Syrie: alors que la situation politique reste bloquée, le Conseil de sécurité se penche sur le renouvellement du mécanisme d’acheminement de l’aide transfrontière
Le Conseil de sécurité s’est penché, ce matin, sur la situation politique et humanitaire en Syrie, lors d’une séance dominée par la perspective de l’échéance du 10 juillet, lorsque prendra fin le dernier renouvellement en date du mécanisme transfrontière d’acheminement de l’aide. Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a plaidé pour un renouvellement du mécanisme pour douze mois, appuyé par la plupart des membres du Conseil. Comme par le passé, la Fédération de Russie a exprimé de fortes réticences face à une mécanisme jugé attentatoire à la souveraineté de la Syrie.
C’est d’abord l’Envoyée spéciale adjointe du Secrétaire général, Mme Najat Rochdi, qui a pris la parole pour dresser un portrait préoccupant d’une Syrie en proie à la conjonction de crises sécuritaire et économique. Elle a rappelé que les Syriens étaient toujours plongés dans un conflit international marqué, au cours des derniers mois, par des frappes aériennes pro-gouvernementales dans le nord-ouest, des frappes de drones depuis des zones contrôlées par le groupe terroriste dit Hay’at Tahrir el-Cham, ou encore par des frappes de drones et d’artillerie turcs sur des positions des forces syriennes de sécurité. À quoi se sont encore ajoutées des frappes aériennes israéliennes et les attaques terroristes.
Mme Rochdi a souligné que la Syrie a toujours besoin d’un cessez-le-feu à instaurer sur l’ensemble de son territoire, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil. Après avoir indiqué que les Syriens se heurtent à une crise économique aggravée par la hausse de l’inflation et les pénuries croissantes d’énergie et de carburant, elle a évoqué les aspirations des Syriens et les efforts diplomatiques en cours pour permettre leur réalisation. Nombre de Syriens attendent avec impatience le vote qui aura lieu aujourd’hui à l’Assemblée générale pour que soit établi un nouveau mécanisme d’enquête sur les 130 000 personnes disparues, a-t-elle ainsi indiqué.
L’adjointe de l’Envoyé spécial, M. Pedersen, a rappelé que celui-ci ne ménage pas sa peine pour qu’ait lieu, à Genève, un neuvième cycle de pourparlers avec la Commission constitutionnelle syrienne. Plusieurs membres du Conseil, comme le Brésil, l’Équateur, la Suisse ou l’Albanie, ont lancé un appel à la reprise des réunions de la Commission, dont la dernière réunion, infructueuse, remonte à mai 2022. Les États-Unis ont fait part de leur frustration, pressant le « régime » de Damas de participer en toute bonne foi aux réunions. Membre du processus d’Astana, la Türkiye a elle aussi souhaité la reprise de ces discussions, afin de sortir de l’impasse politique actuelle.
Du fait du calendrier, c’est toutefois l’aspect humanitaire qui a dominé la séance. Le Coordonnateur des secours d’urgence a noté que les Syriens, qui célèbrent actuellement l’Eïd al-Adha, le font « avec moins de nourriture dans leurs assiettes », douze années de conflit et d’effondrement économique ayant poussé 90% de la population sous le seuil de pauvreté. S’il s’est félicité du financement intégral de l’appel éclair de 397 millions de dollars lancé au lendemain du séisme du 6 février et a salué les milliards de dollars promis ce mois lors de la septième conférence de Bruxelles, M. Griffiths a constaté que le soutien des donateurs reste à la traîne par rapport à la montée en flèche des besoins et des coûts opérationnels. Ces promesses doivent rapidement se transformer en contributions pour assurer le fonctionnement des programmes, a-t-il insisté, alors que le plan de réponse humanitaire de cette année est actuellement financé à moins de 12% et qu’un déficit de 200 millions de dollars obligera le Programme alimentaire mondial (PAM) à réduire de 40% son aide alimentaire d’urgence en Syrie en juillet. Parmi les membres permanents du Conseil, la France a réagi en confirmant une contribution de 540 millions d’euros pour 2023.
La question la plus immédiate restait le renouvellement du mécanisme transfrontière d’acheminement de l’aide. M. Griffiths a rappelé que le Secrétaire général avait clairement réitéré son souhait de voir cette opération prorogée de douze mois supplémentaires. Il a fait observer que, grâce à elle, l’ONU et ses partenaires apportent chaque mois à quelque 2,7 millions d’hommes, de femmes et d’enfants parmi les plus vulnérables une assistance essentielle et vitale, d’autant qu’au seul point de passage autorisé par la résolution 2672(2023) –Bab el-Haoua- sont venus s’ajouter à partir du 13 février ceux ouverts par le Gouvernement syriens à Bab el-Salam et Raaï pour aider à acheminer l’aide aux victimes du séisme. Le représentant de la Syrie a mis en avant cette décision « souveraine » de son pays.
Pour M. Griffiths, une extension de douze mois permettrait de garantir les flux d’aide tout au long de la saison hivernale et de préparer des programmes de relèvement rapide, alors que l’approvisionnement au travers des lignes de front ne peut remplacer en volume l’aide transfrontière. Il a reçu l’appui de la grande majorité des membres du Conseil. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont souhaité que cette extension inclue en outre les deux points de passage supplémentaires ouverts unilatéralement par la Syrie au lendemain des séismes de février dernier.
M. Griffiths a estimé qu’il faudrait davantage de temps, de soutien et de négociations pour que l’aide à travers les lignes de front représente une plus grande part de la réponse humanitaire totale dans le nord-ouest de la Syrie. Au contraire, la Fédération de Russie a une nouvelle fois dénoncé le mécanisme transfrontière, qui n’offre selon elle aucun avantage au peuple syrien et n’a d’humanitaire que le nom, étant de plus en plus utilisé pour saper la souveraineté de la Syrie. La Chine aussi a rappelé que le mécanisme d’acheminement transfrontalier n’est qu’une « modalité exceptionnelle visant à répondre à une situation spécifique » qui devrait être levé progressivement et laisser la place aux livraisons à travers les lignes de front.
C’est en principe le 7 juillet que le Conseil est appelé à se prononcer sur le devenir du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT - S/2023/419, S/2023/464
Déclarations
Mme NAJAT ROCHDI, Envoyée spéciale adjointe du Secrétaire général pour la Syrie, a déclaré que les Syriens sont toujours plongés dans un conflit international intense, le pays ayant été confronté au cours des derniers jours et semaines à des séries de frappes aériennes pro-gouvernementales dans le nord-ouest, à de multiples frappes de drones depuis des zones contrôlées par le groupe terroriste dit Hay’at Tahrir el-Cham, ou encore à des frappes de drones et d’artillerie turcs sur des positions des forces syriennes de sécurité. À cela sont venues s’ajouter des frappes aériennes israéliennes et les attaques en cours par des groupes terroristes, a poursuivi Mme Rochdi. En fin de compte, a-t-elle souligné, la Syrie a toujours besoin qu’un cessez-le-feu soit instauré sur tout son territoire national, cela conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité.
Le propos de Mme Rochdi n’a pas été moins alarmant concernant la situation humanitaire. Les Syriens sont confrontés à une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver, a-t-elle ainsi dit, en notant que cette semaine, à Genève, elle avait souligné à la « Task Force Humanitaire » que les besoins des populations doivent être au centre d’une approche de l’action humanitaire en leur faveur totalement dépolitisée. Elle a indiqué qu’une telle approche nécessite le respect des engagements pris lors de la conférence de Bruxelles pour soutenir les opérations humanitaires dans toutes les régions de la Syrie, et surtout, la prorogation des opérations transfrontalières. Sur ce dernier point, elle a réitéré l’appel du Secrétaire général de l’ONU que le Conseil de sécurité proroge le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière pour une période de douze mois.
Après avoir cette fois indiqué que les Syriens se heurtent à une grave crise économique, marquée par la hausse de l’inflation et les pénuries d’énergie et de carburant, Mme Rochdi a assuré que nombre de Syriens attendent avec impatience le vote qui aura lieu aujourd’hui à l’Assemblée générale pour que soit établi un nouveau mécanisme d’enquête sur les personnes disparues dans leur pays. Nous continuerons à soulever directement cette question dans nos échanges avec le Gouvernement syrien et toutes les parties concernées, a-t-elle affirmé.
Pour Mme Rochdi, tous ces éléments démontrent pourquoi il est si important qu’une diplomatie renouvelée se traduise par de véritables solutions pour répondre aux préoccupations immédiates du peuple syrien, instaurer un climat de confiance entre les parties et avancer vers une solution politique conforme aux décisions du Conseil de sécurité de la? résolution 2254. Nous avons porté ce message à tous les acteurs ce mois-ci, a-t-elle indiqué, citant la Commission syrienne des négociations à Genève, des hauts fonctionnaires américains, britanniques et européens, le Haut-Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité et les Ministres des affaires étrangères de la Jordanie, de l’Iraq, du Liban et de l’Égypte. L’Envoyé spécial attend avec intérêt de poursuivre l’étroite coopération en cours avec le Groupe de contact arabe, a-t-elle encore dit. À cet égard, elle a signalé que M. Pedersen poursuit ses efforts pour que soit convoquée de nouveau la Commission constitutionnelle à Genève ainsi que ceux relatifs au retour des réfugiés syriens chez eux.
Enfin, Mme Rochdi a noté qu’alors que ses efforts diplomatiques s’intensifient, il est de plus en plus important d’entendre la voix des Syriens eux-mêmes. C’est en ce sens qu’elle s’est félicitée d’avoir pu entendre le message sans équivoque délivré récemment à Bruxelles par des représentants de la « Civil Society Support Room » et du Comité consultatif des femmes syriennes. Il est clair que les Syriens veulent une solution politique qui préserve l’unité et la stabilité de leur pays, une solution qui vise à reconstruire le tissu social d’une manière qui réponde aux aspirations du peuple syrien, a-t-elle dit. En conclusion, elle a formé le souhait que, dans les semaines à venir, il soit possible pour les parties de se concentrer sur la manière de renforcer la confiance, de reprendre le processus politique intra-syrien et de mettre pleinement en œuvre la résolution 2254.
M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence (OCHA), a dit être rentré hier de Damas, à l’issue de sa troisième mission en Syrie depuis les tremblements de terre de février. Il a indiqué que ce déplacement, qui visait à reprendre les discussions avec le Président Bashar Al-Assad et le Ministre des affaires étrangères Fayçal Mekdad, a également été l’occasion d’entendre les responsables de l’ONU et des ONG sur le terrain. Il s’est par ailleurs rendu en Jordanie, où il a pu échanger avec le Ministre des affaires étrangères Ayman al-Safadi sur les dynamiques régionales.
Alors que les Syriens se réunissent aujourd’hui pour célébrer l’Aïd al-Adha, M. Griffiths a noté qu’ils le font « avec moins de nourriture dans leurs assiettes », douze années de conflit et d’effondrement économique ayant poussé 90% de la population sous le seuil de pauvreté. Face à ces difficultés, l’ONU et ses partenaires humanitaires disposent de moyens limités pour venir en aide aux plus vulnérables, a-t-il reconnu, regrettant à cet égard que le plan de réponse humanitaire de cette année, le plus important au monde avec 5,4 milliards de dollars, ne soit financé qu’à moins de 12%. Un déficit de 200 millions de dollars obligera le Programme alimentaire mondial (PAM) à réduire de 40% son aide alimentaire d’urgence en Syrie en juillet, a-t-il à nouveau averti, avant d’alerter également sur l’état de financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui ne dispose de fonds que pour 18% de son budget annuel, soit le plus bas niveau depuis le début de la crise en 2011. De fait, sans un soutien supplémentaire, les opérations de l’UNRWA risquent de s’arrêter d’ici à la fin du mois d’août, a-t-il prévenu.
Tout en se félicitant des milliards de dollars promis ce mois lors de la septième conférence de Bruxelles, le Coordonnateur des secours d’urgence a constaté que le soutien des donateurs reste à la traîne par rapport à la montée en flèche des besoins et des coûts opérationnels. Ces promesses doivent rapidement se transformer en contributions pour assurer le fonctionnement des programmes, a-t-il insisté, estimant qu’au-delà des questions humanitaires urgentes, l’expansion des activités de relèvement rapide représente le meilleur moyen pour la communauté humanitaire de soutenir l’avenir du peuple syrien. Pour cela, il faut un consensus international plus fort sur l’importance des programmes de relèvement rapide en Syrie, a plaidé M. Griffiths.
Dans ce contexte, marqué par une nette augmentation de la violence dans le nord-ouest du pays, notamment à Lattaquié et Edleb, le Secrétaire général adjoint a rappelé que la résolution du Conseil de sécurité sur l’aide transfrontière expirera le 10 juillet prochain et que le Secrétaire général a clairement réitéré son souhait de voir cette opération prorogée de douze mois supplémentaires. Grâce à elle, l’ONU et ses partenaires apportent chaque mois à quelque 2,7 millions d’hommes, de femmes et d’enfants parmi les plus vulnérables une assistance essentielle et vitale, a-t-il souligné. Alors que l’essentiel de cette aide passe par le poste frontière de Bab el-Haoua autorisé par le Conseil de sécurité, plusieurs semaines d’efforts ont abouti à ce qu’un convoi de 10 camions parti d’Alep atteigne Edleb en toute sécurité, avec une assistance pour quelque 22 000 personnes, a salué M. Griffiths. À ses yeux, cela vient rappeler que, pour le moment, les modalités d’approvisionnement par-delà les lignes de front ne peuvent remplacer en volume l’aide transfrontière. Il faudra selon lui plus de temps, de soutien et de négociations pour permettre à l’aide à travers les lignes de représenter une plus grande part de la réponse humanitaire totale dans le nord-ouest de la Syrie.
En revanche, a ajouté M. Griffiths, une autorisation pour douze mois supplémentaires permettrait en revanche d’obtenir de meilleurs résultats humanitaires dans les mois à venir, de garantir les flux d’aide tout au long de la saison hivernale et de préparer des programmes de relèvement rapide. Elle s’appuierait aussi sur le soutien sans précédent aux efforts humanitaires qui ont fait suite aux tremblements de terre de février. Outre le financement intégral de l’appel éclair de 397 millions de dollars lancé pour répondre à cette catastrophe, le Président Al-Assad a accordé à l’ONU l’accès à deux passages frontaliers supplémentaires, a-t-il rappelé, jugeant que cette autorisation du Conseil serait « une étape cruciale dans les efforts démontrables visant à améliorer la situation humanitaire dans toute la Syrie ».
M. VASSILI A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a assuré qu’il n’y a pas d’alternative au processus de règlement politique en Syrie qu’un processus piloté par les Syriens eux-mêmes avec le concours de l’ONU et dans le plein respect de l’intégrité territoriale du pays. Regrettant l’absence de progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2672, le représentant s’est dit préoccupé par la situation épouvantable des financements de l’ONU sur le terrain. L’attention des donateurs se concentre sur le nord-ouest qui n’est pas sous le contrôle de Damas, a-t-il relevé, accusant les États-Unis et leurs alliés d’avoir alloué autant de fonds à l’Ukraine que ce qui était demandé par l’OCHA en 2023 pour répondre aux besoins humanitaires dans le monde.
Évoquant enfin le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière, le représentant a estimé qu’il existait d’autres solutions, dont l’approvisionnement à travers les lignes de front. Ce mécanisme fonctionne comme un jeu à somme nulle qui n’offre aucun avantage au peuple syrien et n’a d’humanitaire que le nom, a-t-il estimé, ajoutant qu’il était utilisé de plus en plus pour saper la souveraineté de la Syrie. « Au nom de qui souhaitez-vous adopter cette nouvelle résolution sur le mécanisme? Pas pour les Syriens », a-t-il déclaré avant d’appeler les Occidentaux à renoncer à cette approche hypocrite.
M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a jugé « fondamental » que soit adoptée une résolution du Conseil de sécurité prolongeant de douze mois le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière à travers les trois points de passage. Le représentant a ensuite précisé que les bailleurs de fonds, y compris son pays, avaient annoncé, lors de la conférence de Bruxelles sur l’aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région, une enveloppe de 7 milliards de dollars. Il a ensuite encouragé les pays à décaisser les fonds promis pour aider le peuple syrien.
La meilleure façon de garantir la viabilité des opérations humanitaires, c’est le prolongement du mécanisme transfrontalier, a insisté le représentant, qui a accusé le « régime Al-Assad » d’être « un obstacle de taille » à la réponse humanitaire. De fait, ce régime et ses soutiens continuent de pilonner des hôpitaux, notamment à Edleb, a-t-il accusé, dénonçant dans le même temps le rôle de la Russie et la brutalité dont elle a fait preuve tout au long de ce conflit.
Sur le plan politique, le représentant a fait part de sa frustration que la dernière réunion de la Commission constitutionnelle remonte à treize mois, pressant le « régime » à reprendre ses réunions à Genève et à y participer en toute bonne foi. Enfin, il a exhorté la Ligue des États arabes à faire pression sur la Syrie pour faire la lumière sur le sort de 135 000 personnes disparues.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), au nom de la Suisse et du Brésil, en tant que pays porte-plume sur la situation humanitaire en Syrie, a énuméré les circonstances qui rendent cette situation très difficile dans toutes les régions du pays. Étant donné les statistiques affligeantes, notamment en ce qui concerne les enfants –dont deux millions ne sont pas scolarisés- elle a jugé fondamental que les promesses de financement aboutissent. Si l’autorisation accordée aux entités des Nations Unies d’utiliser les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï a permis d’avoir un accès plus direct et efficace aux populations touchées dans le nord d’Alep, « ces opérations ne sauraient se substituer au mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière », a pointé la représentante. La Suisse et le Brésil demandent donc une prorogation de douze mois par le Conseil, afin de garantir un accès sans entrave et permanent aux personnes dans le besoin et de favoriser les opérations de relèvement rapide.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), intervenant ensuite à titre national, a partagé la conviction que seule une solution politique, selon les paramètres définis par la résolution 2254 (2015), pourra mettre fin au conflit en Syrie. Elle s’est donc félicitée du soutien à la mise en œuvre de cette résolution, exprimé aussi bien dans la déclaration finale de la réunion d’Astana du 21 juin que dans les communiqués publiés par les acteurs régionaux - y compris dans le cadre de la Ligue des États arabes. La déléguée s’est jointe aux appels du Conseil en faveur d’une relance des travaux de la Commission constitutionnelle. Cependant, a-t-elle observé, les efforts de paix et de dialogue ne pourront porter de fruits sans un engagement de toutes les parties à la mise en place et au respect d’un cessez-le-feu national. Les hostilités, comme la dernière escalade à Edleb, continuent d’affecter la population civile, y compris les enfants, a pointé la déléguée, avant d’appeler toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire, puis d’exprimer son soutien à la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme et au Mécanisme international, impartial et indépendant.
M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique), au nom également du Gabon et du Ghana (A3), a demandé à toutes les parties au conflit de respecter les principes de distinction et de proportionnalité, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour épargner les populations civiles ainsi que les infrastructures, conformément au droit international humanitaire. Nous appelons également toutes les parties syriennes à s’engager dans un processus politique inclusif, impliquant tous les acteurs de la société, en respectant l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie et sans interférence étrangère, a-t-il ajouté. Les A3 demandent aux autorités syriennes de mettre un accent particulier sur le dossier des personnes enlevées ou portées disparues afin de trouver une issue humanitaire pour que les rescapés et les familles obtiennent des réponses. En outre, le représentant a réitéré le soutien des trois pays aux opérations de déminage, rappelant que celles-ci doivent être menées dans le respect des normes internationales afin de réduire les risques que présentent ces engins pour les civils et le personnel des Nations Unies.
Après avoir salué la tenue de la récente conférence des donateurs à Genève, lors de laquelle les pays ont pris l’engagement d’allouer 10 milliards de dollars d’aide humanitaire à la Syrie, le représentant s’est réjoui de l’ouverture de deux points de passage supplémentaires après le séisme, à Bab el-Salam et Raaï, jusqu’à la mi-août. Aussi a-t-il souhaité la prorogation du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière, dans l’intérêt du peuple syrien. « Nous espérons que la résolution sera renouvelée d’une manière qui donne amplement le temps à l’ONU et à ses partenaires humanitaires de planifier et d’exécuter avec succès l’opération », a-t-il précisé. Par ailleurs, les trois pays se félicitent du retour de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes. Dans le cadre de la coopération régionale, ce rapprochement pourrait permettre d’avancer sur la situation humanitaire et la question des réfugiés syriens dans les pays voisins.
M. GENG SHUANG (Chine) s’est félicité du fait que le Gouvernement syrien ait accepté d’ouvrir les points de passage de Bab el-Salam et Raaï pour permettre l’acheminement de l’aide au nord-ouest de la Syrie. Le représentant a toutefois estimé que le Conseil devrait tenir compte de l’évolution de la situation alors qu’il planifie ses travaux futurs. Selon lui, le mécanisme d’acheminement transfrontalier n’est qu’une « modalité exceptionnelle visant à répondre à une situation spécifique ». Il devrait être levé progressivement et laisser la place aux livraisons à travers les lignes de front, a-t-il dit, plaidant pour que ces dernières deviennent le principal moyen d’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie. Regrettant qu’il n’ait pas été possible de recourir davantage à cette modalité ces six derniers mois du fait de l’obstruction des parties qui contrôlent la partie nord-ouest du pays, il a appelé à plus de prévisibilité dans ces livraisons.
Le représentant a d’autre part noté que les restes explosifs de guerre restent une source de mort et une grave menace pour la sécurité des agents humanitaires. Il a donc appelé à ce que le déminage soit inclus dans les efforts de relèvement rapide et a invité les donateurs à revoir à la hausse leur financement de ces opérations. Le représentant a ensuite dénoncé l’attitude de « certains pays » qui demandent l’adoption d’une résolution sur la situation humanitaire en Syrie, alors qu’ils continuent d’imposer des sanctions unilatérales à ce pays. « Ce comportement hypocrite revient à réanimer un patient tout en l’étranglant », s’est-il indigné, exigeant la levée immédiate et sans condition de toutes les mesures unilatérales visant la Syrie.
Enfin, après s’être réjoui des résultats positifs de la dernière réunion d’Astana et du retour de la Syrie dans le giron de la Ligue des États arabes, le représentant a souhaité que la communauté internationale crée un environnement propice au dialogue et à la réconciliation entre Syriens, et a appelé les forces étrangères illégalement présentes en Syrie à quitter le pays.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que les douze années de guerre en Syrie avait fait plus de 500 000 morts et 130 000 personnes disparues. Cette guerre n’est pas terminée, a mis en garde le représentant. C’est pour cette raison que Bashar Al-Assad ne peut pas être réhabilité sans condition, a-t-il estimé, affirmant que ce serait antinomique avec une paix durable dans le pays.
Revenant ensuite sur la mobilisation française et européenne pour répondre aux besoins des Syriens, le représentant a rappelé que la France et l’Union européenne ont apporté 30 milliards d’euros à la société civile et aux Nations Unies en Syrie et dans les pays voisins depuis 2011. Ceux qui à cette table se montrent le plus sourcilleux sur les modalités de l’aide comme la Russie n’en fournissent en réalité aucune ou presque et se contentent de contribuer aux bombardements, a-t-il dénoncé.
Évoquant ensuite le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière, essentiel, le représentant a appelé à le renouveler. La réponse à la crise humanitaire ne peut pas se substituer à un règlement politique, a toutefois précisé le représentant, pour qui le régime doit faire des gestes tangibles afin qu’un véritable processus politique soit initié.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a estimé que, face à des besoins ont atteint leur plus haut niveau après douze années de conflit, le Conseil peut répondre de trois manières pour soutenir le peuple syrien. En premier lieu, il doit garantir un accès humanitaire prévisible et durable à 4,1 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie. La représentante a indiqué à cet égard que, lors de sa visite à la frontière turco-syrienne au début du mois, les acteurs humanitaires et les autorités locales lui ont fait part d’un besoin de davantage d’accès, pour des périodes plus longues. Saluant le passage d’un convoi transfrontalier la semaine dernière, la représentante a estimé que rien ne peut remplacer l’ampleur et la portée de l’opération d’aide transfrontière. Elle a également rappelé que le Secrétaire général a déclaré à plusieurs reprises que la prolongation de l’autorisation transfrontière du Conseil de sécurité pour au moins douze mois est un « impératif moral et humanitaire » et que les points de passage de Bab el-Haoua, Bab el-Salam et Raaï sont « essentiels » pour garantir une réponse efficace de l’ONU. À cette aune, elle s’est associée aux appels lancés au Conseil pour qu’il prolonge et étende son autorisation transfrontalière avant le 10 juillet, y voyant une approche non pas « maximaliste » mais humanitaire.
Pour la représentante, la deuxième réponse consiste à faire en sorte que les attaques contre des Syriens innocents cessent et qu’il y ait un cessez-le-feu à l’échelle nationale. Condamnant à ce propos les frappes aériennes aveugles menées sur un marché d’Edleb cette semaine, elle a noté que les autorités syriennes ont confirmé l’implication de la Russie. Cela montre un mépris total pour le bien-être du peuple syrien, a-t-elle dénoncé, avant d’appeler toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à protéger la population civile.
Enfin, la représentante a exhorté le régime syrien à s’engager dans la mise en œuvre effective de la résolution 2254 (2015), qui reste selon elle le cadre idoine pour parvenir à une paix durable et inclusive et apporter la stabilité dans la région.
M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a réitéré sa conviction selon laquelle il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit syrien, ainsi que son engagement à faire avancer un processus politique viable, durable, dirigé par la Syrie et appartenant à la Syrie, facilité par l’ONU, conformément à la résolution 2254 (2015). Pour que la Commission constitutionnelle syrienne s’attelle à la rédaction de la constitution sans délai supplémentaire, une volonté politique renouvelée, soutenue et visible doit aboutir, a-t-il observé, avec l’engagement ferme de toutes les parties de trouver un terrain d’entente, afin d’obtenir des résultats concrets au bénéfice du peuple syrien.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a notamment appuyé la proposition des autorités syriennes de maintenir ouverts les deux points de passage supplémentaires créés après le séisme, à Bab el-Salam et Raaï, ainsi que la prorogation pour douze mois du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière. Pour le délégué, le retour de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes implique que les autorités syriennes s’engagent à mettre sur pied un mécanisme transparent de justice de transition qui permettrait à la population de retrouver la voie de la réconciliation nationale et régionale. Il a par ailleurs salué le travail accompli par l’Envoyé spécial dans le cadre du processus d’Astana et appelé à son tour à la tenue d’un neuvième cycle de pourparlers au sein de la Commission constitutionnelle. Enfin, le délégué a jugé important que le plan d’aide humanitaire pour la Syrie en 2023 soit pleinement financé.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) s’est alarmé des besoins humanitaires en Syrie, où 15,3 millions de personnes dépendent de l’aide pour survivre, soit 40% de plus qu’en 2020. Lors de la septième conférence de Bruxelles sur l’aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région, qui a eu lieu à la mi-juin, le Japon a réaffirmé sa détermination à continuer de fournir une assistance adaptée aux besoins des citoyens syriens et des pays voisins. Cependant, a-t-il averti, il ne suffit pas d’envoyer des secours et de soutenir les efforts de redressement rapide: sans une solution politique qui s’attaque aux causes profondes du conflit, les besoins humanitaires ne feront qu’empirer. Le statu quo n’est pas une option pour le Japon qui regrette l’absence de progrès sur la voie politique syrienne. La résolution 2672 (2023) sur le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière expire dans dix jours, a rappelé le délégué, insistant sur le fait que cette aide est une bouée de sauvetage pour 4,1 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie. Selon lui, le Conseil doit renouveler ledit mécanisme pour au moins douze mois. Enfin, le délégué, notant que l’Assemblée générale votera aujourd’hui sur la création d’une nouvelle institution internationale chargée d’éclaircir le sort des personnes portées disparues, a espéré que le Gouvernement syrien ne rejettera pas d’emblée cette initiative mais qu’il coopérera avec les efforts de la communauté internationale.
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est inquiétée de la situation qui ne cesse de se détériorer en Syrie. Mentionnant les frappes qui ont eu lieu le 25 juin dans le nord-ouest du pays, elle a demandé une enquête indépendante sur cette attaque. La représentante a en outre regretté l’absence de volonté du « régime Al-Assad » qui empêche la réunion de la Commission constitutionnelle. Or, il n’y a pas d’alternative à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015), a-t-elle martelé. En attendant, a-t-elle poursuivi, il est naturel de répondre aux besoins humanitaires du peuple syrien, et le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière devrait être prolongé de douze mois à travers les trois points de passage. Enfin, s’agissant des personnes portées disparues, la représentante a souligné le caractère purement humanitaire de l’institution proposée aujourd’hui dans le cadre d’un projet de résolution à l’Assemblée générale.
M. DARREN CAMILLERI (Malte) a regretté qu’après des années de conflit, l’ampleur des besoins soit sans précédent. Malgré nos avis divergents au Conseil de sécurité, nous pouvons veiller à ce qu’une protection médicale et humanitaire soit fournie, a-t-il estimé. Le représentant s’est réjoui de la fourniture d’une assistance humanitaire le long de la ligne de front dans le nord-ouest de la Syrie, « une première depuis le séisme de février ». Il s’est également félicité de l’accord entre l’ONU et Damas pour que soient utilisés les passages de Bab el-Salam et Raaï. Mais nous savons que la transparence et l’ampleur du mécanisme transfrontalier à Bab el-Haoua n’ont pas d’équivalent, a-t-il souligné, appelant à renouveler ce mécanisme pour douze mois. « Opter pour moins reviendrait à politiser de manière cynique l’assistance humanitaire. » Le représentant a ensuite salué la promesse de la communauté internationale lors de la septième conférence de Bruxelles tenue ce mois-ci de donner 5,6 milliards d’euros pour soutenir les efforts humanitaires en Syrie et dans la région. « Chaque centime doit profiter au peuple syrien », a-t-il insisté. Enfin, le représentant a exprimé sa préoccupation face aux récentes frappes aériennes et a appelé à un cessez-le-feu au niveau national.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a souligné la nécessité de prolonger le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière de douze mois, sur la base des principes humanitaires et compte tenu des « immenses besoins ». Ceci est d’autant plus pertinent que le point de passage de Bab el-Haoua est considéré comme essentiel à cet égard, puisque 85% de l’aide passe par la frontière syro-turque, a-t-elle pointé. Qualifiant d’étape cruciale la récente décision du Gouvernement syrien de prolonger de trois mois l’ouverture de deux points de passage supplémentaires en réponse aux besoins résultant du tremblement de terre, la représentante a aussi pris note du passage d’un onzième convoi, pour la première fois depuis février de cette année, et quelques jours seulement avant la prorogation du mécanisme transfrontière. Réitérant ses appels à la multiplication de ces convois, elle a souligné que leur obstruction était « inacceptable », l’aide humanitaire ne devant en aucun cas être utilisée comme monnaie d’échange par l’une ou l’autre des parties sur le terrain.
M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a évoqué la séance de dialogue interactif informel tenue la semaine passée par les membres du Conseil et consacrée notamment à la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2672 (2023), en particulier les progrès réalisés dans l’acheminement de l’aide humanitaire aux Syriens. Il a fait état d’une augmentation des besoins, d’une grave crise de l’eau, qui a contribué à l’épidémie de choléra, et du manque d’électricité.
Le représentant a également mis en avant les mesures « exceptionnelles » mises en œuvre par son gouvernement à la suite du séisme du 6 février dernier, y compris sa décision « souveraine » d’ouvrir deux points de passage transfrontaliers supplémentaires, puis de prolonger leur ouverture pour trois mois, jusqu’au 13 août prochain. Il a en revanche déploré l’absence de progrès dans l’acheminement de l’aide à travers les lignes de front, accusant les groupes terroristes d’entraver l’acheminement de type d’aide et d’empêcher le passage de convois humanitaires vers le nord-ouest et ce, depuis le début de l’année. Il a en outre accusé certains États « hostiles », en coordination avec leurs « outils terroristes » dans le nord-ouest, d’avoir fait en sorte de ne laisser passer qu’un unique convoi avant le délai de la prolongation de résolution 2672.
Le représentant a estimé que l’augmentation limitée du nombre de projets de relèvement rapide et la réduction du financement ne pourraient pas répondre aux besoins immenses en Syrie. De même, il s’est inquiété de l’annonce par le Programme alimentaire mondial de la réduction du nombre de bénéficiaires faute de ressources suffisantes, regrettant que les donateurs n’aient pas honoré leurs engagements. Dès lors, a-t-il demandé, qu’est-ce qui pourrait augmenter la prévisibilité de l’aide? Est-ce honorer les engagements à financer le plan ou bien le renouvellement pour douze mois des points de passages transfrontière? La réponse est claire: il s’agit d’assurer le financement.
Enfin, le représentant a dénoncé l’instrumentalisation et la politisation de l’action humanitaire par les États-Unis et certains responsables de l’Union européenne.
M. AMIR SAEID IRAVANI (Iran) a noté que les rapports de l’ONU confirment que la décision du Gouvernement syrien d’ouvrir les points de passage frontaliers de Bab el-Salam et de Raaï jusqu’au 13 août a considérablement facilité l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations qui en dépendent pour vivre. Notant en outre que le rapport du Secrétaire général reconnaît que les sanctions unilatérales visant la Syrie sont des obstacles à la fourniture de l’aide humanitaire et à l’accès des populations vulnérables aux services publics les plus élémentaires, et que les « prétendues exemptions humanitaires » sont inefficaces et contreproductives, le représentant a souligné la nécessité urgente d’abroger « ces mesures illégales ». Il a aussi renouvelé son appel pour que l’aide humanitaire soit « fournie sans condition et conformément aux principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et de non-discrimination », ajoutant que « les considérations politiques ne doivent pas entraver l’acheminement de l’aide à ceux qui en ont besoin ».
D’autre part, l’Iran reste déterminé à coopérer avec ses partenaires au processus d’Astana pour parvenir à une normalisation à long terme et durable en Syrie. Au cours de la récente réunion tenue les 20 et 21 juin, les représentants de l’Iran, de la Russie et de la Türkiye, pays garants du format d’Astana, ont notamment souligné l’importance de faciliter le retour sûr, digne et sur une base volontaire des réfugiés et déplacés internes dans leurs foyers, a indiqué le représentant.
Pour le représentant, la lutte contre le terrorisme doit être menée dans le plein respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de la Syrie et ne pas servir de prétexte pour violer ces principes fondamentaux du droit international. Dénonçant la présence illégale de forces militaires étrangères en Syrie, y compris les forces américaines, qui, à la fois, constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international et la principale source d’insécurité dans le pays, il a appelé leur retrait immédiat et complet, afin de créer un environnement propice au règlement de la crise et au rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région.
M. SEDAT ÖNAL (Türkiye) a appelé la communauté internationale à traiter les différentes dimensions du conflit syrien de manière synchronisée et progressive. À cet égard, il a indiqué que son pays a participé la semaine dernière à la vingtième réunion du processus d’Astana, au cours de laquelle a été mise en exergue l’importance de protéger la souveraineté de la Syrie, de lutter contre les forces terroristes et de faire pièce à tout dessein sécessionniste, ainsi que la nécessité de permettre un retour sûr des réfugiés syriens et un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.
Le représentant a d’autre part appelé la Commission constitutionnelle à reprendre ses travaux sans délai afin de sortir de l’impasse politique actuelle. Revenant sur la question du terrorisme, le représentant a estimé que le PKK-YPG en Syrie constitue une menace majeure pour la stabilité et l’intégrité territoriale de ce pays, mais aussi pour les « intérêts sécuritaires existentiels » de la Türkiye. Dénonçant le fait que, depuis le début de l’année, cette organisation ait mené 67 attaques en territoire turc et dans des zones contrôlées par l’opposition en Syrie, il a assuré que son pays fera le « nécessaire » pour neutraliser cette menace et protéger ses frontières.
Le représentant s’est ensuite félicité de l’action menée par l’ONU pour atténuer les souffrances de la population syrienne, rappelant que, depuis les tremblements de terre de février, plus de 2 000 camions des Nations Unies ont traversé la frontière turque vers le nord-ouest de la Syrie. Il a estimé que les deux points de passage supplémentaires ajoutés au dispositif transfrontalier avaient démontré leur utilité. Il a cependant fait valoir que l’ONU et ses partenaires ont besoin de prévisibilité pour poursuivre leurs opérations, avant d’appeler les donateurs à remédier d’urgence aux besoins financiers du PAM et à appuyer les projets de relèvement rapide en Syrie. Pour la Türkiye, l’acheminement à travers les lignes de front est essentiel pour compléter ces efforts et doit être facilité par toutes les parties. Néanmoins, le mécanisme transfrontalier demeure vital pour des millions de Syriens dans le besoin, en particulier dans le nord-ouest dévasté par les séismes. La prolongation de l’autorisation du Conseil pour douze mois supplémentaires est donc d’une importance essentielle, a conclu le représentant, qui a appelé en outre à élargir la portée du mandat en y incluant d’autres points de passage, afin de contribuer à une plus grande prévisibilité des acheminements.