Le Conseil de sécurité examine la situation en Somalie sous l’angle du programme pour les femmes et la paix et la sécurité
Le Conseil de sécurité s’est penché, ce matin, sur la situation en Somalie. À l’initiative de sa présidente maltaise, signataire de la Déclaration sur les engagements partagés du 31 août 2021 concernant la question des femmes et de la paix et de la sécurité, la séance était axée sur ce thème phare du Conseil depuis plus de 22 ans.
La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Sima Sami Bahous, a ainsi rappelé aux membres du Conseil qu’eux-mêmes ont identifié que la participation et le leadership politiques des femmes forment une condition préalable à l’édification de sociétés plus inclusives et contribuent à la paix comme au développement durable. « Or, s’est-elle inquiétée, le quota de 30% de femmes au parlement n’a toujours pas été atteint, leur représentation, qui était passée de 14 à 24% lors des élections de 2016, ayant même baissé en 2022 de 80 à 67 élues au sein des deux chambres du Parlement fédéral ». Ce déclin touchant également les assemblées de certains États membres de la fédération, Mme Bahous a demandé aux membres du Conseil de ne plus se contenter d’appeler à une participation significative des femmes « mais de l’exiger » dans de multiples domaines allant du programme de stabilisation au processus de révision constitutionnelle, à la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité, sans oublier l’aide humanitaire. « Ce n’est que lorsque les femmes seront incluses dans tous les domaines de la vie publique que nous aurons une chance de parvenir à la paix », a-t-elle affirmé.
La Présidente du Conseil de sécurité, l’ambassadrice de Malte, a par ailleurs indiqué que la séance n’avait pu comprendre de représentante de la société civile en raison de risques de représailles et annoncé que le discours qui aurait dû être prononcé par une représentante du Mouvement pour l’égalité entre les sexes en Somalie (SGEM) serait distribué en tant que document du Conseil. « Les membres de la société civile doivent pouvoir être entendus sans crainte de représailles, de harcèlement ou d’abus », a souligné Mme Frazier. Dans le même esprit, Mme Bahous a exhorté les membres du Conseil à protéger l’espace de la société civile indépendante.
Se référant au rapport du Secrétaire général, sa représentante spéciale adjointe en Somalie, Mme Anita Kiki Gbeho, a indiqué que le Gouvernement et ses partenaires étaient récemment tombés d’accord sur un modèle fédéré de répartition des pouvoirs et d’administration de la justice. C’est dans ce cadre que pourra être tenu l’engagement du Gouvernement de mettre en œuvre le Programme conjoint pour la paix et la protection des femmes, codirigé par le PNUD et ONU-Femmes. Elle a insisté, elle aussi, sur l’importance d’atteindre le quota de 30%, ajoutant que l’ONU appuie les représentantes du peuple élues au sein d’un caucus établi il y a peu auprès de la Chambre haute du Gouvernement fédéral.
Les deux intervenantes n’ont pas manqué de souligner le fait dramatique que les femmes et les filles sont les plus touchées par l’addition dévastatrice de l’extrémisme violent et des sécheresses. « Il faut mener à bien les opérations contre les Chabab et intensifier la lutte contre les effets ravageurs de la sécheresse, sachant qu’insécurité et changements climatiques aggravent ensemble la situation humanitaire », a insisté Mme Gbeho, qui a en particulier évoqué la flambée de violence à Laascaanood, qui a, début février, provoqué le déplacement de près de 200 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants.
Avec plus de 550 tués par les Chabab, la Représentante spéciale adjointe a indiqué que 2022 avait été l’année la plus meurtrière depuis 2017. Elle a salué, dans ce contexte, les progrès enregistrés par le Gouvernement fédéral, lequel s’efforce de cibler les sources de financement et d’approvisionnement en armes des Chabab et de couper les canaux de diffusion de leur idéologie. Sur un plan stratégique, elle a dit l’importance d’une lutte contre les Chabab élargie à l’ensemble des zones touchées, pour permettre leur reconquête et leur stabilisation par le biais de l’intégration d’une composante réconciliation et justice.
Le rapport du Secrétaire général de l’ONU estime à 8,3 millions -soit la moitié de la population somalienne-, le nombre de personnes qui auront besoin d’assistance en 2023. Et si grâce aux bailleurs de fonds et aux ONG, plus de 7 millions de personnes en 2022 ont été aidées, la famine ne pourra de nouveau être évitée que si les pluies d’avril à juin sont suffisamment abondantes et si l’effort humanitaire international est maintenu. À date, près de 3 milliards de dollars sont requis pour aider plus de 6 millions de personnes dans le besoin.
Les États-Unis ont souligné que, face à la sécheresse, le Conseil de sécurité ne peut pas rester les bras ballants, ajoutant qu’ils ne pouvaient pas non plus « continuer à agir quasiment seuls », alors qu’ils financent déjà 80% des activité du Programme alimentaire mondial (PAM) dans toute la Corne de l’Afrique. Ils ont néanmoins annoncé 40 millions de dollars supplémentaires pour la Somalie pour faire face aux pénuries extrêmes d’aliments et pallier les effets de maladies mortelles.
Par ailleurs, Mme Gbeho a jugé essentiel que les États garantissent un financement prévisible et suffisant pour la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), cela pour accélérer les transferts de responsabilité en matière de sécurité. Le Chef de l’ATMIS, M. El-Amine Souef, a estimé que la Somalie était sur la bonne voie pour assumer la responsabilité de la sécurité après le départ de la Mission, prévu fin décembre 2024. Il a toutefois demandé pour « ces courageux jeunes hommes et femmes » des équipements pour combattre les Chabab avec une puissance de feu appropriée, ce qui, selon lui, ne sera possible que lorsque le Conseil tiendra compte des progrès déjà accomplis par la Somalie pour respecter les critères des sanctions et lèvera l’embargo sur les armes, une mesure réclamée par la Somalie et soutenue notamment par les A3.
Ces derniers ont en outre rappelé que la résolution 2670 (2022) adoptée en décembre dernier a prévu la convocation d’une réunion officielle sur la transition en Somalie au plus tard le 31 mars, avec la participation de la Somalie, de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’ATMIS, ainsi que des pays contributeurs de troupes, une occasion de constituer une plateforme unique pour discuter des moyens d’aligner les priorités entre l’ATMIS et le Plan de transition somalien.
LA SITUATION EN SOMALIE - S/2023/109
Déclarations
Mme ANITA KIKI GBEHO, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général à la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a déclaré que, depuis septembre 2022 et sa dernière intervention devant le Conseil, le Gouvernement fédéral avait réalisé des progrès dans la mise en œuvre les priorités nationales. C’est pourquoi elle a salué la dynamique actuelle pour ce qui est de la lutte contre les Chabab s’agissant du volet sécuritaire, et de l’allégement de la dette à l’horizon 2024 en ce qui concerne l’économie du pays. Elle a en outre indiqué que le Gouvernement fédéral et ses partenaires locaux étaient tombés d’accord sur un modèle fédéré organisant la répartition des pouvoirs et l’administration de la justice.
C’est dans un tel cadre, a souligné Mme Gbeho, que l’engagement du Gouvernement de mettre pleinement en œuvre le Programme conjoint pour la paix et la protection des femmes, codirigé par le PNUD et l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), pourra être tenu. Sur cette question, elle a insisté sur l’importance d’atteindre le quota de 30% de femmes dans la vie politique, l’un des moyens les plus sûrs de garantir à terme une représentation des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, dans tous les domaines de la vie publique somalienne. La Représentante spéciale adjointe a ajouté que l’ONU appuie les représentantes du peuple élues au sein d’un caucus établi auprès de la Chambre haute du Gouvernement fédéral.
Mme Gbeho a ensuite attiré l’attention sur la nécessité de mener à bien et jusqu’au bout les opérations en cours contre les Chabab et d’intensifier la lutte contre les effets dévastateurs de la sécheresse, sachant qu’insécurité et changements climatiques aggravent ensemble la situation humanitaire. La flambée de violence à Laascaanood début février, en provoquant le déplacement de près de 200 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, n’a fait qu’accroître les besoins des populations, a-t-elle dit. « L’ONU condamne cette escalade de la violence, appelle à la recherche de solutions politiques durables et à un accès humanitaire sans entrave pour répondre aux besoins les plus immédiats des déplacés ».
La Représentante spéciale adjointe a indiqué que 2022 avait été l’année la plus meurtrière en raison des agissements criminels toujours plus aveugles et violents des Chabab depuis 2017. Elle a cependant salué les progrès enregistrés par le Gouvernement fédéral, qui s’efforce de cibler les sources de financement, d’approvisionnement en armes et de diffusion de leur idéologie. Sur un plan stratégique, elle a dit l’importance d’une lutte contre les Chabab qui concerne l’ensemble des zones touchées, pour permettre leur reconquête et leur stabilisation par le biais de l’intégration d’une composante réconciliation et justice.
Par ailleurs, Mme Gbeho a réitéré les appels du Secrétaire général de l’ONU pour garantir un financement prévisible et suffisant pour la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), le jugeant essentiel pour accélérer les transferts de responsabilité en matière de sécurité.
Revenant sur la situation humanitaire, la Représentante spéciale adjointe a estimé à 8,3 millions -soit la moitié de la population somalienne-, le nombre de personnes qui auront besoin d’assistance en 2023. Grâce aux bailleurs de fonds et aux ONG, plus de 7 millions de personnes en 2022 ont été aidées, a-t-elle salué, ajoutant toutefois que la famine ne pourrait de nouveau être évitée que si les pluies d’avril à juin sont suffisamment abondantes et si l’effort humanitaire international est maintenu. À date, a-t-elle encore signalé, près de 3 milliards de dollars sont requis pour aider plus de 6 millions de personnes dans le besoin.
Enfin, Mme Gbeho a insisté sur la nécessité de voir le Gouvernement fédéral progresser sur la voie de l’édification de l’État et de la consolidation de la paix. L’achèvement du processus d’examen de la Constitution, qui doit être inclusive et basée sur le consensus, est un premier préalable à ces succès. Concluant son intervention, elle a assuré la Somalie du soutien de l’ONU pour que se réalise la vision d’une nation somalienne, sûre, stable et pacifique.
M. MOHAMMED EL-AMINE SOUEF, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine en Somalie et Chef de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), a assuré le Conseil de sécurité que l’engagement de l’Union africaine à soutenir la Somalie est solide et durable et s’étendra au-delà de la durée de vie de l’ATMIS dont le mandat s’achève le 31 décembre 2024. Il a relevé que depuis le dernier compte rendu de l’ATMIS en septembre 2022, la Somalie a continué d’enregistrer des progrès significatifs sur ses principales priorités nationales, en particulier celles décrites dans le plan de travail en six piliers du Gouvernement fédéral. Le Représentant spécial a salué la tenue de réunions du Conseil consultatif national, dont la dernière, en décembre dernier, a rassemblé les représentants du Gouvernement fédéral et des États membres de la fédération, à l’exception du Puntland qui a précisé sa volonté de poursuivre le dialogue avec le Gouvernement fédéral. La candidature de la Somalie à l’adhésion à la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et à la zone de libre-échange continentale est un bon indicateur de la prospérité qui attend la Somalie dans les années à venir, a-t-il dit.
M. El-Amine Souef a affirmé que les Chabab sont maintenant soumis à d’immenses contraintes opérationnelles et qu’ils perdent du terrain. Ce groupe ne parvient pas à maintenir ses forces et perd le soutien des communautés locales qui rejoignent de plus en plus l’offensive du Gouvernement fédéral. Il a précisé tout de même que les Chabab conservent toujours la capacité de mener des opérations décisives, y compris en usant d’engins explosifs improvisés, ainsi que par le biais d’embuscades, d’enlèvements, d’assassinats et de tirs indirects. Il s’est aussi inquiété de voir que les Chabab utilisent des drones commerciaux susceptibles d’être armés, comme le font d’autres groupes terroristes ailleurs. Il a salué le récent sommet entre Djibouti, l’Éthiopie et le Kenya, convoqué par la Somalie pour faire face aux Chabab.
Au sujet du mandat de l’ATMIS, le Représentant spécial a évoqué la soumission d’un plan de reconfiguration détaillé et réaliste au Gouvernement fédéral. Les forces de l’ATMIS participent à l’offensive contre les Chabab grâce à des hélicoptères qui fournissent un soutien aérien rapproché et aident à l’évacuation des blessés, tout en contribuant à des activités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance. Alors que la Somalie est sur la bonne voie pour atteindre son objectif de 15 000 forces nouvellement formées cette année, M. El-Amine Souef a salué le retour récent de 3 500 soldats formés par l’Érythrée, dont certains ont déjà été déployés sur les lignes de front. La formation de troupes somaliennes se poursuit en Égypte, en Éthiopie, en Türkiye et en Ouganda. Il a estimé que la Somalie est sur la bonne voie pour assumer la responsabilité de la sécurité après le départ de l’ATMIS d’ici à décembre 2024. Néanmoins, « ces courageux jeunes hommes et femmes doivent être soutenus » par des équipements pour combattre les Chabab avec une puissance de feu appropriée et des munitions adéquates, a-t-il plaidé. Et cela ne sera possible que lorsque ce Conseil tiendra compte des progrès déjà accomplis par la Somalie pour respecter les critères des sanctions et « lèvera l’embargo sur les armes ».
Le Représentant spécial a relevé qu’en vertu de la résolution 2670 (2022) du Conseil de sécurité qui accepte la demande du Gouvernement fédéral de retarder le retrait de 2 000 troupes de l’ATMIS jusqu’en juin de cette année, rien n’avait été dit sur le financement nécessaire pour soutenir la prolongation de six mois de cette mesure jusqu’en juin 2023. Il a constaté que les partenaires clefs, y compris l’Union européenne, n’ont indiqué aucun nouveau financement. Il s’est dit profondément préoccupé par le manque de financement disponible pour l’ATMIS et les forces de sécurité somaliennes. Il a souhaité que cette question soit abordée dans le cadre plus large du financement des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine. En attendant, l’ATMIS reste engagée à continuer de fournir des services humanitaires et à contribuer à la formation sur la protection des droits humains et pour soutenir les efforts visant à faire progresser la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité.
Mme SIMA SAMI BAHOUS, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a déclaré que la tendance mondiale au recul de la participation des femmes aux questions de paix et sécurité dénoncée dans le rapport annuel du Secrétaire général il y a cinq mois s’appliquait aussi à la Somalie. Jugeant les prévisions générales relatives à la Somalie « désastreuses », Mme Bahous a rappelé que cette situation faite de déplacements et d’insécurité alimentaire exacerbe la violence sexiste.
La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a rappelé que, ces dernières années, nombre de membres du Conseil avaient, en examinant la situation en Somalie, insisté sur l’importance du quota de 30% de femmes au Parlement et de la nouvelle législation sur les violences sexuelles. Ces deux questions ont été une priorité absolue pour l’ONU en Somalie et au Siège, a-t-elle rappelé. Or, alors même que la participation et le leadership politiques des femmes sont une condition préalable à des sociétés plus inclusives et à la paix et au développement durables, ce quota n’a pas été atteint. Au contraire, la représentation des femmes, qui était passée de 14% à 24% lors des élections de 2016, a baissé en 2022 de 80 à 67 élues au sein des deux chambres du Parlement fédéral. Ce déclin concerne aussi le Gouvernement, dont seuls 13% des membres actuels sont des femmes, et les parlements des États: chute de 22% à 15% dans l’Assemblée de l’État du Sud-Ouest, taux de représentation à un chiffre au Puntland et à HirChébéli et aucune femme élue parmi les 82 sièges de la Chambre des représentants du Somaliland en 2021.
Dans le même temps, les violences sexuelles ont augmenté de manière alarmante depuis 2020 et le projet de loi sur les infractions sexuelles adopté à l’unanimité par le Conseil des ministres il y a cinq ans n’a toujours pas été adopté par le Parlement, a déploré Mme Bahous. Pire, ses opposants font pression en faveur d’une législation alternative qui légaliserait le mariage des enfants, omettrait l’âge du consentement, réduirait les types de preuves admissibles et supprimerait les droits des survivants, a-t-elle poursuivi.
Chaque femme somalienne de la société civile que ce Conseil de sécurité a invité lors des séances d’information ces dernières années a averti que cela se produirait, a expliqué pourquoi, et a fourni des idées détaillées des mécanismes qui devraient être mis en place pour que les 30% soient atteints, a fait observer la Directrice exécutive d’ONU-Femmes. Or, à l’exception d’une réduction partielle des frais de candidature, ces idées n’ont pas été mises en œuvre.
Mme Bahous a rappelé que les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par la pire sécheresse que le pays a connu depuis plusieurs décennies. L’ONG CARE International a ainsi constaté une augmentation de 200% des cas de violence sexiste parmi les personnes déplacées par la sécheresse par rapport à l’année précédente. ONU-Femmes note que les femmes assument des charges économiques accrues, sautent des repas, se retrouvent séparées de leurs maris ou abandonnées par eux, et sont plus vulnérables aux agressions sexuelles lorsqu’elles parcourent de plus longues distances pour aller chercher de l’eau et du bois de chauffage.
Mme Bahous a fait remarquer que la plupart de ces actes restent impunis dans un système où 80% des cas de violences sexuelles ne parviennent pas au système judiciaire, qui compte en outre moins de 1% de juges féminins. En outre, les femmes et les filles ne sont pas prioritaires dans la distribution de l’aide et les organisations locales de femmes reçoivent rarement des fonds. « Où sont les femmes dans la gestion des camps » de personnes déplacées? a-telle demandé, rappelant qu’en Somalie comme ailleurs, la participation des femmes aux structures de direction et de gestion de ces derniers a baissé entre 2020 et 2021.
La violence contre les femmes et les filles en Somalie est aussi très liée au conflit avec les Chabab et l’État islamique, et liée aux disputes interclaniques, a poursuivi Mme Bahous, qui a rappelé que les Chabab enlèvent des femmes et des filles, forcent les familles à leur donner leurs filles en mariage et occupent les hôpitaux et les maternités. Les femmes somaliennes paient le prix fort pour défendre leurs droits, a-t-elle ajouté, rappelant que les Chabab avaient mené des attaques pour perturber les élections parlementaires, y compris en s’en prenant à des femmes candidates ou militantes.
Et pourtant, a poursuivi Mme Bahous, aucune des listes dressées depuis 2014 par le Comité des sanctions relatives à la Somalie ne mentionne les violences sexuelles ou les droits des femmes. Ces sanctions continuent d’être aveugles aux questions de genre, a-t-elle déploré.
Mme Bahous a demandé aux membres du Conseil de ne plus simplement appeler à une participation significative des femmes, mais de l’exiger, en étant plus précis sur ce qu’ils attendent. Pour elle, cela inclut la participation des femmes non seulement aux élections, mais aussi au programme de stabilisation, lequel est une « priorité actuelle essentielle » pour le Gouvernement fédéral et les États membres de la Somalie, la participation à la fonction publique, à la révision constitutionnelle, aux réformes des secteurs de la justice et de la sécurité et à tous les efforts liés à la consolidation de la paix, au renforcement de l’État, à la prévention de l’extrémisme violent, à l’alerte précoce, à la justice transitionnelle et à l’aide humanitaire. Ce n’est que lorsque les femmes seront incluses dans tous les domaines de la vie publique que nous aurons une chance de parvenir à la paix, a-t-elle insisté.
Mme Bahous a fait observer au Conseil qu’en agissant ainsi, il amplifiera les voix en Somalie qui luttent pour ces objectifs, ce qui inclut le Gouvernement, « car ce sont les objectifs du premier plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité adopté par le Gouvernement il y a six mois, avec le soutien d’ONU-Femmes », ainsi que les plans d’action locaux sur lesquels ONU-Femmes travaille avec certains des États fédérés.
Mme Bahous a enfin appelé les membres du Conseil à continuer à protéger l’espace de la société civile indépendante, « en première ligne ». « Vous avez l’occasion de prendre des mesures décisives et de soutenir les femmes et les jeunes filles de Somalie à ce moment critique; je vous exhorte à la saisir », a-t-elle conclu.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est dite profondément préoccupée par les développements à Laascaanood. Avec ses partenaires, le Royaume-Uni a soutenu les négociations de cessez-le-feu entre les parties et publié des déclarations appelant à la retenue, au dialogue, à la protection des civils et à un accès humanitaire sans entrave, a-t-elle indiqué avant d’encourager tous les membres du Conseil à faire de même. « Les problèmes à Laascaanood nous rappellent que nous devons aider la Somalie à progresser sur les questions fondamentales du partage du pouvoir et des ressources, y compris la finalisation de la Constitution », a-t-elle déclaré ajoutant qu’il s’agit là d’éléments essentiels à la construction d’un État et à la sécurité à long terme. La représentante a estimé que pour y arriver, il va falloir encourager et soutenir les dirigeants somaliens, y compris dans les États membres de la fédération, pour qu’ils traduisent les accords en résultats tangibles. Cela nécessite un travail technique de base avant les réunions, puis des mécanismes consultatifs afin de produire des modèles de gouvernance crédibles. Alors que la crise humanitaire se détériore, que la sécheresse devrait se poursuivre en 2023 et que l’on estime que plus de 227 000 personnes ont été déplacées au cours du seul mois de janvier, la représentante a appelé à continuer à travailler ensemble pour financer une assistance vitale, lever les restrictions d’accès et veiller à ce que l’aide parvienne à ceux qui en ont le plus besoin. Il y a, selon elle, « des raisons d’être optimiste » pour les mois à venir compte tenu des progrès accomplis par les forces de sécurité somaliennes dans la lutte contre les Chabab depuis l’élection du Président Hassan Sheikh.
M. DAI BING (Chine) a salué les succès des opérations de lutte antiterroriste menées au cours de la dernière année en Somalie. Il a toutefois regretté que le processus politique en Somalie semble rencontrer des difficultés significatives, avant d’appeler toutes les parties à agir dans l’intérêt du pays sur le long terme, à résoudre leurs différends par le dialogue et à créer des conditions qui permettront une transition politique. Il a également exhorté toutes les parties à un cessez-le-feu immédiat pour protéger les populations.
Concernant la menace représentée par les attaques terroristes, le représentant a fait valoir que les forces extérieures ne peuvent pas permettre à elles seules de créer une paix durable en Somalie et que c’est une question que les Somaliens doivent prendre en charge. À cet égard, il a estimé que l’ATMIS devra jouer un rôle central et a donc encouragé les grands bailleurs de fonds à fournir à la Mission des financements adéquats et prévisibles pour lui permettre de s’acquitter de son mandat.
Sur le front humanitaire, la Chine demande à la communauté internationale de tenir ses engagements en matière d’assistance et au Gouvernement somalien de lever les obstacles administratifs à un acheminement sans entraves de l’assistance humanitaire.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), s’est félicité des progrès réalisés par le Gouvernement fédéral de Somalie dans la réalisation des six piliers de ses principales priorités nationales pour la période 2022-2026. Le représentant a salué les nombreuses visites du Président somalien sur les lignes de front pour apporter son appui aux fonctionnaires et ses efforts de réconciliation. Il a préconisé la participation pleine et effective des femmes aux efforts de consolidation de la paix en Somalie.
Sur le plan sécuritaire, le représentant a demandé des ressources supplémentaires pour contrer les Chabab. Il faut aussi améliorer les relations entre le Gouvernement fédéral et certains États membres de la fédération, ainsi qu’entre certains éléments de l’opposition. Les pourparlers sur le statut du Somaliland ont également fait peu de progrès, a déploré M. Agyeman, qui a ajouté que le déficit de financement pour la mise en œuvre du plan stratégique de Somalie et le mandat de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), continue d’être un obstacle important.
Les A3 appuient l’appel lancé par l’ATMIS à ce Conseil et aux partenaires internationaux de la Somalie pour aider à combler le déficit supplémentaire de 15 millions de dollars créé par le report du départ de la Mission et la demande du Gouvernement somalien visant à obtenir des armements pour équiper les nouvelles unités des forces armées et améliorer leurs capacités opérationnelles, alors que les préparatifs sont en cours pour le départ complet de l’ATMIS d’ici à décembre 2024.
Rappelant la gravité de situation humanitaire provoquée par une sécheresse exceptionnelle, le représentant a exhorté les donateurs humanitaires à répondre à l’appel à l’aide d’urgence. Il a aussi soutenu les recommandations du sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Somalie, de Djibouti, de l’Éthiopie et du Kenya, tenu le 1er février 2023 à Mogadiscio, y compris l’accord conclu pour mener des opérations conjointes dans les zones encore sous le contrôle des Chabab. Il a prié le Conseil de sécurité de lever l’embargo sur les armes imposé à la Somalie. Avec le départ programmé des troupes de l’Union africaine, il est impératif que les forces de défense et de sécurité somaliennes soient en mesure de remplir leur devoir souverain de sécurisation de leur territoire, a-t-il déclaré.
Enfin, le représentant a rappelé que la résolution 2670 (2022) a prévu la convocation d’une réunion officielle sur la transition en Somalie au plus tard le 31 mars, avec la participation de la Somalie, de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’ATMIS, ainsi que des pays contributeurs de troupes. Pour les A3, une telle réunion pourrait constituer une plateforme unique pour discuter des moyens d’aligner les priorités entre l’ATMIS et le Plan de transition somalien.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis), estimant que construire la paix « c’est plus que prévenir la guerre », a appelé à la mise en place d’une véritable architecture politique pour accompagner la Somalie sur la voie de sa reconstruction. Selon elle, l’ONU doit continuer d’appuyer le pays dans la mise en œuvre des réformes politiques, sécuritaires, judiciaires et économiques inclusives que le Gouvernement fédéral s’est engagé à promouvoir. Le défi sécuritaire le plus important de la Somalie continue d’être le terrorisme, a poursuivi la représentante, saluant les efforts de longue date du pays, de l’ONU et de l’Union africaine (UA) pour lutter contre les Chabab. Elle a appelé à la sécurisation accrue des zones anciennement contrôlées par les terroristes, ainsi qu’à une reconquête de ces mêmes zones prévoyant une fourniture pérenne et inclusive des différents services publics. Ceci est essentiel pour réduire l’influence des Chabab qui exploitent à leurs fins criminelles tout vide laissé par l’État, a-t-elle averti. Elle a en outre estimé que le partenariat avec l’UA-ATMIS restait l’une des clefs pour renforcer la sécurité et la stabilité de la Somalie. Enfin, Mme Nusseibeh a déclaré que l’intensification de l’aide humanitaire serait, en 2023, une mise à l’épreuve de l’engagement de la communauté internationale envers la Somalie.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a salué les avancées sur le plan de la sécurité, puisque 78 villes de Somalie ont été libérées du joug brutal des Chabab, tout en regrettant la perte en vies humaines. Elle s’est félicitée des engagements récents pris par la Somalie et ses voisins pour élargir les opérations contre les Chabab et les faire progresser vers le sud. À ce titre, elle demandé aux partenaires internationaux d’appuyer la Somalie dans ses efforts de constitution de forces nationales. Il faut des interventions de stabilisation urgentes dans les territoires nouvellement libérés, a-t-elle souligné, en saluant les efforts de la MANUSOM pour accompagner la réforme, l’état de droit et la gouvernance, ce qui permettra de jeter les bases d’une paix et d’une sécurité durables en Somalie.
Les États-Unis appuient l’objectif du Gouvernement somalien concernant le retrait de l’ATMIS à la fin de 2024, a indiqué la représentante, tout en reconnaissant le rôle essentiel joué par cette mission dans la lutte contre les Chabab. Avant ce retrait, elle a exhorté l’ATMIS à poursuivre son soutien à la Somalie, en coopération étroite avec les partenaires somaliens.
Saluant les progrès réalisés vers le fédéralisme et la réconciliation politique, Mme Thomas-Greenfield a félicité les États membres de la fédération et le Gouvernement fédéral s’agissant des avancées en matière d’architecture de la sécurité nationale et des élections dans le sud du pays. Elle a jugé urgent de lancer la désescalade dans la province de Sool, d’y protéger les civils et d’assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave, et elle a appelé les parties à régler leurs différends par le dialogue.
Face à la sécheresse, le Conseil de sécurité ne peut pas rester les bras ballants, a estimé la représentante qui a rappelé que les États-Unis financent 80% du montant des opérations du Programme alimentaire mondial dans la Corne de l’Afrique. Ils vont fournir 40 millions de dollars supplémentaires à la Somalie pour faire face aux pénuries extrêmes d’aliments et pallier les effets de maladies mortelles, mais la famine pourrait revenir sans l’appui de bailleurs de fonds supplémentaires, a mis en garde Mme Thomas-Greenfield. Il s’agit d’une responsabilité collective, a-t-elle affirmé, en insistant sur le fait que les États-Unis ne peuvent pas continuer à agir quasiment seuls. Soyons ambitieux et luttons contre cette famine ensemble, a-t-elle conclu.
M. ALEXANDRE OLMEDO (France) a salué la détermination du Gouvernement somalien à lutter contre la menace des Chabab et condamné fermement les attaques terroristes conduites par ce groupe, y compris par l’emploi d’engins explosifs improvisés. Les efforts de stabilisation, de désarmement et de réconciliation devront se multiplier dans les zones reprises aux Chabab, a-t-il recommandé. Poursuivant, le délégué a fait part de sa préoccupation face aux violences qui se poursuivent à Laascaanood, dans la région de Sool, estimant urgent d’initier une désescalade, de protéger les civils et d’assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave. Sur le volet humanitaire, le délégué a prié les partenaires internationaux de soutenir le Plan de réponse humanitaire, qui nécessitera 2,6 milliards de dollars cette année pour prêter assistance aux Somaliens les plus vulnérables, notamment au vu de la dégradation de la situation humanitaire et des réels risques de famine. Il a assuré la Somalie du soutien de la France pour agir concrètement contre l’insécurité alimentaire. En décembre dernier, un navire du Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi acheminé 25 000 tonnes de blé offertes par l’Ukraine aux Somaliens, avec financement de la France à hauteur de 14 millions d’euros. Enfin, le délégué a exhorté les troupes somaliennes à « monter en puissance » pour assurer la sécurité du pays, appelant le Gouvernement somalien et les contingents de l’ATMIS à s’engager résolument dans la transition sécuritaire pour atteindre les objectifs de la résolution 2628 (2022) du Conseil de sécurité. C’est la condition, selon lui, pour que les Somaliens assument la responsabilité de leur propre sécurité à moyen terme et pour permettre le retrait définitif de l’ATMIS au 31 décembre 2024. D’ici là, il a encouragé les efforts de la Somalie, de l’Union africaine et de l’ATMIS pour mener à bien le retrait de 2 000 soldats de la Mission au 30 juin 2023, conformément à la résolution 2670 (2022).
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est dite encouragée par l’élan politique en faveur de la sécurité en Somalie, même si la situation humanitaire reste une préoccupation majeure. Elle a salué l’accord sur la répartition des prérogatives entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération, rappelant néanmoins que le processus doit inclure tous les États membres de la fédération. La désescalade et le dialogue sont la seule manière de procéder, a fait valoir la représentante, en appelant à intégrer les femmes et la jeunesse. Préoccupée par la capacité des Chabab de mener des attaques contre le Gouvernement, les forces de sécurité et les civils dans différents centres urbains, elle a jugé essentiel que les opérations militaires soient combinées à des mesures socioéconomiques dans les zones récemment reconquises afin d’éviter que le groupe terroriste n’en reprenne le contrôle. Elle a salué l’adoption de la nouvelle stratégie de lutte antiterroriste de la Somalie et des pays voisins. Préoccupée par les effets dévastateurs de la sécheresse sur les femmes et les enfants, qui représentent plus de 80% des personnes déplacées, la représentante a également dénoncé l’augmentation des violences sexistes et exhorté le Gouvernement fédéral à enquêter sur tous les cas de violence et à traduire les responsables en justice. Les sanctions ciblées permettent de cibler les auteurs de ces crimes, a-t-elle rappelé.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déclaré que pour faire avancer les priorités nationales de la Somalie, une participation pleine, égale et significative des femmes est essentielle. Il incombe de sauvegarder la participation de candidates à des fonctions politiques, ainsi que celle des représentantes élues, afin qu’elles puissent contribuer aux processus politiques à tous les niveaux, libres de menaces ou représailles. À cet égard, la représentante a souligné que le plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité et le plan d’action pour la mise en œuvre de la Charte des femmes somaliennes sont des instruments clefs. Pour elle, les voix des femmes, des jeunes et des minorités doivent se faire entendre sans entrave et être intégrées aux processus de décision et de la vie publique. Notant qu’une telle approche est importante pour la révision constitutionnelle, la discussion sur le partage du pouvoir et la réconciliation entre le Gouvernement fédéral et les États membres fédéraux, elle s’est félicitée de la tenue régulière des réunions du Conseil consultatif national. Après avoir encouragé le Parlement somalien à adopter sans délai le projet de loi sur les violences sexuelles de 2018, la représentante a soutenu que le respect du droit international doit être au cœur de la réponse à l’insécurité dans l’ensemble du pays. Elle a également déploré la poursuite des attaques des Chabab et d’autres groupes armés, reconnaissant les efforts du Gouvernement et de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) pour y faire face. Nous appelons tous les acteurs à assurer la protection des civils, a-t-elle dit. En outre, elle a rappelé, à l’aune de la flambée de violence actuelle à Laascaanood qui a provoqué un déplacement massif de femmes et d’enfants, que le respect du droit international humanitaire est impératif. La Somalie est au bord de la famine, a encore signalé la représentante, soulignant la nécessité que la communauté internationale continue à soutenir le Gouvernement dans sa réponse à la situation humanitaire. Pour que la Somalie soit « en paix avec elle-même », elle a répété que les femmes seront sans doute au cœur de l’engagement des acteurs, lesquels devront pouvoir continuer de compter sur le rôle crucial de la Mission d’assistance de l’ONU en Somalie (MANUSOM).
M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit préoccupé par les chiffres fournis dans le rapport du Secrétaire général indiquant que la Somalie a enregistré une augmentation significative du nombre de victimes civiles en 2022. Pour le représentant, les pertes en vies humaines élevées consécutives à certaines des attaques perpétrées par les Chabab au cours de la période considérée est un autre fait extrêmement préoccupant. Néanmoins, il a tenu à souligner sa satisfaction quant aux progrès réalisés dans la lutte contre le groupe terroriste, notamment son délogement de plusieurs zones dans certains États somaliens.
Le représentant a estimé essentiel de concevoir et de mettre en œuvre des initiatives solides de consolidation de la paix, pour que ces réalisations aient un effet durable. Il a souligné à cet égard le rôle important que pourrait jouer la Commission de consolidation de la paix de l’ONU, rappelant en outre que le Fonds pour la consolidation de la paix finance des projets inestimables dans le pays. Il a par ailleurs fait part de la disposition de son pays à poursuivre son engagement dans la reconfiguration de Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) et dans la transition sécuritaire qui s’opère au sein des institutions somaliennes.
Concernant la situation humanitaire, le représentant a appelé à intensifier les efforts de manière durable afin d’éviter la famine. Il a également jugé urgent de s’attaquer aux lacunes et aux inégalités en matière de protection, que la crise humanitaire actuelle a aggravées, afin de créer un environnement plus sûr pour les femmes et les enfants. C’est pourquoi il a dit soutenir l’appel de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) à ce sujet, car, a-t-il conclu, les efforts des femmes somaliennes méritent une assistance plus audacieuse de la part de la communauté internationale et des partenaires humanitaires, afin d’ouvrir la voie non seulement à la résolution de la crise actuelle mais aussi à la reconstruction de leurs communautés.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a déclaré que la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et l’unité de la Somalie sont primordiales et ne peuvent être réalisées avec des frontières poreuses. La coopération régionale pour prévenir les mouvements transfrontaliers de terroristes, d’armes et de munitions illégales doit être élargie, a-t-il souligné. Sur le renforcement des capacités nationales dans tous les secteurs, le représentant a indiqué que son pays a contribué à la formation des fonctionnaires de l’administration centrale et locale, convaincu que les institutions locales et les forces de sécurité doivent pouvoir gagner la confiance des citoyens et des partenaires de la Somalie sur le terrain. De tels efforts créeront des conditions dans lesquelles la présence de l’ATMIS ne sera plus nécessaire, a-t-il avancé. Concernant la situation humanitaire et en matière de sécurité, le représentant a noté que les affrontements et la violence continuent de provoquer le déplacement d’un grand nombre de femmes et d’enfants, qui risquent d’être victimes du recrutement d’enfants et de violences sexuelles. Ces défis s’ajoutent à la situation humanitaire déjà préoccupante exacerbée par de graves sécheresses, a-t-il ajouté, soulignant que le lien entre problématique humanitaire, développement et paix doit être la clef de l’approche du Conseil de sécurité en Somalie.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a jugé complexe en termes de sécurité intérieure la situation en Somalie, où le niveau de la menace terroriste reste élevé, ce à quoi s’ajoute la profonde fragmentation territoriale et clanique de la société. Dans ce contexte, le représentant a encouragé tous les participants au processus politique somalien, y compris les régions du Somaliland et du Puntland, à continuer de travailler main dans la main pour établir un modèle durable de structure fédérale. Il s’est par ailleurs inquiété de la situation humanitaire difficile du pays, où une partie importante de la population est toujours au bord de la famine.
En termes de sécurité, le représentant s’est notamment dit préoccupé par le fait que les Chabab continuent d’attaquer les installations gouvernementales, les unités militaires, les civils et les organisations internationales dans les villes, en particulier dans la capitale et la région d’HirChébéli.
Il a notamment rappelé l’attaque du 23 janvier dernier contre un hélicoptère de la société anonyme russe UTAir-Helicopter Services qui participait au transport aérien de la mission humanitaire de l’ONU en Somalie. Il a aussi évoqué les graves affrontements survenus dans la région de Soole, entre le Somaliland et le Puntland.
Le représentant a souligné l’importance des soldats de la paix africains de l’ATMIS, dont la Fédération de Russie salue le rôle clef dans la lutte contre le terrorisme et en faveur de la sécurité intérieure. Il a vu dans leur présence un facteur clef pour dissuader les activités extrémistes et autres activités illégales en Somalie.
M. Polyanskiy a salué les activités de la Mission d’assistance de l’ONU en Somalie (MANUSOM), et du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS). Il a noté les efforts déployés par les États voisins de la Somalie pour fournir une assistance sur le volet antiterroriste. Il a de même salué la série d’accords conclus pour intensifier la lutte commune contre les Chabab lors du sommet régional des dirigeants de la Somalie, de Djibouti, du Kenya et de l’Éthiopie, tenu à Mogadiscio le 1er février.
Pour la Fédération de Russie, l’objectif principal est d’accroître l’efficacité des forces fédérales chargées de faire respecter la loi, afin qu’elles puissent effectivement exercer un contrôle indépendant sur la situation. En effet, lorsque le mandat de l’ATMIS prendra fin, les Somaliens doivent être en mesure d’assumer pleinement la responsabilité de la sécurité dans tout le pays.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a indiqué que la démocratie inclusive est la clef pour sortir des conflits et bâtir des institutions qui permettent le développement socioéconomique, ainsi que la sécurité des citoyens. Rappelant que l’Équateur est engagé dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, il a salué la volonté politique du Gouvernement somalien de mener des actions qui favorisent la participation politique et sociale des femmes et cité le lancement du plan d’action national sur la résolution 1325 (2000). Nous encourageons la Somalie à consolider ces stratégies qui permettraient d’assurer une participation plus élevée et plus équitable des femmes au parlement et dans les institutions gouvernementales, a-t-il déclaré.
Le représentant a déploré le fait que les Chabab continuent de semer la mort et la douleur. Il a constaté que la moitié de la population somalienne nécessite une aide humanitaire. De même, les prévisions de famine et de sécheresse augmentent les niveaux d’insécurité alimentaire. Il a félicité la coopération substantielle entre la MANUSOM et le Gouvernement somalien pour diminuer et éradiquer les mutilations génitales féminines, le mariage d’enfants et les grossesses d’adolescentes. Enfin, il a appelé à promouvoir une culture de prévention des violences sexuelles contre les femmes et les filles en Somalie.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a regretté que les conditions actuelles ne permettent pas la participation en toute sécurité de représentants de la société civile pour informer le Conseil de sécurité sur la question à l’ordre du jour. Or les membres de la société civile doivent pouvoir être entendus sans crainte de représailles, de harcèlement ou d’abus. C’est pour cela, a ajouté la représentante, que la délégation maltaise a fait circuler en tant que document du Conseil la déclaration qui aurait dû être prononcée par le Mouvement pour l’égalité entre les sexes en Somalie. Elle a noté les progrès dans le processus de révision constitutionnelle pour parvenir à un modèle efficace de fédéralisme pour la Somalie. Elle a souligné l’importance d’élections inclusives, libres et équitables et d’un espace civique qui représente toutes les parties prenantes. Elle a réitéré l’importance de la participation pleine et égale des femmes, garante d’une gouvernance efficace, de la paix durable et du développement. Sur le plan sécuritaire, a poursuivi la représentante, Malte appuie le travail de l’ATMIS qui aide à l’harmonisation systématique du secteur de la sécurité en Somalie. Elle a appelé à un transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité à la Somalie. Rappelant que quelque 1 127 violations contre les enfants ont été enregistrées, Mme Frazier a demandé que leurs auteurs rendent des comptes. Enfin, elle a souhaité une « réponse humanitaire plus inclusive », en mettant l’accent sur les femmes et les filles déplacées dans les zones touchées par la sécheresse.
M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a salué la réalisation de bon nombre de priorités de son gouvernement durant les derniers mois. Sur le plan politique, des réunions consultatives nationales ont été organisées par le Président du pays pour approfondir le fédéralisme et renforcer la coopération sur les priorités de renforcement de l’État. La conclusion heureuse de la conférence de réconciliation tenue dans la capitale du sud-ouest, Baïdoa, du 17 janvier au 5 février, est un véritable témoignage de l’engagement inclusif du Gouvernement, avec toutes les parties prenantes, pour résoudre les questions en suspens, a-t-il dit. Le représentant a noté que le Gouvernement fédéral avait mis à jour et parachevé l’architecture nationale de sécurité. Cet exercice aura permis la répartition des pouvoirs entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, a-t-il expliqué. Le Gouvernement est actuellement dans les dernières étapes de rédaction et de promulgation de textes législatifs clefs et stratégiques.
Sur le plan sécuritaire, le représentant a indiqué que les forces armées nationales ont intensifié leurs offensives contre les Chabab, notamment dans les États de Galmudug et d’HirChébéli, où ils ont été délogés de nombreuses villes et villages. Malgré les ressources limitées imposées par l’embargo de longue date sur les armes, les forces de sécurité somaliennes ont commencé à mener des opérations de déminage et de ciblage dans l’État du Sud-Ouest et dans l’État du Djoubaland. M. Osman Il a souligné la mobilisation des groupes d’autodéfense dirigés par les communautés et leur soutien crucial dans l’offensive menée par le Gouvernement contre les Chabab à travers la Somalie.
Le représentant a promis que le Gouvernement somalien prendrait le relais des forces de l’ATMIS dans les délais convenus. Pour que le Gouvernement tienne ses engagements, il a demandé la levée de l’embargo sur les armes contre la Somalie, ainsi que le financement de projets à impact rapide dans les zones nouvellement récupérées.
La Somalie a évité la famine imminente l’année dernière, a déclaré le représentant qui a insisté sur l’importance pour les partenaires internationaux de passer par des systèmes nationaux, ce qui permettra de renforcer les capacités nationales en matière de sécurité et de fourniture de services. Le contournement des systèmes nationaux crée des coûts de transaction supplémentaires pour notre gouvernement et peut détourner l’attention des systèmes qui régissent l’utilisation des ressources nationales, a-t-il expliqué.
Le Gouvernement fédéral est prêt à créer les conditions pour le démarrage d’un dialogue national inclusif pour résoudre le conflit, et ainsi jeter les bases pour la paix et la stabilité dans tout le pays, a assuré le représentant. Le Gouvernement entend protéger la population somalienne et reconnaît sa responsabilité de continuer de fournir un soutien humanitaire substantiel et continu aux personnes touchées par le conflit, en particulier aux femmes et aux enfants.
Le représentant a appelé les partenaires internationaux à aider à fournir immédiatement une assistance sûre, rapide et sans entrave aux populations de Laascaanood. « Ce qui se passe à Lasscaanood aujourd’hui est un crime contre l’humanité et c’est contre les valeurs du peuple somalien », s’est-il indigné. Il a déclaré qu’il ne saurait y avoir d’impunité pour de tels crimes et attaques indiscriminés contre des civils et des infrastructures civiles. Le Gouvernement fédéral s’engage à mener des enquêtes et à tenir les auteurs responsables, a-t-il promis.