9399e séance - après-midi
CS/15388

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie critique les transferts d’armes occidentales à l’Ukraine, qui revendique son droit à la légitime défense

Réuni à la demande de la Fédération de Russie, qui a dénoncé les transferts d’armes « occidentales » en Ukraine, le Conseil de sécurité a, cet après-midi, été de nouveau prévenu des risques de détournement dans ce pays par la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, qui a également mis en garde contre les conséquences de l’usage d’armes à sous-munitions sur les civils et les infrastructures civiles. 

La grande majorité des victimes ont en effet été causées par des armes explosives à large rayon d’impact, a précisé Mme Izumi Nakamitsu, en faisant état d’un bilan prudent, mais probablement à revoir à la hausse, de 9 444 morts et 16 940 blessés en Ukraine entre le 24 février 2022 et le 13 août 2023.  « L’offensive militaire russe en Ukraine frappe de plein fouet les plus vulnérables », s’est alarmée la haute fonctionnaire, jugeant impératif de mettre fin à cette guerre brutale, et à sa suite, plusieurs membres du Conseil. 

« Il existe de nombreuses façons d’infliger des souffrances aux civils pendant une guerre », a rappelé le Royaume-Uni, et « la Russie les utilise toutes ». Aux côtés de la délégation britannique, le Japon et l’Albanie ont considéré que c’était le droit légitime de l’Ukraine de se défendre grâce aux armes et équipements fournis par ses alliés.  Car comment opposer une résistance à une invasion militaire sans armes ni moyens militaires? s’est demandé l’Équateur, appuyé par les États-Unis.  La France a pour sa part assuré qu’avec ses partenaires, elle resterait engagée auprès de Kyïv « aussi longtemps que nécessaire ». 

La Haute-Représentante a toutefois souligné l’importance de prendre des mesures pour lutter contre le risque de détournement d’armes en Ukraine, en préconisant une transparence dans leurs chaînes d’approvisionnement et de transfert. Les Émirats arabes unis n’ont d’ailleurs pas caché leur crainte de voir des éléments criminels ou terroristes tirer parti de cette situation. 

Reconnaissant que les armes peuvent gagner la guerre, la Chine a cependant estimé qu’elles ne sauraient garantir la paix.  De fait, a acquiescé le Brésil, l’envoi massif d’armes en Ukraine repose sur l’hypothèse fallacieuse qu’il existerait une solution militaire à ce conflit.  Le Gabon a pour sa part déploré cette litanie d’offensives, de contre-offensives et de nouvelles alliances, au moment où de nombreuses voix dans le monde plaident en faveur de solutions pour mettre un terme à ce conflit aux répercussions internationales. 

Alors que la Haute-Représentante a rappelé que l’ONU réclame la fin du recours aux armes à sous-munitions, la Russie, qui a dénoncé une guerre « par procuration » menée à son encontre, a affirmé être bien « plus cohérente » que les États-Unis vis-à-vis de ce type d’armement, puisqu’elle respecte les normes du droit international humanitaire.  Washington a d’ailleurs approuvé l’envoi d’armes à sous-munitions en Ukraine le mois dernier, a accusé le journaliste américain Danny Haiphong, invité par la délégation russe à prendre la parole devant le Conseil. 

Loin d’être « une guerre par procuration », ont objecté plusieurs délégations, le conflit en Ukraine est une « guerre de choix », le Royaume-Uni rappelant que c’est le Président Vladimir Putin qui a choisi d’envahir l’Ukraine.  Les tentatives russes de réécrire l’histoire ne peuvent nous détourner de la vérité, ont encore fait valoir les États-Unis, qui ont en outre demandé au Secrétaire général d’enquêter sur les graves violations de la résolution 2231 (2015) par Moscou, en particulier l’obtention de drones en provenance de la République islamique d’Iran, un pays sous sanctions du Conseil de sécurité. 

La délégation américaine n’a pas été la seule à aborder cette question.  Alors que la Russie pointe les livraisons d’armes occidentales vers l’Ukraine, a relevé la France, c’est pourtant elle qui viole les résolutions contraignantes de ce Conseil en se procurant des drones de combat de fabrication iranienne et des munitions auprès de la « Corée du Nord ».  L’Albanie a d’ailleurs rappelé qu’elle s’est alignée sur la décision du Conseil de l’Union européenne en date du 20 juillet 2023, qui préconise un nouveau « cadre de sanctions » pour Téhéran en raison de son soutien militaire à la Russie. 

Toutes les armes, qu’elles soient produites par l’Ukraine ou reçues de nos alliés, servent l’objectif de libération de notre territoire, a déclaré l’Ukraine.  Une approche, a-t-elle fait remarquer, qui contraste fortement avec les « méthodes terroristes » des forces russes, lesquelles rasent les villes à leur portée et se servent de leurs missiles et drones pour tuer la population civile et détruire les infrastructures cruciales à travers tout le pays. 

Relatant plusieurs attaques récentes ayant fait des victimes civiles, dans la partie libérée de la région de Kherson et dans le secteur occidental d’Ivano-Frankivsk, la délégation ukrainienne a rappelé qu’hier encore, la Russie a frappé les infrastructures d’exportation de céréales dans la région d’Odessa, endommageant des entrepôts et des stocks de vivres aux abords du port fluvial de Reni, sur le Danube.  Il s’agissait de la septième attaque de ce type en un mois, depuis que Moscou s’est retirée de l’Initiative de la mer Noire, a-t-elle précisé, en jugeant que « chacune de ces frappes est un coup porté aux prix alimentaires et à la stabilité sociale et politique dans différentes parties du monde ». 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a souligné que depuis son dernier exposé en date devant le Conseil de sécurité en juin dernier, la fourniture d’une assistance militaire aux forces armées ukrainiennes s’est poursuivie dans le contexte de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  D’ailleurs, les informations fournies par les gouvernements sur leurs transferts d’armes et de munitions sont facilement accessibles, a-t-elle observé, avant de détailler la liste des armes conventionnelles lourdes fournies à Kyïv. Dans le même temps, des États ont transféré ou envisagé de transférer des armes, telles que des drones et des munitions, aux forces armées russes pour qu’elles s’en servent en Ukraine.  La Haute-Représentante a qualifié de « très préoccupantes » les informations relatives au transfert et à l’utilisation d’armes à sous-munitions, rappelant que l’ONU a demandé la fin de leur emploi.

De même, Mme Nakamitsu a averti contre l’afflux d’armes et de munitions dans le cadre d’un conflit armé, qui est de nature à contribuer à l’escalade, sans parler des risques importants de détournement et de prolifération, même postconflit.  C’est pourquoi elle a estimé essentiel de prendre des mesures pour lutter contre le risque de détournement d’armes et de munitions vers des utilisateurs finaux non autorisés afin d’éviter une aggravation de l’instabilité et de l’insécurité en Ukraine, dans la région et au-delà.  Face à ce risque, elle a préconisé une transparence dans les chaînes d’approvisionnement, la coopération et l’échange d’informations entre les États importateurs, de transit et exportateurs, de même que des mesures concrètes telles que le marquage et le traçage ainsi que la surveillance et l’analyse des détournements.

La transparence des transferts d’armes est une autre mesure de confiance qui peut contribuer à atténuer les tensions, les ambiguïtés et les perceptions erronées entre États Membres, a-t-elle affirmé, renvoyant au Registre des armes classiques des Nations Unies, qui reste un outil essentiel à cet égard.  La Haute-Représentante a saisi cette occasion pour saluer le travail du Groupe de travail à composition non limitée sur les munitions classiques et se féliciter de l’adoption de son rapport final contenant le cadre mondial pour la gestion des munitions conventionnelles tout au long de leur cycle de vie.  Ce cadre demeure un instrument indispensable pour faire face aux risques de sûreté et de sécurité associés aux munitions conventionnelles, afin de prévenir leur détournement et les explosions non planifiées.

Selon des chiffres fournis par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, du 24 février 2022 au 13 août 2023, le nombre de victimes civiles enregistré en Ukraine a été de 26 384, dont 9 444 morts et 16 940 blessés.  Mme Nakamitsu n’a pas écarté des bilans beaucoup plus élevés. La grande majorité des victimes civiles résulte de l’utilisation d’armes explosives à large rayon d’impact, s’est désolée la responsable onusienne, en rappelant la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, adoptée en 2022.  Autre point inquiétant selon elle: l’intensification des attaques visant les infrastructures énergétiques, les établissements de santé et scolaires, les ports, les axes routiers et les ponts.  Elle s’est inquiétée des mines et restes explosifs de guerre, qui rendent les sols inexploitables pour l’agriculture, tout en entravant la circulation des personnes. L’offensive militaire russe en Ukraine frappe de plein fouet les plus vulnérables, a déploré Mme Nakamitsu, jugeant impératif de mettre fin à cette guerre brutale.

M. DANNY HAIPHONG, journaliste, a indiqué avoir consacré les dix dernières années de sa vie à dénoncer le lourd bilan d’atteintes aux droits humains et de crimes de guerre commis dans le monde par son pays natal, les États-Unis. Il a dit s’exprimer en tant que citoyen américain qui a vu des dizaines de milliards de dollars d’impôts américains servir à financer une guerre par procuration contre la Russie, alors que les citoyens américains ordinaires font face à des niveaux croissants de pauvreté, de sans-abrisme, de suicide et d’insécurité économique.  À l’appui de son exposé, il a rappelé que, le 2 juin dernier, le Secrétaire d’État américain, M. Antony Blinken, a prononcé un discours à Helsinki dans lequel il a déclaré que le soutien militaire à l’Ukraine devait passer avant la diplomatie, arguant qu’un approvisionnement régulier en armes à l’Ukraine inversera la tendance sur le champ de bataille et forcera la Russie à venir à la table des négociations. « Blinken est censé être le meilleur diplomate des États-Unis, pas un champion de l’escalade des conflits », a ironisé l’intervenant, avant de constater que les faits contredisent les affirmations avancées par le haut responsable américain pour justifier le flux continu d’armes occidentales vers l’Ukraine. 

Pour le journaliste, les armes américaines et occidentales entretiennent les conflits, les États-Unis étant à eux seuls le plus grand exportateur d’armes au monde, avec environ 40% de toutes les ventes mondiales.  Ces armes, a-t-il noté, ont joué un rôle déterminant dans certaines des guerres les plus sanglantes des deux dernières générations, notamment les invasions menées par les États-Unis en Iraq, en Afghanistan, en Libye et en Syrie, sans oublier leur rôle majeur dans l’escalade des tensions dans la péninsule coréenne et l’encerclement militaire de la Russie et de la Chine qui a entraîné une « nouvelle guerre froide ». De surcroît, a-t-il ajouté, la Russie a fait en décembre 2021 des propositions de garanties de sécurité aux États-Unis et à l’OTAN qui devaient servir de base au dialogue et à la négociation.  Toutes ont été sommairement rejetées et, fin janvier 2022, les États-Unis ont annoncé l’envoi d’une « aide létale » à l’Ukraine dans un signal évident d’escalade. En avril 2022, a poursuivi l’intervenant, M. Blinken et le Secrétaire américain à la défense, M. Lloyd Austin, se sont rendus en Ukraine quelques semaines seulement après l’échec d’un accord de paix et ont admis que les États-Unis étaient prêts à « gagner le combat actuel » en Ukraine, ce qui revient selon lui à mener une guerre par procuration contre la Russie, « jusqu’au dernier Ukrainien ». 

Jugeant que l’absence de diplomatie en temps de conflit ne peut que conduire à l’escalade, le journaliste a affirmé que les pays de l’OTAN ont fourni plus de 40 milliards de dollars d’armes à l’Ukraine pendant toute la durée du conflit, entravant la possibilité d’un règlement négocié.  Beaucoup de ces armes se sont retrouvées sur le marché noir, aux mains de cartels de la drogue, d’organisations criminelles et même d’éléments néonazis et fascistes, dont beaucoup font désormais partie des forces armées ukrainiennes, a-t-il dit, ajoutant que l’OTAN a armé les forces ukrainiennes au détriment même de son propre arsenal.  Or, au lieu de cesser de fournir des armes meurtrières, c’est le contraire qui s’est produit, puisque les États-Unis ont approuvé l’envoi d’armes à sous-munitions en Ukraine le mois dernier.  Citant des experts militaires, l’orateur a estimé que l’Ukraine « brûle près de la moitié de l’artillerie produite aux États-Unis par mois en une seule journée », vidant chaque mois l’équivalent d’un an de capacités de production américaines.  Le Secrétaire général de l’OTAN, M. Jens Stoltenberg, et le Président américain, M. Joe Biden, ont tous deux reconnu ces pénuries d’armes, a-t-il souligné, assurant que ces problèmes ont atteint leur paroxysme avant la contre-offensive ukrainienne du printemps, laquelle en est à son troisième mois avec des résultats « désastreux ». 

Aujourd’hui, l’optimisme des responsables et diplomates occidentaux s’est estompé, a observé le journaliste, selon lequel l’Ukraine n’a même pas pénétré la première ligne de défense de la Russie.  À qui et à quoi profite alors l’afflux d’armes occidentales en Ukraine?  Pas à l’Ukraine, si les résultats de la contre-offensive et du conflit dans son ensemble en sont la mesure, a-t-il dit. Et pas davantage à la paix et à la stabilité mondiales, puisque la militarisation incessante de l’Ukraine poussée par l’Occident contribue à alimenter un ralentissement économique mondial et le potentiel d’un conflit entre grandes puissances.  Selon lui, c’est l’industrie de l’armement qui en profite, les 25 principaux groupes militaires occidentaux ayant vu leurs revenus augmenter de 11% au cours de l’année écoulée pour atteindre 212 milliards de dollars, tandis que les ventes d’armes devraient s’élever à plus de 450 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 47 milliards de dollars grâce au conflit en Ukraine.  Dans ce contexte, a-t-il relevé, les ventes d’armes occidentales à l’Ukraine non seulement constituent une violation de la Charte des Nations Unies, mais révèlent également les réalités géopolitiques qui sous-tendent le conflit.  Faisant en outre état d’un « conflit ouvert » au sein de l’establishment américain de politique étrangère sur la question de savoir si armer l’Ukraine au maximum est une bonne idée, alors que certains considère que les États-Unis doivent se préparer à entrer en guerre avec la Chine d’ici à 2025, il a estimé que l’Ukraine se retrouve au centre d’une « compétition entre grandes puissances ».  Les États-Unis et leurs partenaires occidentaux doivent apprendre à opérer dans le cadre du droit international, comme tous les autres États Membres, sinon le monde sera confronté à la menace continue de l’instabilité et de la guerre, quels que soient les efforts des autres États Membres, a-t-il conclu. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est gaussé de la « soi-disant contre-offensive stratégique » de l’Ukraine, lancée il y a maintenant trois mois et qui, selon les « propagandistes occidentaux », devait lui apporter une victoire militaire, mais qui en lieu de quoi s’est soldée par « l’agonie du régime » de Kiev.  À cette fin, toute la machine de guerre de l’OTAN a été lancée, des milliards de dollars ont été dilapidés pour aboutir, finalement, à la mort de dizaines de milliers de soldats ukrainiens et à la destruction de centaines d’équipements occidentaux coûteux. La « montagne a accouché d’une souris », a ironisé le représentant russe. 

Cela dénote la « qualité » de la planification et de la préparation des opérations des forces armées ukrainiennes formées pourtant par les occidentaux, a-t-il poursuivi en se référant aux « témoignages de militaires ukrainiens capturés ».  Pire, l’effondrement complet du système de commandement militaire ukrainien, la corruption généralisée et la désorganisation repoussent désormais même les « mercenaires occidentaux », qui commencent à se rendre compte qu’ils ne sont qu’une simple « chair à canon », a-t-il persiflé.  Simultanément, le représentant a averti contre les armes occidentales qui se propagent de manière incontrôlable dans le monde entier, à travers le « marché noir », dans les zones de conflit, depuis les Balkans et l’Afrique, en passant par l’Amérique latine, portant directement atteinte à la sécurité régionale et internationale.  Toute la responsabilité en incombe aux fournisseurs occidentaux, a-t-il accusé. 

Mais « l’élite politique occidentale » n’en a cure, a-t-il déploré.  Preuve en est, a-t-il continué, la demande faite, la semaine dernière, par le Président Joe Biden, au Congrès pour une aide supplémentaire de 24 milliards de dollars à l’Ukraine, en plus des 113 milliards déjà dépensés jusqu’à présent.  Pourquoi le peuple américain devrait-il payer de sa poche les mésaventures militaires du Parti démocrate? s’est-il interrogé avant de tancer les autorités « démocratiques » occidentales, dans une allusion à la France et à l’Allemagne, qui, ignorant leurs opinions publiques opposées à la fourniture de missiles de croisière aux nationalistes ukrainiens, poursuivent la fourniture de fonds et d’armes. 

Il ne fait aucun doute, pour lui, que dans sa « guerre par procuration » contre la Russie, « l’Occident global » transforme délibérément l’Ukraine en une décharge inhabitable, contaminée par des éléments radioactifs et des armes à sous-munitions.  Celles-ci, si elles sont utilisées en violation du droit international humanitaire dans des zones civiles, constituent une grave menace à long terme pour la population civile, a-t-il rappelé. Washington lui-même a, pendant des décennies, moralisé et qualifié de « criminels de guerre » tous ceux qui ont utilisé ce type de munitions.  Se basant sur « votre propre logique », le délégué en a déduit que le Président Zelenskyy est alors un « criminel de guerre » et les Occidentaux ses complices directs, partageant l’entière responsabilité des atrocités déjà commises et à venir, a-t-il accusé. 

Contrairement aux États-Unis, la position de Moscou sur les armes à sous-munitions est cohérente et respecte les normes du droit international humanitaire.  Que dites-vous maintenant que ces faits ont été confirmés par le candidat démocrate à la présidentielle Robert Kennedy Jr.? s’est-il demandé en s’adressant à son homologue américaine.  Il s’est dit convaincu, pour finir, que tôt ou tard, le peuple ukrainien qui aura payé le prix pour « donner vie » aux desseins géopolitiques occidentaux, commencera à se poser les bonnes questions et souhaitera que les auteurs de la crise actuelle rendent des comptes. 

Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) s’est inquiétée de l’impact de l’agression militaire russe sur les civils ukrainiens, lesquels ne doivent pas être pris pour cible.  Or, le nombre d’attaques indiscriminées touchant les civils et les infrastructures civiles atteint des niveaux « inimaginables ».  Qui plus est, les frappes menées contre des installations portuaires ukrainiennes continuent d’aggraver les risques pour la sécurité alimentaire mondiale. Le personnel médical et les organisations humanitaires continuent également d’être la cible d’attaques des forces russes, mettant en péril l’aide aux victimes du conflit.  Le droit international humanitaire protège les blessés et les missions médicales, a rappelé la représentante, ainsi que le personnel et les activités humanitaires. 

Alors que la liste des atrocités subies par le peuple ukrainien ne cesse de s’allonger, la déléguée a réfuté les allégations voulant que l’Ukraine et ses partenaires soient responsables de l’aggravation de la situation.  « Notre position reste inchangée: nous condamnons l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine, qui constitue une violation grave du droit international », a martelé la représentante.  Comme tous les États, l’Ukraine a le droit de défendre son intégrité territoriale et d’assurer sa sécurité.  Dans la conduite des hostilités, les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution doivent être respectés, a-t-elle ajouté.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a réitéré son appel aux parties au conflit ukrainien à prendre en compte le risque de détournement d’armes pour éviter que celles-ci ne tombent aux mains d’éléments criminels ou terroristes.  Elle a également appelé l’ONU à jeter les bases d’une interdiction effective du commerce illicite d’armes légères et de petit calibre en recourant au programme d’action pertinent et à l’instrument international de traçage.  Rappelant que la responsabilité de la prévention du détournement d’armes incombe en premier lieu aux autorités nationales, la représentante a réaffirmé qu’il est important que chaque État respecte le droit international, dont le droit international humanitaire.  Elle a donc exhorté les parties à le respecter pleinement et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les civils et les infrastructures civiles.  À cet égard, elle s’est déclarée préoccupée par les conséquences de ce conflit pour les civils, demandant en particulier aux parties de préserver la vie des enfants et d’atténuer leurs souffrances.  Dans ce contexte, a-t-elle assuré, les Émirats arabes unis sont déterminés à travailler avec leurs partenaires pour tenter de parvenir à une paix juste et pérenne en Ukraine.

M. HAMAMOTO YUKIYA (Japon) a rappelé que seule l’agression non provoquée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine est à l’origine de cette guerre. La Russie continue en outre d’attaquer les ports ukrainiens, « prenant en otage le monde entier », a-t-il fait remarquer.  Le délégué a insisté sur le droit de l’Ukraine à la légitime défense contre cette agression, qui justifie amplement les transferts d’armes vers ce pays.  Selon le représentant, l’appui de la communauté internationale n’a pas changé depuis le début de ce conflit, celui-ci constituant une menace à la paix et la sécurité internationales.  Plutôt que de prétendre que l’appui à l’Ukraine met en péril les efforts diplomatiques visant à mettre fin à la guerre, la Fédération de Russie devrait retirer immédiatement ses troupes et équipements de l’Ukraine et respecter l’indépendance et l’intégrité territoriale de celle-ci, a prôné le délégué japonais.

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a déclaré que la Russie demande aujourd’hui la tenue d’une réunion pour diffuser sa propagande, qui « ne trompe personne ».  Face à l’agression dont elle est victime, l’Ukraine exerce son droit à la légitime défense, reconnu par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, a argué la représentante, en rappelant que son pays s’est engagé, aux côtés de ses principaux partenaires, à maintenir aussi longtemps que nécessaire son soutien militaire à l’Ukraine et à renforcer son appareil de défense, notamment en appuyant ses capacités de défense antiaérienne. « La France l’aide ainsi à se défendre face aux frappes russes contre les infrastructures civiles, menées en violation flagrante du droit international humanitaire, alors que la Russie ne cesse de viser délibérément celles qui permettent les exportations de céréales depuis l’Ukraine », a accusé la déléguée.  En appuyant la contre-offensive ukrainienne, nous souhaitons renverser le rapport de forces pour créer les conditions d’un règlement diplomatique du conflit.  C’est sur cette base que pourront être envisagées des négociations crédibles, au moment où l’Ukraine le décidera, débouchant sur une paix juste et durable. 

La Russie pointe les livraisons d’armes occidentales vers l’Ukraine, a souligné la représentante.  Mais rappelons les faits: c’est la Russie qui a décidé seule de cette guerre et c’est aussi elle qui viole le droit international et notamment les résolutions de ce Conseil. Elle se procure notamment des drones de combat auprès de l’Iran en violation de la résolution 2231 et se dote de missiles et de munitions auprès de la Corée du Nord, en dépit des résolutions et sanctions adoptées par ce Conseil.  « Notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas », a lancé la représentante, pour qui une seule issue est possible: une paix conforme à la Charte des Nations Unies, qui respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

M. BISMARK ANYANAH (Ghana) a fait valoir que l’Ukraine n’a pas déclenché la guerre actuelle et qu’elle n’a donc pas le choix d’arrêter les hostilités ou de retirer ses troupes.  Elle a le devoir et le droit légitime de défendre son intégrité territoriale, son indépendance politique et sa souveraineté, a-t-il souligné, avant de réitérer son appel à la Fédération de Russie pour qu’elle retire ses troupes des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. Reconnaissant l’impact négatif que la prolifération des armes fait peser sur la paix et la sécurité internationales, le représentant a souligné la nécessité de respecter le régime de contrôle des armements afin d’en prévenir le détournement. Selon lui, le respect par les États de leurs obligations au titre d’accords mondiaux tels que le Traité sur le commerce des armes, le Registre des armes classiques de l’Organisation des Nations Unies et la position commune européenne sur l’exportation d’armes, peut contribuer à atténuer la prolifération illégale. 

Le représentant a ensuite réaffirmé que la poursuite de la guerre n’est pas la solution pour réaliser les désirs des parties, lesquelles doivent s’entendre sur un règlement politique et juste, sur la base de la Charte des Nations Unies et des principes du droit international.  Avant de conclure, le délégué a rappelé que la guerre de la Russie contre l’Ukraine ajoute une « autre couche douloureuse » aux difficultés mondiales actuelles, répétant qu’il est urgent d’y mettre fin par le retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes.

M. GENG SHUANG (Chine) a réitéré sa préoccupation face aux conséquences de la prolifération d’armes et d’équipements militaires en Ukraine, qui entraînent des risques additionnels d’hostilités.  « Les armes peuvent être utilisées pour gagner la guerre, mais elles ne sauraient assurer la paix », a déclaré le représentant.  Pour donner suite aux différentes initiatives de paix proposées par certains pays, le représentant a exprimé l’espoir que les parties écouteront les appels en faveur de la retenue et de la désescalade des tensions afin de jeter les bases d’un règlement de la crise.  La Chine, a-t-il rappelé, a récemment participé à la réunion internationale sur le conflit ukrainien organisée par l’Arabie saoudite. Elle entend continuer d’œuvrer sur la base de sa proposition pour un règlement pacifique du conflit en Ukraine, tout en renforçant le dialogue et les échanges avec les parties.

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie, regrettant que celle-ci cherche à soumettre un pays voisin souverain en recourant à la force pour étendre son territoire et étendre ses frontières.  Elle a plaidé pour que la grave crise humanitaire résultant de cette guerre d’agression soit au centre de cette réunion, en soulignant aussi les menaces graves et directes qui pèsent sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes.  La déléguée a fait observer que cette guerre ne menace pas seulement la sécurité de la région, mais a aussi de graves répercussions sur le monde entier, car en se retirant de l’Initiative de la mer Noire, la Russie a volontairement militarisé la sécurité alimentaire. 

Le blocus naval et les attaques contre les ports ukrainiens ainsi que l’arraisonnement illégal des navires par les forces armées russes sont une preuve supplémentaire de la stratégie de Moscou d’utiliser la sécurité alimentaire pour créer des perturbations mondiales, a analysé la représentante qui a condamné les attaques russes contre des civils et des infrastructures civiles et demandé à la Russie de les cesser immédiatement.  La Russie est responsable de tous ses crimes et violations, a jugé la déléguée qui a soutenu les efforts de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de Justice, ainsi que la création d’un registre des dommages causés par l’agression de la Russie contre l’Ukraine et du centre international pour la poursuite du crime d’agression contre l’Ukraine.  « La fin de cette guerre et les conséquences négatives qui en découlent dépendent exclusivement de ce membre permanent du Conseil de sécurité. »  La déléguée a conclu en réitérant le droit de l’Ukraine à la légitime défense.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a réitéré sa demande de cessation immédiate des hostilités afin de mettre un terme à ce conflit armé, saluant les récentes initiatives de paix, notamment celles emmenées par les pays africains lors du sommet de Djedda. Alors que les hostilités militaires se poursuivent et entrent dans leur dix-neuvième mois, le représentant a dit voir d’un très mauvais œil que la solution militaire l’emporte sur une approche diplomatique.  De même, il s’est dit alarmé par l’acquisition d’armes qui risquent de faire de cette région une vraie bombe à retardement et de provoquer un affrontement à large échelle avec des conséquences mondiales catastrophiques.  Insistant, le délégué s’est opposé au transfert d’armes illicites et non réglementé qui peut entraîner, alimenter et prolonger les conflits armés, le terrorisme et la criminalité. 

M. THOMAS PATRICK PHIPPS (Royaume-Uni) a rappelé que, la semaine dernière, des missiles russes avaient visé des hôtels à Pokrovsk et Zaporijia. Alors que des personnes se précipitaient pour sauver les blessés, d’autres missiles ont frappé ces deux mêmes lieux dans le but délibéré de tuer les premiers intervenants.  Dimanche, a-t-il ajouté, un bébé âgé de seulement 22 jours, son frère de 12 ans et leurs parents ont fait partie des sept victimes des obus russes à Kherson.  Mardi, un missile russe a traversé une cour de récréation à Lviv.  « C’est ainsi que les dirigeants russes mènent la guerre de leur choix », a dénoncé le représentant, avant d’exprimer la fierté de son pays de soutenir l’Ukraine alors qu’elle se défend conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Estimant que le Président Putin ne recherche aucunement une paix qui respecte le droit international, il en a voulu pour preuve le fait qu’alors que l’Ukraine et ses partenaires internationaux discutaient de l’importance d’une paix juste et durable étayée par la Charte des Nations Unies, la Russie continuait de bombarder les ports et les installations céréalières ukrainiens, ciblant l’approvisionnement alimentaire mondial. 

Le représentant a ensuite affirmé qu’il n’y a pas de guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie.  « C’est le Président Putin qui a choisi d’envahir l’Ukraine en février de l’an dernier, malgré les appels lancés au sein de ce Conseil pour qu’il retire les troupes russes des frontières ukrainiennes ».  C’est également lui qui a envoyéà la mort des centaines de milliers de soldats russes sur le sol d’un autre pays, où ils n’auraient jamais dû être envoyés, a-t-il ajouté, jugeant que ces choix ont affaibli la position de la Russie dans le monde et détruit la confiance de ses voisins.  Dans ce contexte, le délégué a jugé révélateur que la délégation russe ne puisse compter que sur des « journalistes marginaux » pour défendre la guerre.  Assurant cependant qu’une Russie instable n’est pas dans l’intérêt de la communauté internationale, il a une nouvelle fois appelé le Président Putin à retirer ses forces: « D’ici là, nous continuerons d’aider l’Ukraine à se défendre. » 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a relevé que le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure d’adopter son programme de travail pour ce mois-ci en raison de l’opposition de la Fédération de Russie à la tenue de réunions sur l’Ukraine.  Or, « une agression militaire non provoquée et injustifiée contre un membre de l’ONU n’est pas une affaire de routine », a poursuivi le représentant, et une menace pour la sécurité européenne ne peut être prise à la légère.  Comme l’a indiqué la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, les transferts d’armes vers l’Ukraine sont décrits dans des données ouvertes, légales et justifiées.  Le peuple ukrainien se bat férocement pour défendre son pays, sa souveraineté, sa liberté et son indépendance.  Ce sont là des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et de l’Acte final d’Helsinki, a noté le représentant, sur la base du droit international.  D’autre part, la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, utilise des armes achetées illégalement à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et à l’Iran, en violation flagrante des résolutions du Conseil. L’Albanie s’est d’ailleurs alignée sur la décision du Conseil de l’Union européenne du 20 juillet 2023 relative à un nouveau cadre de sanctions en raison du soutien militaire de l’Iran à la Russie.  Ce pays poursuit ses attaques contre les civils et les infrastructures civiles ukrainiens, attaquant les ports et les entrepôts afin de rendre impossibles à l’avenir les exportations de céréales depuis l’Ukraine. « Il existe de nombreuses façons d’infliger des souffrances aux civils pendant une guerre », a dit le représentant, et « la Russie les utilise toutes ». 

Pour M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil), l’envoi massif d’armes en Ukraine repose sur l’hypothèse fausse qu’il existe une solution militaire à ce conflit.  Or cela peut éroder le règlement pacifique du conflit, dégénérer en nouveaux actes de violence et rendre une désescalade des hostilités encore moins probable.  Le représentant a dit être préoccupé par le risque que ces armes et munitions finissent entre les mains d’acteurs non étatiques, des groupes criminels et terroristes.  Il a appelé les États Membres à adhérer au Traité sur le commerce des armes visant à prévenir le détournement d’armes. Il faut garder à l’esprit les souffrances infligées à la population civile et l’impact des tendances actuelles sur notre sécurité collective, a-t-il demandé. 

Le délégué a prié les parties de ne pas prendre les civils pour cible lors des opérations militaires.  Il les a exhortées à éviter les dommages aux zones résidentielles, aux infrastructures énergétiques et de transport et aux ports, sachant qu’il faut en tout état de cause épargner les vies humaines.  Seule une solution politique, tenant compte de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et des préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité, permettra d’instaurer une paix durable, a rappelé le représentant en appelant à la désescalade des hostilités et à des négociations directes. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) s’est dite préoccupée par les annonces de livraisons d’armes supplémentaires en Ukraine ainsi que par la rhétorique d’offensives, de contre-offensives et de nouvelles alliances militaires, alors que de nombreuses voix dans le monde appellent à la désescalade et à la recherche de solutions pour mettre fin à la guerre.  Pour la représentante, la situation est d’autant plus grave que les combats continuent de faire de nombreuses victimes parmi les civils innocents.  De fait, a-t-elle relevé, un des scénarios redoutés est en train de se dérouler, à savoir le réarmement massif, « à rebours de l’évolution attendue et souhaitée par la plupart des États Membres des Nations Unies ». 

À ses yeux, il est à craindre que ce scénario ait pour corollaire de faire durer la guerre, ce qui est aux antipodes de la responsabilité incombant à chaque membre du Conseil de sécurité, mais aussi à chaque membre de l’ONU.  La conséquence immédiate de l’intensification des combats est une aggravation exponentielle de la situation humanitaire, les infrastructures et les populations civiles étant les premières cibles des bombardements, a-t-elle encore déploré, avant de dénoncer les « sommets inédits » atteints par l’aide militaire, laquelle est évaluée selon certaines sources à près de 160 milliards de dollars.  La déléguée a conclu son intervention en appelant l’ensemble des parties à activer les canaux du dialogue et de la négociation pour faire taire les armes et tracer le chemin pour la paix et la coexistence pacifique. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a posé la question suivante: « Quelle résistance à une invasion militaire se fait sans armes ni moyens militaires? »  Lors de sa campagne victorieuse contre l’Allemagne nazie, l’armée soviétique avait reçu du matériel militaire de pays tiers en grandes quantités, a-t-il rappelé.  Le délégué a dénoncé la contradiction de ceux qui, d’une part, condamnent l’invasion d’un pays voisin, et qui, d’autre part, considèrent que l’équipement militaire fourni au pays envahi et occupé sape la paix.  « Quelle disposition de la Charte des Nations Unies sape le droit des peuples à la légitime défense? » s’est encore interrogé le représentant. 

Après avoir réitéré l’opposition de son pays à toute course aux armements dans quelque conflit que ce soit, le délégué a exprimé son appui à toute mesure susceptible d’éviter le détournement des armes et l’escalade du conflit, tout en donnant la priorité à la protection des civils.  À cet égard, il a estimé que la fourniture de certains matériaux et systèmes de défense, notamment antiaériens, doit contribuer à réduire la destruction des infrastructures civiles ainsi que le nombre de victimes. Le représentant a insisté auprès de la Fédération de Russie pour qu’elle mette un terme à son agression et à ses attaques contre les infrastructures civiles ukrainiennes, notamment portuaires.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a affirmé que son pays continuera d’appuyer le droit à la légitime défense de l’Ukraine grâce notamment à des armes et des équipements.  Pour le représentant, la Russie se trompe quand elle dit que l’appui de 50 nations à Kyïv entrave la paix: ce sont l’invasion illégale de l’Ukraine et les attaques quotidiennes de drones russes qui empêchent de trouver une solution pacifique en Ukraine.  Cette réunion demandée par la Russie est un moyen de détourner le regard des actes perpétrés par le Kremlin, a encore accusé le délégué.  Les tentatives russes de réécrire l’histoire ne peuvent nous détourner de la vérité des activités de déstabilisation de la Russie en Ukraine et ailleurs, a-t-il prévenu, en dénonçant le discours nucléaire irresponsable et les menaces de l’arme nucléaire sur le territoire du Bélarus.  Ces activités aggravent une situation d’ores et déjà très dangereuse. 

Le délégué a informé que la Russie cherche à acheter des armes à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour soutenir sa guerre contre l’Ukraine en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  En réaction à ce plan, le Département du Trésor américain a nommé, le 20 juillet, deux individus impliqués dans le transfert de munitions vers la Russie, dont un ressortissant de la RPDC.  Par ailleurs, en violation de la résolution 2231 (2015) du Conseil, la Russie a obtenu des drones de l’Iran, qu’elle a ensuite utilisés pour attaquer l’Ukraine.  Le représentant a demandé au Secrétaire général de mener des enquêtes sur ces graves violations. 

Le délégué américain a dénoncé le manque d’intérêt du Président russe pour la diplomatie depuis le lancement de cette guerre non provoquée il y a près d’un an et demi.  Depuis la dernière fois que cette question a été discutée, en juin dernier, la Russie a renforcé ses frappes contre le peuple ukrainien et s’est retirée de l’Initiative de la mer Noire.  L’approvisionnement en armes pour éviter les actions brutales russes contre l’Ukraine n’est pas à l’origine de cette guerre et ne la prolonge pas non plus. Cette responsabilité incombe entièrement au Kremlin.  La Russie reste le seul obstacle à la paix en Ukraine, a tranché le représentant.  L’Ukraine et les États-Unis œuvrent ensemble pour maintenir les garanties contre le détournement, tout en permettant à l’Ukraine d’exercer son droit à la légitime défense.  L’Ukraine est un partenaire qui fait preuve de transparence, a-t-il assuré. 

S’agissant de l’établissement des responsabilités, il existe des processus robustes pour éviter tout détournement illicite des armes.  Les pertes sur les champs de bataille se produisent dans tous les conflits et nous ne savons pas ce qui se passera avec les armes qui finissent entre les mains des Russes.  La meilleure manière de répondre à ce défi est que la Russie mette un terme à cette guerre d’agression, a martelé le représentant.  Si la Russie était préoccupée par le détournement des armes, elle choisirait cette option, au lieu d’entraîner le monde dans une escalade nucléaire. 

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a jugé préoccupant que le siège de l’ex-Union soviétique soit encore utilisé à mauvais escient pour transformer le Conseil de sécurité en plateforme de propagande et de justification de la guerre d’agression contre son pays.  « Tel un criminel expérimenté devant un jury, l’envoyé de Putin tente de rejeter la responsabilité en accusant la victime de provocations et de comportements inappropriés », a-t-il observé, constatant que la plus grande indignation des responsables russes semble tenir au fait que l’Ukraine et les Ukrainiens n’ont pas accepté le rôle de victimes impuissantes.  « Au contraire, ils ont opté pour la résistance et se battent pour leur vie et leur dignité ».  Accusant la Russie de cibler le statut d’État de l’Ukraine mais aussi l’existence même de la nation ukrainienne, le représentant a estimé que les territoires occupés portent le fardeau le plus lourd de ces « pratiques néocoloniales », subissant une assimilation forcée, une féroce répression et un changement de la composition démographique de la population consistant à expulser les résidents ukrainiens et à faire venir à la place des migrants de Russie.  Dans cette bataille « existentielle », l’Ukraine a choisi de se défendre, en stricte conformité avec l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, a fait valoir le délégué, assurant que son pays persévérera dans ce combat « jusqu’à ce que chaque citoyen ukrainien et chaque partie de notre territoire souverain soient libérés et que la Russie soit confrontée à une défaite militaire ». 

Toutes les armes, qu’elles soient produites par l’Ukraine ou reçues de nos alliés, servent cet objectif, a soutenu le représentant, selon lequel l’Ukraine continuera à cette fin de viser tous les objectifs militaires légitimes.  Cette approche, a-t-il fait remarquer, contraste fortement avec les « méthodes de guerre terroristes » employées par les forces russes, qui rasent les villes à leur portée et utilisent leurs missiles et drones pour tuer la population civile et détruire les infrastructures critiques dans tout le pays.  Relatant plusieurs attaques ayant fait des victimes civiles, dans la partie libérée de la région de Kherson et dans le secteur occidental d’Ivano-Frankivsk, il a rappelé qu’hier, la Russie a aussi de nouveau frappé les infrastructures d’exportation de céréales dans la région d’Odessa, endommageant les entrepôts et les denrées alimentaires du port fluvial de Reni, sur le Danube.  Il s’agissait de la septième attaque de cet ordre en un mois, depuis que Moscou a tenté de saper l’Initiative de la mer Noire, a-t-il précisé, jugeant que chacune de ces frappes est un coup porté aux prix alimentaires mondiaux et à la stabilité sociale et politique dans différentes parties du monde. 

Comme il ressort de l’examen des restes des missiles Kh-101 lancés sur des villes ukrainiennes le 15 août, la Russie est en mesure de les produire car elle a encore des moyens de contourner les sanctions. Ces échappatoires doivent être comblées et les sanctions doivent être renforcées afin que la Russie ne puisse pas obtenir de l’étranger des composants pour la production de missiles, a plaidé le représentant, avant d’assurer que son pays aspire à une paix juste, globale et durable, fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies tels que définis par la résolution de l’Assemblée générale adoptée le 23 février et le plan de formule pour la paix, présenté par le Président Zelenskyy.  Selon lui, la récente réunion à Djedda, en Arabie saoudite, a contribué à traduire cette vision en réalité et l’Ukraine entend s’appuyer sur le dialogue que les représentants de plus de 40 pays ont eu à cette occasion. Notant enfin que la Russie reprend les pratiques de l’Allemagne nazie, en revendiquant des territoires sur la base de faux historiques ou en bombardant Kyïv à des heures matinales, il a rappelé que le Troisième Reich n’a jamais resurgi parce qu’il a été vaincu militairement et que ses dirigeants politiques, militaires et économiques ont été traduits en justice.  « Un sort similaire est prévu pour le régime de Putin et le plus tôt sera le mieux », a-t-il précisé en conclusion.

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