9405e séance - matin
CS/15396

Au Conseil de sécurité, Daech est jugé « agile et ambitieux » et décrit comme une menace persistante dans les zones de conflit, malgré les coups reçus

Une organisation « agile et ambitieuse » qui continue de constituer une menace sérieuse dans les zones de conflit et les pays voisins, beaucoup plus faible ailleurs, dans les zones non conflictuelles, qu’il faut combattre par une approche globale intégrant la recherche volontaire de la paix, tout en s’attaquant aux causes profondes de la violence et aux conditions susceptibles de favoriser la radicalisation vers le terrorisme, c’est l’état dans lequel a été décrit Daech ce matin aux membres du Conseil de sécurité, qui tenait sa séance semestrielle aux moyens de lutter contre l’organisation terroriste. 

Le dix-septième rapport du Secrétaire général sur la menace que représente l’EIIL (Daech) pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’Organisation des Nations Unies pour aider les États Membres à contrer cette menace a été présenté au Conseil par le Secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, M. Vladimir Voronkov, ainsi que par la Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), Mme Natalia Gherman, laquelle a en outre précisé les activités menées par la DECT durant les six derniers mois. 

M. Voronkov a rappelé les succès enregistrés par les États dans leur lutte contre Daech depuis le début de l’année, y compris l’élimination de plusieurs de ses cadres dirigeants, dont son chef, ainsi que le ciblage des ressources financières de l’organisation.  Selon lui, ces mesures ont eu « un effet notable » sur les opérations de Daech, notamment en Iraq et en Syrie.  Il a également cité les initiatives antiterroristes menées en Égypte, au Mozambique et au Yémen. 

Plusieurs membres du Conseil se sont félicités de ces réussites.  La lutte contre le financement a été évoquée notamment par le Japon et l’Équateur, qui ont rappelé à cet égard l’importance d’une pleine mise en œuvre de la résolution 2462 (2019).  L’Équateur s’est félicité de l’adhésion, en mai, du Fonds monétaire international au Pacte mondial des Nations Unies de coordination contre le terrorisme.  La France a rappelé son rôle dans l’initiative No Money For Terror, qui veille à prendre en compte tous les modes de financement du terrorisme, y compris les cryptomonnaies car, le Brésil l’a souligné, Daech utilise celles-ci, comme d’autres moyens innovants comme le financement participatif, pour se procurer des ressources, et pour mener ses activités. Mme Gherman a fait part des consultations entreprises par la DECT après l’adoption, en octobre dernier, de la Déclaration de Delhi sur la lutte contre l’utilisation des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes.  La Suisse a toutefois mis en garde face au risque d’entraver les vastes possibilités offertes par les nouvelles technologies, alors que celles-ci, comme l’a fait observer Mme Gherman, peuvent aussi être utilisées pour identifier les menaces et renforcer les capacités des États en matière de lutte contre le terrorisme.  

La résurgence de Daech sur les lieux de ses origines au Moyen-Orient a été évoquée notamment en raison de la situation toujours désastreuse des camps et centres de détention situés dans le nord-est de la Syrie, où sont détenus des personnes soupçonnées de liens avec Daech.  M. Voronkov en a jugé les conséquences sur la sécurité régionale et internationale « imprévisibles ».  Le Royaume-Uni a reconnu que ces camps constituent un terrain fertile pour la radicalisation et mis en avant son action dans le camp de Hol en Syrie. 

L’intervention d’une survivante de la communauté yézidie, particulièrement ciblée par Daech, est venue rappeler aux membres du Conseil les atrocités commises par l’organisation terroriste lorsqu’elle dominait une partie de l’Iraq, mais aussi que 70% des membres de sa communautés vivent aujourd’hui encore dans des conditions indignes dans des camps de fortune parce que leurs villages sont toujours situés dans des zones assiégées.  Rappelant au Conseil son rôle historique pour enquêter sur les crimes de Daech, elle lui a demandé d’aller plus loin en organisant la mise en place de tribunaux internationaux pour juger les bourreaux de Daech, et de faire pression sur le Parlement iraquien pour qu’il ne promulgue pas de loi sur le terrorisme qui prévoit l’amnistie de certains ex-membres de Daech.  Il faut empêcher cet affront fait aux femmes yézidies, a-t-elle lancé. 

À la suite de M. Voronkov, le Royaume-Uni, la France ou encore le Gabon se sont inquiétés des progrès de la filiale de Daech au Sahel et en Afrique de l’Ouest.  En revanche, le Ghana et le Mozambique se sont réjouis des coups portés au terrorisme grâce au déploiement dans ce dernier pays d’une mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe, qualifié de bel exemple de collaboration régionale réussie en matière de lutte contre le terrorisme.  Enfin, la situation en Afghanistan, où opèrent une vingtaines de groupes terroristes dont l’EIIL-K affilié à Daech, a été jugée de plus en plus complexe par M. Voronkov. 

« La force seule ne peut pas conduire à des changements dans les conditions propices au terrorisme », ont néanmoins rappelé plusieurs membres du Conseil et les dirigeants du Secrétariat, qui ont insisté sur la mise en œuvre complète et uniforme de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies réaffirmée en juin par l’Assemblée générale.  Une position approuvée par la Chine, qui a insisté sur le rôle du développement pour combattre l’attrait du terrorisme sur une jeunesse désœuvrée mais aussi sur la lutte contre les politiques sélectives. 

Mais, « pendant que certains combattent ce mal, d’autres l’alimentent sous de nouvelles formes et sur de nouveaux territoires », a accusé la Fédération de Russie, qui a rendu « l’Occident global » responsable de l’émergence de Daech aussi bien en Iraq qu’au Sahel ou en Afghanistan, avant de l’accuser de soutenir en Ukraine un régime qui « affiche ouvertement » des méthodes terroristes.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME (S/2023/568)

Déclarations

M. Vladimir Voronkov, Secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, a d’abord rappelé qu’à l’occasion de la Journée internationale du souvenir et de l’hommage aux victimes du terrorisme, le 19 juin, son Bureau et le Groupe des amis des victimes du terrorisme avaient organisé une cérémonie pour planter, au Siège de l’ONU, l’arbre de solidarité des victimes du terrorisme, qu’il a présenté comme un symbole intemporel et puissant de l’engagement des Nations Unies et de la communauté internationale à protéger et promouvoir les droits des victimes du terrorisme. 

Présentant ensuite le dix-septième rapport du Secrétaire général sur la menace que représente l’EIIL (Daech) pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’Organisation des Nations Unies pour aider les États Membres à contrer cette menace, M. Voronkov a déclaré que Daech et ses affiliés continuent de constituer une menace sérieuse dans les zones de conflit et dans les pays voisins, tout en ajoutant que le niveau de menace reste faible dans les zones non conflictuelles.  Il a toutefois rappelé la nature « complexe, spécifique au contexte et dynamique » de la manière dont ces groupes opèrent et évoluent. 

Ainsi, M. Voronkov a jugé profondément préoccupantes l’expansion continue de Daech et des groupes affiliés dans certaines régions d’Afrique ainsi que la hausse de la violence.  Au Sahel, la filiale locale de Daech devient de plus en plus autonome et multiplie les attaques au Mali, mais aussi au Burkina Faso et au Niger.  Les attaques perpétrées par des terroristes et autres groupes armés se sont également multipliées en République démocratique du Congo.  En outre, le conflit au Soudan a attiré l’attention sur la présence de Daech et d’autres groupes terroristes dans ce pays. 

En Afghanistan, la situation devient de plus en plus complexe, a averti M. Voronkov, qui a ajouté que les craintes de voir des armes et des munitions tomber entre les mains de terroristes se matérialisent et que les capacités opérationnelles de d’EIIL-Khorasan auraient augmenté.  Du fait de l’activité d’une vingtaine de groupes terroristes dans le pays, des mesures prises par les taliban, d’une situation humanitaire « désastreuse » et de l’absence de développement, il a dit voir des défis importants « pour la région et au-delà ». 

Le Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme a rappelé les succès enregistrés par les États dans cette lutte, y compris le ciblage des finances de Daech et l’élimination de plusieurs de ses cadres dirigeants, dont son chef, depuis le début de l’année.  Selon M. Voronkov, ces mesures ont eu « un effet notable » sur les opérations de Daech, notamment en Iraq et en Syrie.  Il a également cité les initiatives antiterroristes menées en Égypte, au Mozambique et au Yémen. 

Pourtant, le risque d’une résurgence demeure, a poursuivi M. Voronkov, qui a expliqué que Daech avait adopté des structures décentralisées moins hiérarchiques sur le modèle d’Al-Qaida, offrant une autonomie opérationnelle accrue à ses groupes affiliés, des liens financiers et de propagande étant toutefois maintenus entre le centre et les filiales régionales. 

En outre, M. Voronkov a rappelé la situation toujours aussi désastreuse des camps et centres de détention situés dans le nord-est de la Syrie, où sont détenus notamment des personnes soupçonnées de liens avec Daech.  Il a jugé « peu probable » qu’elle s’améliore de sitôt, jugeant ses conséquences sur la sécurité régionale et internationale « imprévisibles ». 

M. Voronkov a ensuite présenté quatre observations.  Il a d’abord insisté sur le caractère essentiel du respect du droit international, notamment du droit international relatif aux droits de l’homme et du droit humanitaire, pour le succès de la lutte contre le terrorisme, répétant que les actions qui contreviennent à ces obligations juridiques « ne font que saper les efforts mondiaux ». 

M. Voronkov a ensuite rappelé la nécessité d’ancrer solidement les initiatives antiterroristes dans des stratégies politiques visant à résoudre les conflits qui alimentent le plus le terrorisme.  « La force seule ne peut pas conduire à des changements dans les conditions propices au terrorisme », a-t-il répété, avant de rappeler que, dans sa récente note d’orientation sur un nouvel agenda pour la paix, le Secrétaire général avait appelé à une nouvelle génération d’opérations antiterroristes, dirigées par des partenaires africains dotés d’un mandat du Conseil de sécurité en vertu des Chapitres VII et VIII de la Charte des Nations Unies et dotées d’un financement garanti par les contributions statutaires. 

Le Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme a également insisté sur la nécessité d’une plus grande complémentarité entre les réponses sécuritaires et les mesures préventives, demandant une augmentation considérable des efforts au profit de ces dernières.  Il a rappelé que la mise en œuvre intégrée et équilibrée des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies contribuerait à garantir ce point. 

Enfin, M. Voronkov a jugé les développements dans certaines régions d’Afrique « profondément préoccupants » et rappelé qu’ils étaient liés aux conflits existants et aux griefs locaux. 

En conclusion, M. Voronkov a rappelé l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 77/298 à l’issue de son huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Pour lui, si cette adoption a démontré que le consensus n’était pas facile à obtenir, celui-ci, une fois acquis, réaffirme l’unité des États Membres contre le terrorisme. Il a rappelé la nécessité d’un engagement à long terme et d’efforts continus et coordonnés de la part des États Membres et a dit attendre avec impatience une collaboration étroite avec les partenaires sur les principales priorités identifiées lors de la Conférence de haut niveau des Nations Unies réunissant les chefs d’organismes antiterroristes des États Membres.

Mme NATALIA GHERMAN, Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), qui présentait le dix-septième rapport du Secrétaire général sur la menace que pose Daech pour la paix et la sécurité́ internationales, a d’entrée averti que l’organisation terroriste reste « agile et ambitieuse », malgré la diminution de son contrôle territorial. 

Revenant sur les quatre tendances clefs durant la période considérée, la Directrice exécutive a relevé, en premier lieu, que l’activité terroriste continue de se produire principalement dans le contexte de conflits existants, citant la fragmentation du paysage géopolitique, l’émergence de nouvelles zones de conflit et la complexité croissante des situations de conflit armé. 

Cette tendance exige, selon elle, une approche globale qui intègre la recherche délibérée de la paix, tout en s’attaquant aux causes profondes de la violence et aux conditions susceptibles de favoriser la radicalisation vers le terrorisme, plutôt que de se contenter de réponses trop sécuritaires dans la lutte contre le terrorisme, a recommandé Mme Gherman.  Dans un deuxième point, a-t-elle poursuivi, le rapport salue les efforts continus des États Membres pour rapatrier leurs ressortissants du nord-est de la République arabe syrienne, dont certains pour la première fois, ce qui est, à ses yeux, une « évolution louable ». 

Elle a ensuite pris acte des défis complexes auxquels les États Membres sont confrontés pour faire face à la situation désastreuse dans les camps du nord-est de la République arabe syrienne, en particulier en ce qui concerne les femmes et les enfants associés aux combattants terroristes étrangers de Daech.  Dans le même temps, la responsable onusienne a également rappelé qu’il incombe aux États Membres de traduire les terroristes en justice et de faire preuve de coopération internationale dans les efforts déployés à cette fin. 

Pour sa part, l’ONU continue de prêter assistance à ceux qui sont confrontés aux défis posés par le retour de leurs ressortissants, a-t-elle noté. 

Abordant la présence opérationnelle de Daech dans certaines parties de l’Afrique, qui continue d’évoluer, la Directrice exécutive a jugé essentiel que l’ONU apporte un soutien adapté et global aux États Membres africains afin de renforcer leur capacité à s’attaquer notamment aux conditions sous-jacentes propices au terrorisme et à renforcer les réponses de la justice pénale au terrorisme.  Au cours de la période considérée, les entités du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme ont renforcé leurs partenariats avec certains pays africains pour répondre à l’évolution des menaces. 

Cette année, la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, agissant au nom du Comité contre le terrorisme, a effectué ses premières visites d’évaluation globale au Bénin en mars et en République démocratique du Congo en juillet, a-t-elle informé.  Elles ont porté sur des questions telles que la menace terroriste, la lutte contre l’extrémisme violent propice au terrorisme, les réponses de la justice pénale, la lutte contre le financement du terrorisme, les mesures d’application des lois et la surveillance des frontières, la coopération internationale, les droits humains et la dimension de genre, a-t-elle détaillé. 

Enfin, l’ONU a intensifié ses efforts pour que Daech réponde de ses crimes.  À cet égard, a-t-elle indiqué, il a été procédé à l’évaluation des cadres de la justice pénale afin de renforcer la responsabilité pour les actes terroristes, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil et aux normes internationales. Pour contrer avec succès la menace complexe de Daech et d’autres groupes terroristes, la haute fonctionnaire a conseillé de tirer les leçons des expériences passées, tout en identifiant et en traitant les menaces nouvelles et émergentes. 

À cet égard, le Comité contre le terrorisme (CCT) et sa direction exécutive continuent de travailler avec leurs partenaires pour étudier comment les nouveaux outils et applications technologiques, les systèmes d’apprentissage automatique et d’autres plateformes cybernétiques émergentes, peuvent être utilisés pour identifier les menaces et renforcer les capacités des États en matière de lutte contre le terrorisme.  À la suite de l’adoption de la Déclaration de Delhi sur la lutte contre l’utilisation des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes, la DECT a consulté les partenaires de l’ONU, les groupes de réflexion, la société civile, les universités et le secteur privé afin d’élaborer un ensemble de principes directeurs non contraignants à l’intention des États Membres. 

Elle s’est dite convaincue que ces principes aideront les États Membres à prévenir, détecter et perturber l’utilisation des nouvelles technologies financières, des technologies de l’information et de la communication. En conclusion, elle a estimé essentiel que « nos mesures antiterroristes » s’inscrivent dans le cadre d’une approche globale de lutte contre la menace terroriste et soient fondées sur des preuves, adaptées, et respectent les droits humains. 

Mme FARIDA KHALAF, une représentante de la société civile qui est intervenue par visioconférence, a raconté son histoire de rescapée iraquienne yézidie de Daech.  Enlevée et réduire en esclavage en août 2014, elle a indiqué avoir subi le genre de violences physiques et psychologiques qui détruisent vos rêves de vivre une vie simple et de fonder une famille.  J’ai été vendue et achetée comme des milliers d’autres femmes yézidies, certaines d’entre elles n’ayant toujours pas été libérées, a-t-elle poursuivi. Mme Khalaf a demandé au Conseil de sécurité de reconnaître qu’avec la prise de Sinjar le 3 août 2014, et compte tenu des violences commises contre sa communauté, un génocide avait commencé, « un génocide qui a toujours lieu, 10 ans plus tard ».  Il faut reconnaître ce génocide en allant plus loin que ce que reconnaît la résolution 2253, cela pour que justice soit faite et qu’un environnement sûr soit enfin créé pour permettre aux Yézidis de rentrer chez eux, a-t-elle demandé. 

Elle a expliqué qu’aujourd’hui encore, 70% des Yézidis d’Iraq vivent dans des conditions indignes dans des camps de fortune.  Si ces hommes, ces femmes et ces enfants ne partent pas, c’est parce que leurs villages sont toujours situés dans des zones assiégées, a-t-elle indiqué.  S’agissant des 2 700 personnes disparues appartenant à sa communauté, elle a affirmé que le Conseil de sécurité « sait dans quels pays ou zones elles se trouvent ».  Rien n’est fait pour les remettre en liberté, a-t-elle déclaré, appelant de nouveau la communauté internationale à permettre aux réfugiés de rentrer chez eux et de bénéficier du droit d’asile en tant que « survivants de ce génocide terrible ».  Le Conseil de sécurité a joué un rôle historique pour enquêter sur les crimes de Daech dans le cadre de sa résolution 2253, il doit à présent aller plus loin en organisant la mise en place de tribunaux internationaux où juger les bourreaux de Daech, a insisté Mme Khalaf.  Elle s’est dite prête à y venir témoigner. Au Conseil toujours, elle a demandé qu’il exerce la pression nécessaire pour empêcher que le Parlement ne promulgue une loi sur le terrorisme prévoyant l’amnistie de certains ex-membres de Daech.  Il faut empêcher cet affront fait aux femmes yézidies, a-t-elle lancé, avant de plaider pour la création d’un fonds afin de reconstruire Sinjar.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a souligné qu’en juin, deux dirigeants de Daech avaient été désignés par son pays comme des terroristes internationaux pour des actes de violences sexuelles et sexistes commis contre des femmes yézidies, leur enlèvement et leur mise en esclavage.  Cette décision fait date: c’est en effet la première fois que l’accent a été mis sur les violences sexuelles et sexistes liées aux conflits.  Appelant à recourir à tous les outils, y compris les sanctions de l’ONU, pour lutter contre ce genre de crimes, la déléguée américaine a encouragé les États Membres à accroître le financement destiné aux partenaires et aux agences onusiennes soutenant les survivantes et survivants. 

Les femmes et les filles les plus vulnérables se trouvent dans une situation difficile, vivant parfois dans des camps de déplacés, a souligné l’oratrice, qui a englobé dans cette catégorie les femmes dont des membres de la famille sont ou ont été des combattants étrangers terroristes.  « Ce sont aussi des survivantes », a-t-elle souligné, et leur situation dans des camps constitue une « crise de la sécurité et une crise pour les droits humains ».  Les pays dont ces femmes sont ressortissantes doivent les rapatrier, a-t-elle insisté, et l’ONU en fait d’ailleurs une priorité pour que Daech ne tire pas profit de la situation.  À cet égard, la représentante a salué l’augmentation des rapatriements constatée ces six derniers mois. 

Alors que Daech tire profit des conflits et des inégalités pour recruter, la déléguée s’est enfin inquiétée de la multiplication des coups d’État au Sahel.  Elle s’est félicitée de la tenue du sommet africain de la lutte contre le terrorisme, l’an prochain, afin de débattre de solutions au niveau continental.  La société civile doit y participer pour que l’événement soit couronné de succès, a-t-elle exhorté. 

Mme MARIA ZABOLOTSKAYA (Fédération de Russie) a rappelé qu’il fallait, pour analyser la menace terroriste, se concentrer non pas sur les symptômes, mais sur ses causes profondes.  Elle a noté que, dans ce contexte, le Conseil évoquait souvent des problèmes de développement, un retard socioéconomique, des défauts dans les institutions de l’administration publique, une situation sécuritaire ou humanitaire difficile.  Or, a ajouté la représentante, ces problèmes sont souvent le résultat de l’intervention collective de l’Occident dans les affaires des États souverains en développement et de la mise en œuvre de stratégies de « chaos contrôlé » recourant à des « révolutions de couleur » avec la participation d’extrémistes et de terroristes de tous bords. 

Pour la représentante, les anciennes métropoles « n’ont pas changé leurs habitudes de colonisation ».  Sous prétexte d’opérations soi-disant antiterroristes, elles maintiennent « de manière obsessionnelle » leur présence militaire, ce dont les pays concernés sont depuis longtemps mécontents.  Si ces opérations échouent, c’est que l’objectif réel de la présence militaire étrangère est en fait « l’appropriation éhontée des ressources naturelles d’autrui », a-t-elle affirmé.  Elle a ensuite accusé l’Occident d’utiliser tous les moyens pour réaliser ses ambitions géopolitiques, « sans dédaigner de nourrir les terroristes, d’où des tentatives pour séparer les terroristes en « bons », « mauvais » et « pas si mauvais que cela ». 

La représentante en a vu l’illustration dans le rapport du Secrétaire général.  En effet, a-t-elle fait valoir, le rapport désigne le Moyen-Orient, certaines parties de l’Afrique et l’Afghanistan comme les régions les plus problématiques où l’État islamique et ses affiliés continuent de se renforcer.  Or, a-t-elle affirmé, toutes ces régions ont en commun « le rôle destructeur » que l’Occident y a joué. 

Après avoir décrit ce rôle dans les trois régions concernées, la représentante a aussi accusé les Occidentaux de soutenir terroristes et extrémistes en Ukraine, d’y avoir « nourri les néonazis » et de les avoir utilisés comme un bélier pour renverser le Gouvernement légitime du pays en 2014 lors du « coup d’État de Maïdan ».  Affirmant que le Gouvernement ukrainien « n’existe que grâce aux aumônes occidentales », elle l’a accusé « d’afficher ouvertement » des méthodes terroristes. 

« Pendant que certains combattent ce mal, d’autres l’alimentent sous de nouvelles formes et sur de nouveaux territoires », a poursuivi la représentante.  C’est dans ces conditions difficiles que nous devons nous engager dans une coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, a-t-elle déclaré, assurant que la Fédération de Russie continuera de renforcer sa coopération sur les questions antiterroristes avec tous ceux qui sont prêts à une interaction pratique constructive visant à l’objectif commun d’éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, sans agendas cachés ni doubles standards.  Elle a conclu en appelant à l’union des efforts et à la coopération internationale sur la base des normes et principes du droit international, y compris la Charte des Nations Unies et ses dispositions relatives à l’égalité souveraine des États et à la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.

M. CHARLES OSEI-MENSAH (Ghana) s’est réjoui des succès notables obtenus dans le cadre des efforts collectifs de lutte contre le terrorisme, relevant les récents succès au Mozambique et en République démocratique du Congo, où les forces régionales et les opérations militaires conjointes ont permis de largement perturber les activités des affiliés de Daech. 

Parmi ces progrès remarquables, le représentant a également cité l’Initiative d’Accra, une plateforme de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a facilité, par le biais de l’opération Koudalngou, une série d’opérations frontalières conjointes qui ont permis de démanteler des cellules terroristes opérant le long des frontières communes des États membres participants. 

En effet, les succès qui ont émergé de « nos actions conjointes nous rappellent avec force que nos efforts collectifs » sont essentiels pour vaincre les terroristes à l’échelle mondiale.  Néanmoins, a-t-il nuancé, malgré ces avancées, il est essentiel de rester vigilant et d’aborder la question cruciale des transferts d’armes et de leur contribution potentielle à la prolifération du terrorisme.  Pour lutter contre ce phénomène, il a préconisé de donner la priorité à un contrôle responsable des armes et renforcer les mesures de contrôle aux frontières afin d’empêcher les trafics illicites. 

Enfin, il a recommandé de se pencher sur la circulation des armes dans les zones de conflit en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Afrique, ainsi que sur la capacité de Daech à fabriquer des engins explosifs improvisés de plus petite taille et son ambition de renforcer ses capacités en matière d’armement. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déclaré que face à la menace moins prévisible représentée par Daech, la communauté internationale doit « maintenir la pression », à l’aune notamment de la résurgence potentielle d’un noyau du groupe terroriste en Syrie et en Iraq.  Les camps de personnes déplacées constituent en effet un terrain fertile pour la radicalisation dans lequel Daech peut recruter et agir, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi le Royaume-Uni, dans le camp de Hol notamment, concentre ses efforts sur l’amélioration du quotidien des réfugiés grâce à une aide humanitaire accrue, la lutte contre les violences sexistes et la protection des enfants.  Après avoir souligné que Daech conserve intacte sa capacité de mener des attaques de grande envergure contre des cibles civiles et internationales en Afghanistan, et d’encourager des attaques à l’étranger, le représentant a indiqué que son pays multipliait les initiatives diplomatiques pour renforcer les outils de lutte contre le groupe terroriste.  À cet égard, il a cité la stratégie antiterroriste « CONTEST » et appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts au Sahel, en particulier pour y empêcher la constitution et le renforcement d’organisations extrémistes violentes.  Au Sahel, a-t-il précisé, le Royaume-Uni apporte un soutien financier au mécanisme régional de stabilisation des Nations Unies pour le bassin du lac Tchad, « une initiative tournée vers le soutien logistique aux communautés locales ».  Enfin, il a salué l’adoption de la huitième Stratégie antiterroriste mondiale et rappelé le rôle précieux de la société civile pour combattre, dans le respect du droit international, les causes profondes du terrorisme. 

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a souligné que Daech a recours à des moyens innovants tels que les cryptomonnaies et le financement participatif de ses activités, conservant également toute sa capacité à diffuser une propagande haineuse et à recruter des individus via les plateformes de réseaux sociaux.  Nous restons préoccupés par l’activité du groupe sur le continent africain et par sa présence active et en nombre dans des pays comme l’Afghanistan, la Syrie et l’Iraq, a-t-il ajouté.  Notant que le terrorisme et les conflits armés se renforcent mutuellement, le représentant a plaidé pour une solution durable reposant sur des stratégies globales qui s’attaquent aux causes profondes des conflits, de la radicalisation et de l’extrémisme violent « propice au terrorisme ». 

L’exclusion sociale, le chômage des jeunes, la xénophobie, la discrimination, les préjugés ainsi que les horreurs de la guerre sont les terrains fertiles du terrorisme, a-t-il ainsi dit, appelant la communauté internationale à privilégier les investissements dans le développement plutôt que dans l’action militaire si elle veut « gagner la bataille contre le terrorisme ».  Après avoir rappelé l’attachement de son pays à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, le représentant a appelé de ses vœux la conclusion d’une convention sur le terrorisme international pour que les États Membres puissent agir contre ce fléau de manière cohérente et collective.  Par ailleurs, il a insisté sur le fait qu’il est du devoir du Conseil de sécurité de respecter les procédures en vigueur quand il inscrit sur la Liste de nouvelles personnes ou entités terroristes, laquelle inscription doit se fonder sur des preuves solides.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a d’abord soutenu que la lutte contre le terrorisme devait toujours s’inscrire dans le cadre du droit international.  Au terrorisme, qui nie les droits humains, le délégué a appelé à riposter en protégeant et en renforçant ces mêmes droits. Tout en enjoignant les délégations à contrer le recours par les organisations terroristes et leurs affiliées aux réseaux sociaux ou aux cryptomonnaies pour mieux disséminer leur discours de haine, préparer des attaques et financer des activités terroristes, l’orateur a mis en garde à ne pas entraver les vastes possibilités offertes par les nouvelles technologies, par crainte d’une utilisation à mauvais escient.  Au contraire: selon lui, elles peuvent être un instrument de prévention et de lutte efficace contre le terrorisme si elles sont utilisées conformément au droit international et au droit international humanitaire, dans le respect des droits humains.  Dans ce domaine, la Suisse s’est dite favorable à un dialogue inclusif avec des partenaires incontournables, à savoir la société civile, le secteur privé et le monde académique, sur la façon de tirer le meilleur parti des nouveaux développements technologiques.

M. GENG SHUANG (Chine) a estimé que la coordination internationale était nécessaire pour lutter contre la menace terroriste. Face à des terroristes qui travaillent en réseaux et se déplacent facilement, tous les États devraient faire preuve d’un état d’esprit facilitant la coopération, a ajouté le représentant, pour qui il faut aussi éviter de politiser la lutte contre le terrorisme.  Il n’y a pas de bons et de mauvais terroristes, a-t-il affirmé, ajoutant que le « deux poids, deux mesures » et la sélectivité aboutissent à promouvoir le terrorisme et sapent l’efficacité de la lutte contre le terrorisme. 

Pour la Chine, le sous-développement est une des principales causes du terrorisme.  La communauté internationale doit donc faciliter le développement, afin d’éviter notamment que les jeunes se laissent tenter par le discours terroriste.  Les conflits favorisant le terrorisme, il faut chercher à les résoudre.  Il faut éviter aussi le clash des civilisations, œuvrer à une meilleure distribution des ressources.  Pour lutter contre l’utilisation des technologies émergentes par les terroristes, le représentant a appelé au partage de l’information et au renforcement de la coopération judiciaire.  L’Afrique et le Moyen-Orient étant à la pointe de la lutte contre le terrorisme, la communauté internationale devrait leur accorder davantage de ressources pour leur permettre de renforcer leurs capacité, a-t-il plaidé.  Enfin, la Chine soutient le rôle coordinateur des Nations Unies, ainsi que les efforts régionaux, comme ceux de l’Organisation de coopération de Shanghai.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a insisté sur la nécessité de s’attaquer aux sources de financement de Daech, se félicitant de l’adhésion, en mai dernier, du Fonds monétaire international (FMI) au Pacte mondial des Nations Unies de coordination contre le terrorisme.  Il a ensuite préconisé de limiter l’accès de Daech aux armes conventionnelles et improvisées, lesquelles, combinées à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, lui permettent de mener ses attaques terroristes, a-t-il averti.  À cet égard, la mise en œuvre de la résolution 2370 (2017), ainsi que les travaux menés par le Comité contre le terrorisme et le Comité 1540 pour veiller à ce que ces armes ne tombent pas entre les mains d’acteurs non étatiques, sont, à ses yeux, des éléments clefs pour relever de tels défis. 

Le délégué a ensuite indiqué soutenir l’appel du Secrétaire général à accorder la priorité aux actions visant à remédier aux conditions propices au terrorisme.  Dans ce contexte, il a réitéré la position de son pays, qui prône une approche tenant compte des conditions socioéconomiques prévalant dans de nombreux pays.  Pour finir, le représentant a plaidé pour faire du soutien aux victimes de Daech une priorité, en particulier celles qui, après avoir subi des violences sexuelles ou sexistes, continuent d’être stigmatisées.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a déclaré que l’extrémisme violent reste un problème mondial et l’une des menaces sécuritaires les plus urgentes qui se posent en Afrique.  Dans de nombreuses régions du continent, employant des tactiques asymétriques et infiltrés au sein des communautés locales, les groupes armés militants ont pu prospérer en exploitant les griefs locaux pour recruter de jeunes éléments et attiser les sentiments antigouvernementaux, a-t-il indiqué.  Le représentant a souligné qu’en Afrique, les décès provoqués par Al-Qaida et Daech ont atteint le chiffre effrayant de 22 000 au cours des 12 derniers mois.  Nos pays sont par conséquent appelés à redoubler d’efforts pour lutter contre les activités criminelles qui financent le terrorisme, telles que le blanchiment d’argent, l’exploitation minière illégale, le trafic d’armes et de drogue et celui, particulièrement odieux, d’êtres humains, a expliqué le représentant.  Parce qu’il est indispensable de rester unis contre le terrorisme, il a en outre réaffirmé l’engagement du Mozambique à contribuer au renforcement de la coopération internationale pour prévenir et combattre le terrorisme sous toutes ses formes.  À cet égard, il a déclaré que le déploiement de la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe au Mozambique pour lutter contre le terrorisme est un bel exemple de collaboration régionale réussie en matière de lutte contre le terrorisme. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a appelé à s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme avant qu’il n’aboutisse à l’assassinat d’innocents, en se concentrant sur la mise en place de sociétés pacifiques et résilientes.  Cela nécessite, a-t-elle expliqué, d’investir dans l’éducation, le développement économique et la promotion du dialogue interconfessionnel et interculturel, outre l’autonomisation des femmes et des jeunes.  À cette fin, les Émirats arabes unis ont corédigé la résolution 2686 (2023) sur la tolérance et la paix et la sécurité internationales: le texte appelle à une approche globale de la promotion de la tolérance et de la coexistence pacifique pour s’attaquer aux causes des conflits. 

La déléguée a ensuite insisté sur la nécessité d’éviter d’utiliser des noms relatifs à une religion en référence à des groupes terroristes, en particulier Daech.  De son point de vue, lorsque l’ONU et le Conseil utilisent la désignation « État islamique », ils mettent en doute le fait que « le terrorisme n’a rien d’islamique », et que les groupes terroristes utilisent délibérément ces désignations pour « exploiter la religion » afin d’atteindre leurs objectifs. 

Elle a enfin enjoint à continuer de développer des méthodes pour prévenir et contrer l’exploitation par les terroristes des nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle, les drones, les cryptomonnaies et les plateformes numériques. S’accorder sur une approche collective commune et renforcer les cadres juridiques pour faire face à ces menaces sont devenus une nécessité, selon elle. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a recommandé de lutter contre le financement du terrorisme y compris au moyen de technologies émergentes, telles que les actifs virtuels.  À ce sujet, le Japon soutient les efforts du Groupe d’action financière (GAFI) visant à accélérer la mise en œuvre de normes encadrant leur usage.  La déléguée a donc encouragé tous les États Membres à faire en sorte que les prestataires de services d’actifs virtuels appliquent les règlements fondés sur les risques concernant la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, conformément à la résolution 2462 (2019). 

La déléguée s’est aussi dite profondément préoccupée par l’utilisation frauduleuse des technologies numériques par les terroristes, en particulier l’intelligence artificielle générative. Afin de faciliter les discussions sur l’utilisation malveillante de l’intelligence artificielle à des fins terroristes, le Japon a coorganisé en juin dernier avec, entre autres, le Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT), l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI) et l’Australie, un événement parallèle durant la Semaine des Nations Unies contre le terrorisme.  Pour garantir que l’intelligence artificielle soit anthropocentrée et digne de confiance, le Japon s’est engagé à mener des discussions, notamment via le processus d’Hiroshima sur l’intelligence artificielle.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) s’est opposé à toute utilisation par les organisations terroristes de nouvelles technologies pour lancer des attaques meurtrières ciblant les Casques bleus, les civils et les infrastructures civiles. Malgré des pertes majeures, Daech continue d’étendre ses activités, en particulier en Afrique, en s’appuyant sur les conflits, a-t-il observé.  De même, le représentant s’est dit préoccupé de la situation en Afghanistan, jugeant impératif que ce pays ne redevienne pas un sanctuaire pour terroristes, avant d’exhorter les Taliban à respecter les engagements qu’ils ont pris à cet égard. 

Il s’est dit en outre alarmé par la grave situation humanitaire des détenus dans les camps syriens de Hol et Roj, en particulier les femmes et les enfants, appelant à une action urgente de la part du Conseil et des autres agences onusiennes.  À cet égard, il a exhorté les États Membres de l’ONU à rapatrier leurs ressortissants, conformément à leurs obligations, reconnaissant toutefois que cela suppose la mise en place de programmes adaptés, de poursuites judiciaires, et d’activités de réintégration et de réhabilitation adéquates qui tiennent compte de la problématique du genre. 

Le représentant s’est aussi inquiété des conséquences des violences sexuelles et sexistes par Daech, notamment de la stigmatisation des victimes, parmi elles les enfants nés de viol.  À cet égard, il a salué l’action de l’ONU, menée avec l’appui de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) pour venir en aide aux survivantes yézidies.  Enfin, il a appelé à se concentrer sur la mise en œuvre de la résolution 2462 (2019) pour assurer la lutte contre le financement du terrorisme. 

Mme DARREN CAMILLERI (Malte) a d’abord remarqué que face aux groupes terroristes exploitant les failles économiques et gouvernementales pour recruter des membres en Afrique, l’approche militaire prédominait, au détriment d’efforts pour s’attaquer aux facteurs sous-jacents de l’extrémisme violent.  La déléguée s’est donc faite l’écho de l’appel du Secrétaire général à intensifier les efforts de prévention.  Les efforts de lutte contre le terrorisme doivent aussi être fermement ancrés dans les droits de l’homme et l’état de droit: trop souvent, a-t-elle pointé, les mesures de lutte contre le terrorisme sont utilisées pour réduire au silence et réprimer les défenseurs des droits humains. 

La déléguée a ensuite insisté sur la nécessité d’une approche de la lutte contre le terrorisme axée sur le genre.  Fière que son pays ait organisé en juin une réunion selon la formule Arria sur ce thème précis, elle a affirmé que le terrorisme touchait de manière disproportionnée les femmes et les jeunes filles.  Ceci mérite selon elle une attention particulière de la part du Conseil et de ses organes subsidiaires chargés de la lutte contre le terrorisme, comme l’a illustré le témoignage de Mme Khalaf sur les violences sexuelles perpétrées par Daech à l’encontre de la communauté yézidie. 

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a noté la menace croissante de Daech au Sahel, et autour du golfe de Guinée, ce groupe terroriste prospérant sur le terreau des violations des droits, l’exclusion des femmes et les inégalités fondées sur le genre.  Les violences sexuelles sont également massivement utilisées par les groupes terroristes, a-t-elle ajouté, indiquant que les fragilités socioéconomiques, la violence et l’instabilité politique, les conflits, les crises climatiques et les tensions sur les ressources naturelles ont aussi une incidence directe sur l’évolution et la persistance de la menace terroriste.  « C’est pourquoi la réponse sécuritaire, à laquelle la France prend toute sa part, est indispensable mais ne suffit pas ».  En effet, pour la France, les initiatives visant à promouvoir le développement, le renforcement de la gouvernance, l’état de droit et la lutte contre la corruption en sont le complément essentiel, cette réponse devant aussi s’inscrire dans le respect des droits de l’homme, « à rebours des agissements du groupe Wagner, qui a érigé les exactions de masse en principe cardinal de son action et renforce le terrorisme ». 

La représentante a ensuite indiqué que la France demeure mobilisée dans le cadre de la Coalition internationale contre Daech, rendant hommage aux deux soldats français tués ces derniers jours « dans cette lutte inlassable contre le terrorisme au Levant ».  La France allouera en outre, en 2023, 86,5 millions d’euros pour des actions humanitaires et de stabilisation en Iraq et en Syrie, a-t-elle annoncé.  Jugeant essentiel de lutter contre l’impunité et de mieux accompagner les victimes de violences sexuelles, la représentante a aussi indiqué que la France contribue à hauteur de 8,2 millions d’euros au Fonds mondial pour les survivants et survivantes de violences sexuelles liées aux conflits.  On ne peut dissocier la lutte contre le terrorisme et la lutte pour les droits des femmes, notamment en Afghanistan, a-t-elle encore dit.  Elle a attiré l’attention sur la mobilisation de la France dans le cadre de l’initiative No Money For Terror, qui veille à prendre en compte tous les modes de financement du terrorisme, y compris les cryptomonnaies.  Après avoir apporté le soutien de son pays aux différents comités de sanctions du Conseil et aux travaux du Bureau de lutte contre le terrorisme, la déléguée a mentionné l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme d’Abidjan, née, a-t-elle dit, d’une volonté de la Côte d’Ivoire et de la France, et qui est désormais en cours d’internationalisation. 

Mme ANNETTE ANDRÉE ONANGA (Gabon) a exprimé sa préoccupation devant la menace terroriste persistante posée par Daech, en particulier dans les zones de conflit, où les terroristes opèrent plus fréquemment.  « C’est une situation alarmante, qui démontre que les organisations terroristes tirent profit de la faiblesse structurelle qui affecte un certain nombre de pays », a ajouté la représentante, en attirant l’attention sur ceux du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.  Se félicitant des succès rencontrés contre Daech, elle a toutefois souligné sa capacité d’adaptation, mise en évidence par les sommes d’argent que cette organisation terroriste est en mesure de lever et la poursuite de ses recrutements de combattants.  Ayant démontré leur capacité à combattre vigoureusement la menace terroriste sur leur continuent, les pays africains doivent légitimement bénéficier de l’appui de la communauté internationale dans le cadre d’opérations d’appui à la paix ciblées, bien planifiées et plus robustes sous mandat du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, et endossées par ce Conseil, a préconisé la représentante.  Pour y parvenir, une mobilisation conséquente de ressources financières et logistiques s’impose y compris par des contributions statutaires, a-t-elle ajouté. 

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