En cours au Siège de l'ONU

9304e séance – matin
CS/15258

Yémen: les membres du Conseil de sécurité et l’Envoyé spécial constatent une « dynamique positive » mais jugent que le vent pourrait encore tourner

Un vent d’optimisme prudent soufflait ce matin sur le Conseil de sécurité lors de son examen mensuel de la situation au Yémen au lendemain de la libération de près de 900 prisonniers liés au conflit dans ce pays, organisée dans le cadre d’une « dynamique positive » enclenchée par les efforts de médiation de l’Arabie saoudite et d’Oman.  À la suite de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Hans Grundberg, la plupart des membres du Conseil ont toutefois constaté qu’il restait encore « beaucoup à faire » pour instaurer la confiance et parvenir à un compromis.

Six mois après son expiration, la trêve conclue en avril 2022 entre les parties yéménites sous les auspices des Nations Unies continue de produire ses effets, se sont félicités tant l’Envoyé spécial que la plupart des membres du Conseil ou encore la Directrice adjointe de la Division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Mme Ghada Mudawi, qui a parlé d’un soulagement précieux pour les civils, lequel a fait naître l’espoir qu’une fin au conflit est possible.

De fait, ont relevé plusieurs délégations, le Yémen connaît la plus longue période de calme relatif de cette guerre ruineuse de huit ans.  Les vols commerciaux se poursuivent entre l’aéroport international de Sanaa et Amman.  La nourriture, le carburant et d’autres navires commerciaux continuent d’affluer à HodeïdaEn mars, le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies a autorisé 41 navires à destination des ports de la mer Rouge, transportant 825 000 tonnes de denrées alimentaires, de carburant et d’autres marchandises, soit le double des quantités enregistrées en janvier.

Nous assistons aujourd’hui, « sans aucun doute », à un tournant pour le Yémen, a ainsi estimé la Fédération de Russie, pour qui toutes les parties cherchent clairement à éviter une nouvelle escalade et sont sincèrement intéressées par la normalisation de leurs relations.  De la France aux A3 et de Malte aux Émirats arabes unis, les délégations ont salué les efforts et la mobilisation de l’Arabie saoudite et d’Oman, et en particulier la visite de leurs émissaires à Sanaa. 

L’évolution du contexte régional n’a pas été oubliée.  La Chine a ainsi rappelé qu’à la suite d’une réunion tenue à Beijing en mars, l’Arabie saoudite, alliée au Gouvernement yéménite, et l’Iran, soutien des rebelles houthistes, ont affiché leur volonté d’avancer sur la voie du dégel de leurs propres relations.  Elle y a vu un bon exemple de ce que peuvent accomplir les consultations et le dialogue dans le cadre des initiatives de sécurité à l’échelle régionale.  Le nouvel élan donné par les partenaires régionaux et internationaux a ravivé l’espoir d’un accord basé sur la démocratie et la bonne gouvernance, a résumé l’Équateur, qui a appelé à l’élaboration d’une feuille de route sur une transition politique ouverte à tous.  Les Émirats arabes unis ont exprimé la même idée, afin lancer un dialogue national sous les auspices de l’ONU. 

Il serait vraiment regrettable que les parties laissent passer le moment actuel sans parvenir à un accord, a insisté M. Grundberg, qui a aussi rappelé que, si elle reste constamment évoquée, la trêve était de toute façon censée être une mesure temporaire. « Nous n’avons jamais compté sur elle pour assurer un avenir pacifique au Yémen », a rappelé l’Envoyé spécial, qui a fait observer que certains événements récents étaient en outre venus rappeler que l’escalade peut rapidement anéantir des progrès durement acquis.  Il a ainsi rappelé que, même sans reprise majeure des combats, les activités militaires menées notamment dans les provinces de Mareb, Chaboua et Taëz avaient déplacé près de 10 000 personnes depuis le début du mois de mars. 

À sa suite, plusieurs membres du Conseil ont donc appelé les parties au conflit à faire preuve de retenue.  Plusieurs délégations ont aussi exigé la levée des restrictions imposées à la circulation des acteurs humanitaires, notamment du personnel féminin, surtout du fait des houthistes.  Le représentant du Yémen a une nouvelle fois émis des doutes sur la volonté des houthistes de « sortir de la crise qu’ils ont causée ».

En tout état de cause, seuls les Yéménites pourront apporter une paix pérenne au Yémen, ont souligné les États-Unis, qui ont appelé à soutenir les efforts des Nations Unies visant à rassembler les Yéménites dans le cadre d’un processus politique ouvert à tous, et à donner la priorité aux intérêts du peuple yéménite et à son avenir collectif, à placer au-dessus de toute autre considération. 

À court terme, la représentante de l’OCHA a rappelé que plus de 21 millions de personnes dépendent au Yémen d’une aide d’urgence et a exhorté les donateurs à verser rapidement les sommes promises en février, voire à accroître leur soutien.  À plus long terme, il reste beaucoup à faire pour stabiliser l’économie du Yémen, notamment en augmentant les revenus de la population, en intensifiant les efforts de déminage et en rétablissant les services de base, a ajouté Mme Mudawi.  Elle a également jugé essentielle la reprise des exportations de pétrole à partir des zones tenues par le Gouvernement pour renforcer les réserves de devises étrangères, une position soutenue par les États-Unis mais qualifiée de « fixation » par la Fédération de Russie. 

Enfin, s’agissant de la menace posée par le pétrolier FSO Safer, de nombreux intervenants ont mis en garde contre le coût de l’inaction, que ce soit sur le plan environnemental ou humanitaire.  Le navire de remplacement -le Nautica- devrait arriver dans la zone de la mer Rouge au cours de la première quinzaine de mai, a-t-elle précisé.  Cependant, des efforts sont toujours en cours pour mobiliser les fonds supplémentaires nécessaires pour ce projet.  Près de 30 millions de dollars restent cependant nécessaires pour garantir la pleine mise en œuvre de cette opération d’urgence, a toutefois rappelé la France.  Le Royaume-Uni a annoncé la tenue, le 4 mai, en partenariat avec les Pays-Bas et l’ONU, d’une conférence des donateurs en faveur du Yémen afin de répondre à l’actuel déficit de financement.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, s’est félicité que la trêve conclue l’an dernier entre les parties sous les auspices des Nations Unies continue de produire ses effets bien au-delà de son expiration il y a six mois.  En huit ans, il n’y pas eu une occasion aussi sérieuse de progresser vers la fin de ce conflit, s’est réjoui l’Envoyé spécial.  Mais, a-t-il averti, le vent pourrait encore tourner si les parties ne prennent pas des mesures plus audacieuses sur la voie de la paix. 

Les parties ont récemment montré que les négociations pouvaient donner des résultats, s’est félicité M. Grundberg, en référence à la libération, entre le 14 et le 16 avril, à la veille de l’Eïd al-Fitr, de près de 900 détenus, à la suite de l’accord conclu en Suisse entre les parties sous les auspices des Nations Unies et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). 

Les parties ont également convenu de se réunir à nouveau en mai pour progresser dans la réalisation de l’engagement qu’elles ont pris, dans le cadre de l’Accord de Stockholm, de libérer tous les détenus liés au conflit, a-t-il précisé.  Enfin, ils ont convenu d’effectuer des visites conjointes dans leurs centres de détention respectifs, notamment à Mareb et à Sanaa. À cet égard, l’Envoyé spécial a tenu à remercier également la société civile yéménite pour le rôle crucial qu’elle a joué en faveur de la libération des détenus ainsi que les Gouvernements suisse et jordanien pour le soutien qu’ils ont apporté à son bureau dans ce dossier. 

M. Grundberg a vu un autre signe encourageant dans le fait que de nombreux aspects de la trêve continuent d’être mis en œuvre alors qu’elle a expiré début octobre 2022. Le Yémen connaît ainsi la plus longue période de calme relatif de cette guerre ruineuse.  La nourriture, le carburant et d’autres navires commerciaux continuent d’affluer à HodeïdaLes vols commerciaux se poursuivent entre l’aéroport international de Sanaa et Amman. 

Pourtant, cela ne suffit pas, a tempéré l’Envoyé spécial, car les événements récents rappellent que l’escalade peut rapidement anéantir des progrès durement acquis.  Il s’est dit préoccupé par les récentes activités militaires à Mareb, Chaboua, Taëz et dans d’autres provinces.  C’est pourquoi, il a appelé les parties à faire preuve de la plus grande retenue, à s’abstenir de toute action provocatrice et à poursuivre le dialogue avec son bureau afin de garantir le maintien de la désescalade.

La trêve, bien qu’elle constitue une avancée importante, était censée être une mesure temporaire destinée à ouvrir la voie à des pourparlers politiques visant à mettre fin à la guerre de manière durable, a rappelé l’Envoyé spécial, qui a insisté sur le fait que « nous n’avons jamais compté sur elle pour assurer un avenir pacifique au Yémen ». 

C’est dans ce contexte que M. Grundberg entend poursuivre son engagement auprès des parties afin de définir les prochaines étapes vers un cessez-le-feu permanent et la réactivation d’un processus politique sous les auspices des Nations Unies.  L’Envoyé spécial a également discuté avec elles des mesures susceptibles d’améliorer la situation économique et humanitaire du pays.  Ces dernières semaines, il a rencontré des représentants des parties yéménites, ainsi que des responsables régionaux.  Il s’est ainsi rendu en Arabie saoudite et à Oman, ainsi qu’à Bruxelles et à Genève. 

Des discussions sont également en cours entre les parties prenantes régionales et yéménites, a expliqué M. Grundberg.  S’appuyant sur les résultats de la trêve, des représentants de l’Arabie saoudite et d’Oman se sont récemment rendus à Sanaa, où ils ont engagé un dialogue constructif. Les représentants saoudiens ont également eu des discussions productives avec les membres du Conseil présidentiel à Riyad.  Pour sa part, l’Envoyé spécial travaille en étroite collaboration avec les parties prenantes régionales et yéménites afin de veiller à ce que ces canaux alimentent les efforts de médiation et de fin de conflit déployés par les Nations Unies. Il a également salué la déclaration des Ministres des affaires étrangères saoudien et iranien, qui se sont engagés à Beijing à renforcer leur coopération sur les questions susceptibles de promouvoir la sécurité et la stabilité dans la région.  Il est dit convaincu qu’un environnement régional favorable renforcera les efforts de paix au Yémen. 

Tout nouvel accord au Yémen doit constituer une étape claire vers un processus politique dirigé par les Yéménites afin d’aboutir à une gouvernance responsable, une citoyenneté égale et une justice sociale et économique, a déclaré M. Grundberg, qui a rappelé que les priorités économiques, politiques et militaires doivent se renforcer mutuellement.  Il a fait observer que son bureau continue de dialoguer avec les délégués des parties au Comité de coordination militaire créé pendant la trêve. Il a également mentionné le travail avec la société civile yéménite, les acteurs de la sécurité et les experts pour préparer un cessez-le-feu applicable et durable, ainsi qu’une sécurité inclusive et responsable aux niveaux national et local.  Le Bureau de l’Envoyé spécial tente également de constituer un forum avec les acteurs économiques pour identifier conjointement des solutions aux défis économiques urgents.  Il consulte en outre les femmes, les jeunes et la société civile yéménites.

Il reste encore beaucoup à faire pour instaurer la confiance et parvenir à un compromis, a averti l’Envoyé spécial, pour qui il serait vraiment regrettable que les parties laissent passer le moment actuel sans parvenir à un accord.  C’est pourquoi il a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour que cette occasion délicate et rare ne soit pas perdue.

Mme GHADA MUDAWI, Directrice adjointe de la Division des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), a rappelé que ce mois-ci marque le premier anniversaire de l’annonce de la trêve au Yémen sous l’égide des Nations Unies.  Même après son expiration en octobre, la trêve a apporté un soulagement précieux aux civils, a-t-elle déclaré, et elle a fait naître l’espoir qu’une fin au conflit est possible. 

Aujourd’hui, une occasion sans précédent se présente de progresser davantage vers cette paix, a affirmé Mme Mudawi.  Elle a fait état d’un assouplissement continu des restrictions à l’importation ces dernières semaines, ce qui a permis l’entrée dans le pays d’un plus grand nombre de produits commerciaux dont les Yéménites ont besoin.  En mars, le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies a autorisé 41 navires à destination des ports de la mer Rouge, transportant 825 000 tonnes de denrées alimentaires, de carburant et d’autres marchandises, soit le double des quantités enregistrées en janvier, a-t-elle signalé. 

S’agissant du pétrolier FSO Safer, Mme Mudawi a annoncé que le 6 avril, un navire de remplacement -le Nautica- a pris la mer pour le Yémen, ce qui constitue une étape importante de l’opération coordonnée par les Nations Unies pour faire face à la menace posée par le FSO Safer.  Le navire devrait arriver dans la zone de la mer Rouge au cours de la première quinzaine de mai, a-t-elle précisé.  Cependant, des efforts sont toujours en cours pour mobiliser les fonds supplémentaires nécessaires pour ce projet, a rappelé Mme Mudawi, en donnant rendez-vous le 4 mai à la conférence des donateurs organisée par les Pays-Bas et le Royaume-Uni pour combler le déficit restant. Entre-temps, un prêt de 20 millions de dollars a été mis à disposition par le Fonds central pour les interventions d’urgence afin de permettre le démarrage de l’opération sur l’eau le mois prochain et d’éviter tout retard en attendant l’arrivée de nouvelles contributions.

Ces développements positifs arrivent à point nommé pour la population du Yémen, qui est confrontée à des menaces humanitaires multiples et graves avec plus de 21 millions de personnes qui dépendent d’une aide d’urgence, une situation aggravée par l’impact des récentes pluies torrentielles qui ont touché plus de 100 000 personnes dans tout le pays, a rappelé Mme Mudawi.  Bien qu’il n’y ait pas eu de reprise majeure des combats, l’escalade des affrontements à Mareb et Chaboua a déplacé près de 10 000 personnes depuis le début du mois de mars, a-t-elle observé.  Elle s’est inquiétée de voir des maladies évitables comme la rougeole et la polio se propager à un rythme dangereux, disant craindre que ces épidémies ne s’aggravent rapidement, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes, où il y a des obstacles croissants à la vaccination. 

La communauté humanitaire intensifie ses efforts en matière de lutte contre les mines et de soutien aux communautés déplacées pour qu’elles s’intègrent, se réinstallent ou retournent chez elles, a indiqué la représentante de l’OCHA, qui a averti que les progrès engrangés l’an dernier pourraient facilement être perdus en l’absence d’un financement durable.  Mme Mudawi a donc exhorté les donateurs à verser rapidement les sommes promises en février, voire à accroître leur soutien.  Ce n’est pas une mince affaire dans un contexte de restrictions budgétaires et de demandes croissantes, a-t-elle concédé, et alors que les donateurs s’inquiètent des restrictions et des interférences croissantes, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes. 

Faisant état des progrès humanitaires du mois dernier pour atteindre les zones mal desservies, Mme Mudawi a précisé que les agences onusiennes ouvrent un bureau à Taëz et mènent des missions dans des endroits reculés du pays.  Ces mesures positives s’inscrivent toutefois dans un contexte de difficultés d’accès importantes et chroniques, notamment dans les zones contrôlées par les houthistes.  Si ces difficultés finissent en général par être résolues, elles retardent indûment des missions essentielles, a fait observer la représentante de l’OCHA, qui a en outre déploré le manque de progrès sur la question des restrictions de mouvement imposées aux travailleuses humanitaires yéménites, là encore dans les zones contrôlées par les houthistes.  Au Yémen comme ailleurs, l’ensemble de notre personnel, y compris les femmes, est essentiel aux opérations humanitaires, a-t-elle martelé.

À plus long terme et au-delà des importations commerciales, la représentante de l’OCHA a insisté sur le fait qu’il reste encore beaucoup à faire pour stabiliser l’économie du Yémen, notamment en augmentant les revenus de la population, en intensifiant les efforts de déminage et en rétablissant les services de base.  La reprise des exportations de pétrole à partir des zones tenues par le Gouvernement est essentielle pour renforcer les réserves de devises étrangères. 

Mme Mudawi a conclu en réclamant une action urgente sur trois points: un financement accru, un accès sans entrave et des investissements pour stabiliser l’économie. Mais plus que tout, les Yéménites ont besoin d’une paix durable et il est temps de l’instaurer.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est félicitée de la présence à Sanaa des délégations saoudienne et omanaise, qui représente un progrès dans les efforts visant à parvenir à un règlement du conflit yéménite.  Le retour de centaines d’anciens détenus dans leurs foyers est également un progrès bienvenu, a-t-elle relevé, avant d’estimer qu’une réponse humanitaire efficace reste essentielle, dans un contexte de sous-financement chronique de l’aide. 

À cette fin, le Royaume-Uni exhorte les autorités du Yémen à autoriser un accès humanitaire sans entrave et à réaliser une évaluation et un suivi indépendants des besoins, à sélectionner équitablement les prestataires de services et à autoriser la libre circulation des personnels humanitaires nationaux dans le nord du Yémen. 

Rappelant la menace posée par le pétrolier FSO Safer, la représentante a clairement pointé le coût de l’inaction, que ce soit sur le plan environnemental ou humanitaire.  Elle a en conclusion annoncé que le Royaume-Uni coorganisera, le 4 mai, une conférence des donateurs en faveur du Yémen, en partenariat avec les Pays-Bas et l’ONU, afin de répondre à l’actuel déficit de financement.

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit encouragé par les négociations en cours pour trouver une solution au conflit yéménite, notamment les pourparlers directs entre l’Arabie saoudite et les houthistes, avec la médiation du Sultanat d’Oman.  Il s’est également félicité de la libération de près de 900 détenus liés au conflit ce mois-ci, saluant les efforts de toutes les parties prenantes, en particulier ceux de l’Envoyé spécial et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Dans ce contexte, le représentant a appelé les parties à saisir ce moment pour parvenir à un cessez-le-feu national et à inclure toutes les couches de la population, en particulier les femmes, dans le processus politique.  Il a cependant dénoncé les « provocations incessantes » des houthistes, avant d’exhorter ces derniers à démontrer leur plein engagement dans le processus de paix.  Il importe aussi que la communauté internationale comble le déficit de financement nécessaire pour faire face efficacement à la grave crise humanitaire que connaît le Yémen, a-t-il poursuivi.  Il a regretté que des contraintes d’accès continuent d’être un obstacle majeur à l’acheminement de l’aide.  Il a également dit être particulièrement inquiet de l’obligation faite au personnel humanitaire féminin d’être accompagné par des tuteurs masculins dans les zones contrôlées par les houthistes. 

Le représentant a d’autre part appelé à redoubler d’efforts pour soutenir l’économie du Yémen afin de réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’aide humanitaire extérieure.  Selon lui, un règlement pacifique du conflit permettrait d’augmenter le nombre de vols en provenance et à destination du Yémen, d’ouvrir les ports aux marchandises essentielles et d’atténuer l’inflation.  Cela contribuerait en outre à faciliter la reprise des exportations de pétrole afin d’apporter les devises étrangères indispensables pour le paiement des salaires des fonctionnaires, a-t-il ajouté, avant de relever que les risques liés aux mines terrestres et aux restes explosifs de guerre freinent la productivité économique alors qu’un « semblant de normalité » se fait jour dans le pays.  Il a également dénoncé le danger que représente la désinformation dans les zones contrôlées par les houthistes, notamment au sujet des vaccins.  Enfin, s’agissant du pétrolier Safer, il a dit attendre avec impatience l’arrivée du transporteur de pétrole brut le mois prochain et a invité toutes les parties à coopérer avec l’ONU pour un transfert sûr et rapide. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que même si la trêve de l’an dernier n’a pas pu être renouvelée, celle-ci avait ouvert une fenêtre d’espoir.  L’esprit de la trêve s’est imposé et ses bénéfices continuent de se faire sentir, a-t-il affirmé.  Il a insisté sur l’importance de préserver les gains durement acquis, se félicitant notamment de la reprise des vols à destination et en provenance de Sanaa, de l’augmentation des activités portuaires et de l’échange de prisonniers.  Ces évolutions positives ont aidé à jeter les bases de la confiance entre les parties, a-t-il noté.  Il a salué les négociations qui ont eu lieu à Sanaa et a appelé les houthistes à faire preuve de bonne foi.  Un règlement inclusif doit inclure la participation de l’ensemble de la société civile yéménite, a-t-il insisté, appelant le Conseil à poursuivre son soutien à ce processus. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a constaté que, même après l’expiration de la trêve convenue entre les parties belligérantes au Yémen, des principes essentiels sont restés en vigueur, apportant un calme relatif.  Aujourd’hui, les parties au conflit, en particulier les houthistes, ont la responsabilité de maintenir et de développer les progrès réalisés en faveur de la paix au cours des 12 derniers mois, a-t-elle insisté, en les appelant à s’abstenir de toute provocation ou escalade et à s’engager de manière constructive dans un véritable dialogue en vue d’un cessez-le-feu durable et permanent. 

La représentante a salué les efforts de médiation déployés par Oman et l’Arabie saoudite en faveur de la paix au Yémen, et s’est dite encouragée par le fait que les parties s’engagent dans le dialogue.  En ce moment délicat, elle a insisté sur l’importance d’un processus yéménite inclusif, avec une participation pleine, égale et significative des femmes, des jeunes et de la société civile, sous les auspices des Nations Unies.  C’est le seul moyen de parvenir à une paix durable et pérenne, a-t-elle tranché, avant de constater que la situation humanitaire reste catastrophique et marquée par des entraves à l’accès à l’aide humanitaire, notamment des restrictions bureaucratiques. 

Malte appelle les houthistes à lever les restrictions de mouvement pour les travailleurs humanitaires et à s’engager avec la communauté humanitaire sur une voie acceptable. La représentante a demandé que les opérations d’aide puissent être menées sans interférence et que les autorités assurent la sécurité des travailleurs humanitaires et du personnel de soutien.  Sur une note plus positive, elle a salué l’accord récent sur l’échange de près de 900 détenus liés au conflit, ainsi que l’évolution positive de l’opération coordonnée par l’ONU visant le pétrolier FSO Safer.

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) s’est félicité de la dynamique positive actuelle au Yémen, dans un contexte favorable pour établir les bases d’une confiance entre les parties et une trêve qui se poursuit, « même si nous devons rester vigilants face à toute provocation ».  Le représentant a salué les efforts et la mobilisation de l’Arabie saoudite et d’Oman, ainsi que d’autres acteurs régionaux. 

Seule une solution politique durable permettra une amélioration tangible de la situation économique au Yémen et une atténuation de la crise humanitaire que subit son peuple depuis le début du conflit, a réaffirmé le représentant, qui a exprimé sa préoccupation face à la détérioration des conditions de travail et de sécurité du personnel humanitaire: les restrictions imposées aux personnels onusiens et humanitaires par les houthistes doivent cesser, y compris s’agissant des travailleuses humanitaires qui se voient imposer des tuteurs masculins. La France appelle également les houthistes à remettre en liberté, immédiatement et sans conditions, les personnels des Nations Unies et associés retenus. 

S’agissant de la situation du pétrolier Safer, la France se réjouit de l’acheminement en cours d’un navire sécurisé vers la mer Rouge, qui doit permettre d’effectuer le transfert de sa cargaison, a-t-il poursuivi.  Près de 30 millions de dollars restent cependant nécessaires pour garantir la pleine mise en œuvre de cette opération d’urgence, a toutefois rappelé le représentant, qui a appelé les États Membres et le secteur privé à redoubler d’efforts y compris dans la perspective de la prochaine conférence des donateurs, prévue début mai.

Mme MONICA SOLEDAD SANCHEZ IZQUIERDO (Équateur) a salué les démarches effectuées par l’Envoyé spécial et plusieurs pays de la région pour permettre de jeter les bases d’un processus politique au Yémen.  Le nouvel élan donné par les partenaires régionaux et internationaux a ravivé l’espoir d’un accord basé sur la démocratie et la bonne gouvernance, a observé la représentante, qui a vu dans la récente libération de prisonniers une concrétisation de ces efforts de dialogue. 

La représentante a ensuite appelé toutes les parties à lever les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire, dénonçant à son tour les contraintes imposées au personnel humanitaire féminin.  Face à la fragilité de la situation, elle a jugé essentiel que tous les acteurs puissent jouer leur rôle. 

Dans l’immédiat, il importe d’élaborer une feuille de route sur une transition politique ouverte à tous, de prendre en compte l’ensemble des besoins humanitaires et de remettre en place les institutions étatiques afin notamment de permettre à l’économie yéménite de se redresser.  À cette fin, la représentante a recommandé de travailler au maintien des accords obtenus au cours de la phase de trêve et de favoriser les consultations avec les femmes, pour que ces dernières puissent participer au processus de paix.  Pour favoriser l’accès de l’aide internationale, il faut aussi éliminer les obstacles qui continuent d’empêcher le fonctionnement normal des aéroports et des principaux ports du pays, a-t-elle plaidé, avant de se féliciter que la menace liée au pétrolier FSO Safer soit en voie d’atténuation grâce à l’arrivée prochaine d’un navire de remplacement. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a salué les nouvelles prometteuses apportées aujourd’hui, mais a rappelé que la crise humanitaire au Yémen persiste et pressé pour un accès sans entrave des opérations d’assistance humanitaire afin d’aider les personnes dans le besoin.  La représentante a, en outre, attiré l’attention sur le fait tragique que de nombreux Yéménites sont victimes du fléau des mines terrestres, qui constituent une grave menace pour la sécurité humaine.  Si le problème des mines antipersonnel n’est pas résolu, la vie des habitants du Yémen continuera d’être menacée, a-t-elle averti. 

La représentante a insisté sur l’importance de la mise en place d’institutions solides pour parvenir à une stabilité économique à long terme au Yémen.  Elle a estimé que le règlement des problèmes liés à la Banque centrale et à la monnaie allait également dans ce sens. 

Mme Shino a estimé que ce Conseil devait rester uni pour soutenir les progrès émergents mais fragiles au Yémen.  Cette occasion ne doit pas être manquée, a ajouté la représentante.  Pour sa part, le Japon continue de déployer des efforts diplomatiques et de fournir une assistance humanitaire et un soutien au renforcement des capacités afin d’instaurer la paix et la stabilité au Yémen, a-t-elle conclu.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit encouragé par l’évolution positive de la situation dans la région, notamment par la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran.  Il a félicité la Chine pour les efforts fructueux qu’elle a déployés en tant que médiateur de l’accord, avant de saluer aussi les efforts des Gouvernements de l’Iraq et d’Oman dans le cadre du processus de rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran. 

Le représentant a salué le récent accord conclu pour l’échange de près de 900 détenus liés au conflit, qui contribue, selon lui, à rétablir la confiance, et envoie un message fort selon lequel la paix est réalisable par la diplomatie et la négociation.  Pour capitaliser sur ce nouvel élan en faveur d’un règlement durable du conflit au Yémen, il a appelé les parties, et en particulier les houthistes à faire preuve de retenue, à s’abstenir de toute provocation et à accorder la priorité au peuple yéménite, déplorant à ce sujet la récente escalade militaire dans les provinces de Chaboua et de Mareb, qui a fait de nombreuses victimes dans les deux camps.  Il faut éviter un retour en arrière, a-t-il déclaré, arguant qu’une paix durable au Yémen ne peut être obtenue que par le dialogue et le compromis, et non par la force.  

Le chemin de la réconciliation doit également passer par un plan global de reconstruction économique, a poursuivi le représentant.  Cette reconstruction devrait impliquer la reconstruction des infrastructures du pays, la promotion des industries locales et la garantie que tous les Yéménites auront accès aux services de base et aux opportunités d’une vie meilleure, a-t-il fait valoir, soulignant que la communauté internationale joue un rôle essentiel dans le soutien de ces efforts.  Il s’agit à la fois de fournir les ressources nécessaires et d’apporter l’expertise pour aider le pays à relever ses défis et parvenir à une croissance et à un développement durables. 

Le représentant s’est dit préoccupé par la crise humanitaire prolongée qui affecte le Yémen.  Il a appelé la communauté internationale à agir de toute urgence pour assurer la sécurité alimentaire, ce qui est d’une importance capitale pour parvenir à la stabilité, renforcer la confiance et trouver des solutions durables.

M. GENG SHUANG (Chine) s’est félicité que l’Arabie saoudite, Oman et d’autres acteurs régionaux aient contribué à la désescalade des tensions au Yémen, en espérant que les bonnes décisions seront prises avec les compromis nécessaires pour avancer sur la voie du processus politique.  C’est pourquoi le représentant a appelé toutes les parties au conflit, et notamment les houthistes, à faire preuve de retenue et à éviter toute action susceptible de provoquer une nouvelle détérioration de la situation. 

Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à intensifier l’aide humanitaire au Yémen et à fournir des financements suffisants pour que les opérations puissent se poursuivre en l’absence de restriction à la liberté de mouvement des personnels concernés.  Il s’est aussi félicité des efforts déployés par l’ONU sur la question du pétrolier FSO Safer, souhaitant que les fonds nécessaires soient bientôt disponibles pour permettre le transfert de sa cargaison. 

À la suite d’une réunion à Beijing en mars, l’Arabie saoudite et l’Iran ont affiché leur volonté d’avancer sur la voie du dégel de leurs relations, une étape extrêmement importante pour le rétablissement de la coopération régionale, a fait valoir le représentant, qui y a vu un bon exemple de ce que peuvent accomplir les consultations et le dialogue dans le cadre des initiatives de sécurité à l’échelle régionale. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) s’est réjouie des événements récents, qui attestent de la volonté politique croissante de trouver une solution pacifique au conflit au Yémen, se disant convaincue que les opportunités actuelles peuvent se transformer en une paix durable.  Dans ce contexte, la représentante a salué l’échange de prisonniers négocié en Suisse et qui incarne, à ses yeux, non seulement une importante mesure de confiance entre les parties au conflit, mais également un renouveau d’optimisme pour des centaines de familles au Yémen.  Il est impossible de se lasser de ces images que nous avons tous visionnées au cours du week-end écoulé: celle d’un père prenant son fils dans ses bras ou celle d’un frère revoyant sa famille après plus de cinq ans. Tous seront réunis pour la fête de l’Eïd al-Fitr, a-t-elle noté. 

La représentante a considéré les pourparlers de paix menés actuellement à Sanaa comme un jalon positif.  Ces progrès bienvenus mais fragiles doivent ouvrir la voie à la concrétisation d’un règlement politique inclusif sous l’égide des Nations Unies, ainsi qu’à un dialogue national avec la participation de toute la société, a-t-elle estimé, avant de saluer le travail de l’Arabie saoudite et d’Oman. 

Néanmoins, la Suisse est également consciente du chemin qui doit encore être parcouru pour résoudre le conflit au Yémen.  C’est pourquoi la représentant a exhorté les parties à trouver rapidement des solutions concrètes qui bénéficieront à toute la population.  Dans ce contexte, elle a condamné les trop nombreuses restrictions auxquelles font face les acteurs humanitaires, notamment les femmes, appelant toutes les parties à faciliter l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire à la population civile dans le besoin, y compris l’accès aux femmes et aux enfants.  Elle a également jugé inquiétante la récente escalade de la violence, notamment à Mareb et à Chaboua, et exhorté les parties au calme et à la retenue.

Enfin, la représentante a salué les avancées dans la mise en œuvre du plan de sauvetage du pétrolier FSO Safer, en particulier le fait que le navire de remplacement Nautica ait mis le cap sur la mer Rouge.  S’il s’agit d’une étape clef, 29 millions de dollars manquent encore à l’appel pour achever la première phase de l’opération, a toutefois déploré l’intervenante, avertissant que, sans ce financement additionnel, il sera difficile d’éviter une catastrophe écologique qui pourrait entraîner des conséquences néfastes pour la paix dans la région. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a tout d’abord exprimé sa gratitude et son appui aux efforts de médiation déployés par l’Arabie saoudite pour mettre fin à la guerre au Yémen, notamment son action destinée à rétablir la trêve, à maintenir le cessez-le-feu et à améliorer la situation humanitaire et économique afin d’engager un processus politique inclusif entre les parties. Il a également salué les efforts d’Oman en vue d’une réconciliation entre les parties au conflit. 

Le représentant a, d’autre part, estimé que la récente libération de centaines de prisonniers et de personnes enlevées, rendue possible grâce aux efforts de l’Envoyé spécial et du CICR, donne un nouvel espoir quant à la possibilité de réaliser des progrès sur les plans humanitaire, économique et politique.  Il a remercié l’Arabie saoudite pour son geste humanitaire généreux, qui a conduit à la libération unilatérale de 104 prisonniers houthistes. 

À la lumière de ces développements positifs, les Émirats arabes unis soulignent la nécessité d’élaborer une feuille de route qui ouvre la voie au lancement d’un dialogue national sous les auspices de l’ONU.  Pour atteindre cet objectif, il importe de donner la priorité aux intérêts du peuple yéménite et à son avenir collectif, au-dessus de toute autre considération.  Il est également essentiel de s’engager dans le dialogue comme seul moyen de résoudre les différends jusqu’à ce qu’une solution pacifique soit trouvée, sur la base de l’initiative du Conseil de coopération du Golfe et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Après avoir appelé à mettre davantage l’accent sur la relance de l’économie yéménite, le représentant a exhorté les houthistes à lever toutes les restrictions imposées aux organisations humanitaires, y compris les contraintes imposées aux femmes. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a noté que la trêve du 2 avril 2022 avait lancé une période de calme relatif au Yémen, jeté les bases d’un renouvellement des efforts de paix tout en apportant des résultats concrets dans la vie des Yéménites.  Il s’est réjoui de constater que les conditions de la trêve sont toujours maintenues, en remerciant le Gouvernement yéménite pour la retenue dont il a fait preuve face aux attaques récentes des houthistes. 

Le représentant s’est félicité des efforts notables sur la voie de la paix accomplis à l’aune des visites des délégations omanaise et saoudienne à Sanaa, ainsi que de la libération, ce week-end, de près de 900 prisonniers dans un camp comme dans l’autre, ce qui s’inscrit dans le cadre des négociations en cours ces dernières années.  Les États-Unis appellent les parties à saisir cette occasion et à œuvrer à la conclusion d’un accord plus global qui ouvrirait la voie à un processus politique intrayéménite et ouvert à tous.  Le représentant a souligné que seuls les Yéménites pourront apporter une paix pérenne au Yémen, en appelant à soutenir les efforts des Nations Unies visant à rassembler les Yéménites dans le cadre d’un processus politique ouvert à tous. Il a espéré que ce processus portera sur la reddition de comptes, la réparation dans les cas de violation des droits humains et sur la participation des femmes. 

À ce moment décisif, la retenue est plus importante que jamais, a martelé le représentant en appelant à ne pas fermer les yeux sur la situation humanitaire grave qui prévaut au Yémen et en appelant la communauté des donateurs à combler le déficit humanitaire.  Il a également dénoncé les ingérences qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier de la part des houthistes et, « dans l’esprit du mois sacré du ramadan », il a appelé les autorités houthistes à libérer sans conditions les membres du personnel américain qui sont détenus de force depuis 18 mois. 

Quant au navire Nautica qui devrait permettre le transfert du pétrole brut du pétrolier FSO Safer, le représentant a appelé les donateurs à mobiliser davantage de financements pour combler le déficit qui empêche le début des opérations.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé qu’aujourd’hui, « sans aucun doute », nous assistons à un tournant pour le Yémen: toutes les parties cherchent clairement à éviter une nouvelle escalade et sont sincèrement intéressées par la normalisation de leurs relations, s’est-il félicité. Toutefois, ce processus est lent et fragile.  Avant de parler de lancement d’un processus politique à part entière, les acteurs yéménites doivent s’entendre sur un certain nombre de questions importantes, mais aussi réduire l’acuité de la crise humanitaire dans le pays.  Après avoir noté les progrès encourageants réalisés dans l’échange de prisonniers, le représentant a fait le pari que toute avancée supplémentaire dans ce domaine serait favorable à l’établissement d’un dialogue national véritable, avec la participation de toutes les principales forces politiques au Yémen, sous les auspices de l’ONU. 

M. Nebenzia a cependant déploré la « fixation » d’un certain nombre de ses collègues du Conseil de sécurité sur la nécessité de reprendre les exportations de pétrole yéménite, estimant que le moment n’est pas venu d’élaborer des ordres du jour nationaux, indépendamment de l’intérêt que certains auraient à continuer d’exploiter les ressources du pays. 

Le représentant a souhaité une résolution rapide du problème posé par le pétrolier FSO Safer, qui continue de poser une grave menace pour l’écosystème de la mer Rouge. En conclusion, il a rappelé les efforts constants déployés par la Fédération de Russie pour améliorer la situation et assurer une paix, une stabilité et un développement durables dans le golfe Persique, notamment ses propositions conceptuelles actualisées en août 2021 sur la création d’un système de sécurité collective dans cette région.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a indiqué que l’accord ayant ouvert la voie à une trêve sous l’égide de l’ONU avait suscité un grand espoir au sein de peuple yéménite, qui a cru qu’un pas de plus avait été fait vers un cessez-le-feu national.  Hélas, a-t-il déploré, cet espoir a volé en éclats quand les houthistes ont refusé de proroger la trêve.  Assurant que le Conseil présidentiel du Yémen continue de mettre en œuvre les dispositions de cette trêve, bien qu’elle ait expiré, le représentant a regretté qu’en dépit de ces concessions les houthistes aient fait échouer ces efforts de paix en attaquant des ports et des installations économiques et en menaçant la navigation internationale. 

Alors que des efforts diplomatiques s’intensifient, « nous avons l’occasion de tester le sérieux des houthistes et de voir s’ils veulent vraiment sortir de la crise qu’ils ont causée », a souligné le représentant. À cet égard, il a salué la poursuite des actions menées par l’Arabie saoudite et Oman pour alléger les souffrances du peuple yéménite et revitaliser les efforts de paix, jugeant essentiel de les soutenir pour parvenir à un règlement de la crise sur la base de l’initiative du Conseil de coopération du Golfe, du dialogue national inclusif et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2216 (2015). 

Pour le représentant, toute solution politique doit s’appuyer sur une évaluation d’ensemble de la situation, tout en s’attaquant aux causes profondes du conflit et en prenant en compte les répercussions humanitaires, économiques et sociales. Nous devons également briser le cycle de la violence et favoriser l’avènement d’un État démocratique civil, a-t-il poursuivi, affirmant compter sur un processus politique mené sous la houlette de l’ONU pour rétablir les institutions étatiques et faire advenir une paix durable. 

Le représentant a cependant accusé les milices houthistes de se livrer à une « escalade militaire », provoquant une nouvelle « tragédie humanitaire » et le déplacement de milliers de familles.  Faisant état d’actes terroristes, qui ont notamment pris pour cible des représentants des autorités de Taëz, il y a vu la preuve de l’absence de volonté d’apaisement des houthistes.  Après s’être félicité de la condamnation de ces attaques exprimée par le Conseil, il a souhaité que l’organe onusien réitère cette position et oblige les houthistes à revenir à la table des négociations.  Il a toutefois averti que, comme le passé l’a démontré, ces milices renient leurs engagements et violent de manière continue le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire. 

Le représentant a ensuite affirmé que le dossier économique est une priorité de son gouvernement, qui a engagé des réformes en vue de permettre aux institutions de fonctionner et de favoriser un redressement.  L’objectif, a-t-il expliqué, est de renflouer les caisses de l’État, d’accroître les recettes, de stabiliser la devise nationale, de créer des emplois et de renforcer la sécurité alimentaire, et ce, malgré des capacités très limitées.  L’économie yéménite s’est en effet réduite de 50% et les attaques contre des ports et des aéroports ont coûté depuis le milieu de l’an dernier 1 milliard de dollars au pays.  Se disant inquiet de la dégradation des conditions de vie des Yéménites, il a dénoncé les restrictions qu’imposent les houthistes aux opérations humanitaires, ainsi que les menaces qu’ils font peser sur les populations et les impôts illégaux qu’ils prélèvent. 

Dans ce contexte difficile, le représentant s’est néanmoins félicité du parachèvement de la première phase de libération de prisonniers avec le concours de l’ONU et du CICR.  Il s’est réjoui que des familles aient ainsi pu être réunies et a formé l’espoir que ces efforts permettront d’atténuer la crise humanitaire et de parvenir à une paix pérenne, avec le soutien de la coalition conduite par l’Arabie saoudite et de la communauté internationale. 

Le représentant a, enfin, salué les progrès réalisés dans l’opération de sauvetage du pétrolier FSO Safer.  Précisant qu’un navire est en route pour le transvasement de la cargaison de pétrole, il a invité les États Membres à contribuer au financement de l’opération pour que le plan des Nations Unies soit mené à bien et qu’une catastrophe soit évitée. 

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