En cours au Siège de l'ONU

9265e séance - matin
CS/15205

Conseil de sécurité: les prochaines élections locales sont une « opportunité sans précédent » pour la République centrafricaine, selon la Représentante spéciale

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA), Mme Valentine Rugwabiza, a estimé que les élections locales qui doivent se tenir cette année, les premières depuis 1988, représentent une « opportunité sans précédent » à saisir pour renforcer la gouvernance et accélérer la réforme du secteur de la sécurité dans le pays.  Cette séance a également été marquée par l’appel insistant de la Ministre des affaires étrangères centrafricaine pour la levée de l’embargo sur les armes. 

À l’entame de son discours, Mme Rugwabiza, qui est également Cheffe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a mis l’accent sur les progrès du processus de paix, en louant son appropriation croissante par le Gouvernement.  Elle a pris pour exemple la préparation des élections locales, la réforme du secteur de la sécurité, la consolidation de l’autorité de l’État et l’élaboration d’un cadre de surveillance des frontières. 

Rappelant que le dialogue est la seule voie pour une paix durable, la Représentante spéciale a concédé que l’engagement politique des leaders des groupes armés a eu pour l’instant « peu de résultats », avant de noter la dissolution de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique.  « Cela démontre qu’un engagement politique accompagné de véritables incitations et d’alternatives pour les groupes armés peut générer un élan vers un dialogue constructif. »   

La Représentante spéciale a ensuite insisté sur l’importance des prochaines élections locales, un élément clef du processus de paix.  Ces élections seront l’occasion d’accroître l’espace politique afin d’y inclure des groupes marginalisés comme les femmes et les jeunes, tout en donnant la possibilité pour les anciens combattants et leaders de groupes armés ayant déposé leurs armes de rentrer dans la joute électorale, a-t-elle dit. 

Mme Rugwabiza a détaillé les préparatifs de ces élections, dont la création de plus de 200 circonscriptions et la signature d’un plan de sécurité intégrée pour ces élections.  Elle n’a néanmoins pas fait mystère des difficultés rencontrées, notamment financières et sécuritaires.  « Les groupes armés pourraient gâcher ces élections. »  Il est crucial de maintenir un processus politique inclusif sans alimenter les tensions, a-t-elle conclu. 

« Les élections locales, prévues en juillet et octobre 2023, sont une opportunité unique pour promouvoir la gouvernance locale avec des élus directement responsables devant les citoyens », a appuyé le Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Omar Hilale.  Cela va en effet permettre de faire progresser le processus de décentralisation et de s’attaquer ainsi à l’une des causes profondes de la crise politico-sécuritaire que connaît la RCA. 

Un avis partagé par la grande majorité des délégations qui ont, elles aussi, insisté sur l’importance desdites élections, à l’instar des Émirats arabes unis ou de l’Albanie qui a espéré que ces élections seront transparentes.  Le Gabon, s’exprimant également au nom du Ghana et du Mozambique, a rappelé que le budget global pour l’organisation de ces élections est estimé à environ 11 millions de dollars, l’État centrafricain ayant pris un engagement de 4,56 millions de dollars.  Les trois pays ont jugé crucial le soutien financier de la communauté internationale pour la tenue efficace de ces élections dans les délais. 

Plusieurs délégations, dont la France, Malte ou encore la Suisse, ont profité de cette séance pour dénoncer les violations des droits humains commises par le Groupe Wagner.  Les mercenaires de Wagner sont responsables de la majorité des violations documentées dans le rapport du Secrétaire général dont est saisi ce Conseil, a tranché le délégué de la France.  Son homologue des États-Unis a, de son côté, accusé le Groupe Wagner de vouloir accaparer les richesses du pays. 

« La Fédération de Russie continue d’aider la RCA à développer ses capacités de défense », a expliqué le représentant russe, qui a précisé que les livraisons d’armes se faisaient dans la transparence et que les instructeurs russes sur place y étaient à la demande des autorités.  Il a dénoncé « la campagne visant à les discréditer », avant d’appeler le Conseil à prendre des « mesures plus décisives » pour parachever la levée de l’embargo sur les armes à destination de la RCA. 

« Cessons de légitimer les groupes armés par des sanctions aux effets contraires à ceux recherchés, et, surtout, ne faisons pas des victimes des oppresseurs et des bourreaux des victimes », a, de son côté, réagi la Ministre centrafricaine, Mme Sylvie Valérie Baipo-Temon.  Elle a estimé que l’embargo visant la RCA n’avait aucun sens depuis la levée de la limitation de l’accès aux armes des forces régulières.  « Ne vous trompez pas d’ennemis », a-t-elle lancé aux membres du Conseil.

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE - S/2023/108

Déclarations

Mme VALENTINE RUGWABIZA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine et Cheffe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a indiqué que le processus de paix a continué de progresser en vue de la mise en œuvre du calendrier adopté par le Gouvernement le 29 août 2022.  Nous assistons à une appropriation croissante de ce processus par le Gouvernement, a-t-elle dit, en notant la préparation des élections locales, la réforme du secteur de la sécurité, la consolidation de l’autorité de l’État et l’élaboration d’un cadre de surveillance des frontières.  « Répondre à la violence est au cœur du processus de paix en RCA. »  

Mme Rugwabiza a rappelé que le dialogue est la seule voie pour une paix durable, l’option militaire ne pouvant résoudre le conflit.  L’engagement politique des leaders des groupes armés a eu peu de résultats, a-t-elle nuancé.  En décembre 2022, quatre groupes armés signataires de l’Accord politique et représentés au sein du Gouvernement ont été dissous: le Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique (RPRC), le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), l’Union des forces républicaines (UFR) and l’Union des forces républicaines fondamentales (UFRF).  « Cela démontre qu’un engagement politique accompagné de véritables incitations et d’alternatives pour les groupes armés peut générer un élan vers un dialogue constructif. »  Elle a qualifié de capitale la stratégie gouvernementale d’engagement des groupes armés qui demeurent à l’extérieur du processus de paix. 

La Représentante spéciale a insisté sur l’importance des prochaines élections locales, les premières depuis 1988, et qui sont un élément clef du processus de paix.  Ces élections seront l’occasion d’accroître l’espace politique afin d’y inclure des groupes marginalisés comme les femmes et les jeunes, tout en donnant la possibilité pour les anciens combattants et leaders de groupes armés ayant déposé leurs armes de rentrer dans la joute électorale, a-t-elle dit.  Elle a détaillé les préparatifs de ces élections, dont la création de plus de 200 circonscriptions et la signature d’un plan de sécurité intégrée pour ces élections.  Elle n’a néanmoins pas fait mystère des difficultés rencontrées, notamment financières et sécuritaires.  « Les groupes armés pourraient gâcher ces élections. »  Les nouveaux responsables élus devront par ailleurs bénéficier d’un appui considérable dans les zones dépourvues de structures administratives depuis des décennies.  Il est crucial de maintenir un dialogue politique ouvert et un processus politique inclusif sans alimenter les tensions, a tranché Mme Rugwabiza.  À ce titre, elle a salué la récente déclaration du Premier Ministre selon laquelle ces élections ne seront pas associées à un éventuel référendum sur la Constitution. 

La Cheffe de la MINUSCA a indiqué qu’après une relative accalmie, il y a eu depuis décembre une recrudescence des activités des groupes armés, avec de nouvelles évolutions dans leur modus operandi, à savoir l’utilisation de drones et de mines.  Ces nouvelles menaces ont aggravé l’environnement sécuritaire complexe dans lequel évolue la Mission.  « Nous sommes en train de fermer 13 de nos bases temporaires afin de maximiser l’efficacité de la force et de limiter les risques de mauvaise conduite. »  Elle a salué la levée en décembre 2022 par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA.  Elle a en revanche regretté l’interdiction de drones, sauf pour les forces de sécurité nationales, même si un dialogue a été engagé pour remédier à cette restriction préjudiciable pour la sécurité des soldats de la MINUSCA et des Centrafricains. 

La situation des droits humains n’a connu aucune amélioration depuis ma dernière intervention, a-t-elle encore regretté, avant de noter que la situation humanitaire ne cesse d’empirer.  Près de 49% de la population devrait souffrir d’une insécurité alimentaire aiguë en 2023 contre 44% en 2022.  Enfin, la Représentante spéciale a exhorté toutes les parties prenantes à tirer profit de la tenue des élections locales –une opportunité sans précédent– pour renforcer la gouvernance locale et accélérer la réforme du secteur de la sécurité vers la mise sur pied de forces de sécurité professionnelles qui pourront, seules, protéger la population. 

M. OMAR HILALE, Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a constaté la résurgence des activités de certains groupes armés dans certaines zones de la RCA et une pression sur les finances publiques qui conduisent à la détérioration de l’environnement sécuritaire et socioéconomique, mais s’est dit aussi témoin de « développements positifs encourageants » sur lesquels il faudrait capitaliser en vue du relèvement du pays.  Il a cité la volonté politique démontrée par les autorités centrafricaines pour la revitalisation et l’appropriation nationale du processus de paix, que ce soit dans le cadre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA ou de la Feuille de route conjointe de Luanda issue du Sommet de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL).  Il a encouragé la poursuite de ces efforts et s’est félicité de la dissolution officielle, le 6 décembre dernier, de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique.  La consolidation de la paix, a-t-il ajouté, ne peut être efficace que si elle est accompagnée d’efforts de démobilisation des groupes armés et de reddition de comptes pour les auteurs de crimes graves et de violations des droits de l’homme.  Il a salué en ce sens la priorité accordée par la MINUSCA à la création d’un environnement protecteur pour la population. 

Alors que la situation en RCA comporte une « forte empreinte régionale », M. Hilale s’est félicité de l’engagement des chefs d’États de la région en faveur d’une meilleure cohérence des actions prises à ce niveau.  Il a aussi souligné l’importance d’un engagement constructif continu de tous les partenaires de la RCA, notamment les institutions financières internationales, les banques régionales de développement et les partenaires bilatéraux.  Précisant que le manque de capacités techniques et financières demeurait l’un des principaux défis du pays, il a renouvelé son appel à tous les partenaires pour qu’ils fournissent à la RCA le soutien nécessaire.  Les besoins sont urgents et menacent les acquis réalisés en termes de consolidation de la paix et de développement, a-t-il averti.  Il a ensuite mis en avant l’action du Fonds pour la consolidation de la paix, qui compte en RCA neuf projets d’une valeur de 18 millions de dollars. 

Le Président de la formation RCA de la CCP a ensuite expliqué l’accent mis en 2022 par ses services sur le renforcement de l’appropriation nationale des priorités en matière de consolidation de la paix, et a cité trois axes. 

Le premier concerne les élections locales, actuellement prévues en juillet et octobre 2023, présentées comme « une opportunité unique pour promouvoir la gouvernance locale avec des élus directement responsables devant les citoyens », ce qui permettrait de faire progresser le processus de décentralisation dans le pays et de s’attaquer ainsi à l’une des causes profondes des crises politico-sécuritaires qui l’affectent.  M. Hilale a encouragé le Gouvernement de la RCA à poursuivre ses efforts pour garantir la tenue en temps et heure et dans un climat de sécurité, d’un scrutin libre et inclusif et avec la participation pleine, égale et véritable des femmes.  Il s’est dit rassuré par le soutien que la MINUSCA apporte à ce scrutin mais a jugé très préoccupante « l’insuffisance majeure du financement » de ces élections, y voyant la cause principale de leur report à trois reprises.  Il a donc lancé un appel urgent aux États Membres et aux partenaires de la RCA pour mobiliser les fonds nécessaires. 

Le deuxième axe concerne le renforcement de l’état de droit et de la justice transitionnelle.  Rappelant l’importance de l’accès à la justice et de la lutte contre l’impunité pour la stabilisation du pays et la réussite de tout projet de réconciliation nationale, M. Hilale s’est félicité de l’opérationnalisation de la Cour pénale spéciale de la RCA et de la Commission Vérité, justice, réparation et réconciliation, grâce aux efforts des autorités centrafricaines et de leurs partenaires internationaux, dont la MINUSCA.  Il a dit la fierté la formation RCA de la CCP d’y avoir concouru en adoptant une pratique innovante consistant à utiliser son forum pour plaider en faveur de ressources destinées à combler les lacunes budgétaires et a appelé une nouvelle fois les partenaires de la RCA à faire montre d’un soutien renforcé, aussi bien financier que technique et logistique. 

Enfin, M. Hilale a rappelé la mise en œuvre du Plan national de relèvement, rappelant que les investissements dans le redressement et le développement socioéconomiques demeuraient essentiels à la mise en œuvre de l’Accord politique et à la consolidation de la paix.  Rappelant les effets négatifs de la crise alimentaire et énergétique mondiale sur le budget du pays et la création de revenus, il s’est félicité de la poursuite du dialogue entre le Gouvernement et les institutions financières internationales, là encore avec la facilitation de la MINUSCA. 

En conclusion, M. Hilale a assuré que la formation RCA de la CCP continuera à mettre l’accent sur la cohérence et la coordination des différentes actions et à plaider en faveur d’un soutien accru de la communauté internationale au pays.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné la multiplication des attaques commises par les groupes armés contre les civils, les Forces armées centrafricaines et la MINUSCA ces dernières semaines.  « Ces attaques nous rappellent à quel point il est nécessaire que le processus de paix en République centrafricaine débouche sur des résultats concrets », a-t-il ajouté, réaffirmant le plein soutien de la France aux efforts des autorités centrafricaines, avec l’appui de la MINUSCA et des pays de la région, pour mettre en œuvre l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et la Feuille de route de Luanda.  À cet égard, il s’est félicité du désarmement récent de quatre groupes armés, et a espéré que cela puisse créer une dynamique pour des négociations avec d’autres groupes armés.  L’appui des pays de la région, de l’Union africaine, de la Communauté économique des États d’Afrique centrale et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs est crucial pour que le processus de paix en République centrafricaine puisse progresser, a poursuivi le représentant.  S’agissant de la lutte contre l’impunité, il a salué la prolongation du mandat de la Cour pénale spéciale, qui a rendu son premier verdict, et du lancement des travaux de la Commission justice, vérité, réparation et réconciliation.  En revanche, il s’est dit très préoccupé par l’augmentation des atteintes aux droits de l’homme, dont fait état le rapport du Secrétaire général.  Il a condamné les exactions commises contre les civils par les groupes armés, mais aussi par les Forces armées centrafricaines et les « mercenaires de Wagner, qui sont responsables de la majorité des violations documentées dans ce rapport ».  M. de Rivière a ensuite souligné l’importance d’un dialogue réellement inclusif en RCA, dans lequel toutes les voix, y compris celles des jeunes et des femmes, doivent pouvoir s’exprimer.  C’est une condition pour la réussite des élections locales.  Enfin, il a appelé les autorités nationales à permettre à la MINUSCA d’accomplir son mandat efficacement, sans compromettre la sécurité des Casques bleus. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), a salué les efforts du Gouvernement pour organiser les premières élections locales depuis plus de 20 ans.  Il s’est également félicité de la mise en place des branches de l’Autorité nationale des élections dans 20 préfectures du pays, ainsi que de la finalisation de la cartographie électorale, malgré la multiplication d’incidents de sécurité avec les attaques sporadiques de groupes armés.  Les A3 rappellent que le budget global pour l’organisation d’élections locales est estimé à environ 11 millions de dollars, et l’État centrafricain a pris un engagement de 4,56 millions de dollars.  Dans un contexte économique difficile, le soutien financier de la communauté internationale est crucial pour la tenue efficace de ces élections dans les délais convenus.  La tenue de ces élections locales est une étape essentielle qui contribue pleinement à la restauration de l’autorité de l’État, essentielle à la stabilisation de la RCA, a estimé le représentant. 

Les A3 encouragent les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts contre la désinformation et la mésinformation, notamment à travers les actions de la Haute autorité de la communication, a poursuivi M. Biang.  Il ne devrait donc pas y avoir de place pour les discours de haine et l’incitation à la violence en RCA, et les auteurs de tels actes, a-t-il ajouté, devraient être rapidement traduits en justice par les autorités centrafricaines.  Au niveau régional, les A3 se félicitent de la tenue, le 8 février à Luanda, du sommet tripartite RCA, Angola et Tchad, consacré en partie à la situation politique et sécuritaire qui prévaut en RCA.  Selon eux, ce mini-sommet constitue une avancée considérable dans le renforcement des relations bilatérales entre la RCA et le Tchad, et il est crucial pour la consolidation de la sécurité aux frontières entre les deux pays. 

Sur le point sécuritaire, les A3 condamnent fermement les attaques répétées contre la population civile, la MINUSCA, les Forces armées centrafricaines (FACA) et l’utilisation croissante d’engins explosifs par des groupes armés qui entravent la libre circulation des personnes et des biens.  Le représentant a souligné qu’une paix durable n’est possible que si les autorités centrafricaines prennent le contrôle de leur territoire et mènent à bien la mise en œuvre du Programme de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement.  Il a donc invité les partenaires internationaux à soutenir financièrement le pays dans sa quête de paix et de développement, en s’attaquant aux causes profondes de l’insécurité.  « Il n’y a pas de solution militaire à la crise en RCA, il n’y a que des solutions politiques. » Les A3 saluent la levée de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA et soulignent que le dialogue entre les autorités centrafricaines et la Mission doit continuer afin de définir conjointement des procédures appropriées pour la protection de l’espace aérien centrafricain contre de possibles attaques.  Face à l’augmentation des menaces asymétriques, les A3 restent convaincus que le renforcement des capacités opérationnelles des FACA doivent être à la mesure des nouvelles menaces sur le terrain.  S’étonnant toutefois que le rapport fasse état d’une augmentation des violations des droits de l’homme, les A3 estiment que privilégier une approche quantitative dans ce domaine, sans tenir compte des efforts qualitatifs du Gouvernement, n’est pas constructif pour le pays, et appellent à une modification de la méthodologie utilisée.  Enfin, le représentant a salué l’engagement des humanitaires, malgré les risques sécuritaires, avant d’inviter les donateurs à rester mobilisés pour le financement du plan de réponse humanitaire pour venir en aide à 3,4 millions de Centrafricains, dont 1,6 million d’enfants. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a souhaité que la relation entre la MINUSCA et la RCA se base sur un respect mutuel.  Elle a salué la levée par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la Mission, avant de regretter l’interdiction qui lui est faite d’utiliser des drones.  Elle a appelé à la revitalisation de l’Accord de paix, avant de saluer la récente dissolution de quatre groupes armés.  Tous les groupes armés doivent renoncer à la violence et s’engager en faveur du processus de paix, a déclaré la représentante, qui a aussi pris note des préparatifs des prochaines élections locales, en espérant que celles-ci seront transparentes.  Enfin, elle a salué l’intention des autorités centrafricaines de ne pas associer ces élections à un éventuel référendum sur la Constitution. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a réaffirmé l’appui de son pays à la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR) ainsi que sa feuille de route, la dissolution récente de quatre groupes armés étant une étape à saluer.  Nous encourageons le Gouvernement à maintenir un dialogue sincère avec les groupes armés, et les pays voisins à consolider les gains sécuritaires acquis, a-t-elle ajouté.  Pour que la paix s’installe, les combattants doivent déposer leurs armes et retourner, durablement, à la vie civile et les femmes doivent être en première ligne dans le suivi de l’APPR.  La représentante a encouragé la MINUSCA à poursuivre ses efforts à cet égard et le Gouvernement centrafricain à appuyer cette dernière en ce sens.  Par ailleurs, elle a noté que l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines régions est contrebalancée par l’intensification des violences dans l’ouest et dans le nord du pays, les groupes armés se déplaçant pour y intensifier leurs activités, notamment l’exploitation illicite des ressources naturelles.  La Suisse condamne les violations et abus des droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire, a-t-elle déclaré avant d’appeler toutes les parties, les forces gouvernementales, le Groupe Wagner et les groupes armés, à respecter le droit international.  Ensuite, la représentante a salué le fait que la Cour pénale spéciale ait rendu il y a peu son premier verdict de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre et que la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation ait désormais la capacité de mener son importante mission.  Cela étant, a-t-elle nuancé, la Suisse est préoccupée par la propagation de discours de haine, et par les nombreuses arrestations et détentions arbitraires par les forces de défense et de sécurité.  « Nous encourageons le Gouvernement centrafricain à protéger l’espace civique et à garantir des processus démocratiques inclusifs, y compris avec l’opposition. »  Enfin, la représentante a indiqué que, l’année passée, la Suisse a renforcé son engagement en République centrafricaine en ouvrant un bureau à Bangui pour travailler plus étroitement avec les communautés et les autorités centrafricaines.  C’est essentiel, car la paix et le développement durables se construisent sur le terrain et par la population, a-t-elle conclu.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a salué la coopération entre la MINUSCA et le Gouvernement centrafricain, qui a permis de lever l’interdiction de vols de nuit des aéronefs de la Mission.  C'est un facteur majeur pour aider la MINUSCA à remplir son mandat et mieux protéger ses soldats de la paix et son personnel civil, a-t-il indiqué.  Le représentant s’est dit préoccupé par les incidents ayant impliqué des explosifs, y compris des engins improvisés, en raison du risque que ces derniers représentent pour la sécurité des soldats de la paix et des civils.   

Le représentant a insisté sur l’importance de la communication stratégique pour contribuer à améliorer la situation sur le terrain.  Il s’est fait l’écho des appels de la Commission de consolidation de la paix pour faire en sorte que chaque étape du processus de paix soit inclusive.  À cet effet, il a souligné l’importance des efforts de désarmement, démobilisation et réintégration.  Il a aussi jugé important de renforcer l’état de droit, en particulier à la lumière des divers rapports sur la situation des droits de l'homme et les violations du droit international humanitaire.  Il a enfin rappelé le rôle des acteurs régionaux dans le processus de paix en République centrafricaine.  

M. YAMANAKA OSAMU (Japon) a rappelé que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019 restait l’instrument clef pour atteindre cet objectif, ajoutant que sa mise en œuvre intégrale continue d’être la plus haute priorité.  Il a plaidé pour que la réconciliation, par le biais de dialogues inclusifs et constructifs entre toutes les parties prenantes, y compris les groupes armés, soit au cœur des efforts du Gouvernement de la RCA.  Il a salué à cet égard l’engagement du Gouvernement à dissoudre quatre groupes armés signataires de l’Accord politique et estimé qu’il fallait mettre en avant les bénéfices de la réconciliation et les succès en matière de désarmement.  Les affrontements politiques autour de la réforme constitutionnelle ne doivent pas faire dérailler les efforts de réconciliation, a-t-il ajouté, en demandant que cesse l’incitation à la violence par toutes les parties. 

Le représentant a souhaité que les accords régionaux jouent un rôle plus actif et s’est félicité de la réunion d’examen stratégique de Bangui de juin dernier.  Il a encouragé le leadership de l’Angola en tant que président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), ainsi que de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et de l’Union africaine en tant que garants.  Il a appelé à traiter de toute urgence les flux transfrontaliers de combattants armés, d’armes et de minerais de conflit, par un renforcement des contrôles aux frontières de la part de tous les États de la région. 

Mettant l’accent sur l’importance de la bonne gouvernance, le représentant a estimé que les prochaines élections locales devraient pouvoir fournir une base solide pour l’extension de l’autorité de l’État dans les zones rurales.  Il a donc souhaité des élections crédibles, pacifiques et inclusives, et jugé primordial d’assurer la sécurité des électeurs.  En ce sens, il a salué le plan de sécurité pour les élections signé par le Gouvernement de la RCA et la MINUSCA.  Il a en outre considéré comme « une évolution significative pour la réconciliation à long terme » les progrès actuels dans la lutte contre l’impunité. 

Le représentant s’est en revanche inquiété des violations des droits de l’homme commises par des groupes armés et des agents de l’État mentionnés dans le rapport du Secrétaire général.  Il a souhaité que la MINUSCA continue à engager le Gouvernement sur ces situations et à en rendre compte au Conseil de sécurité.

M. DAI BING (Chine) a salué les progrès réalisés sur le terrain en RCA, y compris la dissolution récente de quatre groupes armés.  La réforme constitutionnelle est une question interne et il faut respecter la souveraineté du pays, a-t-il estimé.  Le représentant a appelé les organisations régionales à poursuivre leur rôle d’accompagnement du pays, avant d’inviter la communauté internationale à soutenir les efforts de sécurité des autorités nationales.  Il a salué les progrès dans la collaboration entre la MINUSCA et le pays hôte, et rappelé qu’il incombe à l’ONU et à la communauté internationale d’appuyer le développement en RCA.

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) a réaffirmé que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation est la seule option viable pour mettre fin au conflit et à la crise dans le pays.  Sa mise en œuvre nécessite un engagement renouvelé de toutes les parties concernées pour revitaliser le processus de paix, a ajouté la représentante, qui a appelé les autorités centrafricaines, avec le soutien de la région et de la MINUSCA, à obtenir rapidement des progrès politiques tangibles et maintenir un engagement significatif avec tous les acteurs politiques du pays. 

La représentante a en outre exhorté le Gouvernement centrafricain à mener des enquêtes complètes et en temps opportun sur les allégations de violations et d’atteintes aux droits humains et à veiller à ce que tous les auteurs soient jugés, y compris le Groupe Wagner qui, d’après le rapport du Secrétaire général de l’ONU, serait l’auteur de la plupart de ces crimes.  Par ailleurs, Mme Jacobs a indiqué que la MINUSCA, en tant qu’acteur clef du soutien au processus de paix, doit être en mesure de mettre en œuvre son mandat sans ingérence.  À cet égard, elle s’est félicitée de la suppression des restrictions à la liberté de mouvement de la MINUSCA, notamment le rétablissement des vols de nuit pour les évacuations médicales et des blessés.

M.   ROBERT WOOD (États-Unis) a insisté sur le respect de l’accord sur le statut des forces.  Il a rappelé que les États-Unis apportent un appui logistique à des contingents de la MINUSCA.  Il a ensuite appelé les Forces armées centrafricaines à respecter le mandat de la Mission, dénonçant notamment les restrictions aux patrouilles qui empêchent la MINUSCA d’accompagner la stabilisation de la RCA.  Le délégué a estimé que « la seule solution possible à la crise centrafricaine est politique ».  Cela passe par la justice pour les victimes et l’inclusion de toutes les franges de la population au processus de paix.  Il a accusé le groupe Wagner de violations des droits de l’homme dans ses tentatives d’accaparer des richesses du pays.  Sans l’application du principe de responsabilité, le pays ne pourra pas parvenir à une paix durable, a-t-il averti.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué la levée par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA et appelé à la pleine mise en œuvre de son mandat.  Elle a insisté sur les progrès accomplis en RCA, avec notamment la tenue prochaine des élections locales.  Nous devons préserver ces avancées et aider la RCA, a dit la représentante, qui a insisté sur l’insécurité persistante.  Elle a aussi appelé à protéger les femmes et les filles de la violence sexuelle.  Elle a salué la récente dissolution de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique.  Elle a appelé la MINUSCA à lutter contre la désinformation.  Enfin, elle a souligné le lien entre conflit et changements climatiques, en rappelant que la saison sèche est souvent propice à une reprise de la violence.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a indiqué que 56% de la population centrafricaine a besoin d’une aide humanitaire.  Il a souligné la complexité de la situation dans le pays, avant d’insister sur les progrès accomplis.  Il a salué la levée par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA, avant de regretter l’interdiction de drones.  Il a également salué la récente dissolution de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique.  Enfin, il s’est félicité de la tenue prochaine d’élections locales et a espéré que le calendrier électoral sera respecté. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que, « dans l’ensemble », la situation en République centrafricaine est sous le contrôle des forces gouvernementales et que les capacités de nombreux groupes armés illégaux y ont été considérablement affaiblies.  Le représentant a toutefois noté une activité accrue des militants dans un certain nombre de régions frontalières.  Il a jugé préoccupante leur montée en puissance, notamment celle de l’Union pour la paix en République centrafricaine et des 3R, ainsi que l’émergence de nouvelles milices, en particulier le groupe « Siriri ». 

Le représentant a appelé le Conseil à prendre des « mesures plus décisives » pour parachever la levée de l’embargo sur les armes à destination de la RCA, afin de renforcer les capacités de défense du pays et de combattre le RUF, qui refuse de participer au processus de réconciliation nationale et entrave la préparation d’un nouveau cycle électoral dans le pays.  Il a fait observer que tant l’Union africaine que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et les membres africains du Conseil de sécurité soutiennent sans équivoque la levée des restrictions et que « les Centrafricains eux-mêmes en parlent constamment ».  Pour la Fédération de Russie, la stabilisation à long terme et l’avancement progressif du processus politique sont impossibles sans un soutien efficace au renforcement des capacité des forces armées nationales du pays et de ses forces de l’ordre.  M. Polyanskiy a estimé que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation du 6 février 2019 reste la base de la stabilité en RCA et a salué les mesures pratiques prises par le Gouvernement centrafricain pour normaliser la situation et a appelé chacun à respecter le cessez-le-feu du 15 octobre 2021.  Il a plaidé pour que les groupes armés qui n’ont pas signé la Feuille de route de Luanda rejoignent ce processus. 

La Fédération de Russie continue d’aider la RCA à développer ses capacités de défense, a expliqué le représentant, qui a précisé que les livraisons d’armes se faisaient dans la transparence et que les instructeurs russes sur place y étaient à la demande des autorités.  Il a dénoncé « la campagne visant à les discréditer » et les tentatives de faire porter la responsabilité des violations des droits de l’homme aux Forces armées centrafricaines, qui « ne sont pas étayées par des faits fiables ». 

Le représentant a aussi salué les efforts des autorités nationales pour assurer la présence de l’État et pour préparer les premières élections locales depuis 1988.  Il a dénoncé la « décision politisée » de certains donateurs extérieurs de geler l’appui budgétaire direct à la RCA, estimant qu’elle risquait d’exacerber la situation dans le pays, notamment sur le plan humanitaire. 

Le représentant a appelé à soutenir efficacement la MINUSCA, et estimé que la Mission devait avant tout consacrer ses ressources à aider les autorités à établir le contrôle de l’État, à contrer les groupes armés et à protéger les civils. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a dénoncé toutes les violations des droits humains, qu’elles soient commises par les groupes armés, les forces de sécurité centrafricaines ou le Groupe Wagner.  La représentante a salué la récente dissolution de quatre groupes armés signataires de l’Accord politique et appelé le Gouvernement à consolider ces avancées.  Elle a salué la tenue des prochaines élections locales, en espérant qu’elles seront libres et transparentes.  La pleine participation des femmes, des réfugiés et des personnes déplacées est de la plus haute importance, a-t-elle rappelé.  Enfin, elle a salué la levée par les autorités de l’interdiction des vols de nuit de la MINUSCA, avant d’appeler à remédier à la grave situation humanitaire dans le pays.

Mme SYLVIE VALÉRIE BAIPO-TEMON, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, a déclaré qu’alors que nous sommes au XXIe siècle, celles et ceux qui ont visité son pays sont frappés par ses paradoxes.  Un État peu peuplé, vaste en superficie et possédant d’innombrables ressources naturelles mais, a-t-elle dit, « soumis à la tyrannie de l’homme, imposant ainsi à tout un peuple de vivre dans une situation de précarité inacceptable et surtout incompréhensible ».  Elle a, à ce propos, fustigé les exactions et l’extrémisme violent des groupes armés ciblant la population et le fait que, dans ce contexte, les autorités sont coupées de toute possibilité d’exploiter les ressources naturelles qui pourraient leur permettre de soutenir des programmes de développement économique et social « dignes ».  La Ministre a également condamné les « campagnes de diabolisation menées par des puissances motivées par des objectifs économiques et de positionnement » et pour lesquels tous les moyens sont utilisés pour marginaliser un pays et une population déjà bien meurtris.  Pour elle, le rapport du Secrétaire général de l’ONU se contente de faire le point sur la situation sécuritaire et politique de la RCA « sans faire une évaluation des actions et résultats escomptés de la MINUSCA ».  Il va falloir nous rendre à l’évidence qu’il nous faut travailler ensemble à la paix et cesser de ne parler que de paix, a-t-elle dit.  À cette fin, elle a préconisé d’axer les efforts sur les réalités que vivent les Centrafricains, « et non les faits extrapolés à dessein ».  

Selon Mme Baipo-Temon, après neuf ans d’opération de maintien de la paix, il est temps de se concentrer sur des solutions de paix concrètes.  « Nous connaissons la cause, vous connaissez la cause du problème centrafricain, il suffit désormais de vouloir la traiter », a-t-elle lancé, rappelant que l’appel de la RCA à la communauté internationale avait découlé de l’agression, en 2013, d’une rébellion, la SELEKA, qui, en quelques jours, avait massacré des milliers d’innocents et poussé au déplacement de milliers d’autres.  Elle a déclaré qu’aujourd’hui, les efforts se poursuivent en faveur de la paix et de la réconciliation, cela dans le cadre de la Feuille de route de Luanda et de l’Accord avec les groupes armés récalcitrants.  Elle a souligné les efforts constants des autorités pour préserver l’ancrage démocratique, bâtir un État de droit et restaurer l’autorité de l’État sur tout le territoire.  La Ministre centrafricaine a ensuite appelé à la mobilisation de la communauté internationale aux fins de la tenue des élections locales, cela pour permettre de finaliser « un processus démocratiques voulu et initié ensemble ».  Elle a également fustigé les « incessantes ingérences » qui détournent la RCA de son objectif premier, à savoir son développement et son bien-être.  Par ailleurs, elle a considéré que les derniers évènements présentés dans le rapport au chapitre de la sécurité obligent à revoir le format du mandat de la MINUSCA afin de répondre à la mission de protection des civils et de garantir la tenue des élections dans le calme.  Mme Baipo-Temon a rappelé que, dans toutes les résolutions du Conseil de sécurité, il est souligné qu’il incombe aux Autorités centrafricaines, en premier lieu, d’assurer la protection de la population et du territoire.  Comment le faire si nous n’avons point le droit, à minima, de savoir qui la MINUSCA convie à se rendre en terre centrafricaine? a-t-elle demandé. 

Sur le plan économique, elle a indiqué que la crise ukrainienne n’épargne pas l’économie centrafricaine, son pays étant frappé par les conséquences de la flambée des prix des denrées de première nécessité et des produits pétroliers « qui attisent les tensions sociales ».  Cette situation, a-t-elle ajouté, rend d’autant plus préoccupante la situation humanitaire déjà alarmante du fait des attaques des groupes armés, de l’exploitation illicite des ressources naturelles et « d’une opération de maintien de la paix et d’ONG humanitaires qui, avec leur lot d’exonérations, handicapent tout autant l’économie centrafricaine ».  Comment réduire l’alerte humanitaire, lorsque que 80% des dons alloués par les bailleurs sont utilisés uniquement au fonctionnement des ONG et autres associations? a encore demandé l’intervenante.  Selon elle, le préalable à toute solution durable est de réduire les capacités meurtrières de groupes armés.  C’est en ce sens qu’elle a plaidé pour le déploiement d’une opération qui aurait pour objectif d’imposer la paix et la stabilité, afin de rompre avec les problématiques de précarité et donc de violations des droits humains et pour offrir à la population des alternatives saines et réelles et non des promesses illusoires.  En conclusion, la Ministre a exhorté le Conseil de sécurité à œuvrer à la réduction des discriminations et à lever les sanctions « injustes, perverses et sans résultats ».  Cessons de légitimer les groupes armés par des sanctions aux effets contraires à ceux recherchés, et, surtout, ne faisons pas des victimes des oppresseurs et des bourreaux des victimes, a-t-elle lancé.  Qualifiant la résolution sur l’embargo visant la RCA de texte n’ayant aucun sens depuis la levée de la limitation de l’accès aux armes des forces régulières, elle a demandé aux membres du Conseil de « ne pas se tromper d’ennemis ».  La RCA, le Gouvernement et le peuple centrafricains ne sont pas vos ennemis, a-t-elle insisté, ajoutant que les Centrafricains souhaitent simplement des partenariats mutuellement bénéfiques dans un principe d’égalité.

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