En cours au Siège de l'ONU

9256e séance - matin
CS/15196

La Haute-Représentante pour les affaires de désarmement appelle à la transparence dans les transferts d’armes en Ukraine et à la préservation d’une perspective de paix

Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, a déclaré aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, que la transparence dans les transferts d’armes en Ukraine est cruciale pour réduire les tensions et lever les ambiguïtés entre États.  Ces transferts ne doivent pas décevoir l’aspiration à la paix, a-t-elle prévenu, au cours d’une séance demandée par la Fédération de Russie, centrée sur les transferts d’armes et les perspectives de paix et marquée par l’intervention de l’activiste de la paix et cofondateur des Pink Floyd, Roger Waters. 

Près d’un an après le début de l’offensive militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, Mme Nakamitsu a noté que l’assistance militaire apportée par plusieurs pays inclut des armements de plus en plus lourds, tels que des tanks.  Des États auraient également transféré des armes à la Fédération de Russie, dont des drones de combat, a-t-elle révélé, en pointant sur les risques d’escalade. 

Prônant la transparence dans ces transferts d’armes, la Haute-Représentante a déclaré que le Registre des armes classiques de l’ONU et le Traité sur le commerce des armes sont, à ce titre, des instruments clefs, alors que la perspective d’un règlement négocié s’éloigne tant « la logique militaire continue de prévaloir ». 

Le véritable défi aujourd’hui est que les leviers capables d’influencer la recherche d’une solution pacifique sont entre les mains de l’industrie de l’armement occidentale qui est la dernière à vouloir la paix, a accusé la Fédération de Russie.  Grâce à un flux continu de livraisons et de nouvelles commandes, les actions des entreprises concernées ont, rien qu’au cours des trois derniers mois de 2022, fait un bon de plus de 20%. 

L’industrie de l’armement américaine a désormais un véritable terrain d’essai où, au prix de la vie des Russes et des Ukrainiens, elle peut tester de nouveaux engins, les modifier et les améliorer, a encore accusé la Fédération de Russie.  Elle a soupçonné les pays occidentaux d’avoir trouvé un prétexte pour augmenter significativement leurs budgets de la défense et les revenus de leur propre industrie. 

Cela se traduit, a-t-elle affirmé, par un approvisionnement constant de l’Ukraine en armes obsolètes, qui finissent écrasées par l’armée russe, pendant que les armées des pays de l’OTAN sont modernisées.  La Fédération de Russie a ajouté que les anciens pays neutres ne sont pas en reste, 2022 ayant été l’une des années les plus rentables pour le complexe militaro-industriel suisse.  L’Occident est directement impliqué dans le conflit ukrainien car il y envoie aussi mercenaires et personnel militaire, a encore dénoncé la Fédération de Russie. 

On voit que cette dernière n’a pas demandé cette réunion pour discuter des perspectives de paix mais bien pour tenter de justifier sa guerre, a rétorqué le Royaume-Uni.  Face à l’agression russe, a-t-il martelé, l’Ukraine n’a eu d’autre choix que d’exercer son droit de légitime défense tel que consacré par la Charte, et nous sommes fiers de lui apporter notre appui. 

À son tour, la France a promis de continuer d’apporter au peuple ukrainien tout le soutien dont il a besoin pour préserver sa souveraineté.  Elle a accusé la Russie de s’approvisionner en armes, en violant les résolutions du Conseil de sécurité.  Les États-Unis ont en effet dénoncé les transferts illicites de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et de l’Iran vers la Russie. 

J’ai condamné l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, qui a engendré une guerre non provoquée, mais j’ai aussi condamné les provocateurs, a déclaré le chanteur des Pink Floyd.  La seule façon logique de sortir de la guerre en Ukraine est d’obtenir un cessez-le-feu pour ouvrir la voie à la paix.  Changez de cap, mettez-vous d’accord, a lancé le bassiste du groupe britannique. 

Il a été sèchement renvoyé à ses cordes par l’Ukraine, qui a trouvé « ironique » qu’il essaye de justifier cette invasion, alors que les Pink Floyd avaient condamné l’invasion de la Russie en Afghanistan, ce qui leur avait d’ailleurs valu une interdiction de séjour sur le sol russe.  Cette popstar ne peut ignorer le crime d’agression de la Russie et l’opinion de 143 membres de l’Assemblée générale, s’est énervée l’Ukraine.  « Continuez de jouer de la guitare, cela vous va mieux que de faire la morale au Conseil de sécurité. » 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a rappelé que le monde se rapproche d’un tragique anniversaire, celui du lancement de l’offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine il y a près d’un an.  Elle a mentionné l’assistance militaire apportée à l’Ukraine par plusieurs pays, incluant des armements de plus en plus lourds, tels que des tanks.  Des États auraient également transféré des armes à la Russie, telles que des drones de combat.  Pointant les risques d’escalade découlant d’un afflux d’armes dans une situation de conflit armé, elle a dit que la transparence dans le domaine de l’armement est cruciale pour réduire les tensions et dissiper les ambiguïtés entre États Membres.  Le Registre des armes classiques de l’Organisation de Nations Unies et le Traité sur le commerce des armes sont, à ce titre, des instruments clefs, a-t-elle dit, en appelant tous les États à y participer.

La Haute-Représentante a appelé toutes les parties à protéger les civils et les infrastructures civiles, en rappelant qu’il y a eu 18 657 victimes civiles depuis le début du conflit, dont 7 110 tués et 11 547 blessés, même si le bilan est probablement beaucoup plus lourd.  Elle a dénoncé les attaques russes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine qui ont déclenché une grave crise humanitaire.  « Ces attaques constituent une inacceptable escalade de la guerre et les civils en paient le prix fort. »  Elle a appelé au respect des principes humanitaires et à éviter toute victime civile.  Les parties doivent s’abstenir de déposer des mines dans des zones peuplées, a-t-elle notamment exigé.  Elle a appelé à mettre en œuvre la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes explosives dans les zones habitées, que 80 pays ont adoptée.

Enfin, elle a réitéré l’appel de l’ONU pour la paix, en déplorant que les perspectives de paix s’amenuisent.  La perspective d’un règlement négocié s’éloigne tant la logique militaire continue de prévaloir, a-t-elle regretté.  Les transferts d’armes en faveur de l’Ukraine ne doivent pas faire dérailler les aspirations à la paix, a-t-elle conclu, en appelant à un règlement pacifique du conflit.

M. ROGER WATERS, militant pacifique, a indiqué qu’il participait à cette réunion pour étudier les possibilités de paix pour l’Ukraine, dans un contexte d’afflux d’armes toujours plus nombreuses dans ce pays.  Il s’est ému du sort des sans-voix du monde entier, dont il a dit être le porte-parole aujourd’hui, décrivant la pente glissante d’un navire néocapitaliste en train de sombrer, avec de nombreuses victimes en train de vivre dans la rue, sur des cartons, « à la sortie de l’ONU ».  Comment faire en sorte que les choses s’améliorent? s’est-il demandé, en rappelant que la majorité des gens s’inquiète de « vos guerres perpétuelles » qui vont détruire la planète.  Il a dit avoir condamné l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, qui a engendré une guerre non provoquée, et avoir également condamné les provocateurs.  Ce matin j’ai eu une révélation à mon réveil, a poursuivi l’ancien membre du groupe Pink Floyd: ce Conseil est incapable d’agir, mais s’il s’agit d’une instance incapable d’agir, je peux en revanche m’exprimer au nom des sans-voix « sans risquer de me faire décapiter ». 

Lorsque j’avais 13 ans, a-t-il poursuivi, ma mère m’a dit: « tu vas être confronté à bien des problèmes dans ta vie, aussi je te conseille de lire et de lire encore ».  Elle lui a conseillé, dans ces cas, de considérer chaque problème sous tous ses angles, de tenir compte des avis des uns et des autres, en particulier ceux avec qui il n’est pas d’accord, avant de lui préciser que la chose la plus simple à faire est de « faire ce qui est bien ».  Nous, les peuples, souhaitons le respect des droits universels, a-t-il continué en se demandant ce qu’ont à dire les millions de sans-voix.  « Merci de nous donner la parole », a-t-il ajouté: « pour nous, la seule possibilité logique à la guerre en Ukraine consiste à demander un cessez-le-feu pour sauver le maximum de vies et ouvrir la voie à la paix ».  Changez ce cap, mettez-vous d’accord, a lancé Roger Waters aux membres du Conseil.  « John Lennon chantera depuis sa tombe, les harceleurs accepteront enfin de donner une chance à la paix et d’échapper à l’apocalypse nucléaire.  Nous pourrons cesser de gaspiller dans la guerre de précieuses ressources qui devraient plutôt servir à nourrir les peuples », a ajouté le militant. 

M. VASILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a apprécié « l’analyse très précise de Roger Waters, l’un des militants les plus en vue du mouvement anti-guerre moderne », soulignant que sa prise de parole au Conseil témoigne du fait que l’intelligentsia créative internationale est très préoccupée de la direction que prend notre monde.  Et il ne s’agit même pas d’aveux de politiciens, comme la Ministre allemande des affaires étrangères Annalena Burbock, selon lesquels l’OTAN est en guerre contre la Russie, ni de nouveaux appels d’un certain nombre de politiciens russophobes à infliger une défaite stratégique à la Russie, ce que l’Ukraine n’est pas capable d’infliger par elle-même, a noté le représentant.  Il a estimé que le véritable problème, c’est que les leviers capables d’influencer la recherche d’une solution pacifique au conflit autour de l’Ukraine se sont retrouvés entre les mains des sociétés et corporations d’armement occidentales qui sont les dernières à vouloir la paix.  « Jugez-en par vous-même », a-t-il lancé, en faisant allusion aux noms de fabricants d’armes occidentaux dont les logos figuraient sur un carton d’invitation de l’ambassade d’Ukraine aux États-Unis en décembre 2022: VPK Grumann, Raytheon, Northtrop & Whitney et Lockheed Martin. 

Grâce à un flux continu de livraisons et de nouvelles commandes, les actions de ces sociétés ont augmenté de plus de 20% rien qu’au cours des trois derniers mois de 2022, a fait valoir le représentant.  Il a noté que les revendeurs américains disposent d’un véritable terrain d’essai de leurs armes, où, au prix de la vie de Russes et d’Ukrainiens, de nouveaux types d’armes sont testés, modifiés et améliorés.  Il en a conclu que les pays occidentaux ont trouvé un prétexte pour une augmentation significative de leurs budgets de défense et des revenus de leurs propres entreprises de défense.  La Pologne et la République tchèque sont devenues les centres de réparation du matériel militaire, a-t-il encore analysé en citant le Wall Street Journal pour qui ces pays en tirent également d’énormes profits. 

Les anciens pays neutres ne sont pas en reste, a poursuivi le délégué en déclarant que 2022 a été l’une des années les plus rentables pour le complexe militaro-industriel suisse.  Il a dit que le Parlement suisse envisage une initiative permettant aux pays tiers de réexporter des armes de fabrication suisse 5 ans après leur achat.  « Quelle neutralité pragmatique! »  À ses yeux, les pays de « l’Occident collectif » ont depuis longtemps perdu leur moralité et leur conscience.  Le représentant a déclaré être bien conscient que tant que le régime de Kiev ne sera pas complètement en faillite sur le champ de bataille, ce flux d’armes occidentales ne se tarira pas, soulignant une fois de plus que l’Occident est directement impliqué dans le conflit ukrainien, non seulement en fournissant des armes et des renseignements, mais aussi en envoyant des mercenaires et du personnel militaire.  Dans certaines capitales occidentales il est même question aujourd’hui de déployer des troupes de l’OTAN, a-t-il avancé.  Il a conclu en espérant que les récents aveux de Mme Merkel, M. Hollande, M. Johnson et M. Porochenko sur la façon dont les pays occidentaux, sous couvert des accords de Minsk, ont armé l’Ukraine pendant huit ans et l’ont préparée à la guerre avec la Russie, n’induiront personne en erreur.  Il a ajouté que les soi-disant « formules de Zelenskyy » sont simplement une parodie de la notion de « plan de paix ». 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a appelé la Fédération de Russie à cesser toutes les opérations de combat et à retirer sans délai ses troupes du territoire ukrainien.  « La Suisse soutient pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »  Elle a appelé toutes les parties à respecter strictement le droit international humanitaire, ainsi que les droits de l’homme, en indiquant que même en temps de guerre, il y a des règles à respecter.  Il est important d’avancer vers des solutions pacifiques, justes et durables, a continué la déléguée.  « Pour y arriver, nous devons nous appuyer sur le droit international et sur les efforts diplomatiques », a-t-elle insisté.  À cet égard, et si les parties le souhaitent, la Suisse se tient prête à fournir des bons offices et à soutenir la désescalade, a-t-elle ajouté.  Enfin, fervente partisane de la reddition de comptes, elle a indiqué que la Suisse, avec une quarantaine d’autres États, a notamment déféré la situation en Ukraine à la Cour pénale internationale (CPI).

M. DAI BING (Chine) a réitéré son inquiétude que l’afflux d’armes en Ukraine ne fasse qu’aggraver la situation sur le terrain, avec les répercussions mondiales que cette escalade est susceptible d’avoir.  Ce risque de prolifération exige des mesures strictes de contrôle pour empêcher que ces armes ne tombent entre les mains de terroristes ou de groupes non étatiques, a-t-il estimé.  Le représentant a espéré que les pays européens accorderont l’importance qui s’impose à l’accumulation de ces arsenaux sur le territoire ukrainien, avant de rappeler qu’il n’existe aucune solution militaire au conflit.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a rappelé que lors de la séance du Conseil de lundi dernier sur la situation humanitaire en Ukraine, il avait déjà exprimé le regret de son pays que le débat public se focalise de plus en plus sur les transferts d’armes et de munitions, et non sur ce qui lui semble le plus important: un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture de négociations de paix.  L’accent mis sur les transferts d’armes est symptomatique, selon lui, d’une grave escalade du conflit.  À de nombreuses reprises, le Brésil a rappelé le droit des États à la légitime défense, principe fondamental du droit international, mais pas au risque d’éclipser la paix et la sécurité internationales, a-t-il expliqué.  Le représentant a également mis en garde contre le grand risque que les armes transférées à l’une des parties au conflit tombent entre les mains de destinataires non autorisés, y compris des milices et des groupes criminels ou terroristes.  Il a donc exhorté les parties à suspendre immédiatement les hostilités sans conditions préalables et à engager le dialogue. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a condamné dans les termes les plus forts l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Les actions russes constituent une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il martelé.  Il a rappelé le droit à la légitime défense de l’Ukraine face à cette agression.  « Aucun pays ne devrait appuyer l’agression russe. »  Enfin, il a invité la Russie à ne pas user de ce Conseil pour détourner l’attention de ses actes. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a commencé par dire que, après un an de combats intenses, la guerre en Ukraine est en train de prendre la tournure d’un conflit qui s’enlise.  Elle s’est dite convaincue qu’un règlement négocié entre la Russie et l’Ukraine garantira la paix dans ce pays.  Pour la représentante, il est temps de faire une pause et il faut que la communauté internationale exerce un regard critique sur la situation ainsi que sur ses conséquences à long terme.  Plus vite cette guerre s’arrêtera, plus vite nous pourrons rétablir les systèmes économiques et alimentaires dont le reste du monde dépend, a ajouté la déléguée, avant d’assurer que son pays continuera de soutenir les efforts de paix au niveau international.

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) s’est alarmée des récentes annonces relatives à des livraisons de nouveaux armements de pointe à l’Ukraine, qui laissent présager que les combats vont non seulement durer, mais vraisemblablement aussi se durcir.  Nous tendons inexorablement vers une guerre d’usure, a-t-elle estimé, s’attendant à plus de morts et plus de destructions d’infrastructures civiles.  Le Gabon appelle à mettre fin à cette guerre afin de stopper l’effusion de sang et le cycle de peur et de détresse dans lequel sont plongées les populations ukrainiennes depuis bientôt une année, a lancé la représentante.  Alors que la signature de l’accord sur l’exportation des céréales en juillet dernier a été une source d’espoir, elle a souligné que cela avait été possible au plus fort du conflit, ce qui révèle qu’avec de la volonté, il est toujours possible d’activer les canaux de la diplomatie.  « Nous continuons d’appeler l’ensemble des parties à mettre en branle les mécanismes prévus au chapitre VI de la Charte des Nations-Unies afin de mettre fin à la belligérance et amorcer les négociations pour une paix durable et une coexistence pacifique. »  La déléguée a conclu son intervention en insistant sur l’impératif du dialogue pour faire taire les armes en Ukraine. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a estimé que la Fédération de Russie n’a pas demandé la tenue de cette réunion pour discuter des perspectives de paix mais pour tenter de justifier sa guerre.  Face à l’agression russe, l’Ukraine n’a pas eu d’autre choix que d’exercer son droit à la légitime défense tel que consacré par la Charte des Nations Unies, a expliqué la déléguée, avant de se dire fière de l’appui apporté par son pays à l’Ukraine dans cette guerre.  « Mais ce que l’Ukraine veut, ce que nous voulons, c’est la paix. »  La déléguée a ainsi appuyé les propositions ukrainiennes à cette fin, en rappelant que toute paix, pour être juste et durable, devra être basée sur les principes de la Charte.  Si la Russie voulait vraiment la paix, elle ne demanderait pas la convocation de ces « simulacres de réunion » mais elle mettrait immédiatement un terme à son invasion, se retirerait de l’Ukraine et retournerait à la table des négociations, a fait remarquer la déléguée. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé qu’il y a un an, certains d’entre nous mettaient en garde contre un risque d’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie, qui n’a eu de cesse, des semaines durant, de se montrer rassurante, affirmant qu’il ne s’agissait que de rumeurs infondées.  Il a dénoncé la guerre de choix menée par Moscou, avant de l’encourager à retirer ses troupes, à cesser ses bombardements et à entamer des pourparlers de paix avec l’Ukraine.  Quant à la communauté internationale, elle doit plus que jamais continuer de témoigner son soutien auprès de ce pays, a-t-il recommandé.  Ce dont nous avons besoin, c’est d’action concrète: la paix est avant tout l’œuvre des courageux, a lancé le représentant.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a réitéré la position de son pays qui a toujours jugé vital de protéger les armes pendant le transfert, le stockage et le déploiement.  Cela est particulièrement urgent dans le contexte des hostilités en cours, a-t-elle insisté, en exhortant à la vigilance et la transparence pour éviter que les armes ne tombent entre de mauvaises mains.  La discussion d’aujourd’hui, a poursuivi la représentante, souligne l’importance de parler de l’impact potentiel du conflit sur la prolifération des armes.  Nous restons fermes et nous continuons de penser, a-t-il conclu, que le Conseil de sécurité doit assurer le respect de toutes ses résolutions, y compris la résolution 2231.

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) s’est interrogé sur la crédibilité de M. Waters, avant de souligner que son pays veut un monde en paix où chaque nation peut décider de sa politique étrangère.  Ne détournons pas notre attention de l’agression militaire et illégale de la Russie contre l’Ukraine, a-t-il dit.  Le représentant a insisté pour que l’on défende les principes de la Charte, dont le droit à la légitime défense et en l’occurrence celui de l’Ukraine.  Les armes que nous continuerons de fournir à l’Ukraine, a-t-il expliqué, seront là pour précisément appuyer l’exercice de ce droit contre les attaques de la Russie.  Personne ne veut plus la paix que les Ukrainiens, alors que la Russie ne montre aucune intention d’aller dans ce sens, préférant user de ce Conseil pour détourner l’attention de ce qu’elle fait, dont la préparation d’une nouvelle offensive de grande ampleur, a accusé le représentant qui n’a pas manqué de dénoncer les transferts d’armes de la République populaire démocratique de Corée et de l’Iran vers la Russie, en violation flagrante des résolutions du Conseil. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) s’est dit préoccupé par les menaces à la paix et à la sécurité que pose l’afflux massif d’armes et de munitions dans toute situation de conflit armé et par les risques de détournement, de propagation et d’escalade.  Les mesures visant à contrer ces risques sont essentielles pour le redressement post-conflit ainsi que pour la sécurité et la stabilité régionales, voire à la prévention des conflits, a estimé le représentant.  Il a condamné l’escalade permanente des attaques et des bombardements contre les infrastructures civiles en Ukraine, qui compromet encore davantage l’accès aux services de base, dont la santé et l’éducation, et qui accentue le risque d’une catastrophe nucléaire.  Pour le délégué, il est clair que les perspectives d’une solution pacifique dépendent de la cessation immédiate des hostilités et du retrait des troupes d’occupation russes.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a relevé que la trajectoire du conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine pointe vers une guerre d’usure, loin de tout compromis à la table des négociations.  Au contraire, a-t-il regretté, nous assistons à l’expansion croissante des acteurs directement et indirectement impliqués dans le conflit, à l’érosion des notions de retenue dans la conduite des affaires liées au maintien de la paix internationale, y compris la paralysie de ce Conseil, et au mépris des accords internationaux durement et longuement négociés sur le commerce et le transfert d’armes.  Aujourd’hui, s’est-il expliqué, nous constatons une accumulation d’armes et la prolifération d’armes illicites. 

Les transferts massifs d’armes, a-t-il prévenu, ne font que jeter de l’huile sur le feu.  Les flux d’armes non réglementés conduisent à l’escalade du conflit et pendant ce temps, l’humanité perd alors que les marchands d’armes s’enrichissent.  Comme ces transferts d’armes ont lieu sans supervision des mécanismes convenus au niveau des Nations Unies, il faut s’attendre à ce qu’elles se retrouvent dans « notre partie du monde » qui regorge déjà d’armes illégales meurtrières.  Le délégué a donc instamment prié toutes les parties au conflit d’agir d’une manière compatible avec les accords internationaux de contrôle des armes et dans l’intérêt du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que le règlement pacifique de cette guerre dépend de la Russie, qui en est entièrement responsable.  « Si la Russie cesse de combattre, la paix sera immédiatement rétablie, si l’Ukraine cesse de combattre, elle sera anéantie. »  Il a déclaré que la France apporte et continuera d’apporter au peuple ukrainien tout le soutien dont il a besoin pour exercer son droit à la légitime défense et préserver sa souveraineté.  « Ce soutien inclut un soutien militaire, à titre bilatéral et via l’Union européenne. »  Il a déclaré que la Russie cherche à s’approvisionner en armes par tous les moyens, y compris en violant les résolutions du Conseil.  La Russie continue selon lui d’utiliser toutes ces armes pour sa stratégie de ciblage systématique de la population et des infrastructures civiles ukrainiennes, en violation flagrante des principes du droit international humanitaire.  Les Nations Unies et tous ses membres ne peuvent ni ne doivent détourner le regard, a-t-il conclu, en appuyant le plan de paix en 10 points proposé par le Président ukrainien.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a déclaré que la dynamique actuelle souligne l’importance vitale de l’accès humanitaire en Ukraine, y compris dans les zones que les autorités ne contrôlent pas.  La représentante a réitéré son appel à la suppression immédiate de tous les obstacles à l’acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire.  Elle a exhorté la Fédération de Russie à retirer ses forces militaires de l’ensemble du territoire de l’Ukraine, arguant qu’il n’est jamais trop tard pour respecter la Charte et ses dispositions relatives au règlement pacifique des différends, et pour revenir au dialogue et à la diplomatie.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a remercié les partenaires de l’Ukraine qui ont dit clairement que la seule voie possible pour répondre à l’agression en cours passe par le respect de la Charte des Nations Unies.  La défaite militaire russe sur le sol ukrainien est imminente selon lui, si le « régime criminel russe » n’applique pas les exigences de l’Assemblée générale et de la CIJ et ne retire pas ses troupes.  Sur la base de la Charte, l’Ukraine exige la reddition de comptes de la Fédération de Russie, notamment pour le crime d’agression et les crimes de guerre, a-t-il précisé.  Aucune disposition de la Charte des Nations Unies ne porte atteinte au « droit naturel » à la légitime défense, a-t-il rappelé avant de reprocher au Conseil de sécurité de toujours tolérer la présence de criminels de guerre occupant le « siège de l’Union soviétique », ce qui l’empêche d’agir pour rétablir la paix et la sécurité internationales.  Pour lui, la seule chose qui permettra d’aboutir à une paix exhaustive et durable, c’est la contribution déterminée de toutes les nations responsables au rétablissement du respect des principes de la Charte.  C’est une guerre de choix, a tranché le représentant accusant Vladimir Putin d’avoir choisi la violence et d’émasculer sa nation en traitant son pays comme du bétail voué à produire de plus en plus de chair à canon. 

Répondant à ceux qui appellent à mettre fin à la guerre à n’importe quel prix, le représentant a demandé s’ils étaient prêts à montrer leur capacité à punir le responsable de cette guerre.  Si le Conseil de sécurité est bloqué par celui qui cause ces maux et qu’il ne peut pas le punir, faisons en sorte de le faire à sa place, a-t-il dit.  Aujourd’hui, il a dit répondre à ceux qui ne voient aucun inconvénient à voir l’Ukraine désarmée, déchirée en mille morceaux, impuissante et déshonorée. 

Le représentant a ensuite ironisé sur l’intervention de Roger Waters, en rappelant que ce dernier aurait appelé Putin le nouveau Hitler dans une interview avec Chris Hedges en septembre dernier.  Or maintenant il annonce qu’il se produira à Moscou, a-t-il relevé.  Il lui a semblé ironique que M. Waters essaye aujourd’hui de justifier une invasion, alors que les Pink Floyd avaient condamné l’invasion russe de l’Afghanistan, ce qui leur avait valu d’être interdits en Russie à l’époque.  Cette popstar ne peut ignorer le crime d’agression de la Russie et l’opinion de 143 membres de l’Assemblée générale, et aller amuser les foules à Moscou, a-t-il poursuivi, estimant qu’il ne peut passer sous silence le génocide ethnique en Russie qui utilise ses soldats comme chair à canon sur le front.  « Continuez à jouer de la guitare M. Walters.  Cela vous va mieux que de faire la morale au Conseil de sécurité », lui a-t-il asséné. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a repris la parole pour répondre à son homologue de l’Albanie et préciser que M. Waters n’est nullement menacé en Russie.  C’est nous qui avons convié M. Waters à s’exprimer devant ce Conseil, a déclaré le délégué, en pointant la réticence des pays occidentaux à entendre des points de vue alternatifs sur la situation en Ukraine.  Enfin, il a reproché aux États-Unis de s’approprier la fin de la guerre froide alors que la Russie y a largement contribué.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.