Soixante-dix-huitième session,
8e séance - matin
CPSD/781

Quatrième Commission: le Royaume-Uni défend son partenariat avec ses « territoires d’outre-mer » et l’Afrique montre ses divisions sur le Sahara occidental

Alors que la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) conclura demain son débat général sur la décolonisation, c’était aujourd’hui le tour de la troisième Puissance administrante, le Royaume-Uni, de venir défendre sa relation « moderne et de partenariat » avec ses « territoires d’outre-mer », après la France et les États-Unis hier.

La délégation britannique a fait valoir la longue tradition d’autonomie qui caractérise ces territoires, soulignant qu’elle s’acquitte simplement de ses obligations vis-à-vis d’eux en vertu du droit international.  Londres et les autorités locales se réunissent chaque année pour définir leurs priorités communes et travailler ensemble dans un esprit de partenariat, notamment sur les questions de sécurité et de résilience, a‑t‑elle précisé.

À propos de Gibraltar, le Royaume-Uni a assuré n’avoir aucune intention de se lancer « dans des arrangements où son peuple passerait contre sa volonté sous l’autorité d’un autre État », précisant qu’à la suite de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, une coopération étroite avec les Gouvernements de Gibraltar et de l’Espagne avait été entreprise, dans l’espoir de parvenir à un accord politique.

Abordant la question des « îles Falkland », le Royaume-Uni a déclaré n’avoir aucun doute sur sa souveraineté sur l’archipel, ni sur le droit à l’autodétermination de ses habitants, « qui sont libres de choisir leur statut politique et leur type de développement socioéconomique ». Le dernier référendum en date, en 2013, invoqué par le délégué, a adressé un « message clair », plus de 99% des insulaires ayant souhaité préserver le statut actuel de territoire britannique.

Le Royaume-Uni continue cependant d’espérer une relation plus forte et constructive avec l’Argentine, y compris au sujet des îles Falkland, « mais pas aux dépens du droit à l’autodétermination de leur population », a tenu à préciser la délégation.  Des propos qui lui ont valu un droit de réponse de la part de l’Argentine, qui a contesté l’exercice de ce droit puisqu’il s’agit d’un différend de souveraineté et d’une population « implantée ». 

Les divisions de l’Afrique au sujet du Sahara occidental ont également été mises en exergue ce matin.  Si certains pays du continent restent des défenseurs indéfectibles du droit à l’autodétermination des peuples, dont le peuple sahraoui, d’autres, plus nombreux, ont apporté leur soutien à l’Initiative d’autonomie proposée par le Maroc et au « Sahara marocain ». 

Une centaine de nations soutiennent cette initiative à ce stade, a fait valoir le Libéria, alors que Djibouti a argué qu’elle présente « les contours d’une solution consensuelle et négociée ».  Pour la Guinée-Bissau, elle constitue une proposition viable et pragmatique qui a le potentiel de stabiliser la région et d’améliorer la situation économique, sociale et culturelle de la population locale.  Une initiative qui est d’autant plus crédible à la lumière du vaste programme d’investissements lancé par Rabat, a renchéri le Burundi, en notant qu’elle a grandement contribué à l’autonomisation des populations locales, à l’amélioration de l’indice de développement humain et à la promotion des droits humains au « Sahara marocain ».

Reste que d’autres nations africaines, comme le Botswana et le Zimbabwe, ont défendu le droit « inaliénable et non négociable » du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance, qui doit être exercé dans le cadre d’un référendum, car tant qu’il ne sera pas en mesure de le faire, « la décolonisation de l’Afrique sera incomplète ».

Rappelant que cela fait maintenant plus de 30 ans que le Conseil de sécurité a approuvé le plan de règlement pour le Sahara occidental, le Lesotho a également soutenu que seul un référendum libre et équitable sur l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, pourra apporter une solution durable à ce conflit et au retrait du Sahara occidental de la liste des territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de l’ONU.

D’autres pays africains, comme l’Ouganda, le Ghana ou encore le Cameroun, n’ont pas pris clairement position, mais tous ont défendu le processus politique en cours, placé sous l’égide des Nations Unies, et soutenu les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, M. Staffan de Mistura, en vue de trouver une solution négociée.  Ils ont exhorté les parties prenantes à reprendre la dynamique des tables rondes initiée par M. de Mistura, « sous le même format », avec le Maroc, l’Algérie, le Front POLISARIO et la Mauritanie.

La Commission achèvera son débat général sur la décolonisation demain, mercredi 11 octobre à 10 heures, avant d’adopter une série de résolutions relatives à ce point de son ordre du jour.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL PORTANT SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Déclarations

M. GENG SHUANG (Chine) a déclaré que la colonisation est une cicatrice qui peine à guérir, en mentionnant la traite et l’esclavage pratiqués par les pays occidentaux.  « Ces derniers ont acquis leurs richesses en versant le sang », a‑t‑il affirmé.  Le monde doit encore sortir de l’« ombre » portée du colonialisme, a dit le délégué, en appelant la communauté internationale à réparer les torts causés en son nom.  « Il faut mettre en place un ordre mondial plus juste et raisonnable », a encore plaidé le délégué, en appelant les pays ayant bénéficié du colonialisme à le reconnaître, à fournir des compensations et à renoncer à toute forme de néocolonialisme.  Il a ensuite soutenu la position de l’Argentine sur les Îles Malvinas, en exhortant le Royaume-Uni à reprendre le dialogue avec ce pays.  En tant que membre du Sud global, la Chine est prête à œuvrer pour que les voix des pays en développement soient entendues et pour ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de l’humanité, a conclu le représentant. 

M. LANDRY SIBOMANA (Burundi) a soutenu le processus politique en cours, sous les auspices exclusifs du Secrétaire général des Nations Unies, visant à parvenir à une solution politique, réaliste, durable, mutuellement acceptable et négociée au différend régional sur le Sahara marocain, comme recommandé par les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007.  Il a salué la récente visite de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, au Maroc, notamment à Laayoune et Dakhla, en septembre 2023.  Ce dernier y a rencontré les présidents des deux régions, des élus et des représentants des autorités locales, des notables, des acteurs économiques, des femmes et des jeunes, des représentants de la société civile et les présidents des deux commissions régionales du Conseil national des droits de l’homme.  Le délégué a ensuite lancé un vibrant appel à toutes les parties prenantes en vue de faciliter la reprise des tables rondes, avec les mêmes participants, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Front POLISARIO, conformément à la résolution 2654 du Conseil de sécurité.  Il a salué l’initiative marocaine d’autonomie, qualifiée de crédible par les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007, avant de se féliciter du vaste programme d’investissements lancé par Rabat, qui a grandement contribué à l’autonomisation des populations locales, à l’amélioration des indices de développement humain et à la promotion des droits humains au Sahara marocain.

M. FAISAL GH A. T. M. ALANEZI (Koweït) a réaffirmé le soutien de son pays aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel sur la question du Sahara occidental, qui ont débouché sur les deux cycles de tables rondes entre les quatre parties concernées.  Soulignant le besoin de reprendre ce processus, au sein du même format pour avancer vers un règlement politique durable et consensuel, le représentant a soutenu les efforts de M. de Mistura en vue de relancer le processus politique, notamment au travers de ses visites dans la région.  Le Koweït soutient l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc, a précisé le représentant.  Passant à l’occupation en cours par l’Iran des trois îles de la Grande-Tounb, de la Petite-Tounb et d’Abou Moussa, il a réaffirmé qu’elles font intégralement partie des Émirats arabes unis avant d’en appeler au Gouvernement iranien pour qu’il participe aux efforts de son pays afin de régler cette question par des négociations directes ou par la Cour internationale de Justice (CIJ). Sur la question palestinienne, il s’est dit préoccupé par l’escalade de la violence dans la bande de Gaza et le Territoire palestinien occupé, résultat de l’occupation prolongée et des pratiques provocatrices de la part des forces d’occupation, a‑t‑il estimé, avant de réitérer que le Koweït soutient le peuple palestinien dans sa quête d’un État souverain et indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.

M. PAUL GOA ZOUMANIGUI (Guinée) a estimé que les résolutions du Conseil de sécurité et le respect de ses engagements par le Maroc ont le potentiel de ramener de la paix au Sahara occidental.  Il a salué les efforts déployés en ce sens par l’Envoyé personnel du Secrétaire général, notamment ses récentes visites dans la région, en juillet et septembre 2023, ainsi que les consultations bilatérales qu’il a menées afin de favoriser la relance du dialogue politique avec les acteurs clefs du conflit, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Front POLISARIO. Estimant qu’aucune solution ne saura être trouvée à cette question sans un dialogue inclusif, le représentant a soutenu la tenue régulière des tables rondes regroupant l’ensemble des parties prenantes.  Le développement socioéconomique de la région et l’organisation des élections générales dans l’ensemble du pays l’ont également incité à appuyer l’initiative marocaine d’autonomie.  Dans la même veine, il a regretté les violations des droits des enfants et des femmes commises dans les camps de Tindouf par « certaines parties au conflit ».

M. TARCÍSIO BALTAZAR BUANAHAGI (Mozambique) a demandé la fin du conflit entre le Maroc et le Front POLISARIO au Sahara occidental. Les deux parties doivent négocier, a dit le délégué, en soulignant la « complaisance du monde » à l’égard de ce conflit gelé, en dépit des risques d’escalade.  « Le coût de l’inaction pourrait être élevé », a-t-il mis en garde.  Il a appelé le Conseil à agir, en notant que le referendum d’autodétermination se fait toujours attendre, avant d’exhorter les parties à négocier afin de parvenir à une solution pérenne.  Le délégué a ensuite déploré les violences contre les civils en Israël dans les territoires palestiniens.  Le bain du sang du 7 octobre ne peut pas être séparé de son contexte, il est l’aboutissement de l’escalade constante des violences dans la région, a tranché le délégué, en demandant un règlement acceptable de la question palestinienne sur la base de la solution des deux États.  Enfin, il a noté le manque de progrès sur la question des îles Falkland (Malvinas) et exhorté les parties à dialoguer.

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a réaffirmé son appui au processus politique en cours en vue de parvenir à une paix durable au Sahara occidental.  Il s’est également félicité des efforts déployés par l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental afin de faciliter la relance des négociations en vue de parvenir à une solution acceptable pour l’ensemble des parties. Ses récentes visites sur le terrain au Maroc, en Algérie et en Mauritanie ainsi que la tenue de tables rondes regroupant l’ensemble des parties constituent à ses yeux autant d’avancées en vue d’une résolution consensuelle du conflit.

M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie) a rappelé la position de principe de son pays en matière de décolonisation, à savoir qu’il appuie des solutions politiques acceptables par toutes les parties à des différends coloniaux.  À propos du Sahara occidental, il a appelé les parties à reprendre les négociations directes et à œuvrer à une solution africaine à cette question.

M. GODFREY KWOBA (Ouganda) a souligné l’importance de la résolution 1514 (1960) de l’Assemblée générale dans le contexte de la décolonisation, ainsi que le rôle important joué par l’ONU dans le cadre de ce processus. Regrettant que, 60 ans plus tard, il existe toujours des territoires non autonomes, le représentant s’est demandé si « l’ère de la décolonisation est révolue », avant d’appeler l’ONU à mettre en œuvre son mandat en termes de décolonisation.  Il s’est fait l’écho des délégations qui ont appelé à un nouvel engagement en faveur des pays et peuples coloniaux et leurs droits à l’autodétermination et à l’indépendance.  Il faut une stratégie proactive et ciblée au sein de la Quatrième Commission et un esprit d’ouverture pour pouvoir engager un véritable dialogue sur la décolonisation, a argué le représentant.  Préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouvent nombre de dossiers des territoires non autonomes, le représentant a prôné des règlements pacifiques axés sur le développement conformément à l’Agenda pour la paix du Secrétaire général de l’ONU.

M. MAURILLE FIRMIN BIAOU (Bénin) a souhaité un règlement définitif et consensuel de la question du Sahara occidental.  La réalisation de ce consensus serait selon lui d’un grand apport pour la stabilité durable du Maghreb.  Le représentant a salué les efforts consentis par l’Envoyé personnel du Secrétaire général afin de parvenir à ce consensus sur la base des acquis des tables rondes.  Toutefois, a‑t‑il ajouté, ces efforts demeurent tributaires de l’engagement de l’ensemble des parties.  Il a salué l’initiative marocaine d’autonomie, qualifiée de « sérieuse et crédible » dans les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Le représentant a donc invité les parties à faire preuve de réalisme et de compromis afin de trouver des solutions justes et consensuelles susceptibles de mener au règlement durable de cette question.

Mme GLADYS MOKHAWA (Botswana) a estimé, s’agissant de la décolonisation au Sahara occidental, qu’il n’y a pas d’alternative à l’exercice du droit à l’autodétermination.  Elle a appelé les parties à se réengager en faveur du processus politique en vue de faire de l’exercice de ce droit inaliénable « une réalité. » La déléguée a souligné l’importance du rôle de l’Envoyé personnel du Secrétaire général dans ce processus, prenant note de sa récente visite, avant d’espérer que ces efforts aboutiront à des négociations inclusives.

Pour Mme LASANA ANDREWS (Saint-Vincent-et-les Grenadines), ce sont des moyens innovants qu’il faut trouver pour mettre fin à l’« anachronisme du colonialisme contemporain » sous toutes ses formes et manifestations, dans un climat de plus en plus marqué par des tensions régionales et internationales. S’agissant de la question du « Sahara », la déléguée a salué la récente visite de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Staffan De Mistura, au Maroc pour promouvoir le processus politique, avant d’apporter son soutien à l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc.  À cet égard, la représentante a exhorté les parties à rester engagées en faveur du processus politique et d’une solution réaliste à ce différend de longue date, qui, selon elle, ne pourra être obtenue que par un compromis.

Elle a ensuite rappelé que l’Assemblée générale a reconnu à plusieurs reprises que le différend concernant les « Malvinas » n’a rien à voir avec la volonté d’un peuple colonisé sous contrôle d’une puissance étrangère, mais plutôt avec des revendications concurrentes de souveraineté sur ces îles proches du littoral argentin.  En tant que tel, ce conflit de longue date ne pourra être réglé que par des négociations bilatérales, conformément aux résolutions pertinentes et aux principes de la Charte des Nations Unies, a‑t‑elle estimé, en encourageant l’Argentine et le Royaume-Uni à trouver un terrain d’entente.  Elle a instamment demandé au Secrétaire général d’user de ses bons offices pour faciliter et dynamiser ce processus

M. MATETE PAUL NENA (Lesotho) a reconnu les efforts continus de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, pour faciliter la recherche d’une solution durable au conflit du Sahara occidental, alors que les obstacles aux engagements pris dans le cadre du plan de règlement des Nations Unies et de l’Organisation de l'unité africaine (OUA), que les deux parties ont accueilli favorablement, restent une préoccupation pour son pays.  Cette situation porte malheureusement atteinte à l’intégrité de l’ONU, a‑t‑il regretté, avant de s’aligner sur la Déclaration de la Conférence de solidarité de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) sur le Sahara occidental, qui appelle à la mise en œuvre urgente de toutes les décisions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Union africaine (UA) dans le but d’organiser un référendum libre et équitable.  Le représentant a encouragé les deux parties engagées dans ce conflit à entamer des pourparlers, visant véritablement à trouver une solution durable centrée sur la promotion des droits de l’homme.  Cela fait maintenant plus de 30 ans que le Conseil de sécurité a approuvé le plan de règlement et établi la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), a‑t‑il rappelé, en arguant que seul un référendum libre et équitable sur l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, peut apporter une solution durable au conflit sur ce territoire et au retrait du Sahara occidental de la liste des territoires non autonomes.

M. TEBURORO TITO (Kiribati) a entendu les messages « forts et clairs » des pétitionnaires des habitants de certains territoires non autonomes qui souhaitent se libérer de l’emprise coloniale.  Ceux du Pacifique ont clairement démontré qu’ils appartenaient à des groupes culturels distincts dont les cultures, coutumes, langues et valeurs traditionnelles étaient très différentes de celles de leurs maîtres coloniaux.  Ils ont aujourd’hui du mal à concevoir qu’une décision prise par une puissance coloniale, il y a plus de 100 ans, constitue toujours un obstacle valable à l’exercice de leur droit à l’autodétermination.  Dans ce contexte, le représentant a estimé que les positions contrastées adoptées par les parties constituent un différend qui doit désormais être réglé dans le cadre du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies. 

Sur la question du Sahara marocain, le représentant a salué les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour faciliter la relance du processus politique sous les auspices de l’ONU, notamment ses visites sur le terrain ainsi que la reprise du processus des tables rondes, conformément à la résolution 2654 (2022) du Conseil de sécurité.  Il s’est également félicité de l’initiative marocaine d’autonomie, laquelle a été reconnue par plus de 100 pays en tant que voie pacifique permettant de résoudre le conflit au Sahara occidental.

M. FRANCISCO MENDES (Guinée-Bissau) a fait valoir que pour parvenir à la paix et à une solution durables au Sahara occidental, il est essentiel que les parties restent engagées dans un dialogue politique sous les auspices de l’ONU, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, notamment sa visite dans la région en septembre dernier, témoignent selon lui de l’engagement constant de l’Organisation en faveur d’un compromis et d’une solution durable.  Pour le représentant, l’initiative marocaine d’autonomie constitue une proposition viable et pragmatique, qui a le potentiel de stabiliser la région et d’améliorer la situation économique, sociale et culturelle de la population locale.  À cet égard, il s’est félicité de l’engagement du Gouvernement marocain en faveur d’une paix et d’un développement durables pour les habitants du Sahara marocain et de la région.

M. DUŠAN VUJAČIĆ (Serbie) s’est dit préoccupé par le déploiement, dans les îles Malvinas, de membres des prétendues « forces de sécurité du Kosovo » au sein d’unités d’infanterie des Forces armées britanniques. Une présence qui va à l’encontre des résolutions de l’Assemblée générale relatives à ces îles et de la résolution 1244 (1999) du Conseil, a affirmé le délégué.  Il a ensuite exhorté les deux parties à reprendre les négociations.

M. MOUSSA MOHAMED MOUSSA (Djibouti) a réclamé une solution durable, sur la base du compromis, au Sahara occidental, en appuyant tous les efforts entrepris à cette fin.  Une telle solution renforcera la sécurité dans toute la région sahélienne, a-t-il dit. L’initiative marocaine d’autonomie est louable à plus d’un titre et offre une base pour une solution négociée, a-t-il estimé:  « Cette initiative offre les contours d’une solution consensuelle. »  Il a salué les avancées du Maroc dans le domaine des droits humains, s’agissant notamment de la lutte contre les discriminations et de la promotion de l’égalité des genres.  Le Maroc a fait montre d’un engagement inébranlable en faveur du cessez-le-feu, a précisé en conclusion le délégué.

Mme SARAH SAFYN FYNEAH (Libéria) a salué les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général en vue de faciliter la relance du processus politique sur le dossier du Sahara.  Elle a salué en particulier ses visites récentes dans la région, y compris à Laayoune et Dakhla, avant d’exiger sans réserve la reprise des tables rondes, sous les auspices de l’ONU, avec les mêmes participants, à savoir le Maroc, l’Algérie, le Front POLISARIO et la Mauritanie, en vue de parvenir à une solution réaliste, pragmatique et durable.  Pour sa part, le Libéria appuie pleinement l’initiative marocaine d’autonomie, a précisé sa représentante, rappelant au passage qu’une centaine de pays en font de même à ce stade et qu’une trentaine de consulats ont ouvert leurs portes à Dakhla et Laayoune.  Elle a également mentionné la zone de libre-échange au « Sahara marocain » et le respect par le Maroc du cessez-le-feu dans la région.

M. TIRIVAVI MAWIRE (Zimbabwe) a constaté que la question du Sahara occidental demeure à l’ordre du jour de la Quatrième Commission depuis 1963, tandis que le plan de règlement de l’ONU et de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), approuvé par le Conseil de sécurité en 1991, qui prévoyait la tenue d’un référendum destiné à permettre au peuple sahraoui de déterminer son propre destin, a été « délibérément compromis ».  Après avoir subi le traumatisme du colonialisme et accédé à l’indépendance grâce à l’aide de la communauté internationale, le Zimbabwe comprend la douleur de se voir refuser le droit à l’autodétermination et demeure solidaire du peuple sahraoui dans sa lutte légitime pour l’indépendance.  Le représentant s’est vivement inquiété des « manœuvres de certaines forces » qui souhaitent retirer la question du Sahara occidental de l’ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation.  Il l’a donc « imploré » de maintenir sa position « de longue date et sans équivoque » selon laquelle le Sahara occidental est un territoire non autonome.  À ses yeux, le droit « inaliénable et non négociable » du peuple de la région à l’autodétermination et à l’indépendance doit être exercé par le biais d’un référendum libre et équitable.  « Tant que le peuple du Sahara occidental ne sera pas en mesure d’exercer son droit à l’autodétermination, la décolonisation de l’Afrique sera incomplète », a‑t‑il argué.  Il a donc appelé le Maroc et le Front POLISARIO à reprendre le dialogue sans conditions préalables et le Conseil de sécurité à assumer les responsabilités qui lui incombent conformément à ses propres résolutions.  L’ONU a déjà alloué des ressources importantes à la MINURSO, qui doit maintenant être autorisée à mettre pleinement en œuvre son mandat, a‑t‑il ajouté en conclusion.

M. FELIX AKOM NYARKU (Ghana) a rappelé que son pays a été une nation pionnière dans le processus de décolonisation.  Il s’est dit déçu par le fait que 17 territoires non autonomes restent occupés.  Nous devons exiger désormais des comptes et encourager l’amélioration des relations avec les puissances administrantes afin de parvenir à un règlement de la situation dans ces territoires, a considéré le délégué.  Enfin, il a souligné la centralité du rôle de l’ONU à cet égard et souhaité l’envoi de missions plus fréquentes dans ces territoires.

M. MUNGO WOODIFIELD (Royaume-Uni) a déclaré que son pays entretient une relation particulière et moderne fondée sur le partenariat et le droit de rester britannique ou non avec chacun de ses territoires d’outre-mer.  Londres, a‑t‑il dit, s’acquitte simplement de ses obligations en vertu du droit international, ajoutant que ses territoires ont une longue histoire d’autonomie.  Le Royaume-Uni et les autorités de ces territoires se réunissent chaque année pour définir leurs priorités communes et travailler ensemble dans un esprit de partenariat, y compris en termes de sécurité et de résilience, a‑t‑il fait valoir.

S’agissant de Gibraltar, il a rappelé que la Commission entendra bientôt le Ministre principal de ce territoire, soit le représentant élu de sa population, en affirmant que le Royaume-Uni s’attache au fait que le statut ne change pas.  « Nous ne nous lancerons pas dans des arrangements où le peuple de Gibraltar passerait sous l’autorité d’un autre État contre sa volonté », a prévenu le délégué.  À la suite de sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni a étroitement coopéré avec les Gouvernements de Gibraltar et de l’Espagne pour parvenir à un accord politique et faire en sorte qu’un traité soit possible entre les deux parties.

Quant aux îles Falkland, le représentant a réitéré à nouveau que le Royaume-Uni n’a aucun doute sur sa souveraineté sur ces îles ni sur le droit à l’autodétermination de leurs habitants, qui sont libres de choisir leur statut politique et leur type de développement socioéconomique.  Il a également rappelé que, dans le cadre du dernier référendum en date en 2013, près de 99% des habitants de l’archipel ont souhaité préserver le statut actuel de territoire britannique, adressant ainsi un « message clair ».  Le Royaume-Uni, a‑t‑il affirmé, continue d’espérer une relation plus forte et constructive avec l’Argentine, y compris au sujet des îles Falkland, « mais pas aux dépens du droit à l’autodétermination de la population de ces îles ».

M. ABBAS KADHOM OBAID AL-FATLAWI (Iraq) a déclaré que les principes contenus dans la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux se basent sur le fait que les droits civils font partie intégrante de la dignité humaine.  Le joug du colonialisme et de l’occupation constitue un déni de ces principes et des droits humains, a‑t‑il dit.  Le délégué a salué les efforts déployés par les institutions de l’ONU afin de favoriser le progrès économique et social dans les territoires non autonomes et d’améliorer les conditions de vie de leurs habitants.  À ses yeux, l’objectif ultime de toutes les activités menées dans ces territoires doit être de renforcer les économies en question dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Département de la communication globale (DCG) et le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA) ont un rôle particulièrement important à jouer pour assurer la diffusion d’informations relatives à l’application de la Déclaration et la situation dans les territoires non autonomes.  S’agissant de la Palestine, il a prôné la création d’un État indépendant, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies, tout en condamnant l’usage excessif de la force par la Puissance occupante israélienne.

Droits de réponse

Cuba a déclaré que l’affirmation des États-Unis voulant que Porto Rico fasse partie intégrante de ce pays est incorrecte.  Il s’agit selon elle de normaliser la domination coloniale qui dure depuis plus d’un siècle, une « farce » qui vise à ce que l’île soit retirée de la liste des territoires non autonomes.  La réalité contraste avec le discours de la délégation étasunienne, a-t-il noté. 

En réaction aux propos de nombreuses délégations, le Royaume-Uni a réaffirmé n’avoir aucun doute sur sa souveraineté sur les Îles Falkland, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Il a appuyé pleinement le droit à l’autodétermination de la population des Îles Falkland.  Par ailleurs, les Forces armées britanniques ont conclu des arrangements avec d’autres forces armées, dont un petit nombre d’agents de liaison ont été déployés dans l’archipel dans le cadre d’un accord de défense, a ajouté la délégation.

L’Iran a rejeté les allégations du Koweït, rappelant que les trois îles de la Grande-Tounb, de la Petite-Tounb et d’Abou Moussa font partie du territoire iranien.  « La souveraineté de mon pays sur ces îles n’est pas négociable », a‑t‑il tranché.

L’Argentine a rappelé que les Îles Malvinas font partie intégrante du territoire argentin et qu’elles sont occupées illégalement par le Royaume-Uni. L’Assemblée a adopté une dizaine de résolutions sur la question, a‑t‑il déclaré, en exhortant ce pays à négocier de bonne foi. Enfin, il a rappelé que le principe d’autodétermination des peuples ne s’applique pas à cette situation, qui est un différend de souveraineté. 

Les Émirats arabes unis, s’exprimant aussi au nom du Koweït, ont réagi aux propos de l’Iran, les qualifiant d’infondés.  L’Iran n’a pas de droits sur les îles de la Grande-Tounb, de la Petite-Tounb et d’Abou Moussa, qui font partie intégrante des Émirats arabes unis.  Même si leur statut n’est pas clairement inscrit à l’ordre du jour de la Commission, la représentante a estimé qu’il s’agit d’une violation flagrante de souveraineté et que le règlement de ce différend doit passer par des négociations directes avec l’Iran ou par la Cour internationale de Justice (CIJ).

En réponse, l’Iran a dit qu’aucune allégation, même répétée, ne pourra parvenir au règlement d’une question qui n’a pas été reconnue en tant que telle.  Il a contesté le « statut historique » des îles de la Grande-Tounb, de la Petite-Tounb et d’Abou Moussa invoqué par les Émirats arabes unis pour justifier sa revendication de souveraineté, en arguant que « ces îles font partie intégrante de l’Iran ». 

Reprenant la parole, les Émirats arabes unis ont rejeté les « leçons d’histoire » données par l’Iran et réaffirmé que les trois îles de la Grande-Tounb, de la Petite-Tounb et d'Abou Moussa, situées dans le golfe « Arabique », font partie intégrante du territoire des Émirats arabes unis. 

« De quoi parlez-vous? » a lancé Israël aux délégations, qui ont réagi aux derniers événements dans son pays.  Elle leur a demandé de reconnaître les actions posées par le Hamas, une organisation terroriste brutale et barbare, une réalité « ignorée » depuis des années par les délégations présentes dans cette salle. « Comment pouvez-vous continuer à l’ignorer maintenant? »  En ignorant les faits, vous donnez le feu vert aux groupes terroristes pour attaquer des innocents, a conclu Israël.

L’Argentine a réagi aux propos du Royaume-Uni en rappelant que les îles Malvinas font partie intégrante du territoire argentin et qu’elles sont occupées illégalement par le Royaume-Uni.  Elle a exhorté ce pays à négocier de bonne foi, avant de rappeler que le principe d’autodétermination des peuples ne s’applique pas à cette situation, qui est un différend de souveraineté.  Il n’y a pas de peuple dans ces îles au regard du droit international, a‑t‑il conclu.

La déléguée de l’Espagne a réagi aux propos du Royaume-Uni sur Gibraltar, qui figure sur la liste des territoires non autonomes.  Nos deux pays doivent reprendre des négociations qui ne peuvent être que de nature bilatérale, a dit la déléguée, en soulignant la nature coloniale de cette situation.  Elle a évoqué l’impact du « Brexit » et mentionné les accords signés par les deux pays depuis.  Indépendamment de ces accords, tout ce qui se rapporte à Gibraltar devra être réglé en vue de réaliser la décolonisation, a‑t‑elle conclu.

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