Haïti: face à la violence des gangs et au vide politique, le Conseil de sécurité entend quelques appels pressants pour le déploiement d’une force internationale
Réuni ce matin, le Conseil de sécurité a fait le point sur la situation critique en Haïti, expliquée en détails par la Représentante spéciale du Secrétaire général en Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Mme Helen La Lime a dressé un tableau extrêmement sombre de la situation d’un pays « sans un seul élu au pouvoir » depuis l’expiration du mandat de ses 10 derniers sénateurs. La majorité des délégations ont appelé les acteurs haïtiens à travailler ensemble à la mise en œuvre d’une voie consensuelle vers des élections démocratiques, sans prendre position sur l’idée de déployer une force armée spécialisée internationale.
Haïti est un pays en proie aux exactions de bandes lourdement armées qui ne reculent devant rien pour inspirer la terreur au sein de la population civile: enlèvements, meurtres, viols, y compris d’enfants. Dans son intervention, le représentant haïtien a relevé que « même les policiers » n’étaient pas à l’abri d’une telle violence, puisque plusieurs d’entre eux ont été assassinés au cours de la semaine écoulée. Le recours par les bandes au blocage des voies de circulation empêche le travail humanitaire, alors que près de cinq millions d’Haïtiens souffrent de la faim, et qu’une épidémie de choléra sévit, dans un contexte d’effondrement des infrastructures sanitaires.
Neuf écoles sur 10 demeurent fermées, entraînant un cercle vicieux de retard de développement pour le pays et de recrutement de jeunes désœuvrés par les gangs. La République dominicaine, qui partage sa frontière terrestre avec Haïti sur l’île d’Hispaniola, a fait part de ses difficultés à gérer l’espace frontalier, étant donné la disparition de l’état de droit chez son voisin: la frontière y est devenue une source de fléaux comme la traite d’êtres humains, le trafic d’armes et de substances illicites, et la contrebande de marchandises.
Pourtant, l’envoi d’une force armée spécialisée internationale pour épauler la Police nationale d’Haïti (PNH) sous-dotée a été réclamée de nouveau par la Cheffe du BINUH et par Haïti, pour qui il s’agit « d’un impératif du moment » - « ne pas agir, c’est ne pas pénétrer la profondeur de la crise », selon son représentant. La République dominicaine a regretté que cette principale demande des autorités haïtiennes, approuvée par le Secrétaire général, demeure « sans feuille de route claire ». Dans cet esprit, le délégué du Mozambique, également au nom du Gabon et du Ghana, a encouragé les consultations en cours pour la mise en place et le déploiement d’une force internationale de lutte contre les gangs qui sèment la terreur en Haïti, qu’il a qualifié de « sixième région de l’Afrique ». L’Albanie aussi a soutenu « sans réserve » le déploiement en Haïti d’une force d’action rapide.
Évoquant « l’héritage douteux » des précédentes missions de l’ONU en Haïti, la République dominicaine a voulu peser le souci de planifier adéquatement toute réponse, sans reproduire les erreurs du passé ni ignorer la volonté du peuple haïtien, et l’urgence absolue d’agir, chaque minute écoulée entraînant l’aggravation de la situation. Le Canada a appelé au contraire à faire les choses différemment et à tirer les leçons de l’histoire des grandes interventions militaires en Haïti, « qui n’ont pas réussi à apporter une stabilité à long terme aux Haïtiens ». Ainsi le Brésil a-t-il dit croire à « des solutions dirigées par les Haïtiens ».
En l’absence de consensus sur ce point crucial, les espoirs se sont tournés vers deux initiatives majeures. La première est l’accord politique signé en Haïti le 21 décembre. Le « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes », adopté en Conseil des ministres, devrait à terme, établir un nouveau gouvernement d’ici à février 2024, et promouvoir des réformes fiscales, afin de collecter des impôts et de rétablir les services publics. Mme La Lime a aussi évoqué la mise en place d’un haut conseil multipartite de transition; la création d’un organe de contrôle de l’action gouvernementale; la restauration complète de la Cour de cassation, la plus haute juridiction du pays, avec un conseil de transition qui collaborera avec le Gouvernement pour en nommer les juges; la formation du Conseil électoral provisoire, ainsi que l’élaboration de réformes constitutionnelles.
L’autre avancée à laquelle se sont référés tous les intervenants est la résolution 2653 (2022), par laquelle le Conseil a établi à l’unanimité un régime de sanctions contre ceux qui entretiennent, directement ou indirectement, des relations avec des groupes armés et des réseaux criminels en Haïti. La Chine, les États-Unis et le Brésil s’en sont de nouveau félicités. Le Royaume-Uni s’est dit favorable à son élargissement à de nouvelles personnes impliquées dans les violations des droits humains. Il a toutefois estimé comme la France que si les sanctions constituent un signal dissuasif pour les criminels et leurs soutiens politiques et financiers, « elles ne peuvent pas tout résoudre à elles seules ».
La Russie, pour qui la crise de l’État haïtien est en grande partie « le résultat de l’ingénierie politique et néocoloniale », a déploré de son côté un amalgame dans le rapport du Secrétaire général entre mesures coercitives unilatérales et sanctions du Conseil de sécurité; elle y a vu une « tentative des États-Unis et du Canada d’influencer les processus internes de ce pays ».
Le Consensus national et l’adoption de sanctions sont les deux outils qui pourront tracer un sentier clair pour sortir Haïti de l’ornière, a résumé la Représentante spéciale. Néanmoins, a-t-elle prévenu, sans une force armée internationale pour aider la PNH à combattre les bandes armées, les effets positifs des sanctions demeureront fragiles, et risqueront d’être balayés. Les Haïtiens, « dans leur grande majorité », a-t-elle insisté, souhaitent cette aide, afin de pouvoir de nouveau mener leur vie quotidienne en toute tranquillité.
LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI - S/2023/41
Déclarations
Mme HELEN LA LIME, Représentante spéciale du Secrétaire général en Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a évoqué un niveau sans précédent de violence de la part des bandes, avec 1 359 enlèvements en 2022, soit plus du double que l’année précédente, et 4 meurtres en moyenne par jour. Ces meurtres, en hausse de 33% par rapport à 2021, ont touché toutes les strates de la société, y compris un ancien candidat à l’élection présidentielle et le directeur de l’Académie de police nationale. Selon le rapport conjoint à paraître de la BINUH et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, la guerre entre deux bandes lourdement armées, le « G9 » et le « G-Pep », a atteint des niveaux sans précédent dans la localité de Cité-Soleil. La représentante spéciale a évoqué des homicides d’hommes, de femmes et d’enfants, ainsi que des viols brutaux de femmes et d’enfants, une tactique utilisée par les bandes pour répandre la peur et détruire le tissu social dans les zones qu’elles contrôlent. Ceci alors qu’une épidémie de choléra sévit et que les bandes coupent sciemment l’accès humanitaire, à la nourriture et à l’eau, dans un contexte d’effondrement des services de santé.
Près de cinq millions de personnes sont confrontées à une faim extrême, a averti Mme La Lime. Alors que 90% des écoles n’ont pas rouvert leurs portes, des mineurs sont recrutés par les bandes. Elle a demandé aux donateurs de faire preuve de générosité pour répondre aux besoins immédiats et combler les retards de développement du pays. « L’expiration du mandat des 10 derniers sénateurs en exercice signifie qu’il n’y a plus un seul élu au pouvoir en Haïti. » Ce vide institutionnel, s’il est un énorme défi, est aussi l’occasion, selon la Représentante Spéciale, de faire le bilan et d’examiner les causes profondes de l’échec haïtien et de remettre le pays sur les rails.
Mme La Lime a mis l’accent sur deux actes fondamentaux, à commencer par l’adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité, en octobre dernier, de la résolution 2653 (2022), établissant des mesures de sanctions à l’encontre de ceux qui soutiennent les activités criminelles et la violence impliquant des groupes armés. Des sanctions bilatérales ont également été mises en place depuis le mois de décembre, a-t-elle noté. « Ces mesures créent un espace pour un dialogue politique supplémentaire et les réformes nécessaires. » Elles ont été renforcées par des développements encourageants dans le système judiciaire, avec la vérification des antécédents des juges et la réduction des niveaux de détention provisoire. La diplomate a ensuite mis en exergue est la signature, le 21 décembre dernier, du Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes. Consensus qui, à terme, devrait établir un nouveau gouvernement d’ici à février 2024 et promouvoir des réformes fiscales afin de collecter des impôts et de rétablir les services publics.
Mme La Lime a aussi évoqué la mise en place d’un haut conseil multipartite de transition; la création d’un organe de contrôle de l’action gouvernementale; la restauration complète de la Cour de cassation, la plus haute juridiction du pays, avec un « Conseil de transition » qui collaborera avec le Gouvernement pour en nommer les juges; la formation d’un nouveau conseil électoral provisoire; ainsi que l’élaboration de réformes constitutionnelles. L’accord n’est en aucun cas un fait accompli, et il reste fondamentalement ouvert, a précisé la Représentante spéciale. Une série de tables rondes, qui comprendront des discussions sur l’établissement d’une feuille de route électorale inclusive et d’un plan de sécurité nationale, offrira en effet la possibilité à ceux qui ne se sont pas encore engagés de participer à cet effort.
La Police nationale d’Haïti continue d’être une priorité pour le Gouvernement avec une augmentation de l’enveloppe budgétaire qui atteint cette année 162 millions de dollars. Mme La Lime a indiqué que 714 nouveaux agents de police ont été formés, dont 174 femmes. Des véhicules blindés sont arrivés en Haïti pour engager le combat contre les bandes armées mais la difficulté réside désormais dans la consolidation des gains réalisés après ce type d’opération. « Le Consensus national et l’adoption de sanctions, a-t-elle insisté, sont les deux outils qui pourront tracer un sentier clair pour sortir Haïti de l’ornière ».
Enfin, le dernier axe, le déploiement d’une force armée spécialisée internationale, n’est pas encore une réalité, a reconnu la Représentante spéciale. Cependant, sans une telle force, les effets positifs des sanctions demeureront fragiles et risqueront d’être balayés, a-t-elle prévenu. « Les Haïtiens, dans leur grande majorité, souhaitent cette aide afin de pouvoir mener leur vie quotidienne en toute tranquillité. » La population vit dans la peur et elle est bien consciente des limites des forces de police, a-t-elle insisté avant de conclure: « Le peuple d’Haïti, dont la souffrance n’a pas de fin, compte sur vous ».
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a salué l’adoption de l’accord du 21 décembre qui doit être mis en œuvre de manière inclusive par les parties haïtiennes, notamment afin que le pays puisse surmonter les défis sécuritaires auxquels il est confronté. Il a déploré l’action des gangs qui pratiquent la violence sexiste et sexuelle pour semer la terreur et étendre leur territoire. Le délégué a salué les efforts de la police haïtienne qui a libéré le terminal pétrolier de Varreux et permis la distribution du carburant. Il s’est également félicité du régime de sanctions mis en place par le Conseil de sécurité et a encouragé les acteurs haïtiens à proposer les mises à jour de la liste des sanctions. Les États-Unis, a assuré le délégué, s’efforcent de traiter des causes profondes de l’instabilité en Haïti, en mettant l’accent sur la réforme du secteur de la justice. Il a appelé les partenaires à apporter leur contribution financière aux Nations Unies. S’il n’y a pas d’efforts sur le plan sécuritaire, alors les avancées dans d’autres secteurs, comme l’humanitaire et l’économie ne seront pas possibles, a—t-il mis en garde.
M. ZHANG JUN (Chine) a constaté qu’au cours de l’année écoulée, la situation ne s’est pas améliorée en Haïti, le pays étant confronté à un vide du pouvoir et à la violence de bandes criminelles, lesquels ont de graves incidences sur la population civile. De plus, a-t-il déploré, le mandat des 10 derniers sénateurs haïtiens est arrivé à son terme, ce qui signifie que « les institutions nationales n’ont plus de représentants élus ». Appelant les acteurs politiques à revenir rapidement à l’ordre constitutionnel et à faire progresser le processus de transition, le représentant a relevé que « le document de consensus national ne fait pas l’unanimité, certains groupes de la société civile s’étant prononcés contre ». Dans ce contexte, il a plaidé pour un dialogue inter-haïtien inclusif afin de convenir d’un régime de transition crédible et faisable et d’organiser des élections. Selon lui, le BINUH devrait être une plateforme de dialogue et accroître les efforts de promotion d’un processus politique dirigé par les Haïtiens. Observant par ailleurs une intensification des activités criminelles dans le pays, le représentant a noté que les Haïtiens se félicitent de l’établissement d’un régime de sanctions et espèrent que ces mesures permettront de juguler l’activité des bandes armées. La Chine soutient le Comité des sanctions et souhaite qu’il entre rapidement en action et élargisse la liste des personnes impliquées dans des activités criminelles, a-t-il ajouté, avant de saluer l’action de la Police nationale d’Haïti et les efforts visant à lutter contre les flux d’armes illicites. Le représentant a cependant souhaité qu’avant de déployer une force sur le terrain, « la communauté internationale prenne en considération l’évolution historique du pays, marquée au fil du temps par des ingérences étrangères ». Enfin, après s’être alarmé de la résurgence du choléra et la vulnérabilité accrue des femmes et des enfants, il a dénoncé les mesures de déportation prise par certains pays à l’encontre d’immigrants haïtiens.
Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) s’est dite encouragée par les accords récents et la mise en place du Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes, en espérant qu’il améliorera la situation politique, humanitaire et économique en Haïti. Elle a encouragé le dialogue inclusif et constructif pour organiser des élections dignes de ce nom. La violence continuera tant que les institutions ne pourront pas répondre à l’augmentation spectaculaire de la violence et notamment des violences sexuelles et sexistes, s’est inquiétée la déléguée. Prônant la lutte contre les flux financiers illicites et tous les trafics, elle a salué le travail de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire, la crise alimentaire hydrique et la résurgence du choléra, la déléguée a déploré une aide humanitaire insuffisante et surtout son obstruction due au blocage des routes par les bandes armées. Plus de 500 000 enfants haïtiens ont perdu leur accès à l’éducation, ce qui a pour effet de les jeter entre les mains de ces bandes et de miner le développement du pays.
M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a indiqué que l’impasse politique actuelle et les crises humanitaires et sécuritaires en Haïti se renforcent mutuellement. Comme les 10 derniers sénateurs restants au Parlement haïtien ont officiellement quitté leurs fonctions ce mois, le pays est actuellement sans un seul représentant démocratiquement élu, a-t-il relevé, avant d’ajouter que ce vide de légitimité pourrait déclencher une crise encore plus profonde. Une avancée dans le dialogue politique entre le Gouvernement et l’opposition est donc fondamentale pour briser ce cycle pervers. Le délégué a espéré que le régime de sanctions adopté en octobre dernier établira effectivement des sanctions ciblées contre ceux qui se livrent à la violence ou la soutiennent, quelle que soit la puissance de ces individus. Et comme certains États Membres imposent déjà des sanctions unilatérales contre certains Haïtiens, il a estimé qu’il est grand temps que le Comité des sanctions du Conseil de sécurité entame ses propres délibérations, afin que des sanctions puissent être envisagées et imposées avec toute la force de la communauté internationale. Outre les mesures de sécurité, le progrès socioéconomique en Haïti est essentiel pour faire face à cette crise de manière efficace et durable, a estimé le représentant. « Le Brésil croit aux solutions dirigées par les Haïtiens », a-t-il poursuivi, en encourageant les acteurs haïtiens à accepter de se parler et à œuvrer pour le compromis.
Au nom des A3 (Gabon, Ghana, Mozambique), M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a estimé que la situation politique, sécuritaire et humanitaire en Haïti exige une action urgente. L’engagement de la communauté internationale doit générer des résultats pour le peuple haïtien, a-t-il affirmé, appelant à des actions plus ambitieuses qui tiennent compte des besoins d’Haïti et aident à s’attaquer aux causes profondes des crises du pays. À cette fin, le représentant s’est félicité des consultations en cours et des efforts visant à élargir le soutien au document de consensus national et à créer le Haut Conseil pour la transition. Tout en se disant « prudemment optimiste » quant à ces évolutions du paysage politique, il a encouragé tous les secteurs de la société haïtienne à approfondir leurs engagements en faveur de cet accord, qui, selon lui, est une étape importante dans l’établissement de la confiance et la création de conditions propices à la résolution de l’insécurité et de l’instabilité politique.
S’agissant de la situation sécuritaire, le représentant s’est alarmé de l’intensification de la violence des gangs et d’autres activités criminelles, ainsi que de l’impunité des auteurs de ces actes. Condamnant l’utilisation de la violence sexuelle comme une arme pour semer la peur dans les communautés, il a également rappelé la nature interdépendante des défis multidimensionnels et complexes d’Haïti. Le manque d’opportunités économiques pour les jeunes des quartiers d’Haïti est un facteur important pour l’appartenance à un gang, a-t-il fait observer, jugeant vital de continuer à soutenir la Police nationale d’Haïti dans sa lutte contre ce phénomène. En outre, a déclaré le représentant, « les A3 encouragent les consultations en cours pour la mise en place et le déploiement d’une force internationale de lutte contre les gangs qui sèment la terreur en Haïti ». Ces actions doivent, selon lui, être complétées par des mesures visant à lutter contre la prolifération des armes et munitions illégales destinées aux gangs. En ce qui concerne les sanctions, il s’est dit encouragé par la réaction généralement positive du public haïtien à l’adoption par le Conseil de mesures ciblées. Le régime de sanctions doit servir l’objectif pour lequel il a été établi, y compris priver les réseaux criminels de sources de financement, a-t-il soutenu. Préoccupé par l’aggravation de l’insécurité alimentaire et la résurgence du choléra, il a réitéré l’appel des trois pays à une aide d’urgence pour répondre à ces besoins croissants. Il a aussi appelé les autres donateurs à accroître leur soutien pendant cette période critique pour Haïti et exhorté les pays de la région à faire preuve d’une plus grande solidarité. Enfin, après avoir rendu hommage au travail du BINUH sur le terrain, le représentant a salué la résilience des Haïtiens et de la « première nation noire à avoir obtenu son indépendance du colonialisme et de l’esclavage », considérée comme la « sixième région de l’Afrique ».
M. FERIT HOXHA (Albanie) a réitéré sa préoccupation face à « l’anarchie » qui sévit en Haïti. Les problèmes haïtiens ont selon lui de multiples causes, et seules des mesures décisives pourraient briser cette spirale. Il s’agit, pour le représentant, de démanteler les bandes criminelles en ayant recours à la force. Mais concernant le processus politique, « les formules magiques n’existent pas, et la solution doit venir des Haïtiens eux-mêmes ». Les citoyens doivent être davantage impliqués, avec des institutions légitimes et responsables, a estimé le représentant. Il faut un engagement honnête dans le processus et non des voix dissonantes, sans quoi le pays restera en flammes avec les bandes seules aux commandes. Appelant à l’application rapide de la résolution 2653 (2022) et à l’élargissement des sanctions contre les responsables de cette anarchie, le représentant a demandé au Conseil d’en faire davantage pour aider les Haïtiens à reprendre le contrôle de leur pays, c’est pourquoi, a-t-il conclu, « l’Albanie soutient sans réserve le déploiement en Haïti d’une force d’action rapide ».
Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) s’est alarmée des récits déchirants concernant les cas répandus de violences sexuelles par des gangs armés comme stratégie pour étendre leur contrôle sur les communautés. Elle a noté que le choléra s’est également propagé rapidement dans les 10 régions du pays, 40% de tous les cas suspects étant des enfants. Elle a félicité les partenaires humanitaires nationaux et internationaux qui risquent leur propre sécurité pour apporter une aide vitale aux personnes qui en ont désespérément besoin. La déléguée a exhorté tous les acteurs politiques en Haïti à mettre de côté leurs différences et à s’unir dans un compromis pour le bien des Haïtiens. Elle a en outre estimé que les sanctions doivent continuer à être utilisées comme un outil pour empêcher ceux qui cherchent à perpétuer le chaos et rançonnent le peuple haïtien pour leur propre profit de parvenir à leurs fins. En conclusion, elle a souhaité que 2023 soit une année de progrès vers l’avenir pacifique et prospère que le peuple haïtien mérite.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a reconnu les efforts de la Police nationale d’Haïti qui continue à se développer, ainsi que ses limites et ses besoins face à la puissance des bandes criminelles et des gangs. Le Conseil, en synergie avec les autres organes du système, devrait promouvoir la lutte contre la criminalité transnationale organisée et continuer à soutenir le travail technique de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour encourager le contrôle des frontières et des ports, ainsi que le suivi des flux financiers illicites. Selon le représentant, l’embargo sélectif sur les armes résultant de la résolution 2653 (2022) est selon lui un point de départ, qui devrait être renforcé par des efforts globaux de lutte contre le trafic illicite d’armes à feu. Le représentant a également jugé indispensable de progresser dans une transition inclusive vers des élections transparentes. Qualifiant l’accord haïtien du 21 décembre dernier d’encourageant, il a appelé à construire un consensus aussi large que possible autour du projet, même s’il est clair que des conditions de sécurité minimales sont nécessaires pour en garantir la stabilité.
Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation humanitaire et sécuritaire « désastreuse » en Haïti. Alors que 58% de la population haïtienne vit sous le seuil de pauvreté et que 4,7 millions de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire aiguë, elle a souligné la nécessité d’une réponse urgente à la demande d’assistance internationale d’Haïti. « Nous attendons avec intérêt la poursuite des discussions du Conseil sur l’autorisation d’une mission internationale d’assistance à la sécurité, comme proposé par le Secrétaire général », a-t-elle déclaré à ce sujet. Pour la représentante, une telle mission devrait avoir pour objectif de contribuer au rétablissement d’une gouvernance efficace en combattant la violence endémique des gangs. La déléguée a également mis l’accent sur le rôle des sanctions ciblées, se disant favorable, après la création du Comité des sanctions, à de nouvelles désignations contre les personnes impliquées dans les activités des gangs criminels et les violations des droits humains. Cependant, a-t-elle estimé, « les sanctions seules n’offrent pas de solution ». Il importe, selon elle, que les Haïtiens se rassemblent pour trouver une solution à l’impasse politique et s’attaquer aux défis économiques, humanitaires et sécuritaires du pays. Saluant les avancées récentes en vue d’un dialogue plus large, elle a renouvelé son appel à tous les acteurs haïtiens pour qu’ils travaillent ensemble à la mise en œuvre d’une voie consensuelle vers des élections démocratiques.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a constaté que les crises politiques, socioéconomiques, humanitaires et sécuritaires se renforcent mutuellement en Haïti. À cela s’ajoute une résurgence du choléra et le manque d’accès aux services de base, a-t-elle déploré, assurant que la Suisse continuera de soutenir les efforts pour améliorer la situation, notamment l’établissement d’un dialogue inter-haïtien inclusif et consensuel. Observant que l’augmentation constante de l’activité des gangs se traduit en violence contre la population, la représentante a souhaité que les auteurs de viols, de meurtres, de vols, d’attaques armées et d’enlèvements répondent de leurs actes et que le soutien médical et psychologique aux survivantes et survivants soit renforcé. La Suisse augmentera dans les prochains mois son soutien à des ONG locales et internationales qui fournissent des services psychosociaux dans certains quartiers contrôlés par les gangs. La représentante a ensuite salué l’unité qu’a démontrée le Conseil de sécurité en établissant un régime de sanctions. Ces mesures peuvent contribuer à la stabilisation du pays, au respect de l’état de droit et à la lutte contre l’impunité et la corruption, a-t-elle estimé en appelant à leur mise en œuvre effective et à l’entrée en action du Groupe d’experts sur le terrain. Évoquant par ailleurs l’insécurité alimentaire aiguë qui touche 4,7 millions de personnes en Haïti, elle a souligné l’appui apporté par la Suisse au Programme alimentaire mondial (PAM), au Fonds de consolidation de la paix et aux organisations locales implantées dans les provinces du sud, avant de relever que l’accès à l’aide humanitaire et la sécurité du personnel humanitaire sont fortement compromis par la violence des gangs. Dans ce contexte, elle a formé le vœu que la communauté internationale continue à maintenir une présence en Haïti.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a constaté qu’un mois après la dernière séance d’information sur Haïti, la situation dans le pays a continué de se dégrader. Tout en exhortant la communauté internationale à redoubler d’efforts pour Haïti, la déléguée a dit avoir accueilli avec intérêt la signature, le 21 décembre, d’un document de consensus national. « Nous encourageons les acteurs haïtiens à poursuivre un dialogue inclusif, qui doit déboucher sur l’organisation d’élections démocratiques lorsque les conditions sécuritaires seront réunies », a-t-elle déclaré, avant d’appeler à nommer rapidement un comité électoral provisoire et à fixer un calendrier. Alors que le pays n’a plus aucun élu depuis l’arrivée à échéance, le 9 janvier, du mandat des 10 derniers sénateurs, la classe politique haïtienne doit faire preuve de responsabilité afin de sortir de l’impasse actuelle, a ajouté Mme Broadhurst Estival. Évoquant la situation sécuritaire qui demeure extrêmement difficile, la déléguée a souhaité que la Police nationale d’Haïti, en première ligne face aux violences, soit plus efficacement soutenue. Elle a besoin d’équipements, de financements et de formation, a-t-elle précisé, rappelant que, pour rétablir la sécurité, les autorités haïtiennes ont lancé un appel à la communauté internationale. Dans ce contexte, la représentante a salué la constitution du Comité 2653 et de son panel d’experts. Toutefois, « si les sanctions constituent un signal dissuasif pour les criminels et leurs soutiens politiques et financiers, elles ne peuvent pas tout résoudre à elles seules ». Il est impératif de reconstruire la justice en Haïti, a-t-elle plaidé avant d’assurer, en conclusion, que la France restera engagée pour faciliter l’aide humanitaire, en particulier sur les plans sanitaire et alimentaire.
M. DMITRY A. POLYANSKI (Fédération de Russie) a rappelé que la crise de légitimité est l’un des principaux obstacles à la sortie d’Haïti du cercle vicieux de l’anarchie, de la violence et de la dégradation socioéconomique. En Haïti, a-t-il expliqué, « la crise de l’État est en grande partie le résultat de l’ingénierie politique et néocoloniale ». Le défi pour la communauté internationale est donc de guider Port-au-Prince vers la constitution d’institutions légitimes, sur la base de documents internationaux et régionaux tels que la Charte démocratique interaméricaine de 2001. Le délégué a souhaité que cette question soit davantage reflétée dans le rapport du Secrétaire général portant sur le pays. Il a souscrit à l’appel du Secrétaire général pour une enquête sur la mort du Président Jovenel Moïse. Il a d’ailleurs regretté que ledit rapport fasse l’amalgame entre les mesures coercitives unilatérales et les sanctions du Conseil de sécurité puisque ces deux questions, pourtant fondamentalement différentes, sont incluses dans une même section du rapport. Or tout le monde sait que dans d’autres pays, des sanctions unilatérales ont déjà entraîné de graves conséquences humanitaires et économiques, a rappelé le délégué. En ce qui concerne Haïti, il a vu une « tentative des États-Unis et du Canada d’influencer les processus internes de ce pays de la façon dont ils ont besoin ». Il a encore appelé à ne pas confondre les mesures unilatérales avec les actions de la communauté internationale qui découlent des décisions du Comité des sanctions créé par le Conseil de sécurité. Il a enfin souhaité que la lumière soit faite sur les sources de financement des bandes armées d’Haïti.
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a déclaré que le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent renouveler leur solidarité avec le peuple haïtien et accroître leur soutien aux efforts que déploie Haïti pour rétablir l’état de droit. Particulièrement préoccupé par l’ampleur de la violence des gangs et des activités criminelles, le représentant a estimé que la restauration d’un niveau d’ordre minimum est une priorité absolue, et que dans ce contexte, les sanctions introduites par la résolution 2653 (2022) contribueront à rétablir la sécurité et à la stabilité. Au sujet de l’appel lancé par le Secrétaire général pour le déploiement d’une force armée spécialisée internationale, il s’est dit prêt à participer aux discussions du Conseil pour trouver un moyen de soutenir les initiatives pertinentes. La responsabilité première de restaurer et de maintenir la sécurité incombe cependant aux autorités haïtiennes, a-t-il pointé. La Police nationale d’Haïti doit être davantage équipée, avec le soutien de la communauté internationale, pour remplir ses fonctions. Préoccupé également par la propagation rapide du choléra, le Japon a décidé d’étendre une aide d’urgence de 3 millions de dollars. Afin de renforcer la résilience socioéconomique d’Haïti, les efforts doivent être axés sur la création d’institutions efficaces, responsables et inclusives pour fournir des services de base. Le représentant a rappelé que son pays soutient la construction d’installations médicales depuis le tremblement de terre dévastateur de 2010. Plaidant pour l’unité politique du pays, il a salué les efforts du Gouvernement haïtien à cette fin, en particulier la signature de l’accord du 21 décembre. Il a appelé toutes les parties prenantes haïtiennes à rejoindre le Consensus national, et à trouver un moyen de restaurer les institutions démocratiques par des élections libres, équitables, justes et transparentes.
M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti) a estimé qu’à mi-parcours du mandat du BINUH, renouvelé le 15 juillet dernier pour une année, cette réunion constitue une évaluation des progrès accomplis, des lacunes à combler et des défis à surmonter dans l’exécution de son mandat. Il a également rappelé qu’elle intervient un mois après la réunion du 21 décembre, où le Ministre des affaires étrangères d’Haïti, M. Jean Victor Généus, avait renouvelé la requête du Gouvernement haïtien auprès du Secrétaire général de l’ONU, sollicitant un appui robuste en vue d’accompagner la Police nationale pour faire face aux défis sécuritaires et humanitaires auxquels le pays est confronté. Sur le plan politique, le représentant a qualifié d’« accomplissement majeur » la signature, le 21 décembre, de l’accord intitulé « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes ». Ce document, adopté en Conseil des ministres et publié au journal officiel, constitue une feuille de route devant guider le pays vers une sortie de crise, a-t-il précisé, faisant état de la création du Haut Conseil de transition et d’un organe de contrôle de l’action gouvernementale, lesquels ont un échéancier clair devant conduire aux élections et au rétablissement des institutions républicaines au cours de l’année 2023. Le secteur privé des affaires, le secteur associatif et le secteur politique ont tous félicité les efforts du Gouvernement visant la recherche d’un consensus national pour mettre le pays sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel, a souligné le représentant. Au niveau international, a-t-il relevé, l’Union européenne et le Département d’État américain ont salué l’accord du 21 décembre, encourageant les acteurs politiques à poursuivre un dialogue inclusif en vue de la restauration des institutions démocratiques. En matière d’état de droit, le représentant a mis en exergue deux faits « non négligeables », à savoir la nomination du Président de la Cour de cassation et la recommandation du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire d’écarter de la magistrature un certain nombre de juges « décriés par la clameur publique ».
En dépit de ces avancées, le pays continue à faire face à de nombreux défis, notamment sécuritaires et humanitaires, a reconnu M. Rodrigue. Les cas d’enlèvements dans la capitale continuent, de même que la violence des gangs armés, a-t-il déploré, relevant que « même les policiers ne sont pas exempts » puisque plusieurs d’entre eux ont été assassinés au cours de la semaine écoulée. De plus, la circulation des personnes et des biens continue d’être perturbée aux entrées nord et sud de la capitale, ce qui contribue à asphyxier davantage l’économie du pays qui tombe en récession. La situation est encore aggravée par la crise humanitaire et l’insécurité alimentaire qui frappent la moitié des Haïtiens, tandis que la résurgence du choléra constitue une véritable menace de santé publique, a-t-il expliqué. Dans ce contexte, le rétablissement d’un climat sécuritaire dans le pays demeure une urgence pour le Gouvernement, a souligné le représentant, selon lequel il est plus que jamais nécessaire d’adopter des « solutions fortes à court terme » pour rétablir un climat sécuritaire sûr et stable comme préalable à la création des conditions devant permettre d’avancer avec le processus. Il a ainsi fait sien l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur du déploiement d’une force armée spécialisée internationale. S’agissant des sanctions, il a salué le travail du Comité des sanctions et du Groupe d’experts qui doit se rendre en Haïti prochainement. Toutefois, a-t-il ajouté, « il nous faut beaucoup plus d’actions ». Tout en se félicitant des efforts déployés par les membres du Conseil sur la situation en Haïti, il les a encouragés à œuvrer davantage en vue d’aboutir à un consensus concernant l’appel lancé le 7 octobre 2022 par le Gouvernement haïtien pour le déploiement immédiat d’une force armée spécialisée internationale pour renforcer les efforts de la Police nationale d’Haïti afin de lutter contre les gangs. « C’est un impératif du moment », a-t-il insisté. « Ne pas agir, c’est ne pas pénétrer la profondeur de la crise. » Selon le représentant, l’objectif final fixé par le Premier Ministre, M. Ariel Henry, est de remettre le pouvoir à des élus capables de répondre aux grands défis politiques et socioéconomiques auxquels le pays est confronté. En conclusion, il a renouvelé l’appel d’Haïti à la solidarité de la communauté internationale pour l’aider à surmonter le phénomène des gangs et lui permettre de conduire à terme le processus du retour à l’ordre démocratique.
M. ROBERTO ÁLVAREZ GIL (République dominicaine) a regretté que malgré l’adoption de la résolution 2653 (2022), visant à sanctionner ceux qui financent les organisations criminelles semant la violence et le chaos en Haïti, la principale demande des autorités haïtiennes, approuvée par le Secrétaire général, à savoir le déploiement d’une force robuste pour aider sa police nationale à éliminer la violence, demeure sans feuille de route claire. Il a douté des « probabilités réelles » que le Conseil agisse enfin sur l’interminable crise haïtienne. Conscient de « l’héritage douteux » des précédentes missions de l’ONU en Haïti, son gouvernement comprend le souci de planifier adéquatement toute réponse afin de ne pas reproduire les erreurs du passé et, surtout, de ne pas ignorer la volonté du peuple haïtien, a poursuivi le représentant. Néanmoins, en tant que pays voisin, la République dominicaine sait que chaque minute d’attente entraîne l’aggravation de la situation. Un pacte national menant à des élections justes, libres et transparentes doit s’accompagner d’un processus urgent de pacification. « La crise haïtienne représente une menace pour la sécurité nationale de la République dominicaine », a averti le représentant. « Nous sommes le seul pays partageant une frontière terrestre avec Haïti, sur une île relativement petite. Nos économies et nos échanges sont intimement liés. Les Haïtiens sont les principaux migrants présents sur le territoire dominicain », a-t-il expliqué. Face à l’impossibilité de formaliser une gestion adéquate des frontières avec une responsabilité partagée, cet espace est devenu une source de fléaux, comme la traite des êtres humains, le trafic d’armes et de substances illicites, et la contrebande de marchandises. La frontière est pratiquement « impossible à gérer » lorsque l’une des parties n’est pas en mesure de garantir l’état de droit, a insisté le représentant. Il a aussi évoqué le défi de fournir des services de base à la population migrante irrégulière -une réalité qui n’a rien à voir avec une attitude anti-immigrés de la part de la République dominicaine-, a-t-il précisé.
M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a appelé la communauté internationale à faire davantage et, surtout, à faire les choses différemment que par le passé. À cet égard, il a proposé de tirer les leçons de l’histoire des grandes interventions militaires en Haïti qui n’ont pas réussi à apporter une stabilité à long terme aux Haïtiens. « Toutes les solutions doivent être dirigées par les Haïtiens et leur appartenir afin de renforcer les institutions haïtiennes et d’assurer un impact durable », a-t-il plaidé. Il a ainsi suggéré que la communauté internationale travaille avec la Police nationale d’Haïti pour comprendre comment contribuer à la renforcer. Le Canada est déterminé à travailler avec ses partenaires pour réaliser des progrès à cet égard, a-t-il promis. Le représentant a également appelé à exercer une pression sur les gangs et « l’élite qui les soutient ». Il a indiqué que le Canada a imposé des sanctions autonomes contre 15 membres de l’élite haïtienne en réponse à des actes de corruption importants et à d’autres comportements flagrants, notamment le soutien financier et opérationnel illicite apporté aux gangs armés. En outre, pour briser le cycle des crises, nous devons accompagner Haïti pour relancer son économie et entreprendre un développement socioéconomique durable, a-t-il proposé. Enfin, le représentant a encouragé les parties haïtiennes à développer un large consensus autour d’un processus qui mène à une élection et à un gouvernement constitutionnel. Il est important que les femmes et les jeunes puissent jouer un rôle intégral dans le façonnement de l’avenir d’Haïti, a-t-il ajouté.