En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
22e séance plénière - après-midi
CPSD/795

Quatrième Commission: pour l’UNRWA, la « punition collective » infligée à la population de Gaza constitue une violation du droit international humanitaire

Aujourd’hui, devant la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation), l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a affirmé que les bombardements incessants de Gaza par les forces israéliennes et le siège de l’enclave qui ont suivi les attaques perpétrées le 7 octobre par le Hamas en Israël constituent une « punition collective » infligée à la population civile et une violation du droit international humanitaire. 

Hier encore, quatre écoles de Gaza qui abritaient près de 20 000 personnes déplacées ont été touchées lors de bombardements qui ont fait au moins 23 morts et 35 blessés, a indiqué la Directrice du Bureau de représentation de l’UNRWA à New York.  Depuis le début de la guerre, près de 50 bâtiments et actifs de l’Office ont été touchés, certains directement, des familles entières emménageant dans ses abris, en quête de sécurité.  Les services de base, tels que les soins de santé, s’effondrent, et le carburant, les médicaments, la nourriture et l’eau sont insuffisants.  « Priver toute une population d’articles essentiels à sa survie est une punition collective » et « une violation du droit international humanitaire », a affirmé Mme Gréta Gunnarsdóttir.

Pour sa part, l’UNRWA a perdu 72 membres de son personnel en moins d’un mois, soit le plus grand nombre de travailleurs humanitaires tués dans un conflit en si peu de temps dans l’histoire de l’ONU.  Bravant les dangers, quelque 5 000 employés continuent de gérer les 150 abris de l’Office à Gaza, afin de garder ouverts le tiers de ses centres de santé et 80 équipes sanitaires mobiles, en plus d’appuyer l’entrée des convois humanitaires et la distribution de l’aide.  Or, a prévenu la Directrice, l’autorisation d’une poignée de convois via le point de passage de Rafah ne saurait constituer une opération humanitaire significative.

Au centre de cette « dévastation colossale » se trouvent les réfugiés palestiniens, a rappelé l’État de Palestine, lesquels continuent de subir « les horreurs d’une Nakba qui n’a jamais pris fin ».  Aujourd’hui, 72 membres du personnel palestinien de l’UNRWA viennent s’ajouter aux 9 300 Palestiniens tués par les missiles israéliens.  Les centres de santé de l’Office sont maintenant dans l’incapacité de soigner les malades et le système de santé palestinien s’effondre sous les bombardements, qui font suite à un blocus de plus de 16 ans. 

À Israël qui lui demandait pour quelle raison elle ne condamnait pas le détournement de l’aide humanitaire par le Hamas, notamment le carburant, ainsi que son recours aux écoles et aux hôpitaux pour mener ses opérations, Mme Gunnarsdóttir a indiqué ne pas être au fait de telles allégations, et souligné le besoin de concentrer son attention sur la fourniture de l’aide humanitaire.  « Ce qu’il faut, ce n’est pas une goutte d’eau dans l’océan, mais assez de vivres pour que la population puisse survivre », a-t-elle ajouté. 

L’Égypte a, pour sa part, rejeté toute tentative de transférer de force la population palestinienne sous le couvert « fallacieux » de la protection, y voyant plutôt des tentatives de saper la cause palestinienne et la stabilité des pays voisins. Un avis partagé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui a insisté au contraire sur la nécessité d’ouvrir les points de passage à l’aide humanitaire.  La haut-fonctionnaire a encore mis en garde contre le risque que la faim et le désespoir ne se transforment en colère dirigée contre la communauté internationale.  Une rupture de l’ordre civil rendrait extrêmement difficile, voire impossible, la poursuite des activités de l’UNRWA, « dernière bouée de sauvetage du peuple palestinien à Gaza ». 

Pendant ce temps, la Cisjordanie est « en ébullition », selon la Directrice, la violence y atteignant des niveaux sans précédent depuis 15 ans.  Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 123 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou les colons depuis le 7 octobre, dont 34 enfants.  La multiplication des attaques perpétrées par les colons et les restrictions de mouvement ont entraîné le déplacement de plus de 800 personnes depuis cette date. L’armée israélienne mène des incursions quotidiennes dans les camps de réfugiés, où les manifestations sont de plus en plus violentes.  Des affrontements réguliers sont également signalés le long de la frontière israélo-libanaise, alors qu’un conflit entre factions palestiniennes dans le camp de réfugiés d’Ein El Hilweh a provoqué le déplacement de 4 000 personnes, a encore indiqué Mme Gunnarsdóttir.

Face à cette situation, la haut-fonctionnaire a appelé au strict respect du droit international humanitaire, notamment la protection des civils et des infrastructures civiles, ainsi qu’à la libération des otages.  Elle a demandé la mise en place d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat et la circulation sûre et sans entrave de l’aide à Gaza.  Pour y parvenir, il est crucial que l’Office dispose d’un budget entièrement financé, faute de quoi il sera incapable de payer les salaires ce mois-ci. La stagnation politique des dernières années s’est en effet traduite par un sous-financement chronique, a-t-elle expliqué, au point que le 6 octobre, l’Office se dirigeait déjà vers « l’implosion financière ». 

Force est de constater qu’il est désormais impossible de revenir au statu quo d’avant-guerre qui a alimenté le désastre actuel, a fait valoir Mme Gunnarsdóttir.  « La plus grande prison à ciel ouvert, plus de deux millions de personnes soumises à un blocus aérien, maritime et terrestre pendant 16 ans – ce statu quo n’était pas tenable », a martelé la Directrice.  Elle a exprimé son inquiétude que les actions menées aujourd’hui contre la population civile de Gaza n’empoisonnent l’avenir commun de deux peuples voisins aux destins liés.  Considérant qu’une solution politique est devenue vitale pour des millions de personnes, elle a souligné que seule la création d’un État palestinien et la sécurité pour tous permettront de stabiliser la situation avant qu’il ne soit trop tard.

La Commission poursuivra son débat général sur l’UNRWA le lundi 6 novembre, à partir de 10 heures.

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES REFUGIES DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT

Déclaration liminaire

Au nom de M. PHILIPPE LAZZARINI, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Mme GRÉTA GUNNARSDÓTTIR, Directrice du Bureau de représentation de l’UNRWA à New York, a déclaré que les horribles attaques perpétrées par le Hamas en Israël le 7 octobre ont été choquantes, et que les bombardements incessants des forces israéliennes sur la bande de Gaza le sont tout autant. À Gaza, M. Lazzarini a visité une école qui hébergeait des milliers de personnes déplacées, dont le degré de détresse et les conditions de vie insalubres dépassaient l’entendement. Hier, a indiqué la Directrice, quatre écoles de Gaza abritant près de 20 000 personnes déplacées ont été touchées lors de bombardements qui ont fait au moins 23 morts et 35 blessés. Depuis le début de la guerre, près de 50 bâtiments et actifs de l’UNRWA ont été touchés, certains directement. Des familles entières ont déménagé dans les abris de l’Office afin de chercher la sécurité sous le drapeau de l’ONU. Pendant ce temps, les services de base, tels que les soins de santé, s’effondrent, le carburant, les médicaments, la nourriture et l’eau étant insuffisants.  « Priver toute une population d’articles essentiels à sa survie est une punition collective.  Il s’agit d’une violation du droit international humanitaire », a affirmé Mme Gunnarsdóttir. 

Pour sa part, l’UNRWA a perdu 72 membres de son personnel en moins d’un mois, ce qui constitue le plus grand nombre de travailleurs humanitaires tués dans un conflit en si peu de temps dans l’histoire de l’ONU.  Malgré les dangers, quelque 5 000 employés continuent de gérer les 150 abris de l’UNRWA, gardant ouverts le tiers de ses centres de santé et 80 équipes sanitaires mobiles, tout en appuyant l’entrée des convois humanitaires, le stockage et la distribution de l’aide. Or, a-t-elle insisté, l’autorisation d’une poignée de convois via Rafah ne constitue pas une opération humanitaire significative, et n’est pas à la hauteur des discussions diplomatiques en cours. Sans la volonté politique nécessaire pour faire en sorte que le flux des marchandises corresponde à l’ampleur des besoins de deux millions de personnes, le système humanitaire en place est voué à l’échec. 

La haut-fonctionnaire a prévenu que la faim, le désespoir et le sentiment d’abandon se transforment en colère contre la communauté internationale.  À Gaza, où celle-ci est associée à l’UNRWA, elle a dit craindre que bientôt, la population ne dirige sa colère contre l’Office. Qui plus est, une rupture de l’ordre civil rendrait extrêmement difficile, voire impossible, la poursuite de ses activités, ceci bien que l’UNRWA constitue « la dernière bouée de sauvetage du peuple palestinien à Gaza ».

Pendant ce temps, la Cisjordanie « bouillonne », la violence y atteignant des niveaux sans précédent au cours des 15 dernières années.  La multiplication des attaques des colons et les restrictions de mouvement ont entraîné le déplacement de plus de 800 personnes depuis le 7 octobre, a indiqué Mme Gunnarsdóttir, mettant en péril la capacité de l’UNRWA à fournir des services.  Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 123 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou les colons depuis cette date, dont 34 enfants.  L’armée israélienne mène des incursions quotidiennes dans les camps de réfugiés, où les manifestations se font de plus en plus violentes.  Des affrontements réguliers sont signalés le long de la frontière israélo-libanaise.  Dans le camp de réfugiés d’Ein El Hilweh, un conflit entre factions palestiniennes a provoqué le déplacement de 4 000 personnes. 

Dans ce contexte, Mme Gunnarsdóttir a appelé au strict respect du droit international humanitaire, notamment la protection des civils et des infrastructures civiles, y compris celles de l’ONU.  De plus, les otages doivent être libérés.  Elle a demandé la mise en place d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat et la circulation sûre et sans entrave de l’aide à Gaza.  Pour ce faire, il est crucial que l’Office dispose d’un budget de base entièrement financé, a-t-elle prévenu, faute de quoi il sera incapable de payer les salaires de son personnel ce mois-ci.  La stagnation politique des dernières années s’est en effet traduite par un sous-financement chronique de l’Office, a-t-elle expliqué, au point que le 6 octobre, il se dirigeait déjà vers « l’implosion financière ». Elle a donc exhorté les États Membres à intensifier leurs efforts pour assurer son financement stable et prévisible. 

Force est de constater qu’il est désormais impossible de revenir au statu quo d’avant-guerre qui a alimenté le désastre actuel, a fait valoir la haut-fonctionnaire.  « La plus grande prison à ciel ouvert, plus de deux millions de personnes soumises à un blocus aérien, maritime et terrestre pendant 16 ans – ce statu quo n’était pas tenable », a martelé Mme Gunnarsdóttir.  Étant voisins, le destin des Israéliens et des Palestiniens est lié, a-t-elle observé, tout en s’inquiétant que les actions menées aujourd’hui contre la population civile de Gaza ne feront qu’empoisonner cet avenir commun.  Considérant qu’une solution politique est devenue une question de vie ou de mort pour des millions de personnes, elle a souligné que seule une véritable perspective de création d’un État palestinien et la sécurité pour tous permettront de stabiliser la situation avant qu’il ne soit trop tard.

Débat interactif

La représentante des Pays-Bas s’est dite horrifiée par toutes les vies civiles perdues et les souffrances causées par ce conflit, avant de déplorer la mort des 72 collègues de l’UNRWA.  Elle a exigé que le droit international humanitaire soit respecté et toutes les mesures prises pour protéger les civils et les installations de l’UNRWA à Gaza. Il faut une aide humanitaire sure et sans entraves, de l’eau, des vivres, et du carburant, a-t-elle exigé, arguant que les 329 camions humanitaires qui ont pu entrer dans l’enclave à ce jour depuis le début du conflit ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins urgents.  Exhortant la communauté internationale à soutenir financièrement l’Office, elle a annoncé que les Pays-Bas ont d’ores et déjà annoncé 25 millions d’euros supplémentaires au titre de l’aide humanitaire d’urgence dont 8 millions iront à l’UNRWA. Elle a appuyé la demande du Haut-Commissaire pour un financement stable et adéquat de l’Office.

Lui emboîtant le pas, le représentant de l’Égypte a demandé à la représentante de l’UNRWA de donner davantage de détails sur l’impact de la crise à Gaza et la capacité de l’Office de fournir ses services dans ses autres zones d’opération.

La représentante d’Israël a rappelé que l’an dernier, à la Quatrième Commission, sa délégation avait demandé au représentant de l’UNRWA comment l’Office lutte contre l’incitation à la haine, en particulier dans ses écoles. À la lumière de l’attaque du 7 octobre, elle lui a demandé s’il y avait eu depuis une réflexion sérieuse sur l’incitation à la violence qui s’est traduite selon elle par la mort de 1 400 Israéliens aux mains du Hamas.  Reprochant un manque de neutralité à l’Office, elle a demandé à sa représentante si elle ne pensait pas que l’UNRWA aurait dû condamner directement et clairement l’action du Hamas qui se sert des écoles, des hôpitaux et des mosquées pour mener ses opérations.  Elle a également souhaité savoir ce que fait l’Office pour faciliter la libération des otages israéliens.  Pourquoi ne condamnez-vous pas le Hamas qui vole des milliers de litres de carburants? a lancé la déléguée israélienne à la haut-fonctionnaire.

Rebondissant sur les accusations d’Israël selon lesquelles l’UNRWA contribuerait à la violence, le représentant de l’Afrique du Sud s’est demandé ce qu’il est possible de faire pour rétablir la confiance en l’UNRWA.  La question du carburant est aujourd’hui instrumentalisée selon lui, aussi a-t-il demandé directement à la responsable de l’Office ce qu’elle pense des affirmations selon lesquelles toute livraison de carburant à Gaza est systématiquement détournée par le Hamas.

Soutenant fermement l’Office, la représentante de la Palestine a déclaré qu’en dépit du manque de ressources et des risques considérables qui pèsent sur son personnel, l’UNRWA continue de fournir une assistance vitale aux réfugiés palestiniens.  Elle a accusé Israël d’infliger une punition collective aux civils de Gaza et en particulier aux enfants, avant de rendre hommage à tous ceux qui ont péri, y compris parmi le personnel de l’UNRWA à Gaza.  La représentante a revendiqué le droit à la protection des civils, qui devrait être associé au statut de réfugiés.  Elle a salué les efforts déployés par l’Office dans une catastrophe aux « proportions apocalyptiques » et face aux risques de débordement de la crise en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban. Toutefois, outre la mobilisation visant à sécuriser des fonds et des vivres, que fait l’Office pour renforcer la protection des civils en cette période de crise gravissime à Gaza? a-t-elle demandé.

S’adressant à son homologue israélien, la représentante palestinienne a affirmé sans ambages que la haine ne s’enseigne pas à l’école mais par les faits, lorsqu’un enfant vit au rythme des attaques, des pertes d’êtres chers et se retrouve privé de tout.  Comment peut-on parler de droits humains à un enfant auquel ces droits ne s’appliquent pas, s’est-elle emportée, avant de dire qu’aucun manuel scolaire ne peut enseigner la haine.  Seule la dépravation dont nous sommes témoins peut le faire, a-t-elle tranché.

Répondant aux questions, la représentante de l’UNRWA a expliqué qu’il est difficile de pointer du doigt une conséquence directe de la crise à Gaza sur les opérations de l’Office dans ses autres théâtres d’opération, si ce n’est l’instabilité et les tensions montantes.  Elle a salué les contributions faites dans le cadre de l’appel d’urgence lancé par l’Office, exhortant les États Membres à réfléchir sans tarder aux moyens d’assurer un financement pérenne de l’Office à partir du budget ordinaire de l’ONU.

Concernant les manuels scolaires des écoles de l’UNRWA, Mme Gunnarsdóttir a dit ne pas comprendre les allégations portées à l’encontre des enseignants et élèves des établissements scolaires administrés par l’Office.  Nous avons toujours adhéré aux principes humanitaires, a-t-elle affirmé, et dans nos écoles, les droits humains et la tolérance sont enseignés aux élèves.

Quant aux allégations de vol de carburant, elle a dit ne pas être au courant de ce type d’incidents, en assurant que l’Office met tout en œuvre pour respecter les réglementations en vigueur.  Compte tenu de son bilan au fil des décennies d’activité, elle s’est indignée que l’Office ne jouisse pas d’une plus grande confiance de la part des parties belligérantes, leur rappelant que c’est à elles de respecter le droit international humanitaire.  Ce qu’il faut maintenant, c’est un cessez-le-feu humanitaire et un accès sans entraves aux nécessiteux dans l’ensemble du territoire, où la population est en train de mourir, a alerté la haut-fonctionnaire.  En l’absence de carburant, nous ne serons bientôt plus en mesure d’acheminer les convois humanitaires, a-t-elle mis en garde, et les boulangeries resteront fermées, et les hôpitaux ne pourront plus fonctionner, tout comme les systèmes d’assainissement de l’enclave.

Déclarations

Mme FEDA ABDELHADY, observatrice de l’État de Palestine, a fait état d’une situation désastreuse dans la bande de Gaza, « assiégée inhumainement et brutalement attaquée » par Israël, Puissance occupante.  Les réfugiés palestiniens sont au centre de cette dévastation colossale, subissant des pertes en vies humaines par milliers, la perte des moyens de subsistance, de la dignité et de l’espoir, alors qu’ils continuent de « subir les horreurs d’une Nakba qui n’a jamais pris fin ».  La représentante a dénoncé une injustice historique et un crime perpétré contre une nation entière, génération après génération.  Aujourd’hui, les Palestiniens luttent pour leur survie. Cette dévastation qui ravage les réfugiés a également déchiré l’UNRWA, dont 72 membres du personnel palestinien ont été tués par les missiles et les bombes israéliennes au cours des quatre dernières semaines.  Ceux-ci, a-t-elle ajouté, faisaient partie des 9 300 Palestiniens tués dans les attaques « aveugles » israéliennes. 

Selon la représentante, Israël ne considère pas les réfugiés palestiniens comme des êtres humains, mais plutôt comme une « menace démographique » qui doit être contenue, voire « éliminée ».  Elle a dénoncé le ciblage systématique par Israël des zones civiles, y compris des camps de réfugiés, tels que celui de Jabaliya, il y a quelques jours.  Les camps de réfugiés en Cisjordanie ne sont pas épargnés, a--telle noté, les raids militaires israéliens ayant causé la mort de 140 Palestiniens, dont au moins 41 enfants.  Aujourd’hui, les centres de santé de l’UNRWA sont incapables de soigner les malades et le système de santé palestinien est en train de s’effondrer à cause du siège israélien qui coupe la nourriture, l’eau, les fournitures médicales et le carburant, précédé par un blocus de plus de 16 ans.  Selon elle, près de 50% des structures civiles de Gaza ont été détruites. À ses yeux, il s’agit là d’un crime contre l’humanité.  « Les intentions génocidaires d’Israël contre le peuple palestinien ne peuvent plus être niées et doivent cesser », a-t-elle martelé. 

La déléguée a noté « l’ironie douloureuse » qui veut qu’en cette année où nous commémorons les 75 ans de la Nakba, nous soyons témoins d’un carnage aussi horrible perpétré par des responsables israéliens « extrémistes », les forces militaires et des colons.  Elle a salué le travail indispensable de l’UNRWA qui apporte protection, stabilité et espoir à plus de 5,8 millions de réfugiés palestiniens.  La représentante a donc appelé la communauté internationale à respecter ses obligations politiques, juridiques, humanitaires et morales pour mettre fin à l’occupation coloniale, au siège et à l’apartheid contre son peuple. 

Mme CLUNE, de l’Union européennea réaffirmé sa profonde appréciation pour le travail de l’UNRWA qui opère dans des contextes extrêmement difficiles.  L’Office a hébergé la population déplacée dans ses locaux et fourni des services de base tels que de la nourriture et de l’eau, malgré une situation sécuritaire difficile.  Elle a réaffirmé l’importance d’assurer la protection de tous les civils, conformément au droit international humanitaire, tout en appelant à la protection des installations médicales, des écoles et des locaux de l’ONU.  L’UNRWA joue un rôle essentiel dans la fourniture de services essentiels aux réfugiés palestiniens, en plus d’apporter une contribution essentielle à la viabilité de la solution des deux États, qui demeure le seul moyen réaliste de parvenir à une paix juste et durable.  À cet égard, l’Union européenne est prête à contribuer à relancer un processus politique sur la base de la solution des deux États, a indiqué la représentante. 

La fourniture de services de santé et éducatifs aux réfugiés est particulièrement importante, a relevé la représentante, non seulement à Gaza et en Syrie, mais aussi en Jordanie, au Liban et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  L’Union européenne et ses États membres étant collectivement les plus grands contributeurs au budget de l’UNRWA, elle a exprimé son intention de continuer ce soutien à l’avenir, notamment en tant que vice-présidente de la Commission consultative. Or, la situation financière de l’UNRWA, difficile depuis plusieurs années, est désormais critique.  La déléguée a donc appelé tous les partenaires à effectuer des contributions pluriannuelles, afin de garantir la prévisibilité et de faciliter la gestion budgétaire. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite), s’exprimant au nom de la Ligue des États arabes, a d’abord réaffirmé la centralité de la question palestinienne, notamment la problématique des réfugiés.  Il a insisté sur le respect de leurs droits inaliénables et en particulier de leur droit au retour, selon les résolutions onusiennes et l’Initiative de paix arabe.  Il a condamné les actes criminels perpétrés par les forces israéliennes et les « milices de colons », s’inquiétant de l’augmentation du nombre de meurtres, d’arrestations et de déplacements forcés des réfugiés palestiniens, en particulier en ce qui concerne les bédouins de Cisjordanie. Ces actions révèlent un mépris flagrant des droits humains et du droit international humanitaire censé protéger les civils, a affirmé le représentant. 

Se félicitant de l’adoption d’une résolution par l’Assemblée générale lors de sa dixième session extraordinaire d’urgence, résolution qui reflète selon lui le soutien international à la justice, il a appelé à mettre fin à « cette machine de guerre, à ce cycle de tristesse et de désespoir ». Le délégué a ainsi exhorté à la cessation des opérations militaires israéliennes à Gaza.  Insistant sur la nécessité d’une assistance immédiate et sans entrave pour l’UNRWA, il a déploré son déficit financier abyssal, qui entrave sa capacité à fournir des services essentiels tels que l’éducation et les soins de santé aux réfugiés.  Il a mis en garde contre les répercussions négatives sur la sécurité régionale que pourrait avoir un manque de soutien financier à l’agence, réitérant son appel à un soutien conséquent de la part de la communauté internationale. 

Pour finir, il a fermement rejeté toute tentative de liquidation de la cause palestinienne par le déplacement forcé des populations, et réaffirmé l’engagement de son Groupe en faveur d’une solution durable basée sur la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, dans le respect des résolutions de l’ONU. 

M. AHMED HAMOOD FAISAL AL BUSAIDI (Oman), au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a catégoriquement condamné le ciblage des civils et des installations civiles dans la bande de Gaza et exhorté à un cessez-le-feu immédiat pour permettre l’acheminement de l’assistance humanitaire. Il a en outre exhorté à fournir un appui politique et financier à l’UNRWA pour venir en aide à plus de 5,7 millions de réfugiés dans les territoires palestiniens occupés et les pays voisins.  Le représentant a déploré que l’Office ait perdu 72 de ses employés, un chiffre record, et les attaques contre ses installations qui abritent plus de 600 000 personnes.  Il a insisté sur la nécessité d’ouvrir les points de passage pour l’assistance humanitaire, rejetant toute tentative de pousser la population à un exode massif et forcé hors de ses terres.  Le délégué a réitéré l’appui du CCG à la cause palestinienne et aux travaux de l’UNRWA, rappelant qu’il a soutenu la résolution prorogeant son mandat de trois ans jusqu’au 30 juin 2026. 

Mme CHRISTINA MARKUS LASSEN (Danemark), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays nordiques (Finlande, Islande, Norvège, Suède et Danemark), a constaté que les événements du mois dernier ont malheureusement confirmé une fois de plus que nous avons besoin d’un UNRWA fort et efficace.  Au cours du mois dernier, l’UNRWA a été l’une des seules bouées de sauvetage de centaines de milliers de Palestiniens en fournissant des abris à plus de 690 000 personnes déplacées, et des services de base vitaux tels que de la nourriture, des médicaments et de l’eau, malgré une situation difficile.  Les pays nordiques saluent les efforts considérables et inlassables du personnel de l’UNRWA à Gaza et en Cisjordanie, malgré des conditions extrêmement difficiles et dangereuses, a‑t‑elle déclaré avant de déplorer la mort de 72 membres de son personnel.  Leur mort souligne la nécessité urgente d’une plus grande protection des travailleurs humanitaires par le biais d’une adhésion stricte au droit humanitaire, a martelé la déléguée avant de s’associer aux appels du Secrétaire général et du Commissaire général Lazzarini pour assurer la protection des civils conformément au droit international humanitaire, et un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Les pays nordiques appellent à un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave et à l’acheminement de l’aide aux personnes dans le besoin dans l’ensemble de la bande de Gaza –au nord comme au sud– par le biais de toutes les mesures nécessaires, y compris la mise en place de couloirs et de pauses humanitaires, a‑t‑elle annoncé. 

Prenant note de la crise financière difficile dans laquelle se trouve l’UNRWA, elle a appelé la communauté internationale de faire en sorte que l’agence reçoive un financement adéquat pour remplir son mandat.  Saluant les efforts déployés par l’Office pour diversifier ses sources de financement, y compris le secteur privé et les contributions individuelles ainsi que les mesures prises pour moderniser ses systèmes afin d’assurer une prestation de services plus efficace.  Rappelant que les pays nordiques sont depuis longtemps des partenaires fiables de l’UNRWA, elle a précisé qu’en 2022, ils ont fourni environ 120 millions de dollars au titre des contributions de base à l’Office et, en réponse à l’appel éclair de l’UNRWA pour faire face à la crise actuelle, ils ont fourni un montant total de 11,2 millions de dollars afin que l’UNRWA puisse répondre à la situation humanitaire désastreuse à Gaza et en Cisjordanie. 

M. BOSTJAN MALOVRH (Slovénie), qui intervenait au nom de la France, du Luxembourg, de l’Irlande, de Malte, du Portugal et de l’Espagne, a souligné l’urgente nécessité d’une trêve humanitaire pouvant déboucher sur un cessez-le-feu et l’ouverture de couloirs humanitaires à Gaza.  Il a présenté ses condoléances aux familles des 72 membres de l’UNRWA qui ont été tués.  En fournissant des services et en administrant des centres médicaux ainsi que des écoles, l’UNRWA représente depuis des décennies une lueur d’espoir pour les populations locales.  Le représentant a réitéré que l’ONU et les agences humanitaires doivent avoir un accès sûr à tous les civils, sans restriction aucune.  Compte tenu des besoins immenses à Gaza, nous avons augmenté les fonds à l’UNRWA, mais, a-t-il dit, il faudrait des financements prévisibles, notamment de nouveaux donateurs dans la région pour favoriser le travail de l’UNRWA sur le terrain.  Des options de financement durable doivent aussi être explorées, a-t-il suggéré. 

M. YASSINE SALAH (Tunisie) a mis l’accent sur le travail et le sacrifice du personnel de l’UNWRA dans la bande de Gaza et ailleurs, faisant valoir que l’Office a tiré la sonnette d’alarme et réclamé une action urgente de la communauté internationale après les attaques contre ses installations où une population civile désespérée, dont une majorité de femmes et d’enfants, s’était réfugiée.  Il a déclaré qu’il incombe à ladite communauté d’assumer sa responsabilité pour permettre la fourniture de services essentiels durant cette période exceptionnellement difficile.  Le représentant a rejeté l’amalgame entre agresseur et agressé dans cette situation ainsi que les dernières exactions commises contre le peuple palestinien, en réaffirmant la position des États arabes qui demandent un cessez-le-feu immédiat, soulignent la nécessité de fournir une assistance humanitaire et le refus d’un exode massif des Palestiniens hors de leurs foyers.

M. SHAI HUSSEIN ABUSHAIBAH (Koweït) a déclaré que la question palestinienne était et reste une cause chère au cœur des mondes arabe et musulman, alors qu’elle accuse même un recul dangereux.  Les circonstances actuelles inédites exigent selon lui un soutien total à l’UNRWA et la réaffirmation des droits inaliénables des réfugiés au retour, conformément aux résolutions 194 de l’Assemblée générale et à l’Initiative de paix arabe de 2002.  Le représentant a condamné les bombardements incessants par Israël contre des civils innocents dans la bande de Gaza, qui ont d’ores et déjà fait des milliers de morts et de blessés innocents.  Il a souligné qu’Israël continue de commettre des crimes contre l’humanité en s’attaquant à dessein à des infrastructures civiles comme les hôpitaux et les écoles, en ne donnant à la population assiégée que le choix entre le nettoyage ethnique ou l’exode forcé. 

Le délégué a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à assumer ces responsabilités et à renoncer à la politique du deux poids, deux mesures dans le traitement de la question palestinienne.  Il a exigé en particulier un cessez-le-feu immédiat et qu’il soit mis fin aux attaques israéliennes, en sommant les autorités au respect du droit international humanitaire, à la protection des civils et à l’accès sans entrave de l’assistance humanitaire et médicale aux 2,3 millions de personnes assiégées dans la bande de Gaza.  Il a appelé d’autre part à la protection des travailleurs humanitaires, dénonçant le fait que 72 employés de l’UNRWA aient été tués depuis le début des bombardements israéliens le 7 octobre.  Le représentant a enfin confirmé son attachement à la solution des deux États dans les frontières de 1967.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a réaffirmé son intention de continuer d’apporter son soutien à l’UNRWA jusqu’à la création d’un État palestinien.  Selon lui, nous sommes témoins de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en toute impunité.  Ces crimes sont désormais gravés dans nos messages, a-t-il ajouté, en évoquant un génocide et une agression des plus lâches.  Il a fait siens les appels à un cessez-le-feu immédiat, comme l’ont demandé l’UNRWA et l’Assemblée générale.  Le représentant a rejeté « avec mépris » les allégations perfides portées contre l’Office par la représentante d’Israël, qui ne fait que tenter de dissimuler les crimes de son pays.  Le représentant a rendu hommage aux 72 membres du personnel tués à Gaza. Selon lui, Israël n’aide pas sa cause en attaquant des civils innocents, crimes dont les responsables devront rendre des comptes.  Il nous faut également assurer l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, y compris du carburant.  Enfin, le représentant a demandé aux États Membres de garantir un financement prévisible de l’UNRWA.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a exhorté la communauté internationale à agir, estimant que la situation au Moyen-Orient est une « course contre la montre », où « chaque minute compte ».  Il a d’abord exhorté à la cessation immédiate de la violence et à la libération des otages israéliens, se félicitant de la résolution adoptée lors de la dixième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale.  Le délégué a ensuite salué les engagements récents pris pour soutenir l’UNRWA, ajoutant que l’aide financière doit être durable si elle veut pouvoir combler un budget déjà déficitaire.  La Thaïlande, a-t-il précisé, a renforcé son soutien financier, avec une contribution additionnelle de 80 000 dollars pour l’appel d’urgence, outre l’engagement pluriannuel de 200 000 dollars pour 2022-2026, poursuivant ainsi 45 années de contributions régulières.  Enfin, le représentant a mis l’accent sur une solution pacifique et diplomatique au conflit, conforme aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.  Il a conclu par un appel à la compassion et à « l’action constructive » qui, seules, pourront nous ramener sur le chemin de la paix.

M. AHMED MOHAMED EZZAT AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a noté qu’en date d’hier, 72 membres du personnel de l’UNRWA avaient été tués par les opérations militaires israéliennes en cours dans la bande de Gaza, avant de condamner avec la plus grande fermeté ces attaques contre les humanitaires.  Ce bilan très lourd parmi un personnel humanitaire vital est peut-être le meilleur indicateur de l’ampleur monstrueuse et de l’aveuglement de l’agression israélienne contre les Palestiniens, qui a provoqué le massacre de plus de 9 000 civils, s’est indigné le représentant.  Puis il a invoqué l’adoption, à une écrasante majorité, de la résolution A/ES.10/L.25 de l’Assemblée générale, qui demande une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à une cessation des hostilités.  Il est impératif, compte tenu des circonstances désastreuses dans la bande de Gaza, que cette résolution soit mise en œuvre immédiatement, a-t-il exigé, ajoutant qu’il incombe également à tous d’œuvrer sans délai pour apporter tout le soutien nécessaire à l’UNRWA.  Après avoir réitéré le soutien indéfectible de l’Égypte à l’UNRWA, le délégué a souligné le besoin urgent pour l’Office de recevoir un financement adéquat, prévisible et durable afin de lui permettre de s’acquitter pleinement de son mandat, « un mandat que nous, les États Membres, lui avons assigné », ce que certains oublient malheureusement parfois.  Avant de conclure, il a réitéré la condamnation absolue par l’Égypte et son refus catégorique de toute tentative de transfert forcé de la population civile palestinienne.  Ces appels odieux, parfois lancés sous le couvert de l’argument fallacieux de la « protection », ne sont rien d’autre que des tentatives de saper la cause palestinienne, ainsi que la stabilité des pays voisins, s’est-il emporté, en ajoutant que ces tentatives sont vouées à l’échec.

SHEIKH JASSIM ABDULAZIZ J. A. AL-THANI (Qatar) a noté que la tâche de l’UNRWA ne cesse de s’intensifier à la suite des attaques israéliennes contre des écoles, des hôpitaux et des camps de réfugiés, ce qui constitue selon lui une grave escalade du conflit.  Il a appelé la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour arrêter les destructions et les massacres comme celui perpétré dans le camp de Jabaliya, qui a causé la mort de 300 personnes. Parmi les 9 000 Palestiniens tués, 70% étaient dans femmes et des enfants, a-t-il déploré, ainsi que 72 membres de l’UNRWA prêtant main forte dans « l’enfer de Palestine ».  Pour sa part, le Qatar a conclu un accord pluriannuel afin d’appuyer le budget de base de l’Office à hauteur de 18 millions de dollars pour la période 2023-2025.  Il a également pris part à la conférence ministérielle des principaux partenaires de l’UNRWA, en septembre dernier.  Selon le représentant, il incombe maintenant à la communauté internationale et aux donateurs d’aider l’UNRWA à répondre à la crise extraordinaire qu’elle traverse aujourd’hui. 

Mme CARMEN ROBLEDO LÓPEZ (Mexique) a exigé un cessez-le-feu immédiat, comme l’exige la résolution de l’Assemblée générale du 27 octobre, soulignant la nécessité de mettre fin aux violences des deux côtés.  Dans cette attente, elle a salué l’importance de l’UNRWA, et dénoncé les attaques inadmissibles contre son personnel.  La déléguée a par ailleurs condamné les attaques indiscriminées contre les civils, qui pourraient être qualifiées de crimes de guerre s’il est avéré qu’elles violent le principe de proportionnalité. Elle a salué l’entrée de convois humanitaires à Gaza, appelant à rétablir les services de base, ainsi qu’à lever les restrictions de mouvement. 

Elle a réaffirmé son soutien à la gestion de la crise par le Secrétaire général et par l’UNRWA, rappelant que le Mexique appuie ce dernier depuis longtemps. Face à l’aggravation de la situation financière de l’Office, due à l’escalade des violences, le Mexique a accru son financement, a-t-il fait savoir, insistant sur la nécessité d’un soutien pérenne pour les services essentiels tels que la santé et l’éducation. Elle a conclu en soulignant l’importance de s’attaquer aux causes profondes du conflit et en soutenant une solution des deux États.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a rendu hommage aux agents de l’UNRWA ayant sacrifié leur vie, saluant leur travail indispensable en faveur des réfugiés palestiniens.  Il a souligné l’importance vitale de l’agence pour la stabilité régionale et son rôle dans l’assistance humanitaire, notamment en matière d’éducation et de santé. Déplorant l’aggravation de la crise à Gaza, il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à un acheminement sans interruption de l’aide humanitaire.  Le dévouement du personnel de l’UNRWA dans ces conditions difficiles souligne l’engagement de cette agence pour sauvegarder les civils et les bâtiments des Nations Unies, a‑t‑il insisté. 

Abordant les défis financiers de l’UNRWA, le délégué a exprimé de vives préoccupations face à son déficit budgétaire qui menace la continuité de ses opérations.  Il a ainsi appelé à une action urgente de la communauté internationale pour en garantir le financement pérenne.  Enfin, il a salué les initiatives innovantes, comme la télémédecine, ajoutant qu’elles doivent toutefois être renforcées pour en garantir l’efficacité et y assurer l’accès. Il a conclu en réitérant le soutien de Sri Lanka au mandat de l’UNRWA et en appelant à augmenter l’assistance financière pour préserver les vies des réfugiés. 

M. IBRAHIM ZUHUREE (Maldives) a déploré les nombreux morts civils parmi les Palestiniens de Gaza, décrivant la situation dans les territoires occupés comme préoccupante et chaotique.  Invoquant l’adoption à une très grande majorité de la récente résolution de l’Assemblée générale qui appelle à une trêve humanitaire durable, il a espéré sa mise en œuvre immédiate.  Regrettant la mort de 72 membres du personnel de l’UNRWA, le représentant a rappelé que ces pertes ne sont pas de simples statistiques mais qu’il s’agit de personnes dévouées à la cause humanitaire.  Il a salué les efforts de l’Égypte, de la Jordanie et de l’ONU pour faciliter l’accès à l’assistance humanitaire, appelant à une intensification de cette aide à la lumière de l’escalade de la crise.  Il faut maintenir une perspective d’ensemble et éviter de réduire la souffrance au seul 7 octobre, a déclaré le représentant, en arguant que cette attaque est le fruit d’un système de discrimination imposé par Israël aux Palestiniens dans les territoires occupés.  Les Palestiniens ont été confinés dans des espaces de plus en plus réduits, privés de leurs droits fondamentaux, a-t-il rappelé, en décrivant Gaza comme une prison à ciel ouverte.  Il a appelé la communauté internationale à respecter les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, compte tenu de la paralysie du Conseil de sécurité sur cette question.  En guise de conclusion, le représentant a réaffirmé le soutien des Maldives à la solution des deux États. 

M. AHMAD SAMIR FAHIM HABASHNEH (Jordanie) a souligné que la communauté internationale doit tout faire pour mettre fin à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza et à l’agression israélienne.  Elle doit briser le silence et condamner de manière ferme l’usage de la force par Israël au mépris des normes humanitaires, a-t-il exigé.  Plus de 9 000 Palestiniens ont trouvé la mort ces trois dernières semaines, s’est indigné le représentant, sans compter ceux qui sont toujours ensevelis sous les décombres.  Il faut apporter une aide médicale et humanitaire sans tarder à Gaza de manière continue et suffisante, conformément au droit international humanitaire, a exigé le représentant, soulignant la centralité du rôle de l’UNRWA à cet égard, et d’autres organisations internationales alors qu’Israël les empêche d’entrer dans la bande de Gaza.  Le délégué a sommé la communauté internationale de fournir le soutien financier nécessaire à l’Office pour qu’il puisse s’acquitter de son mandat « aujourd’hui plus que jamais ».  Pour sa part, la Jordanie œuvre à faciliter l’accès humanitaire et fournit une aide aux Palestiniens, a-t-il expliqué.  Il a remercié la Suède et la Norvège de leur soutien à l’UNRWA pour combler son déficit de financement.  La paix est nécessaire pour stabiliser la région, mais elle ne sera pas possible tant qu’il n’est pas mis fin à l’occupation israélienne, a tranché le délégué, avant d’appuyer la solution des deux États. 

Mme MARISKA DWIANTI DHANUTIRTO (Indonésie) a exhorté la « puissance occupante » à cesser immédiatement les hostilités et à faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire.  Mettant en lumière le rôle crucial de l’UNRWA, elle a déploré la mort de 72 employés de l’Office et insisté sur la nécessité de garantir leur sécurité. « C’est effarant, il s’agit là d’un crime de guerre », a-t-elle accusé. 

Concernant les moyens alloués à l’UNWRA, elle a souligné le besoin d’un financement pérenne, en précisant que la guerre déclenchée contre Gaza ne fait qu’ajouter à ce sentiment d’urgence.  Pour y pallier, l’Indonésie a annoncé un triplement de sa contribution à l’Office et la mise en place de partenariats innovants, notamment avec l’Égypte, pour lui prêter assistance en nature.  Enfin, la déléguée a estimé qu’il était temps de s’attaquer aux racines profondes du conflit.  Elle a ainsi appelé à la reprise du processus de paix en respectant les paramètres internationaux, notamment pour garantir le retour des réfugiés palestiniens sur leurs terres natales.

M. MOHAMAD SHAHIR SABARUDIN (Malaisie) a fait état d’un moment de « profonde tristesse et de douleur pour l’humanité » alors qu’Israël a transformé Gaza en champ de bataille.  Depuis près d’un mois, a-t-il dit, nous assistons au massacre de civils le plus brutal et le plus meurtrier jamais commis par Israël, dont les actions ne démontrent aucun souci de précaution, de proportion et de distinction.  Outre 9 000 civils tués, Israël s’est attaqué à des hôpitaux et des écoles.  Le représentant a considéré que ces attaques « inhumaines et barbares » constituent une grave violation du droit international humanitaire et des droits humains.  L’occupation prolongée, l’expansion des colonies et l’annexion du territoire palestinien sont les causes profondes de la crise actuelle, a-t-il dénoncé.  Dans ces circonstances, le délégué a exigé une trêve humanitaire immédiate.  Il a par ailleurs salué le travail accompli par l’UNRWA, dont 72 membres du personnel ont été tués.  En 2021, a-t-il rappelé, son pays s’est engagé à verser une contribution d’un million de dollars sur cinq ans pour soutenir un financement prévisible et durable de l’Office.  Toutefois, à la suite de « l’agression » israélienne, il s’est dit sérieusement préoccupé par l’efficacité opérationnelle de l’UNRWA, qui doit disposer d’un financement adéquat pour s’acquitter de son mandat. Enfin, le représentant a exhorté la communauté internationale à trouver une solution juste et durable à cette « cruauté prolongée » contre le peuple palestinien.

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a dénoncé les souffrances colossales et les déplacements provoqués par les attaques israéliennes, appelant à œuvrer de concert pour éviter de nouvelles victimes et décréter un cessez-le-feu immédiat, conformément à la résolution adoptée à l’issue de la session d’urgence de l’Assemblée générale. Elle a salué le travail exemplaire du personnel de l’UNRWA dans des circonstances tout à fait difficiles avant de rendre hommage aux 72 membres de son personnel tués dans l’exercice de leurs fonctions.  La Türkiye a versé 10 millions de dollars à l’Office cette année, a précisé la représentante en conclusion.

M. ANDREAS LØVOLD (Norvège) a exprimé ses condoléances pour les membres du personnel de l’UNRWA tués à Gaza, soulignant leur courage pour fournir une aide essentielle aux réfugiés palestiniens dans des conditions périlleuses. Évoquant la crise humanitaire à Gaza où les habitants manquent de tout et se réfugient dans les centres de l’UNRWA, dont l’approvisionnement en carburant et en eau est gravement perturbé, le délégué s’est en outre inquiété de l’escalade des tensions en Cisjordanie. 

Insistant sur l’importance du rôle stabilisateur joué par l’UNRWA, le représentant a reconnu que ses défis financiers préexistants ont été exacerbés par le conflit.  Il a salué la réponse internationale à l’appel d’urgence de l’agence et a insisté sur la nécessité d’accroître son soutien financier.  À cet effet, la Norvège a elle-même alloué une contribution supplémentaire de 5,4 millions de dollars, s’ajoutant aux 27,2 millions déjà engagés.  Pour conclure, il a insisté sur la nécessité d’appliquer la résolution de l’Assemblée générale visant à augmenter la part du financement de l’UNRWA à partir du budget ordinaire. 

Droits de réponse

Le représentant du Liban a réagi à l’intervention d’Israël lors de la réunion portant sur le maintien de la paix, lorsque ce dernier a justifié les attaques perpétrées sur des locaux de la FINUL, en lui rétorquant que ces locaux sont protégés en vertu du droit international, « tout comme les vies des civils à Gaza ». Le délégué lui a demandé si lorsque l’armée israélienne prend pour cible les positions de la FINUL, comme c’était le cas en 1986 et samedi dernier, les responsabilités avaient été établies, surtout qu’il y a eu des victimes parmi les soldats de la paix.

Le représentant de l’Iran a lui aussi rejeté les allégations d’Israël faite à l’encontre de l’Iran mercredi dernier.  Puisque les actes sont plus clairs que les paroles, comme l’a dit la délégation israélienne, il lui a rappelé les 9 000 victimes civiles palestiniennes des frappes israéliennes des trois dernières semaines.  Le délégué a également contesté le droit à la légitime défense d’Israël alors que ce dernier est « la principale source de terreur et d’occupation au Moyen-Orient ».  Dès lors, il a estimé qu’il n’est que légitime de partir du principe que la paix au Moyen-Orient ne sera possible que s’il est mis fin à l’occupation illégale israélienne des territoires palestiniens. 

Le représentant de l’Algérie a enregistré avec stupéfaction et perplexité la violence des propos du Maroc à l’intention de l’Algérie à l’occasion de l’examen du point relatif aux opérations de maintien de la paix car, en réalité, il n’a, à aucun moment, mentionné le Maroc.  Son « crime » est d’avoir souligné la nécessité de doter le mandat de la MINURSO d’une composante « droits de l’homme », comme toutes les autres opérations de paix de l’ONU.

Le Maroc ne supporte pas d’entendre le terme « référendum » ou encore « Sahara occidental », qui pourtant font partie de l’acronyme de la MINURSO.  Sahara occidental est un nom géographique bien connu, a signalé le délégué algérien, et un des principaux points à l’ordre du jour de la Quatrième Commission.  La délégation marocaine a pris un risque en s’aventurant sur le terrain de la censure, car maintenant elle offre à l’Algérie l’opportunité de s’interroger publiquement sur la persistance du refus du Maroc d’évoquer la dimension « droits de l’homme » au Sahara occidental.  Pour l’Algérie, ce refus proviendrait de la crainte que soient révélées les multiples atteintes aux droits humains au Sahara occidental déjà évoquées dans le rapport du Secrétaire général du 3 octobre 2023.  Son représentant a également fait remarquer que le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme n’a pu se rendre sur le terrain ni dépêcher les Rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l’homme pour la huitième année consécutive. 

La représentante du Maroc a pris la parole pour préciser qu’à chaque fois que le Sahara marocain est cité, le Maroc se réserve le droit de répondre.  Elle a rappelé que la question du Sahara marocain n’est pas une affaire de décolonisation mais de parachèvement de l’intégrité territoriale du Maroc, définitivement scellée et reconnue par l’ONU à travers l’Accord de Madrid déposé auprès du Secrétaire général le 18 novembre 1975.  Le référendum dont ne cesse de « rêver » la délégation algérienne est « définitivement mort et enterré », le Conseil de sécurité ne l’évoquant plus dans ses résolutions depuis les deux dernières décennies.  Pour la déléguée, la seule solution à la question du Sahara marocain ne peut être que politique, réaliste, pragmatique, durable et reposant sur le compromis, en l’occurrence, l’Initiative marocaine d’autonomie dont le Conseil de sécurité a constamment salué le sérieux et la crédibilité, y compris dans sa dernière résolution 2703 (2023).  D’autre part, la question des droits humains en Algérie est une tache dans l’histoire des Nations Unies, a-t-elle encore affirmé, en renvoyant aux déclarations du Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'association, ainsi que de la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains, qu’elle a citées.

Réagissant à l’intervention du Maroc, l’Algérie a conclu au « langage de sourd ». Alors qu’il a parlé de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINUROS), le Maroc lui a parlé de l’Algérie.  Or, lui a-t-il signifié, « l’Algérie n’est pas inscrite à l’ordre du jour de la Quatrième Commission ».  Pour la délégation algérienne, la seule solution, c’est que le Maroc lève les obstacles qu’il pose à l’organisation de ce référendum.

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