9392e séance – matin & après-midi 
CS/15377

Le Conseil de sécurité réitère sa condamnation de l’utilisation de la famine des civils comme « méthode de guerre »

Cinq ans après l’adoption de sa résolution fondatrice 2417 (2018), le Conseil de sécurité a adopté aujourd’hui une déclaration présidentielle condamnant fermement « l’utilisation de la famine des civils comme méthode de guerre » ainsi que le « refus illicite d’accès humanitaire et la privation des civils de biens indispensables à leur survie », qui peut constituer une violation du droit international humanitaire.  Ces termes reprennent presque mot pour mot ceux de la résolution de 2018. 

Dans cette déclaration, le Conseil rappelle le lien entre les conflits armés, la violence et l’insécurité alimentaire et le risque de famine engendrés par les conflits.  Il se déclare préoccupé par le nombre croissant de conflits armés dans différentes régions du monde, réaffirme qu’il importe de mettre fin au cercle vicieux du conflit armé et de l’insécurité alimentaire et prend note du fait qu’en 2022, les conflits armés ont été principalement à l’origine des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë concernant environ 117 millions de personnes dans 19 pays et territoires.  Il demande à toutes les parties à un conflit armé de s’acquitter des obligations que leur fait le droit international humanitaire pour ce qui est de respecter et de protéger les civils et les biens de caractère civil. 

Le Conseil note qu’en plus des conflits armés, le ralentissement économique, les inégalités de genre, la perte de biodiversité, la sècheresse et les effets néfastes des changements climatiques (…) font partie des principaux facteurs qui contribuent à inverser les progrès à long terme dans la lutte contre la faim dans le monde et à rendre plus difficile la perspective d’éliminer la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030. 

La déclaration présidentielle a été adoptée à l’ouverture du débat public du Conseil de sécurité axé sur la « Famine et l’insécurité alimentaire mondiale engendrée par les conflits », événement-phare de la présidence américaine du Conseil et présidé par le Secrétaire d’État des États-Unis, M. Antony Blinken.  À la suite de la Coordonnatrice de la réponse et de la prévention de la famine de l’ONU, Mme Reena Ghelani, du Président du Comité international de secours, M. David Miliband, et Mme Navyn Salem, fondatrice et Directrice générale d’Edesia, près de 80 délégations ont pris la parole pour reprendre à leur compte des éléments de la résolution 2417 dénonçant notamment « qu’affamer les civils comme méthode de guerre peut constituer un crime de guerre ». 

Mme Ghelani a relevé que chacun des sept pays où la population a été confrontée à des conditions proches de la famine en 2022 était touché par un conflit armé ou des niveaux extrêmes de violence, et cinq d’entre eux –Afghanistan, Haïti, Somalie, Soudan du Sud et Yémen– figurent régulièrement à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Trop souvent, a-t-elle ajouté, la faim est utilisée comme tactique de guerre.  M. Blinken, qui a saisi l’occasion de la séance pour appeler à souscrire à un communiqué diffusé par les États-Unis et déjà signé par plus de 90 pays qui se sont engagés à mettre fin à la famine en tant qu’arme de guerre, a noté, comme beaucoup d’autres après lui, que les conflits sont le plus grand moteur de l’insécurité alimentaire.

« La famine n’est absolument pas nécessaire dans le monde moderne ; ce ne sont pas les ressources humaines qui manquent; ce qui manque, c’est la volonté humaine », a rappelé Mme Ghelani, citant Martin Luther King.  M. Blinken a relevé qu’avec la déclaration présidentielle adoptée, le Conseil avait, pour la première fois en trois ans et à l’unanimité, associé la famine, les conflits et les changements climatiques pour les placer au cœur de son ordre du jour.  Il a appelé à profiter de cet l’élan pour transformer « nos propos en actions concrètes ». 

De fait, les appels à l’action ont été nombreux mais tous les intervenants n’ont pas préconisé les mêmes types d’action. 

De nombreux pays occidentaux ont surtout mis en cause la Fédération de Russie, d’abord pour son agression de l’Ukraine, qui a déstabilisé les circuits d’approvisionnement et aggravé une crise déjà présente, ensuite pour son récent retrait de l’Initiative de la mer Noire, qui, -plusieurs délégations l’ont rappelé- a eu pour effet immédiat de faire remonter les prix des céréales sur les marchés.  Très virulente, la France a ainsi accusé la Russie d’avoir exercé un « chantage inacceptable » au renouvellement de l’accord en mer Noire, puis « d’ajouter au cynisme l’irresponsabilité dans son instrumentalisation de la crise alimentaire mondiale ».  Même les pays les plus accusateurs de la Fédération de Russie ont toutefois reconnu que la crise ukrainienne était venue aggraver un problème préexistant, dû en particulier aux changements climatiques, à la pandémie de COVID-19 et à la multiplication des conflits armés.  

La Fédération de Russie a d’ailleurs été catégorique: il n’existe pas de pénurie alimentaire aiguë dans le monde, mais un problème de répartition inégale des ressources. Après avoir accusé les pays occidentaux d’avoir détourné l’Initiative de la mer Noire de sa finalité humanitaire pour en faire une opération commerciale essentiellement menée à leur profit, le représentant russe a mis en cause les grandes entreprises agroindustrielles occidentales.  Il a aussi accusé les pays occidentaux d’utiliser l’aide alimentaire comme un « outil de contrôle » néocolonial.  L’accusation a été reprise par le Venezuela au nom du « Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies », qui a demandé la suppression immédiate et définitive des « mesures coercitives unilatérales » -les sanctions– accusées d’avoir un impact négatif sur l’économie mondiale dans son ensemble.  La Chine mais aussi le Brésil ont également dénoncé les sanctions, juges délétères pour la sécurité et la paix, et donc pour le développement. 

Pour ces pays, point n’est besoin d’« interventions humanitaires », mais plutôt d’une coopération et d’une solidarité accrues, qu’illustre la récente offre de la Fédération de Russie de fournir des milliers de tonnes de céréales à plusieurs pays d’Afrique particulièrement affectés par la crise alimentaire.  Une offre rejetée par le Royaume-Uni comme « inadéquate » et « bien en deçà du problème mondial que la Russie a créé ».

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES: FAMINE ET INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE MONDIALE ENGENDRÉE PAR LES CONFLITS (S/2023/560)

Texte de la déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité rappelle sa résolution 2417 (2018) et les déclarations de sa présidence en date du 9 août 2017 (S/PRST/2017/14) et du 29 avril 2020 (S/PRST/2020/6). 

Le Conseil réaffirme son attachement à la Charte des Nations Unies, notamment aux buts et aux principes qui y sont énoncés, et la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales que lui confère la Charte et, à cet égard, réaffirme qu’il est résolu à s’attaquer à la question de l’insécurité alimentaire, y compris de la famine, dans les situations de conflit armé. 

Le Conseil réaffirme son plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États conformément à la Charte des Nations Unies. 

Le Conseil réaffirme le rôle central de l’Organisation des Nations Unies ainsi que son attachement au renforcement de la coordination dans le système des Nations Unies et se félicite des mesures prises par l’Organisation et ses organismes et par d’autres organisations internationales, régionales et nationales, pour lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, en particulier dans les situations de conflit armé. 

Le Conseil souligne que les organisations et mécanismes régionaux et sous-régionaux jouent un rôle important et qu’il est indispensable de coopérer avec eux, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales, contribuant aux efforts internationaux visant à faire respecter la Charte et à prévenir la famine, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, en particulier dans les situations de conflit armé. 

Le Conseil réaffirme que c’est aux États qu’il incombe au premier chef de protéger leur population sur l’ensemble de leur territoire et que toutes les parties à un conflit armé ont l’obligation de respecter le droit international humanitaire et doivent permettre et faciliter le passage rapide et sans entrave des secours humanitaires destinés aux civils qui en ont besoin, conformément aux principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance, et notamment de l’aide médicale, et réaffirme également que tous les acteurs participant à la fourniture d’une telle aide dans les situations de conflit armé doivent promouvoir ces principes et y adhérer pleinement. 

Le Conseil se déclare préoccupé par l’insuffisance du financement de l’assistance humanitaire et de l’aide au développement, qui restreint l’action de lutte contre l’insécurité alimentaire et le risque de famine engendrés par les conflits, et invite les États Membres à tout mettre en œuvre pour accroître l’assistance humanitaire et l’aide au développement et le financement de l’aide alimentaire et des besoins humanitaires, notamment par l’intermédiaire des organismes des Nations Unies. 

Le Conseil se félicite de l’engagement pris par les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales de regrouper leur savoir-faire et leur financement pour accroître rapidement l’appui politique et financier aux pays et aux ménages exposés aux crises de sécurité alimentaire et pour augmenter la production agricole nationale dans les pays touchés ainsi que l’approvisionnement de ces derniers. 

Le Conseil encourage les États Membres disposant de ressources à redoubler d’efforts pour aider les pays vulnérables à transformer durablement leur agriculture et leurs systèmes alimentaires, notamment par des approches agroécologiques et d’autres approches innovantes, afin de les rendre plus résilients et d’appuyer les petits exploitants agricoles, notamment leur accès aux intrants agricoles et aux services financiers, et de renforcer les infrastructures, l’appui logistique et l’innovation nécessaires pour cultiver, stocker et distribuer les denrées alimentaires. 

Le Conseil demande à tous les États Membres disposant de ressources de faire des dons en nature et de prendre en charge les frais connexes au profit des pays vulnérables qui sont dans le besoin et de faire de tels dons aux organisations humanitaires clés en vue du transport et de l’acheminement des denrées alimentaires. 

Le Conseil réaffirme que l’accès à une alimentation abordable, sûre et nutritive est un besoin essentiel et rappelle l’importance de collaborer étroitement pour prévenir la famine, l’insécurité alimentaire et la malnutrition engendrées par les conflits et y répondre et pour construire des systèmes agroalimentaires plus résilients, plus durables et plus inclusifs. 

Le Conseil réaffirme l’importance du rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix et demande de nouveau que l’on associe pleinement et véritablement les femmes, sur un pied d’égalité, à ces efforts et à tous les mécanismes de décision connexes concernant ces questions, conformément à la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité et aux résolutions connexes. 

Le Conseil souligne la nécessité d’acheminer l’aide humanitaire sans distinction de sexe ou d’âge et de rester attentif aux différents besoins des populations, notamment sur le plan de la prévention de la famine, en veillant à prendre en compte ces besoins dans les interventions humanitaires. 

Le Conseil est conscient que les changements climatiques, la dégradation de l’environnement, les changements écologiques et les catastrophes naturelles, entre autres facteurs, peuvent avoir une incidence préjudiciable sur la sécurité alimentaire, la raréfaction de l’eau, les moyens de subsistance et la situation humanitaire, notamment la sécheresse, la désertification et la dégradation des terres, tout en constatant l’importance de mettre en œuvre la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques[1] et l’Accord de Paris[2], et continue d’insister sur la nécessité d’instaurer des stratégies à long terme, fondées sur des évaluations globales des risques par les gouvernements et l’Organisation des Nations Unies, afin d’appuyer la stabilisation et de renforcer la résilience. 

Le Conseil sait qu’en plus des conflits armés, le ralentissement économique, les inégalités de genre, la perte de biodiversité, la sècheresse et les effets néfastes des changements climatiques, tels que l’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, font partie des principaux facteurs qui contribuent à inverser les progrès à long terme dans la lutte contre la faim dans le monde et à rendre plus difficile la perspective d’éliminer la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030. 

Le Conseil se déclare préoccupé par le nombre croissant de conflits armés dans différentes régions du monde, réaffirme qu’il importe de mettre fin au cercle vicieux du conflit armé et de l’insécurité alimentaire et prend note du fait qu’en 2022, les conflits armés ont été principalement à l’origine des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë concernant environ 117 millions de personnes dans 19 pays et territoires. 

Le Conseil est particulièrement préoccupé par les effets de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition sur les enfants du monde entier, puis qu’on estime que 148,1 millions d’enfants de moins cinq ans (22,3 pour cent) souffrent d’hypotrophie nutritionnelle et 45 millions (6,8 pour cent) d’émaciation. 

Le Conseil souligne le fait que le déplacement forcé est un facteur important qui alimente l’insécurité alimentaire tout en étant régie par elle, et que les personnes déplacées ont souvent plus de mal à accéder à de la nourriture, et note les liens entre les pénuries alimentaires et la violence fondée sur le genre. 

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par la grave menace humanitaire que fait peser sur les civils, dans les pays touchés, la présence de mines terrestres, de restes explosifs de guerre et d’engins explosifs improvisés, qui a des conséquences socioéconomiques graves et durables, notamment pour ce qui est de la sécurité alimentaire des populations de ces pays. 

      Le Conseil condamne fermement l’utilisation de la famine des civils comme méthode de guerre, qui est interdite par le droit international humanitaire, ainsi que le refus illicite d’accès humanitaire et la privation des civils de biens indispensables à leur survie, notamment en entravant intentionnellement l’acheminement des secours destinés à lutter contre l’insécurité alimentaire engendrée par des conflits armés et l’accès des intervenants, qui peuvent constituer une violation du droit international humanitaire. 

Le Conseil rappelle le lien entre les conflits armés, la violence et l’insécurité alimentaire et le risque de famine engendrés par les conflits, et demande à toutes les parties à un conflit armé de s’acquitter des obligations que leur fait le droit international humanitaire pour ce qui est de respecter et de protéger les civils et les biens de caractère civil, notamment les biens nécessaires à la production et à la distribution de denrées comme les exploitations agricoles, les marchés, les systèmes d’eau, les usines, les sites de traitement et de stockage des produits alimentaires, les centres de distribution et les moyens de transport de la nourriture, et de s’abstenir d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie des populations civiles tels que les denrées alimentaires, les récoltes, le bétail, les biens agricoles, les installations et réserves d’eau potable et les ouvrages d’irrigation, et de respecter et de protéger le personnel humanitaire ainsi que les articles destinés aux opérations de secours humanitaire et souligne qu’il importe que le personnel humanitaire ait accès librement et en toute sécurité aux civils en période de conflit armé. 

Le Conseil demande à toutes les parties à des conflits armés de s’acquitter des obligations que leur impose le droit international humanitaire et souligne qu’il importe que le personnel humanitaire ait accès librement et en toute sécurité aux civils en période de conflit armé, demande à toutes les parties concernées, y compris aux États voisins, de coopérer pleinement avec le Coordonnateur de l’action humanitaire et les organismes des Nations Unies afin d’assurer un tel accès, invite les États et le Secrétaire général à l’informer de tout refus illicite d’accorder un tel accès en violation du droit international, lorsque ce refus peut menacer la paix et la sécurité internationales et, à cet égard, se déclare disposé à examiner de telles informations et, le cas échéant, à adopter les mesures appropriées. 

Le Conseil exhorte ceux qui ont de l’influence auprès des parties à un conflit armé de rappeler qu’elles sont tenues de se conformer au droit international humanitaire. 

Le Conseil exhorte également tous ceux qui ont un rôle à jouer et notamment la capacité d’influencer les groupes armés, à agir pour cesser de bloquer les routes nécessaires au ravitaillement des marchés locaux et l’accès à ceux-ci et de dégrader les sources d’alimentation, notamment les cultures et le bétail, ainsi que les fournitures médicales et humanitaires. 

Le Conseil est également conscient de l’importance d’appuyer les activités synergiques de collecte, d’analyse et de diffusion des données par les organisations internationales afin de prévenir et de réduire le plus possible tout risque en cas de crise. 

Le Conseil encourage l’Organisation des Nations Unies et toutes les parties prenantes concernées, notamment en veillant à la participation pleine, effective et véritable des femmes, à coopérer pour accompagner les pays touchés par les conflits armés afin de réduire les besoins, de protéger les moyens de subsistance, d’améliorer l’accès aux services de base et de renforcer la résilience des populations des pays touchés par les conflits, en particulier ceux qui sont dans des situations vulnérables, contribuant ainsi à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030notamment l’élimination de la pauvreté et la réduction des risques d’insécurité alimentaire et de malnutrition dans les situations de conflit armé. 

Le Conseil réaffirme qu’il est résolu à coopérer avec le Secrétaire général pour chercher par tous les moyens à prévenir l’insécurité alimentaire, la malnutrition aiguë et le risque de famine engendrés par les conflits, et à chercher par tous les moyens possibles à prévenir les conflits armés et à y mettre fin, notamment en s’attaquant à leurs causes profondes de manière inclusive, intégrée et durable, en encourageant le dialogue, la médiation, les consultations, les négociations politiques et d’autres moyens pacifiques, tout en renforçant l’action humanitaire, de développement et de consolidation de la paix, à cet égard.  Il souligne en outre qu’il est urgent de redoubler d’efforts sur le plan de la prévention et du règlement des conflits armés, en s’attaquant, le cas échéant, à leurs dimensions régionales et en mettant l’accent sur la diplomatie et les accords régionaux. 

Le Conseil sait l’utilité de recevoir des informations en temps réel et se félicite des efforts que fait le Secrétaire général pour l’informer promptement de l’apparition, dans des contextes de conflit armé, de risques de famine et d’insécurité alimentaire généralisée engendrés par les conflits, et réaffirme qu’il entend fermement prêter toute l’attention voulue aux informations communiquées par le Secrétaire général lorsque ces situations sont portées à son attention. 

Le Conseil prie le Secrétaire général d’inclure des informations ventilées par sexe et par âge dans ses rapports d’analyse de la situation propre à tel ou tel pays lorsque qu’il existe un risque de famine et une insécurité alimentaire générale engendrés par un conflit armé et manifeste son intention de continuer d’accorder à ces informations l’attention voulue, notamment aux recommandations pertinentes visant à éviter de tels risques. 

Déclarations

Pour Mme REENA GHELANI, Coordonnatrice de la réponse et de la prévention de la famine de l’ONU, parmi les multiples défis et menaces auxquels le monde est confronté aujourd’hui, la menace de la famine doit être considérée une « ligne rouge ».  Pourtant, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aiguë a atteint un quart de milliard l’an dernier, soit le chiffre le plus élevé enregistré ces dernières années. Parmi ces populations, environ 376 000 dans sept pays étaient confrontées à des conditions proches de la famine et 35 millions de plus étaient à la limite de l’insécurité alimentaire, les femmes et les enfants étant les premiers touchés.  Une situation sans surprise, a expliqué Mme Ghelani: « il s’agit d’une crise provoquée par l’homme qui enfle depuis des années », au point de nous conduire à un « point de bascule », car la faim et les conflits se nourrissent mutuellement.  Ainsi, chacun des sept pays où la population a été confrontée à des conditions proches de la famine en 2022 était touché par un conflit armé ou des niveaux extrêmes de violence, et cinq d’entre eux –Afghanistan, Haïti, Somalie, Soudan du Sud et Yémen– figurent régulièrement à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

Les conflits armés détruisent les systèmes alimentaires, brisent les moyens de subsistance et chassent les gens de leurs foyers, livrant de nombreuses personnes à la faim, a rappelé Mme Ghelani.  Ces conséquences sont parfois non calculées mais, trop souvent, la faim est utilisée comme tactique de guerre, a-t-elle fait observer, ajoutant qu’en retour, l’insécurité alimentaire elle-même attise l’instabilité.  Ainsi, des recherches récentes menées par le Programme alimentaire mondial (PAM) ont montré comment l’insécurité alimentaire, lorsqu’elle est associée à des griefs préexistants, au désespoir -lui-même trop souvent alimenté par la pauvreté et l’inégalité- et à des problèmes de gouvernance, pousse les gens à choisir la violence plutôt que la paix.  « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, entraînant des conflits allant des protestations et des émeutes à la guerre civile », a expliqué la Coordonnatrice en rappelant que la faim provoquée par les conflits est en outre aggravée par les changements climatiques –ce « multiplicateur de menaces »– et les chocs économiques. 

Que pouvons-nous donc faire ensemble? s’est demandé Mme Ghelani.  Commençons par veiller à ce que les parties aux conflits respectent le droit international humanitaire, en protégeant les stocks de vivres, les systèmes d’approvisionnement en eau et les autres objets nécessaires à la production alimentaire et aux systèmes de distribution, a-t-elle plaidé.  Il s’agit également de faciliter l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire, a-t-elle souligné.  Ensuite, il faut faire un usage optimal des mécanismes d’alerte précoce existants, tels que la résolution 2417 (2018).  La Coordonnatrice a également recommandé de « faire preuve d’audace et de créativité » pour trouver des moyens d’atténuer l’impact de la guerre sur les plus vulnérables: « De telles solutions sont possibles, nous avons vu des accords entre les parties au conflit et des résolutions adoptées au sein de ce Conseil à cette fin.  Mais elles requièrent du courage politique et des compromis », a-t-elle remarqué. 

La Coordonnatrice a en outre plaidé pour que les femmes et les filles soient au centre des efforts consentis, les recherches montrant que leur implication dans la consolidation de la paix augmente de 24% la probabilité que la violence prenne fin.  Il est également nécessaire de reconnaître qu’une réponse partielle et fragmentée à des risques interconnectés sera insuffisante, a-t-elle prévenu, en demandant un financement adéquat de l’aide humanitaire, dont dépendent la vie de millions de personnes. 

Le Secrétaire général de l’ONU a fait de la menace de la famine et de la faim des priorités, en créant en 2021 une Équipe spéciale de haut niveau sur la prévention de la famine, chargée de diriger et d’organiser une réponse cohérente à l’échelle du système, a rappelé Mme Ghelani.  En début d’année, le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) a alloué un montant record de 250 millions de dollars pour éviter la famine dans les pays les plus touchés, a-t-elle ajouté.  Mais la coopération de la communauté internationale et la solidarité entre les États Membres peut faire une réelle différence sur le terrain, a exhorté Mme Ghelani, qui a expliqué que le silence des enfants affaiblis par la faim résonnait comme un « appel à l’action ».  Elle a conclu en rappelant les propos de Martin Luther King lors de son discours d’acceptation du prix Nobel de la paix: « La famine n’est absolument pas nécessaire dans le monde moderne.  Ce ne sont pas les ressources humaines qui manquent; ce qui manque, c’est la volonté humaine. »

M. DAVID MILIBAND, Président du Comité international de secours, a indiqué que cette organisation compte 40 000 employés et précisé que son approche consiste à se focaliser sur les solutions, non pas sur les souffrances. Rappelant que 35 millions de personnes sont au bord de la famine dans le monde, il a souligné le consensus qui existe autour des conflits comme première cause de l’insécurité alimentaire. Si cette analyse est largement partagée, elle s’accompagne malheureusement trop souvent d’une paralysie, a-t-il déploré. Il a rappelé que 80% des enfants souffrant de malnutrition aiguë ne reçoivent aucune aide en raison notamment de l’éclatement des agences et d’approches divergentes quant au diagnostic et aux traitements.  La solution est évidente: un système simplifié, aux mains des parents et des travailleurs de la santé, a-t-il dit. 

M. Miliband a ensuite mentionné la prolifération des initiatives mondiales sur la famine et l’insécurité alimentaire.  La solution serait un organe doté de pouvoirs, à même de mener l’action collective et d’apporter le changement, a-t-il dit.  Rappelant l’importance des changements climatiques, il a appelé à donner une dimension humanitaire au financement climatique.  Une proportion de chaque fonds d’adaptation climatique devrait aller automatiquement à des pays fragiles et en proie à un conflit, a-t-il suggéré.  Enfin, il a appelé à combattre l’impunité, affirmant: « La prochaine fois que le Conseil sera face à des preuves d’une instrumentalisation de la famine comme arme de guerre, il devra agir. »

Mme NAVYN SALEM, fondatrice et Directrice générale d’Edesia, a évoqué le jour où elle a rencontré pour la première fois un enfant de 2 ans qui pesait le même poids que sa fille nouveau-née, une expérience qui l’a changée à jamais.  Lorsqu’elle entre dans une clinique de malnutrition, la première chose qui la frappe est le « silence assourdissant » des enfants qui n’ont même plus la force de pleurer.  Aujourd’hui, son entreprise sociale à but non lucratif, créée en 2020, fabrique le Plumpy’Nut, un aliment thérapeutique prêt à l’emploi et qui sauve des vies.  Cette nourriture est utilisée dans le traitement de la malnutrition aiguë sévère par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’USAID.  Il s’agit, a-t-elle expliqué, d’un beurre de cacahuète hautement enrichi fournissant une nutrition vitale et facile à distribuer en période de crise humanitaire, et permettant de réhabiliter jusqu’à 92% des enfants en seulement deux mois.

Bien qu’Edesia fasse partie d’une « communauté d’usines » aux États-Unis, en France et dans les pays du Sud qui travaillent sans relâche pour produire suffisamment de ces « aliments miracles », les besoins augmentent chaque jour, a expliqué Mme Salem.  Qui plus est, les conflits menacent de fermer les portes de ces entreprises installées dans les points chauds de la malnutrition et utilisant des matières premières cultivées localement.  Ainsi, lorsque le conflit a éclaté au Soudan, une usine partenaire à Khartoum a été complètement détruite, de même que des milliers de boîtes de Plumpy’Nut en attente de distribution.  Aujourd’hui, le coup d’État au Niger menace une usine partenaire, tandis que la violence en Haïti oblige à construire de nouveaux murs de sécurité. 

Selon Mme Salem, les deux principaux facteurs qui contribuent à la faim et à la malnutrition sont les changements climatiques et les conflits.  Or, si la lutte contre les changements climatiques prendra encore des décennies, ce n’est pas le cas de conflits.  « Nous, ici aujourd’hui, avons le problème le plus facile à résoudre », a-t-elle relevé, car « tout comme nous décidons de faire la guerre, nous pouvons décider de mettre fin à la guerre ». Nous sommes donc confrontés à deux choix: nourrir les enfants sévèrement malnutris ou arrêter les conflits, a martelé Mme Salem.  Chaque année, 1,7 milliard de dollars sont nécessaires pour nourrir 17 millions d’enfants souffrant de malnutrition sévère, a-t-elle ajouté, en invoquant notre « responsabilité d’agir ».  Or, l’augmentation des conflits oblige les organisations humanitaires à composer avec des déficits de financement critiques, qui ne permettent de répondre qu’à 50% des besoins. 

Il y a un an, a poursuivi Mme Salem, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Irlande et des organisations philanthropiques privées ont alloué 500 millions de dollars à la lutte contre la malnutrition, doublant ainsi l’offre de Plumpy’Nut et le nombre de vies sauvées, pour atteindre 7,3 millions d’enfants traités.  Mais, malgré ces avancées, l’objectif à long terme doit être un virage vers la prévention, a-t-elle prévenu.  Le développement de la petite enfance dépend en effet de systèmes alimentaires sains, de régimes alimentaires diversifiés, de l’allaitement maternel et des macro et micronutriments essentiels nécessaires au corps et au cerveau.  Il existe beaucoup de problèmes dans ce monde que nous ne pouvons pas résoudre, mais la malnutrition n’en fait pas partie, a-t-elle conclu.

M. ANTONY J.  BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré que trop de familles connaissent un sentiment d’urgence absolue, soulignant le lien intrinsèque qui existe entre la faim, l’insécurité alimentaire et les conflits.  Il a évoqué les situations au Soudan, au Myanmar, au Yémen, au Burkina Faso, en Somalie et ailleurs, notant que les conflits sont le plus grand moteur de l’insécurité alimentaire. 

On ne pourra pas parvenir à la paix sans renforcer la sécurité alimentaire, a-t-il souligné.  Il s’est félicité que ce matin, pour la première fois en trois ans, le Conseil de sécurité a, à l’unanimité, associé la famine, les conflits et les changements climatiques pour les placer au cœur de son ordre du jour, en appelant à profiter de cet l’élan pour transformer « nos propos en actions concrètes ». Après avoir rappelé l’adoption, il y a cinq ans, de la résolution 2417 (2018) qui souligne que l’affamement intentionnel de civils peut constituer un crime de guerre, il a appelé à souscrire au communiqué diffusé par les États-Unis et signé par près de 90 pays qui se sont engagés à mettre fin à la famine en tant qu’arme de guerre. 

L’an dernier, a-t-il enchaîné, les donations au Programme alimentaire mondial (PAM) ont augmenté de 48% et les États-Unis ont fourni à eux seuls 7,2 milliards de dollars, ce qui a permis d’éviter de justesse la famine l’an dernier.  Or le PAM estime qu’il faudra 25 milliards de dollars pour aider des millions de personnes, mais seulement 18% de cette somme a été financée à ce stade, s’est inquiété le Secrétaire d’État.  Face à ce déficit de financement, il a appelé les plus grandes économies du monde à devenir les plus gros contributeurs et à accroître la productivité et la résilience agricoles.  Il a également indiqué qu’en raison des changements climatiques, d’ici à 2025, la production agricole risque de baisser de plus de 30% tandis que la demande alimentaire sera en hausse de près de 50% au niveau mondial.  La situation est donc très complexe et urgente, a alerté M. Blinken, et il faut y répondre en atténuant notamment les effets des changements climatiques « ce qui est essentiel ».  Il a ensuite fait savoir que les États-Unis ont lancé un programme pour des cultures et des sols adaptés dans plus de 40 pays en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avant d’annoncer une donation supplémentaire de 362 millions de dollars pour répondre à la sécurité alimentaire en Haïti et dans 11 pays africains. 

Poursuivant, M. Blinken en affirmé que l’Initiative de la mer Noire a donné des résultats forts, concrets et visibles.  Elle a permis l’exportation de l’équivalent de 18 billions de miches de pain, et plus de la moitié des produits alimentaires et les deux-tiers du blé qui ont été exportés grâce à cette initiative l’ont été vers des pays en développement.  Cependant, depuis le retrait de la Russie de cet accord, les prix des céréales ont augmenté de 8% dans le monde entier, s’est-il inquiété, avant de reprocher également à Moscou de bombarder les stocks de grains ukrainiens et les ports et de menacer d’attaquer des navires en mer Noire.  Le Secrétaire d’État américain a également déploré que la Russie ait bloqué la prorogation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie où 12 millions de personnes n’ont pas assez à manger.  Il a assuré que les États-Unis sont prêts à redoubler d’efforts pour préserver cette planche de salut et à reconduire l’Initiative de la mer Noire.  Il a ensuite appelé Moscou à cesser de faire de la mer Noire un instrument de chantage et de mettre un terme à la guerre.

Mme NOURA BINT MOHAMMED AL KAABI, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a dit que l’insécurité alimentaire peut être prévenue.  C’est un choix politique d’y mettre grâce à une entreprise collective.  Les parties à un conflit armé doivent prendre soin constamment d’épargner tout ce qui est nécessaire pour produire alimentation et eau potable, et ils ne doivent jamais cibler des installations civiles.  Ceux qui sont en position de soutenir et de faciliter les efforts humanitaires permettant de sauver des vies doivent le faire.  Les Émirats arabes unis ont contribué à hauteur de plus de 1,4 milliard de dollars d’aide au cours des cinq dernières années pour lutter contre l’insécurité alimentaire, a ajouté Mme Al Kaabi. 

Pour la Ministre, des conflits comme celui qui frappe l’Ukraine peuvent contribuer à l’insécurité alimentaire mondiale.  Dès lors, il faut mettre en place et soutenir des stratégies nationales et développer des approches innovantes et des partenariats pour être à la hauteur de ces défis.  La sécurité alimentaire au niveau mondial nécessite la participation de tous et des partenariats internationaux.  Soulignant les efforts multilatéraux consentis pour réduire l’insécurité alimentaire par le biais de l’Initiative de la mer Noire, Mme Al Kaabi a déploré l’augmentation des prix du blé depuis la fin de l’accord. 

Un esprit ambitieux de collaboration au niveau mondial est également nécessaire pour répondre à cet autre moteur de l’insécurité alimentaire que constituent les changements climatiques, a poursuivi la Ministre.  Il faut prendre des mesures tangibles pour limiter l’élévation des températures à 1,5°degré Celsisus maximum et mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation aux problèmes climatiques.  Tout le monde doit être sur le pont, a exhorté Mme Al Kaabi, pour qui cela veut dire « mobiliser toutes nos voix, toutes nos mains, ceux qui sont touchés de manière disproportionnée par l’insécurité alimentaire et les changements climatiques, en particulier les femmes et les jeunes, qui doivent occuper une position centrale dans notre conception des plans de riposte ».  Elle a encouragé la participation pleine, égale et véritable de tous, y compris des femmes. 

La Ministre a plaidé pour des approches innovantes face à ces défis, jugeant vitaux les partenariats public-privé.  Les Émirats arabes unis travaillent activement dans le cadre de tels partenariats, comme l’initiative mondiale Mohammed Ben Rachid et sa campagne d’un milliard de repas par an.  Mme Al Kaabi a également cité la mission pour l’innovation agricole pour le climat, lancée en 2021 par son pays et les États-Unis pour catalyser l’innovation et permettre une agriculture plus intelligente face aux problèmes climatiques. Cette initiative permet de travailler à présent avec plus de 50 partenaires gouvernementaux, le secteur privé et la société civile, et a permis de lever plus de 13 milliards de dollars pour accélérer un changement significatif en la matière. 

M. KENJI YAMADA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a profondément regretté la décision de la Fédération de Russie de mettre unilatéralement fin à sa participation à l’Initiative de la mer Noire, qui avait rendu possible la reprise des exportations de céréales en provenance de l’Ukraine et contribué à la sécurité alimentaire mondiale.  Moscou, a-t-il dénoncé, a gaspillé d’énormes quantités de céréales en attaquant les entrepôts et les terminaux de chargement à Odessa et le long du Danube.  Alors que la Russie a entre-temps annoncé qu’elle remplacerait l’Ukraine dans la fourniture de céréales aux pays africains, nous ne devons pas accepter sa tentative de transformer la faim en arme, de détruire les céréales en Ukraine, tout en augmentant ses propres exportations, a ajouté le Ministre.

Après avoir préconisé une approche holistique englobant les dimensions humanitaire, développement et paix, M. Yamada a indiqué que le Japon avait rendu publique en mai la « Déclaration d’Hiroshima pour une sécurité alimentaire mondiale résiliente », en collaboration avec des pays de diverses régions du monde.  Il peut s’agir d’une ligne directrice complète pour répondre à la crise immédiate de la sécurité alimentaire et établir une agriculture et des systèmes alimentaires résilients à moyen et à long terme, a-t-il précisé. 

Évoquant enfin la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Ministre a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure d’agir concrètement sur la crise alimentaire dans ce pays, l’encourageant à rompre son silence prolongé sur cette question.

Mme MEGI FINO, Ministre adjointe des affaires étrangères et européennes de l’Albanie, a déclaré que des populations en Haïti, en Afghanistan, au Soudan du Sud ou encore dans la région du Sahel souffrent de la faim, faute d’une intervention humanitaire.  Elle a également dénoncé le récent veto exercé par la Russie s’agissant du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie, mettant en danger plus de 4 millions de personnes dans le nord-ouest de ce pays. Le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire confirme en outre l’instrumentalisation par ce pays de la faim comme arme en vue d’obtenir des gains politiques, a-t-elle dénoncé, avant de condamner le bombardement quotidien, par la Russie, de ports maritimes visant des installations d’exportation de céréales.  Les promesses faites par Moscou à plusieurs pays africains pour des quantités « ridicules » de céréales gratuites font partie de ses efforts pour capitaliser sur l’effondrement de l’Initiative et obtenir le soutien sur le continent africain, a affirmé la dignitaire.  Mais attention, il faudra payer un lourd tribut pour ce type de charité humanitaire, a-t-elle mis en garde, avertissant que sans action urgente, de plus en plus de personnes en Afrique, au Moyen-Orient et au-delà souffriront de la faim.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a fait état d’une crise alimentaire mondiale sans précédent qui déstabilise des régions et des pays entiers; un phénomène qui continue de s’aggraver en Somalie, au Soudan, au Sahel, en Afghanistan, au Yémen et en Syrie.  Dans ce contexte, le représentant a regretté la décision de la Fédération de Russie de se retirer de l’Initiative de la mer Noire, et condamné ses attaques contre les ports ukrainiens.  Il a ainsi demandé la pleine mise en œuvre des mécanismes de prévention prévus par la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité. 

Afin de prévenir les crises alimentaires, y compris la famine, le représentant a demandé le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme par toutes les parties aux conflits.  Nous devons en outre veiller à intégrer une perspective de genre dans les mesures visant à améliorer la sécurité alimentaire, a-t-il ajouté.  Enfin, l’impunité, notamment pour ceux qui utilisent la famine en tant qu’arme de guerre, doit être résolument combattue.  En 2019, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) a été modifié, à l’initiative de la Suisse, afin que ce crime soit reconnu dans les situations de conflit interne, a rappelé le représentant, qui a appelé tous les États parties au Statut à ratifier cet amendement.

Les conflits armés et la violence sont le moteur principal de l’insécurité alimentaire, a réaffirmé le représentant, avant d’ajouter que les solutions politiques aux conflits doivent faire partie d’une approche globale visant à éliminer la faim. 

M. SERGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a indiqué que le meilleur moyen de prévenir la faim et la malnutrition à long terme est de veiller à ce que les pays aient la capacité de mettre en place des systèmes et des marchés agroalimentaires résistants.  Il faut pour cela tenir compte des causes structurelles de la faim, notamment les inégalités entre et à l’intérieur des pays, les obstacles au commerce des denrées alimentaires, les sanctions unilatérales et la faiblesse ou l’absence de politiques de protection sociale et de lutte contre la pauvreté, a noté le représentant.  Il a également appelé à soutenir les pratiques agricoles durables, à développer des infrastructures résistantes aux catastrophes, et à faciliter le transfert et l’accès à des technologies efficaces et productives pour garantir des systèmes alimentaires diversifiés, résilients et durables. 

De même, le représentant a insisté sur l’importance de soutenir le renforcement des capacités dédiées dans les pays en développement pour leur permettre d’être mieux préparés aux chocs liés à la disponibilité et l’accessibilité des denrées alimentaires.  Pour atteindre cet objectif, il convient, selon lui, de donner la priorité aux programmes de transfert de fonds et de combler les besoins de financement.  Le délégué a également plaidé pour une réforme des règles commerciales agricoles multilatérales afin de prévenir l’insécurité alimentaire mondiale.  De nombreux pays touchés par des conflits ont vu leur développement agricole limité par des subventions qui faussent les échanges et les prix, et qui affectent négativement leurs capacités de production, a-t-il relevé.  Il a ensuite demandé aux États Membres de pleinement intégrer dans leur travail les outils déjà en place pour lutter contre la faim induite par les conflits.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a rappelé que, lorsqu’elle n’est pas utilisée comme arme de guerre, la famine est très souvent source de conflits et d’instabilité dans les États fragiles.  Ainsi, sur le continent africain, plus de 80% des personnes confrontées à l’insécurité alimentaire vivent dans des zones touchées par des conflits.  Au Sahel, dans la région des Grands Lacs et dans la Corne de l’Afrique, groupes armés et groupes terroristes détruisent délibérément les magasins d’alimentation, brûlent les champs, empêchent les paysans de cultiver, détruisent les infrastructures de production alimentaire, les systèmes de transport et de distribution de vivres. 

Pour le Gabon, la réponse du Conseil de sécurité ne peut se résumer à des « déclarations cosmétiques » et la dynamique de mobilisation doit être globale, afin de faire face aux effets induits des conflits armés sur la sécurité alimentaire dans le monde et prévenir l’émergence de nouveaux foyers de famine.  « Nous devons donc investir davantage dans l’agriculture durable et la sécurité alimentaire à long terme », a plaidé le représentant.  Cela implique soutenir les petits agriculteurs, améliorer les infrastructures agricoles et promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, a-t-il ajouté.  En outre, les mécanismes de réponse d’urgence pour faire face aux crises alimentaires aiguës doivent être renforcés, qu’il s’agisse des systèmes d’alerte précoce, de la fourniture d’une aide alimentaire d’urgence ou de la coordination des efforts entre organisations humanitaires et États Membres. Enfin, il faut veiller à la sanctuarisation des stocks de sécurité de denrées alimentaires, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a salué l’annonce, par la Fédération de Russie, de son intention de livrer gratuitement des céréales à six pays africains, tout en déplorant que l’Initiative de la mer Noire n’a pas été renouvelée.  Il a appelé la Russie à revenir à l’accord et demandé des investissements à long terme pour briser le cercle vicieux de la faim et des conflits.  Il a aussi réclamé des actions urgentes pour répondre à la crise alimentaire aiguë en Afrique.  La communauté internationale et les organismes donateurs doivent répondre aux problèmes de sous-financement des plans d’intervention humanitaire pour les pays africains, a-t-il souhaité.  De même, il a appelé à renforcer la résilience des économies et des systèmes alimentaires et à reconnaître les effets des changements climatiques sur l’alimentation. Le délégué a ensuite demandé la mise en œuvre de plusieurs initiatives, notamment le programme de développement agricole de l’Union africaine ainsi que la zone de libre-échange africain pour éviter de futures perturbations de la chaîne d’approvisionnement alimentaire en Afrique. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a exhorté le Conseil de sécurité à prendre au sérieux ses obligations et à établir les responsabilités de ceux qui ont ordonné, participé à la destruction ou empêché le fonctionnement des infrastructures civiles essentielles à la production de nourriture, l’impunité ne faisant qu’engendrer de nouvelles violations.  À cette fin, la représentante a également appelé l’ONU à travailler plus étroitement avec les belligérants, en particulier les États, pour s’assurer d’une déconfliction adéquate s’agissant de ces infrastructures. 

La représentante a ensuite regretté que la Fédération de Russie ait mis fin à sa participation à l’Initiative de la mer Noire, alors que celle-ci avait permis d’assurer le passage en toute sécurité de plus de 32 millions de tonnes de denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens.  Aussi a-t-elle exhorté Moscou à renouer avec les bons offices du Secrétaire général et à reconsidérer sa décision. 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a rappelé que l’un des principaux obstacles à l’éradication de la faim –un des objectifs de développement durable- est l’incidence croissante des conflits armés, du terrorisme et d’autres facteurs qui affectent la sécurité alimentaire, non seulement là où les combats ont lieu, mais souvent aussi dans les pays voisins et au-delà.  Pour contrer ces tendances négatives, il faut une connaissance approfondie de l’évolution des menaces et des défis auxquels nous sommes confrontés, a ajouté le représentant. 

Le Mozambique encourage l’adoption d’une approche humanitaire, intégrée et inclusive, basée sur une coordination intersectorielle entre les partenaires locaux, nationaux, régionaux et internationaux, y compris le secteur privé.  Sur la base de sa propre expérience, le Mozambique estime que la sécurité alimentaire vient avec la paix et une normalisation de la vie des gens.  Elle s’accompagne de la volonté et de la force de négocier et de régler les différends.

Le représentant a appelé à renforcer la capacité productive des pays touchés, en prévoyant notamment un financement adéquat pour les secteurs agricole et de la pêche.  Il a souhaité la levée de toutes les barrières et mesures protectionnistes entravant la production et distribution d’engrais.  Il a rappelé à toutes les parties belligérantes que les biens indispensables aux civils doivent être préservés en vertu du droit.  Il a souhaité que soit apportée une assistance technique aux personnes les plus vulnérables au sein des systèmes de production alimentaire, telles que les femmes.  Enfin, il a exhorté le Conseil à continuer d’œuvrer pour mettre un terme à tous les conflits.

M. ZHANG JUN (Chine) a estimé que la communauté internationale devrait travailler main dans la main afin de favoriser la mise en œuvre de la résolution 2417 (2018) et sortir du cercle vicieux des conflits et de la famine.  Il a fait valoir que la crise alimentaire est liée à un développement très inégal au niveau mondial et constitue une manifestation concrète des écarts entre le Nord et le Sud.  Selon lui, la communauté internationale devrait tirer parti de la tenue prochaine du Sommet sur les objectifs de développement durable et du Sommet de l’avenir pour se pencher sur les symptômes et les causes profondes de ces phénomènes afin de parvenir à l’objectif « zéro faim » en 2030.  Toutefois, a-t-il prévenu, sans sécurité, il sera impossible d’atteindre la sécurité alimentaire.  Il a exhorté les « pays concernés » à mettre un terme aux sanctions unilatérales et aux mesures délétères envers la sécurité et la coopération mondiales.

Le représentant a ensuite estimé que l’Initiative de la mer Noire et le mémorandum d’accord sur les exportations de céréales et d’engrais russes ont eu un effet positif sur la sécurité alimentaire mondiale.  Il a incité les parties à dialoguer afin de relancer cet accord ainsi que les exportations depuis l’Ukraine et la Fédération de Russie. Nous devons en outre améliorer les systèmes de gouvernance alimentaire et agricole au niveau mondial, a-t-il argué. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a d’abord dénoncé la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, estimant qu’elle continue d’aggraver très largement une situation déjà très préoccupante du fait de la multiplication des conflits armés, des changements climatiques, de l’érosion de la biodiversité et de la pandémie de COVID-19.  La Russie est « directement responsable » de l’aggravation de cette crise, a insisté la représentante, qui lui a en particulier reproché d’avoir mis fin de manière unilatérale et brutale à l’Initiative céréalière de la mer Noire, qui permettait d’acheminer les céréales vers 45 pays et vers les populations vulnérables, de stabiliser les cours mondiaux et d’éviter les pénuries. 

En bloquant la navigation en mer Noire, la Russie menace directement la sécurité alimentaire mondiale et l’approvisionnement des pays les plus touchés, a insisté la représentante, qui l’a aussi accusée de chercher à détruire les capacités de production et d’exportation ukrainiennes, y compris en bombardant des infrastructures portuaires et des terminaux céréaliers, en violation complète du droit international.  Pour la France, l’objectif de la Russie est d’asphyxier le système agricole ukrainien non seulement pour réduire les revenus de l’Ukraine mais aussi pour s’arroger une position dominante sur les marché et servir ses propres intérêts économiques.  Après avoir exercé un « chantage inacceptable » au renouvellement de l’accord en mer Noire, la Russie « ajoute au cynisme l’irresponsabilité dans son instrumentalisation de la crise alimentaire mondiale », a encore accusé la représentante. 

Appelant à la responsabilité de tous, la représentante a rappelé plusieurs initiatives prises par la France, ajoutant qu’elle avait mobilisé plus de 900 millions d’euros pour l’aide d’urgence alimentaire, la résilience agricole et le développement des systèmes agricoles des pays les plus vulnérables, dont 160 millions d’euros au bénéfice du PAM, « soit un doublement par rapport à 2021 ».  Elle a opposé ces initiatives au comportement de la Russie, qui « a divisé par deux sa contribution au PAM en 2022, qu’elle prive en plus du blé ukrainien ».  Elle a aussi rappelé que la France appuie les corridors de solidarité mis en place par l’Union européenne, qui ont permis d’acheminer 41 millions de tonnes de produits céréaliers hors d’Ukraine depuis mars 2022, soulignant qu’ils sont à ce jour la seule voie d’acheminement de céréales ukrainiennes et que l’UE « entend les renforcer ». 

La représentante a rappelé que le fait d’affamer délibérément des civils est constitutif d’un crime de guerre, qui ne doit pas rester impuni.  Elle a insisté également sur le fait que l’aide humanitaire doit pouvoir être acheminée de manière sûre, rapide et sans entrave à l’ensemble des personnes dans le besoin, citant à cet égard les entraves à la libre circulation dans le corridor de Latchine au Haut-Karabakh. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a déclaré que la résolution 2417 (2018) sur la faim et les conflits est un outil précieux d’alerte précoce et de réponse. Il a noté, s’agissant de la résolution 2692 (2023) sur Haïti, que le Conseil a demandé aux parties, y compris les groupes armés, de prendre des mesures pour que les routes d’approvisionnement des marchés locaux ne soient plus bloquées et de cesser de couper les sources de vivres, d’accès aux cultures et au bétail.  Il a également soutenu le déploiement d’une force spécialisée pour appuyer la police nationale haïtienne avant d’appeler à davantage de coopération des donateurs dans le domaine socioéconomique. 

Sur le plan mondial, le délégué a réitéré l’obligation des parties aux conflits d’assurer le bon fonctionnement des systèmes et des marchés alimentaires, de protéger la production, le stockage et la distribution des denrées alimentaires, ainsi que l’approvisionnement en eau.  Il a condamné l’affamement des populations en tant que tactique de guerre, ainsi que tout blocus ou agression contre les fournisseurs d’aide humanitaire. Il a appelé à rétablir l’Initiative de la mer Noire et à en créer d’autres pour prévenir l’insécurité alimentaire dans le monde. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé qu’entre 2021 et aujourd’hui, le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë est passé de 193 millions à plus d’un quart de milliard, ajoutant que le principal moteur de cette augmentation est les conflits aujourd’hui.  Pour la représentante, le Conseil de sécurité et d’autres peuvent faire la différence.  Le Conseil devrait ainsi prendre des mesures concertées pour s’attaquer aux facteurs de conflit et investir dans une paix inclusive et durable.  Elle a rappelé que le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général appelle à une telle coopération multilatérale renouvelée et à placer les femmes au centre des initiatives de paix.  Celles-ci sont en effet particulièrement touchées par l’insécurité alimentaire, a-t-elle rappelé, citant les situations en Afghanistan ou en République démocratique du Congo.

Le Royaume-Uni appelle par ailleurs les parties à des conflits à respecter le droit international humanitaire et à permettre aux humanitaires d’accéder rapidement et sans entrave aux personnes dans le besoin.  Pour la représentante, le droit international humanitaire est « notre plus grande défense contre la faim dans les conflits armés » et ceux qui le violent doivent être tenus responsables.

Enfin, la représentante a appelé à protéger les systèmes alimentaires mondiaux.  Affirmant que l’Initiative de la mer Noire avait permis d’acheminer près de 33 millions de tonnes de céréales sur les marchés mondiaux, elle a ajouté que le retrait de la Russie avait fait grimper les prix, touchant les personnes les plus affamées du monde.  L’offre de la Russie de donner 50 000 tonnes de céréales à six pays chacun ne fera pas baisser les prix des céréales, ni n’aidera ceux qui sont confrontés à la famine dans d’autres pays, a-t-elle affirmé, parlant de « geste inadéquat » par ailleurs « bien en deçà du problème mondial que la Russie a créé ».  Elle a donc appelé la Russie à revenir dans l’Initiative.  « Nous savons ce que nous devons faire pour arrêter la montée en flèche de la faim; passons maintenant à l’action », a-t-elle conclu.

M. DMITRY A.  POLYANSKIY (Fédération de Russie) a ironisé sur le fait « salutaire » que « nos collègues occidentaux » aient commencé à réfléchir à l’insécurité alimentaire, avant de dénoncer un intérêt purement conjoncturel et opportuniste.  Il a ensuite attribué bon nombre de crises alimentaires parmi les plus aiguës, directement ou indirectement, aux actions des États-Unis et de leurs alliés ou aux effets de leurs politiques à long terme, citant notamment l’Afghanistan et la Syrie.  Le représentant a proposé de commencer par s’attaquer aux causes profondes des menaces à la sécurité alimentaire, jugeant les Occidentaux « curieusement silencieux » sur le sujet.  Il a rappelé que, selon l’ONU, il n’existe pas de pénurie alimentaire aiguë dans le monde mais que le problème est la répartition inégale des ressources, ainsi que les « conditions de prix » imposées par les grands producteurs agroindustriels occidentaux. 

Revenant sur l’Initiative de la mer Noire, M. Polyanskiy a de nouveau accusé les pays occidentaux de l’avoir détournée de sa finalité humanitaire pour la réduire à une dimension commerciale, affirmant que seuls 3% des céréales exportées sont arrivées dans les pays nécessiteux tandis que la part du lion se retrouvait dans les pays occidentaux.  Il a en outre reproché aux Occidentaux d’avoir refusé avec arrogance de respecter la deuxième partie de l’accord, à savoir le mémorandum Russie-ONU sur la fourniture de nourriture et d’engrais russes aux marchés mondiaux.  Il a accusé les Occidentaux d’être animés uniquement par le désir de punir la Russie et le « rêve irréalisable de lui infliger une défaite stratégique », sans se soucier aucunement des intérêts des pays du Sud.  Si tous les problèmes qui se sont posés pour la mise en œuvre du mémorandum Russie-ONU sont éliminés, la Fédération de Russie sera prête à reprendre la participation à « l’Initiative de la mer Noire », a-t-il promis.

Le représentant a ensuite comparé l’aide apportée par les États-Unis et leurs alliés aux pays du Sud, de l’ordre de 80 milliards d’euros, une somme qu’il a jugée minime lorsque comparée au total des fonds alloués à l’Ukraine en moins de deux ans pour la « guerre par procuration » contre la Russie, qu’il a estimés à 165 milliards.  Il a aussi dénoncé les conditions politiques imposées par les Occidentaux, prenant en exemple le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière à la Syrie et accusant les pays occidentaux de faire chanter le peuple syrien afin d’obtenir un changement de pouvoir.  Il a également cité les menaces actuelles de l’Union européenne, du Royaume-Uni et des États-Unis de cesser d’aider le Niger.  Les Nigériens ont-ils soudainement cessé de mourir de faim après le coup d’État? s’est-il demandé, y voyant la preuve que l’aide humanitaire est utilisée par l’Occident comme un « outil de contrôle ».  Les méthodes des anciens colonisateurs n’ont pas changé, seul « l’emballage » a changé, a-t-il mis en garde. 

Le représentant a opposé à cette situation la hausse du commerce des produits agricoles entre la Russie et les pays africains, ajoutant que son pays avait déjà exporté depuis le début de l’année près de 10 millions de tonnes de céréales vers l’Afrique, contre 11,5 millions de tonnes pour tout 2022 et ce, malgré les sanctions unilatérales « illégitimes » imposées aux exportations russes.  Assurant que jamais la Russie n’avait considéré l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et d’autres régions comme des espace devant générer un bénéfice, il a réaffirmé que son pays était prêt à fournir sans compensation au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée entre 25 000 et 50 000 tonnes de céréales dans les mois à venir.  Rappelant en outre la disponibilité de son pays à faire don d’engrais minéraux aux pays les plus pauvres qui en ont besoin, il a accusé les Européens de bloquer l’exportation de plus de 200 000 tonnes de ces engrais, alors qu’il s’agit d’une action purement humanitaire. 

Le représentant a dit avoir soutenu dans un esprit de compromis la déclaration présidentielle adoptée en début de séance, bien qu’elle n’inclue pas certaines dispositions proposées par son pays, comme les effets négatifs directs sur la sécurité alimentaire des sanctions unilatérales illégitimes.  Il a conclu en demandant à la représentante des États-Unis de n’induire personne en erreur en organisant des débats comme celui d’aujourd’hui.  Ce qu’il faut faire, c’est agir! a-t-il affirmé.

M. VAHE GEVORGYAN, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Arménie, a indiqué que la population du Haut-Karabakh fait face en ce moment même à une menace existentielle en raison du blocus imposé par l’Azerbaïdjan. Depuis plus de sept mois, ce pays bloque le corridor de Latchine, crucial pour l’approvisionnement de la région, contrevenant notamment à la mesure conservatoire de la Cour internationale de Justice du 22 février dernier, a-t-il dit.  Il s’est inquiété des conséquences dévastatrices de ce blocus pour les plus vulnérables, précisant que près de 2 000 femmes enceintes, 30 000 enfants et 9 000 personnes handicapées souffrent de malnutrition et d’absence de biens de première nécessité.  La situation critique sur le terrain et les risques de famine appellent une réponse adaptée de la communauté internationale, a-t-il dit. Il a donc exhorté ce Conseil à prendre des mesures urgentes afin que l’Azerbaïdjan se conforme au droit. 

M. GERARDO PEÑALVER PORTAL (Cuba) a dénoncé la persistance d’un ordre international « profondément injuste, antidémocratique et exclusif » qui entraîne une croissance exponentielle de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire dans le monde.  La crise mondiale multidimensionnelle actuelle a contribué selon lui à creuser les écarts entre le Nord et le Sud, de plus en plus pauvre et marginalisé.  Des trillions de dollars sont gaspillés dans les dépenses militaires au lieu d’être consacrées à la protection de la vie et au développement durable, a-t-il noté, tandis que se multiplient les mesures coercitives unilatérales et les blocus illégaux comme ceux qui affectent son pays. 

Selon le représentant, les États-Unis ont fait de la « répression pénale » de millions de personnes un objectif de leur politique étrangère afin d’obtenir des avantages indus.  Le principal obstacle à la sécurité alimentaire du peuple cubain est le blocus économique, commercial et financier imposé depuis plus de soixante ans par le Gouvernement des États-Unis, et encore intensifié par l’inclusion frauduleuse de notre pays dans la liste arbitraire des États qu’ils prétendent, parrainent le terrorisme, s’est emporté le représentant.  De même, le Conseil de sécurité, dont la composition réduite est selon lui peu représentative de la communauté internationale, doit cesser de s’immiscer dans les affaires qui ne relèvent pas de sa compétence. 

Pour M. WOJCIECH GERWEL, Sous-Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Pologne, la faim ne doit pas être une arme de guerre.  Les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales ne peuvent pas être prises en otage par les agresseurs pour atteindre leurs objectifs militaires, a-t-il argué, en notant qu’aujourd’hui la faim dans le monde est bien supérieure aux niveaux prépandémiques.  La communauté internationale devrait dès lors se concentrer sur le renforcement de la résilience des systèmes alimentaires locaux, a-t-il estimé.  Pour y arriver, il faut mobiliser les partenariats public-privé afin de construire des infrastructures de transport et de stockage fiables.  Notant que de telles actions sont entreprises dans le cadre de la stratégie de la porte d’entrée mondiale de l’Union européenne et de l’initiative des trois mers de 12 pays d’Europe centrale, il a expliqué que la Pologne s’est appuyée sur ces exemples pour initier la résolution de l’Assemblée générale qui souligne le rôle essentiel d’une infrastructure résiliente dans la préservation de la fourniture de biens et de services essentiels. 

Même si nous ne pouvons pas prévenir tous les nouveaux conflits ou mettre un terme à ceux qui existent déjà, nous pouvons dès à présent commencer à lutter contre la crise de l’insécurité alimentaire, a affirmé M. Gerwel, qui a appelé à s’appuyer sur les recommandations du Fonds monétaire international.  Il s’agit de soutenir rapidement et de manière adéquate les personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire grâce à l’aide humanitaire du PAM et d’autres organismes, ainsi qu’à des mesures fiscales nationales efficaces; de maintenir l’ouverture des échanges afin de permettre aux denrées alimentaires de circuler des zones excédentaires vers celles qui sont dans le besoin; d’augmenter la production alimentaire et d’améliorer la distribution en garantissant un accès adéquat aux engrais et à la diversification des cultures; et d’investir dans une agriculture résiliente aux changements climatiques. 

Dix-huit mois après l’agression massive de la Russie contre l’Ukraine, il ne fait aucun doute que la nourriture est redevenue une arme, a constaté le Sous-Secrétaire d’État, qui a dénoncé la décision de Moscou de se retirer de l’Initiative de la mer Noire, la qualifiant de manifestation d’agression économique contre les pays du Sud, d’hypocrisie politique et de cynisme. 

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a noté que différents rapports de l’ONU soulignent que des millions de personnes sont confrontées à des risques de famine alors que l’aide alimentaire se fait attendre.  Si cette tendance se poursuit, il y aura plus de 670 millions de personnes souffrant de la faim d’ici à 2030, a-t-il mis en garde.  Notant que la situation est très différente d’une région à l’autre, l’Afrique étant la plus vulnérable, le représentant s’est dit toutefois convaincu que le continent africain pourrait devenir le grenier du monde avec les investissements et les transferts de technologie requis.  Il faut en outre s’attaquer aux causes profondes de la faim que sont le sous-développement, les changements climatiques et les conflits, a-t-il affirmé. 

Plaidant en faveur de la mise en place de systèmes alimentaires résilients, le représentant a souligné que cela passait par une approche holistique et intégrée permettant la participation de toutes les parties prenantes.  Il a appelé à accélérer les transferts de technologie vers les pays en développement et au respect des engagements pris au titre des accords internationaux, en particulier pour tout ce qui a trait aux changements climatiques.  Il a en particulier cité la mobilisation de financements durables pour l’agriculture dans les pays en développement, notamment en Afrique, à travers des prêts à taux préférentiels.  Il a aussi affirmé que l’Algérie déployait tous les efforts possibles pour apporter son aide à ses voisins, notamment au Sahel. 

M. AHMED MOHAMED EZZAT AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a déclaré que l’incapacité à assurer la sécurité alimentaire et à éliminer la faim constituerait une menace pour la sécurité et la stabilité des pays et alimenterait davantage les conflits en cours.  Le représentant a mis en avant l’importance de relever ces défis dans les pays déjà touchés par un conflit et sortant d’un conflit.  Les parties en conflit doivent accorder une attention particulière à l’accès aux vivres, aux soins médicaux à la population civile et aux personnes déplacées, a-t-il plaidé.  Il a appelé à promouvoir le règlement pacifique des différends et à s’attaquer aux causes profondes des conflits armés, avant d’encourager le développement durable, les efforts de consolidation de la paix et ceux visant à garantir les conditions propices à la croissance économique.  Soulignant que l’Égypte est le pays le plus densément peuplé au monde, il a exhorté la communauté internationale à répondre aux besoins des pays les plus vulnérables où l’eau est rare et à promouvoir la coopération transfrontière afin de préserver l’eau, l’agriculture, la paix et la sécurité. 

Pour l’Égypte, la sécurité alimentaire et les conflits doivent être abordés dans le cadre d’une approche globale tenant compte des facteurs humanitaires et de développement.  Des mesures immédiates doivent être prises pour soulager la faim et aider les pays en développement, en particulier ceux importateurs nets de produits alimentaires, et à assurer la sécurité alimentaire grâce à une agriculture durable.  À cet égard, le représentant a rappelé l’initiative de son gouvernement visant à utiliser la situation géographique de l’Égypte pour établir un centre logistique pour les céréales afin de relever les défis auxquels sont confrontées les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales, en particulier dans les pays en développement.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a déclaré que si la faim en tant que telle est un affront à la dignité humaine, sa militarisation est un outrage et un crime de guerre.  Aussi a-t-elle exhorté tous les États à ratifier les amendements au Statut de Rome présentés par la Suisse qui traitent de l’inclusion du fait d’affamer des civils dans les conflits armés internes.  En outre, la représentante a appelé les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international, ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment 2417 (2018) et 2573 (2021). 

Pour la représentante, la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine illustre l’impact démesuré que le conflit peut avoir sur la sécurité alimentaire, tant au niveau national qu’à l’étranger.  En se retirant de l’Initiative de la mer Noire mi-juillet, « la Russie a une fois de plus agi en opposition directe à la sécurité de millions de personnes dans le monde », a-t-elle ajouté.  Elle a, enfin, préconisé de répondre aux besoins immédiats des populations souffrant d’insécurité alimentaire dans le monde en augmentant le financement du Programme alimentaire mondial et en exhortant les parties aux conflits armés à protéger les systèmes et infrastructures alimentaires et à s’abstenir de faire de l’accès à la nourriture une arme de guerre.

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rappelé qu’en adoptant la résolution 2417 (2018), le Conseil de sécurité a condamné les attaques contre les installations civiles ainsi que le fait d’affamer les civils en tant que moyens de guerre. Aujourd’hui, pourtant, la Fédération de Russie s’est retirée de l’Initiative de la mer Noire et s’attaque à des infrastructures portuaires ukrainiennes et à des lieux de stockage de céréales à l’aide de missiles.  Elle a exhorté la Russie à cesser immédiatement ces attaques et à revenir aux dispositions de l’accord, ainsi qu’à retirer ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien.  La lutte contre l’insécurité alimentaire fait partie des priorités de l’Allemagne, a-t-elle rappelé, lesquelles s’incarnent au moyen de différentes initiatives innovantes et durables, notamment avec le PAM. La représentante a ensuite appelé la communauté internationale à réduire ses émissions afin d’intensifier sa lutte contre les changements climatiques et ses effets sur la sécurité alimentaire.  La Commission de consolidation de la paix devrait selon elle jouer un rôle pour répondre à ces questions intrinsèquement liées. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a loué le travail conjoint et coordonné essentiel des instances onusiennes pour faire face aux conséquences de la crise de la sécurité alimentaire et les atténuer de manière efficace.  Le représentant a en particulier relevé l’importance des mécanismes d’alerte précoce pour éviter des catastrophes humanitaires et insisté sur la nécessité d’une réponse opportune et efficace, jugeant inadmissible que, dans un monde d’abondance, le nombre de personnes vivant en situation d’insécurité alimentaire soit en constante augmentation. Il a jugé que la hausse de ce nombre, passé de 193 millions en mai 2022 à 258 millions aujourd’hui, est une véritable tragédie humaine.

Le représentant a ensuite cité les nombreux pays touchés par l’insécurité alimentaire, notamment en Afrique, avant de se pencher sur la situation en Haïti, où la moitié de la population, soit 4,9 millions de personnes, a besoin d’aide alimentaire.  Il a attribué cette situation, la plus grave en l’Amérique latine, à une série de causes diverses mais interconnectées, comme la récession économique, les catastrophes naturelles et la diminution de la production agricole, le tout aggravé par la violence armée.  Enfin, le représentant a exhorté à la relance de l’Initiative de la mer Noire, rappelant qu’elle avait eu des retombées positives sur le prix des denrées alimentaires et, partant, réduit l’insécurité alimentaire. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a souligné la vulnérabilité de son pays, qui importe près de 80% de ses denrées alimentaires de base.  Il a déploré que le Programme alimentaire mondial (PAM) ait mis fin, il y a trois jours, à ses remises de liquidités à 50 000 réfugiés en Jordanie.  Il incombe aux pays donateurs de prévoir des ressources suffisantes pour honorer les engagements pris auprès des pays touchés par un conflit, a-t-il dit, en dénonçant les coupes budgétaires dans les programmes, notamment ceux du PAM. Il s’est dit préoccupé par la priorité humanitaire donnée à certains conflits en raison de leur importance politique, au détriment de millions de réfugiés dans le monde.  Il a également espéré que le Conseil s’acquittera de ses responsabilités en facilitant la recherche de solutions aux crises de réfugiés.  Enfin, il a dénoncé les souffrances des Palestiniens en raison de l’occupation israélienne et de l’échec du Conseil d’y mettre un terme. 

M. JAMES MARTIN LARSEN (Australie), au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a déploré la décision de la Fédération de Russie de se retirer de l’Initiative de la mer Noire tout en ayant conscience de l’impact de cette décision sur les prix alimentaires mondiaux.  Il a également condamné la prise pour cible délibérée des infrastructure agricoles et civiles de l’Ukraine par la Russie, s’inquiétant des répercussions sur l’insécurité alimentaire mondiale.  Il a salué les efforts inlassables déployés par le Secrétaire général et la Türkiye pour maintenir l’Initiative de la mer Noire, de même que le « courage » des organisations humanitaires impartiales qui opèrent dans des environnements de plus en plus complexes.  Le représentant a ensuite exhorté toutes les parties à un conflit armé à assurer la protection des civils et des infrastructures essentielles à la survie des populations civiles, notamment les systèmes agro-alimentaires.

Au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), M. KHALID SALEH SAID AL RUBKHI (Oman) a déclaré que la poursuite des crises et des conflits compromet la capacité de la communauté internationale de faire face à leurs répercussions sur la sécurité alimentaire et la stabilité des États.  Il a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2417 (2018) du Conseil, qui souligne le lien entre les conflits armés et l’insécurité alimentaire tout en rejetant les pratiques qui s’opposent aux dispositions du droit international humanitaire.  À cet égard, le représentant a exprimé son inquiétude face au niveau sans précédent des besoins humanitaires dans le monde et à la famine qui menace les populations civiles. 

Dans cette optique, il a reconnu l’importance d’efforts internationaux concertés pour prévenir les conflits et renforcer la résilience des États Membres, en particulier dans les pays en développement.  Le représentant a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour résoudre les crises et les conflits et assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire aux civils en période de conflit armé. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a estimé que les causes de l’insécurité alimentaire qui frappe le monde sont complexes et multiples, alliant facteurs naturels, sociaux et économiques.  Toutefois, a-t-il ajouté, ce n’est pas un hasard si la faim menace principalement les pays touchés par des conflits, la corrélation ayant été largement reconnue.  Le représentant a demandé davantage d’engagement et d’efforts communs pour briser ce cercle vicieux.

Pour le représentant, le moyen le plus efficace de prévenir la faim et la famine dans les zones de conflit est de construire la paix.  À cet égard, le Conseil de sécurité doit jouer un rôle plus efficace dans la lutte contre les causes profondes des conflits.  En outre, la Charte des Nations Unies et le droit international, en particulier le droit humanitaire, doivent être strictement respectés dans tous les conflits, en particulier par l’abstention, de la part de toutes les parties, de tout acte menaçant la subsistance des civils, qui ne doivent pas être privés de l’accès à l’aide humanitaire, y compris alimentaire. Enfin, l’ONU doit adopter une approche globale pour promouvoir une paix et un développement durables et lutter contre l’insécurité alimentaire.  La coopération avec les organisations régionales est également essentielle. 

Du fait de son histoire et son évolution, le Viet Nam comprend de première main le rôle vital de la sécurité alimentaire dans le maintien de la paix, et inversement, a poursuivi le représentant.  Il a assuré que son pays, devenu grand exportateur mondial de riz, continuera de contribuer activement à la sécurité alimentaire mondiale grâce à des exportations stables de produits agricoles.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a insisté sur l’importance de la résolution 2417 (2018) et engagé les parties aux conflits à s’engager à ne plus jamais utiliser la faim comme arme de guerre.  Dans les conflits, a-t-il professé, il faut assurer l’approvisionnement des denrées alimentaires, protéger les infrastructures indispensables à la production alimentaire et à sa distribution.  La mise en place de systèmes alimentaires plus résilients est la meilleure façon de prévenir la faim, a souligné le représentant qui a aussi plaidé pour une aide aux pays vulnérables face aux fluctuations des prix des denrées dues à l’instabilité, aux conflits et crises diverses. 

Assurer la pérennité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire est essentiel, a insisté le représentant, en prônant, par exemple, des financements à des taux préférentiels.  L’investissement dans l’action climatique est un investissement dans la production agricole et par conséquent un investissement dans la lutte contre la faim, a-t-il conclu.

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a souligné la nécessité de faire respecter le droit international humanitaire et de fournir une aide humanitaire sensible au genre capable de répondre aux différents besoins des populations.  Il a appelé à faciliter un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave, ainsi que de prévenir tout obstacle à cet accès.  Il s’agit aussi d’empêcher la militarisation de l’accès à l’eau potable et à la nourriture, et d’assurer la protection des biens civils, y compris ceux nécessaires à la production et à la distribution de nourriture.  Cela implique également le respect et la protection des personnels civils, a ajouté le représentant.  Avec des causes profondes de plus en plus complexes, davantage doit être fait pour relever les défis sur le terrain et renforcer les efforts mondiaux en matière de sécurité alimentaire, de nutrition et de résilience, a-t-il estimé.  Selon le délégué, de nombreuses mesures peuvent être envisagées, notamment une coordination renforcée des acteurs humanitaires et de développement, la traduction des signes d’alerte précoce en action rapide, la mobilisation d’outils existants tels que le Cadre stratégique mondial pour la sécurité alimentaire et la nutrition lors des crises prolongées et l’élargissement de la base de donateurs.

Au nom des pays nordiques, M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a déploré le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire, qui a eu un effet stabilisateur.  Il a condamné le fait de faire de la faim une tactique de guerre et exhorté les parties belligérantes à se conformer au droit et à assurer un accès humanitaire.  Il nous faut, a estimé le représentant, adopter des politiques robustes si nous voulons mettre un terme à la faim et le financement climatique en fait partie.  Il a plaidé pour le prépositionnement de denrées alimentaires dans les zones de conflit, promettant que les pays nordiques défendront toujours le droit international humanitaire. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a appelé à lutter contre les changements climatiques, véritables multiplicateurs de risques.  Elle a plaidé pour des partenariats robustes avec le secteur privé, avant de vivement déplorer le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire.  Après avoir dénoncé, une nouvelle fois, l’agression illégale et injustifiée de l’Ukraine, la représentante a réclamé des efforts accrus en vue d’apporter des solutions structurelles aux défis mondiaux.

M. SAMUEL HINDS (Guyana) a déclaré que le droit à l’alimentation est un droit de l’homme et un impératif humanitaire.  Rappelant que la communauté mondiale s’est engagée, dans le cadre de l’objectif de développement durable 2, à éradiquer la faim, assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition et promouvoir l’agriculture durable, le représentant a expliqué que le Guyana s’est résolument engagé à atteindre cet objectif, tout comme la Communauté des Caraïbes (CARICOM), dont il dirige les efforts dans ce domaine. 

La nourriture ne doit jamais être utilisée comme arme de guerre, a affirmé le représentant, en appelant la communauté internationale à s’unir autour de ce principe et veiller à ce qu’il se concrétise par des solutions qui répondent aux besoins de toutes les personnes concernées.  Rappelant que cette année marque le cinquième anniversaire de l’adoption unanime par le Conseil de sécurité de sa résolution 2417 (2018), qui rappelait le lien entre les conflits armés, l’insécurité alimentaire induite par les conflits et la menace de famine, le représentant y a vu une occasion importante de renouveler l’engagement politique de haut niveau en faveur de sa mise en œuvre intégrale et effective et d’œuvrer collectivement au renforcement de la protection des civils contre l’insécurité alimentaire dans les situations de conflit armé. 

S’appuyant sur les données du Rapport mondial sur les crises alimentaires (GRFC) 2023 qui révèle que plus de 250 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë et ont besoin d’une aide alimentaire urgente dans 58 pays, le représentant a fait observer que cela représente 1 personne sur 32 sur la planète.  Les conflits restent l’un des principaux facteurs d’insécurité alimentaire aiguë, avec 117,1 millions de personnes touchées, a-t-il relevé, sans pour autant ignorer l’impact des chocs économiques et des conditions météorologiques extrêmes.  Enfin, le représentant a exprimé la solidarité du Guyana avec les pays touchés, y compris « notre État frère de la CARICOM, Haïti ».

M. ANIL KAYALAR (Türkiye) s’est fermement opposé à toute tentative de saper la sécurité alimentaire à des fins politiques ou militaires.  Évoquant l’Initiative de la mer Noire qui a fonctionné, pendant un an, comme mécanisme de stabilisation des prix des denrées alimentaires, il s’est inquiété des conséquences de sa cessation.  Ayant joué un rôle dans le lancement et la mise en œuvre de ladite initiative, la Türkiye, a dit le représentant, reste pleinement engagée à la raviver et à prendre part aux efforts internationaux pour atténuer l’impact de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale.

M. TESFAYE YILMA SABO (Éthiopie) a dit qu’en dépit des efforts immenses déployés pour relever le défi de la sécurité alimentaire, 2 milliards de personnes souffriront encore de la faim d’ici à 2030.  Ces chiffres demandent une action concertée à tous les niveaux.  L’Afrique se trouve au cœur de la problématique de l’insécurité alimentaire, a ajouté le représentant.  L’Union africaine cible l’éradication de l’insécurité alimentaire et de la famine et œuvre pour l’accroissement du commerce agricole de 50% sur le continent.  Pour sa part, l’Éthiopie devrait pouvoir atteindre ses propres objectifs, a assuré le représentant.  Plusieurs initiatives nationales ont permis d’avoir un excédent alimentaire pour l’exportation après avoir couvert la demande nationale.  Le programme national de nutrition s’est traduit par une « corne d’abondance » et a permis de mettre en place des pratiques positives sur la faim et l’alimentation. 

Tout ceci montre que la sécurité alimentaire est un but qui peut être atteint sur le continent africain, a estimé le représentant. Il a lancé un appel à l’ONU et aux institutions financières internationales pour qu’elles appuient le secteur de la production alimentaire.  Afin d’assurer la sécurité alimentaire en Afrique, il a demandé une action collective pour atteindre les objectifs de développement durable, la fin des pratiques commerciales qui perpétuent la dépendance à l’importation, la transformation en Afrique des produits alimentaires et le renforcement du commerce intra et intercontinental.  Il a également demandé que soient accrus les investissements afin de renforcer l’attractivité et la productivité du secteur agricole africain. Il faut accroître la productivité et la résilience et soulager l’insécurité alimentaire grâce au développement, a-t-il conclu. 

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a appelé la communauté internationale à promouvoir des programmes et des initiatives visant à renforcer la production d’aliments essentiels pour la consommation nationale et locale dans les zones et territoires sensibles à la paix et à la sécurité internationales.  Pour elle, il est nécessaire d’œuvrer à la construction de systèmes alimentaires inclusifs, qui valorisent la composante humaine et socioculturelle, entendue comme la somme des connaissances et des pratiques collectives liées à la production, à la commercialisation et à la consommation d’aliments.  La représentante a ensuite rappelé que les femmes, les enfants, les peuples autochtones et les personnes âgées sont les principales victimes de l’insécurité alimentaire et des conflits.  Aussi a-t-elle vanté le rôle joué par les femmes dans l’agriculture familiale paysanne, la pêche artisanale et l’aquaculture à petite échelle, car celles-ci sont en mesure d’introduire des améliorations dans des circonstances défavorables et en l’absence de chaînes de production.  Par conséquent, il est essentiel de promouvoir des initiatives qui permettent aux femmes d’accéder à la terre, aux ressources productives et aux circuits de commercialisation, permettant de renforcer leur pouvoir de décision, de générer des revenus économiques et d’améliorer leurs conditions de vie.

M. GIANLUCA GRECO (Italie) a déploré le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire et demandé à ce pays de cesser son blocus des ports ukrainiens et d’utiliser les denrées alimentaires comme arme de guerre.  Le respect du droit international humanitaire n’est pas facultatif, a souligné le délégué, en ajoutant que le personnel humanitaire doit pouvoir circuler librement en toute circonstance.  Il a ajouté que la sécurité alimentaire figurera tout en haut de l’ordre du jour de la présidence italienne du G7 l’année prochaine.  Il a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour répondre à ce défi.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) s’est dite découragée par la situation alimentaire mondiale, ces quatre dernières années.  Elle a cité les estimations de l’ONU selon lesquelles 362 millions de personnes dans 62 pays ont besoin d’une aide humanitaire, ce qui est un record.  Les crises découlant de la multiplication des conflits armés, et des crises alimentaire et énergétique posent des défis particuliers aux pays du Sud, a noté la représentante, pour qui la solution réside dans une action collective, le dialogue et la diplomatie.  Elle a réitéré son appui aux efforts du Secrétaire général pour relancer l’Initiative de la mer Noire, en espérant une sortie rapide de l’impasse actuelle. 

La consolidation de la paix et le développement étant primordiaux, ils doivent inclure un soutien aux moyens de subsistance, a estimé la représentante, en citant des investissements massifs dans les infrastructures agricoles.  De même, le renforcement des capacités des pays en conflit et dans une situation d’instabilité doivent inclure des programmes sur l’alimentation.  Pour que les tensions géopolitiques ne conduisent pas à des crises humanitaires, l’Inde, a conclu la représentante, s’est engagée à dépolitiser la chaîne d’approvisionnement des produits alimentaires et des engrais.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a souligné que dans la Corne de l’Afrique et au Sahel, par exemple, plus de 29 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, en raison d’une crise directement liée aux guerres civiles, au terrorisme, aux conflits régionalisés et aux modèles de développement inadéquats, sans compter les coups d’État militaires au Sahel qui peuvent entraîner la chute des échanges commerciaux et des investissements, avec l’impact que l’on sait sur l’accès à une nourriture abordable.  Le représentant a appelé les agences spécialisées des Nations Unies et leurs pendants internationaux et régionaux, à faire plus pour lier l’action humanitaire au développement, y compris les moyens de subsistance.  En outre, une action climatique forte, dont un investissement important dans le fonds agréé pour les pertes et dommages, conjugué à des efforts de consolidation de la paix et de la sécurité, sera indispensable pour s’attaquer à l’insécurité alimentaire mondiale.  Le représentant a donc exhorté les États Membres à aller dans ce sens au cours du tout premier Sommet africain sur le climat qui se tiendra à Nairobi, du Sommet sur les objectifs de développement durable, du mois de septembre prochain, et de la COP28, du mois de novembre.  Il n’a pas manqué de réitérer son appel à un cessez-le-feu en Ukraine, à la reprise des négociations et au renouvellement sans condition de l’Initiative de la mer Noire.

M. THIBAULT CAMELLI, de l’Union européenne, a jugé la discussion d’aujourd’hui particulièrement importante car la décision de la Fédération de Russie de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire va encore aggraver la crise alimentaire mondiale.  Grâce aux « couloirs de solidarité » UE-Ukraine, la réouverture partielle des ports de la mer Noire a permis de stabiliser et de faire baisser les prix élevés des denrées alimentaires provoqués par la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, a fait observer le représentant.  C’est pourquoi il a réitéré son appel à la Russie pour qu’elle cesse d’utiliser la nourriture comme une arme et qu’elle reprenne sa place dans l’Initiative. 

« Nous allons dans la mauvaise direction » au regard de l’augmentation de l’insécurité alimentaire due aux conflits, a averti le représentant, qui a cité notamment la situation en République démocratique du Congo (RDC)), au Burkina Faso, au Mali, au Soudan, au Yémen et en Haïti.  L’UE a été à l’avant-garde des efforts mondiaux de lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, a-t-il ajouté, précisant que l’organisation avait alloué en 2022 « plus d’un milliard d’euros » d’aide humanitaire alimentaire et nutritionnelle.  Il s’est élevé contre l’utilisation de la famine des civils comme arme, car, a-t-il mis en garde, elle peut constituer un « crime de guerre ».  Pour sa part, l’Union européenne finance également une initiative visant à améliorer les rapports factuels sur la faim causée par les conflits en renforçant et en complétant les mécanismes de responsabilité existants. 

Face à la crise alimentaire mondiale, le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires +2, tenu à Rome fin juillet, reste, pour l’Union européenne, un moyen de relancer la dynamique.  Réaffirmant le ferme soutien de l’UE au rôle de leadership des Nations Unies dans la réponse à la crise alimentaire mondiale, le représentant a appelé la communauté internationale à maintenir les niveaux de financement pour répondre aux besoins croissants, tout en reconnaissant que, sans résolution des conflits, le seul financement n’est pas suffisant pour assurer la sécurité alimentaire. 

Enfin, le représentant a recommandé de se pencher sur les liens entre la sécurité alimentaire, le climat et la sécurité, suggérant de passer d’une approche réactive à une approche proactive pour éviter les conséquences humanitaires des changements climatiques et des crises de la faim. 

M. PAUL BERSEFORD-HILL, Observateur permanent de l’Ordre Souverain de Malte, a déclaré que le conflit ukrainien, en particulier l’échec de l’Initiative de la mer Noire, avait considérablement entravé ses efforts humanitaires au Moyen-Orient et en Afrique.  L’Ordre, qui participe aux opérations de distribution alimentaire en Éthiopie, au Kenya et au Soudan du Sud a été témoin d’une escalade des dépenses d’approvisionnement, ainsi que des coûts plus élevés de distribution.  L’échec de l’Initiative a eu de lourdes conséquences, non seulement en aggravant les problèmes de sécurité alimentaire dans différentes régions, mais aussi en imposant un fardeau supplémentaire aux populations touchées, qui ont besoin d’une assistance médicale en raison de la malnutrition.  La frontière entre la nutrition et les soins de santé est mince, car la maladie et la perte de vie dues à la famine et à la malnutrition pèsent sur les travailleurs humanitaires, les bénévoles et les prestataires de soins médicaux qui s’efforcent de construire et de maintenir un avenir durable dans les pays en développement. 

Faisant référence à la situation au Bangladesh entre 1970 et 1974, l’Observateur permanent a expliqué que, du fait d’une préparation inadéquate et mal reliée au relèvement d’après crise, tant pour les catastrophes naturelles que pour les conflits militaires, environ 2 millions de vies avaient été perdues du fait de la sous-nutrition et de la famine.  L’effondrement récent de l’Initiative de la mer Noire soulève des inquiétudes quant à la possibilité d’une catastrophe humanitaire similaire si elle n’est pas traitée rapidement, a-t-il alerté.  Le représentant en a donc appelé à la Russie en citant le pape François: « Je lance un appel à mes frères, aux autorités de la Fédération de Russie, afin que l’Initiative puisse reprendre et que le grain puisse être transporté en toute sécurité. » 

M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen) a rappelé que son pays est l’un de ceux qui sont identifiés dans le Rapport mondial sur les crises alimentaires, avec plus de 24 millions de personnes dans le besoin et plus de 20 millions qui souffrent de la faim. Il a imputé cette situation à la guerre et aux attaques terroristes des houthistes contre les infrastructures économiques vitales et les ports pétroliers.  Nous ne parlons même pas, a poursuivi le représentant, des conséquences de la situation internationale qui ont exacerbé l’insécurité alimentaire au Yémen comme dans d’autres pays.  Il faut, a-t-il plaidé, des mesures efficaces pour relever ces défis et pour les anticiper rapidement grâce à la coordination, à l’échange d’informations et de données voire à des mécanismes d’analyse et de réponse aux crises.  En tant que pays côtier, le Yémen, a souligné son représentant, reconnaît l’importance d’une pêche durable pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle.  Il a donc appelé la communauté internationale, les donateurs et les organisations internationales à soutenir les secteurs de la pêche et de l’aquaculture. Nous avons besoin, a-t-il ajouté, d’un financement accru de l’aide humanitaire et nous remercions l’Arabie saoudite pour son appui budgétaire de 1,2 milliard de dollars. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a préconisé une réponse collective axée sur l’aide humanitaire, le développement et la paix pour faire face aux crises interconnectées qui érodent notre capacité de réponse collective, tout en mettant l’accent sur la prévention.  Il a rappelé les dispositions de la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité qui condamnent, sous peine de sanctions, les violations du droit international humanitaire, y compris les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire.  À cet égard, il a jugé opportun de renforcer l’action de la Commission de consolidation de la paix pour faire de la sécurité alimentaire un élément central, en tenant compte des particularités des pays concernés.  La sécurité alimentaire et la viabilité des systèmes alimentaires constituent des priorités stratégiques nationales, régionales et internationales du Maroc, a poursuivi le représentant.  Elles sont au cœur de la coopération Sud-Sud et cette année, le Maroc a porté à 4 millions de tonnes d’engrais sa contribution aux agriculteurs africains, soit le double du total de 2021, a indiqué le représentant.

Au nom du Benelux -Belgique, Pays-Bas-Luxembourg-, Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a souligné que 70% des personnes qui souffrent de la faim dans le monde vivent dans des zones touchées par la guerre et la violence.  À cet égard, elle a insisté sur l’importance de la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité et estimé que pour briser le cercle vicieux des conflits et de la faim, nous devons d’abord lever les entraves à l’accès humanitaire.  En vertu du droit international humanitaire, il incombe au premier chef aux États de protéger leur population et de veiller à ce que la faim ne puisse être utilisée comme arme de guerre.  Dans cette optique, la représentante a demandé instamment au Conseil de sécurité de traiter rapidement des situations d’insécurité alimentaire aiguë résultant d’un conflit armé.  S’agissant de la guerre en Ukraine, elle a demandé à la Fédération de Russie de cesser immédiatement la destruction délibérée des terres agricoles, des systèmes d’irrigation et des infrastructures alimentaires.  Elle a aussi souligné l’importance en Syrie d’un mécanisme transfrontalier d’aide humanitaire et réclamé la réactivation de l’Initiative de la mer Noire.

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande), qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis pour l’action contre la faim et les conflits, a constaté que malgré l’adoption la résolution 2417 (2018), la gravité de la faim provoquée par les conflits n’a fait qu’augmenter.  Il a rappelé qu’en juin, le Secrétaire général a présenté un rapport sur trois situations: Haïti, où une personne sur deux devrait connaître l’insécurité alimentaire aiguë d’ici à la fin du mois de juin 2023; le Burkina Faso, avec 2,2 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë; et la République démocratique du Congo où 25,8 millions de personnes devraient être en situation d’insécurité alimentaire aiguë à la fin du mois de juin. Ces crises exigent une réponse rapide du Conseil de sécurité et de l’ONU, a insisté le représentant.  Il a également exhorté la Fédération de Russie de revenir à l’Initiative de la mer Noire afin d’éviter de nouvelles répercussions négatives sur la sécurité alimentaire mondiale. 

Poursuivant, le délégué a appelé l’ensemble des États Membres à redoubler d’efforts pour respecter le droit international, mettre en œuvre la résolution 2417 (2018), et prévenir la faim causée par les conflits, notamment en soutenant davantage les actions menées aux niveaux local et régional ainsi que le leadership des femmes.  Les parties doivent permettre et faciliter l’accès de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin, conformément au droit international.  Le représentant a également appelé à œuvrer à tous les niveaux pour encourager la prévention et le règlement des conflits ainsi que la consolidation de la paix. 

Intervenant en sa capacité nationale, le délégué a fait savoir que lorsque l’Irlande siégeait au Conseil de sécurité, elle avait exhorté l’organe à agir davantage face au phénomène de la faim alimentée par les conflits, sans pour autant obtenir son appui.  Il a estimé que si dans le cadre d’un débat public « tout le monde » déplore les situations de faim alimentées par les conflits et condamne le recours à l’affamement comme arme de guerre, le Conseil se doit d’agir comme le prévoit la résolution 2417 (2018).  Les belles paroles ne remplissent pas les ventres, a-t-il lancé. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a jugé impératif de maintenir les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales ouvertes, notamment en assurant la libre circulation des denrées alimentaires et des produits agricoles.  Il s’est opposé à toute politisation ou militarisation de la sécurité alimentaire et a exhorté au rétablissement de l’Initiative de la mer Noire.  Le représentant a également appelé à investir dans la création de systèmes alimentaires durables et résilients, notant que la sécurité alimentaire est un défi mondial. Cela signifie que nous devons investir collectivement dans des systèmes alimentaires mondiaux en tant que bien public mondial et cesser de penser que la seule façon de résoudre le problème passe par l’aide.  Il importe également d’aborder l’insécurité alimentaire dans le cadre de la crise écologique plus large qui comprend les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pénurie d’eau, a-t-il estimé. 

Mme KHRYSTYNA HAYOVYSHYN (Ukraine) a rappelé le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, du 24 juillet dernier, qui a convenu de l’inefficacité de ces systèmes.  Au mois de novembre de l’année dernière, a-t-elle aussi rappelé, le Président Volodymyr Zelenskyy a présenté une formule de paix en 10 points pour l’Ukraine laquelle comprend un point sur la sécurité alimentaire.  Alarmée des conséquences de la décision russe de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire, la représentante a indiqué que les dernières attaques de la Russie contre les infrastructures portuaires ukrainiennes et les navires civils ont détruit environ 220 000 tonnes de céréales.  Ces actes rappellent de manière frappante l’Holodomor, le génocide commis par l’Union soviétique en Ukraine, entre 1932 et 1933.  La représentante a demandé aux États Membres d’empêcher la Russie de provoquer une famine mondiale et a réclamé un soutien à l’initiative de l’Ukraine visant à établir un couloir maritime humanitaire dans la mer Noire pour rétablir les routes d’approvisionnement vitales vers les régions qui ont désespérément besoin de produits alimentaires.  Elle a appelé les pays à adhérer au programme humanitaire « Grain from Ukraine » lancé par le Président Zelenskyy avec 34 États et qui a déjà recueilli 200 millions de dollars de dons et permis l’envoi de 170 000 tonnes de blé en Éthiopie, en Somalie, au Yémen et au Kenya.  La Russie doit cesser de faire de la nourriture une arme contre le monde entier et assurer enfin la sécurité de la navigation dans la mer Noire, a martelé la représentante.

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a plaidé pour des systèmes agroalimentaires transformateurs pour davantage de durabilité et de résilience, comme celui qui est en vigueur dans son pays, notamment grâce au Plan stratégique national 2023-2027. Il a condamné le retrait russe de l’Initiative de la mer Noire, en exhortant la Russie à arrêter d’utiliser la nourriture comme arme de guerre. Le cercle vicieux de la faim et des conflits ne pourra être rompu que par la coopération internationale, le respect du droit international et davantage de solidarité, a estimé en conclusion le représentant. 

Mme ANA JIMENEZ DE LA HOZ (Espagne) a appelé la Fédération de Russie à revenir sur sa décision de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire, estimant que celle-ci avait joué un rôle crucial dans la stabilisation et la réduction des prix des denrées alimentaires.  L’utilisation de la faim comme méthode de guerre porte atteinte aux quatre dimensions de la sécurité alimentaire: la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la stabilité, et constitue une violation du droit international humanitaire ainsi qu’un crime de guerre, a ajouté la représentante. 

Le code pénal espagnol punit ceux qui affament intentionnellement des populations civiles comme méthode de guerre, a poursuivi la représentante, qui a rappelé que la stratégie de diplomatie humanitaire récemment approuvée par l’Espagne comprend le soutien au respect de la résolution 2417 (2018). 

Pour lutter contre l’insécurité alimentaire, l’Espagne a engagé en septembre 2022 un montant de 226,5 millions d’euros pour les trois prochaines années, a-t-elle ajouté, avant de préciser qu’en janvier 2023, 14,4 millions d’euros supplémentaires avaient été approuvés pour contribuer à un plan d’urgence contre l’insécurité alimentaire lancé par le Programme alimentaire mondial (PAM), principalement au profit des pays africains. 

Enfin, la représentante a estimé nécessaire de continuer à travailler dans le cadre d’une approche qui tienne compte des liens entre sécurité alimentaire, respect des principes humanitaires et recherche de solutions pacifiques aux conflits. 

M. HARI PRABOWO (Indonésie) a appelé à des mesures concrètes pour rompre le cercle vicieux des conflits et de l’insécurité alimentaire.  Les parties belligérantes doivent respecter le droit international humanitaire.  Il faut aussi répondre aux effets des changements climatiques et mettre en place des partenariats renforcés pour raffermir les chaînes de production alimentaire, tout en évitant les doublons.  Il est crucial, a conclu le représentant, de garantir le bon acheminement des denrées alimentaires aux plus vulnérables et il faut espérer qu’il sera possible de remettre sur les rails l’Initiative de la mer Noire. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a rappelé que son gouvernement s’est engagé à doubler son aide alimentaire pour la porter à 100 000 tonnes de riz livrées chaque année à l’Afrique.  Et en mai dernier, lors du Sommet du G7, le Président Yoon Seok-yeol a annoncé le projet K-Ricebelt, lequel, une fois achevé dans cinq ans, devrait fournir continuellement du riz à 30 millions de personnes dans huit pays africains, a-t-il précisé.  Le représentant a ensuite déploré la crise alimentaire qui frappe les populations civiles de la République populaire démocratique de Corée, une crise causée par ses dirigeants.  Car nous devons nous rappeler, que ce sont des innocents qui subissent le poids de l’insécurité alimentaire, qu’elle soit provoquée par un conflit ou initiée par un régime, a-t-il lancé.

Mme ANDREEA MOCANU (Roumanie) a déclaré que son pays avait adhéré « sans hésitation » au communiqué conjoint proposé par les États-Unis pour condamner l’utilisation de la nourriture comme arme de guerre.  Priver des individus de leur droit à l’alimentation est contraire au droit international, est profondément contraire à l’éthique et constitue une tactique illégale qui inflige de nouvelles souffrances aux civils, a ajouté la représentante.  Pour la Roumanie, la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine a ébranlé d’importants piliers du système alimentaire mondial ainsi que les chaînes d’approvisionnement, provoquant une augmentation des coûts de l’énergie et alimentant l’inflation.  La représentante a rappelé qu’après le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire le mois dernier, le prix des céréales avait atteint son plus haut niveau depuis le début de la guerre. 

La représentante a accusé la Russie « d’actions agressives » menées ces dix derniers jours pour perturber les exportations de céréales vers des pays tiers en ciblant les infrastructures portuaires sur le Danube, « à proximité du territoire roumain ». Or, a-t-elle expliqué, ces ports civils sur le Danube ont actuellement pour mission de fournir des voies alternatives à l’exportation des céréales de l’Ukraine vers le monde.  C’est pourquoi, dès le début des bombardement des ports ukrainiens le 25 juillet, la Roumanie a autorisé des bateaux sur le Danube à chercher refuge dans les ports roumains pour sauver la vie des équipages et protéger les cargaisons.  Rappelant que son pays avait facilité l’exportation de plus de 20 millions de céréales de l’Ukraine vers le monde, la représentante a appelé à en revenir à l’esprit de l’Initiative de la mer Noire. 

Si les conflits sont une des causes de l’explosion du prix des denrées alimentaires, une autre sont les changements climatiques, a poursuivi la représentante, qui a appelé à redoubler d’efforts pour éviter une crise humanitaire mondiale, en agissant conformément au droit international, que ce soit en termes de sécurité pour la livraison de la nourriture, d’accès sans restriction pour les travailleurs humanitaires ou de financement. 

M. OUMAROU GANOU (Burkina Faso) a indiqué que dans son pays, l’exacerbation de l’insécurité alimentaire ces dernières années est majoritairement imputable à la crise sécuritaire, précisant que les actes terroristes ont occasionné une crise humanitaire avec le déplacement d’environ 2 millions de personnes, la confiscation de terres cultivables et du bétail, et les tentatives de blocus empêchant l’arrivée régulière de vivres et de médicaments dans les zones à forts défis sécuritaires.  Il a expliqué que face à ce contexte sécuritaire difficile, le Burkina Faso a adopté le Plan d’action pour la stabilisation et le développement (PASD) 2023-2025 avec pour principales priorités de lutter contre le terrorisme; répondre à la crise humanitaire; refonder l’État et améliorer la gouvernance; et, enfin, œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale. Il a également évoqué le Plan 2023 de réponse et de soutien aux populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, précisant que celui-ci accuse un besoin de financement de près de 161 millions de dollars. 

Le représentant a ensuite jugé essentiel d’assurer une meilleure coordination entre les différentes parties prenantes afin de soutenir les initiatives nationales et régionales. Il a également appelé à soutenir l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation, ainsi que la Reserve régionale de sécurité alimentaire de la CEDEAO (CEDEAO).  Il faudrait également assurer des investissements conséquents, structurels et adaptés dans le développement agricole et les infrastructures rurales des pays à fort risque d’insécurité alimentaire.  Enfin, a-t-il ajouté, les pays bénéficiaires devraient travailler à améliorer la gouvernance et la redevabilité des fonds mis à leur disposition. 

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a jugé essentiel d’enrayer la hausse des prix alimentaires mondiaux, notamment par temps de conflit.  Il a appelé à une reprise de l’Initiative de la mer Noire, avant de dénoncer l’utilisation de l’affamement comme arme de guerre.  Les parties belligérantes doivent s’abstenir d’attaquer les infrastructures civiles, a-t-il insisté.  Il a rappelé que son pays accueille les réfugiés rohingyas en nombre, dans un contexte d’aide humanitaire insuffisante.  Chaque réfugié ne reçoit en effet que 27 cents d’aide humanitaire par jour, a-t-il déploré.  Enfin, il a invité le Conseil à prêter une attention accrue à cette crise et à œuvrer au retour des réfugiés dans leurs foyers au Myanmar. 

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a déclaré que les conflits armés sont des vecteurs de l’insécurité alimentaire qui ont pour effet de paralyser l’accès à l’aide humanitaire.  La résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité condamne le recours à la famine comme méthode de guerre, les entraves illégales à l’aide humanitaire ainsi que le ciblage des infrastructures civiles, a-t-il rappelé.  À l’opposé, le respect du droit international humanitaire peut atténuer les effets de ces actions délétères, a-t-il expliqué.  En outre, les chaînes d’approvisionnement propres à un commerce international ouvert jouent un rôle essentiel pour appuyer la sécurité alimentaire mondiale et la réalisation des objectifs de développement durable. 

Mme MARKOVA CONCEPCION JARAMILLO (Panama) a réaffirmé l’importance de mettre en œuvre toutes les mesures possibles pour assurer la protection de tous les civils victimes de la guerre en Ukraine, en répondant à leurs besoins fondamentaux et en facilitant le passage rapide et sans entrave de l’aide humanitaire. 

La représentante a, en outre, exhorté la Fédération de Russie à revenir sur sa décision de suspendre sa participation à l’Initiative de la mer Noire et à reprendre les négociations afin de maintenir ouvert le corridor humanitaire de la mer Noire qui assure le fonctionnement du système agricole.  Cette action aura un impact positif sur les populations les plus vulnérables des pays en développement, qui consacrent actuellement plus de 50% de leurs revenus à couvrir les coûts élevés de l’alimentation et de l’énergie, a-t-elle fait valoir. 

La représentante s’est, par ailleurs, inquiétée des violences sexistes auxquelles les femmes et les filles peuvent être confrontées en temps de conflit, plaidant pour une plus grande participation des femmes à tous les niveaux de la prise de décisions pour garantir et maintenir la paix.  Enfin, elle a réaffirmé que la « faim ne peut jamais être utilisée comme arme de guerre » et estimé que le dialogue et la négociation sont des moyens indispensables pour parvenir à la paix, dans le respect du droit international et des principes qui le sous-tendent.

M. SULAY-MANAH KPUKUMU (Sierra Leone) a précisé que l’une des cinq priorités de son pays est la lutte contre l’insécurité alimentaire qui constitue un obstacle majeur au développement et une source d’instabilité et de conflit.  La plupart des pays qui souffrent de ce fléau sont aussi des pays en conflit, a-t-il souligné, en particulier en Afrique.  Le Gouvernement de la Sierra Leone a donc décidé d’accroître la production agroalimentaire et les investissements et la recherche dans le secteur agricole.  Il s’efforce aussi d’améliorer la gestion de l’eau, a annoncé le représentant, en appelant à agir au cœur même des communautés.  Il a demandé aux parties compétentes de tout faire pour que l’Initiative de la mer Noire soit réactivée sans tarder afin d’éviter ainsi une nouvelle crise alimentaire mondiale.  Il a aussi exhorté la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à appuyer les mesures de lutte contre l’impact des changements climatiques dans les pays en développement. 

M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela), au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, a estimé que l’insécurité alimentaire n’est que l’une des dimension de la crise multiforme que traverse le monde.  Et si elle a fortement augmenté depuis trois ans, elle était déjà en hausse avant la pandémie de COVID-19.  Le représentant a estimé que l’un des facteurs de cette hausse tient à « la promulgation, l’application et même l’extension continues, systématiques et incessantes » de mesures coercitives unilatérales.  Il a jugé celles-ci cruelles, inhumaines, sans fondement juridique au regard des buts et principes de la Charte et constitutives d’une atteinte au droit à l’alimentation et au développement. 

Pour le représentant, la militarisation de l’économie et du système financier international, en particulier par l’application de mesures coercitives unilatérales fait partie de la panoplie des moyens utilisés par certains pays pour promouvoir leurs intérêts.  Or, ces mesures continueront d’avoir un impact négatif sur l’économie mondiale dans son ensemble et de causer et prolonger les souffrances humaines à moins qu’il n’y soit mis un terme « complet, immédiat et inconditionnel ». Il a notamment cité plusieurs agences des Nations Unies ou organismes financiers internationaux pour lesquels ce type de mesures restrictives ne fait que contribuer à la hausse des prix des denrées alimentaires ainsi qu’à une augmentation de la faim et de la malnutrition. 

Le Groupe demande donc de mettre fin immédiatement et une fois pour toutes aux sanctions, qui touchent aujourd’hui plus de 30 pays.  Il demande aussi l’adoption de stratégies collectives ancrées dans les buts et principes de la Charte. Nous n’avons pas besoin d’« interventions humanitaires », mais plutôt d’une coopération et d’une solidarité accrues, ainsi que d’un élargissement et d’un approfondissement de la coopération Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaire, a déclaré le représentant, qui a cité comme exemples l’Initiative de développement mondial de la Chine et la récente offre de la Fédération de Russie de fournir des tonnes de céréales aux personnes les plus touchées par la crise alimentaire mondiale actuelle, notamment en Afrique. En outre, toute forme d’assistance dans ce domaine doit respecter strictement les principes directeurs régissant la fourniture d’une assistance humanitaire et compter sur le consentement de État concerné. 

En conclusion, le représentant a déclaré que, si la nourriture ne doit en effet jamais être utilisée comme arme de guerre, les mesures coercitives unilatérales ne doivent jamais être utilisées comme tactique de guerre, y compris dans le but d’infliger la famine ou l’extermination de peuples entiers par la privation d’accès à la nourriture, « résultant directement de l’application de telles mesures illégales ». 

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a noté que l’Initiative de la mer Noire a joué un rôle essentiel pour répondre à la flambée des prix des denrées alimentaires provoquée par la guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine.  Il a condamné la décision de Moscou de mettre un terme à sa participation à l’Initiative, de même que les attaques contre les installations portuaires et les entrepôts agricoles ukrainiens qui ont détruit des dizaines de milliers de tonnes de denrées alimentaires.  La Russie est même allée jusqu’à annoncer qu’elle considérerait tout cargo se rendant dans les ports ukrainiens de la mer Noire comme une cible militaire, s’est alarmé le représentant qui a dénoncé l’utilisation de la nourriture comme arme de guerre.  Il a appelé la Russie à cesser les hostilités militaires illégales afin d’assurer la reprise des expéditions de denrées alimentaires et de produits agricoles en provenance et à destination de l’Ukraine.  Il faut aussi un accès humanitaire sans entrave pour répondre efficacement aux besoins humanitaires croissants et à la menace de famine dans le contexte de conflits armés, a estimé le représentant.  Il a ensuite exhorté la communauté internationale à se mobiliser sous la houlette de l’ONU pour répondre à la crise alimentaire, énergétique et financière, exacerbée par la guerre d’agression de la Russie en Ukraine.

M. MASOTSHA MONGEZI MNGUNI (Afrique du Sud) a estimé que ce débat public rappelle l’obligation fondamentale des États Membres d’atténuer la faim dans les situations de conflit armé, sur fond de hausse de 13% des dépenses militaires au niveau mondial.  Si nous ne redoublons pas d’efforts, notre objectif de mettre fin à la faim, à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030 restera hors de portée, a-t-il prévenu.  À cette fin, un système multilatéral capable de renforcer les mécanismes de prévention est absolument nécessaire, a plaidé le représentant.  Nous devons donc également investir des ressources et renforcer notre confiance dans l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international de développement agricole (FIDA), qui sont au cœur du renforcement des capacités et de la résilience du système alimentaire.  Il est également essentiel que le Conseil de sécurité et les États Membres déploient des efforts concertés pour mettre en œuvre la résolution 2417 (2018) relative à l’insécurité alimentaire et à la menace de famine résultant des conflits armés, a encore ajouté le délégué. 

M. KRISTEL LÕUK (Estonie) a fustigé la décision « cynique et égoïste » de la Russie de se retirer de l’Initiative de la mer Noire et d’utiliser les denrées alimentaires comme une arme.  C’est une catastrophe pour les personnes dans le besoin partout dans le monde, a dit le délégué.  Il a également dénoncé la destruction par la Russie de 40 000 tonnes de céréales ukrainiennes hier.  Selon lui, la décision de la Russie d’offrir des quantités limitées de céréales à six pays africains vise à créer l’illusion qu’elle a les capacités de remplacer les céréales ukrainiennes.  Le représentant a ensuite exhorté la Russie à mettre fin à la guerre en Ukraine avant d’appeler la communauté internationale à tenir pour responsables ceux qui usent de l’affamement comme arme de guerre. 

M. BRETT JONATHAN MILLER (Israël) a rappelé que son pays s’est efforcé de créer de nouvelles possibilités en accroissant la résilience et l’innovation dans la gestion de la production agricole et de l’eau.  La coopération internationale, a-t-il dit, est le moyen idoine de lutter contre l’insécurité alimentaire.  Il a évoqué à cet effet des initiatives telles que les projets sur la sécurité hydrique et la désalinisation de l’eau menés avec les pays voisins.  Mais, a-t-il prévenu, les effets des changements climatiques continuent d’être exacerbés par les conflits et le terrorisme. Il a cité le cas survenu cette année lorsque le Jihad islamique palestinien a lancé des tirs de mortier sur des couloirs humanitaires.  Nous devons rester vigilants pour garantir la disponibilité des denrées alimentaires, surtout si l’Initiative de la mer Noire ne reprend pas, a conclu le représentant.

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a expliqué qu’il ne peut pas soutenir le communiqué commun, car ce texte n’a pas été soumis à examen et il n’y a pas eu de possibilité de proposer des changements et des amendements.  En outre, le document ne dit pas un mot sur l’une des principales menaces pesant sur la sécurité alimentaire, à savoir les sanctions unilatérales illégales imposées par les pays occidentaux.  Il a expliqué qu’au Bélarus, ces sanctions visent l’industrie du potassium, ingrédient essentiel pour les engrais, ce qui a des conséquences extrêmement négatives pour la sécurité alimentaire mondiale.  Il a également affirmé que les « fameuses exemptions aux sanctions » sont un leurre et ne fonctionnent pas. 

En tant que l’un des plus grands producteurs d’engrais potassiques au monde, a indiqué le délégué, le Bélarus représentait 20% du commerce mondial des engrais avant l’arrêt illégal du transit de son potassium par les ports de la mer Baltique.  Les actions unilatérales illégales de la Lituanie et d’autres pays occidentaux visant à bloquer l’approvisionnement en engrais bélarussiens ont déjà mis en péril la sécurité alimentaire de régions et de continents entiers.  En effet, la part des engrais potassiques du Bélarus sur les marchés africains est passée de 42% à 3% en 2022, ce qui y a entraîné une baisse de 16% des récoltes de céréales, et cette situation a empiré en 2023, a-t-il précisé.  Et les pénuries d’engrais s’étendent du maïs, au blé et à toutes les cultures principales, y compris le riz, ce qui aura un impact dévastateur sur la vie de milliards de personnes en Asie et en Amérique du Sud et en Afrique dans un avenir proche, a mis en garde le représentant.  Il a exigé que les États occidentaux arrêtent d’utiliser les sanctions unilatérales illégales comme leur arme de guerre favorite.  « C’est ainsi qu’ils contribueront réellement à la sécurité alimentaire mondiale », a-t-il conclu.

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a mis en avant les efforts de son pays pour fournir une aide humanitaire et ainsi faire face à des appels humanitaires urgents, énumérant l’aide apportée au Yémen, à la Palestine, au Soudan ou encore au Liban et en Somalie. De même, le représentant a fait part de l’appui de son pays au Pakistan, à l’Ukraine, aux réfugiés rohingya et aux personnes dans le besoin dans de nombreux pays.  L’aide fournie s’élevait au total à 87,3 milliards de dollars, faisant de l’Arabie saoudite le principal bailleur de fonds en aide humanitaire dans le monde arabe et musulman, a-t-il précisé.  Son pays est également l’un des principaux donateurs à l’échelle mondiale. 

Le représentant a appelé à s’attaquer d’urgence aux facteurs et moteurs des conflits, sans quoi il sera impossible d’assurer la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, en particulier alors que les conflits évoluent de manière imprévisible. 

Après avoir insisté sur l’importance de la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité, M. YASHAR T.  ALIYEV (Azerbaïdjan) a souligné que son pays a été directement menacé d’insécurité alimentaire pendant les presque trente années de l’occupation de l’Arménie d’environ 20% du territoire azerbaïdjanais.  Cette agression a causé d’énormes dégâts à la production agricole. Il faut aussi noter, a ajouté le représentant, que l’Arménie a posé plus de 1,5 million de mines terrestres, contaminant plus de 3 000 mètres carrés de terres, dont la moitié était auparavant des terres arables.  Il est temps que l’Arménie fournisse, sans délai, des informations précises et complètes sur les champs de mines, a martelé le représentant. Il a condamné la manipulation de la question humanitaire, accusant l’Arménie d’avoir détourné impunément des véhicules loués par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour approvisionner ses forces armées déployées illégalement sur le territoire de son pays. Le délégué a regretté que l’Arménie reste sourde aux appels à la coopération pour veiller à la libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays.  Ce comportement ne saurait cacher une intention sinistre de propager un faux narratif sur la crise humanitaire dans la région, a dit le représentant.

M. JORGE EDUARDO FERREIRA SILVA ARANDA (Portugal) a déclaré que l’Initiative de la mer Noire était d’une importance capitale pour atténuer la perturbation des marchés mondiaux des céréales et a jugé urgent de la rétablir. Il a appelé à redoubler d’efforts pour parvenir à une paix juste et durable dans le monde afin d’assurer la disponibilité et l’accessibilité des aliments, des engrais et de l’énergie.  Il faut également intensifier les interventions d’urgence et améliorer la résilience des systèmes alimentaires des pays, en particulier ceux des pays en développement, face aux changements climatiques.  La fourniture d’intrants et de produits agricoles abordables, les investissements dans des infrastructures à petite échelle, le crédit à court terme et un meilleur accès aux marchés et aux informations commerciales peuvent également jouer un rôle important à cet égard, a estimé le représentant avant de condamner la militarisation de la sécurité alimentaire. 

Mme JEANNE MRAD (Liban) a rappelé l’interdiction d’utiliser les civils comme boucliers humains et d’user de la faim comme tactique de guerre.  Elle a réclamé la réactivation de l’Initiative de la mer Noire, puisque le monde a un besoin vital de céréales.  Elle a exhorté la communauté internationale à adopter une stratégie globale afin de remédier à la détérioration de la sécurité alimentaire mondiale.  La déléguée a suggéré l’adoption d’un protocole international qui ajouterait à la liste des crimes de guerre l’affamement comme tactique de guerre. 

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a jugé nécessaire d’aligner les « initiatives d’anticipation » de toutes les parties prenantes pour prévenir la famine aiguë causée par les conflits et les changements climatiques.  Cela peut se faire par le biais d’un partage d’informations pour identifier les signes avant-coureurs de la famine; le renforcement du soutien financier accordé aux programmes humanitaires et de développement dans les régions vulnérables; et la mobilisation du soutien international.  Le représentant a également appelé à renforcer la collaboration et la responsabilité pour accroître l’accès aux civils ayant besoin d’une assistance vitale dans le contexte d’un conflit.  De même, il faut adopter une approche pangouvernementale; mobiliser des investissements à long terme axés sur des solutions durables telles que le développement agricole et l’autonomisation économique; et tirer parti des données et de la technologie. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a estimé qu’on ne peut se contenter du lien entre insécurité alimentaire et conflit.  La cause première de la vulnérabilité des peuples face à la faim c’est la pauvreté qui trouve bien souvent ses racines dans l’exploitation coloniale.  Il faut, a estimé le représentant, revoir les priorités collectives car la paix et la sécurité continueront à nous échapper sans un développement durable.  Pourtant cette année, les dépenses militaires ont atteint un nouveau record alors que si l’on investissait seulement 333 000 millions de dollars, soit 2% des dépenses militaires annuelles, dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, un débat comme celui-ci deviendrait superflu en dix ans, a argué le délégué.  Les investissements qui parient sur la mort doivent être remplacés par ceux qui parient sur la vie, a-t-il martelé, en appelant au respect des engagements historiques et à de nouveaux engagements pour l’action climatique. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a plaidé pour la création d’une réserve stratégique mondiale de céréales à utiliser en temps utile, comme son pays l’a proposé au dernier Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, à Rome.  Dans un tel contexte, l’alimentation ne serait plus une arme qui menacerait les pays en développement.  La question de l’alimentation, a-t-il martelé, doit être envisagée à travers le prisme de la solidarité authentique et d’une réflexion sur les mesures d’appui à mettre en place.  Il s’est fermement opposé à l’utilisation de la nourriture comme une arme pour servir des desseins géostratégiques ou politiques.

Mme SOPHEA EAT (Cambodge) a souligné, à la lumière de sa propre expérience en matière de famine et d’insécurité, l’importance de donner la priorité à la consolidation de la paix et à la prévention des conflits, avec l’appui de la Commission de consolidation de la paix.  Les parties aux conflits armés doivent respecter les droits humains et le droit international humanitaire, sans entraver l’approvisionnement alimentaire. Elle a exprimé son appui sans réserve aux appels à un partenariat public-privé renforcé afin de lutter contre la famine et la malnutrition aiguë.  Selon la représentante, des efforts coordonnés doivent être entrepris pour mobiliser davantage de financements afin de renforcer la résilience du système alimentaire mondial face aux changements climatiques.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a rappelé qu’une décennie de progrès en vue de l’élimination de la pauvreté au Myanmar a été réduite à néant à la suite du coup d’État de la junte militaire en 2021.  À l’heure actuelle, 15,2 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire au Myanmar, qui compte en outre près de 1,9 million de déplacés.  Il a indiqué que l’une des tactiques employées par la junte est la destruction par le feu des maisons de civils, précisant que jusqu’à présent, 70 000 propriétés civiles ont été brûlées.  Ces destructions ont par ailleurs interrompu les chaînes de production alimentaire dans de nombreuses régions du pays.  Enfin, il a invité le Conseil à contribuer aux efforts de restauration de la démocratie au Myanmar.  La junte ne gagnera pas sa guerre contre le peuple du Myanmar, a conclu le délégué. 

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a relevé que l’insécurité alimentaire devient particulièrement aiguë et endémique dans les situations d’occupation étrangère prolongée, notamment en Palestine occupée et au Jammu-et-Cachemire.  Ces deux peuples subissent une occupation étrangère depuis sept décennies.  Ils ont été soumis à des blocus et à des verrouillages, ainsi qu’à des punitions collectives, y compris à des privations économiques et alimentaires délibérées, a-t-il rappelé, tout en déplorant l’indifférence de la communauté internationale à leur égard.  Il a invité le Conseil de sécurité à veiller à la mise en œuvre de ses résolutions relatives au Jammu-et-Cachemire en appelant à un plébiscite supervisé par les Nations Unies afin de permettre à son peuple d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.  De même, il a appelé la communauté mondiale à veiller à ce que l’occupation indienne ne profite pas des privations économiques et de l’insécurité alimentaire pour écraser la lutte légitime du peuple cachemirien pour la liberté. 

Le délégué a par ailleurs espéré que l’Initiative de la mer Noire sera relancée au plus tôt avec l’accord des parties.  Au-delà des situations de conflit, l’insécurité alimentaire requiert également une solidarité immédiate et des solutions structurelles, a-t-il relevé.  Cela signifie qu’il faut augmenter la production alimentaire, modérer les prix des denrées alimentaires et ne pas entraver l’approvisionnement alimentaire par des considérations nationalistes égoïstes. 

Mme DAKWAK (Nigéria) s’est inquiétée du fait que dans les zones de conflit, 70% de la population souffre de faim aigue.  Elle a appelé à répondre aux questions transversales, notamment le rôle de la science, la technologie et l’innovation; les fossés en matière d’infrastructure et d’énergie; et le renforcement des capacités institutionnelles et humanitaires nécessaires pour appuyer la productivité.  Il faut également augmenter les investissements dans l’agriculture au profit des petits exploitants agricoles.  La représentante a ensuite indiqué que la nouvelle administration a déclaré un état d’urgence sur la sécurité alimentaire et mis en place des mesures pour appuyer la distribution de fertilisant et l’agriculture mécanisée.  Le Gouvernement travaille également à la mise en œuvre des politiques agricoles. 

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a rappelé que son gouvernement alloue une grande partie de son aide internationale à la lutte contre la faim et les pénuries alimentaires.  Cette année, le Qatar s’est engagé à verser la somme de 43 millions de dollars en réponse à l’appel lancé par le Secrétaire général pour aider les pays souffrant d’une faim due en partie aux conflits.  Nous avons déjà versé un montant de 90 millions de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) pour répondre aux besoins cruciaux au Yémen. Ce n’est un secret pour personne que dans de nombreux cas où une aide d’urgence est nécessaire, le Qatar s’empresse de fournir des centaines de tonnes d’aide alimentaire, comme au Soudan cette année et avant cela à l’Afghanistan, s’est enorgueilli le représentant.  Soucieux de coopérer avec le système des Nations Unies afin d’assurer la sécurité alimentaire et mettre au point des solutions durables, le Qatar, a-t-il précisé, a lancé l’Alliance mondiale pour les terres arides, un mécanisme visant à combler les lacunes en matière de recherche, de stratégies et de politiques et permettre aux zones arides d’assurer leur sécurité alimentaire. 

M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti) a rappelé que son pays se trouve malheureusement sur la liste des États touchés par une insécurité alimentaire aiguë qui affecte près de la moitié de sa population.  Il a imputé la situation à la grave crise multidimensionnelle marquée par la détérioration du climat sécuritaire, due à la violence aveugle des gangs armés qui opèrent presque sans résistance dans de nombreuses zones du pays, dont la zone métropolitaine de Port-au-Prince.  D’ailleurs, a-t-il alerté, les derniers rapports sur l’insécurité alimentaire en Haïti sont très alarmants: 4,9 millions de personnes sont concernées et nécessitent une aide humanitaire d’urgence. Le Gouvernement travaille en étroite collaboration avec les partenaires internationaux et les agences humanitaires pour garantir la mise en œuvre rapide et efficace de mesures concrètes et soulager les souffrances de la population. 

Soulignant la nécessité d’une réponse globale et solidaire, le représentant a appelé, une fois de plus, la communauté internationale à renforcer son soutien et à faciliter la mise en œuvre rapide et efficace des programmes humanitaires en cours.  Il a aussi réclamé une assistance technique et financière supplémentaire pour le renforcement des institutions et de la gestion des crises.  Le représentant s’est dit confiant que les membres du Conseil de sécurité donneront rapidement leur autorisation au déploiement de la force multinationale que le Gouvernement haïtien demande depuis octobre 2022 pour l’aider à rétablir la paix et la sécurité nécessaires à l’atténuation de la crise alimentaire. 

Mme SARAH SAFYN FYNEAH (Libéria) a exprimé sa profonde préoccupation face à l’augmentation alarmante de l’insécurité alimentaire mondiale causée par les conflits et les changements climatiques, qui constituent également une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Elle a condamné l’utilisation de la nourriture comme arme de guerre, et déploré la dénonciation de l’Initiative de la mer Noire par la Fédération de Russie. En tant que membres de l’ONU, nous devons promouvoir et défendre les principes humanitaires concernant la fourniture de l’aide humanitaire et adhérer aux protocoles qui interdisent la famine des civils comme méthode de guerre.  Selon la représentante, il convient de relever les défis de la famine et de l’insécurité alimentaire mondiale induite par les conflits au moyen de la coopération et de partenariats innovants.

L’Observateur du Saint-Siège, Mgr GABRIELE CACCIA , a noté que la question de l’insécurité alimentaire a pris le devant de la scène depuis le début de la guerre en Ukraine et a rappelé à la communauté internationale son devoir de solidarité avec tous ceux qui sont dans le besoin.  Il a réclamé la réactivation de l’Initiative de la mer Noire au nom de tous ceux qui dépendent des exportations et demandé qu’il soit mis fin aux attaques contre le transport des denrées alimentaires.  Il a insisté sur le fait que les sanctions économiques ne doivent pas avoir d’incidences négatives sur la sécurité alimentaire et l’acheminement des denrées alimentaires.  Après avoir appelé à la lutte contre l’impact des changements climatiques, compte tenu de leur incidence sur les systèmes alimentaires, et à la protection de « notre maison commune », l’Observateur a demandé à tous les États d’adopter une approche globale de la sécurité alimentaire. 

Reprises de parole

Le représentant de l’Inde a regretté les propos tenus par une délégation, en rappelant que la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays ne sont pas négociables. Il a encouragé le pays concerné à mettre de l’ordre dans ses affaires internes avant de porter des accusations mensongères. 

La représentante du Pakistan a rappelé que le plus grand mensonge de l’Inde, c’est que le Jammu-et-Cachemire ferait partie de son territoire.  Si l’Inde respecte un tant soit peu le droit international, elle doit laisser le peuple du Cachemire exercer son droit à l’autodétermination, a-t-elle ajouté. 

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