Soixante-dix-huitième session,
23e et 24e séances plénières - matin et après-midi
CPSD/796

La Quatrième Commission résonne d’appels à soutenir et financer l’UNRWA et à un cessez-le-feu immédiat à Gaza

Alors que 89 employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont été tués à Gaza depuis le début des affrontements y opposant les Forces de défense israéliennes au Hamas, l’émotion était vive ce matin à la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de décolonisation), alors qu’elle achevait l’examen du point relatif à cet organisme, également en proie à une crise financière aigue. 

Si le courage et l’abnégation de l’UNRWA face à « la machine de guerre israélienne », selon l’Arabie saoudite, ont été salués à maintes reprises, l’Afrique du Sud a jugé d’autant plus choquant que c’est un État Membre qui commet ces actes dirigés contre les personnels de l’ONU et leurs installations. Contrairement à ce que suggère Israël de façon « méprisante », il ne s’agissait ni de combattants ni de collaborateurs, mais bien de travailleurs humanitaires tués en tentant de sauver des civils soumis à un châtiment collectif, a affirmé cette délégation, en exigeant le respect du droit international humanitaire. 

Abondant en ce sens, l’État observateur de Palestine s’est demandé comment Israël, qui viole délibérément le droit international et refuse ouvertement de respecter ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies, peut encore être autorisé à rester membre de l’Organisation et à jouir des avantages et privilèges qui vont de pair avec ce statut.

Décrit vendredi comme le « visage » du soutien de la communauté internationale au peuple palestinien par M. Philippe Lazzarini, son Commissaire général, l’UNRWA est devenu aujourd’hui la « dernière planche de salut de 2,3 millions de Gazaouis qui n’ont nulle part où aller », aux dires de la Chine.  L’enjeu de son financement pérenne n’en est que plus urgent, puisque l’Office ne sera bientôt plus en mesure d’avoir une incidence réelle sur la vie quotidienne, le développement humain et la protection de plus de 5,9 millions de réfugiés palestiniens, comme l’a rappelé le Venezuela, au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies. 

Devant l’ampleur des destructions à Gaza, El Salvador a plaidé pour une augmentation de son budget.  Pourtant, a relevé le Mouvement des pays non alignés par la voix de l’Azerbaïdjan, l’Office se heurte toujours à un déficit financier chronique –75 millions de dollars en 2022- alors même que des millions de personnes dépendent de son aide.  La communauté internationale a donc la responsabilité collective d’accroître son soutien à l’UNRWA en lui fournissant un financement soutenu, prévisible et ininterrompu, ce qu’ont demandé aujourd’hui plusieurs délégations. 

La Quatrième Commission s’est penchée cet après-midi sur les « Pratiques et activités d’implantation israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés », séance au cours de laquelle la Sous-Secrétaire générale aux droits humains, Mme Ilze Brands Kehris, a affirmé que le siège complet de la bande de Gaza par Israël équivaut à une punition collective de ses habitants, en violation du droit international humanitaire, un point de vue très largement partagé par les délégations ayant pris la parole. 

Depuis le 7 octobre, plus de 10 221 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées à Gaza, dont 4 104 enfants et 2 641 femmes, et plus de 25 000 ont été blessées.  En outre, on dénombre plus de 2 100 personnes disparues, qui se trouveraient sous les décombres.  Enfin, plus de 1 400 Israéliens ont été tués.  Les frappes aériennes et les tirs d’artillerie israéliens ont rasé des quartiers entiers de Gaza, y compris des hôpitaux, des écoles et des boulangeries, les frappes disproportionnées pouvant constituer des crimes de guerre, a indiqué la Sous-Secrétaire générale. 

« Un enfant palestinien est tué par Israël toutes les 10 minutes », s’est alarmée la représentante de l’État observateur de Palestine.  Cette situation « odieuse » ne peut durer, a‑t‑elle tranché, en rappelant à la communauté internationale son devoir de se mobiliser pour mettre fin au « terrorisme d’État » contre son peuple. 

La communauté internationale ne peut fermer les yeux sur cette tragédie humanitaire, a déclaré de son côté Cuba, en soulignant la nécessité à tout le moins de réaffirmer un soutien politique inébranlable à l’UNRWA et de lui garantir un financement adéquat.  L’Algérie et la Fédération de Russie ont appelé à ne pas politiser un tel soutien, un appel qui semble avoir été entendu par un nombre considérable de pays ayant répondu à l’appel d’urgence pour Gaza lancé par l’Office, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Arabie saoudite, l’Algérie, la Fédération de Russie, le Japon et le Maroc, entre autres. 

La délégation israélienne s’est en revanche désolidarisée de cet élan, accusant l’Office de fermer les yeux sur le détournement de l’assistance humanitaire par le Hamas.  Malgré ses mises en garde répétées quant au fait que cette aide pourrait servir à des terroristes pour renforcer leurs infrastructures et financer le transport d’explosifs et d’armes aux fins de commettre des attentats contre Israël, l’ONU aurait ignoré ces avertissements, lui a reproché cette délégation, affirmant que si cette aide n’avait pas été détournée, le Hamas n’aurait pas pu mener une attaque de l’ampleur de celle qui a été perpétrée le 7 octobre dernier. 

À l’instar du Liban, le Groupe des États arabes, et plusieurs délégations, ont exigé un cessez-le-feu immédiat, un acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, et qu’il soit mis fin au plan de déplacements forcés imposé par Israël.  Après avoir dénoncé l’échec de l’ONU face à cette situation, ils ont encouragé un retour à la solution des deux États et à l’Initiative de paix arabe, exigeant qu’Israël rende des comptes.  « Une paix définitive exige un dépassement de soi pour voir, dans l’ennemi, le frère qu’il est par ce que l’histoire a fait, et le voisin qu’il est par ce que le droit dit », a fait valoir le Sénégal. 

Le dernier rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien a été présenté par son Président, le Représentant permanent de Sri Lanka. 

La Commission poursuivra l’examen de cette question demain, 7 novembre, à 10 heures.

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT 

Déclarations (suite et fin)

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. KAMAL ALIZADA (Azerbaïdjan) a renouvelé son soutien à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il lui a adressé ses condoléances à la suite de la mort de 67 membres du personnel, blâmant les attaques d’Israël, qu’il a qualifié de puissance occupante.  Il a jugé le travail de l’Office plus nécessaire que jamais face à la crise humanitaire, tout particulièrement à Gaza, mais aussi en Jordanie, au Liban, en Syrie, considérant que son action demeurera essentielle jusqu’à la réalisation d’une solution juste, durable et pacifique à la question de la Palestine.  En outre, rappelant les paragraphes 5 et 6 du dispositif de la résolution A/ES.10/L.25 de l’Assemblée générale, il a rejeté toute tentative de déplacement forcé de Palestiniens, que ce soit à l’intérieur des territoires occupés ou vers des pays voisins. 

Au nom du Mouvement, il a exhorté la communauté internationale à accroître son soutien à l’UNRWA, plaidant pour un financement soutenu, prévisible et ininterrompu, conformément aux appels répétés de l’Assemblée générale et du Secrétaire général.  L’Office fait face à des déficits financiers persistants, avec 75 millions de dollars en 2022, a-t-il relevé, rappelant que des millions de personnes dépendent de son aide.  Il s’est fait l’écho du rapport annuel du Commissaire général de l’Office à l’Assemblée générale, évoquant une année précédente plus difficile que jamais et une situation qui ne fait qu’empirer.

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesha fait d’un « échec collectif » à assurer la poursuite du travail de l’UNRWA, dont 72 membres du personnel ont été tués et 47 installations endommagées du fait des attaques « aveugles et injustifiables » perpétrées par un État Membre.  L’ONU, et le Conseil de sécurité en particulier, ont échoué selon lui à empêcher le meurtre de leurs travailleurs humanitaires. Au cours des 75 dernières années, Israël a poursuivi ses politiques et pratiques illégales, a déploré le représentant, violant les principes du droit international et commettant des crimes de guerre et un « génocide ».  Cette fois, cependant, les atrocités « ont dépassé toutes les limites », a-t-il jugé, en dénonçant les bombardements aveugles et disproportionnés sur Gaza, y compris sur les hôpitaux, les camps de réfugiés, les abris de l’UNRWA et les écoles.  Parmi les 9 000 personnes tuées depuis le 7 octobre, 73% sont des femmes, des enfants ou des personnes âgées, a-t-il relevé, auxquels s’ajoutent 2 000 personnes portées disparues. Un cessez-le-feu immédiat est donc indispensable pour mettre fin à de nouveaux massacres de civils innocents, comme l’exige la résolution ES/10/21 de l’Assemblée générale.  Le représentant a salué les services essentiels fournis par l’UNRWA à des millions de réfugiés palestiniens, y compris les soins de santé, l’éducation et l’aide alimentaire.  Il s’est également félicité du plan stratégique de l’UNRWA pour la période 2023-2028, et a souligné l’urgence de combler son déficit de financement. 

M. DIAMANE DIOME (Sénégal) a condamné les attaques contre les populations civiles de tous bords et réitéré son appel à la désescalade.  Les événements à Gaza déshonorent une communauté internationale de moins en moins sensible au drame quotidien du peuple palestinien, s’est-il désolé, rappelant que les représailles d’Israël ont déjà entraîné près de 10 000 morts.  À ce titre, il a qualifié d’inacceptables les attaques aériennes qui ont frappé un camp de réfugiés à Jabaliya et un convoi d’ambulances dans le voisinage de l’hôpital Chifa.  Évoquant la résolution ES-10/21 de l’Assemblée générale sur les mesures illégales d’Israël en Palestine et à Jérusalem-Est, il a appelé ce dernier à faire preuve de retenue. 

Le représentant a poursuivi en rappelant que les attaques d’Israël ont entraîné la mort de 72 travailleurs et touché une cinquantaine des bâtiments de l’UNRWA, précisant que ces derniers offrent un refuge à plus de 600 000 personnes.  Saluant l’Office « pour manquer de tout, sauf de courage », il a relayé son appel à un financement d’urgence, ainsi qu’à celui du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), afin de collecter 294 millions de dollars.  Il a en outre souligné les répercussions déstabilisatrices du manque de financement de l’UNRWA dans les pays d’accueil.  De manière plus générale, il a plaidé en faveur de la solution des deux États, estimant que, même si la formule peut paraître éculée, elle doit demeurer le viatique qui guide l’action collective. 

M. ABUZIED SHAMSELDIN AHMED MOHAMED (Soudan) a salué le travail effectué par l’Office en cette période difficile, tout en appelant à lui garantir un financement pérenne.  Le représentant a appelé à une solution juste et durable à la question palestinienne, devant mener à la création d’un État palestinien.  Il s’est félicité des services que continue de dispenser l’Office malgré une situation « indescriptible ».  Le représentant a plaidé pour que soient assurés la protection des infrastructures civiles à Gaza et l’acheminement d’une assistance humanitaire à l’enclave.  Nous devons en outre nous efforcer de combler le déficit budgétaire de l’UNRWA afin qu’il puisse continuer d’assurer la dignité du peuple palestinien, a-t-il recommandé.  Le délégué a rejeté toute modification du mandat de l’UNRWA et tout transfert de ses responsabilités à l’égard des Palestiniens, appelant au contraire à leur pérennisation.

M. HASANAIN HADI HASAN AL-DAHLAKI (Iraq) a rappelé que l’UNRWA n’a pas qu’un rôle humanitaire mais qu’elle est aussi censée défendre le droit de retour des réfugiés palestiniens.  Il a dénoncé les conditions de vie épouvantables à Gaza, dues aux « mesures coercitives, aux crimes haineux et aux bombardements barbares de la Puissance occupante », ainsi qu’aux interruptions de l’approvisionnement en eau, en carburant, en denrées alimentaires, en électricité et en articles médicaux.  Il est donc impératif de mettre fin à ces crimes, a exhorté le délégué, appelant à un cessez-le-feu immédiat, à l’arrêt des opérations militaires israéliennes et à l’acheminement de l’assistance humanitaire à Gaza.  Réaffirmant la position constante de son pays en faveur d’un État palestinien indépendant, il a insisté pour que l’État de Palestine obtienne un statut de membre à part entière au sein de l’ONU, sans conditions préalables. 

M. MOHANNAD BAGHDADI (République arabe syrienne) a condamné vivement les « agressions israéliennes barbares » qui ont fait 10 000 martyrs et des milliers de blessés, dont beaucoup de femmes et d’enfants, à Gaza. Ces attaques font fi des lois et du droit international, s’est-il indigné, notant qu’elles visent même les sites et le personnel humanitaire de l’UNRWA sur place.  Il a présenté les condoléances de la Syrie aux familles des 72 membres du personnel de l’UNRWA qui ont trouvé la mort ces trois dernières semaines dans l’exercice de leurs fonctions.  On ne doit pas oublier qu’Israël a été et demeure la source principale des souffrances des Palestiniens, a-t-il martelé, citant les expulsions forcées et les meurtres de Palestiniens, et d’autres exactions, accusant ensuite Israël de cibler maintenant directement l’UNRWA à Gaza. Les réfugiés palestiniens sont une question internationale d’un point de vue politique et humanitaire a-t-il rappelé à la communauté internationale avant de l’appeler à soutenir l’UNRWA. 

Le délégué a rappelé que la Syrie accueille des réfugiés palestiniens « frères et sœurs » sur son territoire auxquels elle continuera de fournir des services et d’assurer la sécurité.  Il a noté au passage que ces réfugiés sont également affectés par les mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie.  Il a insisté sur l’impératif d’un financement pérenne et suffisant de l’Office, exhortant le Secrétaire général et l’ONU à prendre des mesures urgentes en ce sens, pour que l’UNRWA puisse s’acquitter de sa tâche aussi longtemps qu’il n’y a pas de solution juste et durable au conflit israélien, y compris le droit de retour. 

Revenant à la déclaration faite par la représentante de l’UNRWA vendredi dernier sur les difficultés des réfugiés palestiniens en Syrie qui sont exacerbées par la guerre civile et le tremblement de terre, le délégué a rétorqué qu’il s’agit d’une description erronée puisqu’il « n’y a pas de guerre civile en Syrie », mais plutôt une attaque terroriste. 

Mme SARAH AHMED AHMED AL-MASHEHARI (Yémen) a déclaré que le peuple palestinien vit depuis des décennies sous le joug de l’occupation sans aucune lueur d’espoir, situation à présent aggravée par une crise catastrophique parmi les civils de la bande de Gaza qui subissent, depuis le 7 octobre, des attaques israéliennes sans fin, qu’elle a vigoureusement condamnées. Elle a également dénoncé les coupures d’eau, d’électricité, de nourriture, de carburant et d’autres services de base, ce qui constitue un crime contre l’humanité, et une atteinte flagrante aux normes du droit international et du droit international humanitaire.  La représentante a fait part de ses craintes que de tels agissements ne manquent d’entraîner des répercussions dangereuses, non seulement pour le processus de paix au Moyen-Orient, mais aussi d’engendrer une vague de violences et un sentiment de colère, et de fournir aux groupes armés terroristes et extrémistes de nouveaux prétextes pour élargir leurs activités destructrices dans la région et dans le monde.  En conclusion, la déléguée a apporté le soutien de son pays de l’UNRWA. 

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a présenté les condoléances de son gouvernement aux familles des personnes qui ont trouvé la mort dans les attaques israéliennes à Gaza.  Combien de temps encore allons-nous accepter cette horreur « dantesque », a-t-il lancé, avant de dénoncer la paralysie du Conseil de sécurité.  À ceux qui s’opposent à un cessez-le-feu, il a dit qu’ils devront assumer leurs responsabilités.  Notant que l’assistance disponible est insuffisante, et qu’en dépit de cela le personnel de l’UNRWA continue de faire son possible sur le terrain, malgré les coupures de courant, de carburant, d’eau et autres ce qui rend son travail très difficile; il a appelé à soutenir inconditionnellement l’Office. 

Le délégué a dénoncé l’absence de solution politique à ce conflit en raison de la position irresponsable d’Israël au cours des 75 dernières années. La réalité est catastrophique, et pourtant l’Office continue de travailler et mérite qu’on le soutienne pour qu’il puisse s’acquitter de son mandat, « aujourd’hui plus que jamais ».  Les États Membres de l’ONU doivent faire preuve de volonté politique pour assurer un financement pérenne et suffisant à l’UNRWA, a-t-il insisté.  Le délégué a conclu par un appel au respect du droit à l’autodétermination des Palestiniens et de leur droit de retour, conformément aux normes et principes du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU. 

Mme HIND JERBOUI (Maroc) a remercié l’UNRWA de son travail qui vise à assurer les services sociaux vitaux aux réfugiés palestiniens.  Devant la situation humanitaire sans précédent à Gaza, la représentante a appelé à la protection du personnel de l’Office, tout en soulignant que celui-ci doit disposer des ressources nécessaires pour continuer son travail.  Le Roi du Maroc, qui a dirigé le Comité d’Al-Qods, a exprimé sa « colère » face à l’escalade des opérations militaires et à la détérioration de la situation humanitaire à Gaza, a indiqué la représentante avant de déclarer que ces agissements d’Israël constituent une violation du droit international humanitaire et des valeurs humanitaires. 

La déléguée a aussi informé que le Roi du Maroc avait mis en garde contre la pérennisation du conflit israélo-palestinien dans la région, lequel pourrait avoir un effet domino sur la stabilité du Moyen-Orient.  La déléguée a donc appelé à la désescalade, à un cessez-le-feu et à une ouverture durable des couloirs humanitaires à Gaza, ainsi qu’à la libération des otages.  Elle a condamné tout déplacement des Palestiniens et toute menace proférée à l’encontre des pays de la région.  Le Maroc, a-t-elle rappelé, a envoyé une aide d’urgence au peuple palestinien.  À ses yeux, la seule solution pour assurer la paix, la sécurité et la stabilité dans la région consiste en la création d’un État palestinien indépendant. 

M. GENG SHUANG (Chine) a salué la bravoure des effectifs humanitaires de l’UNWRA et réitéré le soutien de la Chine à l’agence, « dernière planche de salut pour les 2,3 millions de Gazaouis qui n’ont nulle part où aller ».  Il a condamné toute violence contre les civils, soulignant que chaque vie humaine est précieuse, qu’elle soit israélienne ou palestinienne.  Insistant sur la nécessité de garantir la sécurité du personnel humanitaire et de protéger les installations civiles, il a rappelé que les hôpitaux et les écoles ne devraient jamais être des cibles militaires. « Même les guerres doivent suivre des règles », a-t-il martelé, citant ainsi les paroles du Secrétaire général, M. António Guterres. 

Saluant les efforts de l’Égypte et du Secrétaire général pour l’ouverture de couloirs humanitaires, le représentant a soutenu l’appel à un cessez-le-feu immédiat pour éviter une catastrophe humanitaire régionale.  Il a également appelé Israël à lever son blocus et à restaurer l'accès aux fournitures essentielles comme l’électricité, la nourriture et le carburant. Rappelant que la crise des réfugiés palestiniens dure depuis plus de 70 ans, le délégué a plaidé pour une solution à deux États, avec un État palestinien indépendant et Jérusalem-Est pour capitale, solution qui devrait être discutée lors d’une conférence de paix internationale. 

M. NISHIYAMA AKIRA (Japon) a loué le travail héroïque du personnel de l’UNRWA dans la bande de Gaza, en fournissant une assistance humanitaire dans des conditions extrêmement dangereuses.  Préoccupé par l’annonce d’une escalade des opérations terrestres israéliennes, il a qualifié la situation d’inédite, plaidant par conséquent pour l’instauration immédiate de pauses et de couloirs humanitaires, avec un accès aux populations complet, rapide, sûr et sans entrave, conformément au droit international humanitaire.  Il a salué l’évacuation des citoyens étrangers et le passage de quelques camions via le point de passage de Rafah, soulignant néanmoins que des centaines de camions supplémentaires sont nécessaires pour répondre aux besoins les plus urgents. 

Le Japon s’est engagé à fournir une aide humanitaire d’environ 65 millions de dollars et des fournitures de secours via l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), en plus des 10 millions de dollars d’aide d’urgence déjà accordés, a fait savoir son délégué.  Pour conclure, il a rappelé que son pays a soutenu l’UNRWA depuis 1953, avant même de devenir un État Membre de l’ONU et alors qu’il était en pleine reconstruction d’après-guerre. 

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) est gravement préoccupé par la détérioration constante de la situation humanitaire et l’escalade de la violence au Moyen-Orient, depuis l’attaque condamnable du Hamas perpétrée contre des civils israéliens le 7 octobre 2023.  L’incapacité de l’UNRWA à fournir l’assistance humanitaire nécessaire aux civils de Gaza, en raison des bombardements aveugles d’Israël, rend un cessez-le-feu humanitaire indispensable ainsi que la mise en place de couloirs humanitaires pour l’acheminement de l’aide aux civils.  Le délégué a salué les efforts déployés par l’UNRWA pour s’adapter en permanence à l’évolution des circonstances afin de remplir son mandat, en particulier en ce moment particulièrement éprouvant.  Il a conclu par un appel aux États Membres en faveur d’un soutien financier suffisant, prévisible et durable à l’UNRWA et à ses services jusqu’à ce qu’une solution juste et durable soit trouvée à la situation critique des réfugiés palestiniens.

M. HOANG NGUYEN NGUYEN (Viet Nam) a présenté ses condoléances aux familles des civils qui ont perdu la vie –y compris les 89 employés de l’UNRWA, qu’il a salués pour avoir apporté une aide dans un contexte particulièrement dangereux.  Il a condamné les attaques indiscriminées qui visent les civils et les infrastructures civiles, appelant à leur protection en vertu du droit international humanitaire et des résolutions pertinentes de l’ONU.  L’UNRWA est la seule agence qui continue d’apporter de l’aide humanitaire à des millions de Palestiniens, a-t-il relevé, exhortant les États Membres à lui apporter le soutien nécessaire.  Outre le rétablissement des services de base, il a plaidé pour une solution durable qui repose sur le droit international.  À ce titre, il a réitéré la position de son pays en faveur de la création d’un État de Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux frontières de 1967 reconnues au niveau international. 

M. MARTHINUS CHRISTOFFEL JOHANNES VAN SCHALKWYK (Afrique du Sud) a exprimé sa profonde tristesse face à la mort de nombreux membres du personnel de l’UNRWA depuis le début des bombardements israéliens.  Depuis vendredi, le nombre de victimes est passé de 72 à 89, une situation « totalement inacceptable », a-t-il déclaré.  Le représentant a jugé particulièrement choquant qu’un État Membre de l’ONU commette ces actes dirigés contre le personnel de l’ONU et ses infrastructures. Contrairement à ce que suggère Israël de façon « méprisante », il ne s’agissait ni de combattants ni de collaborateurs, mais bien de travailleurs humanitaires tués en tentant de sauver des civils soumis à un châtiment collectif.  À cet égard, le représentant a rappelé l’interdiction, en vertu du droit international humanitaire, de cibler les civils et les infrastructures civiles telles que les écoles et les hôpitaux.

L’ampleur du drame auquel nous assistons dans la bande de Gaza est sans précédent, a lancé le délégué, en soulignant la nécessité de trouver une solution immédiate et durable au conflit, à commencer par un cessez-le-feu. Un approvisionnement en carburant est également nécessaire afin que les hôpitaux puissent continuer de fonctionner, a-t-il aussi réclamé.  Le représentant a aussi soulevé le problème du grave déficit de financement de l’UNRWA, qui affecte l’exécution de son mandat, les opérations de l’Office étant dépendantes des contributions volontaires des États Membres. 

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a salué le dévouement des effectifs de l’UNRWA et rendu hommage à ceux, de plus en plus nombreux, qui paient le prix ultime pour défendre les droits et la dignité des civils à Gaza. Notant que le désespoir des réfugiés palestiniens est exacerbé par l’absence de progrès politique, elle a insisté sur la nécessité d’une solution juste, conforme aux résolutions de l’ONU. Constatant que l’aide humanitaire acheminée jusqu’à présent est loin d’être suffisante, elle s’est alarmée d’un possible effondrement de l’ordre civil, appelant à un cessez-le-feu immédiat et sans conditions, conformément à la résolution de l’Assemblée générale, ainsi qu’à l’ouverture de couloirs humanitaires pour garantir l’arrivée de l’aide. 

En ce qui concerne les financements de l’UNRWA, la déléguée a souligné l’importance de les accroître et de les diversifier, pour permettre à l’agence de remplir son mandat, conformément à la demande du Secrétaire général.  Elle a enfin rappelé que la crise de financement de l’Office est liée à l’impasse dans laquelle se trouve le conflit israélo-palestinien, réaffirmant l’engagement de la communauté internationale à y trouver une solution pacifique et juste. 

Pour M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela), qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, le sort des réfugiés de Palestine n’a que trop duré, leur droit au retour devant devenir une réalité dans les meilleurs délais.  Il a salué le travail de l’UNRWA, qui, malgré de nombreuses difficultés, notamment financières, continue d’avoir un impact essentiel et une incidence réelle sur la vie quotidienne, le développement humain et la protection de plus de 5,9 millions de réfugiés palestiniens.  Le Groupe a saisi cette occasion pour rendre hommage à la mémoire des 89 « héros de l’UNRWA » qui ont récemment perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions dans la bande de Gaza, et pour condamner toutes les attaques contre les infrastructures de l’Office, dont ses camps de réfugiés, qui abritent actuellement plus de 690 000 civils, y compris des femmes et des enfants, soit le quart de la population de Gaza. 

Le représentant a insisté sur l’importance de garantir le plein respect et l’adhésion aux dispositions du droit international humanitaire, y compris les principes de proportionnalité et de distinction, ainsi que la sûreté et la sécurité de tous les civils et de l’ensemble du personnel humanitaire et médical sur le terrain, y compris celui de l’UNRWA.  Il a appelé ceux qui sont en mesure de le faire à envisager d’accroître leurs contributions financières à l’Office.  Il est impératif selon lui de veiller à ce que l’UNRWA soit en mesure de payer les salaires du personnel et de fournir des services aux nécessiteux.  Déplorant que « le niveau de l’aide humanitaire qui a été autorisée à Gaza jusqu’à présent est totalement inadéquat », le délégué a dit que la communauté internationale ne peut fermer les yeux sur cette tragédie humanitaire.  Le moins que nous puissions faire est de réaffirmer notre soutien politique ferme et inébranlable à l’UNRWA, a-t-il exigé, tout en renouvelant l’appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à l’octroi d’un accès humanitaire sans entrave dans Gaza.

M. HASSAN MOHAMMED A. ALAMRI (Arabie saoudite) a salué les efforts déployés par l’UNRWA pour poursuivre sa mission en dépit des difficultés actuelles et a rendu hommage au « courage extraordinaire » de son personnel face à « la machine de guerre israélienne qui ne fait aucune distinction entre les populations ».  Rappelant que l’UNRWA a été créé il y a 70 ans, à la suite de la Nakba, le représentant a noté qu’aujourd’hui il opère dans le cadre d’une guerre dévastatrice menée par les forces israéliennes qui prennent pour cibles des civils palestiniens, y compris dans des camps de réfugiés.  Il a condamné dans les termes les plus fermes l’agression de la puissance occupante dans la bande de Gaza, y compris les bombardements d’écoles et d’hôpitaux et l’utilisation d’armes interdites, en violation flagrante du droit international et des traités internationaux, ce qui aura un impact négatif sur la stabilité de la région.  Le représentant a réclamé un cessez-le-feu immédiat, la fin des opérations militaires israéliennes à Gaza ainsi qu’un acheminement sans entraves de l’aide humanitaire, refusant en outre toute tentative de déplacement forcé des Palestinien de Gaza. 

La cause palestinienne est et a toujours été centrale pour l’Arabie saoudite qui n’épargnera aucun effort pour la soutenir, a assuré le délégué, ajoutant que son pays apporte un appui à l’UNRWA pour qu’il puisse continuer à prodiguer ses secours aux réfugiés palestiniens.  Il a annoncé que, par le truchement du Centre du Roi Salman pour l’action humanitaire et de secours, l’Arabie saoudite a lancé une levée de fonds en faveur du peuple palestinien à Gaza qui a atteint 350 millions de riyals saoudiens soit environ 100 millions de dollars.  Il a conclu par un appel aux États Membres pour qu’ils contribuent au financement de l’Office afin qu’il puisse s’acquitter de son mandat, avant de soutenir la solution des deux États et l’Initiative de paix arabe en vue de parvenir à une solution globale, juste et durable au conflit israélo-palestinien. Le droit au retour n’est pas une chimère mais bien un droit de longue date et la communauté internationale doit assumer ses responsabilités à cet égard, a martelé le délégué.

Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) s’est alarmée de l’intensification de la violence en Cisjordanie, en particulier les attaques de colons israéliens contre des civils palestiniens, tout en condamnant, sans équivoque, les attentats terroristes perpétrés par le Hamas le 7 octobre et en reconnaissant le droit d’Israël à la légitime défense.  Elle a plaidé en faveur de l’acheminement, de toute urgence et sans restriction aucune, de l’aide humanitaire à la population touchée à Gaza, alors que les niveaux actuels d’aide restent insuffisants.  L’Agence argentine de coopération internationale et d’assistance humanitaire connue sous le nom de Casques blancs organise une mission humanitaire de fonctionnaires spécialisés de la Commission des Casques blancs qui se rendra, dans les prochains jours, en Égypte avec une cargaison d’articles de première nécessité tels que des médicaments, des équipements médicaux, des comprimés et des désinfectants pour la purification de l’eau, du lait en poudre, des vêtements et chaussures.  La représentante a ensuite demandé un « appui vigoureux et soutenu » aux travaux de l’UNRWA, en particulier dans les circonstances difficiles actuelles. Elle a enfin condamné l’attaque contre le camp de Jabaliya, appelant à cesser immédiatement de prendre pour cible les infrastructures civiles, notamment les hôpitaux, les stations de désalinisation de l’eau et les centres d’accueil de réfugiés.

M. CLAUDIO ERNESTO GARRIDO MELO (Chili) a salué le travail courageux de l’UNRWA et rappelé que son pays s’est toujours prononcé en faveur d’une solution des deux États.  Il a plaidé en faveur d’opérations militaires israéliennes guidées par les principes de proportionnalité et de précaution, estimant que tel n’est pas le cas actuellement. Des écoles, hôpitaux et sites de l’UNRWA ont été bombardés, a-t-il déploré, précisant que les premières victimes sont des femmes et des enfants.  En outre, il a dénoncé le blocus d’Israël, qui empêche notamment les livraisons d’eau et de médicaments, ainsi que les ordres d’évacuation de la partie nord de la bande, assimilable selon lui à une déportation forcée.  Il a de même réitéré sa condamnation du Hamas et d’autres acteurs terroristes, appelant à la libération immédiate de tous les otages.

La situation des réfugiés demeure critique, s’est alarmé le représentant, relevant qu’il n’y avait plus de marge de manœuvre pour accueillir des déplacés supplémentaires.  Il a exprimé le souhait que soit faite la lumière sur les violations du droit humanitaire et appelé à ce que les responsables répondent de leurs actes. Enfin, il a exhorté Israël à permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et adressé ses condoléances aux familles des employés de l’UNRWA qui ont perdu la vie.

M. GERSHON KEDAR (Israël) a jugé « dérisoires » les questions soulevées sur les irrégularités et les lacunes de l’UNRWA passées à la lumière de l’exploitation de l’aide humanitaire par le Hamas à la suite de ses attaques terroristes « barbares » du 7 octobre. Selon lui, l’exploitation de l’aide fournie à l’UNRWA est « généralisée et routinière », mais n’est pas considérée comme un sujet important à l’ONU, ni à la présente Commission.  Au fil des années, l’ONU a concentré son attention sur l’aide humanitaire à Gaza, malgré les mises en garde répétées d’Israël sur le fait que cette aide pourrait être utilisée par des terroristes pour renforcer leurs infrastructures et financer le transport d’explosifs et d’armes afin de commettre des attentats contre Israël, avertissements qui n’ont pas été pris au sérieux.  Selon le représentant, chaque élément d’aide humanitaire et économique à Gaza est utilisé par le Hamas et le Jihad islamique pour financer leurs activités meurtrières.  « Si cette aide n’avait pas été détournée, le Hamas n’aurait pas pu mener d’attaque de cette ampleur contre Israël », a considéré le représentant. 

Pourtant la communauté internationale continue de promouvoir l’entrée à Gaza de béton, de métaux et d’autres matériaux de construction en assurant qu’ils seront utilisés à des fins pacifiques, alors qu’un montant significatif a été détourné par le Hamas pour construire des tunnels sous les écoles, les hôpitaux et d’autres sites civils.  Qui plus est, a continué le délégué, on demande l’entrée à Gaza du carburant alors que le Hamas le vole et le stocke de façon systématique pour ses tunnels et ses opérations.  Ce carburant est également utilisé pour lancer les quelque 9 000 missiles qui se sont abattus sur Israël depuis un mois, y compris ce matin. 

En réponse aux demandes de la communauté internationale, Israël a permis l’entrée dans l’enclave d’engrais et d’équipements pour les infrastructures hydriques, mais plusieurs de ces éléments ont été détournés pour fabriquer des missiles, a noté le représentant.  Par ailleurs, de nombreux enseignants de l’UNRWA ont célébré les massacres d’octobre sur les réseaux sociaux, a-t-il assuré, en citant des publications en exemple. Si l’aide humanitaire est importante pour le bien-être des civils palestiniens, il s’agit trop souvent selon lui d’une ressource destinée à assurer la réalisation des sombres desseins du Hamas. 

Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) a d’abord réaffirmé le soutien de son pays à la solution des deux États, avant d’exprimer sa profonde tristesse face à l’escalade de violence et aux violations répétées du droit international humanitaire.  Évoquant les leçons tirées des conflits armés en Colombie, elle a appelé à renoncer à la violence pour parvenir à une coexistence pacifique.  Elle a ainsi mis en garde contre les conséquences néfastes de la polarisation, qui ne conduit qu’à davantage de violence et « ne laisse sur son sillage qu’un héritage de malheur pour les générations futures ». 

Se lamentant de la mort de 72 membres de l’UNWRA à la suite d’attaques ayant ciblé ses infrastructures, la représentante s’est également inquiétée de la situation financière de l’Office.  Afin de répondre à l’urgence, elle a insisté sur la nécessité d’une action internationale pour acheminer l’aide humanitaire.  Elle a enfin réitéré le soutien de la Colombie au droit à l’autodétermination du peuple palestinien et à la création d’un État indépendant et durable, tout en reconnaissant le droit d’Israël à vivre dans la paix dans des frontières sûres et reconnues par la communauté internationale. 

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a rendu hommage aux employés de l’UNRWA morts dans les représailles d’Israël, rappelant que cibler des représentants de l’ONU constitue un crime au regard du droit international.  Il a déploré un manque de reddition de comptes, estimant que cette situation encourage Israël à se considérer au-dessus des lois et à continuer ses attaques.  Évoquant le prochain soixante-quinzième anniversaire de l’UNRWA, il a rappelé qu’il avait été créé pour répondre aux besoins des déplacés palestiniens en attendant qu’ils puissent jouir de leurs droits, dont le droit de retour. Aujourd’hui, l’agence peine à assurer ses engagements, a-t-il déploré, tout en notant qu’elle demeure l’un des principaux acteurs qui atténuent les souffrances des Palestiniens.  Le délégué a également souligné les manques de ressources de l’Office et le retrait de plusieurs de ses bailleurs de fonds, mettant en garde contre une politisation de son travail. 

L’UNRWA doit continuer d’être présent en l’absence d’horizon en matière de solution, a-t-il poursuivi, le qualifiant d’ultime rempart des populations face au châtiment collectif qui leur est infligé.  Il a accusé Israël de tenter de saper la crédibilité de l’UNRWA et d’avoir bombardé ses infrastructures dans ce but.  Il a appelé la communauté internationale à continuer de contribuer au budget de l’Office et à exiger un cessez-le-feu immédiat et complet. 

M. JAMES GEORGE PULAY GIBBON (Royaume-Uni) a présenté ses condoléances aux familles des 89 membres du personnel de l’UNRWA ayant perdu la vie depuis le 7 octobre.  Il faut assurer un acheminement humanitaire sans entrave et en toute sécurité à Gaza, a-t-il déclaré, en annonçant le soutien britannique à des pauses humanitaires. Le représentant a également insisté sur la possibilité de la sortie des ressortissants binationaux et sur la libération des otages israéliens.  Depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre, le Royaume-Uni s’est engagé à hauteur de 36 millions de dollars pour apporter une aide humanitaire dans les territoires palestiniens occupés, a précisé le délégué, avant d’appeler la communauté internationale à se montrer à la hauteur de l’appel de l’UNRWA pour qu’il puisse soutenir les Gazaouis ayant besoin d’aide et permettre à l’Office de continuer à contribuer à la paix et à la sécurité dans la région. 

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a partagé son émotion quant au dévouement du personnel de l’UNRWA, relevant qu’il fait lui aussi l’objet de déplacements et de menaces.  Ses employés offrent une aide essentielle à des centaines de milliers de civils, a-t-il poursuivi, rappelant que plus de 80 d’entre eux ont perdu la vie dans les récents événements.  Les États-Unis sont déterminés à soutenir l’Office, a-t-il assuré, relevant que le pays représente déjà le plus grand bailleur de fonds de la Palestine avec plus d’un milliard de dollars octroyés depuis 2021.  Malgré cela, l’UNRWA n’est pas en mesure de verser ses salaires en novembre et décembre, s’est-il alarmé, mentionnant notamment des déficits de financement et l’augmentation des besoins humanitaires. 

Le représentant a appelé à augmenter le nombre de camions délivrant de l’aide humanitaire à Gaza, à libérer les otages et à laisser les civils quitter les zones dangereuses.  Enfin, il a fait part de ses préoccupations concernant un certain nombre de résolutions présentées chaque année à la Quatrième Commission, estimant que les questions liées au statut final doivent être négociées entre les parties et non au sein de l’Assemblée générale. 

M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a condamné « l’agression criminelle » d’Israël contre Gaza, ainsi que les destructions et les meurtres causés par la « machine de guerre » israélienne, qui a non seulement coûté la vie à plus de 10 000 Palestiniens, mais aussi détruit plus de la moitié de l’enclave.  Selon lui, les Palestiniens sont persécutés quotidiennement par les autorités d’occupation et les colons israéliens.  Dans ces circonstances, il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, et à la fin du plan de déplacement forcé imposé par Israël, « évoquant les tragédies de la Nakba ».  Le représentant a jugé scandaleux que l’UNRWA soit devenu la cible de la « folie sanglante d’Israël », plusieurs membres de son personnel ayant été tués et 40 de ses installations abritant près de 700 000 réfugiés, endommagées ou détruites. 

Le représentant a donc lancé un appel aux États Membres pour qu’ils augmentent leurs contributions au budget de l’UNRWA et à l’appel éclair pour Gaza.  Le sous-financement chronique auquel est confronté l’Office le pousse selon lui à reporter ses obligations, une situation insoutenable qui met en péril la fourniture de services de base à des millions de réfugiés palestiniens. Le rétablissement de l’équilibre financier essentiel au travail de l’Office est aujourd’hui une question de vie ou de mort, a martelé le représentant.  Toutefois, a-t-il insisté, le mandat de l’UNRWA ne doit pas être compromis, surtout face à l’augmentation des attaques motivées par des considérations politiques de la part d’Israël, « qui sème le chaos et la destruction dans le tTerritoire palestinien occupé depuis 1948 ».  Depuis 1949, l’action de l’UNRWA a contribué à maintenir en vie le droit de retour, en attendant une solution politique à la crise des réfugiés palestiniens, a noté le délégué. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a souligné le rôle humanitaire vital unique joué par l’UNRWA dans le contexte actuel d’escalade de la violence au Moyen-Orient, déplorant que la situation, déjà critique sur le terrain, soit exacerbée par un bouclage sévère, avec pour conséquences des pénuries de carburant, de nourriture, de médicaments, et un accès limité à l’eau potable.  Jugeant l’assistance transitant par le point de passage de Rafah largement insuffisante, il a détaillé l’aide fournie par la Russie et acheminée via le Croissant-Rouge égyptien: 27 tonnes de nourriture et 28 de médicaments et d’articles de première nécessité. 

Le délégué a salué les efforts déployés par les travailleurs humanitaires sur le terrain, déplorant la perte de 78 membres du personnel de l’UNRWA depuis le 7 octobre.  L’ampleur des pertes subies par les agences des Nations Unies est choquante, s’est-il ému, en insistant sur la nécessité de protéger le personnel et les installations humanitaires.  Il a loué le caractère unique et l’impartialité de l’UNWRA malgré les pressions extérieures, et conscient de ses difficultés financières, a encouragé les États Membres à fournir un soutien « dépolitisé » pour assurer sa pérennité.  La Russie s’est, pour sa part, engagée à continuer ce soutien, notamment par des contributions volontaires annuelles d’un montant de 10 millions de dollars jusqu’en 2026. 

SHEIKH KHALIFA BIN ZAYED AL NAHYAN (Émirats arabes unis) a rendu hommage à tous ceux qui ont perdu la vie sur « l’autel du service humanitaire » à Gaza, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat dans le territoire. « Le personnel de l’UNRWA est le visage de l’humanité », a-t-il déclaré, avant d’assurer le soutien des Émirats arabes unis à l’Office et d’exprimer leur solidarité avec les Gazaouis.  Il s’est indigné de voir que 48 sites de l’UNRWA ont été pris pour cible par les forces israéliennes, en violation flagrante du droit international.  Outre le siège insoutenable imposé à plus de deux millions de Palestiniens à Gaza depuis trois semaines et la détérioration des conditions humanitaires sur place, le délégué s’est indigné de l’interruption des télécommunications et de la couverture médiatique de la crise en raison des bombardements israéliens.  Comme l’a dit l’UNICEF, « Gaza est devenu un cimetière d’enfants », a-t-il constaté, en appelant à mettre fin à ce bain de sang et à éviter que ce conflit ne se régionalise.

Outre les 20 millions de dollars débloqués pour l’aide d’urgence à Gaza, le représentant a rappelé les 35 millions dollars déjà alloués par les Émirats arabes unis à la situation dans le camp de Jenin, où les colons en Cisjordanie se livrent à des violences.  Il a également évoqué une nouvelle initiative visant à permettre le traitement de centaines de Gazaouis dans les hôpitaux des Émirats et l’acheminement de 200 tonnes d’aliments à Gaza.  Insistant à nouveau sur l’impératif d’une protection des travailleurs humanitaires et de l’UNRWA à Gaza, le délégué a conclu en réaffirmant le soutien de son pays à la solution des deux États.

M. NOEL MANGAOANG NOVICIO (Philippines) a commencé par exprimer sa solidarité avec l’UNRWA et les familles de ses 72 employés tués à Gaza.  Il a souligné une perte « stupéfiante », précisant que jamais autant de travailleurs humanitaires de l’ONU n’avaient été tués dans un conflit en si peu de temps.  Il a de même exprimé sa sympathie à tous les civils touchés en Israël et dans les territoires palestiniens, réitérant l’attachement de son pays au droit international humanitaire et condamnant la destruction des installations sanitaires et médicales.

Le représentant a salué l’ouverture d’un corridor humanitaire avec l’Égypte, estimant que cette initiative peut faciliter une réponse prévisible et durable de l’ONU aux besoins immenses des personnes touchées.  De même, il s’est félicité de l’ouverture du point de passage de Rafah, jugeant qu’elle avait joué le rôle de bouée de sauvetage pour les civils blessés.  Rappelant que son pays contribue volontairement au budget de l’UNRWA, il a exhorté les autres pays à faire de même.  Enfin, le délégué a appelé la communauté internationale à se mobiliser en vue d’apporter non seulement des secours, mais aussi des solutions durables. RAS

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a exprimé sa profonde préoccupation face à l’escalade de la violence en Israël et en Palestine.  Condamnant fermement l’attaque terroriste du 7 octobre perpétrée par le Hamas contre la population israélienne, il a relayé l’appel du pape François à la libération immédiate des otages, notant que le terrorisme et l’extrémisme alimentent la haine et la vengeance.  L’observateur a ensuite attiré l’attention sur la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza, insistant sur la nécessité d’assurer la protection « absolue » de chaque civil.  Il est impératif que les hôpitaux, les écoles et les lieux de culte ne soient pas ciblés, a-t-il ajouté.  Il a également souligné l’importance de maintenir ouverts les couloirs humanitaires pour permettre l’acheminement de l’aide.

L’Observateur permanent a encouragé le travail de l’UNRWA, saluant son rôle crucial dans la promotion du développement humain et la prestation de services humanitaires aux réfugiés palestiniens.  Il a recommandé que l’éducation dispensée par l’UNRWA serve de fondement à la paix, avec pour objectif de permettre à chaque jeune réfugié palestinien de façonner son avenir et de participer à la lutte contre le terrorisme.  Il a enfin réitéré son inquiétude quant à l’écart grandissant entre les services requis par l’UNRWA et ses fonds insuffisants.  En conclusion, il a appelé à une paix juste, répondant aux revendications légitimes des Palestiniens et des Israéliens, basée sur la solution des deux États.

L’Observatrice permanente adjointe de la Ligue des États arabes, Mme NASRIA ELARDJA FLITTI, a remercié l’UNRWA et son personnel pour les efforts inlassables qu’ils déploient afin de répondre aux besoins croissants des Palestiniens dans des conditions sécuritaires désastreuses et face à l’incapacité de la communauté internationale à fournir le financement nécessaire à l’Office.  Les évènements du 7 octobre ont mis en exergue la détérioration de la situation des réfugiés palestiniens, a-t-elle constaté, en appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et en exhortant la communauté internationale à fournir la protection nécessaire aux civils palestiniens dans les territoires occupés. L’Office a besoin plus que jamais d’un soutien, surtout dans la bande de Gaza, où Israël mène une guerre sans pitié qui constitue une menace à la paix et à la sécurité régionale et internationale. 

Pour l’Observatrice permanente adjointe, l’impasse du processus de paix au Moyen-Orient est le fruit de la politique du deux poids, deux mesures, au sein du Conseil de sécurité qui place la victime et le bourreau sur un pied d’égalité.  Elle a reproché à la communauté internationale d’avoir échoué à faire respecter la légalité internationale et à mettre en œuvre la solution des deux États. Là encore, le Conseil de sécurité est resté silencieux face à cette guerre féroce à Gaza et n’a pas été en mesure d’adopter une résolution à cause des conflits géopolitiques des grandes puissances, s’est-elle indignée.  La situation humanitaire à Gaza est la pire de l’histoire moderne, et cette guerre sans merci a alourdi le fardeau de l’UNRWA, a regretté l’Observatrice, avant d’invoquer l’Initiative de paix arabe et le rôle central de l’Office dans la stabilité de la région.  Elle a exigé un cessez-le-feu immédiat et qu’il soit mis un terme à cette guerre insensée menée à Gaza par Israël, ainsi qu’aux plans de colonies de peuplement dans les territoires occupés.  L’Observatrice permanente adjointe a également appelé à ouvrir des passages humanitaires sûrs et à cesser de prendre pour cible les femmes, les enfants, les travailleurs humanitaires et les journalistes à Gaza.  En guise de conclusion, elle a mis en garde contre toute politisation du travail de l’UNRWA, exhortant la communauté internationale à lui garantir l’appui financier nécessaire à la poursuite de ses activités.  Il est temps pour l’Assemblée générale de mettre fin à l’occupation israélienne et de garantir la création d’un État palestinien d’un seul tenant, viable et indépendant, sur la base des résolutions pertinentes de l’ONU. 

PRATIQUES ET ACTIVITÉS D’IMPLANTATION ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS

Déclaration liminaire

Mme ILZE MARIANNE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, qui a présenté les trois rapports du Secrétaire général relatifs à ce point de l’ordre du jour, a confirmé que la situation dans les territoires palestiniens occupés s’aggrave d’heure en heure.  Depuis le 7 octobre, plus de 10 221 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées à Gaza, dont 4 104 enfants, 2 641 femmes et plus de 25 000 blessés.  En outre, 2 100 personnes disparues se trouveraient sous les décombres, dont au moins 1 200 enfants, tandis que plus de 1 400 Israéliens ont été tués.  Les frappes aériennes et les tirs d’artillerie israéliens ont rasé des quartiers entiers de Gaza, y compris des hôpitaux, des écoles et des boulangeries, avec des conséquences dévastatrices pour les civils.  Au regard du droit international humanitaire, ces frappes disproportionnées peuvent constituer des crimes de guerre, a indiqué la haute fonctionnaire.  Plus d’1,4 million d’habitants de Gaza auraient été déplacés en raison de problèmes de protection et de la destruction de maisons.  Le système humanitaire à Gaza est confronté à un effondrement total et le niveau d’assistance humanitaire autorisé jusqu’à présent est totalement inadéquat.  Des centaines de personnes sont menacées de mort en raison de l’effondrement du secteur de la santé, faute d’équipement, de médicaments et d’interventions opportunes. L’essence, principalement utilisée pour faire fonctionner les hôpitaux, est épuisée. 

Pour la Sous-Secrétaire générale, le siège complet de la bande de Gaza par Israël, qui coupe les approvisionnements essentiels à la population civile, équivaut à une punition collective, en violation du droit international humanitaire. L’augmentation de la violence en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, ainsi que la poursuite des échanges de tirs le long de la Ligne bleue, sont également alarmantes.  Elle a ensuite réitéré l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, de l’accès sans entrave de l’aide et des travailleurs humanitaires à Gaza et de la libération rapide et inconditionnelle par le Hamas de tous les otages. 

Mme Kehris a tenu à rappeler que l’offensive militaire en cours en réponse aux attaques odieuses du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens contre Israël les 4 et 7 octobre 2023 s’inscrit dans le contexte plus large de l’occupation qui dure maintenant depuis 56 ans et du bouclage de Gaza depuis 16 ans.  Les rapports du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) ont fait état de discrimination systématique, de ségrégation, de recours inutile ou disproportionné à la force meurtrière, de détentions arbitraires, de démolitions de logements, de l’expansion des colonies, de pratiques pouvant s’apparenter à des punitions collectives, de l’imposition d’un environnement coercitif pouvant conduire au transfert forcé de Palestiniens, et d’autres restrictions imposées aux droits des Palestiniens, sur fond d’impunité, a relevé la Sous-Secrétaire générale, avant de présenter les derniers rapports du Secrétaire général qui détaillent ces faits au cours de la période sous examen. 

Dans le rapport sur les Pratiques israéliennes affectant les droits humains du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est (A/78/502), le Secrétaire général recommande à Israël de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le plein respect du droit international humanitaire et du droit international des droits humains, en particulier en ce qui concerne les civils vivant sous occupation et la conduite des hostilités, et de veiller à ce que les auteurs de ces violations rendent compte de leurs actes.  Le Secrétaire général recommande en outre à Israël de mettre immédiatement fin à toutes les pratiques susceptibles de constituer des actes de torture ou d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants; de veiller à ce que la législation antiterroriste soit conforme aux lois et normes internationales; de mettre fin à la détention arbitraire; de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à toutes les pratiques discriminatoires et illégales, y compris les châtiments collectifs, et d’abroger toutes les lois discriminatoires; de lever immédiatement le bouclage de Gaza et de veiller à ce que le droit à la liberté de circulation soit garanti.  Le Secrétaire général recommande enfin aux autorités et aux groupes armés palestiniens de Gaza de veiller au respect du droit international humanitaire et de rendre compte de toutes les violations. 

Dans le rapport relatif aux colonies de peuplement, le Secrétaire général note que le Gouvernement israélien actuel a approuvé une politique visant à étendre le contrôle à long terme sur la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, ce qui pourrait équivaloir à des mesures d’annexion de certaines parties de la Cisjordanie.  Au cours de la période couverte par le rapport jusqu’en mai 2023, des plans pour la construction de 16 500 unités de logement ont été avancés ou approuvés, 25 nouveaux avant-postes établis, le règlement des titres fonciers à Jérusalem-Est avancé, et l’expansion de routes et d’infrastructures en Cisjordanie autorisées, ce qui expose des milliers de Palestiniens au risque d’expulsion forcée et de transfert forcé. 

Dans ce rapport, le Secrétaire général réitère ses recommandations pour qu’Israël cesse immédiatement et complètement toutes ses activités de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, dans le respect du droit international, y compris les résolutions pertinentes des Nations Unies, et qu’il mette fin aux démolitions de biens et de maisons palestiniens.  Il demande en outre à Israël de donner des ordres clairs et sans ambiguïté aux forces de sécurité israéliennes pour qu’elles assurent la protection de la population palestinienne contre la violence des colons, conformément à ses obligations en tant que Puissance occupante; et pour garantir des enquêtes et des poursuites sur tous les incidents de violence commis par les colons et les forces de sécurité israéliennes à l’encontre des Palestiniens. 

Le troisième rapport est relatif au Golan syrien occupé, et plus précisément à l’application de la résolution 77/125 en date du 12 décembre 2022. 

Notant que les problèmes humanitaires et de droits humains soulevés dans ces trois rapports ont atteint des niveaux extrêmes depuis le 7 octobre, la Sous-Secrétaire générale a estimé que la mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général est primordiale pour empêcher une nouvelle escalade de la violence dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé.

Débat interactif

Lors du débat interactif qui a suivi cet exposé, l’État de Palestine a rappelé qu’au cours de ses 55 années d’existence, le Comité spécial n’a jamais pu accéder au Territoire palestinien occupé, et que les responsables onusiens s’en voient refuser l’entrée et sont diffamés, même le Secrétaire général, à moins qu’ils ne suivent la ligne israélienne. Elle s’est demandé comment un État Membre qui viole délibérément le droit international et refuse ouvertement de respecter ses obligations en vertu de la Charte est autorisé à rester membre de l’Organisation, tout en exploitant les avantages et les privilèges de son adhésion. 

La Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme a rappelé les appels lancés par le Secrétaire général et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme en faveur d’une pause humanitaire. D’autres responsables ont également évoqué les demandes de cessez-le-feu et la libération des otages.  À ses yeux, le soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme ne peut pas être une célébration si nous constatons les violations des droits humains, dont les responsabilités doivent être établies. 

Déclarations

Mme FEDA M. ABDELHADY, Observatrice permanente de l’État de Palestine, a constaté qu’il est presque impossible de suivre le bilan choquant des morts et des dévastations infligés à Gaza alors qu’Israël se déchaîne contre la population civile assiégée et intensifie la violence en Cisjordanie, « poursuivant méthodiquement ses plans de domination du peuple palestinien ».  Chaque jour, des enfants, des femmes et des hommes, sont tués et déplacés, leurs maisons détruites et le tissu social en lambeaux. Et pourtant, a poursuivi la représentante, la « machine de guerre israélienne » est autorisée à cibler des civils et à détruire des biens civils, défiant les appels en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et de la protection des civils.  À ce jour, plus de 10 000 Palestiniens ont été tués par Israël et 24 000 blessés, 67% des victimes étant des femmes et des enfants.  « Un enfant palestinien est tué par Israël toutes les 10 minutes », a-t-elle noté, en dénonçant « un crime contre l’humanité perpétré en plein jour ».  De nombreuses autres familles contraintes de fuir leur foyer n’ont nulle part où aller, les écoles de l’UNRWA ayant dépassé leur capacité alors que plus de 717 000 personnes s’entassent dans ces locaux transformés en abris d’urgence et font face au manque de nourriture et d’eau.  Selon la représentante, il ne s’agit pas de légitime défense, mais d’un comportement « illégal, immoral et injustifiable ».  Or, cela se produit, selon elle, parce qu’Israël a été autorisé à se comporter comme un État au-dessus des lois, sans jamais supporter la moindre conséquence de ses pratiques illégales. 

Pendant ce temps, le peuple palestinien se voit refuser non seulement la protection internationale, mais aussi son droit de se défendre contre cette occupation « violente et agressive », a constaté la représentante.  Israël ignore les demandes de cessez-le-feu et les résolutions de l’Assemblée générale, comme celle adoptée le mois dernier, certain que les « faibles » appels à une aide humanitaire et des pauses lui donneront le temps « pour tuer et détruire à sa guise ».  La déléguée a dénoncé le siège et le blocus de Gaza et, en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, la campagne de colonisation, de nettoyage ethnique et d’annexion destinée à en modifier la démographie afin de détruire la solution des deux États.  « Aucun Palestinien n’est en sécurité sous cette occupation inhumaine, qui a depuis longtemps cessé d’être légale au regard du droit international », a poursuivi la représentante. 

Or, cette situation « odieuse » ne peut pas durer, a poursuivi la déléguée, pour qui les États ont le devoir de se mobiliser pour mettre fin au « terrorisme d’État » contre le peuple palestinien.  Elle a donc appelé à l’adoption de mesures conformes au droit international, y compris un embargo sur les armes contre Israël.  « Les doubles standards, les hésitations et les retards persistants ne feront qu’engendrer davantage de désastres », a-t-elle prédit.  Pour assurer la reddition de comptes, le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de Justice (CIJ) ont l’obligation d’agir, a-t-elle conclu. 

Mme MARY CLUNE, de l’Union européenne (UE), a condamné les attaques terroristes du Hamas et demandé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.  Elle a reconnu le droit d’Israël à la légitime défense et exprimé son inquiétude face à la situation humanitaire désastreuse à Gaza.  Elle a réitéré l’engagement de l’UE pour une résolution juste du conflit israélo-palestinien à travers une solution des deux États.

La représentante a réaffirmé l’opposition de l’UE à la politique de colonisation illégale d’Israël; politique qui menace sérieusement la solution des deux États et la possibilité que Jérusalem serve de capitale aux deux États.  L’UE ne reconnaîtra ainsi aucun changement aux frontières d’avant 1967, sauf ceux convenus par les deux parties, a-t-elle insisté, appelant par ailleurs à respecter les sites sacrés de Jérusalem pour les trois religions monothéistes.  Inquiète face à l’aggravation de la violence en Cisjordanie, elle a exhorté Israël à arrêter l’expansion des colonies, à prévenir la violence des colons et à garantir que les auteurs de crimes soient tenus responsables.

S’adressant aux autorités palestiniennes, la déléguée a estimé que des institutions démocratiques, inclusives et respectueuses de l’état de droit sont essentielles.  Elle a encouragé toutes les factions palestiniennes à s’engager dans le processus de réconciliation, à renoncer à la violence et au terrorisme, à reconnaître le droit d’Israël à exister et à s’engager envers les principes démocratiques.  Enfin, elle a réaffirmé sa disponibilité à travailler avec les deux parties et les partenaires internationaux pour reprendre des négociations significatives et parvenir à une paix juste et durable.

Au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Mme AL RASHDI (Oman) a condamné les attaques contre les civils, rappelant les parties à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Elle a lancé un appel à la retenue, à la libération des otages et au rétablissement de l’accès à la nourriture, à l’eau et aux médicaments, conformément aux dispositions du droit international.  Le siège imposé par Israël à Gaza contrevient aux principes les plus élémentaires du droit humanitaire, a-t-elle dénoncé.  Elle a jugé les forces israéliennes responsables de la situation humanitaire et rappelé les avertissements répétés de son groupe de pays sur les dangers que constituent la poursuite de l’occupation et la privation du peuple palestinien de ses droits.

Qualifiant la situation en Palestine de première question pour les Arabes et les musulmans, elle a réitéré son soutien à la solution des deux États et à la création d’un État palestinien indépendant aux frontières de juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Elle a exhorté la communauté internationale à mettre fin aux attaques contre la présence palestinienne dans la ville de Jérusalem et aux tentatives visant à modifier les arrangements liés aux lieux saints islamiques.  Elle a également condamné les incursions répétées dans les cours de la mosquée d’Al-Aqsa par des colons israéliens avec le soutien des forces israéliennes, estimant que ce type d’attaques sape les efforts de paix et entretient un cycle continu de violence.  La représentante a, enfin, dénoncé toute tentative d’annexion des colonies de Cisjordanie, conformément à la Charte des Nations Unies, des principes du droit international et des résolutions internationales pertinentes.

M. AHMED MOHAMED EZZAT AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a jugé crucial de rappeler que le droit des droits humains et le droit international humanitaire s’appliquent en même temps dans les territoires palestiniens occupés, y compris la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, qui lie Israël en tant que Puissance occupante.  Il n’existe aucune dérogation à ces obligations, a-t-il insisté en déclarant que la lutte contre le terrorisme ne peut servir de justification au « massacre de civils par Israël auquel nous assistons aujourd’hui ».  C’est pourquoi l’Assemblée générale a approuvé, le mois dernier, une résolution sur la protection des civils et le respect des obligations juridiques et humanitaires, a rappelé le représentant.  Il a constaté pourtant qu’Israël poursuit son agression contre les Palestiniens.  À ses yeux, la position de certains États Membres, qui continuent de justifier cette agression sous divers prétextes, y a contribué.  L’Égypte rejette catégoriquement ces prétextes et continue d’appeler à la cessation totale des hostilités, a martelé le délégué. 

Il a relevé que même avant le 7 octobre, Israël était déjà engagé dans une série « inquiétante » de violations clairement contraires à ses obligations en droit international, au premier rang desquelles se trouvent les colonies de peuplement.  Il a rappelé à cet égard que le Gouvernement israélien actuel s’est engagé dans la construction de colonies « à un rythme effréné », dans le cadre d’un plan de deux ans visant à installer 500 000 nouveaux colons en Cisjordanie et à construire 16 500 logements.  Le rapport du Secrétaire général fait d’ailleurs état d’un nombre croissant de cas où les forces israéliennes ont soutenu les attaques des colons.  Non seulement ces pratiques sont préjudiciables aux droits des Palestiniens, mais elles sont également « fatales » au processus de paix, a-t-il mis en garde, faisant valoir que ce processus demeure pourtant le seul véritable espoir que la guerre à Gaza ne se reproduise pas.  Le représentant a donc appelé la communauté internationale à faire preuve d’unité pour mettre fin à ces pratiques et à œuvrer de bonne foi au lancement d’un processus de paix.

Mme SARAH AHMED AHMED AL-MASHEHARI (Yémen) a réaffirmé que la cause palestinienne était « centrale » pour les nations arabes et musulmanes dans leur ensemble.  Les Palestiniens ont droit à un État indépendant, conformément aux résolutions internationales et à l’initiative de paix arabe qui demande entre autres la restitution des territoires palestiniens, le droit au retour de tous les réfugiés et la mise en place d’un État viable avec Jérusalem-Est pour capitale dans le cadre des frontières de 1967, a-t-elle rappelé. Elle a jugé nécessaires les efforts pour protéger la ville de Jérusalem et ses Lieux saints et condamné la « politique coloniale » d’Israël, en appelant la « Puissance occupante » à mettre fin à toute activité de colonisation, en particulier dans la ville de Jérusalem.  Elle a condamné l’agression brutale d’Israël dans la bande de Gaza, rappelant que des femmes et des enfants avaient été ciblés et des infrastructures, des hôpitaux et des écoles détruits.  Elle a dénoncé les coupures d’eau et d’électricité, ainsi que l’interruption de l’accès à l’alimentation et aux médicaments, qui constituent une violation flagrante du droit international humanitaire, a-t-elle déclaré.  Elle a fait part du soutien de son pays à la démarche de l’État de Palestine de devenir un État Membre à part entière des Nations Unies et exigé qu’Israël rende des comptes pour les crimes commis à Gaza. 

S’agissant enfin du Golan syrien occupé, elle a réaffirmé que l’occupation de ce territoire par Israël constituait une menace pour la paix et la sécurité et a indiqué que la Convention de Genève de 1949 sur la protection des civils en temps de guerre s’appliquait à ce territoire, en concluant au soutien de son pays au droit des Palestiniens à récupérer ces territoires. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a, au nom de la Ligue des États arabes, appelé à la fin de la guerre à Gaza et refusé la notion de légitime défense dans ce cas précis.  Il s’agit d’un recours illégitime à la force qui constitue une violation du droit international, car il consiste notamment à cibler des civils, « femmes, enfants et personnes âgées », a-t-il affirmé.  Il a appelé à l’application immédiate de la résolution de l’Assemblée générale qui demande une trêve humanitaire pour protéger les civils et apporter une aide humanitaire immédiate à Gaza, tout en rejetant le déplacement forcé des Palestiniens.

Il a condamné les « crimes commis par Israël », y compris le recours à « des armes interdites » dans la bande de Gaza et les incursions dans les lieux de culte, les écoles et les hôpitaux, et demandé le rétablissement de l’alimentation en électricité, en eau et en combustible de la bande de Gaza, qui constitue une « responsabilité morale et juridique » pour la communauté internationale, a-t-il précisé, en invoquant la quatrième Convention de Genève sur le droit international humanitaire.  Les auteurs devront répondre de leurs actes, a-t-il poursuivi, en dénonçant les tentatives d’Israël de « déplacer cette crise vers les pays voisins » sous de « faux prétextes ».

Israël doit mettre fin aux incursions de la police et des colons israéliens dans les Lieux saints, et à toute attaque « qui aurait pour objectif de changer le statut juridique ou historique de ces lieux », a-t-il poursuivi, en rappelant que l’Initiative de paix arabe était une « solution stratégique » bénéfique pour tous les peuples de la région.  Il a souligné le rôle central de la cause palestinienne pour tous les États arabes, en réitérant que le droit des Palestiniens à l’autodétermination est inhérent à ce peuple, nié par l’annexion de résidences et de terrains de la part des colons, et par toute autre activité de colonisation qui porte atteinte à la paix, a-t-il noté.  Il a déploré l’inaction du Conseil de sécurité en la matière.

S’agissant du Golan syrien occupé, il a décrit comme « nulle et non avenue » la présence israélienne sur ce territoire et la tentative d’Israël d’y imposer ses lois, suggérant à la communauté internationale de suivre de près la situation des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, qu’il a demandé à Israël de libérer.  Il a conclu son intervention en demandant à tous les États d’envisager la reconnaissance de l’État de Palestine comme État Membre à part entière de l’organisation. 

M. TOUFIQ ISLAM SHATIL (Bangladesh) a exigé un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin au massacre des civils innocents à Gaza et a insisté sur la nécessité d’y assurer la distribution de biens essentiels.  Il a exprimé sa profonde tristesse face à la perte de 79 membres de l’UNRWA, plaidant pour une action urgente de l’ONU, en particulier du Conseil de sécurité, pour arrêter les tueries. 

Le délégué a souligné l’impact négatif des activités de colonisation illégales d’Israël sur les droits des Palestiniens, s’inquiétant particulièrement du nombre record de démolitions à Jérusalem-Est en février 2023.  Il a également protesté contre la légalisation des avant-postes et contre la violence des colons qui s’est récemment intensifiée, semant mort et désolation parmi les Palestiniens.  La continuation de cette culture d’impunité et l’encouragement de pratiques illégales —exemplarisées selon lui par le fait qu’un leader de colons ait été nommé ministre— aggravent la situation et éloignent la solution des deux États, a‑t‑il déploré. 

Le représentant a contesté la revendication par Israël de son droit à la légitime défense du fait qu’il est une « Puissance occupante », appelant l’Assemblée générale à adopter des mesures concrètes pour tenir Israël responsable de ses crimes de guerre et de ses crimes contre l’humanité, à Gaza et en Cisjordanie.  Il a notamment plaidé pour l’inclusion d’Israël sur la « liste des parties commettant des violations graves contre les enfants dans les conflits armés ».  Punir collectivement une population civile qui lutte pour son indépendance depuis plus de sept décennies est inacceptable, a‑t‑il tancé, soulignant le « devoir collectif » de mettre fin à cette oppression.

M. ALPER SEZER (Türkiye) a dénoncé « l’horrible carnage » qui se poursuit à Gaza, en ajoutant que rien ne peut justifier les attaques aveugles commises contre les civils et les infrastructures civiles.  Les actes de punition collective et les tentatives de déplacement forcé sont inacceptables et doivent cesser, a martelé le représentant, pour qui il est urgent d’instaurer un cessez-le-feu inconditionnel.  Il a également jugé impératif de garantir un accès humanitaire ininterrompu à Gaza et à l’intérieur de l’enclave.  Il s’est aussi dit grandement préoccupé par la situation régnant ailleurs dans les territoires occupés, la violence des colons se propageant et augmentant d’autant les risques d’hostilités généralisées. « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est un nouvel épisode de violence émanant de l’occupation continue par Israël du Territoire palestinien et de la dépossession, de l’oppression, et de la déshumanisation du peuple palestinien. » 

Le représentant a vu l’expansion des colonies illégales, les expulsions forcées, les démolitions, les déplacements massifs et les exécutions extrajudiciaires commises en toute impunité dans les territoires occupés comme les causes profondes de ce cycle de violence.  Or, a‑t‑il ajouté, ces pratiques sapent la perspective d’une solution juste et durable et contreviennent au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le représentant s’est également inquiété des tentatives de violation du caractère sacré de la mosquée Al-Aqsa et des lieux saints musulmans et chrétiens de Jérusalem, tout en appelant au respect du statu quo historique. « Israël ne pourra pas assurer sa sécurité au détriment des libertés et droits humains fondamentaux du peuple palestinien », a fait valoir le délégué.  Il a conclu en soulignant qu’il incombe à la communauté internationale de veiller à ce que cessent ces violations flagrantes du droit international et du droit international humanitaire. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a condamné les pertes en vies humaines à Gaza, voyant dans cette crise avant tout une catastrophe humanitaire.  Il s’agit selon lui d’une crise créée par l’homme, de celles que condamnerait le Gouvernement américain dans tout autre contexte, a fait remarquer le représentant.  Il a dénoncé les attaques aveugles perpétrées contre les civils et les infrastructures civiles telles que les écoles, les camps de réfugiés, les hôpitaux, les dépôts de nourriture et les infrastructures cruciales.  Il a exprimé son appui aux enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI), estimant le moment venu de mettre fin à l’impunité qui a permis à Israël, Puissance occupante, de poursuivre ses agressions brutales et ses pratiques inhumaines de domination, d’exploitation et d’appropriation auxquelles le peuple palestinien continue de résister depuis plus de 55 ans. 

De même, la poursuite de la colonisation, qui constitue un obstacle à la solution des deux États, doit cesser, tant dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, que dans le Golan syrien occupé, a exigé le délégué.  Pour aller de l’avant, il a jugé nécessaire que le Conseil de sécurité assume ses responsabilités et que l’ensemble de la communauté internationale insiste sur la nécessité de garantir un horizon politique.  Dans l’intervalle, il a jugé urgent de parvenir à un cessez-le-feu et de garantir l’accès pour l’acheminement de l’aide humanitaire. 

M. YASSINE SALAH (Tunisie), déplorant les quatre échecs récents du Conseil de sécurité à mettre fin à l’agression contre le peuple palestinien, a souligné la responsabilité à la fois politique et éthique de la communauté internationale, en particulier des pays influents, pour défendre la paix et la justice.  Condamnant les crimes de guerre commis par la Puissance occupante contre les civils palestiniens, il a également fustigé la politique de « deux poids, deux mesures » et l’application sélective du droit international.  Il a ainsi tenu pour responsable la Puissance occupante de l’échec des initiatives de paix, puisque, a‑t‑il argué, elle n’a « jamais tenu ses engagements ». 

Dans ce contexte, le délégué a dénoncé le « génocide » en cours, malgré les résolutions internationales.  Il a appelé à une intervention immédiate et efficace de l’ONU, notamment l’obtention d’un cessez-le-feu et d’un accès humanitaire, dans le but de mettre fin à ces crimes et d’empêcher le déplacement des Palestiniens.  Il a enfin critiqué l’occupation persistante du Golan syrien occupé.

Mme YUMIRKA FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba) a salué le travail réalisé par le Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, ainsi que le document de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.  Elle a déploré les événements actuels et leurs répercussions sur la population civile, réaffirmant la solidarité de son pays avec la cause palestinienne et arabe. Elle a dénoncé un « apartheid », accusant Israël d’avoir mis en place un système de domination, d’appropriation des ressources et de déni des droits du peuple palestinien. Évoquant une expansion illégale des colonies israéliennes, elle a plaidé pour un retrait total et inconditionnel d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés. 

La représentante a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pu mettre un terme aux opérations d’Israël et à ses pratiques colonisatrices, pointant la complicité des États-Unis et rappelant leur veto à 46 résolutions liées à la situation au Moyen-Orient, y compris à la question palestinienne. Elle a estimé que le dernier veto des États-Unis, opposé il y a quelques jours, est d’autant plus grave qu’il a rendu impossible la fin du siège de Gaza. 

Son pays, a‑t‑elle rappelé, a soutenu l’Assemblée générale et sa demande de conseil à la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences découlant des pratiques d’Israël.  La représentante a en outre plaidé pour l’admission de l’État de Palestine en tant que Membre à part entière des Nations Unies, évoquant le droit de son peuple à l’autodétermination et réitérant son soutien à un État palestinien indépendant et souverain, avec Jérusalem-Est pour capitale et avec les frontières d’avant 1967.  Chaque minute de silence, d’inaction, de mépris et de « deux poids, deux mesures » entraînera la perte de vies innocentes, a‑t‑elle conclu. 

M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée) a dénoncé le massacre haineux commis par Israël dans les territoires palestiniens occupés, qui constitue une violation flagrante du droit international.  Il a estimé que cette nouvelle crise au Moyen-Orient démontre une fois de plus à la communauté internationale l’urgence de la question de la Palestine.  Or, plutôt que de résoudre ce problème, nous avons assisté à une dégradation de la situation qui a mené au bain de sang d’aujourd’hui, s’est-il désolé.  Selon le représentant, la cause profonde du conflit est la politique « extrême et biaisée » des États-Unis qui consiste à encourager Israël dans ses tentatives d’expansion territoriale.  Il a remarqué à cet égard que les responsables américains s’étaient succédé en Israël pour donner le feu vert au massacre des Palestiniens.  Il a relevé que, par le biais du Conseil de sécurité, les États-Unis bloquent la résolution de la question, situation à laquelle la communauté internationale cherche une solution.  À ses yeux, tant que les États-Unis appliqueront une politique de « deux poids, deux mesures » et soutiendront l’expansion territoriale et le massacre des civils par Israël, jamais la paix ne pourra régner au Moyen-Orient.

M. ABUZIED SHAMSELDIN AHMED MOHAMED (Soudan) a considéré que la détérioration de la situation dans les territoires occupés témoigne de l’échec à dégager une solution conforme au droit international. Or une telle solution est la seule stratégie à même de rétablir la stabilité, a‑t‑il estimé.  Il a dénoncé les opérations d’Israël dans le camp de réfugiés de Jabaliya et à l’hôpital Al Ahli Arab, les qualifiant de « barbarie ».  La communauté internationale doit œuvrer pour trouver une issue à la crise sur la base d’une solution à deux États, a‑t‑il préconisé, estimant que la crise palestinienne est la première question du monde arabe et musulman. 

La situation actuelle est une faillite pour les Nations Unies et nos valeurs morales, a‑t‑il poursuivi, lançant un appel à protéger les civils et les infrastructures essentielles, mais aussi à garantir l’accès à l’énergie, aux aliments, à l’eau et aux médicaments.  Il a qualifié d’« affront à la conscience internationale et humaine » les pratiques d’Israël en Cisjordanie et à Gaza, y compris les attaques aériennes contre des civils.  À ce titre, il a assuré soutenir toutes les mesures visant à prévenir l’élargissement du conflit dans une région déjà caractérisée par les crises.  Il a enfin exhorté les parties à cesser l’escalade et à instaurer un cessez-le-feu, à ouvrir des points de passage pour faire entrer l’aide humanitaire, et à libérer otages et détenus

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a exprimé sa profonde préoccupation face à la tragédie en cours au Moyen-Orient.  Réitérant l’appel à un cessez-le-feu immédiat, conformément à la résolution adoptée par l’Assemblée générale, il a condamné les représailles israéliennes qui ont tué plus de 10 000 personnes, dont 88 travailleurs de l’UNRWA, et entraîné la destruction de nombreuses habitations et infrastructures.  Face à l’urgence de la crise, il a exhorté Israël à épargner les civils et les infrastructures humanitaires.  Il a par ailleurs plaidé pour un financement durable de l’UNRWA.

Dans le même temps, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour se saisir des causes profondes du conflit, a exhorté le représentant, déplorant les voix qui, au sein du Gouvernement israélien, « continuent de nourrir les ferments de l’instabilité » et encouragent « l’accélération d’une politique agressive et raciste de colonisation, d’expulsion et de démolition ».  Il a, à ce titre, souligné l’importance de l’enquête ouverte par la Cour pénale internationale en mars 2021, disant attendre avec impatience ses conclusions.  Gardant l’espoir d’une résolution pacifique, 30 ans après les accords d’Oslo en septembre 1993, il a invité Israël à se conformer au droit international. « L’établissement d’une paix définitive exige un dépassement de soi pour voir dans l’ennemi le frère qu’il est par ce que l’Histoire a fait, et le voisin qu’il est par ce que le droit dit », a-t-il conclu.

Mme MARISKA DWIANTI DHANUTIRTO (Indonésie) a rappelé que les événements actuels sont le résultat d’une longue période de violences, d’expansion des colonies, et d’un manque général de respect des droits humains des Palestiniens. Insistant sur les années d’occupation illégale, dont la dénonciation a souvent été « écartée d’un revers de la main », elle a condamné les attaques aveugles d’Israël contre les civils et a appelé à un cessez-le-feu immédiat pour garantir un accès humanitaire sans entrave. 

La déléguée a ensuite insisté sur trois points cruciaux: l’arrêt des violences, la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du conflit et l’importance du principe de responsabilité. « L’impunité ne doit jamais devenir la norme », a‑t‑elle exhorté, soutenant l’Avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d'Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et annonçant la participation de l’Indonésie à l’audition prévue le 2 février 2024.  Elle a également réitéré l’appel à la mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur la situation à Gaza.  Enfin, relevant que 2 millions d’Indonésiens de différentes religions sont descendus dans la rue la veille pour appeler à un cessez-le-feu, elle a estimé qu’il était temps de traduire tous ces appels en progrès tangibles. 

Mme HAMZAH (Brunéi Darussalam) a rappelé que la Palestine est l’une des plus anciennes questions irrésolues discutées aux Nations Unies.  Les Palestiniens sont dépossédés depuis 75 ans et vivent sous occupation depuis 56 ans, a-t-elle poursuivi, déplorant que les récents développements en Palestine aient exacerbé les difficultés.  À ce titre, elle a dénoncé les déplacements forcés et l’expansion des colonies illégales d’Israël.  Elle a appelé les parties à cesser toute forme de violence et à faire preuve de la plus grande retenue.

La représentante a réitéré son soutien à l’obtention d’un avis consultatif de la Cour internationale de Justice concernant le statut juridique de la présence d’Israël dans les territoires occupés. Elle a également demandé qu’un accès soit accordé à la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur le territoire palestinien.

Elle a annoncé que son pays a mis en place un fonds humanitaire pour les Palestiniens de Gaza et apportera une contribution à l’UNRWA dès la semaine prochaine.  Soulignant que ce conflit demeure au cœur des instabilités au Moyen-Orient, elle a réaffirmé l’attachement de son pays à une solution reposant sur un État de Palestine indépendant, fondé sur les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Enfin, elle a plaidé pour l’octroi à la Palestine d’un statut de membre permanent de l’ONU.

M. AHMAD FAISAL MUHAMAD (Malaisie) a attiré l’attention sur la contextualisation de la situation actuelle à Gaza dans le rapport du Comité spécial, soulignant que les hostilités émanent de discours de haine et de provocations de la part des dirigeants israéliens, ainsi que d’opérations militaires dans les territoires occupés, ayant cours depuis plusieurs mois.  Il a illustré ses propos à l’aide de quelques exemples, notamment la nette augmentation, par rapport aux années précédentes, du nombre de Palestiniens tués et d’attaques quotidiennes de la part des colons, ainsi que les déclarations du Ministre israélien de la sécurité nationale prônant un changement de statu quo lors de ses visites des Lieux saints à Jérusalem-Est.  Selon sa délégation, le rapport illustre clairement ces tensions croissantes dans les territoires palestiniens occupés qui ont fini par culminer dans les atrocités du début de mois d’octobre. 

Condamnant les massacres de civils et l’usage disproportionné de la force dans la bande de Gaza, il s’est indigné du mépris par Israël du droit international, du droit international humanitaire et des droits humains, rappelant que les attaques envers les populations et les infrastructures civiles s’apparentent à des crimes de guerre.  Sous occupation israélienne, les Palestiniens voient leurs droits humains bafoués, leurs biens saisis, leurs maisons détruites et leurs proches assassinés, a‑t‑il poursuivi.  « L’oppression systématique et les politiques inhumaines perpétrées par Israël contre les Palestiniens ont été largement condamnées comme s’apparentant à un apartheid », a‑t‑il rappelé, regrettant que les nombreuses résolutions des Nations Unies n’aient pu apporter de solution à la question palestinienne.  Appelant à un cessez-le-feu immédiat, le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à protéger la paix et la sécurité internationales, déplorant les divisions qui règnent actuellement au sien du Conseil, et a appelé la communauté internationale à soutenir toutes les résolutions examinées par le Comité. 

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) s’est dit horrifié par l’ampleur de la catastrophe, blâmant les attaques des forces israéliennes, entre autres dans la bande de Gaza.  Cet épisode s’inscrit dans une longue série de violations systémiques du droit international, a‑t‑il déploré, fustigeant ceux qui tentent de trouver une justification à ces actes.  Il a dépeint une histoire émaillée de massacres commis contre les Palestiniens et remis en question la proportionnalité des dernières opérations qui durent depuis plus d’un mois.  Ces opérations, a‑t‑il dit, sont révélatrices de la politique de deux poids, deux mesures de la communauté internationale.  Relevant que même les agents humanitaires et le personnel des Nations Unies ont pâti des attaques, le représentant a dénoncé un crime contre l’humanité et estimé que c’est la politique d’impunité qui a encouragé Israël à mener un nettoyage ethnique et même, hier, à menacer d’employer la force nucléaire. Dans un tel contexte, l’on ne peut invoquer la légitime défense comme prétexte, a tranché le représentant, en s’appuyant sur une interprétation de la CIJ. 

Il a appelé à la consolidation des efforts avant que le conflit ne s’étende dans la région et exigé la levée du siège de Gaza ainsi que l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.  Quelque 70% de la population de Gaza est maintenant constituée de déplacés, a‑t‑il poursuivi, martelant son opposition aux initiatives visant à les faire quitter leur terre par la force.  Les générations futures considèreront qu’il ne peut y avoir de paix au Moyen-Orient sans solution juste pour les Palestiniens, a‑t‑il conclu.

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