néonazis de Kiev » dans le Donbass, le Ministre des affaires étrangères russe a affirmé que les référendums qui y ont été organisés en 2022 étaient légaux et conformes à la Charte.  Il a surtout soutenu qu’à l’exception du Président Putin, tous les signataires des accords de Minsk, entérinés en 2015 par une résolution du Conseil de sécurité, avaient déclaré publiquement qu’en signant ce document ils n’avaient en réalité cherché qu’à gagner du temps « pour abreuver en armes l’Ukraine contre la Russie et pour mieux organiser le blocage économique du Donbass ». 

S’il a affirmé que son pays restait prêt à établir des contacts avec l’Organisation du Traité de sécurité collective et l’OTAN pour discuter des principes relatifs à l’indivisibilité de la sécurité, qui trouvent leur source dans ceux de la Charte, M. Lavrov a toutefois demandé « comment imaginer un tel dialogue au service d’un multilatéralisme efficace quand l’Occident rejette toute forme de négociation sur un pied d’égalité? ».

Le Conseil achèvera son débat demain, jeudi 21 septembre, dans l’après-midi. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Défense des buts et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies au moyen d’un multilatéralisme efficace : maintien de la paix et de la sécurité de l’Ukraine S/2023/653

Motion d’ordre préalable 

À l’ouverture de la séance, le représentant de la Fédération de Russie a demandé au Président albanais du Conseil de sécurité sur quelles bases il avait été décidé que le Président de l’Ukraine s’exprime avant les membres du Conseil de sécurité, alors que plusieurs de ces derniers sont également représentés au niveau des chefs d’État.  Il a également demandé pourquoi la Macédoine du Nord interviendrait en tant que représentant de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). 

Le Président du Conseil de sécurité a répondu qu’il existe des précédents d’interventions présidentielles dans cet ordre conforme au paragraphe 33 du règlement du Conseil.  De plus, a-t-il dit, les États Membres pourront ensuite réagir aux propos de M. Zelenskyy.  Par ailleurs, il a indiqué que l’OSCE interviendrait en tant qu’elle joue un rôle majeur pour le maintien de la sécurité régionale et internationale. 

Le représentant de la Fédération de Russie a contesté ce point de vue et averti que, si ce débat devait se tenir dans ces conditions, la présidence albanaise du Conseil en serait entachée à jamais.  Créer un tel précédent odieux montre que ce débat est en réalité un spectacle organisé en coulisses par les États membres de l’OTAN, a affirmé le représentant.  Il a également demandé que le représentant de l’OSCE se contente de faire une déclaration correspondant au mandat de cette organisation, laquelle ne contribue d’ailleurs nullement au règlement de la situation en Ukraine. 

Le Président du Conseil de sécurité a repris la parole en qualifiant la « leçon russe sur la violation des règles » de « grandiose ».  La Russie pourrait mettre fin à la guerre afin que le Président ukrainien n’ait pas à prendre la parole dans cette enceinte, a-t-il ajouté. 

Déclarations 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé d’emblée que « la Charte des Nations Unies représente notre feuille de route pour parvenir à un monde plus pacifique ».  Selon lui, les outils et les mécanismes fondés sur les principes de la Charte offrent en effet des moyens pratiques de régler les conflits. C’est « ensemble » que les efforts collectifs des États Membres ont contribué au fil des ans à prévenir la guerre à l’échelle mondiale et à sauver des millions de vies, grâce précisément au rétablissement de la paix et à la diplomatie préventive, aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, aux efforts de désarmement et de non-prolifération, aux programmes humanitaires et de développement, et aux activités de promotion des droits humains.

Le Chef de l’ONU a indiqué qu’en adoptant, hier, un plan de sauvegarde des objectifs de développement durable, les États Membres venaient d’agir pour prévenir les conflits et les crises de toutes sortes.  Et c’est parce que le multilatéralisme fonctionne, qu’il est essentiel et efficace, qu’il faut aussi en préserver les outils et mécanismes, lesquels sont mis à mal par la montée des tensions et des défis géopolitiques. 

M. Guterres a déploré que le nombre de décès liés aux conflits ait presque doublé l’année dernière, que les opérations de paix des Nations Unies soient soumises à une pression sans précédent.  Il a constaté que le désarmement nucléaire est à l’arrêt et qu’il n’existe aucun cadre mondial adéquat pour faire face aux menaces que les nouvelles technologies font peser sur la sécurité.  Ainsi a-t-il exhorté les États à faire davantage pour renouveler leur engagement vis-à-vis des obligations de la Charte.  À cette fin, il les a invités à utiliser l’ensemble des outils diplomatiques qu’elle met à leur disposition, à donner la priorité à la prévention des conflits et des crises et à tenir compte des propositions de nouveaux cadres et outils présentés dans le Nouvel Agenda pour la paix. 

Le Secrétaire général a une nouvelle fois qualifié l’invasion de l’Ukraine par la Russie de violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international, violation qui accentue les tensions et les divisions géopolitiques, met en péril la stabilité régionale, accroît la menace nucléaire et « creuse de profondes fissures dans un monde de plus en plus multipolaire ».  Rappelant que les Nations Unies ont condamné sans ambiguïté la guerre, en exigeant que la Russie quitte l’Ukraine et en rejetant les efforts de la Russie pour annexer le territoire ukrainien, il a réitéré son appel à une paix juste et durable en Ukraine, conforme à la Charte et au droit international, « pour l’Ukraine, pour la Russie et pour le monde entier ».

« Les attaques contre les civils et les infrastructures civiles doivent cesser immédiatement », a poursuivi le Secrétaire général.  Après avoir rappelé les conséquences humanitaires de la guerre pour la population ukrainienne, il a souligné que les programmes humanitaires en sa faveur s’étaient intensifiés cette année.  Il a aussi rappelé que l’Agence internationale de l’énergie atomique avait établi une présence à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et sur d’autres sites nucléaires ukrainiens importants afin d’en contrôler la sûreté, et qu’en coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge, l’ONU avait pu organiser avec succès l’évacuation des civils de l’aciérie Azovstal à Marioupol l’année dernière. 

Sur le volet judiciaire, le Secrétaire général a fait savoir que les équipes d’enquête continuent de recueillir des preuves de violations choquantes et généralisées des droits humains –« qui sont principalement le fait de la Fédération de Russie »– y compris les transferts forcés de civils ukrainiens, dont des enfants. Ce travail de collecte de preuves est indispensable pour établir les responsabilités, a-t-il relevé, jugeant essentiel que tous les auteurs de violations des droits humains répondent de leurs actes, conformément aux règles et aux normes internationales. 

S’agissant des répercussions économiques de la guerre, M. Guterres a rappelé que l’Initiative de la mer Noire ainsi que le Mémorandum d’accord visant à faciliter l’exportation des produits alimentaires et engrais russes ont contribué à réduire les prix des denrées alimentaires de plus de 23%, rendant en outre possible l’exportation de près de 33 millions de tonnes de céréales et de denrées alimentaires.  Il a dit regretter profondément que la Russie ait mis un terme à sa participation à l’Initiative de la mer Noire en juillet de cette année et qu’aussitôt après cette décision, la Russie ait bombardé des ports ukrainiens et des installations de stockage de céréales sur la mer Noire et le Danube.  Exhortant la Russie à cesser ces attaques, il a rappelé que l’ONU maintient le dialogue avec toutes les parties pour garantir la sécurité de l’exportation des céréales et des engrais en provenance de Russie et d’Ukraine.  Mais ce dialogue doit reposer sur une base stable, sans la menace répétée d’une suspension, a-t-il averti.

M. Guterres a assuré que l’ONU continue d’œuvrer en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine, conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale.  Il a exhorté tous les pays de faire leur part pour éviter une nouvelle escalade et jeter les bases d’une paix durable.  Rappelant son plein à attachement à « la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues », le Secrétaire général a conclu en soulignant qu’il n’y a pas d’autre voie que celle du dialogue, de la diplomatie et d’une paix juste. 

M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, s’est d’abord demandé comment un État, auteur d’une agression illégale, pouvait toujours siéger en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.  Il a demandé aux États Membres de prendre la mesure du fait que cette agression a pour objectif profond de saper les normes internationales créées pour protéger le monde contre les guerres.  À la violation de la Charte des Nations Unies que constitue cette agression, l’Ukraine répond en exerçant son droit à la légitime défense, a martelé le Président ukrainien, qui a noté que si l’ONU a bien reconnu que le responsable de la guerre est la Russie, « cela n’a rien changé pour elle ».  Or, cette guerre a tout changé pour l’ONU, a-t-il ajouté. 

M. Zelenskyy a ensuite présenté sa formule pour la paix, qu’il a présentée comme pouvant permette d’actualiser les fondements du système de sécurité actuellement en vigueur dans le monde, afin de préserver l’ordre international basé sur les règles auquel les États Membres sont indéfectiblement attachés.  Pour le Président ukrainien, le monde entier voit ce qui empêche le Conseil de sécurité d’agir: c’est la présence en son sein d’un pays manœuvrier qui ment pour pouvoir conduire sa destruction et son rapt de l’Ukraine.  La Russie est selon lui un État qui estime que sa première ligne de défense et d’attaque n’est pas la Charte mais son armée. 

La formule pour la paix, qui comporte 10 points, pourrait être partiellement intégrée dans une Charte des Nations Unies « amendée, révisée », a estimé M. Zelenskyy.  À cet égard, il a soutenu que l’utilisation abusive du droit de veto par la Russie devrait être supprimée par le biais d’une résolution de l’Assemblée générale soutenue par les deux tiers de ses membres.  L’Assemblée générale a reconnu à maintes reprises que la Russie exerce son droit de veto pour donner libre cours à son goût pour la violence et la guerre, a-t-il affirmé.  Il a également plaidé pour un élargissement de la composition du Conseil de sécurité qui, adapté aux nouvelles réalités du monde, serait plus efficace et en mesure de rendre des comptes de façon franche et transparente à l’ensemble des États Membres. Il a de plus souhaité que les activités du Conseil de sécurité impliquent les États Membres reconnus comme n’étant pas des agresseurs potentiels.  Sur ce point, il a proposé qu’un mécanisme juridiquement contraignant soit mis en place non seulement pour riposter rapidement en cas de violation flagrante de la Charte mais aussi pour, en amont, empêcher la constitution d’armées d’invasion. 

Le Chef de l’État a appelé au retrait complet de son pays des troupes russes, des formations militaires, « comme ce qui reste de la flotte russe en mer Noire », ainsi que des formations paramilitaires.  Cela seul, couplé à la reprise du contrôle de nos frontières, marquera la fin de l’agression russe contre l’Ukraine, a-t-il dit.  Il a néanmoins demandé aux États Membres de ne pas attendre la fin de cette agression pour réformer les institutions internationales garantes de l’ordre international fondé sur des règles qu’ils ont contribué à instaurer.  Le cœur de la défense de cet ordre international se trouve dans cette salle et plus encore dans celle de l’Assemblée générale, a-t-il souligné, avant de répéter que l’Ukraine est prête à organiser un sommet mondial pour examiner sa formule pour la paix. Chaque nation peut d’ores et déjà faire preuve de leadership en s’engageant, dans le cadre de groupes de travail, à examiner un ou plusieurs points de la formule, a-t-il précisé avant de conclure en lançant: « Laissons la paix l’emporter! ».

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a salué la présence d’un tel nombre de dignitaires à cette réunion « ce qui en dit long sur l’importance capitale de la question à l’ordre du jour ».  Qui aurait pu imaginer qu’une guerre catastrophique soit lancée au vingt et unième siècle, par un membre permanent du Conseil de sécurité, sapant de façon brutale tous les principes qui ont donné naissance à l’ONU.  Qui aurait pu imaginer qu’une agression militaire non-justifiée et injuste d’un grand pays contre une petite démocratie n’aurait pas été immédiatement et universellement condamnée par le concert des nations?  Comment comprendre ce « oui mais », s’est emporté le Ministre en pointant du doigt les nations qui refusent toujours d’appeler un chat un chat.  La guerre en Europe ne peut pas être le problème de la seule Europe comme d’aucuns l’affirment ou le murmurent, a-t-il martelé, reprochant à ces derniers de penser parfois que l’Ukraine l’aurait cherché.  Dénonçant ensuite les menaces nucléaires inacceptables qui continuent d’être brandies par le Kremlin, il a estimé qu’on est en droit de craindre qu’un jour cette folie dégénère encore plus: la guerre en Ukraine était elle aussi inimaginable hier, a-t-il dit. 

Reconnaissant qu’on peut ne pas être d’accord sur tout, y compris sur les façons de mettre un terme à cette guerre, le Premier Ministre a appelé à « en parler ».  Il a affirmé qu’il serait « insultant » pour l’ONU d’être incapable d’affirmer haut et fort qui est l’agresseur et qui est l’agressé.  La lutte des Ukrainiens est celle de toute personne aspirant à vivre dans un monde où les nations sont libres sur un pied d’égalité, où l’intégrité territoriale est sacro-sainte et où le droit de vivre dans la paix n’est pas contesté.  Il a déploré que l’usage abusif du droit de veto ait paralysé le Conseil, tout en affirmant que l’organe n’avait pas été réduit au silence.  Selon lui, il serait inacceptable que la force des règles et des valeurs qui rassemblent les États soit remplacée par la règle de la force et des anti-valeurs.  « Nous refusons d’être complices d’un bouleversement dangereux de l’ordre mondial dont les conséquences ne peuvent être qu’imprévisibles, sinon tragiques pour tout le monde », a-t-il dit. 

M. GUILLERMO LASSO MENDOZA, Président constitutionnel de l’Équateur, a exhorté la Russie à suspendre immédiatement ses actions, conformément au jugement de la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a relevé que la guerre en Ukraine portait atteinte aux principes les plus sacrés de l’ONU, dont le respect de l’intégrité territoriale.  La Charte des Nations Unies est valable partout dans le monde, et son contenu reste le même dans toutes les langues: en russe comme en espagnol, elle n’autorise jamais le recours à la force, a-t-il lancé. Il a souligné l’impossibilité de défendre le multilatéralisme sans condamner « le voisin agresseur », réprouvant l’indifférence, voire la complicité de certains.  De même, il a récusé ceux qui estiment que la crise résulte d’une insuffisance de la Charte, estimant qu’aucun cadre institutionnel ne peut fonctionner si les États ne s’engagent pas à en respecter les principes. 

En plus de semer le trouble dans la dynamique de travail du Conseil de sécurité, la guerre met à l’épreuve la confiance dans les Nations Unies, s’est-il alarmé.  Après avoir fait part de son soutien à la prorogation de l’Initiative de la mer Noire, le Président a souligné qu’aucune base juridique peut justifier le conflit, dénonçant ceux qui soutiennent qu’elle serait « une riposte à un soi-disant complot occidental pour affaiblir la Russie ».  Il a également estimé qu’il n’y a pas de fracture entre les pays du Nord et du Sud à propos de la guerre en Ukraine, comme d’aucuns l’affirment parfois. « Il suffit de voir les votes à l’Assemblée générale pour constater que ce n’est pas le cas », a-t-il ajouté. Constatant que le conflit constitue une menace mondiale, nucléaire, alimentaire et économique, il a appelé à soutenir les bons offices du Secrétaire général. 

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a déclaré que le monde est en situation difficile du fait des tensions politiques entre grandes puissances, des changements climatiques, des inégalités ou encore des changements inconstitutionnels de gouvernement, tous facteurs qui hypothèquent la confiance et la solidarité et remettent en question la logique qui prévalait jusqu’à présent, selon laquelle il est préférable de tolérer les défauts du multilatéralisme pour le bien de chacun plutôt que de faire le choix du chaos pour des motifs d’ordre national. 

Le Président a qualifié l’agression russe d’inacceptable pour la population ukrainienne mais aussi pour le reste du monde, en particulier en Afrique.  Tout en dénonçant cette remise en cause de l’ordre international, il a estimé que la situation n’était pas sans issue, à condition que l’on soit prêt à coopérer à la refonte de l’ordre international pour en rendre les structures plus conformes à la réalité du monde.  Les fondateurs des Nations Unies se sont engagés à renoncer à recourir à la force pour régler leurs différends et les principes qui sous-tendant la Charte des Nations Unies demeurent pertinents, a poursuivi le Chef de l’État. C’est pourquoi le Ghana continue de plaider en faveur d’un règlement diplomatique du conflit ukrainien, seul moyen de parvenir à une solution juste, pérenne, fondée sur la Charte et le droit international. 

M. Akufo-Addo a appelé à faire le choix d’un multilatéralisme revitalisé. À ses yeux, plusieurs organes créés par la Charte sont toujours pertinents, comme le Conseil de sécurité, même si sa composition doit être revenue dans le cadre d’une réforme complète.  Il a fait observer en ce sens que la position africaine commune incluse dans le consensus d’Ezulwini était soutenue par un nombre croissant d’États Membres, a plaidé pour une limitation du droit de veto et un moratoire sur son utilisation, qui pourrait progressivement mener à son retrait complet.  Il a plaidé pour mettre davantage l’accent sur la diplomatie préventive, a rappelé que certaines politiques socioéconomiques peuvent exercer une influence sur la paix. Et ajouté que le multilatéralisme au niveau international devait aller de pair avec des partenariats régionaux, dont il faut exploiter tout le potentiel.  En conclusion il a de nouveau appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, en particulier en Ukraine.

M. ALAIN BERSET, Président de la Confédération suisse, a regretté qu’il faille, sans cesse, rappeler les principes essentiels de la Charte des Nations Unies et du multilatéralisme, qui expriment pourtant « la volonté commune de tous les peuples à vivre en paix ».  Il a déploré que les civils continuent à souffrir des conflits armés en dépit du droit international humanitaire, précisant que la Suisse s’engage à respecter ses engagements en la matière.  Soulignant la violation claire de la Charte par la Russie, il s’est indigné que la Russie continue à nier sa responsabilité.  Cette guerre engendre de nombreux réfugiés et victimes, tout en fragilisant la sécurité mondiale alimentaire, énergétique et nucléaire, a-t-il poursuivi, avant d’exhorter la Russie à cesser les hostilités et à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

M. Berset a ensuite déploré l’enlisement des discussions au Conseil, lequel dès lors, ne peut remplir son mandat efficacement.  Pourtant, a-t-il ajouté, le Conseil ne doit pas gaspiller le bien le plus précieux dont il dispose: la confiance de celles et ceux qui comptent sur lui pour leur garantir une vie dans la dignité et la paix.  Le Conseil peut et doit garder sa capacité d’action, a poursuivi M. Berset: il a les moyens de remplir son mandat, comme en ont témoigné les 26 résolutions adoptées depuis janvier, qui démontrent que le multilatéralisme, bien qu’affaibli, a gardé sa capacité d’action.  Des réformes sont nécessaires, mais aucune réforme ne remplacera la volonté des États à respecter la Charte, a averti le Président. 

La Suisse compte bien faire montre de solidarité, comme demandé par le Secrétaire général dans son Nouvel Agenda pour la paix.  Elle a ouvert ses portes aux réfugiés ukrainiens, participe au déminage humanitaire et contribue à promouvoir une solution politique au conflit. M. Berset a également appelé à la relance de l’Initiative de la mer Noire.  Saluant les initiatives diplomatiques en faveur d’une paix pérenne en Ukraine, il a réitéré son soutien au multilatéralisme pour sortir des logiques individuelles et trouver des solutions communes et durables.  Il faut sortir de la violence, qui n’a pas apporté de solutions aux dysfonctionnements et aux déséquilibres, a ajouté le Président suisse, qui a conclu en répétant que la paix et la sécurité ne peuvent être atteintes que dans un esprit de confiance et de collaboration. 

M. KISHIDA FUMIO, Premier Ministre du Japon, a exprimé sa détermination à soutenir l’Ukraine face à la guerre d’agression que mène la Russie. Toute tentative visant à modifier unilatéralement le statut pacifiquement établi des territoires par la force ou la coercition ne doit être tolérée nulle part dans le monde, a-t-il fait valoir, voyant dans la rhétorique nucléaire irresponsable de la Russie, son déploiement d’armes nucléaires au Bélarus et son occupation de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia une menace pour la paix et la stabilité mondiales.  Il a également jugé que l’abus du droit de veto pour faire obstacle aux décisions du Conseil de sécurité ne peut être accepté par la communauté internationale.  Selon le Premier Ministre, il importe d’empêcher l’avènement d’un « règne d’anarchie » dans le monde.  Pour cela, il est essentiel de parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine, afin de protéger un ordre international fondé sur l’état de droit, a-t-il soutenu.  Dans cet esprit, il a appuyé les « efforts sincères » du Président Zelenskyy pour faire respecter les principes de la Charte dans sa « formule de paix ». 

Jugeant qu’un multilatéralisme efficace n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui, le Premier Ministre a rappelé que son pays a organisé un débat public du Conseil de sécurité sur l’état de droit et la consolidation de la paix pendant sa présidence du Conseil afin d’écouter les diverses voix de la communauté internationale.  Le Japon, a-t-il ajouté, redoublera d’efforts pour résoudre les problèmes liés à la paix et à la sécurité internationales, notamment par le biais de la diplomatie préventive, tout en garantissant l’état de droit dans le cadre du multilatéralisme. Le Premier Ministre a par ailleurs appelé à élargir le nombre des sièges permanents et non permanents du Conseil de sécurité afin de « mieux refléter les réalités du monde d’aujourd’hui, en particulier de l’Afrique ».  Il est temps d’aller de l’avant pour faire de l’ONU une plateforme à l’écoute des personnes confrontées à des difficultés et de travailler avec elles pour relever ensemble les défis, a-t-il affirmé.

M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de Malte, a déclaré que plus que jamais, le monde a besoin d’un système multilatéral efficace centré sur l’ONU.  Nous devons redoubler d’efforts pour faire respecter et défendre les principes fondamentaux qui nous unissent, a-t-il ajouté. Ainsi un multilatéralisme efficace est-il le seul moyen de résoudre les enjeux existentiels actuels de manière collective et efficace.  Et pour atteindre cet objectif ambitieux, les États Membres ne peuvent pas se résigner à vivre dans un monde où c’est le plus fort qui impose sa loi. 

Il a affirmé que la guerre lancée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine mine profondément le système multilatéral.  Elle affaiblit et déstabilise le Conseil de sécurité, posant la question des conséquences à long terme pour l’intégrité de l’ONU des crimes commis par l’un de ses membres permanents.  Le Premier Ministre a ensuite souligné le droit de l’Ukraine à la légitime défense, tel que consacré à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Il ne peut y avoir de paix si les forts peuvent piétiner les faibles, si le droit international peut être ignoré.  Et il ne peut y avoir de paix si les droits des États et des individus peuvent être suspendus ou révoqués à tout moment, a poursuivi le Chef de gouvernement, qui a rappelé l’engagement de Malte en faveur de la paix, du dialogue et du multilatéralisme.  Se posant en défenseur acharné des buts et principes de la Charte, il a déclaré que la seule réponse possible aux guerres et aux agressions illégales était de redoubler d’efforts en continuant « d’investir dans notre système multilatéral ».  Ce faisant, nous devons également réformer le Conseil pour l’adapter aux réalités du monde d’aujourd’hui.  Un Conseil plus transparent, plus efficace, plus représentatif, plus responsable et plus démocratique, a-t-il ainsi appelé de ses vœux. 

M. RAYMOND NDONG SIMA, Premier Ministre du Gabon, a rappelé que son pays avait condamné la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine dès le début des hostilités.  Évoquant une menace nucléaire de « plus en plus diffuse », il a estimé que l’« onde de choc » du conflit se propageait au-delà des frontières ukrainiennes, notant que des millions de personnes auraient trouvé refuge en dehors du pays.  À l’échelle internationale, il a considéré que la guerre menaçait de nombreuses chaînes de valeur, en particulier le secteur agricole, et contribuait à la détérioration du bilan humanitaire mondial en exacerbant la faim et la précarité, mais aussi en infligeant « des blessures invisibles telles que la haine et le rejet de l’autre ». 

Se demandant quel niveau d’horreur doit être atteint pour que les belligérants finissent par entamer des pourparlers, il les a appelés à négocier de bonne foi « dans la retenue et la responsabilité ».  Estimant que les invectives qui ont émaillé les réunions des Nations Unies n’avaient été « d’aucune aide ni d’aucun recours pour ceux qui tombent dans les tranchées ou sont écrasés sous les décombres sur les champs de bataille », il a appelé à une réconciliation avec l’esprit de la Charte des Nations Unies.  Il s’est opposé aux actions unilatérales, expliquant qu’elles ne font qu’alimenter les antagonismes et a assuré que le Gabon soutiendra toute initiative fondée sur la diplomatie en faveur de la cohabitation pacifique entre la Russie et l’Ukraine. 

Pour M. OLIVER DOWDEN, Vice-Premier Ministre du Royaume-Uni, le combat que mène l’Ukraine contre l’agression russe n’est pas seulement un combat pour la liberté.  C’est aussi un combat pour les principes sur lesquels reposent les Nations Unies elles‑mêmes, des principes étayés par la Charte qui disposent que la souveraineté de tous les États est égale; que l’intégrité territoriale est inviolable; que les différends doivent être réglés pacifiquement et que nous devons protéger ces choses ensemble. 

Lorsque les chars russes sont entrés en Ukraine, ils ont piétiné chacun de ces principes, et n’ont cessé de le faire depuis, a dénoncé le Vice-Premier Ministre, qui a rappelé le coût humain de ce conflit à ce jour: 9 500 civils tués, dont 550 enfants; 17 000 blessés et 500 000 victimes militaires des deux côtés, sans oublier les Ukrainiens disparus, torturés, violés et déportés.  Les attaques russes ont aussi détruit plus de 280 000 tonnes de céréales, soit de quoi nourrir plus de 1,25 million de personnes pendant un an, a‑t‑il poursuivi, avant d’annoncer que le Royaume‑Uni apporterait une contribution supplémentaire de 3 millions de livres sterling au Programme alimentaire mondial (PAM) afin de poursuivre le travail entamé dans le cadre de l’initiative « Céréales d’Ukraine » du Président Zelenskyy. 

M. Dowden a dit pleinement soutenir les initiatives des Nations Unies et de la Türkiye visant à encourager la Fédération de Russie à revenir à l’Initiative de la mer Noire et à permettre les exportations de céréales ukrainiennes par d’autres voies, sans délai.  La seule façon de mettre fin à ces souffrances généralisées est d’instaurer une paix juste et durable, a argué le Vice-Premier Ministre, en rappelant que l’Ukraine a fait la preuve de son engagement en faveur de la paix à maintes reprises, notamment à Copenhague et à Djedda au cours de l’été, afin de dégager un consensus sur les principes communs de cette paix. 

Sur la question d’un multilatéralisme efficace, M. Dowden a mis en exergue le large soutien de la communauté internationale, lors des votes à l’Assemblée générale, pour condamner l’invasion russe.  S’il a admis qu’on est en droit de se demander quelle différence ce type de soutien peut faire lorsque la Fédération de Russie semble si imperméable aux exigences de l’ONU, le ministre a fait observer que, contrairement aux apparences, la Russie est bien consciente du pouvoir de l’action collective puisqu’elle s’efforce d’affaiblir et de diviser la communauté internationale. Il a donc appelé à collectivement œuvrer à trouver une solution durable à travers un multilatéralisme efficace pour rendre justice aux nombreuses victimes de ce conflit, mais également pour aider l’Ukraine à retrouver le chemin de la prospérité et garantir la paix. 

M. ANTONY BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, a commencé par relater une visite effectuée il y a deux semaines dans une petite ville d’Ukraine qui avait été envahie par les forces russes au premier jour de l’invasion. Un poste de commandement avait été créé dans l’école du village et les femmes, les enfants et les personnes âgées avaient été forcés de se rendre dans un sous-sol inhabitable, a-t-il expliqué. « Les forces russes les y ont gardés 28 jours en se servant d’eux comme des boucliers humains, avant finalement de s’enfuir ».  Sur un mur de ce sous-sol irrespirable, d’où n’étaient extraites que les dépouilles des personnes décédées, deux listes de noms avaient été inscrites: les villageois exécutés et ceux qui avaient péri dans ce lieu, a poursuivi M. Blinken, qui a justifié ce récit par le fait que le confort de la salle du Conseil de sécurité peut faire perdre de vue les réalités de l’agression russe.  Il a aussi rappelé que, rien que la semaine dernière, la Fédération de Russie a bombardé des bâtiments résidentiels, incendié des dépôts humanitaires et détruit des silos à grains. 

Dans cette guerre, qui a pour objectif de rayer l’Ukraine de la carte, il y a l’agresseur et la victime, a fait valoir le Chef de la diplomatie américaine.  « L’un s’attaque aux principes de la Charte des Nations Unies, l’autre s’efforce de les défendre », a-t-il souligné, accusant la Russie de fouler au pied les piliers de la Charte et les résolutions du Conseil en envahissant un pays souverain, en commettant des crimes de guerre et contre l’humanité au quotidien, en brandissant la menace nucléaire, en militarisant la faim et en utilisant des drones iraniens pour attaquer les civils ukrainiens.  La semaine dernière, a-t-il ajouté, le Président Putin a reçu le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour discuter de la coopération militaire.  « Tout transfert d’armes de la RPDC à la Russie serait également une violation des résolutions du Conseil ».  De fait, a souligné M. Blinken, il est difficile de trouver un pays qui méprise autant les Nations Unies et ce qu’elle représente que la Russie, alors même qu’elle dispose d’un siège permanent au Conseil de sécurité. 

Pour M. Blinken, le Président Putin espère que s’il continue cette guerre, le monde renoncera à ses principes et que l’Ukraine cessera de se défendre.  Or, les Ukrainiens n’abandonnent pas la lutte car ils savent ce qui se passerait s’ils se soumettaient à la Russie:  « Cela ressemblerait à ce sous-sol », a-t-il dit, rappelant également les déportations d’enfants ukrainiens arrachés à leur famille, les ruines de Marioupol et les charniers de Bucha.  « Nous non plus nous n’abandonnons pas », a-t-il assuré, avant de se féliciter du nombre croissant de pays qui se rassemblent pour trouver une autre solution.  En juin, a-t-il rappelé, une dizaine de pays ont rencontré l’Ukraine à Copenhague pour rechercher une paix juste et durable.  Deux mois plus tard, plus de 40 pays ont poursuivi ce dialogue à Djedda.  Et alors que le Président Zelenskyy a présenté un plan de paix en dix points, « le Président Putin n’a, lui, rien présenté », a fait observer M. Blinken. 

Le Secrétaire d’État a ensuite qualifié de « faux dilemme » les affirmations selon lesquelles le soutien à l’Ukraine détournerait d’autres priorités.  « Nous pouvons faire les deux », a-t-il affirmé, appelant à relever les défis mondiaux et à réaliser les objectifs de développement durable, des efforts auxquels les États-Unis sont les « premiers contributeurs ».  Parallèlement, a-t-il souligné en conclusion, il nous faut continuer à renforcer les piliers des relations pacifiques entre les nations et donc envoyer un message fort à la Russie et à tout agresseur potentiel: « Nous ne resterons pas les bras ballants lorsque les règles dont nous sommes convenus seront foulées au pied ». 

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déploré que l’ONU fasse de plus en plus le choix de renier l’héritage de ses pères fondateurs.  Pour la Russie, l’ONU est malmenée par certains qui voudraient l’utiliser à la seule fin de défendre leurs intérêts géopolitiques.  Ce faisant, le Ministre a estimé que les Occidentaux aggravent et attisent de nouveaux foyers de tension et exacerbent les risques de conflit. M. Lavrov a affirmé que son pays compte uniquement sur une application non sélective des principes de la Charte, y compris en matière de droit des peuples à l’autodétermination et de non-ingérence.  Sur ce dernier point, il a accusé les États-Unis et leurs alliés de s’être ingérés dans les affaires intérieures de l’Ukraine au lendemain du démantèlement de l’Union soviétique.  Cessons de taire l’histoire jusqu’à 2014, a-t-il demandé, avant de se lancer dans un rétablissement chronologique de la vérité des incidents qui, depuis 2004-2005, ont été émaillés de nombreuses violations de la Charte des Nations Unies. 

À cet égard, M. Lavrov a soutenu que « l’Occident global » avait porté à la tête de l’Ukraine un Président pro-occidental à l’issue d’un coup d’État que plus personne ne conteste.  Les événements de Maïdan en 2013-2014 furent d’après M. Lavrov l’occasion d’ingérences encore plus flagrantes, violentes et antidémocratiques, cela avec le consentement des Européens.  En sus, du fait que le principe d’ingérence a été foulé au pied à maintes reprises en Ukraine, M. Lavrov a attiré l’attention sur les ravages causés par la « politique russophobe » des « putschistes néonazis de Kiev » dans le Donbass, ajoutant que les référendums qui y ont été organisés en 2022 étaient tout à fait légaux et conformes à l’esprit comme à la lettre de la Charte. 

M. Lavrov est notamment revenu sur les Accords de Minsk, rappelant qu’ils avaient été entérinés en 2015 par une résolution du Conseil de sécurité.  Or, a-t-il soutenu, l’an dernier, tous les signataires de ces Accords, excepté M. Putin, ont déclaré publiquement qu’en signant ce document ils n’avaient en réalité cherché qu’à gagner du temps pour abreuver en armes l’Ukraine contre la Russie et pour mieux organiser le blocage économique du Donbass.  Pour sa part, a-t-il affirmé, la Russie n’a eu de cesse d’appeler à la conclusion d’un accord pérenne sur la sécurité européenne, appuyant notamment les déclarations de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur la sécurité indivisible.  Pour M. Lavrov, aujourd’hui les Occidentaux n’ont plus pour eux que des slogans:  « Ils n’ont aucune proposition à soumettre pour ce qui est de ce régime nazi de Kiev qui bafoue sa propre histoire et méprise sa Constitution, laquelle commande de protéger les minorités ».  Il a répété qu’en l’état, aucune négociation n’était possible avec le régime de Kiev. 

M. Lavrov a déclaré que son pays restait prêt à établir des contacts avec l’Organisation du Traité de sécurité collective et l’OTAN pour discuter de la mise en œuvre des principes relatifs à l’indivisibilité de la sécurité, qui trouvent leur source dans ceux de la Charte.  Mais comment imaginer l’élaboration d’un tel dialogue au service d’un multilatéralisme efficace quand l’Occident rejette toute forme de négociation sur un pied d’égalité? a-t-il demandé, accusant les États-Unis et leurs alliés de privatiser les organisations internationales et de détourner leurs mandats pour châtier ceux qui rejettent leur ligne néocoloniale. 

Commentant des déclarations du Secrétaire général de l’ONU sur les bienfaits de la démocratie, M. Lavrov l’a invité à réfléchir aux conséquences des aventures des démocraties occidentales en Iraq, en Afghanistan ou en Libye.  Face aux accusations d’usage abusif du droit de veto, il a affirmé que la Russie, qui n’a rien à cacher sur cette question, continuera de s’expliquer devant l’Assemblée générale à chaque fois qu’elle aura à le faire sur le recours à cet instrument légitime pour éviter les divisions susceptibles de saper le fonctionnement général de l’Organisation. 

Enfin, M. Lavrov a appelé le Conseil de sécurité à conduire des évaluations humanitaires de l’application de ses sanctions et de celles prises de surcroît de manière unilatérale et illégale au regard du droit international par les Occidentaux contre des pays en développement.  On le voit, l’Occident ne veut pas surmonter les crises, a-t-il dit, ajoutant que les États Membres sont « responsables du sort de notre Organisation et de la paix ».  À la défense d’un hypothétique « ordre international fondé sur les règles », M. Lavrov a préconisé que les pays mettent en œuvre les engagements historiques qu’ils prirent quand fut adoptée la Charte il y a près de huit décennies. 

Mme CATHERINE COLONNA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a déclaré que la guerre d’agression de la Russie n’a d’autre motivation que la volonté de renouer avec « un passé impérial fantasmé, bien qu’il ait été condamné par l’Histoire ».  Elle a affirmé que cette guerre contre l’Ukraine est aussi une guerre contre les règles de la vie internationale, et les principes les plus fondamentaux de la Charte commune.  C’est une guerre contre l’idée même des Nations Unies, s’est-elle alarmée.  Elle a ensuite dénoncé la fin brutale et cynique de l’Initiative de la mer Noire.  Qu’un membre de ce Conseil fasse de la faim une arme constitue une transgression de plus du cadre moral dans lequel notre action devrait s’inscrire, a-t-elle dit.  Elle a relevé que seule une poignée d’États soutient les choix catastrophiques de la Russie et a souligné que les membres du Conseil ont une responsabilité autant qu’un devoir moral d’agir pour mettre un terme à l’agression. 

La Ministre a ensuite indiqué que la France continuera à poursuivre le soutien militaire et civil qu’elle apporte à l’Ukraine et à soutenir les juridictions ukrainiennes et internationales pour assurer qu’il n’y ait pas d’impunité pour les crimes commis par la Russie.  Elle a appelé à soutenir la vision pour la paix développée par le Président Zelenskyy, notant que les principes de la primauté du droit sur la force, la solidarité internationale et le soutien aux plus démunis figurent en son cœur.

M. MAURO LUIZ IECKER VIEIRA, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a regretté que les institutions multilatérales ne puissent réagir de manière appropriée et efficace aux défis contemporains.  Le conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, qui maltraite un système multilatéral déjà éprouvé par de nombreux défis, éreinte la crédibilité du Conseil qui aurait déjà dû être réformé il y a longtemps, a‑t‑il jugé.  Il a défendu le droit à la légitime défense, tout en déplorant l’escalade du conflit, via des armes plus élaborées et des menaces d’utilisation de l’arme nucléaire, sapant ainsi les efforts pour la paix et violant les principes fondamentaux de la Charte. 

Le Ministre a regretté la destruction des infrastructures civiles qui aggrave la crise humanitaire et s’est dit favorable à la relance de l’Initiative de la mer Noire.  Il a appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de la crise alimentaire, déplorant les taux d’intérêts élevés qui empêchent davantage d’investissements dans les infrastructures de production.  Il s’est inquiété des retombées géopolitiques du conflit, appelant à une prompte désescalade et au règlement du conflit par le dialogue, comme prévu par la Charte.  Le Brésil est prêt à jouer son rôle pour atteindre cet objectif, alors même que « l’espace laissé au règlement diplomatique se rétrécit ».  Selon lui, seuls des mécanismes préventifs et une démarche plus globale que celle proposée actuellement permettra une solution pacifique et une paix pérenne.  Les États doivent maintenant œuvrer de concert vers un « multilatéralisme revitalisé », a‑t‑il exhorté.  Encourageant les deux parties à dialoguer, il a annoncé que le Brésil convoquerait une réunion spéciale pour le règlement pacifique du conflit lors de sa présidence du Conseil le mois prochain. 

Mme MARIAM ALMHEIRI, Ministre de l’environnement et du changement climatique des Émirats arabes unis, a commencé par évoquer le coût humain de la guerre en Ukraine, dont le déplacement de près d’un enfant sur trois. Le pays, a-t-elle rappelé, détient désormais le triste record de la plus forte concentration de mines terrestres au monde, et un tiers du territoire national ne serait plus considéré comme sûr en raison des munitions non explosées.  Elle a exhorté les parties belligérantes à respecter leurs obligations en vertu du droit international, tout particulièrement en ce qui concerne la protection des biens indispensables à la survie de la population civile.  Les Émirats arabes unis, a-t-elle rappelé, se sont engagés à verser 100 millions de dollars pour juguler la crise et à financer les programmes de la fondation de la première dame ukrainienne à hauteur de 4 millions de dollars.  Cette semaine seulement, a-t-elle ajouté, les Émirats arabes unis ont organisé 11 ponts aériens de secours et de fournitures médicales, fourni plus de 2 500 générateurs et envoyé 23 ambulances. 

La Ministre a évoqué les répercussions mondiales du conflit, notamment en matière de sécurité alimentaire, et réaffirmé le soutien de son pays au renouvellement de l’Initiative de la mer Noire.  Mais, a-t-elle estimé, de telles mesures ne font qu’alléger les souffrances, elles n’y mettent pas un terme.  En outre, a-t-elle déploré, la guerre a accéléré l’érosion de la foi dans le multilatéralisme.  Pour les Émirats arabes unis, seule la paix peut rétablir la confiance, mais elle ne peut devenir réalité qu’avec des pourparlers entre la Russie et l’Ukraine, et ne peut être équitable que si elle respecte la Charte des Nations Unies.  Le rôle du Conseil de sécurité, est essentiel, a insisté la Ministre, pour qui le Conseil peut inciter à la désescalade des hostilités et élargir le cercle des artisans de la paix.

M. MA ZHAOXU, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a indiqué que la position de son pays sur la crise ukrainienne a été rappelée par le Président Xi, qui a appelé au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays, conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, et à la prise en compte des préoccupations légitimes de chacun en matière de sécurité.  Il a ajouté qu’en février dernier, la Chine a publié sa position sur le règlement de cette crise en présentant 12 propositions, qui prônent notamment le respect de la souveraineté, la cessation des hostilités, la reprise de pourparlers et la levée des sanctions unilatérales.  Il s’agit de faciliter la tenue de négociations entre les parties au conflit, a expliqué le Vice-Ministre, selon qui la Chine ne ménage pas ses efforts à cette fin. Il a ainsi évoqué la poursuite de dialogues avec différents pays, la visite « dans le pays concerné » d’un représentant spécial du Gouvernement chinois et sa participation à la conférence de Djedda sur l’Ukraine.  Nous entendons jouer un rôle positif et constructif pour régler la crise ukrainienne, dont le prolongement « n’est dans l’intérêt de personne », a-t-il ajouté. 

Faisant valoir que « la guerre ne permet de résoudre tous les problèmes », le Vice-Ministre a estimé qu’il importe en priorité d’aider les parties à trouver un consensus et à cesser les hostilités.  Pour cela, la communauté internationale doit, selon lui, « remplir les conditions nécessaires », tandis que les parties doivent « prendre du recul » et défendre la vision d’une « sécurité dans la coopération ».  Il convient d’autre part d’éviter de « jeter de l’huile sur le feu », a poursuivi M. Ma.  Les parties devraient faire montre de retenue et s’abstenir de lancer une initiative risquant de conduire à une escalade, a-t-il plaidé, appelant également à « préserver la sécurité nucléaire ».  Il faut ensuite gérer les retombées de cette guerre, qui a de lourdes conséquences sur la situation alimentaire et énergétique mondiale, notamment dans les pays en développement, a-t-il préconisé.  Appelant également les pays à cesser d’abuser des sanctions et à préserver les chaînes d’approvisionnement, il a appuyé le maintien de la communication avec la Russie et l’Ukraine dans la cadre de l’Initiative de la mer Noire. 

Le Vice-Ministre a par ailleurs estimé que tout doit être fait pour alléger la crise humanitaire.  Rappelant la contribution de la Chine à cet effort, il a enjoint aux parties de respecter le droit international humanitaire, de protéger les civils et les infrastructures civiles et d’offrir un accès humanitaire sûr et sans entrave pour alléger les souffrances.  Il a enfin assuré que son pays restera engagé en faveur du multilatéralisme et d’une « position juste » soutenant le dialogue et la paix. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a rappelé l’importance du multilatéralisme pour approfondir la coopération, les partenariats et les interactions sous l’égide des normes et des valeurs communes.  Le multilatéralisme implique aussi dialogue, inclusion, respect et solidarité, et est important pour trouver des solutions communes aux défis communs et instaurer une paix pérenne.  Il a indiqué que le conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine illustre parfaitement les difficultés actuellement rencontrées par le multilatéralisme.  Ce conflit, qui intervient dans un contexte d’opinion publique divisée, menace la stabilité mondiale en raison de l’insécurité alimentaire qu’il génère, et se répercute aussi sur les objectifs de développement durable et les efforts conjoints en faveur de la non-prolifération. Le représentant s’est inquiété d’une possible escalade militaire du conflit aux dépens d’un compromis par le dialogue.  Il a exhorté le Conseil à œuvrer en faveur d’une solution politique, tel qu’établi par la Charte, et à s’engager activement dans des efforts diplomatiques sérieux pour une reprise des négociations. 

Interventions des délégations invitées à participer au débat au titre des articles 37 et 39 du règlement du Conseil de sécurité

« Les choses sont simples: si la Russie cesse de se battre, il n’y aura plus de guerre.  Si l’Ukraine cesse de se battre, il n’y aura plus d’Ukraine ».  C’est en ces termes que le Ministre des affaires étrangères du Danemark a dépeint les enjeux de la crise liée à la guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine il y a exactement 574 jours aujourd’hui, et qui a couté la vie à plus de 26 000 civils.  Il y a clairement un agresseur et un agressé dans ce conflit, a affirmé le Premier Ministre de l’Espagne.

Qualifiant cette guerre d’« insulte scandaleuse » à l’ordre fondé sur des règles, et donc à l’ensemble de la communauté internationale, le Président de la République tchèque a souligné qu’« aucun pays ne peut être véritablement neutre »  

Le Chancelier de l’Allemagne a rappelé à ceux qui soutiennent que cette guerre aurait pu être évitée par des moyens diplomatiques, que la France et l’Allemagne ont tenu des centaines de réunions avec Moscou et Kyïv depuis le début de l’attaque russe contre l’est de l’Ukraine en 2014.  Ces tentatives visant à trouver une solution conforme au droit international ont échoué parce qu’une partie, la Russie, a choisi la guerre plutôt que la diplomatie, a-t-il déploré.  Quant aux appels à un cessez-le-feu formulés par plusieurs pays, le Chancelier a salué ces « bonnes intentions », tout en appelant à « se méfier des solutions apparemment faciles qui ne promettent la paix que de nom ».  La paix signifie le respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de l’Ukraine, « c’est la promesse que la Charte des Nations Unies donne à chaque État Membre de l’ONU », a-t-il fait valoir. 

À l’instar de nombreux autres intervenants, le Premier Ministre du Canada a exigé de la Russie qu’elle retire complètement et inconditionnellement toutes ses troupes et tout son équipement militaire de l’ensemble du territoire ukrainien, et que les dirigeants du Kremlin aient à subir les conséquences de leurs actes et soient traduits en justice.  Sur ce dernier point, le Président du Guatemala, au nom du Groupe des Pays amis sur la responsabilité découlant de l’agression contre l’Ukraine, composé de 49 États Membres et de l’Union européenne, a mis en exergue l’importance de poursuivre les auteurs de crimes internationaux.  Sans obligation de rendre des comptes, les crimes se poursuivront et l’impunité persistera, ce qui compromettra les perspectives de paix et de réconciliation, a-t-il fait valoir.

Tous les responsables de crimes et d’atrocités doivent répondre de leurs actes, a insisté la Présidente de la Slovénie en mentionnant la conférence diplomatique organisée cette année par son pays qui a abouti à l’adoption de la Convention de Ljubljana-La Haye sur la coopération internationale en matière d’enquêtes et de poursuites concernant les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et autres crimes internationaux.  De leur côté, les Présidents de la Lettonie et de la Pologne ont demandé la création d’un tribunal spécial international pour poursuivre les auteurs du crime d’agression, une demande également appuyée par la Ministre des affaires étrangères, des affaires européennes et du commerce extérieur et des institutions culturelles fédérales de la Belgique.  En attendant, les manifestations de soutien à la formule de paix du Président Zelenskyy, ont été nombreuses, nombre de dignitaires estimant qu’elle respecte le droit international et la Charte des Nations Unies.  Il appartiendra à l’Ukraine de déterminer le moment et les conditions du lancement du processus visant à mettre fin au conflit, a souligné à cet égard le Président de la Lituanie

Un autre sujet qui a mobilisé l’attention au cours de ce débat public était l’importance de la réforme du Conseil de sécurité « qui n’a pas été en mesure de jouer son rôle de chef de file », comme l’a constaté la Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein.  Pourtant, a rappelé son homologue de l’Australie, lorsque le Conseil a été créé, ses cinq membres permanents se sont vu accordé un droit de veto qui leur impose l’obligation de prévenir les conflits, de ne pas agir en tant qu’agresseur et de montrer l’exemple en respectant les règles.  Les dénonciations de l’utilisation abusive de ce droit par la Russie « qui se moque de nous tous » ont été très nombreuses.  Le Ministre des affaires étrangères du Danemark, qui s’exprimait au nom du Groupe des pays nordiques, a d’ailleurs jugé « intolérable » que le droit de veto puisse donner carte blanche pour envahir d’autres États en vue de s’emparer de leur territoire.  Les États Membres ont été nombreux à saluer le fait que l’Assemblée générale ait agi là où le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de le faire, et ont insisté sur la responsabilité collective de faire respecter la Charte des Nations Unies qui constitue le fondement de la coopération internationale depuis soixante-dix-huit ans.  Les pays nordiques ont toutefois reconnu que le rétablissement de la confiance en l’ONU ne sera pas un processus facile, et que cela demandera du temps et de l’effort. 

Le Président du Guatemala a lui aussi plaidé pour un soutien fort et transrégional et une défense collective de la Charte des Nations Unies afin de pouvoir mettre un terme aux actions irresponsables de la Russie.  Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel que nous fassions preuve d’un tel engagement, a renchéri la Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, constatant que c’est l’ordre fondé sur des règles qui est menacé par ce conflit.  Il faut empêcher la Russie de mettre à mal la crédibilité de l’ONU, a exigé le Président de la Lituanie, qui a plaidé pour la défense de la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, un point de vue partagé par son homologue de la Macédoine du Nord et d’autres. 

Le Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie a accusé pour sa part la Russie, en décidant de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire et en multipliant les attaques militaires contre les ports et les infrastructures agricoles ukrainiens, de militariser la nourriture et d’aggraver l’insécurité alimentaire mondiale.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Türkiye a espéré qu’à termes la diplomatie et la négociation permettront la relance de cette initiative, en faisant état des efforts de son pays en ce sens.  L’impact de l’invasion russe sur l’insécurité énergétique, et ses répercussions sur l’économie mondiale, a également été évoqué à plusieurs reprises.  Qui plus est, cette guerre a mis à mal les dispositifs sécuritaires de l’Europe, a signalé à son tour le Président de la Pologne, accusant « une Russie impérialiste » de se discréditer aux yeux de la communauté internationale alors même qu’elle est un membre permanent du Conseil de sécurité. L’agression russe contre l’Ukraine n’est pas un conflit européen ou régional, mais une question qui nous concerne tous, a tranché la Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie.

Le Ministre des affaires étrangères et européennes de l’Autriche a souligné pour sa part que le droit international est le meilleur bouclier commun contre le recours unilatéral à la force et contre un système international de la loi du plus fort.  À ce propos, le Président du Conseil européen a appelé toutes les nations responsables à jouer leur rôle et à unir leurs forces pour parvenir à la paix et à la sécurité, en tendant notamment la main à la Chine.  C’est d’autant plus important qu’il est toujours préférable et moins coûteux d’investir dans la paix plutôt que dans la guerre, a commenté le Secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales du Saint-Siège

À suivre...

 

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