Soixante-dix-huitième session,
10e séance plénière - matin
CPSD/783

La Quatrième Commission adopte un texte ambitieux sur l’assistance à la lutte antimines, face à une menace qui continue de faire des milliers de victimes

Il faut réduire le coût humain des mines antipersonnel, des engins explosifs improvisés et des restes explosifs de guerre.  Voilà le constat sans équivoque qui a émergé, ce matin, du débat de la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) sur l’assistance à la lutte antimines, un point de son ordre du jour examiné biannuellement.  Ces engins sont toujours responsables d’un nombre inacceptable de victimes - plus de 9 000 rien qu’en 2022, dont plus de 75% de civils. 

Le soutien exprimé à l’action antimines, en particulier celle menée sous l’égide de l’ONU, s’est traduit aujourd’hui par l’adoption sans vote de la résolution périodique sur l’Assistance à la lutte antimines, dont le langage a, cette année, été enrichi, comme s’en sont félicitées entre autres la Pologne, qui a facilité les consultations autour de ce texte, et l’Union européenne (UE). 

Plusieurs nouveautés cette année.  Tout d’abord, une référence à l’impact de la dissémination d’engins explosifs sur l’agriculture et la résilience locale a été incorporée au texte, de même qu’une autre sur le rôle crucial de la lutte antimines dans la réduction du coût humain des armes et sur l’importance d’inclure la lutte antimines dans les discussions qui seront menées au sujet du « Nouvel Agenda pour la paix », présenté par le Secrétaire général en juillet 2023. 

En outre, la formulation relative à la prise en compte des besoins des personnes handicapées a été renforcée par un nouveau paragraphe sur la mise en place d’un « mandataire mondial des Nations Unies pour les personnes handicapées dans les situations de conflit ou de consolidation de la paix », afin de garantir que les voix de ces personnes, y compris des victimes d’engins explosifs, soient entendues, ce qui a été expressément salué par l’UE.  La résolution aborde aussi l’impact négatif des phénomènes météorologiques extrêmes et des changements climatiques sur la protection des civils contre les menaces posées par les munitions explosives, alors que les mines enterrées refont surface lors d’inondations par exemple, comme l’a relevé le Soudan.   

Enfin, le texte encourage l’intégration d’activités tenant compte du climat et de la sécurité alimentaire dans les programmes de déminage, un point salué par l’Ukraine notamment.  Parmi les pays les plus concernés au monde par les mines, elle a accusé la Russie de se servir de la faim comme arme de guerre, en affirmant que les agriculteurs ukrainiens sont touchés de plein fouet par l’infestation de leurs terres cultivables par des engins explosifs.   

À l’avenir, l’UE souhaiterait que la résolution aille encore plus loin pour aborder notamment l’impact des mines et des restes explosifs de guerre sur l’exercice des droits humains et qu’elle tienne compte des préoccupations relatives à la présence de ces armes dans les zones peuplées où elles représentent un risque d’autant plus important pour les civils et les opérations humanitaires.   

Les pays directement concernés par les mines et restes explosifs de guerre comme la République démocratique populaire lao, le Myanmar, ou encore le Soudan ont mis l’accent sur l’importance de l’assistance qui leur est apportée par l’ONU en matière de déminage, mais également dans le cadre des coopérations bilatérale et Sud-Sud.  Outre le renforcement des capacités nationales de déminage, ils ont mis en exergue l’importance des campagnes de sensibilisation nationales aux risques posés par les engins explosifs, notamment en signalant les zones touchées pour éviter de nouveaux incidents.  Comme en a témoigné l’Angola, il s’agit d’un processus long, coûteux et nécessitant des ressources humaines bien formées et des équipements modernes de pointe.  « Après 21 ans de paix effective », le pays continue de retirer de ses sols les mines terrestres qui y ont été disséminées pendant les 27 ans de conflit interne qui ont précédé.   

Pour la Norvège, tous ces efforts doivent s’appuyer sur la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et celle de la Convention sur les armes à sous-munitions, qui passe par l’universalisation de ces traités et le renforcement des normes internationales.  Partageant ce point de vue, le Japon a d’ailleurs annoncé aujourd’hui sa candidature à la présidence en 2025 de la Conférence d’examen des États parties à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. 

Le rapport du Secrétaire général sur l’Assistance à la lutte antimines a été présenté par le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité, M. Alexandre Zouev. 

La Commission se réunira à nouveau demain, 13 octobre, à 10 heures pour entamer l’examen du point relatif aux rayonnements ionisants.   

ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES 

Déclarations 

Au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), M. JAMES MARTIN LARSEN (Australie) a salué le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, dont les membres du groupe CANZ sont signataires, avant d’inviter les délégations qui ne l’ont pas encore fait à signer cet instrument.  Le représentant a appelé à la mise en œuvre de la Déclaration politique internationale sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, adoptée l’an dernier.  Les dispositions concernant les victimes des mines de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) ont déjà été signées par 186 États parties.  Malgré ces avancées, les engins explosifs continuent de menacer les civils et entravent leur circulation ainsi que la jouissance de leurs droits humains.  En outre, a-t-il ajouté, les phénomènes climatiques compliquent les activités de protection relatives aux mines.  En Ukraine, des pans entiers du territoire ont été minés et sont désormais impropres aux activités agricoles.  Le groupe CANZ reconnaît donc les avantages de la lutte antimines et souhaite qu’ils soient reflétés dans les discussions concernant le Nouvel Agenda pour la paix. 

M. NATSARAN JERANOKOSOL (Thaïlande) s’est alarmé de la létalité des armes explosives, relevant qu’elles provoquent plus d’une victime dans le monde à chaque heure qui passe.  À ce propos, il a souhaité mettre en exergue trois points importants.  En premier lieu, il a appelé à renouveler l’engagement en faveur du déminage et de la destruction des stocks de ces armes.  Il a réitéré le soutien de son pays à l’universalisation de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, encourageant tous les États Membres à y devenir parties.  Il a également préconisé le partage des pratiques optimales et des ressources, et à privilégier les transferts technologiques pour appuyer les efforts nationaux.  Il a aussi souhaité que soient octroyées des ressources suffisantes au Service de la lutte antimines de l’ONU et aux opérations de paix. 

Rappelant que la Thaïlande est un État partie à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel depuis 1997, le représentant a affirmé que son pays s’approchait de la dernière étape de ses opérations de déminage, avec moins de 22 km² de zones contaminées restantes.  La Thaïlande s’engage à devenir exempte de mines d’ici à 2026, a-t-il assuré.  Partisan d’une approche fondée sur la collaboration avec les communautés locales, il a cité en exemple le travail du Centre thaïlandais de lutte antimines.  Enfin, le représentant a préconisé une assistance aux victimes centrée sur la personne et ses besoins, inclusive et non discriminatoire.  La Thaïlande, a-t-il expliqué, intègre son aide aux victimes dans le cadre plus large des programmes destinés aux personnes handicapées, conformément aux orientations du Plan d’action d’Oslo, et assure un accès abordable aux soins avec sa couverture sanitaire universelle. 

M. TOUFIQ ISLAM SHATIL (Bangladesh) a rappelé que son pays a été l’un des premiers pays d’Asie du Sud à adhérer au Traité d’interdiction des mines antipersonnel et qu’il a rempli ses obligations en détruisant ses stocks dans les délais impartis.  Notant que les civils représentent 73% des victimes des engins explosifs improvisés en 2022, il a appelé à l’universalisation et à la mise en œuvre des instruments juridiques relatifs aux actions de lutte antimines, y compris dans le contexte du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général.  Il faut réduire le coût humain des armes, a insisté le représentant et, pour cela, il est important de parvenir à l’universalité des traités interdisant les armes inhumaines et aveugles.  Le délégué a également insisté sur l’intégration de la lutte antimines dans l’aide humanitaire, le développement durable et les initiatives en faveur de la paix et de la sécurité.  Il a mis l’accent sur l’assistance technique et le soutien au renforcement des capacités nationales dans le cadre des activités de lutte antimines, ainsi que sur l’intégration de l’action antimines dans les priorités de la consolidation de la paix lorsque cela est nécessaire et/ou possible.  En outre, le représentant a exigé que les soldats de la paix soient correctement formés et équipés pour assurer leur sécurité et améliorer la situation du pays hôte. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a appelé à atténuer les menaces causées par les guerres et les agressions que constituent les mines antipersonnel, lesquelles continuent de tuer des innocents longtemps après la fin des conflits.  La menace des mines terrestres et des restes explosifs de guerre constitue de graves menaces pour les civils, et notamment les enfants qui résident dans les zones déchirées par les conflits.  En 2021, 5 500 vies ont été fauchées tragiquement et d’innombrables autres personnes ont été blessées par ces engins.  Si la sensibilisation peut mobiliser l’action en faveur de la lutte antimines, la communauté internationale doit travailler de manière concertée pour trouver des solutions à ces problèmes et mobiliser les ressources nécessaires pour s’y attaquer, a fait valoir le représentant.  Pour ce faire, il est à ses yeux essentiel de disposer d’un programme intégré et inclusif d’action antimines.  Le Sri Lanka a adhéré à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et s’est engagé à ne pas produire ni stocker de tels engins.  Dans le cadre de son action antimines à la suite du conflit civil qui s’est terminé en 2009, le Sri Lanka a entrepris de nettoyer une vaste zone minée et entend poursuivre ses efforts dans d’autres zones peuplées.  Or, a ajouté le délégué, ces engins explosifs se trouvent souvent enfouis dans la jungle où opéraient les groupes armés, ce qui complique les activités de déminage.  Une tâche qui tire à sa fin, bien qu’une enquête non technique ait identifié des zones minées auparavant inconnues, a expliqué le représentant.   

Mme SARAH AHMED AHMED AL-MASHEHARI (Yémen) a commencé par rappeler que son pays est signataire de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel depuis 1997 et qu’il s’est débarrassé de ses stocks.  Toutefois, la milice houthiste aurait disséminé environ deux millions de mines et autres engins explosifs improvisés dans plusieurs zones du pays, a‑t‑elle dénoncé, relevant que ces actions, outre leurs répercussions humanitaires, entravent également le trafic maritime international.  Dans près de 13 provinces du Yémen, des zones sont devenues inhabitables et plus d’un demi-million de personnes seraient touchées, a‑t‑elle poursuivi, ajoutant que cette situation prive les enfants d’une vie normale et fait obstacle à leur éducation.   

Les effets des changements climatiques aggravent ces risques, a‑t‑elle observé, avec notamment les inondations saisonnières qui déplacent les mines.  Bien que des opérations de déminage soient en cours, elles sont difficiles, a‑t‑elle déploré.  Elle a appelé la communauté internationale et les organisations compétentes à épauler les actions de son gouvernement, car si le soutien extérieur devait s’interrompre, cela mettrait un coup d’arrêt au travail des 66 équipes déployées dans le pays.  À ce titre, la déléguée a remercié l’Arabie saoudite, les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Norvège, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et toutes les ONG qui appuient les efforts du Yémen face à ce qu’elle a qualifié de « catastrophe humanitaire ».   

Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne (UE), a mis en avant l’unité de l’UE dans son engagement en faveur d’un monde sans mines antipersonnel puisque ses 27 États membres sont États parties à la Convention d’Ottawa et, qu’aujourd’hui, ils coparrainent tous la résolution de l’Assemblée générale sur l’assistance à la lutte antimines.  L’UE continuera à soutenir les actions humanitaires de lutte antimines dans le monde entier, y compris face à l’agression de la Russie en Ukraine, a‑t‑elle assuré.  La déléguée est d’avis que la résolution de cette année constitue une avancée positive puisque sa nouvelle formulation reconnaît des éléments importants du sujet complexe de l’action antimines, conformément aux priorités humanitaires des Nations Unies.  Le texte encourage désormais les organismes compétents à inclure la lutte antimines dans leurs programmes sur le climat et la sécurité alimentaire, et reconnaît également que les mines constituent un obstacle à l’agriculture et à la résilience locale, ainsi qu’à la consolidation de la paix, a‑t‑elle noté.  Les États Membres ont également convenu de noter le rôle de la lutte antimines dans la réduction du coût humain des armes et la nécessité d’inclure cette lutte dans les discussions qu’ils auront sur le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général, s’est-elle félicitée.  Heureuse de constater la mise en place d’un défenseur mondial des Nations Unies pour les personnes handicapées dans les situations de conflit et de consolidation de la paix, la représentante y a vu un progrès significatif pour la prise en compte d’une perspective « intégrant le handicap » dans les programmes d’action antimines.   

À l’avenir, l’UE espère que la résolution pourra refléter certains points supplémentaires qui ont été discutés au cours des consultations, a‑t‑elle toutefois signalé.  En particulier, l’UE souhaiterait que l’on parle de l’impact des mines et des restes explosifs de guerre sur la jouissance des droits humains.  Il serait également souhaitable que les préoccupations pertinentes concernant les armes explosives dans les zones peuplées soient prises en compte, car leur utilisation représente un risque sérieux pour les civils et les opérations humanitaires, a précisé la représentante. 

M. KRZYSZTOF SZCZERSKI (Pologne) a fait valoir que la lutte antimine est essentielle pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire et faire en sorte que les communautés affectées puissent retrouver une vie sûre et digne.  Toutefois, il a estimé que le texte du projet de résolution sur la lutte antimine de cette année aurait gagné à être renforcé.  S’il exprime une profonde préoccupation face aux conséquences humanitaires et de développement des mines et des restes explosifs de guerre dans les pays touchés, ce texte contient également une référence au rôle crucial de l’action antimine dans la réduction du coût humain des armes et, dans ce contexte, de l’importance d’en faire état dans les discussions concernant le Nouvel Agenda pour la paix.  Parmi les autres éléments inclus dans ce projet de résolution, le représentant a relevé la contribution de la lutte contre les mines à la réalisation de solutions durables pour les réfugiés et les personnes déplacées, la réponse aux besoins spécifiques des personnes handicapées ainsi que l’impact négatif des événements climatiques extrêmes sur la protection des civils contre les menaces liées aux munitions explosives.   

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a rappelé d’emblée que son pays fait partie des pays les plus touchés par les mines terrestres, et que son gouvernement a fait de la lutte antimines une priorité nationale.  Il a salué la coopération du Service de la lutte antimines de l’ONU à cet égard, avant d’annoncer que les États de l’est du pays ont été déclarés « nettoyés et dépollués », tout comme certaines parties du Darfour ou du Kordofan du Sud qui ont été déminées.  Khartoum a noué des partenariats avec des organisations internationales pour sensibiliser plus de quatre millions de personnes à ce jour aux risques et menaces posés par les mines et les restes explosifs de guerre, a précisé le représentant.  Le défi du financement reste cependant de taille compte tenu de l’ampleur du problème, a concédé le représentant.  Il a également parlé des problèmes relatifs aux déplacements non contrôlés des tribus, de la difficulté d’accès de certaines zones qui ont besoin d’être déminées et de l’impact des inondations sur l’action antimines.   

M. SAHRAEI (République islamique d’Iran) a déclaré que la tragédie des mines terrestres et des restes explosifs de guerre laissés par les conflits « imposés » constitue un problème important au Moyen-Orient.  Il s’est inquiété de l’impact délétère de la présence de tels engins sur la situation humanitaire et le développement durable des populations civiles dans des pays tels que l’Iraq, l’Azerbaïdjan, l’Afghanistan, ou encore le Yémen et la Syrie, de même que dans son propre pays.  Après avoir salué le travail accompli dans la région par le Service de la lutte antimines de l’ONU, le représentant a exprimé la volonté de son pays de s’engager activement dans des programmes pertinents et de partager l’expérience et les connaissances qu’elle a acquises dans ce domaine, qu’il s’agisse du déminage des zones infestées ou de la sensibilisation des civils.  Le représentant a demandé que soit désormais intégré dans les rapports annuels du Secrétariat l’examen des implications des exclusions et limitations rencontrées par les populations et les gouvernements des territoires concernés.  En outre, a-t-il ajouté, les États sont légalement et moralement responsables de la dissémination de mines terrestres et d’autres engins explosifs dans d’autres pays, et, à ce titre, ils doivent assumer la responsabilité de fournir l’assistance et le soutien nécessaires aux pays touchés.  Enfin, le représentant a réaffirmé l’importance de prendre en compte les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales qui affectent l’accès aux équipements de déminage, ainsi que le transfert de technologies et de ressources financières nécessaires. 

M. AL-SAED (Iraq) a relevé le coût particulièrement élevé et la difficulté des opérations de déminage, entravées par le manque de cartes.  Les statistiques, a-t-il poursuivi, montrent que près de 6 500 km² du territoire national sont contaminés par les mines, dont plus de 2 000 km² considérés comme particulièrement dangereux, en raison notamment de la densité de la population.  Les victimes seraient nombreuses dans les territoires autrefois contrôlés par Daech, a-t-il ajouté.  Outre les conséquences physiques et psychologiques, les victimes voient également leur productivité affectée, ce qui rend difficile la mission de réintégration dans la vie active que s’est fixée le gouvernement. 

L’Iraq, a-t-il assuré, travaille à la mise en œuvre de l’article 5 de la Convention d’Ottawa, présente depuis 2028 des rapports réguliers pour informer de la situation et facilite le travail des organisations qui contribuent au déminage.  Son pays consent aussi de vastes efforts de sensibilisation, notamment à travers les médias locaux, a-t-il poursuivi, ajoutant que le Gouvernement forme des cadres à fournir soins médicaux et prothèses aux victimes.  Il a appelé les agences spécialisées à appuyer le Gouvernement iraquien, lequel a besoin de technologies de pointe pour continuer ses opérations, exhortant la communauté internationale et les bailleurs de fonds à poursuivre leur soutien. 

M. MATEUS PEDRO LUEMBA (Angola) a estimé que l’assistance à la lutte antimines devrait mériter une plus grande attention de la part des États Membres pour faire en sorte que nos efforts collectifs aboutissent à l’élimination totale de l’utilisation des mines terrestres.  La réalisation de notre aspiration commune à un monde sans mines nécessite selon lui un engagement renforcé des États et la mise en œuvre de mesures concrètes.  Après 21 ans de paix, précédés de 27 ans de conflit interne, l’Angola continue de lutter pour libérer son sol des mines terrestres.  Or, il s’agit d’un processus coûteux, nécessitant des ressources humaines bien formées et des équipements modernes de pointe.  Le Gouvernement angolais, avec le soutien de partenaires internationaux, s’affaire à réaliser un programme de déminage exhaustif afin d’être exempt de mines terrestres d’ici à 2025.  En tant que signataire de la Convention d’Ottawa, l’Angola doit toujours déminer plus de 70 millions de mètres carrés de son territoire, a‑t‑il noté, en expliquant que le processus de déminage peut être plus coûteux encore que la production d’armes.  Le Gouvernement angolais a également mis en place des campagnes nationales de sensibilisation aux risques posés par les engins explosifs, notamment en signalant les zones touchées pour éviter de nouveaux accidents, et mis en place une agence nationale de lutte contre les mines ainsi qu’un hôpital spécialisé.   

M. ONO SHO(Japon) a déploré que les mines terrestres continuent de menacer la vie des civils, malgré les progrès significatifs accomplis ces deux dernières décennies.  Aujourd’hui, a-t-il relevé, nous sommes confrontés à de nouvelles difficultés avec les engins explosifs improvisés, qui provoquent un nombre croissant de victimes, et les événements météorologiques extrêmes, qui entraînent le déplacement des mines.  Le projet de résolution sur l’assistance à la lutte antimines, dont le Japon est coauteur, prend en compte ces menaces émergentes, a-t-il poursuivi, appelant à son adoption. 

Le Japon, a-t-il expliqué, concentre son action sur trois domaines: l’assistance aux activités de déminage, la promotion de la coopération régionale Sud-Sud et l’aide aux victimes.  En 2022, son pays a fourni une aide totale d’un montant de plus de 52 millions de dollars, répartie entre 22 nations, notamment par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Service de la lutte antimines de l’ONU.  Il a cité un programme conjoint du Japon et du Cambodge en vue d’appuyer les opérations de déminage en Ukraine, qui a accès en plus à un système d’imagerie des mines terrestres.  Enfin, il a annoncé la candidature de son pays à la présidence de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel en 2025. 

Mme EGRISELDA GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a regretté de constater que l’utilisation d’armes à sous-munitions et de mines antipersonnel s’est poursuivie au cours des deux dernières années, en mettant en avant la menace constante que cela représente pour les populations civiles et les personnels humanitaires.  Rien qu’en 2022, ces armes ont fait plus de 9 000 victimes dans le monde, dont 73% de civils, s’est indignée la représentante, en exigeant le respect des traités internationaux pertinents.  Après avoir confirmé le soutien d’El Salvador aux activités de lutte antimines de l’ONU, la déléguée a salué l’impact du soutien extérieur sur le renforcement des capacités nationales, en souhaitant une hausse de ces services compte tenu du nombre de conflits en cours.  Elle a également insisté sur l’impératif de sécuriser le personnel de maintien de la paix déployé dans des environnements particulièrement dangereux, avant d’appeler à miser sur la formation et la parité femmes-hommes au sein des activités antimines de l’ONU.   

Mme MARAH MUSTAFA (République arabe syrienne) a déclaré que son pays accorde une attention particulière à la lutte antimines, ces engins ayant été utilisés à grande échelle sur son territoire par les organisations terroristes.  Les activités liées au déminage constituent la clef de voûte pour parvenir à un environnement sûr pour les civils et au retour des réfugiés syriens dans leur pays.  Malgré des moyens limités, l’armée syrienne consent des efforts inlassables et sacrifie des vies afin de dépolluer plus de 7,3 millions de mètres carrés de terre de ces engins explosifs du pays.  À cette fin, un comité national a été créé l’an dernier, lequel a mis en place des normes techniques permettant de régir l’ensemble des activités de déminage.  Le Gouvernement syrien a signé en 2018 un Mémorandum d’entente avec le Service de la lutte antimines de l’ONU afin de soutenir ses efforts antimines dans les zones autrefois contrôlées par des groupes terroristes, a indiqué la représentante.  Face à l’étendue des zones affectées par les mines, elle a souligné l’importance de renforcer la coopération et la coordination dans la lutte antimine et d’allouer les ressources nécessaires, sans politiser cette question humanitaire en imposant des restrictions unilatérales touchant les équipements, le financement et les ressources nécessaires.  Toutefois, le principal obstacle auquel est confronté le Gouvernement pour mener à bien ces efforts est le déficit de financement.   

M. ANATOLII ZLENKO (Ukraine) s’est félicité de l’inclusion de la lutte antimines dans les programmes de sécurité alimentaire, ainsi que de la reconnaissance du fait qu’elles constituent un obstacle à l’agriculture.  L’invasion par la Russie a fait de l’Ukraine l’un des pays les plus infestés au monde par les mines, a‑t‑il affirmé, en précisant que 174 000 kilomètres carrés de terres seraient concernés – soit 30% du territoire national.  Dans le pays, plus de six millions de personnes vivraient dans des zones à risque, a‑t‑il poursuivi, en fustigeant la Russie pour avoir disséminé des mines à proximité d’écoles, d’hôpitaux et de zones résidentielles.  À ce jour, 250 personnes auraient été tuées par les mines et plus de 40 autres blessées.   

Le représentant a accusé la Russie de se servir de la faim comme arme de guerre, relevant que les agriculteurs ukrainiens sont touchés par la contamination de leurs terres agricoles.  Un total de 470 hectares de terres fertiles seraient affectés, a‑t‑il continué.  Il a ensuite mentionné la collaboration de l’Ukraine avec des partenaires internationaux en vue d’élaborer une stratégie de déminage.  Le projet, a‑t‑il expliqué, repose sur trois piliers: rétablir le potentiel des terres, protéger les victimes et créer une meilleure architecture du déminage.  Le délégué a enfin salué la réponse favorable de l’ONU aux appels lancés par son pays, notamment pour fournir des équipements et des capacités en matière de déminage, remerciant tous les États Membres ayant par ailleurs contribué aux efforts.   

M. SO INXAY SOULIYONG (République démocratique populaire lao) a commencé par remercier les partenaires de son pays dans la lutte antimines, les agences des Nations Unies et les organisations internationales qui contribuent à renforcer les capacités nationales en la matière.  Toutefois, il reste encore beaucoup à faire, a‑t‑il concédé, en rappelant que son pays est l’un des plus lourdement touchés de la planète.  Les restes d’armes à sous-munitions larguées sur son sol il y a plus de 40 ans constituent toujours une menace majeure pour les civils, notamment les femmes et les enfants, a‑t‑il expliqué, et des accidents se produisent chaque année.  Au cours de la dernière décennie, ces munitions non explosées ont tragiquement coûté la vie de 25 à 60 personnes par an, la plupart étant des victimes civiles – des enfants et des agriculteurs vivant dans les zones rurales.  Par conséquent, l’élimination de ces engins non explosés n’est pas seulement une nécessité économique, mais aussi une obligation morale, a argué le représentant.  Avec environ 80 millions de sous-munitions non explosées, la contamination couvre encore un tiers du territoire du pays, a‑t‑il déploré.  Son gouvernement continue donc à faire tout son possible pour assurer la sécurité de ses citoyens et améliorer le bien-être social et économique des populations affectées.  Il a en conclusion fait valoir que les actions de déminage ont permis de mener à bien des projets de développement, notamment la construction d’infrastructures de transport telles que la première ligne ferroviaire à grande vitesse du pays.   

Mme UNNI RAMBØLL (Norvège) a lancé un appel à la communauté internationale pour se mettre d’accord sur des normes communes et la règlementation des armes, en s’appuyant notamment sur la Convention sur les armes à sous-munitions et la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel, « qui sont les pierres angulaires » dans le domaine de la lutte antimines.  Ces quatre dernières années, des progrès ont été possibles en termes de décontamination, a‑t‑elle reconnu, et cela malgré la pandémie, mais les mines antipersonnel et les engins explosifs improvisés restent une menace sérieuse dans de nombreux pays du monde, notamment ceux frappés par un conflit et là où opèrent des groupes armés non étatiques.  Pour la déléguée, il serait judicieux que les engins explosifs improvisés soient couverts par la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, ce qui n’est pas encore le cas.  En outre, elle a exhorté les États parties à cette Convention à maintenir, voire accroitre, leurs financements de la lutte antimines.  La Norvège, qui est un partenaire important des activités antimines, persiste à plaider pour l’universalisation des conventions internationales dans ce domaine, a‑t‑elle souligné, et plus largement des instruments internationaux en matière de désarmement.  La déléguée a donc appelé tous les États à y souscrire.   

M. HONGBO WANG (Chine) a déclaré que les efforts collectifs de lutte antimines déployés au cours des dernières années, notamment par l’ONU, ont permis de réaliser des progrès notables qui se sont traduits par une réduction des risques.  Cependant, de nombreux facteurs aggravent la situation dans de nombreux cas aux prises avec des problèmes de contamination.  Le représentant a plaidé en faveur du respect des principes directeurs en matière de déminage, arguant que les circonstances particulières des pays concernés doivent être prises en compte pour que les luttes antimines soient adaptées au contexte.  Pour assurer la pérennité de ces actions, nous devons permettre aux États d’assurer la transition entre l’aide extérieure et l’autonomie.  En 1998, la Chine a mis en place un plan de déminage qui s’inscrit dans la durée, y compris des sessions de formation et des visites sur le terrain, fournissant une assistance, notamment financière, à plus de 40 pays dans plusieurs régions du monde.  En tant que coprésident, avec le Cambodge, du groupe d’experts de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la question, la Chine a organisé une opération conjointe de déminage.   

M. AHIDJO (Cameroun) a commencé par saluer le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur l’assistance à la lutte antimines, relevant qu’il met en relief la nécessaire mise en œuvre d’instruments juridiques internationaux, ainsi que les progrès accomplis dans la mise en place de mécanismes d’intervention rapide.  Malgré les millions de stocks détruits au cours des 20 dernières années, les mines continuent de tuer, de mutiler et de fragiliser les efforts de reconstruction ou de consolidation de la paix, a-t-il déploré.  Elles hypothèquent la fourniture d’une assistance humanitaire aux victimes de conflit et perpétuent la précarité, a-t-il dénoncé, estimant que ces conséquences justifient largement les efforts consentis par la communauté internationale.  Il a affirmé que la diversification des engins explosifs contraint à un changement d’approche.  À ce titre, il a préconisé des mesures urgentes contre les engins explosifs improvisés, principale cause de l’augmentation du nombre de victimes.  Alors que son pays est touché par les mines et autres engins explosifs laissés par Boko Haram, il a appelé à des efforts de sensibilisation ainsi qu’à la mobilisation des ressources – notant que la plus grande partie d’entre elles émanent de contributions volontaires. 

Pour M. KYAW MOE TUN (Myanmar), la contamination par des engins explosifs met constamment en péril la vie des civils, les empêche de se déplacer en toute sécurité et restreint leur accès aux services et à la fourniture de l’aide humanitaire.  Elle pose également de graves problèmes sociaux et économiques aux populations civiles touchées.  Par conséquent, l’action antimines est essentielle à la reconstruction, expliqué le représentant, et joue un rôle significatif dans la réalisation des objectifs de développement durable, y compris en termes de réduction de la pauvreté, d’accès à l’éducation, de sécurité alimentaire et d’égalité des sexes.  Il a dénoncé l’implication de longue date de l’armée du Myanmar dans la dissémination des mines terrestres depuis 1969, notant également que depuis le coup d’État militaire illégal de février 2021, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a signalé que la population du Myanmar a été victime d’actes de terreur spécifiques aux mains de l’armée: l’augmentation des frappes aériennes contre la population civile, les massacres brutaux lors d’opérations terrestres et l’incendie généralisé et systémique des maisons et des propriétés civiles.  En outre, la junte a déployé de plus en plus de mines terrestres antipersonnel et d’armes à sous-munitions, a affirmé le délégué qui a également accusé cette junte d’utiliser les civils comme boucliers humains et comme démineurs.  Cette tragédie terrible et indicible au Myanmar exige, selon lui, une attention et une intervention internationales immédiates pour faire face à l’aggravation des souffrances humaines et à la catastrophe humanitaire.  Il a donc demandé à la communauté internationale d’offrir un financement souple et direct aux organisations humanitaires locales, afin de renforcer leur capacité à fournir une aide et des services vitaux aux nécessiteux, y compris aux victimes des mines.  En guise de conclusion, le représentant a déclaré que « la seule façon d’éradiquer de telles atrocités est de mettre fin à la dictature militaire, de restaurer la démocratie et de construire une union fédérale démocratique ». 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a indiqué que la question du déminage est historiquement importante pour son pays, en particulier dans le contexte de la résolution des crises régionales et de la lutte contre le terrorisme.  De nombreux États touchés par des conflits ont besoin d’une assistance en matière de déminage afin d’assurer la transition vers la restauration des infrastructures et la reprise des activités de développement.  Le Service de la lutte antimines de l’ONU joue un rôle important dans les efforts internationaux de lutte contre les mines, entre autres dans le cadre des opérations de maintien de la paix et des missions politiques, en renforçant les capacités des États.  La Fédération de Russie a participé aux travaux de déminage en Syrie afin de permettre un accès sûr à des zones agricoles et le retour sûr des réfugiés syriens dans leur pays d’origine.  La représentante a expliqué que son pays accorde une attention particulière au développement de la coopération internationale dans ce domaine, par le biais d’échanges d’expériences et de renforcement des capacités techniques et opérationnelles avec d’autres pays.   

M. ABAALALA (Arabie saoudite) s’est félicité des efforts déployés par l’ONU en matière de déminage, avant de plaider pour que le déminage soit mentionné spécifiquement dans les traités de cessez-le-feu et à l’issue des conflits.  Il a rappelé qu’en 2018, son pays avait lancé le projet de déminage Masam au Yémen, qui se heurte à de grandes difficultés, a‑t‑il déploré, en raison de l’absence de cartes et de la dissémination arbitraire des mines autour des maisons, sur des terres agricoles ou des pâturages.  En 2023, Masam a permis de mettre hors d’état de nuire plus de 2 900 engins non explosés et de décontaminer plus de 18 000 kilomètres carrés de territoire, s’est-il félicité.  Il a rendu hommage à 33 collaborateurs tués depuis le début du projet au Yémen, saluant leur sacrifice ultime.  Outre le déminage, a‑t‑il poursuivi, son pays offre également des soins et des services de réinsertion aux blessés.  Le représentant a conclu en appelant à ce que les responsables de la dissémination des mines soient tenus comptables de leurs actes, et contraints de fournir des services antimines et des cartes.   

DÉCISION SUR LE PROJET DE TEXTE CONCERNANT L’ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES 

En adoptant le projet de résolution sur l’Assistance à la lutte antimines, sans vote, l’Assemblée générale demanderait aux États Membres de s’acquitter de leurs obligations internationales respectives en matière de lutte antimines et de poursuivre leur action, notamment au moyen de la coopération Sud-Sud et de la coopération régionale et sous-régionale, étant entendu qu’ils doivent avoir la maîtrise des programmes, avec, selon qu’il conviendra et s’ils en font la demande, l’assistance de l’ONU et des organisations compétentes en matière de lutte antimines et en coordination avec le pays touché, pour encourager la mise en place et le développement de capacités nationales de lutte antimines dans les pays où les mines et les restes explosifs de guerre font peser une grave menace sur la sécurité, la santé et la vie des populations civiles locales, empêchent la culture des terres et la résilience à l’échelle locale ou compromettent l’acheminement de l’aide humanitaire et l’action de développement socioéconomique et de consolidation de la paix aux échelons national et local.   

L’Assemblée générale  prierait en outre instamment tous les États Membres, en particulier ceux qui sont le mieux à même de le faire, ainsi que les organismes des Nations Unies et les autres organisations et institutions compétentes en matière de lutte antimines, d’aider les États touchés par les mines et les restes explosifs de guerre en leur fournissant une assistance pour leur permettre de créer ou de développer leurs propres capacités de lutte antimines, et notamment de s’acquitter de leurs obligations internationales en la matière et d’appliquer des stratégies et des plans de lutte antimines à l’échelon national, ainsi qu’un soutien aux programmes nationaux et locaux et des contributions régulières et prévisibles en temps voulu, à l’appui des activités de lutte antimines.  L’Assemblée générale encouragerait enfin les efforts visant à faire en sorte que toutes les activités de lutte antimines soient menées conformément aux Normes internationales de la lutte antimines ou à des normes nationales compatibles avec celles de la communauté internationale. 

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