Soixante-dix-huitième session,
12e séance plénière - après-midi
CPSD/785

Quatrième Commission: la Secrétaire générale adjointe à la communication globale mise sur l’intégrité de l’information et la réactivité du DCG en temps de crises

Dans un monde en proie à de multiples défis – des guerres insensées aux changements climatiques, en passant par les violations des droits humains et l’aggravation des inégalités – la Secrétaire générale adjointe à la communication globale a, cet après-midi à la Quatrième Commission, déclaré que la responsabilité du Département qu’elle dirige est précisément de communiquer en temps réel sur le travail des Nations Unies face à ces tumultes. 

Venue présenter aux délégations les activités du Département de la communication globale (DCG), Mme Melissa Fleming a également répondu aux questions d’États Membres, portant essentiellement sur les consultations en cours autour de l’élaboration d’un nouveau code de conduite sur l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques et, comme par le passé, sur la problématique du multilinguisme. 

Alors que la désinformation et la manipulation de l’information ont occupé une place de choix dans les préoccupations des délégations qui se sont exprimées cet après-midi, les efforts du DCG pour diffuser une information factuelle en temps opportun ont été salués.  Le seul reproche qui lui a été adressé reste la prédominance de l’anglais, voire du français dans ses communications, au détriment des quatre autres langues officielles de l’ONU.  Le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies a jugé difficile de rapprocher le public hispanophone de l’Organisation lorsque ces informations sont publiées dans d’autres langues que la leur. 

À propos du Code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques, initiative phare du Secrétaire général de l’ONU, Mme Fleming a expliqué que de vastes consultations avaient été lancées par le DCG en vue d’élaborer ses dispositions avec les États Membres bien sûr, mais aussi avec des plateformes numériques, des jeunes, des médias, des universitaires, des publicitaires et des représentants de la société civile. 

 Le DCG, a indiqué la Haut Fonctionnaire, a mis en place une page dédiée en accès libre pour les soumissions en ligne.  Il lancera en outre prochainement une enquête pour mieux déterminer comment les menaces qui pèsent sur l’information se disséminent et affectent ses activités, ses priorités et les communautés qu’elle dessert.  Un groupe de travail sur l’intégrité de l’information a également été créé dans le cadre de ce processus pour examiner les moyens de renforcer les capacités du DCG dans ce domaine.   

Cette annonce a été très bien accueillie en général, puisque, comme l’a dit Cuba, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ce Code de conduite pourra servir de cadre de référence aux États Membres.  Pour l’Union européenne, il devrait contribuer au comportement responsable et à la bonne gouvernance de tous les acteurs numériques, sachant qu’au sein de l’Union, il existe déjà des cadres juridiquement contraignants pour règlementer l’espace numérique, où les droits fondamentaux des usagers sont protégés.   

La crise actuelle au Moyen-Orient a été pour Mme Fleming l’occasion de mettre en lumière l’approche par « cellule de crise » privilégiée par le DCG afin de garantir une réponse coordonnée et stratégique du système des Nations Unies en matière de communication.  Ces cellules de crise remplissent une fonction irremplaçable en cas de conflit ou d’urgence, a‑t‑elle expliqué, qu’il s’agisse des situations en Israël et dans le Territoire palestinien occupé, en Ukraine, au Soudan, au Niger ou au Haut-Karabakh.  Elles suivent de près les médias et l’opinion publique, partagent des mises à jour sur le travail du système des Nations Unies, compilent et diffusent des messages clés et, plus généralement, permettent à la communication de l’ONU de rester flexible et pertinente, a‑t‑elle précisé, sans compter leur rôle dans le suivi de la désinformation et de la mésinformation dans un contexte marqué par l’essor rapide de l’intelligence artificielle.   

À ce sujet, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a encouragé le DCG à poursuivre son dialogue avec les Commissions régionales, tout en exhortant les États Membres à soutenir davantage l’ONU pour qu’elle soit en mesure de lancer une communication de crise, si nécessaire. 

La Secrétaire générale adjointe a expliqué que le DCG s’est immédiatement mobilisé pour communiquer sur la dernière crise en date, en Israël et dans le Territoire palestinien occupé, en s’appuyant sur des faits et en publiant quotidiennement textes et vidéos avec l’aide d’experts basés à New York et à Genève et des agences du système des Nations Unies présentes sur le terrain à Gaza et au Moyen-Orient.  L’impact de ces communications en plusieurs langues a été très encourageant, s’est félicitée Mme Fleming, qui en a voulu pour preuve la hausse de la fréquentation des plateformes d’information de l’ONU, avec un million de visiteurs sur les sites d’ONU Info rien que la semaine dernière et la reprise des contenus du DCG par des agences et titres de presse internationaux. 

Mme Fleming est également revenue sur la couverture de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, pendant laquelle le Département a, entre autres, créé et piloté un blog et publié quotidiennement des communiqués de presse « objectifs et dignes d’intérêt » en anglais et en français.  « Nous avons couvert du premier au dernier les 136 chefs d’État et de gouvernement et les 40 Ministres qui ont pris la parole lors du débat général, produisant un total de 473 pages de contenu », s’est enorgueillie la cheffe du DCG.   

Le rapport  du Comité de l’information a été présenté par la Rapporteuse du Comité, Mme Liliana Verónica Baños Müller, d’El Salvador. 

La Commission poursuivra son débat général sur les questions liées à l’information demain, mercredi 18 octobre, à partir de 15 heures. 

QUESTIONS RELATIVES À L'INFORMATION 

Déclaration liminaire 

Dans un monde en proie à des défis en cascade –des guerres insensées aux changements climatiques, en passant par les violations des droits humains et l’aggravation des inégalités-, Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, a expliqué que la responsabilité du Département qu’elle dirige est précisément de communiquer sur le travail des Nations Unies et l’état actuel du monde.  La dernière crise en date, a‑t‑elle noté, a pour théâtre Israël et le Territoire palestinien occupé, avec un tribut insoutenable payé par les civils, polarisant les communautés du monde entier.  Le Département de la communication globale (DCG) s’est immédiatement mobilisé, en s’appuyant sur des faits et en publiant quotidiennement textes et vidéos, avec l’aide d’experts basés à New York et à Genève et des agences du système des Nations Unies présentes sur le terrain à Gaza et au Moyen-Orient.   

L’impact de ces communications en plusieurs langues a été très encourageant, a noté la Secrétaire générale adjointe, comme en témoigne la hausse de la fréquentation des plateformes d’information de l’ONU, avec un million de visiteurs sur les sites d’ONU Info rien que la semaine dernière.  En outre, des agences et titres de presse ont repris des contenus du DCG, notamment The Guardian, France 24, Al-Jazeera, Al-Arabiya, le Wall Street Journal, BBC Arabic, TRT Arabic et Al Araby TV, touchant un public considérable, s’est félicitée Mme Fleming, pour qui l’impact pourrait être encore plus large grâce à des investissements et à un déploiement habile.   

La crise au Moyen-Orient a également été pour elle l’occasion de mettre en lumière une approche par « cellule de crise » privilégiée par le DCG afin de garantir une réponse coordonnée et stratégique du système des Nations Unies en matière de communication.  Ces cellules de crise remplissent une fonction irremplaçable en cas de conflit ou d’urgence, a‑t‑elle expliqué, qu’il s’agisse des situations en Ukraine, au Soudan, au Niger ou au Haut-Karabakh.  Elles suivent les médias et l’opinion publique, partagent des mises à jour sur le travail du système des Nations Unies, compilent et diffusent des messages clefs et, plus généralement, permettent à la communication de l’ONU de rester flexible et pertinente, a‑t‑elle précisé, sans compter leur rôle dans le suivi de la désinformation et de la mésinformation dans un contexte marqué par l’essor rapide de l’intelligence artificielle.   

La Secrétaire générale adjointe a ensuite abordé la question du suivi par le DCG de la note d’orientation du Secrétaire général relative au Code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques, rendue publique en juin.  Depuis, son Département a lancé de vastes consultations en vue d’élaborer les recommandations de ce Code avec les États Membres bien sûr, mais aussi des plateformes numériques, des jeunes, des médias, des universitaires, des publicitaires et des représentants de la société civile.  Le DCG, a indiqué la Haut-Fonctionnaire, a mis en place une page dédiée en accès libre pour les soumissions en ligne.  En outre, le Département lancera dans les semaines à venir une enquête à l’échelle mondiale pour mieux comprendre les menaces pesant sur l’information et déterminer comment elles se disséminent et affectent son travail, ses priorités et les communautés qu’il dessert.  Un groupe de travail sur l’intégrité de l’information a également été créé dans le cadre de ce processus pour examiner les moyens de renforcer les capacités du DCG et ses compétences dans ce domaine.   

Mme Fleming est ensuite revenue sur la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, le premier débat général à s’être entièrement passé en personne depuis la pandémie de COVID-19, et sa couverture par le DCG.  Désireux de faire découvrir l’Assemblée générale au plus large public possible et aux diffuseurs du monde entier, le Département a communiqué par le biais de ONU Info, des photographes, du webcast et d’autres équipes.  Il a également créé et piloté un nouveau blog et publié quotidiennement des communiqués de presse « objectifs et dignes d’intérêt » en anglais et en français.  « Nous avons couvert du premier au dernier les 136 chefs d’État et de gouvernement et les 40 ministres qui ont pris la parole lors du débat général, produisant un total de 473 pages de contenu », s’est enorgueillie la cheffe du DCG, qui a également fait valoir le site Web dédié au débat général et la nouvelle lettre d’information LinkedIn, qui a obtenu 880 000 abonnés en 10 jours à peine.   

Mme Fleming a également passé en revue la couverture par le DCG du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD), qui a été assurée grâce à un dossier de presse mis à disposition dans toutes les langues officielles et à un travail de sensibilisation ciblé.  Le site Web des ODD a connu une hausse de 7% de fréquentation au cours de cette période, engrangeant plus de sept millions de visites, et le centre de presse créé pour l’occasion a attiré plus de 30 partenaires médiatiques, générant une couverture additionnelle en marge du Sommet.  Elle a également fait appel à un « cercle de supporters », composé notamment de messagers de la paix des Nations Unies qui ont exercé leur influence pour galvaniser d’autres actions en faveur de la réalisation des ODD auprès d’une audience consolidée de près de 260 millions de followers sur leurs réseaux sociaux respectifs.  Au nombre d’entre eux figurent Ciara, lauréate d’un Grammy Award, Charlize Theron, lauréate d’un Oscar, le musicien Yo-Yo Ma et l’acteur Orlando Bloom.   

Passant au volet de l’action climatique, Mme Fleming a expliqué qu’après les mois les plus chauds jamais enregistrés dans le monde et l’aggravation des catastrophes naturelles, les déclarations du Secrétaire général sur cette question ont continué à faire les gros titres, notamment dans le contexte du Sommet sur l’ambition climatique, qui s’est tenu en septembre.  Les contenus relatifs aux questions climatiques produits par le DCG ont suscité un vif intérêt sur ses plateformes numériques dédiées, avec une hausse de fréquentation de 60% des pages consultées par rapport à 2022 et un nombre croissant de contenus disponibles dans les six langues.   

Par ailleurs, dans la perspective de la Conférence de Dubaï de 2023 sur les changements climatiques (COP28), le DCG lancera bientôt Verified for Climate pour mettre en lumière la science climatique et les solutions qu’elle propose, en s’appuyant sur les acquis de l’initiative Verified, couronnée de succès lors de la pandémie de COVID-19.  Il s’agira de créer une dynamique en faveur d’une transition rapide vers les énergies propres, a expliqué Mme Fleming, et pour lutter contre le climatoscepticisme, le catastrophisme et les récits visant à faire reculer le moment de passer à l’action, plus que jamais urgente.   

Dialogue interactif 

La Fédération de Russie est revenue sur le Code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.  Elle a dit avoir eu des informations selon lesquelles l’enquête annoncée par Mme Fleming et qui doit débuter dans les prochaines semaines, aurait déjà été lancée, avant de demander à la Secrétaire générale adjointe de bien vouloir fournir des informations sur les données collectées à ce stade.  La délégation a également demandé des précisions sur le rôle des centres d’information de l’ONU dans le contexte du processus de consultations pour le Code de conduite.   

L’Espagne a mis l’accent sur le problème de la désinformation en remerciant le DCG de ses efforts de lutte contre ce phénomène.  Elle a regretté la tendance à ne privilégier qu’une ou deux langues, en plaidant pour la pertinence du multilinguisme dans le contexte de la lutte contre la désinformation, notamment avec l’initiative Verified.  Elle a demandé si le DCG avait besoin de davantage de ressources pour lutter contre la désinformation, avant de demander aussi comment l’expertise linguistique du DCG est mobilisée et s’il est envisagé de produire plus de contenus en espagnol.   

En réponse au Mexique, la Secrétaire générale adjointe a indiqué que le DCG s’efforce de recueillir des contributions inclusives concernant l’élaboration d’un code de conduite en ligne.  Selon elle, les équipes de pays des Nations Unies et le personnel sur le terrain sont à même d’expliquer de quelle façon l’environnement numérique affecte la capacité de s’acquitter de leurs fonctions.  Une enquête sur le Code de conduite est en cours, dont les résultats pourraient être dévoilés au printemps 2024.  S’agissant des liens avec les plateformes numériques, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’elles faisaient parfois de la publicité gratuite pour l’Organisation, qui a également signalé des contenus problématiques.  Il existe un échange permanent entre l’ONU et celles-ci, qui sont également consultées pour l’élaboration du Code de conduite.   

Mme Fleming a considéré, comme l’Espagne, que des ressources multilingues sont nécessaires pour combattre la désinformation.  Des informations fiables doivent être présentées de façon créative, en s’appuyant sur une stratégie de diffusion de l’information.  En ce qui concerne l’initiative « Verified » sur les changements climatiques, elle a estimé que nous devons éviter la désinformation en veillant à ne diffuser que des contenus fiables.   

À la question du Mexique concernant l’intégration des nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, au travail des employés linguistiques de l’ONU, Mme Fleming s’est montrée réticente à l’idée d’utiliser l’intelligence artificielle pour remplacer des êtres humains.  De même, cette technologie ne pourrait pas être utilisée pour effectuer les synthèses des réunions de l’ONU.  Elle a indiqué avoir demandé à la Cinquième Commission de créer 54 postes pour rédiger, dans les quatre autres langues officielles de l’ONU, ces résumés, qui sont actuellement disponibles en français et en anglais.  Il serait à ses yeux fort risqué de laisser une machine synthétiser ces réunions de façon équilibrée.   

Répondant à la Fédération de Russie, Mme Fleming a indiqué que les centres d’information de l’ONU, avec les équipes de pays et les coordonnateurs résidents, effectuent une veille de la désinformation dans les pays où ils opèrent.  Enfin, elle a pris note de la proposition de la Roumanie d’organiser une manifestation spéciale à l’intention des délégués de la jeunesse de l’ONU lors de la prochaine session de l’Assemblée générale.   

Déclarations 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a relevé que les récentes crises ont ajouté une nouvelle dimension aux efforts déployés par l’Organisation pour lutter contre la désinformation et favoriser la solidarité internationale.  À cet égard, il s’est félicité du travail du DCG, qui s’est appuyé sur les efforts existants tels que la campagne « Verified », en élargissant leur portée à d’autres questions telles que les changements climatiques.  Il a également salué les efforts déployés par le Département pour soutenir le programme de l’ONU concernant des questions telles que le développement durable, la paix et la sécurité.  À l’avenir, le Département devra selon lui continuer de sensibiliser l’opinion publique mondiale au renforcement du multilatéralisme et aux crises humanitaires.   

Conformément à la Stratégie et Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine, le délégué a encouragé le DCG à renforcer les partenariats avec les médias nouveaux et traditionnels afin de lutter contre les discours de haine et de promouvoir la tolérance.  En outre, le DCG devrait diffuser des informations dans les langues des États Membres.  Après avoir exprimé sa vive préoccupation face à la désinformation croissante dirigée contre les opérations de maintien de la paix de l’ONU, le représentant a encouragé le Département à contribuer au renforcement de la compréhension de leurs mandats et à gérer les attentes des populations.   

Il s’est dit profondément préoccupé par les disparités numériques qui apparaissent aujourd’hui comme une nouvelle forme d’inégalité entre États.  Il a appelé à cet égard à rechercher un régime international équitable en matière de technologies de l’information permettant de combler la fracture numérique et de permettre aux pays en développement de rejoindre l’économie numérique mondiale.  Il est en outre essentiel à ses yeux que l’ONU surmonte la culture des traductions en faveur de la production de contenus dans différentes langues.  Le Département doit selon lui poursuive ses travaux sur l’élaboration d’un code de conduite mondial pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques, lequel pourrait servir de référence aux États Membres.  Enfin, le délégué a exhorté le DCG à renforcer les centres d’information des Nations Unies et à mener un processus de rationalisation, en consultation avec les États concernés.   

Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela), tout en louant le travail du DCG, a souligné que ce travail serait plus représentatif, et sa portée plus grande, s’il était diffusé dans les six langues officielles, compte tenu du fait que le multilinguisme est une garantie de la réalisation des objectifs de l’ONU tels qu’inscrits dans la Charte des Nations Unies.    

Appelant à réparer la fracture numérique entre Nord et Sud, le délégué a insisté sur le fait que les nouvelles technologies devraient être mises à la disposition de tous les pays, sans discrimination.  Or, les politiques d’agression menées par « certains gouvernements », via des mesures coercitives unilatérales, sapent tous les efforts nationaux pour réduire cette fracture numérique.  Conscient de l’émergence de nouvelles menaces pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le délégué du Groupe a souligné qu’il importe de s’engager contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) à des fins criminelles.  Dans ce contexte, le Groupe a rejeté l’utilisation abusive des TIC à des fins de subversion et de déstabilisation contre des nations indépendantes et souveraines.  Les technologies nouvelles et émergentes, y compris l’intelligence artificielle, doivent être utilisées à des fins pacifiques, conformément aux principes énoncés dans la Charte, a préconisé le délégué.   

Il s’est aussi déclaré gravement préoccupé par la prolifération des campagnes de désinformation, orchestrées par « certains gouvernements et acteurs non étatiques » pour des motifs politiques ou idéologiques.  De telles pratiques peuvent porter atteinte à la souveraineté politique des États et perturber leur cohésion sociale, tout en encourageant les discours de haine, le racisme, la xénophobie et la stigmatisation, s’est alarmé le représentant.  Ayant enfin bien pris note du Code de conduite développé par le DCG, qui pourrait servir aux États Membres de cadre de référence, le délégué a toutefois souligné qu’un tel document ne devrait pas servir de base aux discussions lors du prochain « Sommet de l’avenir », compte tenu du fait qu’il n’est pas le fruit d’un processus intergouvernemental mené par les États Membres.   

Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), M. FRANCISCO JOSÉ DA CRUZ (Angola) a souligné l’importance pour le public mondial d’avoir accès à des informations exactes, impartiales et multilingues.  Par conséquent, il s’est félicité des efforts déployés par le Département de la communication globale pour diffuser les idéaux et les activités de l’Organisation dans autant de langues que possible.  Le Département devrait selon lui continuer de faire usage d’un amalgame de médias numériques et traditionnels, disponibles dans les pays en développement où l’accès à Internet demeure limité.  Il a reconnu l’importance des centres d’information des Nations Unies afin de promouvoir une meilleure compréhension des objectifs de l’ONU, citant en exemple l’Accord de Luanda qui permet de répondre aux besoins des États africains de langue portugaise (PALOP).  Considérant que le multilinguisme est une valeur fondamentale de l’Organisation et un catalyseur de la diplomatie multilatérale, le représentant a fait valoir que la diffusion des messages de l’ONU dans des langues autres que les six langues officielles reflète le respect du multilinguisme et de la diversité culturelle dans le monde.  Il a noté à cet égard que la page d’information portugaise était la quatrième plus consultée globalement. 

Après avoir récemment célébré la Journée internationale de l’accès universel à l’information, le délégué a jugé impératif de garantir un écosystème d’information sûr et crédible, doté de mécanismes de responsabilisation, afin de contrer la désinformation et les discours de haine.  Seul un engagement ferme de la part des États Membres et des parties prenantes permettra de mener à bien l’élaboration d’un code de conduite concernant l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.  Dans cette optique, il a encouragé les efforts du DCG visant à lutter contre la désinformation et les discours de haine sur les plateformes numériques. 

M. JEAN-NÖEL LADOIS, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a salué la réflexion en cours au Comité de l’information sur la question de la parité et des différentes ingérences sur le numérique notamment en matière de désinformation, et a demandé au DCG d’employer la terminologie des résolutions de l’Assemblée générale et du Secrétaire général dans toutes ses communications.  Saluant l’impact positif du travail et des campagnes du DCG depuis l’introduction de la stratégie mondiale de communication en 2020, il a estimé que pour que leur impact soit optimal, il faut privilégier une approche multilingue respectueuse des six langues officielles.  Il a également encouragé le Département à publier des informations dans d’autres langues à travers les centres d’information des Nations Unies.  L’UE cherche à garantir une participation significative de la société civile et des jeunes aux grandes manifestations de l’ONU, a expliqué le représentant, en saluant le travail accompli par le DCG à cet égard, notamment grâce à l’établissement du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse. 

Des informations vérifiées par l’ONU sont essentielles, a-t-il souligné.  Après avoir condamné la dissémination de fausses informations et leur manipulation, le délégué a estimé que le Code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques contribuera au comportement responsable et à la bonne gouvernance de tous les acteurs.  L’UE se tient prête à faire part de son expérience dans ce domaine, a indiqué le représentant.  Au sein de l’Union, il existe des cadres juridiquement contraignants pour règlementer l’espace numérique où les droits fondamentaux des usagers sont protégés, a indiqué le représentant, en expliquant que cette loi définit clairement les responsabilités des prestataires.  Il a également plaidé pour une formation aux médias, en particulier s’agissant de la compétence et de la redevabilité des médias, avant de plaider pour le respect de la liberté d’expression et la réduction de la fracture numérique.  Avant de conclure, le représentant a regretté que la liberté de la presse soit menacée dans de nombreux pays du monde. 

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, Mme VILMA THOMAS RAMÍREZ (Cuba) a noté que le travail effectué par le Département démontre que le respect du multilinguisme est nécessaire pour maintenir l’équilibre linguistique et l’égalité, la préservation des différentes cultures et langues étant essentielle à la promotion d’une culture de paix.  Elle a également souligné les initiatives menées par le DCG sur le plan local afin d’améliorer la coordination des activités de communication.  Cependant, cet effort ne répond toujours pas aux besoins de l’Organisation, a‑t‑elle noté, laquelle doit fournir une information homogène et opportune à l’ensemble de son public.  Il est en effet difficile de rapprocher le public hispanophone des activités de l’Organisation lorsque les informations ne sont publiées qu’en anglais ou en français.  Elle a donc exhorté le Secrétariat à continuer de produire du contenu original en espagnol afin de refléter la diversité linguistique de l’Organisation.  « C’est le caractère local de l’information qui permet d’intérioriser les facteurs culturels et de générer à son tour une véritable compréhension du message de l’Organisation », a‑t‑elle ajouté.   

Dans ce contexte, la représentante a appelé à surmonter la « culture de traduction » afin de progresser vers le développement de contenus dans toutes les langues officielles, en vertu du principe d’équité, reconnu dans la dernière résolution adoptée par l’Assemblée générale sur le multilinguisme.  Qui plus est, le recrutement du personnel linguistique doit refléter une représentation géographique équitable, polyculturelle et multiethnique.  Le multilinguisme constitue une pierre angulaire du multilatéralisme, a encore dit la représentante, dotée d’un caractère transversal jetant les bases d’un dialogue authentique.   

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. HOANG NGUYEN NGUYEN (Viet Nam) a observé que dans un contexte tendu, le rôle des Nations Unies en matière d’information fiable et équilibrée était plus important que jamais et que ses contenus devraient figurer au cœur de sa gestion stratégique.  Pour créer une vague de soutien à l’ONU, le délégué a exhorté l’Organisation à fournir aux citoyens du monde entier des informations fiables et impartiales sur ses activités.  Engageant le DCG à poursuivre son dialogue avec les commissions régionales, le délégué a aussi appelé les États Membres à soutenir davantage l’ONU pour qu’elle soit en mesure de lancer rapidement une communication de crise, si nécessaire.   

Si les nouvelles technologies peuvent contribuer de manière significative à la mise en œuvre des ODD, la dissémination en ligne des discours de haine demeure préoccupante aux yeux de l’ASEAN.  Les dirigeants des États membres de l’Alliance ont donc créé un groupe de travail pour partager les informations et les pratiques cybernétiques optimales sur le plan régional et combattre la désinformation.  Déterminée à approfondir la coopération avec ses partenaires numériques, l’organisation régionale soutient la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération.  Elle a d’ailleurs mis au point plusieurs initiatives visant à améliorer la connectivité, à réduire la fracture numérique et à approfondir la coopération avec ses partenaires extérieurs.  À cet égard, le délégué a indiqué que l’Alliance souhaite recevoir davantage de soutien de la part de l’ONU et des partenaires extérieurs pour la mise en œuvre de sa « feuille de route de Bandar Seri Begawan », dont le but est de transformer l’Alliance en un bloc économique entièrement connecté, alimenté par des écosystèmes numériques sûrs et transformateurs.   

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a salué le travail du DCG pour diffuser des informations factuelles et vérifiées.  Il a souligné l’importance de l’accès à une information fiable en temps opportun.  Notant l’utilisation parfois malveillante des TIC et des plateformes numériques, le délégué a mis en garde contre leurs effets néfastes, en remerciant le DCG de ses efforts dans la lutte contre la désinformation et de ses cellules de crise pour coordonner la réponse en termes de communication de l’ONU.  La CARICOM salue également les initiatives de sensibilisation aux ODD, notamment Football for the Goal, a déclaré le représentant.  Alors que les changements climatiques sont une priorité des Caraïbes, le représentant a appelé le Département et son réseau de centres d’information de l’ONU à continuer à communiquer sur ce phénomène.  Il a saisi cette occasion pour réitérer le plein soutien des États membres de la Communauté aux centres d’information de l’ONU avant d’inviter le DCG à faire preuve de créativité pour toucher des audiences toujours plus larges.    

M. SORAWUT NORAPOOMPIPAT (Thaïlande) a réaffirmé l’importance d’une communication efficace et intégrée de l’ONU afin de renforcer la participation à ses programmes, mais aussi de répondre aux crises multidimensionnelles et de favoriser la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a formé le vœu que la mise en œuvre des recommandations formulées dans notre Programme d’action commun permettra de surmonter les obstacles tels que la fracture numérique, le manque de connectivité et les écarts de développement.  Dans l’intervalle, il a jugé plus urgent que jamais de lutter contre les discours de haine et la désinformation, phénomènes qui sapent le soutien du public aux programmes de l’ONU et exacerbent les risques encourus par les opérations de paix.  À cet égard, le représentant s’est félicité du lancement par le DCG d’un site Web dédié à la lutte contre la désinformation.  De même, afin d’éviter la manipulation et la désinformation, des efforts supplémentaires devraient être déployés pour renforcer les connaissances numériques des utilisateurs d’Internet et des destinataires d’informations.  La Thaïlande a donc pris note de la proposition du Secrétaire général concernant la mise en place d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.  Selon le délégué, un tel code de conduite devrait être encadré dans le pacte numérique mondial qui sera négocié par les États Membres en 2024. 

M. MUHAMMAD USMAN IQBAL JADOON (Pakistan) a loué la couverture par l’ONU des inondations dans son pays.  Il a ensuite prévenu qu’un conflit comme celui en Ukraine pouvait fournir un terrain à la désinformation et faire durer les hostilités.  Vu sa capacité à provoquer des dégâts au niveau mondial, il doit être évité ou empêché, qu’il soit le fait d’acteurs non étatiques ou étatiques.  Un réseau clandestin a justement fait la guerre durant des années au Pakistan et dans le territoire occupé de Jammu-et-Cachemire, a accusé le représentant.  Selon lui, le DCG doit se pencher sans délais sur la question de l’espace numérique comme nouveau terrain de guerre informationnelle.  Le délégué a enfin souligné le rôle vital que pouvait jouer le DCG en matière de lutte contre les discours de haine dans l’espace numérique. 

M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a souligné à nouveau l’importance du multilinguisme dans tous les aspects du travail de l’ONU, notamment pour communiquer les messages de l’Organisation à un public aussi large que possible.  Le multilinguisme est également essentiel au respect du principe d’égalité des langues officielles de l’ONU.  Il a également mis en avant l’importance du travail des centres d’information des Nations Unies, les décrivant comme les « ambassadeurs » des Nations Unies dans ces pays d’accueil, et les obstacles qu’ils rencontrent dans l’accomplissement de leur mandat devraient être résolus de manière adéquate.  Il s’est dit extrêmement préoccupé de la montée de la désinformation dans les médias, en particulier sur les réseaux sociaux.  Cela va de pair avec une augmentation massive de l’islamophobie et de la xénophobie, a-t-il remarqué, ainsi que d’autres formes de discours de haine, parfois au nom de la liberté d’expression.  Tous les États Membres, ainsi que l’ONU, devraient travailler en étroite collaboration pour relever ce défi, a conclu le représentant. 

M. KIM SANGJIN (République populaire démocratique de Corée (RPDC) a considéré que les activités de l’ONU relatives à l’information devraient être utilisées pour favoriser le développement de l’humanité.  Il a appelé au respect strict de l’impartialité et de l’objectivité dans le traitement de l’information par l’ONU, en mettant en garde contre la désinformation en ligne.  La désinformation doit être éradiquée, a-t-il insisté, citant pour exemple le Manuel de l’ONU qui déforme selon lui les informations sur le commandement dans son pays.  Il a réitéré que le commandement de l’ONU en RPDC, établi illégalement par les États-Unis, n’est rien d’autre qu’un commandement mené par Washington sur lequel l’ONU n’a aucune juridiction.  Les départements pertinents du Secrétariat de l’ONU ont reconnu l’illégalité de la poursuite des activités de ce centre.  Le délégué a exigé une nouvelle fois que le DCG prête une attention particulière pour que les communications de l’ONU ne contiennent pas d’informations déformées.  De même, les principes de respect de la souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États Membres doivent également être réaffirmés, a-t-il noté, et les activités d’information fondées sur le respect mutuel et la réconciliation.  Il a profondément regretté que les États-Unis et les pays occidentaux continuent d’abuser des moyens d’information modernes en s’en servant comme outils d’ingérence pour diffuser les valeurs occidentales et leur mode de vie « dégénéré ».   

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a demandé à l’ONU de rester proactive pour relever les défis liés à une information saine, constructive et intègre face au détournement de plus en plus inquiétant des technologies de l’information et des communications à des fins de mésinformation et de désinformation.  Dans un contexte marqué par l’utilisation croissante d’algorithmes et d’autres outils favorisant la création et la diffusion de faux contenus qui ne cherchent qu’à nourrir les antagonismes, il a appelé à accorder un intérêt particulier aux développements de l’intelligence artificielle.  C’est pourquoi sa délégation a salué l’organisation, par le DCG, le 27 septembre dernier, du dialogue interactif sur le Code d’intégrité de l’information dans le but de renforcer le cadre juridique international en la matière.  Dans le même temps, il convient de soutenir davantage l’action des centres, services et bureaux d’information des Nations Unies pour une diffusion rapide et actualisée de l’information, a estimé le délégué, en assurant que son pays continuera de soutenir l’antenne de Dakar.  Arguant que la prise en compte de la diversité linguistique du système multilatéral est une condition sine qua non de l’égale participation des États Membres aux travaux de l’Organisation, le délégué a déclaré qu’aujourd’hui plus qu’hier, il incombe à l’Organisation de veiller à un traitement équitable entre les langues officielles et de mieux asseoir le français comme langue de travail, y compris sur les plateformes numériques. 

Droits de réponse 

En réponse à la RPDC, la République de Corée a rappelé qu’une résolution du Conseil de sécurité a reconnu le commandement en Corée afin de maintenir la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne.  Selon la délégation, les allégations du contraire ou encore celles voulant que le Manuel de l’ONU comporte des informations déformées sont infondées.   

L’Inde a répliqué à la « propagande fallacieuse » du Pakistan concernant le Jammu-et-Cachemire, en ajoutant que toute ingérence dans les affaires intérieures des États est inacceptable.  Ce territoire fait partie intégrante de l’Inde, une réalité que ne peut nier aucun pays, a déclaré la délégation.  Le Pakistan détient selon elle un lourd passif de soutien au terrorisme et persécute systématiquement les minorités qui se trouvent sur son territoire.   

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a répondu à la République de Corée, lui reprochant d’exploiter la Quatrième Commission pour désinformer. Il a accusé les États-Unis de nuire à la paix dans la région, appelant à ce qu’il soit mis immédiatement fin à l’utilisation du drapeau des Nations Unies par le Commandement des Nations Unies en Corée, une entité illégale, détournée par les États-Unis et soumise à leur seule autorité.

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