9413e séance - après-midi
CS/15404

Conseil de sécurité: le renforcement des missions de maintien de la paix se poursuit dans un environnement sécuritaire de plus en plus complexe

Bien que les divisions croissantes entre États Membres et la complexité accrue des conflits actuels continuent de poser un « formidable défi » aux opérations de maintien de la paix, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a fait état d’un consensus global visant à renforcer les missions ainsi que la sécurité et l’efficacité des Casques bleus.  

Près de cinq ans après le lancement du programme Action pour le maintien de la paix, bientôt suivi d’Action pour le maintien de la paix Plus, la Déclaration d’engagements communs témoigne, selon M. Jean-Pierre Lacroix, d’un consensus mondial en faveur de la poursuite des réformes destinées à accroître la performance des opérations de paix.  Comme le montrent les trois rapports d’avancement d’Action pour le maintien de la paix rendus publics à ce jour, nous continuons de faire des progrès notables dans le renforcement de la sécurité des forces de maintien de la paix, a-t-il assuré.   

Ainsi, depuis novembre dernier, sept unités ont été déployées dans le cadre du Système de préparation des moyens de maintien de la paix.  « Nous continuons également d’adapter la formation et les déploiements aux besoins des missions », a poursuivi M. Lacroix, en appliquant les recommandations de l’examen stratégique indépendant sur la réponse de l’ONU aux menaces liées aux munitions explosives.  La conférence ministérielle sur le maintien de la paix, qui se tiendra en décembre à Accra, sera selon lui une occasion cruciale de prendre de nouveaux engagements à cet égard. 

Considérant que le maintien de la paix est un instrument politique, le haut fonctionnaire a noté que la mise en œuvre des mandats du Conseil de sécurité requiert des ressources adéquates et une volonté politique ferme.  Les stratégies politiques bénéficiant du soutien des acteurs clefs se veulent selon lui la pierre angulaire de la mise en œuvre d’Action pour le maintien de la paix.  Même lorsque les mandats des opérations de paix ne confèrent pas explicitement la tâche de soutenir les processus politiques, les missions jouent souvent un rôle central en créant des conditions propices à la poursuite ou à la reprise des négociations, comme c’est le cas à Chypre.   

Des initiatives telles que le plan d’action visant à améliorer la sécurité des soldats de maintien de la paix et la mise en œuvre de l’examen des menaces liées aux munitions explosives ont favorisé des progrès dans la protection des forces et la défense intégrée des bases, a indiqué le Secrétaire général adjoint.  Les progrès en matière de renseignement et de connaissance de la situation aident également les missions à faire face aux menaces potentielles.  Toutefois, dans le contexte du retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), l’environnement opérationnel demeure particulièrement dangereux, cinq des sept soldats de la paix tués par des actes malveillants en 2023 l’ayant été au Mali.   

Les États-Unis ont observé à leur tour une hausse inquiétante de la violence dirigée contre des soldats de la paix au cours des dernières années, notamment du fait des campagnes de désinformation, comme celles visant la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), qui entravent la capacité des missions à protéger les civils, à enquêter sur les violations des droits humains et à faciliter le dialogue politique, en plus d’alimenter la méfiance des populations locales.  Dans ce contexte, il a incité les missions de paix à élaborer leurs messages publics de manière proactive afin d’inclure des informations factuelles sur leur mandat dans les langues locales et sur des plateformes médiatiques accessibles.   

Pour sa part, le Mozambique s'est inquiété, comme le Brésil, de l’écart entre les mandats de maintien de la paix de l’ONU et l’apport concret des missions sur le terrain.  À cet égard, la demande du retrait de la MINUSMA par le Gouvernement de transition malien et les manifestations récentes contre la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) dans ce pays constituent des exemples probants des défis fondamentaux auxquels sont confrontées les opérations de paix.   

Afin de mettre fin à l’impunité pour les cas de mauvaise conduite de la part de soldats de la paix, la campagne de communication mondiale « La paix commence par la vie » a été lancée afin de démontrer l’impact des opérations de maintien de la paix sur la population des États hôtes, a indiqué le Secrétaire général adjoint.  De même, la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité est une priorité du maintien de la paix.  En mai dernier, elles représentaient 25,6% du personnel en uniforme, tandis que 38% des chefs et 33% des chefs adjoints des opérations de maintien de la paix sont des femmes.   

Le retrait de la MINUSMA et la demande de retrait de la MONUSCO d’ici à la fin de l’année témoignent plutôt, selon la Fédération de Russie, d’une prise en compte insuffisante des intérêts des États hôtes et d’un déplacement de l’attention vers les droits humains, les questions de genre ou encore le climat.   

La Suisse a appelé, comme le Japon et l’Équateur, à renforcer les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, notamment avec l’Union africaine, afin d’élaborer des opérations de paix dotées d’un financement prévisible, durable et flexible.  En retour, le respect du droit international humanitaire et des droits humains doit être une condition préalable à l’octroi de fonds par l’ONU.

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a déclaré que cinq ans après le lancement de l’Action pour le maintien de la paix, la Déclaration d’engagements communs témoigne d’un consensus mondial et d’une ambition visant à renforcer les missions tout en rendant les soldats de la paix plus en sécurité et plus efficaces.  L’Action pour le maintien de la paix Plus, lancé en 2021, se concentre sur des questions essentielles à la réalisation des objectifs d’Action pour le maintien de la paix.  Il s’agit là d’un effort collectif, le maintien de la paix étant selon lui aussi fort que l’unité et le soutien des États Membres.  Or, les divisions croissantes entre ceux-ci, combinées à la complexité accrue des conflits actuels, posent un formidable défi au maintien de la paix.  Même là où les solutions politiques aux conflits semblent lointaines, les soldats de la paix continuent de protéger la vie de centaines et de milliers de civils dans les pays où ils sont déployés.  Néanmoins, les stratégies politiques bénéficiant du soutien des acteurs clefs sont la pierre angulaire de l’Action pour le maintien de la paix, a-t-il noté. 

Malgré la poursuite du retrait de la MINUSMA, conformément à la résolution 2690 (2023) du Conseil de sécurité, l’ONU poursuit son appui à la mise en œuvre de l’accord de paix.  Même lorsque les mandats de maintien de la paix ne confèrent pas explicitement la tâche de soutenir les processus politiques, les missions jouent souvent un rôle central en créant des conditions propices à la poursuite ou à la reprise des négociations, comme c’est le cas à Chypre.  Ainsi, depuis novembre dernier, sept unités ont été déployées dans le cadre du Système de préparation des moyens de maintien de la paix.  Nous continuons également d’adapter la formation et les déploiements aux besoins des missions, a poursuivi M. Lacroix, par exemple en appliquant les recommandations de l’examen stratégique indépendant sur la réponse de l’ONU aux menaces liées aux munitions explosives.  La Conférence ministérielle sur le maintien de la paix, qui se tiendra en décembre à Accra, sera selon lui une occasion cruciale de prendre de nouveaux engagements à cet égard. 

Comme le montrent les trois rapports d’avancement de l’Action pour le maintien de la paix publiés à ce jour, nous continuons de faire des progrès notables dans le renforcement de la sûreté et de la sécurité des forces de maintien de la paix, a assuré le haut fonctionnaire, malgré des environnements de sécurité de plus en plus complexes.  Des efforts tels que le plan d’action visant à améliorer la sécurité du personnel de maintien de la paix et la mise en œuvre de l’examen des menaces liées aux munitions explosives ont favorisé des progrès dans la protection des forces et la défense intégrée des bases.  Les progrès en matière de renseignement et de connaissance de la situation aident également les missions à faire face aux menaces.  Dans le contexte du retrait de la MINUSMA, l’environnement opérationnel de la Mission reste particulièrement dangereux, alors que cinq des sept soldats de la paix tués par des actes malveillants en 2023 servaient au Mali. 

Mettre fin à l’impunité pour les cas de mauvaise conduite reste un objectif central des opérations de maintien de la paix, a-t-il assuré.  Toutefois, un nombre constant d’allégations d’exploitation et d’abus sexuels continue d’être signalé chaque année.  En tant que mesure proactive, la campagne de communication mondiale « La paix commence avec moi » démontre l’impact tangible des opérations de maintien de la paix sur la population des États hôtes.  Grâce à des discussions proactives avec les autorités nationales, nous avons souvent réussi à relever des défis critiques, tels que les restrictions à la liberté de mouvement et la détention du personnel de l’ONU, a noté le Secrétaire général adjoint.  À cet égard, il a jugé essentiel de réduire les violations des accords sur le statut des forces dans toutes les missions.  De même, la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité est une priorité du maintien de la paix.  En République démocratique du Congo (RDC), la MONUSCO a activement soutenu la participation des femmes au processus de Nairobi, ce qui a permis d’atteindre une représentation de 40% lors de son troisième cycle de consultations.  En mai dernier, elles représentaient 25,6% du personnel en uniforme, et 38% des chefs et 33% des chefs adjoints des opérations de maintien de la paix dirigées par des civils sont des femmes. 

Considérant que le maintien de la paix est un instrument politique, le haut fonctionnaire a noté que la mise en œuvre des mandats du Conseil de sécurité requiert des ressources adéquates et une volonté politique.  ·Alors que la communauté internationale est de plus en plus divisée, les efforts de maintien de la paix visant à soutenir les processus politiques connaissent un bilan mitigé.  Néanmoins, pour les populations en première ligne d’un conflit, la présence de missions de maintien de la paix constitue un moyen de dissuasion important, a ajouté M. Lacroix en conclusion. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a souligné la nécessité pour le Conseil de rationaliser les mandats des opérations de paix afin de garantir qu’ils soient réalistes et s’inscrivent dans les limites de ce qu’elles peuvent accomplir.  Il a ensuite jugé essentiel d’intégrer le maintien de la paix à des processus plus vastes plutôt que d’en faire une activité isolée, car même si elles n’ont pas forcément la capacité de s’attaquer pleinement aux causes sous-jacentes d’un conflit, les missions peuvent avoir un impact transformateur.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur d’une approche stratégique plus vigoureuse de la question des transitions: « Les processus de paix ne s’arrêtent pas au départ du dernier Casque bleu », a-t-il déclaré pour illustrer son propos.  Avant, pendant et après le déploiement d’une mission, il faut tirer pleinement parti des outils existants et briser les cycles du sous-développement, de la croissance inéquitable, des systèmes politiques défectueux.  En outre, il est nécessaire de réduire l’énorme écart entre les ressources que nous mettons à la disposition des missions et ce que nous sommes prêts à donner aux équipes de pays des Nations Unies pour qu’elles reprennent les tâches et fonctions résiduelles de soutien à la paix. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a rappelé que le maintien de la paix repose sur la détermination et le dévouement du personnel des Nations Unies. En tant que membres du Conseil de sécurité, nous devons le soutenir en veillant à ce que la formation et l’équipement nécessaires lui soient fournis, en améliorant la sensibilisation aux menaces et en garantissant une fourniture médicale, a-t-il plaidé, signalant que son pays contribue à ces efforts en formant chaque année des milliers de soldats de la paix de l’ONU.  Rappelant en outre que le Royaume-Uni est un important contributeur de fonds extrabudgétaires et un partisan de la réforme du maintien de la paix, il a dit attendre avec impatience la tenue de la conférence ministérielle sur le maintien de la paix qui se tiendra au Ghana en décembre.  Alors que les campagnes de désinformation contre les missions de maintien de la paix de l’ONU se multiplient, compromettant leur capacité à mettre en œuvre leurs mandats de manière sûre et efficace, il a rappelé qu’une réunion ministérielle préparatoire prévue le mois prochain permettra d’aborder cette question. 

Le représentant a ajouté que les missions continuent également de souffrir de restrictions à la liberté de mouvement et de violations des accords sur le statut des forces, notamment au Mali, en République centrafricaine, au Liban et au Sahara occidental.  Lorsque les gouvernements hôtes négligent leurs obligations, cela fait souffrir non seulement les opérations de paix mais aussi les populations civiles, a-t-il fait remarquer, avant d’appeler les pays hôtes à permettre la mise en œuvre sûre et efficace des mandats des missions.  Enfin, alors que la MINUSMA se retire du Mali et que la transition de la MONUSCO approche, il a invité le Conseil à mettre en pratique les enseignements tirés des expériences passées.  Nous devons, en particulier, nous méfier des retraits conditionnés par des délais plutôt que par des conditions, car ils mettent en danger des vies humaines et les processus de paix, a-t-il mis en garde.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a estimé que le Conseil de sécurité doit renouveler les mandats des opérations de maintien de la paix en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.  C’est particulièrement important lorsque ces missions sont confrontées à de graves difficultés qui limitent leur capacité à mettre en œuvre leur mandat, a-t-elle noté, comme l’imposition de restrictions à leurs déplacements par des groupes armés.  Il est donc essentiel qu’elles soient dotées de ressources et d’équipements adéquats pour résister aux difficultés et assumer pleinement leurs responsabilités, a argué la représentante.  Il lui semble également essentiel de parvenir à une compréhension commune et claire des mandats des opérations de maintien de la paix avec les gouvernements des pays hôtes afin d’instaurer la confiance nécessaire à une coopération durable. 

À cet égard, elle a rappelé que le Secrétaire général a fait de la coopération avec les pays hôtes l’une des sept priorités de son initiative A4P+.  La représentante a également appelé la communauté internationale à continuer de développer ses méthodes pour lutter contre les discours de haine, l’extrémisme et la prolifération des fausses informations et de la désinformation, qui ont un impact sur la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et alimentent les conflits et les tensions entre les communautés, en insistant sur la mise en œuvre de la résolution 2686 adoptée en juin dernier à cet égard.  En dernier lieu, la déléguée a fait valoir l’importance d’accroître la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.  Les Émirats arabes unis soutiennent les efforts déployés pour atteindre cet objectif, a-t-elle précisé, notamment la mise en œuvre en cours de la stratégie paritaire pour les personnels en uniforme. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que les défis auxquels sont confrontés les efforts de maintien de la paix de l’ONU suscitent de sérieuses inquiétudes quant à leur avenir.  Le retrait de la MINUSMA et la demande de retrait de la MONUSCO d’ici à la fin de l’année par la République démocratique du Congo témoignent selon lui d’une prise en compte insuffisante des intérêts des États hôtes et d’un déplacement de l’attention vers les droits humains, les questions de genre ou encore le climat.  Dans certaines régions, les opérations de paix se sont intégrées au contexte politique national, a-t-il constaté, faisant partie du processus de gestion du conflit, au lieu d’être un outil de résolution des conflits.  Le représentant a dit constater un mécontentement croissant de l’opinion publique quant à la manière dont les Casques bleus exécutent leur mandat.  De même, la montée de la désinformation concernant l’ONU nécessite une approche globale, a-t-il noté, tout en mettant en garde contre la censure des critiques justifiées à l’égard des soldats de la paix. 

Autre problème: le « décalage » entre les moyens dont disposent les soldats de la paix et les tâches qui leur sont assignées, ce qui suscite des attentes exagérées de la part de la population.  Sans solution politique, il est selon lui impossible de s’entendre sur un mandat clair et réaliste, de gagner la confiance de l’État hôte et d’assurer un soutien aux efforts régionaux.  Le représentant a exprimé son appui à l’intensification de la coopération de l’ONU avec les organisations régionales et sous-régionales, l’Union africaine au premier chef.  Il a cité la République centrafricaine comme exemple positif s’agissant des interactions de l’ONU avec l’État hôte, tout en rappelant le principe fondamental du consentement des parties.  Selon lui, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix devrait rester la principale plateforme de discussion sur les orientations des activités de maintien de la paix.

M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a estimé que les opérations de maintien de la paix se trouvent à un moment critique, alors que les tensions entre les missions et les pays hôtes et les incidents violents laissent entrevoir un environnement de plus en plus difficile.  Il a cité les événements impliquant la MONUSCO et la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre, ainsi que le retrait de la MINUSMA.  Au Soudan, la détérioration de la situation a entravé la capacité de la MINUATS à s’acquitter de son mandat. 

Un maintien de la paix efficace doit respecter les principes de consentement des parties, d’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et la défense du mandat, a insisté le représentant.  Pour le Brésil, le Conseil doit concevoir des mandats à la fois réalistes et adaptés, et veiller à leur mise en œuvre de manière systématique, afin de les adapter à l’évolution des situations.  Le Conseil devrait également être en mesure de déterminer en temps opportun quand les conditions sur le terrain ne justifient plus la présence d’opérations de paix. 

Dans un contexte d’environnement de plus en plus hostile, le représentant a souligné l’importance de la communication stratégique en tant qu’outil d’amélioration de la performance globale des opérations pour lutter contre la désinformation, mais aussi pour promouvoir l’engagement avec les communautés locales.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a souhaité que le Conseil de sécurité se rappelle l’importance de son soutien unifié au maintien de la paix et de sa responsabilité de fournir des mandats bien définis, réalistes et réalisables, tout en reconnaissant les limites que le maintien de la paix peut avoir dans l’exécution de ces mandats.  Soulignant la nécessité de faire avancer les réformes du maintien de la paix afin de permettre une adaptation souple à des environnements dynamiques, la représentante a réitéré le soutien de son pays aux priorités de l’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P) et de l’A4P+, notamment la réalisation de la parité hommes-femmes, les outils de performance intégrés et la communication stratégique. 

Alors que la période cible de l’A4P+ est la fin de cette année, la représentante a appelé à renforcer les partenariats, notamment celui établi entre l’ONU et l’Union africaine, essentiel selon elle pour améliorer la performance globale du maintien de la paix.  Elle a, d’autre part, exhorté le Conseil à mieux utiliser le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix et sa capacité à réunir un large éventail de parties prenantes pour mobiliser tous les outils disponibles en faveur de la paix durable et de la non-récurrence des conflits.  Enfin, elle a plaidé pour une amélioration de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix, confrontés à des risques de plus en plus variés, y compris les engins piégés et la désinformation.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a observé une augmentation inquiétante de la violence à l’encontre des soldats de la paix au cours des dernières années. Les campagnes de désinformation et de mésinformation, comme celles visant la MINUSCA, entravent la capacité des missions à protéger les civils, à enquêter sur les violations des droits humains et à faciliter le dialogue politique, en plus de nourrir la méfiance des populations locales.  Les missions de paix doivent donc élaborer leurs messages publics de manière proactive afin d’inclure des informations factuelles sur leur mandat dans les langues locales et sur des plateformes médiatiques accessibles.  Les gouvernements hôtes doivent également redoubler d’efforts pour lutter contre de telles campagnes ciblant les missions de l’ONU, a préconisé le représentant. 

La gestion environnementale est une question transversale qui a un impact sur la sécurité des soldats de la paix, a considéré le représentant, en préconisant un recours accru aux énergies renouvelables.  Les États-Unis organiseront un événement parallèle à la conférence ministérielle sur le maintien de la paix d’Accra sur cette question, a-t-il annoncé, afin d’explorer des partenariats innovants avec les pays contributeurs de contingents permettant d’atteindre les objectifs de gestion environnementale de l’ONU. 

L’amélioration des performances du maintien de la paix fait partie intégrante des programmes Action pour le maintien de la paix et Action pour le maintien de la paix Plus du Secrétaire général et de la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, ce qui démontre qu’il s’agit d’une priorité pour le Conseil.  Il incombe à celui-ci de continuer de rechercher les causes en cas de sous-performance des opérations de maintien de la paix et de faire en sorte qu’elles bénéficient du soutien dont elles ont besoin pour réussir, a conclu le délégué. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a fait observer que les opérations de maintien de la paix restent souvent la seule réponse possible face aux défis sécuritaires contemporains.  Selon lui, la prévention des conflits et la consolidation de la paix sont des leviers utiles, mais « inadaptés une fois que les crises ont éclaté ». Pour agir sur le terrain, une présence sécuritaire est incontournable dans bien des cas, a-t-il fait valoir, saluant à cet égard le rôle primordial du Conseil de sécurité et sa capacité à générer des forces et un soutien logistique.  Le succès des opérations de maintien de la paix dépend aussi de l’existence d’une dynamique et d’une stratégie de la part des parties sur le terrain, a relevé le représentant, selon lequel les États hôtes doivent faciliter l’exécution des mandats, sans céder « ni à la tentation de faire des Nations Unies un bouc-émissaire ni aux sirènes des mercenaires ». 

Aux yeux du représentant, le bilan du maintien de la paix doit beaucoup aux efforts de réforme menés dans le cadre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix ».  Après avoir indiqué que la France a alloué en 2023 près de 4 millions d’euros de contributions volontaires au Département des opérations de paix et au Département de l’appui opérationnel, il a estimé que la réunion ministérielle d’Accra, en décembre, sera importante pour réaffirmer un leadership et une vision politique de l’avenir du maintien de la paix.  Il s’est enfin dit convaincu que l’avenir du maintien de la paix réside dans le renforcement des partenariats, que ce soit avec l’Union africaine (UA), via le financement des opérations africaines de paix sur contributions obligatoires des Nations Unies, ou avec l’Union européenne (UE), dont les opérations sont complémentaires de l’action de l’ONU et de l’UA sur de nombreux théâtres de crise. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a salué les recommandations visant à améliorer les performances des opérations de maintien de la paix contenues dans le rapport du Secrétaire général, en particulier la nécessité d’ajuster les stratégies et les mandats destinés à renforcer la sécurité des soldats de la paix. Il s’est en outre félicité de la contribution du Département des opérations de maintien de la paix au renforcement des capacités des États Membres au moyen de visites consultatives, d’évaluations et de formations en prévision du déploiement des contingents.  Néanmoins, le représentant a exprimé sa vive préoccupation face à l’écart existant entre les mandats de maintien de la paix de l’ONU et l’apport concret des missions sur le terrain.  La demande du retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) par le Gouvernement de transition malien et les manifestations récentes contre la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) dans ce pays constituent des exemples probants des défis fondamentaux auxquels sont confrontées certaines opérations de maintien de la paix. 

Ces opérations demeurent cependant une « force unificatrice » qui rassemble les États Membres autour d’une vision commune du maintien de la paix, un « multilatéralisme en action » qui tire sa légitimité de mandats du Conseil de sécurité.  À cet égard, le représentant a rappelé l’expérience réussie de l’Opération des Nations Unies au Mozambique (ONUMOZ), qui a su mener à bien le processus de désarmement, démobilisation et réintégration, jetant ainsi les bases de la création d’une nouvelle armée nationale.  Il a expliqué ces succès par la volonté politique des parties et l’appui du peuple mozambicain, combinés à des objectifs clairs et un large soutien régional et international.

M. GENG SHUANG (Chine) a insisté sur le fait que les opérations de paix devraient compléter l’action diplomatique et se baser sur l’action du Secrétaire général et son Nouvel Agenda pour la paix.  Ces opérations de maintien de la paix sont un moyen et non une fin en soi.  Elles devraient coordonner un règlement politique et ne pas s’écarter de l’appui aux efforts diplomatiques.  Elles doivent gagner la confiance des pays hôtes et le soutien des populations locales. 

Préoccupé par le retrait de la MINUSMA et par la situation à laquelle la MONUSCO et la FINUL font face, le représentant a appelé à soutenir les Casques bleus et renforcer la coopération avec les gouvernements.  Il a mis l’accent sur les partenariats entre les opérations de paix, le Secrétariat de l’ONU et les pays contributeurs de contingents et de personnels de police en matière de développement, afin de jeter les bases d’une paix et d’une stabilité pérennes.  Il a plaidé pour un renforcement de la coordination entre l’ONU et les organisations régionales, afin de soutenir les efforts visant à trouver des solutions régionales aux problèmes régionaux, tout en se basant sur les capacités régionales. 

Le représentant a souligné la nécessité d’utiliser la force de façon très prudente lors des opérations de maintien de la paix.  Il a plaidé pour des opérations de maintien de la paix qui utilisent la technologie à bon escient, afin notamment d’améliorer la communication stratégique.  Face aux nouvelles menaces, les opérations de maintien de la paix doivent s’ajuster et riposter de façon utile, a-t-il encore déclaré. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a invité les États Membres à soigneusement analyser les recommandations formulées dans le « Nouvel Agenda pour la paix » du Secrétaire général, à commencer par les mandats des opérations de paix, qui doivent être clairs, hiérarchisés et réalisables.  Ces mandats doivent également être accompagnés de ressources et d’un soutien adéquats pour les opérations des organisations régionales et sous-régionales, en particulier en Afrique où la prolifération des groupes armés non étatiques constitue une menace, a ajouté le représentant. 

Les opérations de paix devraient être déployées à l’appui de processus politiques clairement identifiés, a poursuivi le représentant, pour qui le succès de ces opérations dépend également du respect des autres principes fondamentaux du maintien de la paix, comme le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et dans le cadre d’un mandat autorisé par le Conseil. 

Le représentant a également abordé les défis et les opportunités que les développements technologiques rapides présentent pour les opérations de paix.  La technologie peut améliorer les capacités d’alerte et d’action rapides, la sécurité des camps et des convois, grâce à des connexions Internet stables et à des réseaux de communication intégrés; elle peut également améliorer la surveillance et l’analyse des conflits, accroître l’efficacité énergétique et réduire la pollution de l’environnement, a-t-il souligné en appelant le Conseil à exploiter le développement technologique pour favoriser la paix.  Il a également insisté sur l’importance de la sécurité des soldats de la paix alors que les nouvelles technologies ont donné naissance à de nouvelles formes de harcèlement et de désinformation.  Il a notamment souligné le rôle des nouvelles technologies dans le cadre de la communication stratégique pour mieux gérer les attentes des communautés locales, contrer la désinformation et les informations erronées, instaurer la confiance entre les opérations de paix et les localités dans lesquelles elles opèrent et contribuer à la protection des civils. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a appelé à adapter les opérations de maintien de la paix afin de réduire l’écart entre leurs mandats et ce qu’elles sont en mesure d’accomplir concrètement sur le terrain, comme l’indique le Secrétaire général dans le Nouvel Agenda pour la paix.  Elle a salué la publication du troisième rapport d’avancement de la mise en œuvre de l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus (A4P+). Pour la représentante, il incombe au Conseil de sécurité de veiller à ce que la « primauté du politique » guide les opérations de paix et contribue à un processus politique clairement défini. 

La représentante a également proposé de repenser les partenariats avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, afin d’élaborer des opérations de maintien de la paix dirigées par l’Union africaine dotées d’un financement prévisible, durable et flexible.  La protection des civils doit néanmoins demeurer une priorité des opérations de paix, conformément au droit international humanitaire et aux droits de l’homme, a-t-elle averti.  En retour, le respect de ces droits doit être une condition préalable à l’octroi de fonds par l’ONU, notamment dans le contexte de la MONUSCO, où se pose la question du soutien à des forces non onusiennes. 

La mise à disposition par la Suisse d’un expert au Département des opérations de paix témoigne de son soutien à la mise en œuvre du Système intégré de planification et d’évaluation de la performance, a déclaré la représentant.  S’agissant de la réforme du maintien de la paix, elle a souligné la nécessité de développer les capacités des forces régionales, de renforcer les structures actuelles et de rationaliser les mandats. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a exprimé le ferme soutien de son pays à l’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P) ainsi qu’au plan de mise en œuvre de l’A4P+.  Dans ce cadre, disposer de mandats clairs, crédibles et réalistes est une condition préalable au succès des missions de maintien de la paix, a estimé la représentante. Les mandats doivent être ancrés dans une stratégie politique plus large qui donne la priorité à la protection de l’enfance, aux femmes, à la paix et à la sécurité ainsi qu’à l’action climatique, a-t-elle préconisé, plaidant en outre pour une coopération étroite avec toutes les parties prenantes locales, régionales et multilatérales.  La représentante a par ailleurs souligné l’importance d’assurer l’intégration du programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les priorités de l’A4P+.  À ses yeux, une paix durable ne peut être obtenue que grâce à la participation pleine, égale et significative des femmes à toutes les facettes de la consolidation et du maintien de la paix. 

La représentante a d’autre part estimé que le Conseil de sécurité devrait se concentrer davantage sur la gestion environnementale et déployer des missions écologiques et responsables en matière d’utilisation des ressources naturelles.  Selon elle, il est nécessaire de s’attaquer à l’impact environnemental des opérations de maintien de la paix, en étroite coordination avec les parties concernées, y compris les pays fournisseurs de contingents et de forces de police.  Elle a enfin appelé à garantir que les missions de maintien de la paix disposent d’un financement adéquat et prévisible, rappelant à ce propos que les États membres de l’Union européenne constituent, ensemble, le deuxième contributeur financier au budget du maintien de la paix.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a déclaré que, pour s’adapter aux nombreux défis de sécurité, les opérations de maintien de la paix doivent poser un diagnostic clair sur leurs forces et leurs limites.  Elles doivent aussi réinventer des solutions concrètes et adéquates leur permettant de répondre efficacement aux réalités spécifiques de chaque situation sur le terrain. 

Dans plusieurs pays africains et dans d’autres régions du monde, les opérations de maintien de la paix ont fortement contribué à encadrer des transitions politiques pacifiques, à réduire les hostilités, promouvoir le processus de la consultation ainsi que le processus de désarmement, démobilisation et réintégration, a rappelé le représentant.  Dans certains cas, elles ont contribué à l’établissement de l’état de droit.  En revanche, face la complexité des nouvelles menaces, leur performance s’est atrophiée et leurs mandats se sont avérés limités et très souvent en déphasage avec les réalités sur le terrain, a-t-il aussi observé. 

Citant en exemple la remise en cause de la présence de la MONUSCO en République démocratique du Congo, le représentant a jugé « fondamental » d’élaborer des mandats innovants et adaptés aux théâtres des opérations, pour permettre aux opérations de maintien de la paix de gagner en efficacité.  Il a appelé à améliorer les processus de préparation au déploiement des soldats de la paix et à être à l’écoute des pays concernés ainsi que des populations qui aspirent légitimement au rétablissement de la paix, afin de permettre à des États fragilisés de sortir des crises cycliques multidimensionnelles auxquelles ils sont confrontés. 

Réitérant la volonté de l’Union africaine de s’impliquer dans la résolution des crises affectant la sécurité du continent, le représentant a estimé qu’une configuration hybride des opérations de paix pourrait constituer l’avenir du maintien de la paix en Afrique.  Pour le Gabon, cela implique un partenariat plus efficace entre les Nations Unies et l’Union africaine, ainsi qu’un financement approprié, prévisible et disponible pour les efforts de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Cette coopération ONU-Union africaine est une solution concrète à la prévention des conflits, à la gestion des défis liés au terrorisme au Sahel notamment, ainsi qu’à la consolidation de la paix dans la région de la Corne de l’Afrique, a insisté le représentant.  Il a également mis en avant l’attachement de son pays à la promotion des femmes dans les opérations de maintien de la paix, à la transformation numérique de ces dernières, ainsi qu’à une plus grande prise en compte du multilinguisme et de l’interculturalité dans les opérations de maintien de la paix.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a constaté qu’il est devenu très difficile de faire coïncider les mandats des opérations de paix avec les réalités opérationnelles, en particulier dans les conflits prolongés.  Cela a conduit à des attentes accrues et parfois irréalistes qui, lorsqu’elles ne sont pas satisfaites, suscitent des critiques de plus en plus vives et, dans certains cas, de l’hostilité.  Par conséquent, la compréhension, la coopération et le soutien des pays hôtes sont essentiels pour garantir que les Casques bleus puissent exécuter leur mandat et se déplacer librement, a insisté le représentant.  Après avoir rappelé que c’est à la demande du pays hôte que la MINUSMA a entamé son retrait, et que le Gouvernement de la RDC a pris une décision similaire pour la MONUSCO, il s’est dit préoccupé par le fait que la crise sécuritaire posée par l’activité de mercenaires n’aggrave encore la paix et la stabilité une fois l’ONU partie.  Si les missions ne sont pas exemptes de critiques, les gouvernements insatisfaits doivent toutefois être conscients que le recours à des mercenaires ne va pas sans conséquences, a mis en garde le représentant.  Sur un autre volet, il a estimé que pour contrer les fausses informations, les missions doivent travailler en étroite collaboration avec les communautés locales pour les sensibiliser aux objectifs de leur mandat. Le délégué a également insisté sur l’impératif d’assurer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix en exigeant que les actes de violence qui les prennent pour cible fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites judiciaires.

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