Conseil de sécurité: sur fond de flambée de la violence, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient appelle à dégager un horizon politique
Venu faire le point, devant le Conseil de sécurité, sur la situation dans le Territoire palestinien occupé, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient s’est inquiété de l’escalade de la violence qui a fait plus de 200 morts palestiniens et près de 30 morts israéliens depuis le début de l’année et a appelé à restaurer un horizon politique tout en reconnaissant l’urgence qu’il y a à désamorcer la situation sur le terrain.
M. Tor Wennesland a condamné toutes les mesures unilatérales qui représentent un obstacle à la paix, en particulier la poursuite des activités de peuplement israéliennes, précisant que le 7 août, le Comité de planification du district de Jérusalem a mis en avant des plans de création de quelque 2 000 unités de logement supplémentaire dans des colonies à Jérusalem-Est. Il s’est également inquiété des affrontements dans la zone A, des attaques menées par des Palestiniens, et des violences aux mains des colons israéliens. La démolition le 17 août de l’école d’Ein Samiya, dans la province de Ramallah, financée par les bailleurs européens, a en outre été jugée inacceptable par la France, tandis que le Gabon a demandé la « sanctuarisation des écoles », en évoquant la destruction, depuis le début de l’année, de trois établissements scolaires.
Les Émirats arabes unis se sont inquiétés des répercussions possibles, sur toute la région, de l’escalade actuelle, appelant à mettre un terme à toutes les pratiques illégales visant les Palestiniens, et dénonçant l’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes, notamment les colons. Le Coordonnateur spécial a demandé en outre aux forces de sécurité israéliennes et palestiniennes de faire preuve de la plus grande retenue et de ne recourir à la « force meurtrière » que lorsque cela est absolument inévitable pour protéger des vies.
À l’instar de M. Wennesland, les membres du Conseil ont également été nombreux à exhorter Israéliens et Palestiniens à prendre des mesures pour désamorcer les tensions dans le but de rétablir un horizon politique permettant de s’attaquer aux causes profondes du conflit et de parvenir à une solution fondée sur la coexistence de deux États viables.
« Si la normalisation des relations entre Israël et plusieurs États de la région contribue à la stabilité et à la sécurité, cette dynamique restera incomplète tant qu’elle ne s’accompagnera pas d’une reprise d’un processus politique vers une solution qui réponde aux aspirations légitimes tant des Palestiniens que des Israéliens », a déclaré la France. La Fédération de Russie a insisté quant à elle sur la pertinence d’une visite du Secrétaire général de l’ONU et du Conseil de sécurité dans les territoires palestiniens occupés et en Israël en vue de faciliter la relance du processus de paix, déplorant toutefois que de telles initiatives soient régulièrement bloquées par les États-Unis.
Plusieurs délégations ont par ailleurs pris note des efforts du Président Abbas pour rétablir l’unité palestinienne, notamment lors de la tenue le 30 juillet en Égypte, d’une réunion entre des factions palestiniennes pour discuter des moyens de mettre fin à la division. Pour la Suisse, associé à l’organisation d’élections à tous les niveaux, un tel processus pourrait contribuer à inverser l’affaiblissement continu de l’Autorité palestinienne et l’érosion des services essentiels à la population. La réunion, à laquelle participait le Hamas, a été toutefois boycottée par le Jihad islamique palestinien, a fait savoir le Coordonnateur spécial.
Ce dernier s’est également inquiété de la fragilité de la situation budgétaire de l’Autorité palestinienne, aggravée par les déficits de financement des principales agences onusiennes opérant sur place, en particulier l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Malte a toutefois salué les tentatives faites par le Cabinet de sécurité d’Israël d’introduire des mesures économiques visant à renforcer l’Autorité palestinienne. Une Autorité palestinienne plus forte et plus crédible en tant que partenaire est dans l’intérêt de tous, a notamment fait valoir la délégation maltaise.
« Un dialogue de bonne foi reste le meilleur moyen de rétablir la stabilité dans la région et d’avancer vers une paix globale et juste », a déclaré pour sa part la représentante des États-Unis qui a rappelé son soutien à la solution des deux États.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a indiqué que des Palestiniens et des Israéliens sont tués et blessés du fait d’une violence quasi quotidienne, alimentée et exacerbée par un sentiment croissant de désespoir quant à l’avenir. Si les parties ont pris certaines mesures pour stabiliser la situation sur le terrain, des mesures unilatérales, notamment l’expansion des colonies, se poursuivent, tout comme les opérations israéliennes dans la zone A, l’activité militante palestinienne et la violence des colons. L’absence de progrès vers un horizon politique touchant des questions au cœur même du conflit a laissé un vide dangereux et instable, rempli par des extrémistes de tous bords, a-t-il alerté.
Il a indiqué qu’entre le 25 juillet et le 15 août, 16 Palestiniens, dont 5 enfants, ont été tués et 59, blessés par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie occupée lors de manifestations, de perquisitions et d’arrestations, entre autres. M. Wennesland a également fait un bilan détaillé du nombre de victimes et de blessés des deux côtés au cours des derniers mois lors d’affrontements dans la zone A, suite à des attaques menées par des Palestiniens ou encore aux mains des colons israéliens. Il a appelé à tenir tous les auteurs pour responsables et à rapidement les traduire en justice. La violence contre les civils doit être condamnée et rejetée par tout un chacun, a-t-il tranché, appelant en outre les forces de sécurité à ne recourir à la force meurtrière que lorsque cela est absolument inévitable pour protéger des vies.
En ce qui concerne les colonies de peuplement, le Coordonnateur spécial a signalé que le 3 août, la Cour suprême israélienne a rejeté une requête visant à démanteler un avant-poste établi dans l’ancienne colonie de Homesh, dans le nord de la Cisjordanie. Il a rappelé que cette colonie avait été évacuée dans le cadre de l’application de la loi sur le désengagement de 2005, mais qu’en mars de cette année, la Knesset avait levé l’interdiction faite aux Israéliens d’y pénétrer. Il a également fait savoir que le 7 août, le Comité de planification du district de Jérusalem a mis en avant des plans de création de quelque 2 000 unités de logement dans les colonies de Nof Zion et Ramat Alon à Jérusalem-Est. M. Wennesland a ensuite rappelé que toutes les colonies sont illégales au regard du droit international et constituent un obstacle majeur à la paix. Il a également demandé aux autorités israéliennes de mettre un terme aux démolitions de propriétés appartenant à des Palestiniens et d’approuver des permis de construction qui permettraient aux Palestiniens de construire légalement.
Poursuivant, le Coordonnateur spécial a indiqué qu’en juillet, Israël a mis fin aux déductions mensuelles supplémentaires de quelque 14 millions de dollars sur les recettes de dédouanement palestiniennes, et que 14 millions de dollars continuent d’être retenus chaque mois, conformément à une loi imposant la retenue de ce que l’Autorité palestinienne (AP) verserait, selon Israël, aux auteurs d’attaques contre des Israéliens ou à leurs familles. Il a signalé que la situation budgétaire de l’Autorité palestinienne reste catastrophique, avec un déficit prévu de plus de 370 millions de dollars pour 2023, ajoutant que les mesures d’austérité ont entraîné des réductions importantes des salaires des fonctionnaires et de l’aide sociale. Dans le même temps, le déficit de financement continue de réduire la capacité des agences de l’ONU à fournir des services essentiels aux Palestiniens. Ainsi, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a besoin d’urgence de 35 millions de dollars pour maintenir l’aide alimentaire à 1,2 million de Palestiniens à Gaza d’ici à la fin de l’année, tandis que le Programme alimentaire mondial a besoin de 41 millions de dollars pour rétablir ses opérations dans les territoires palestiniens occupés. Il a également signalé que l’Appel humanitaire 2023 pour l’ensemble des territoires palestiniens occupés n’est financé qu’à 30%.
Sur le plan politique, le Coordonnateur spécial a indiqué que le 30 juillet, le Président Mahmoud Abbas a présidé une réunion des secrétaires généraux des factions palestiniennes en Égypte, convoquée à la suite de l’opération militaire israélienne à Jénine. Des hauts responsables du Hamas et d’autres factions palestiniennes y ont participé, tandis que le Jihad islamique palestinien a refusé d’y assister. Dans une déclaration ultérieure, le Président Abbas a appelé à la création d’un comité de suivi chargé d’achever le dialogue sur les questions abordées afin de « mettre fin aux divisions et de réaliser l’unité nationale palestinienne », a expliqué M. Wennesland. Le 10 août, le Président Abbas a par ailleurs publié un décret présidentiel mettant à la retraite 12 des 16 gouverneurs de l’Autorité palestinienne et établissant un comité chargé de lui recommander des candidats en vue de leur sélection. Le 14 août, le Hamas s’est de son côté félicité de l’appel lancé par les factions en faveur de la tenue d’élections locales à Gaza.
Il a ensuite signalé qu’à Gaza, la situation humanitaire demeure catastrophique et les pénuries d’électricité augmentent, allant jusqu’à douze heures par jour, faute de capacité à répondre à la hausse de la demande liée à l’été. M. Wennesland a par ailleurs dénoncé la condamnation à mort de sept civils de Gaza pour collaboration avec Israël après qu’une cour d’appel militaire du Hamas ait confirmé ou renforcé des condamnations antérieures.
Passant au Liban, le Coordonnateur spécial a fait état de violents affrontements dans le camp de réfugiés palestiniens d’Aïn el-Héloué entre le Fatah et les factions islamistes qui ont fait au moins 13 morts et plus de 50 blessés. Il a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue et à continuer de collaborer étroitement avec la Coordonnatrice spéciale pour le Liban et la FINUL afin de désamorcer les tensions et d’éviter toute escalade.
Préoccupé par l’augmentation de la violence, M. Wennesland a signalé qu’il y a eu plus de 200 morts palestiniens et près de 30 morts israéliens en Cisjordanie et en Israël depuis le début de l’année, ce qui dépasse déjà les chiffres annuels de 2022. Il a appelé à remédier à la fragilité de la situation budgétaire de l’Autorité palestinienne, avant d’insister sur l’importance de rétablir un horizon politique.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) s’est déclarée préoccupée par la poursuite des violences en Cisjordanie et en Israël. Condamnant les attentats terroristes palestiniens, y compris la fusillade de ce matin près d’Hébron, elle a aussi dénoncé les tirs de roquettes depuis la Cisjordanie et l’attentat perpétré par des colons le 4 août dernier. Notant qu’Israël a procédé à des arrestations, elle a espéré que justice sera faite. Les auteurs de violences, qu’il s’agisse de Palestiniens ou de colons extrémistes doivent répondre de leurs actes, a-t-elle insisté. À ses yeux, l’escalade actuelle souligne la nécessité de prendre des mesures d’apaisement de part et d’autre. Elle a donc encouragé les forces de sécurité israéliennes et palestiniennes à renforcer leur coopération et exhorté toutes les parties à contrer toute forme de violence ou d’incitation. De surcroît, elle enjoint au Hamas de restituer les dépouilles de leurs victimes et de libérer les deux ressortissants israéliens détenus à Gaza.
La représentante a d’autre part exprimé son inquiétude face aux dommages causés par l’intervention militaire israélienne de juillet dans le camp de Jénine, notamment aux installations de l’UNRWA. Elle a encouragé les États Membres à financer l’Office pour qu’il puisse poursuivre ses services vitaux au service des Palestiniens dans le besoin. Elle s’est ensuite alarmée des provocations du Hezbollah le long de la Ligne bleue, qui, selon elle, menacent la paix et la sécurité du Liban et en Israël. Elle a souhaité que le Conseil de sécurité se penche sur les activités de l’ONG Green Without Borders, qui a soutenu le Hezbollah. Elle a également demandé au Conseil de rester vigilant quant au soutien accordé par l’Iran à cette organisation terroriste. Enfin, après avoir assuré que les États-Unis continuent de soutenir la solution des deux États, elle a estimé qu’un dialogue de bonne foi reste le meilleur moyen de rétablir la stabilité dans la région et d’avancer vers une paix globale et juste.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est dit alarmé par l’augmentation de la violence des colons dans les territoires palestiniens occupés. Alors que le nombre d’incidents violents n’a jamais été aussi élevé, le représentant a noté qu’il incombe à Israël, en tant que Puissance occupante, d’assurer la protection des populations locales. Selon lui, les autorités israéliennes doivent faire davantage pour faire en sorte que les responsables de ces violences rendent des comptes. Des enquêtes doivent être ouvertes afin de mettre un terme à la culture de l’impunité qui prévaut dans les territoires occupés. Le délégué a condamné les attaques terroristes perpétrées récemment à Tel Aviv, en Cisjordanie et à Hébron. Le droit international humanitaire continue d’être violé dans les territoires palestiniens occupés, a-t-il relevé, au moyen d’expulsions, de transferts forcés et de démolitions de maisons et même d’écoles palestiniennes. Dans ce contexte, le délégué a demandé aux États Membres d’agir de concert afin de de combler le déficit de financement de l’UNRWA.
Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a condamné la poursuite des mesures unilatérales, notamment la colonisation israélienne des territoires palestiniens, qui est illégale en droit international. Elle a appelé le Gouvernement israélien à renoncer à la construction de nouveaux logements dans les colonies, tout en condamnant les destructions d’infrastructures humanitaires par Israël en zone C. « La démolition le 17 août de l’école d’Ein Samiya, dans la province de Ramallah, financée par les bailleurs européens, dont la France, est inacceptable », a tranché la représentante. Elle s’est dite par ailleurs très préoccupée par le départ contraint de populations palestiniennes en zone C dans la province de Ramallah, en raison d’attaques répétées de colons, rappelant que les transferts forcés de population sont contraires à la IVe Convention de Genève.
La déléguée a également condamné toutes les attaques visant les populations civiles, dont les attaques perpétrées ce samedi à Hawara et ce lundi à proximité d’Hébron qui ont provoqué la mort de trois civils israéliens, de même que l’attaque terroriste du 5 août à Tel Aviv, réitérant son attachement indéfectible à la sécurité d’Israël. À l’approche des 30 ans des Accords d’Oslo, a-t-elle dit, la première étape pour sortir de l’impasse actuelle, c’est de restaurer un horizon politique crédible, sous les auspices de L’ONU, et avec la mobilisation constructive des acteurs régionaux. Si la normalisation des relations entre Israël et plusieurs États de la région contribue à la stabilité et à la sécurité, cette dynamique restera incomplète tant qu’elle ne s’accompagnera pas d’une reprise d’un processus politique vers une solution qui réponde aux aspirations légitimes tant des Palestiniens que des Israéliens, a insisté la déléguée.
M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a condamné l’escalade de la violence dans le Territoire palestinien occupé et a réitéré son appel aux forces israéliennes pour qu’elles protègent et respectent les vies. Il a souhaité, dans ce contexte, que les initiatives de dialogue en cours et d’autres qui pourraient émerger soient encouragées et soutenues, afin d’ouvrir la voie à la solution de la crise dans la région. Selon lui, la solution des deux États, fondée sur les résolutions et décisions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, reste une bonne base pour la coexistence de deux peuples et États voisins, ainsi que pour la paix et la stabilité de la région. Le représentant a cependant constaté que les attaques et les démolitions perpétrées dans les territoires palestiniens occupés ont non seulement aggravé la situation humanitaire mais aussi entraîné la mort de nombreuses personnes et la destruction de biens. Il s’est également alarmé des entraves aux activités de l’UNRWA, déjà confronté à un manque de moyens pour fournir tous les services de base. Il a donc exhorté les acteurs régionaux et la communauté internationale, y compris le secteur privé, à unir leurs efforts de toute urgence afin de fournir l’appui financier nécessaire à l’agence. Le délégué a enfin réitéré son appel aux membres du Conseil pour qu’ils redoublent d’influence en faveur d’une solution durable à la situation palestinienne.
M. ZHANG JUN (Chine) a constaté que le nombre de réunions du Conseil de sécurité sur la question de la Palestine est « infini », ce problème se poursuivant depuis sept décennies, sans solution à l’horizon. Une volonté politique ferme est requise afin de favoriser une solution juste et pérenne et d’éviter que cette situation devienne « incontrôlable ». Il a condamné les violences commises contre les civils, ainsi que la prise pour cible d’enfants, dont 47 ont été tués cette année dans les territoires occupés. Le représentant s’est opposé au recours à la force excessive par les forces de sécurité israéliennes, et demandé que les parties fassent preuve de retenue. Le délégué a appelé à la cessation de l’expansion « barbare » des colonies, en violation des résolutions du Conseil de sécurité, ainsi qu’à la violence des colons. Malgré l’occupation, il est à ses yeux essentiel de promouvoir le développement économique de la Cisjordanie, de mettre un terme au blocus de Gaza et de préserver les moyens de subsistance des Palestiniens. Considérant que la communauté internationale doit accorder davantage d’importance à la question palestinienne, le représentant a estimé que l’ONU et le Conseil de sécurité doivent prendre des mesures concrètes pour promouvoir la solution des deux États dans les plus brefs délais.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a condamné toutes ces violences qui entravent l’avènement d’une paix durable entre Palestiniens et Israéliens et éloignent la perspective de la solution des deux États. Il a dénoncé la poursuite de l’expansion des colonies de peuplement, les démolitions, les expulsions notamment dans la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, arguant que cela constitue un autre obstacle majeur à l’édification d’une paix globale, juste et durable. Il s’agit là d’une violation manifeste du droit international qui doit impérativement cesser, a-t-il ajouté. Dans l’optique d’une coexistence pacifique des peuples israéliens et palestiniens, le représentant a appelé au respect du statut quo autour des Lieux saints de Jérusalem. Face à la situation fragile à Gaza, le délégué a exhorté Israël à lever le blocus qu’elle y impose et à favoriser un accès sans entrave de l’aide humanitaire. Alors que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a fait état de trois écoles démolies à travers la Cisjordanie au cours des douze derniers mois, le représentant a appelé à une sanctuarisation des établissements scolaires. Il a également plaidé en faveur du financement de l’UNRWA, sous peine de voir des populations civiles vulnérables perdre leur accès aux services de soins de santé, à l’éducation et à l’alimentation. S’agissant du dialogue inter-palestiniens, le représentant a salué la décision de l’Autorité politique du 30 juillet, à l’issue d’une rencontre en Égypte, de former un comité dans le but de mettre fin à la division des territoires occupés qui dure depuis 17 ans.
Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) a constaté que le « tragique record » des civils palestiniens tués atteint l’an dernier a déjà été battu ce mois-ci, le total enregistré en Cisjordanie ayant doublé les sept premiers mois de 2023 par rapport à la même période de 2022, selon l’OCHA. Elle a également rappelé que, dans le même temps, 24 civils israéliens ont perdu la vie à la suite d’actes de violence perpétrés par des Palestiniens. Condamnant ces violences, elle a déploré que l’adoption par le Conseil d’une déclaration présidentielle à l’unanimité en février dernier n’ait pas encore porté ses fruits. Elle a donc appelé les dirigeants israéliens et palestiniens à s’engager en faveur de la désescalade, à traiter les causes profondes du conflit et à restaurer un horizon politique en vue d’une solution négociée à deux États. Dans cette optique, elle a demandé à toutes les parties de respecter le droit international et de s’abstenir de recourir à toute mesure unilatérale susceptible d’attiser le conflit. À ce propos, la représentante a rappelé que les colonies sont illégales au regard du droit international, avant de demander à Israël de ne pas introduire des changements permanents, en particulier démographiques et administratifs, dans le Territoire occupé.
La représentante a également encouragé la poursuite des discussions menées entre les parties palestiniennes en faveur du rétablissement de leur unité politique. Associé à d’autres mesures, telles que l’organisation d’élections à tous les niveaux, un tel processus peut contribuer à inverser l’affaiblissement continu de l’Autorité palestinienne et l’érosion des services essentiels à la population, a-t-elle fait valoir. Sur ce dernier point, elle s’est inquiétée de la dégradation de la situation humanitaire, notamment dans la bande de Gaza, estimant que les difficultés financières du PAM et de l’UNRWA doivent être traitées au plus vite. Elle a souhaité que la rencontre ministérielle prévue à New York en septembre au sujet de l’UNRWA permette de stabiliser les finances de cette agence.
Mme SHINO MITSUKO (Japon) a dit être profondément troublée par le raid mené par les forces israéliennes à Jéricho qui a entraîné la mort de deux Palestiniens, avant d’indiquer avoir été choquée par le meurtre d’un garde de sécurité israélien abattu par un assaillant palestinien à Tel Aviv au début du mois. Elle a relevé que les actions unilatérales, notamment les colonies de peuplement israéliennes et les actes terroristes des militants palestiniens, ne font qu’alimenter les tensions. Elle a exhorté les parties à faire preuve de retenue et à s’engager en faveur de la désescalade, soulignant que le conflit israélo-palestinien ne peut être réglé que par des pourparlers et des négociations directes entre les parties. La représentante a ensuite pris note de la récente réunion qui s’est tenue en Égypte pour faire le point sur les efforts de réconciliation entre les factions palestiniennes et a encouragé la poursuite de ces engagements diplomatiques. Elle a également souligné qu’il n’existe pas d’alternative à la solution des deux États. Évoquant par ailleurs les problèmes de financement de l’UNRWA, la déléguée a fait savoir que le Japon avait annoncé une nouvelle contribution de 1 million de dollars à l’Office.
M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a déploré la détérioration de la situation sécuritaire en Israël et en Palestine depuis le début de l’année. Il a condamné les actes de violence commis contre les civils israéliens et palestiniens, ainsi que l’usage disproportionné de la force. Le représentant a encouragé les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et des infrastructures civiles. L’escalade des opérations militaires israéliennes, notamment les raids violents menés récemment à Jéricho et Toulkarm, a exacerbé les tensions et laissé « une traînée de souffrance et de destruction » en Cisjordanie, a-t-il noté. Il s’est également inquiété de la détérioration de la situation humanitaire à Gaza, de même que de l’expansion des colonies et de la violence des colons, y voyant un obstacle à la paix. « Ce à quoi nous assistons, c’est un mépris total des résolutions du Conseil, et de la Charte des Nations Unies », a dénoncé le représentant. Il a demandé au Gouvernement israélien de cesser ses activités de colonisation pour se concentrer sur la construction d’une paix durable. La réconciliation intra-palestinienne et l’amélioration des conditions de vie dans les territoires occupés sont également cruciales.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a constaté que la non-résolution du problème palestinien continue de provoquer des flambées de violence dans la zone du conflit palestino-israélien, créant des menaces croissantes pour la stabilité et la sécurité régionales. À ses yeux, la stagnation à long terme du processus de paix s’ajoute aux actions unilatérales illégales menées par Israël pour créer des faits irréversibles, lesquels annulent les perspectives de relance des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens sur une base juridique internationalement reconnue, avec en leur centre la solution des deux États. Il a ainsi dénoncé le rythme record de la construction de colonies israéliennes et la légalisation des avant-postes dans les territoires palestiniens occupés, les raids militaires israéliens perpétrés en Cisjordanie occupée et les violations systématiques du statut des Lieux saints de Jérusalem. Notant que, cette année, les autorités israéliennes ont approuvé des plans de construction pour plus de 12 000 logements dans le cadre d’une procédure simplifiée, avec des expulsions forcées de familles palestiniennes à Jérusalem-Est et dans la zone C, il s’est aussi élevé contre le projet israélien de préservation des sites archéologiques dans la zone C, qui vise à « renforcer les racines en Judée et en Samarie ». De tels plans constituent une violation directe des Accords d’Oslo, ainsi que des traités internationaux pour la protection des biens culturels sous occupation, a-t-il martelé.
Le représentant a ensuite relevé que cette année risque de devenir l’une des plus sanglantes du côté palestinien, avant de dénoncer la série de violences sans précédent contre les populations civiles des deux camps. Dans ce contexte, a-t-il ajouté, l’armée de l’air israélienne continue d’infliger des frappes arbitraires sur le territoire syrien, y compris dans la périphérie de Damas. Appelant à une réponse appropriée de la communauté internationale face à cette escalade, il s’est dit convaincu de l’opportunité que constitue la visite que prévoit d’effectuer le Secrétaire général de l’ONU dans la zone du conflit palestino-israélien. Le représentant a également rappelé que, depuis de nombreuses années, la Fédération de Russie soutient toutes les initiatives pertinentes, y compris l’organisation d’une mission du Conseil dans la région, mais qu’elles sont régulièrement bloquées par les États-Unis. Insistant sur la nécessité d’une relance du processus de paix et d’une orientation des négociations palestino-israéliennes sur toutes les questions relatives au statut final, il a jugé que l’élément clef continue d’être la restauration de l’unité intra-palestinienne sur la base de la plateforme politique de l’OLP. Enfin, il a appelé à soutenir les Palestiniens par le biais de l’UNRWA, agence dont les activités ont non seulement une dimension humanitaire mais aussi politique, avec un effet stabilisateur important dans les pays du Moyen-Orient.
M. FELIX AKOM NYARKU (Ghana) a exprimé sa profonde préoccupation face à l’absence de progrès dans la recherche d’une solution juste et durable à la réalisation de la solution des deux États, près de trente ans après les Accords d’Oslo. Pour résoudre les problèmes qui compromettent la viabilité de la solution des deux États, le délégué a proposé de rompre le cycle interminable de violences et de mettre fin à l’intensification des affrontements liés aux colons. Il a appelé les forces de sécurité israéliennes à mener leurs opérations de sécurité de manière transparente, à faire preuve de retenue et à respecter les principes de proportionnalité et de distinction. Toutefois, a-t-il noté, les attaques terroristes menées contre des citoyens israéliens innocents ne contribuent pas à l’avancement de la cause palestinienne. Le délégué a demandé la réduction des actes de provocation et des politiques radicales concernant les questions qui affectent au premier chef les populations civiles des deux côtés.
Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) s’est déclarée préoccupée par la fréquence croissante de la violence, des provocations et des décisions unilatérales, qui continuent de causer des souffrances civiles tant dans les territoires palestiniens occupés qu’en Israël. Condamnant sans réserve tous les actes de terrorisme et de violence extrémiste, y compris celle liée aux colons, elle s’est alarmée du nombre élevé de Palestiniens tués à la suite d’opérations militaires en Cisjordanie occupée et a exhorté les parties concernées à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. Après avoir rappelé que les colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international et mettent en péril la viabilité de la solution des deux États, la représentante a appelé à l’arrêt de leur expansion et de leur légalisation. De même, elle a souhaité que les provocations menaçant le statu quo historique sur les Lieux saints de Jérusalem cesse également.
Dans ce contexte, la représentante a salué les tentatives faites par le Cabinet de sécurité d’Israël d’introduire des mesures économiques visant à renforcer l’Autorité palestinienne. Elle a aussi noté avec satisfaction les mesures prises dans le cadre de la réconciliation intra-palestinienne, notamment la formation d’un comité dédié, comme discuté lors des pourparlers entre les factions palestiniennes le 30 juillet en Égypte. Une Autorité palestinienne plus forte et plus crédible en tant que partenaire est dans l’intérêt de tous, a-t-elle fait valoir, exhortant la direction palestinienne à organiser dès que possible les élections nationales attendues. Enfin, elle a appelé Israël et l’Autorité palestinienne à revenir au dialogue de bonne foi et aux engagements pris en matière de coordination de la sécurité.
Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a estimé que la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens occupés est le résultat de l’absence d’horizon politique entre Israéliens et Palestiniens et de la poursuite des incursions, des affrontements et des actes de violence dans les territoires occupés, qui sont devenus une réalité quotidienne pour les Palestiniens. Elle s’est inquiétée des répercussions possibles sur toute la région de l’escalade actuelle et des tensions sécuritaires, en appelant la communauté internationale à peser de tout son poids pour promouvoir la solution des deux États. Il faut mettre un terme à toutes les pratiques illégales visant les Palestiniens, a exigé la déléguée, avant de dénoncer les violences commises par les forces de sécurité israéliennes et les colons. La représentante a également demandé qu’il soit mis fin à la démolition de biens palestiniens et aux expulsions de leurs occupants. Dénonçant l’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes, notamment les colons, la représentante a exhorté Israël à y remédier. Elle a également exigé la fin de l’expansion des colonies de peuplement illégales, avant d’insister sur l’obligation de respecter le statu quo historique autour des Lieux saints.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a déploré l’aggravation de la situation sécuritaire sur le terrain, le nombre de morts des sept derniers mois étant maintenant le même que celui de toute l’année 2022. Il a réitéré le soutien de son pays au droit d’Israël à la légitime défense, ajoutant que rien ne saurait justifier le terrorisme. Il s’est toutefois inquiété du risque d’escalade à la suite des événements survenus dans le camp de réfugiés de Toulkarm. Selon le représentant, la protection des civils doit être une priorité et le droit international humanitaire respecté. Dans cette optique, il a condamné la violence commise par les colons extrémistes israéliens. « La vie des civils palestiniens et israéliens a la même valeur », a-t-il ajouté. Le représentant a appelé en conclusion à la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité et au strict respect du droit international.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a noté que pour la quinzième fois cette année, le Conseil a été informé de la poursuite des violences, provocations et destructions entre Palestiniens et Israéliens. Condamnant les morts et les actes de terreur et de violence, quelle qu’en soit l’origine, il a souhaité que la justice poursuive et punisse les auteurs. Il a également appelé les dirigeants politiques de tous bords à clairement condamner ces actes, car « garder le silence revient à les justifier ». Afin d’éviter de nouvelles violences, il a jugé essentiel qu’Israël se conforme à la résolution 2334 (2016), qui appelle à mettre fin immédiatement et complètement à toutes les activités de colonisation dans le Territoire palestinien occupé. Le représentant a rappelé à cet égard qu’en février dernier, le Conseil s’est à nouveau opposé à toutes les mesures unilatérales qui entravent la paix, telles que la construction et l’expansion des colonies, la confiscation des terres, la démolition de maisons et le déplacement de civils. En conclusion, il a réitéré ces appels avec la conviction que « la paix n’arrivera que par une solution politique, pacifique et juste pour les parties, encadrée par le droit international ».