Les violations des droits humains au Moyen-Orient et dans la région chinoise du Xinjiang dominent les débats de la Troisième Commission
La Troisième Commission, chargée des affaires sociales, humanitaires et culturelles a poursuivi aujourd’hui sa discussion générale sur la promotion et la protection des droits humains, avant de dialoguer avec trois titulaires de mandat. L’échange apaisé de l’après-midi sur le droit à l’éducation, les droits culturels et les droits des personnes atteintes d’albinisme a été précédé, dans la matinée, par un débat tendu sur la situation au Moyen-Orient et dans la région chinoise du Xinjiang.
S’exprimant dès l’ouverture de la séance par la voix de sa déléguée jeunesse, Israël a évoqué l’attaque dévastatrice du Hamas, le 7 octobre, lors de laquelle de nombreuses familles ont été tuées sans distinction et plus de 200 de ses concitoyens enlevés. Affirmant qu’Israël n’est pas en guerre contre des civils mais contre le Hamas, elle a estimé que tout autre discours que la condamnation de cette « organisation terroriste djihadiste génocidaire » nuirait à la lutte contre le terrorisme, une obligation en vertu de la section 17 de la Déclaration de Vienne. Les pays occidentaux s’exprimant aujourd’hui ont soutenu le droit d’Israël à se défendre et demandé la libération des otages.
Au bord des larmes, la représentante de l’État de Palestine a, elle, condamné des « attaques indiscriminées, barbares et brutales » contre la population de la bande de Gaza, se demandant si Israël est « plus en sécurité maintenant ». Elle l’a accusé de recourir à « une punition collective illégale comme méthode de guerre », privant ce territoire palestinien d’eau, de vivres, de combustible et d’aide humanitaire, rasant des quartiers résidentiels et bombardant des écoles, des installations de l’ONU et des centres de santé. Après avoir dénoncé les positions qui absolvent par avance Israël de ces crimes, elle a appelé à « un soutien inconditionnel à la justice et non à la vengeance ».
De nombreuses délégations de pays arabes et musulmans ont, à l’instar de l’Arabie saoudite, condamné « le crime odieux perpétré par les forces d’occupation israéliennes » contre l’hôpital Al Ahli Arab de Gaza. L’Égypte a dénoncé une violation des Conventions de Genève, la Tunisie du droit à la vie et la Türkiye du droit international relatif aux droits de l’homme.
« Comment parler de droits humains quand de tels agissements se poursuivent en toute impunité? Combien d’enfants palestiniens doivent-ils mourir pour que le monde sorte de son silence? », s’est indignée la Tunisie, appuyée par l’Arabie saoudite et le Koweït, qui ont prié la communauté internationale de renoncer au « deux poids, deux mesures » s’agissant du respect du droit international par Israël. L’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Indonésie et la Türkiye ont appelé la levée immédiate du siège imposé à Gaza et à l’ouverture de corridors humanitaires.
Adoptant une position moins critique, le Conseil de coopération du Golfe a réaffirmé, par la voix d’Oman, l’importance du droit à lutter contre le terrorisme, qui n’a « ni religion, ni groupe ethnique ». Le Sultanat a toutefois précisé que cette lutte ne dispense d’aucune obligation en vertu du droit international. De son côté, la Zambie a appelé à des efforts diplomatiques, faisant valoir que l’agression ne peut être un moyen de règlement des différends.
L’autre point de friction de cette séance a concerné le Xinjiang. Le Royaume-Uni, qui s’exprimait au nom d’un groupe de 51 pays, a condamné les violations des droits humains qu’y commet la Chine à l’encontre de la minorité ouïghoure. Citant un rapport d’évaluation du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) publié l’an dernier, il a dénoncé la surveillance généralisée, la destruction de sites religieux, la torture, la stérilisation, les disparitions et les avortements forcés, qui pourraient constituer des crimes contre l’humanité. Il a regretté que la Chine n’ait mis en œuvre aucune des recommandations du rapport et l’a exhortée à cesser ses violations des droits humains. Sur la même ligne, le Japon a appelé les autorités chinoises à respecter les droits humains des Ouïghours dans le Xinjiang, ainsi que les droits humains et les libertés fondamentales au Tibet et à Hong Kong. Pour sa part, la Türkiye a dit suivre la question des Ouïghours et des autres minorités musulmanes du Xinjiang, sur la base de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Chine.
A contrario, le Nicaragua a dénoncé des accusations infondées portées à des fins politiques, affirmant que ces questions relèvent exclusivement des affaires internes de la Chine. Il a été rejoint par la République-Unie de Tanzanie, qui a réclamé le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de la non-ingérence dans les affaires des États, notamment en matière de droits humains. Assurant quant à elle que le Xinjiang « connaît la stabilité et l’harmonie religieuse », la Chine a rappelé que le Conseil des droits de l’homme a refusé de débattre du « soi-disant rapport » du HCDH, lequel a été « renvoyé aux poubelles de l’histoire ».
La Troisième Commission a, par ailleurs, dialogué avec plusieurs titulaires de mandat, dont la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation, venue présenter son rapport consacré aux droits humains des enseignants. Constatant que ces derniers sont trop souvent mal rémunérés, Mme Farida Shaheed s’est inquiétée d’une pénurie de candidats à cette profession alors que l’UNESCO indique qu’il faudrait 68,8 millions de professeurs supplémentaires pour atteindre l’objectif d’un enseignement primaire et secondaire pour tous d’ici à 2030.
De son côté, la Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels a présenté un rapport axé sur le développement durable et les droits culturels, regrettant que les politiques concernant le premier omettent trop souvent les seconds. En conséquence, Mme Alexandra Xanthaki a exhorté les organisations internationales à évaluer l’impact de leurs politiques sur les droits culturels des populations locales.
Enfin, l’Experte indépendante sur l’exercice des droits de l’homme par les personnes atteintes d’albinisme s’est penchée sur l’impact des changements climatiques sur ces personnes, rappelant que leur vulnérabilité au soleil est telle qu’en Afrique, 98% d’entre elles décéderaient avant l’âge de 40 ans. Mme Muluka-Anne Miti-Drummond a appelé à leur fournir gratuitement des produits de protection solaire et des vêtements adaptés.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 19 octobre, à partir de 10 heures.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS HUMAINS (A/78/198)
Discussion générale
Mme CARMELI, déléguée de la jeunesse d’Israël, a commencé son intervention en partageant une expérience personnelle vécue entre 2018 et 2021 dans le kibboutz « Kerem Shalom » (« jardin de la paix » en hébreu) près de la bande de Gaza, lorsque sa chambre était un abri antibombes et sa vie rythmée par les missiles lancées depuis l’autre côté de la barrière. « La vie ne devrait pas être dictée par la terreur », a-t-elle lancé, expliquant pourquoi elle a choisi de vivre dans cette communauté malgré les risques. Elle a ensuite évoqué l’attaque dévastatrice perpétrée par les terroristes du Hamas le 7 octobre, lors de laquelle de nombreuses familles ont été tuées sans distinction ni merci, et plus de 200 de ses concitoyens ont été enlevés.
Elle a appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour prévenir et combattre le terrorisme, comme l’exige la section 17 de la Déclaration de Vienne. La déléguée de la jeunesse a souligné qu’Israël n’est pas en guerre contre des citoyens ou des individus, mais contre le Hamas. Selon elle, tout autre discours que la condamnation claire et sans équivoque de cette « organisation terroriste djihadiste génocidaire » nuit à la lutte contre le terrorisme. « Vous ne pouvez pas saisir l’ampleur de cette situation en étant confortablement assis dans cette salle », a-t-elle martelé en conclusion, affirmant qu’Israël est en première ligne de la guerre contre la terreur.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni), qui s’exprimait au nom d’un groupe de 51 pays, a condamné les violations des droits humains commises par la Chine dans la région du Xinjiang à l’encontre de la minorité ouïghoure. Citant un rapport d’évaluation du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), il a dénoncé la surveillance de ces communautés par les autorités chinoises, ainsi que la destruction de sites religieux, la torture, la stérilisation, les disparitions sur le lieu de travail et les avortements forcés. Ces agissements pourraient constituer des crimes contre l’humanité, a souligné le représentant. Il a ajouté que, depuis la publication de cette évaluation par le HCDH voilà un an, les autorités chinoises n’ont mis en œuvre aucune de ses recommandations. En conclusion, il a exhorté la Chine à cesser les violations des droits humains dont elle est accusée.
S’exprimant au nom du Conseil de coopération du Golfe, M. KHALID SALEH SAID AL RUBKHI (Oman) a noté la détérioration de la situation des droits humains, due notamment à la recrudescence de la xénophobie et de la haine. Il a affirmé l’importance de discuter de ces questions sans politisation, sans ingérence et sans enfreindre la souveraineté des États. Le représentant a réaffirmé l’importance du droit au développement ainsi que de la lutte contre le terrorisme, qui « n’a pas de religion et n’appartient à aucun groupe ethnique ». Selon lui, cette lutte ne dispense d’aucune obligation en vertu du droit international, y compris les principes de non-discrimination, de proportionnalité et de diligence voulue. Appelant à respecter les différentes cultures et religions, il a prôné un dialogue constructif fondé sur des informations fiables en vue de parvenir à un consensus sur les questions des droits humains.
Mme HEBA MOSTAFA MOSTAFA RIZK (Égypte)a condamné le bombardement meurtrier de l’hôpital Al Ahli Arab de Gaza et les agissements d’Israël qui, selon elle, vont à l’encontre des Conventions de Genève. Elle a appelé Israël à cesser son pilonnage et son siège de la bande de Gaza, et à assurer le passage de l’aide humanitaire. La déléguée s’est ensuite déclarée préoccupée par les fausses informations qu’imposent certains pays, au mépris de la liberté de la presse. À ses yeux, les droits humains sont trop souvent utilisés comme des outils politiques, ce qui nuit à l’unité de la communauté internationale. Face à des crises telles celles nées des changements climatiques, les droits humains nécessitent la coopération et non la division, a-t-elle plaidé. La représentante a, par ailleurs, appelé à réformer l’architecture financière internationale en prenant en compte les priorités des pays en développement. Enfin, elle s’est alarmée des campagnes islamophobes menées dans divers pays.
M. ALDAIKAN (Koweït) a condamné le bombardement de l’hôpital Al Ahli Arab de Gaza « par les forces israéliennes », qui a fait des centaines de morts et de blessés. Il s’agit d’une violation flagrante des principes du droit international humanitaire, s’est-il indigné, appelant la communauté internationale à cesser son « deux poids, deux mesures » à propos d’Israël et à protéger les civils non armés. Évoquant ensuite les efforts déployés par son pays dans le domaine des droits humains, le représentant a insisté sur l’importance des principes islamiques qui consacrent l’égalité et la justice. Il a précisé à cet égard que les soins de santé et l’éducation sont accordés aux individus indépendamment de leur appartenance ou de leurs origines.
Au Koweït, a poursuivi le représentant, des institutions garantissent les droits humains, notamment à travers un bureau national qui assure le respect des droits, conformément à la Constitution et à la charia. En juin, le Parlement koweïtien a décidé de créer un nouveau comité chargé de la famille, des femmes et des enfants, a-t-il signalé, ajoutant que le Gouvernement veille à ce que des femmes occupent des postes à responsabilité. Il a ainsi rappelé qu’au cours de la dernière décennie, des femmes ont occupé des postes gouvernementaux et ont efficacement participé au Parlement. Il a également fait état d’une participation tangible des femmes dans le secteur judiciaire, la diplomatie et la sécurité.
S’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. FRANCISCO JOSE DA CRUZ (Angola) a appuyé les déclarations de la Rapporteuse spéciale sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l’homme. Il a dénoncé les régimes de sanction multiples qui frappent les pays de la SADC. Face aux défis mondiaux actuels, ces sanctions risquent de réduire les capacités des pays visés, qui ne peuvent se relever de manière adéquate, a-t-il dit, ajoutant que ces mesures unilatérales impactent directement les personnes les plus vulnérables, telles que les femmes, les réfugiés et les personnes en situation de handicap, et vont donc à l’encontre du principe visant à ne « laisser personne de côté ».
Regrettant l’absence de dialogue constructif avec la Rapporteuse spéciale de la part des pays qui imposent ces sanctions, le représentant a indiqué que la SADC approuve les conclusions de Mme Alena Douhan, selon lesquelles les sanctions, y compris les sanctions secondaires, ont des conséquences sur les objectifs de développement durable (ODD) et sur le droit au développement dans la région. Il a conclu en exprimant sa solidarité avec le Zimbabwe et en appelant à une levée inconditionnelle des sanctions contre ce pays.
M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a affirmé que son pays coopérait avec les organes conventionnels sur les droits humains et avait présenté tous ses rapports, ajoutant qu’il avait lancé plus de 85 programmes et activités au titre du mémorandum d’entente signé avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Le délégué s’est félicité des progrès réalisés pour négocier un traité international sur le droit au développement, ajoutant que le Fonds saoudien pour le développement avait consenti plus de 733 prêts dans 84 pays depuis sa création. Évoquant l’action humanitaire, il a précisé que son pays avait alloué 96 milliards de dollars à l’aide pour 164 États au cours des 25 dernières années.
Pour le délégué, la cause palestinienne est une « cause prioritaire » et elle le restera tant que le peuple palestinien frère n’aura pas recouvré ses droits légitimes, en tête desquels le droit à l’autodétermination et à vivre en sécurité dans un État indépendant avec pour capitale Jérusalem-Est, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Il a rejeté tous les appels au déplacement forcé du peuple palestinien de Gaza. Il a condamné ensuite « le crime odieux perpétré par les forces d’occupation israéliennes qui ont bombardé l’hôpital Al Ahli Arab de Gaza », faisant des centaines de victimes civiles dont des enfants. Priant la communauté internationale de renoncer au deux poids, deux mesures et à la sélectivité dans la mise en œuvre du droit international humanitaire concernant Israël, le délégué a également appelé à lever le siège imposé à Gaza et à ouvrir des corridors humanitaires dans les plus brefs délais. Il a rappelé que l’Arabie Saoudite avait annoncé, il y a deux jours, qu’elle fournirait 2 millions de dollars à l’UNRWA.
Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède) a déploré le recul généralisé des droits humains dans le monde, citant entre autres les conflits armés et la violence sexiste. La représentante a ensuite condamné l’agression brutale et non provoquée de la Fédération de Russie en Ukraine, qui est le théâtre de nombreuses violations des droits humains. Citant la deuxième phrase du premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme, selon laquelle tous les êtres humains « sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », elle a estimé que de nos efforts collectifs dépend notre avenir. Il importe, selon elle, de défendre l’infrastructure des droits humains lorsqu’elle est défiée, « en nous fondant sur notre conscience ».
M. JOONKOOK HWANG (République de Corée), déplorant les violations croissantes des droits humains, a axé son intervention sur la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC). L’an passé, la Commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme en RPDC a conclu que des crimes contre l’humanité sont commis, pourtant rien n’a été fait par les autorités, a déploré le délégué. Pire, le pays utilise ses ressources pour effectuer des tirs de missile. Le délégué a également déploré le rapatriement forcé de Nord-Coréens en RPDC où ils sont soumis à la torture. Dans des pays tiers, comme la Chine, 2 000 Nord-Coréens, dont une majorité de femmes, sont détenus en tant que « migrants illégaux », a-t-il ajouté. Tous ces agissements sont contraires à plusieurs conventions, dont la Convention relative au statut des réfugiés et son Protocole, et au principe du non-refoulement. Ces personnes fuient les conditions de vie déplorables de la RPDC, a plaidé le délégué. « Cela nous brise le cœur de voir le sort réservé à ces Nord-Coréens qui ne font que fuir leur pays par un désir de liberté. »
Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a appelé à intégrer les programmes de droits humains et de développement durable à tous les niveaux de décision, y compris lors de l’élaboration de statistiques. Elle a également estimé que, bien qu’il ne figure pas dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, le droit à un environnement propre, sain et durable est fondamental pour la réalisation de tous les autres. En effet, la crise environnementale est la menace la plus existentielle qu’affronte l’humanité, a insisté la représentante. « Prenons des décisions fondées sur l’homme et la nature, car nous n’avons pas d’autre choix », a-t-elle conclu.
Mme AISSATA IBRAHIM MAIGA (Mali) a indiqué que son pays est partie à la quasi-totalité des instruments internationaux en matière de droits humains mais que la crise multidimensionnelle qu’il traverse, caractérisée par la « barbarie terroriste », a fragilisé les fondements de l’État. La représentante a affirmé que cette situation impose au Gouvernement de faire passer la sécurité en premier afin de préserver la vie et de protéger les biens de la population, tout en minimisant l’impact sur les droits humains. Elle a plaidé en faveur du renforcement des capacités des forces de défense maliennes pour rétablir la sécurité. Soulignant le droit qu’a chaque État de faire ses propres choix, elle a dénoncé les sanctions injustifiées et disproportionnées dont le Mali fait l’objet « sous le prétexte de défendre la démocratie ». Elle y a vu un « deux poids, deux mesures » en la matière. Avant de conclure, la déléguée a détaillé les mesures prises par son pays, notamment dans le domaine judiciaire, pour améliorer la situation des droits humains au Mali.
Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a indiqué que son pays a créé en 2004 une commission interinstitutions sur les droits humains, qui vise notamment à protéger les défenseurs de ces droits. Elle a ajouté que les politiques d’égalité femmes-hommes et de protection de l’espace civique font partie de la vision nationale en la matière. Détaillant certains aspects de la politique nationale, la déléguée a précisé qu’un défenseur du peuple veille au fonctionnement correct de l’administration publique et garantit la conformité des lois avec les instruments internationaux. Elle a également relevé que les réformes entreprises dans le système judiciaire ont permis de renforcer la transparence et l’indépendance de ce secteur.
La représentante a d’autre part fait état d’un plan national sur les droits humains, élaboré en collaboration avec la société civile et les organismes internationaux. Ce plan, a-t-elle précisé, se concentre sur quatre axes: les droits civils et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels, les droits des groupes vulnérables et l’application des normes internationales. En conclusion, la déléguée a assuré que son pays continuera d’encourager le dialogue sur ces questions en sa qualité de membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027.
M. RICHARD ARBEITER (Canada) a constaté que le travail de la Troisième Commission concerne des domaines où les droits humains reculent. Il s’est ainsi inquiété de la situation des femmes et des filles, particulièrement en Afghanistan et en Iran. Il a également marqué sa préoccupation concernant les personnes LGBTI, avant de saluer les États qui ont renoncé à des lois discriminatoires souvent issues du colonialisme. Il a aussi fait valoir, à l’instar du Président de la Cour suprême indienne, que l’homosexualité n’est pas un produit d’exportation culturelle, ajoutant que s’il était lui-même né dans un village indien, il n’en aurait pas moins été gay.
Le représentant s’est ensuite alarmé des violations endémiques des droits humains dans les situations de conflit. Abordant le conflit au Moyen-Orient, il a appelé à la libération immédiate et inconditionnelle des otages. Il a aussi demandé à toutes les parties au conflit de respecter pleinement le droit international humanitaire. Le délégué a aussi évoqué les « 600 jours d’agression russe » en Ukraine, formant le vœu que les violations répétées des droits humains dans ce pays auront des suites judiciaires. Il a, par ailleurs, soutenu à une transition démocratique dirigée par des civils au Soudan. Face à ces situations, il a appelé à ne pas prétendre qu’elles sont « politisées » et à détourner l’attention en en évoquant d’autres. Avant de conclure, il a reconnu que le Canada doit faire mieux en matière de droits humains, notamment concernant les droits des peuples autochtones.
M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a évoqué la situation en Israël et à Gaza, se disant consterné par la frappe contre l’hôpital Al Ahli Arab. Il a condamné les actes commis par le Hamas et rappelé le droit d’Israël à se défendre dans les limites du droit international. Préoccupé par le risque d’une « nouvelle escalade », il a appelé au respect constant du droit international humanitaire et à protéger les civils.
Le représentant a déploré l’augmentation de la haine et de l’intolérance en ligne et hors ligne. Il a dénoncé le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et la transphobie qui ont cru ces deux dernières années, et noté des répercussion négatives en matière de santé sexuelle et reproductive. Nous devons défendre les valeurs de la démocratie et de la tolérance, a-t-il plaidé, et nous battre pour le droit à la liberté d’expression. Alors que l’Islande brigue un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027, le représentant a indiqué que le pays entend lutter contre les atteintes aux droit humains à travers un dialogue authentique pour rendre cet organe plus efficace. « Personne n’est parfait, mais nous devons tous essayer de faire mieux. » Enfin le représentant a demandé à la Commission de réitérer son appel pour créer des environnements sûrs pour les défenseurs des droits de l’homme qui s’expriment « au risque de leur vie » et font face à des tentatives de les réduire au silence.
Mme SUMAN SONKAR (Inde) a rappelé que son pays est partie à pratiquement tous les grands instruments internationaux des droits humains, insistant sur les valeurs démocratiques défendues par l’Inde. Elle a rappelé le travail effectué par les commissions nationales des droits humains, des droits de l’enfant, et des droits des femmes, avant de mettre en avant les activités des programmes d’aide au logement et de protection sociale, dont le plus vaste programme d’assurance maladie au monde. Elle a fait savoir qu’en septembre 2023 le Parlement indien avait voté une résolution réservant aux femmes un tiers des sièges des parlements. Des mesures ont également été mises en place pour lutter contre le mariage forcé et le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.
M. NASEER AHMED FAIQ (Afghanistan) a condamné tout acte aboutissant aux meurtres de civils innocents, présentant ses condoléances aux familles des personnes tuées à l’hôpital Al Ahli Arab de Gaza. Il a indiqué que les quatre séismes qui se sont récemment produits dans la région du Hérat avaient coûté la vie à 2 400 personnes et causé des dégâts immenses dans plus de 100 villages. Il a lancé un appel à l’ONU et aux pays donateurs pour fournir des vivres, des abris, de l’eau et des médicaments aux rescapés, dont la situation est extrêmement difficile à l’approche de l’hiver.
Le représentant a décrit la grave situation des droits humains en Afghanistan, notamment en ce qui concerne les femmes, les minorités et les défenseurs des valeurs démocratiques. Il a indiqué que les Taliban tentaient de « purifier » la société en fonction de leur interprétation erronée de la charia. Il a dénoncé un apartheid sexiste contre les femmes et les filles, et des violations massives des droits humains des minorités. Il a insisté sur l’importance de contrôler constamment la situation des droits humains en Afghanistan et a appelé à ce que les violations aient des suites judiciaires.
Mme SOPHEA EAT (Cambodge) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des droits de l’homme en indiquant qu’il convient de s’opposer à la politisation, au deux poids, deux mesures et à l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres États « sous le prétexte de protéger les droits de l’homme et la liberté ». La promotion et la protection des droits de l’homme sont la pierre angulaire de la politique nationale et étrangère de son gouvernement, a dit la représentante, avant de souligner que le Cambodge a été le premier pays d’Asie à accueillir sur le terrain le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Par ailleurs, elle a reçu les visites de travail de sept rapporteurs spéciaux successifs sur les droits de l’homme et participe régulièrement à l’Examen périodique universel (EPU).
Le Cambodge, a-t-elle assuré, est l’un des pays les plus performants en matière d’objectifs de développement durable (ODD). L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont des droits fondamentaux pleinement intégrés. Outre des centaines de médias locaux, les médias étrangers sont facilement et librement accessibles, a assuré la représentante, tout en notant que la liberté d’expression doit être exercée sans porter atteinte aux droits d’autres individus ni à l’ordre et à la sécurité publics, ainsi qu’à l’intérêt national. À cet égard, elle a souligné que cette même règle existe « dans toutes les nations civilisées », et a trouvé « injuste » que des pays comme le Cambodge soient critiqués et réprimandés pour avoir appliqué la même règle. Enfin, rappelant la nécessité d’être soutenu et encouragé, elle a réitéré l’opposition du Cambodge aux mesures coercitives unilatérales, dans la mesure où elles contredisent les principes fondamentaux de la Charte, entravant le droit au développement et empêchant la réalisation du Programme 2030.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a évoqué les actions entreprises par son pays en faveur des droits humains dans tous les domaines, jugeant que ces droits sont « niés par le néolibéralisme », notamment en matière d’alimentation, de santé, d’éducation et de logement. Il a ajouté que, grâce aux mesures de justice prises par son gouvernement, les peuples autochtones et les afro-descendants du Nicaragua ont vu leurs droits de propriété reconnus sur 33% du territoire national. Le représentant a ensuite dénoncé les mesures coercitives unilatérales « corrosives et illégales » des pays néocolonialistes, avant d’assurer que son pays continuera de promouvoir le développement durable, les droits humains et les libertés fondamentales de son peuple. Enfin, il a réaffirmé l’attachement du Nicaragua à l’unicité de la Chine, estimant que les questions liées au Tibet, au Xinjiang et à Hong Kong relèvent des affaires internes chinoises. Il a dénoncé, à cet égard, les accusations infondées portées contre la Chine à des fins politiques.
Mme ZULEIKHA RUTHA TAMBWE (République-Unie de Tanzanie) a appelé à respecter la souveraineté, l’indépendance et la non-ingérence dans les affaires des États, notamment en ce qui concerne les droits humains. Ce sont des principes bien établis qui doivent être respectés par tous les États Membres, a-t-elle insisté. Illustrant son propos, la représentante a affirmé que les questions liées au Tibet, à Hong Kong et à la région du Xinjiang relèvent exclusivement des affaires intérieures de la Chine. Elle a ajouté que la Chine a démontré sa volonté d’améliorer la situation de sa population et aide depuis des décennies des pays du monde entier à réaliser leurs droits économiques, sociaux et politiques ainsi que leur droit au développement. Elle a donc demandé aux États Membres de défendre l’impartialité, l’objectivité et la non-sélectivité en tant que principes des travaux de la Troisième Commission.
M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a assuré que son pays s’emploie à garantir la sûreté́ du champ d’expression des droits humains. Il a également rappelé que la Côte d’Ivoire a ratifié tous les principaux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits humains et s’efforce de s’acquitter de ses obligations conventionnelles. Parmi les efforts nationaux en la matière, le représentant a évoqué la création d’un conseil national des droits de l’homme, chargé d’assurer la vulgarisation des instruments juridiques nationaux et internationaux et de sensibiliser les populations. Ce conseil, a-t-il précisé, mène aussi des enquêtes non judiciaires sur les allégations de violations des droits qui sont portées à sa connaissance.
Le délégué a ajouté que le Gouvernement ivoirien a fait adopter en 2014 une loi relative à la protection des droits humains, destinée à créer un environnement sûr. Par ailleurs, estimant que la construction de sociétés pacifiques et inclusives doit impérativement intégrer la question de la promotion et la protection des droits humains, il a plaidé pour la mise en place d’un processus permanent qui prenne en compte le rythme auquel chaque société́ accomplit ses progrès. Il a également appelé à examiner la question des droits humains à la lumière du principe de non-ingérence et dans le cadre d’un dialogue constructif.
Évoquant à son tour la situation au Moyen-Orient, M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a affirmé que l’agression n’est pas un moyen de régler les différends. Le représentant a appelé à des efforts diplomatiques pour parvenir à un règlement pacifique. Il a ensuite rappelé que la Zambie a adhéré à plusieurs traités dédiés aux droits humains. Le pays a également mis en place un mécanisme national pour l’établissement des rapports auprès des organes conventionnels et invité les rapporteurs spéciaux à effectuer des visites, a-t-il ajouté. Entre autres accomplissements majeurs, le représentant a évoqué une loi pour la défense des droits des enfants, adoptée en 2022. Il a aussi mentionné une aide juridique accordée aux personnes pauvres pour faciliter leur accès à la justice.
Mme NUSAIBA HASHIM MOHAMED ALI IDRES (Soudan) a dénoncé la situation conflictuelle qui prévaut depuis six mois dans son pays, accusant les forces rebelles de violer les droits humains de la population et de se livrer à des crimes contre l’humanité. Il est impératif de faire cesser cette rébellion et de préserver les vies et la dignité humaines, a plaidé la représentante, selon laquelle les Forces armées soudanaises s’acquittent au mieux de leur devoir de protection, notamment en respectant la trêve humanitaire décidée à Djedda.
La déléguée a ensuite affirmé que la question des droits humains est une priorité nationale, comme en atteste la mise en place d’une commission d’enquête sur les crimes contre l’humanité, qui est chargée de lutter contre l’impunité. Elle a ajouté que le Soudan coopère avec les mécanismes des droits de l’homme, même s’il déplore leur trop grand nombre. La représentante a également regretté que le Conseil des droits de l’homme ait adopté de manière inopportune une résolution (A/HRC/54/L.18) visant à « faire face à la crise sur le plan humanitaire et sur le plan des droits de l’homme causée par le conflit armé en cours au Soudan », alors que 30% seulement du plan humanitaire de l’ONU a été honoré. En conclusion, elle a estimé que la phase transitoire actuelle au Soudan nécessite le soutien de la communauté internationale.
M. ENIAN LAMCE (Albanie) a condamné fermement l’attaque terroriste et non provoquée du Hamas contre Israël. Il s’est inquiété du nombre croissant de conflits dans le monde, dénonçant en particulier les violations des droits humains commis par la Russie dans sa guerre d’agression contre l’Ukraine. Il a également condamné l’apartheid sexiste pratiqué en Afghanistan, accusant les Taliban de vouloir éliminer les femmes de la vie publique. Dans ce contexte, le représentant a appelé à engager des actions plus rapides en cas de violations massives des droits humains. Il s’est aussi alarmé des violations contre les défenseurs des droits humains et contre les droits des enfants, avant d’appeler à une coopération internationale renforcée pour relever ces défis.
Mme EDNA STEPHANIE WILLIAMS (Ghana) a estimé que les conventions et les organes conventionnels sont indispensables pour préserver les droits humains au niveau international. Il importe donc que les États Membres respectent leurs obligations découlant de ces instruments, a-t-elle souligné. Pour ce qui est de la nature des droits humains, la représentante s’est inquiétée des risques que font peser sur eux les plateformes numériques, insistant pour que tous les États adoptent des mesures adaptées pour renforcer la cybersécurité, et ce, sans délai. La déléguée a jugé à cet égard que les négociations actuelles sur une convention régissant les technologies de l’information et des communications (TIC) est une occasion unique à saisir. Elle a par ailleurs vanté les mérites des mécanismes régionaux qui viennent compléter les efforts nationaux.
Mme WAFIUDDIN (Brunei Darussalam) a salué les initiatives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) visant à mettre l’accent sur la santé mentale, gravement affectée par la pandémie de COVID-19. Elle a rappelé à cet égard que 250 millions de personnes à travers le monde souffrent aujourd’hui d’angoisse et de dépression. La représentante a plaidé en faveur d’une sensibilisation et d’une action accrues en matière de santé mentale, ajoutant que son pays a lancé un plan national 2022-2025 sur cette question. Elle a ajouté que Brunei Darussalam est prêt à partager ce plan au niveau international, non sans rappeler que la Journée mondiale de la santé mentale en tant que droit humain universel a été célébrée la semaine dernière. À cette occasion, a-t-elle précisé, une ligne téléphonique a été mise en place dans le pays pour venir en aide aux personnes souffrant de troubles mentaux et faire en sorte que nul ne soit laissé de côté.
M. ONO SHO (Japon) s’est dit préoccupé par la situation des droits humains dans de nombreuses régions du monde. Il a condamné les récentes attaques terroristes du Hamas et d’autres mouvements palestiniens, et a exigé la libération rapide des otages. Dans le même temps, il s’est déclaré indigné par l’attaque injustifiée menée contre l’hôpital Al Ahli Arab de Gaza, jugeant crucial de minimiser la détérioration des conditions humanitaires dans la bande de Gaza et d’assurer un accès humanitaire dans la région. Il a ajouté que son pays a annoncé l’envoi d’une aide d’urgence de 10 millions de dollars pour Gaza, par l’intermédiaire d’organisations internationales.
Le représentant a ensuite dénoncé l’agression de la Russie contre l’Ukraine, y voyant une tentative inacceptable de modifier le statu quo par le recours à la force. Il a demandé instamment à la Russie de mettre fin immédiatement à ses violations de la Charte des Nations Unies et des droits humains. S’agissant de la situation au Myanmar, il a demandé instamment aux militaires de mettre fin à la violence, de libérer les personnes détenues et de rétablir rapidement la démocratie. Le délégué a par ailleurs appelé les Taliban à lever toutes les restrictions aux droits des femmes et des filles en Afghanistan, indiquant que le Japon a débloqué 3 millions de dollars pour fournir de l’aide aux victimes du récent séisme dans ce pays. Rappelant par ailleurs la publication, voilà plus d’un an, d’un rapport du HCDH sur la situation des Ouïghours dans le Xinjiang, il a appelé les autorités chinoises à respecter les droits humains de cette communauté. Il a aussi enjoint la Chine à garantir les droits humains et les libertés fondamentales au Tibet et à Hong Kong. Enfin, il a demandé à la République populaire démocratique de Corée de permettre le retour des ressortissants japonais enlevés.
M. SONDOU BAKA (Togo) a rappelé que son pays avait adhéré à de nombreux instruments internationaux sur les droits humains et mis en place des institutions nationales pour les promouvoir. Il a évoqué un nouveau mécanisme d’aide à l’accès à l’emploi et la mise en place d’une couverture maladie universelle par une loi de 2021 comme mesures phares pour défendre les droits sociaux et économique du peuple togolais.
Mme MARWA JABOU BESSADOK (Tunisie) a consacré son intervention aux « frères et sœurs de Palestine » ajoutant que la Charte des Nations Unies est à ce titre le document de référence. La déléguée a condamné de la façon la plus énergétique les violations commises par les « forces d’occupation israéliennes », en violation du droit international, humanitaire, et de celui à la vie. Elle a déploré notamment l’attaque de l’hôpital civil à Gaza. Comment parler de droits humains quand de tels agissements se poursuivent en toute impunité? Combien d’enfants palestiniens doivent-ils mourir pour que le monde sorte de son silence? s’est-elle encore indignée. En Troisième Commission, l’on a souvent entendu parler de violations des droits humains dans certains États, aussi, on aurait pu s’attendre à autant d’entrain au sujet du cas palestinien, a-t-elle dit.
M. GOLIBJON GULOV (Tadjikistan) a condamné le bombardement meurtrier d’un hôpital de Gaza, appelant toutes les parties à ce conflit à convenir d’un cessez-le-feu. Il a ensuite assuré que la législation de son pays garantit les droits et les libertés de tous. Selon le délégué, le Gouvernement applique les normes relatives aux droits humains, en partant du principe que la protection de ces droits est du ressort de l’État. Il a ainsi fait état de mesures concrètes en matière de protection des enfants, d’élimination et de prévention de la discrimination à l’égard des femmes et de répression de la torture et autres traitements cruels.
Il a par ailleurs affirmé que le Tadjikistan accorde une grande importance au renforcement de la coopération et s’acquitte de ses obligations à l’égard des mécanismes internationaux. Entre 2010 à 2022, de nombreux rapports ont été présentés et 11 titulaires se sont rendus au Tadjikistan à l’invitation des autorités, s’est-il enorgueilli. Il a enfin signalé l’adoption en août dernier d’une stratégie nationale 2023-2028 pour la protection des droits humains, qui intègre tous les plans nationaux existants.
Au bord des larmes, Mme SAHAR K.H. SALEM, de l’État de Palestine, a dénoncé l’agression brutale contre la population de la bande de Gaza qui, selon elle, a déjà fait plus de 3 000 morts, dont 1 000 enfants. « Ceux qui n’ont pas été tués sont blessés, ceux qui ne sont pas blessés sont déplacés et ceux qui croyaient avoir trouvé un abri sûr à l’hôpital Al Ahli Arab ont été massacrés », a-t-elle scandé, se demandant si Israël est « plus en sécurité maintenant » et si cela peut justifier un soutien inconditionnel à ce pays. La représentante a accusé Israël de recourir à une punition collective illégale comme méthode de guerre, privant Gaza d’approvisionnement en eau, en vivres, en combustible et en aide humanitaire.
Des quartiers résidentiels ont été rasés, des écoles, des installations de l’ONU et des centres de santé ont été bombardés, des équipes de secours et des travailleurs humanitaires ont été tués ou blessés, les hôpitaux sont submergés de patients et les morgues débordent de cadavres qui doivent être enterrés dans des charniers, a-t-elle ajouté. Rappelant qu’Israël a ordonné l’évacuation de 22 hôpitaux, elle a précisé que des nouveau-nés dans des incubateurs ont été affectés par cette mesure, que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a elle-même qualifiée de « condamnation à mort pour les malades et les blessés ».
Après avoir condamné le meurtre à grande échelle de civils, la représentante a dénoncé des attaques indiscriminées qu’elle a qualifiées de barbares et brutales. Elle a appelé à s’opposer à ces crimes, à faire cesser le massacre et à faire respecter le droit international humanitaire. Dénonçant les positions qui absolvent par avance Israël de ces crimes, elle a appelé à un soutien inconditionnel à la justice et non à la vengeance.
M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie), exprimant sa solidarité avec sa collègue palestinienne, a condamné l’« atroce génocide » que subissent les Palestiniennes et Palestiniens à Gaza. La douleur qu’ils ressentent représente la plus grande injustice et la pire violation des droits humains, a-t-il déclaré. Le délégué est ensuite revenu sur l’engagement de son pays en faveur des droits humains, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières de la Bolivie. Le pays accorde une importance particulière aux droits de l’enfance et de l’adolescence, a-t-il indiqué, rappelant que 35% de la population bolivienne a moins de 18 ans. Il a également exprimé sa préoccupation au sujet de l’impact des crises climatiques sur les droits humains, les vexations subies par les personnes d’ascendance africaine, ainsi que les violations des droits des femmes, autochtones notamment. Faisant l’éloge de la contribution de toutes les femmes dans nos sociétés, il a appelé à ce qu’elles soient mises en avant, notamment via l’accès à l’éducation.
Mme RAIVOSO (Mozambique) a jugé crucial, dans le contexte actuel de crises multiples, de réaliser le droit au développement et de garantir la réalisation de tous les autres droits humains. Elle a également appelé de ses vœux la pleine mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) pour ne laisser personne de côté. À ses yeux, l’inégalité entre les sexes reste un obstacle majeur et le droit au développement est lui aussi menacé par l’exclusion sociale et la discrimination persistantes à l’égard des femmes et des filles. Il importe donc, selon la représentante, de s’attaquer aux facteurs sous-jacents qui empêchent ces groupes sociaux de bénéficier du droit au développement et, par conséquent, de la jouissance des droits humains.
Pour ce faire, a expliqué la déléguée, le Gouvernement du Mozambique a élaboré et mis en place différents instruments, notamment une politique sur le genre, un plan d’action national pour la promotion de la femme, une loi sur la violence domestique perpétrée contre les femmes, un mécanisme multisectoriel d’assistance aux femmes victimes de violence et une loi de prévention des mariages précoces. Il prévoit également de faciliter l’accès de tous à des technologies sûres et abordables, sans aucune discrimination, et d’allouer des ressources en vue de la mise en œuvre du droit au développement, a-t-elle précisé. RAS
M. İSMAIL AYDİL (Türkiye) a indiqué que son pays avait élaboré un nouveau plan national de promotion des droits humains pour la période 2024-2028 et avait soumis son deuxième rapport au Comité des droits de l’homme l’année dernière. Condamnant fermement la perte de vies civiles en Israël et en Palestine, le délégué a appelé toutes les parties à la désescalade et à la retenue. Les attaques aveugles contre les civils et les infrastructures civiles à Gaza sont inacceptables en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, a-t-il souligné, appelant à un cessez-le-feu et à une action de la communauté internationale pour acheminer l’aide humanitaire.
Abordant la situation en Ukraine, il s’est inquiété du sort des Tatares de Crimée, en vue de préserver leur identité et leurs droits à la paix et à la sécurité. Il a aussi affirmé que la question des Ouïgours et autres minorités musulmanes du Xinjiang restait importante, avant de se préoccuper des violations des droits humains des Rohingya au Myanmar, ainsi que de ceux des femmes et des filles en Afghanistan. Finalement, il a regretté que des millions de Syriens soient toujours privés de leurs droits humains en raison du conflit qui dure depuis 12 ans. Il a demandé au régime syrien de s’engager dans un dialogue politique de bonne foi conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, et à la communauté internationale de ne pas fermer les yeux sur les violations des droits humains commises par les Unités de protection du peuple et le Parti des travailleurs du Kurdistan (YPG/PKK) en Syrie.
Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance des droits de l’homme de toutes les personnes, indépendamment de leur sexe, orientation sexuelle, race, origine, religion, ou de tout autre statut. La guerre et l’agression restent parmi les plus grandes menaces pour les garanties fondamentales des droits de l’homme et les principes de la Charte des Nations Unies, a estimé la représentante avant de condamner avec la plus grande fermeté les attaques « aveugles » du Hamas contre Israël et de réitérer le droit de ce pays à se défendre. L’Allemagne est horrifiée par l’explosion qui a tué des centaines de civils innocents dans l’hôpital Al Ahli Arab de Gaza, a-t-elle aussi déclaré, rappelant que les civils doivent être protégés dans le plein respect du droit international humanitaire. La représentante a de nouveau condamné la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, ainsi que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qui ont été commis.
Nous pensons que le respect des libertés individuelles ne peut être considéré comme une question interne de souveraineté, car ces libertés relèvent des obligations internationales et leurs effets dépassent les frontières, a affirmé la représentante. L’Allemagne, a-t-elle souligné, accorde la même importance aux droits sociaux, économiques et culturels, et elle s’attaque au niveau national à la pauvreté, au chômage et aux inégalités sociales. Sur le plan international, la représentante a rappelé que son pays soit un contributeur « de premier plan » dans le domaine de la coopération au développement et qu’il est déterminé à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs du Programme 2030. Cette année, l’Allemagne a cofacilité avec l’Espagne la résolution sur le droit à l’eau et à l’assainissement, ainsi que la résolution sur les institutions nationales des droits de l’homme.
La représentante a indiqué que l’Allemagne est parfaitement consciente de sa responsabilité historique et morale liée « aux injustices du passé », lesquelles requièrent la restitution de biens culturels à travers un dialogue constructif avec des pays tels que le Nigéria ou le Bénin. L’Allemagne souligne l’importance de favoriser la collaboration internationale et les pratiques éthiques dans la gestion du patrimoine culturel, en promouvant un engagement commun à préserver la diversité et la richesse de l’héritage mondial. En tant que cofacilitateur pour le processus préparatoire du Sommet de l’avenir, elle a conclu qu’il jouerait un rôle visible essentiel.
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur), réagissant au bombardement d’un hôpital civil à Gaza, a déclaré que les hôpitaux doivent être des sanctuaires de la vie humaine, et non des lieux de destruction. Il a ensuite détaillé les efforts déployés par son pays pour défendre les droits humains, attirant notamment l’attention sur les mesures prises pour promouvoir des migrations sûres, ordonnées et responsables. Il a également appelé à lutter contre les réseaux de traites de personne, assurant que son pays intervient sur toutes les facettes du processus migratoire.
M. ANDY ARON (Indonésie) a exprimé la solidarité de son pays au peuple palestinien. Condamnant la « punition collective » imposée par Israël à la population de la bande de Gaza, il a réclamé l’instauration d’un cessez-le-feu de toute urgence. Le délégué a par ailleurs indiqué que l’Indonésie promeut un dialogue sur les questions des droits humains au niveau régional, notamment dans le cadre de l’ASEAN. Il a ajouté qu’au plan national, son pays est tout aussi déterminé, comme en attestent ses actions pour la protection et la promotion des droits humains de tous ses citoyens.
M. REIN TAMMSAAR (Estonie) a fait part de sa préoccupation concernant la détérioration des droits humains au Soudan, en Iran, en Afghanistan et au Myanmar. Il a par ailleurs condamné l’attaque brutale du Hamas contre Israël et demandé la libération de tous les otages. Selon lui, la solution à cette crise doit être conforme au droit international humanitaire, « c’est impératif ». Évoquant ensuite la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, le représentant a constaté que les Ukrainiens font face à de graves violations du droit international et des droits humains. Parmi les crimes recensés par la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine figurent des viols et des violences contre les enfants, a-t-il dénoncé, rappelant en outre que la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre le Président russe et la Commissaire russe aux droits des enfants pour l’enlèvement de milliers d’enfants ukrainiens.
Relevant que 85% de la populations mondiale vit dans des pays où la liberté d’expression est réduite, le délégué a déploré le fait que des journalistes risquent leur vie dans l’exercice de leur profession. Il a également mis en garde contre les dangers que représentent les nouvelles technologies pour les droits humains, indiquant que son pays prend part à différentes initiatives destinées à protéger ces droits en ligne et hors ligne. Il s’est d’autre part déclaré favorable au traitement égale des LGBTIQ+, avant de condamner la violence basée sur l’identité et l’orientation sexuelles. Il a signalé à ce sujet que son pays a autorisé cette année le mariage entre personnes de même sexe.
Déclarations liminaires des titulaires de mandat au titre d’une procédure spéciale et d’autres experts, suivies par un dialogue interactif
Exposé
Mme FARIDA SHAHEED, Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation, a présenté son rapport consacré cette année aux droits humains des enseignants, à leurs conditions de travail et aux défis liés à leur rôle crucial dans la pleine réalisation du droit à l’éducation. Elle a tout d’abord relevé que les enseignants sont trop souvent sous-évalués et insuffisamment rémunérés, certains vivant même en dessous du seuil de pauvreté. Un rapport de l’UNESCO datant de 2022 révèle que 6 pays sur 10 paient les enseignants du primaire moins que d’autres professions exigeant des niveaux de qualification similaires, a-t-elle indiqué. En outre, alors que des recherches font apparaître que la présence accrue des femmes dans un secteur entraîne une baisse du salaire moyen dans ce secteur, Mme Shaheed a rappelé que celui de l’éducation est majoritairement féminin. La pénurie mondiale d’enseignants qui résulte de cette situation est préoccupante, a commenté la Rapporteuse spéciale, précisant que, selon les estimations de l’UNESCO, il faudrait 68,8 millions d’enseignants supplémentaires pour atteindre l’objectif d’un enseignement primaire et secondaire pour tous d’ici à 2030. En attendant, 48% des personnes interrogées par l’UNESCO ne pensent pas que l’enseignement soit une profession attrayante pour les jeunes, a-t-elle observé. Parmi les nombreuses conséquences de cette pénurie d’enseignants, elle a noté une baisse de la qualité de l’enseignement comme du niveau d’éducation. De plus, au moment où les attentes vis-à-vis des enseignants n’ont jamais été aussi fortes, ces derniers sont souvent mal formés.
Face à ce constat, la Rapporteuse spéciale a rappelé aux États leur obligation d’assurer un enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous. Elle a aussi appelé à des mesures délibérées, concrètes et ciblées en vue de la réalisation progressive d’un enseignement secondaire et supérieur gratuit. Cela signifie notamment qu’il faut assurer un nombre suffisant d’enseignants qualifiés bénéficiant de conditions de travail justes et favorables, a-t-elle expliqué. Même lorsque les ressources sont très limitées, les États devraient allouer une part suffisante du budget national à l’éducation et veiller à ce que l’argent soit utilisé de manière efficace et équitable pour garantir l’éducation pour tous et corriger les inégalités, a plaidé Mme Shaheed.
Elle a d’autre part rappelé que les enseignants -dont la majorité sont des employés du secteur public ou des fonctionnaires- ont un statut juridique général, en tant qu’employés du secteur public, et un statut juridique spécial, qui comprend les droits internationalement reconnus des enseignants comme celui au travail ou à une rémunération adéquate. Elle a ajouté que les obligations des États en la matière demeurent dans les situations d’urgence comme les conflits. En outre, les États ont l’obligation légale de veiller à ce que les actions des prestataires d’éducation non étatiques ne portent pas atteinte au droit à l’éducation, a fait valoir Mme Shaheed, rappelant que les Principes d’Abidjan sur le droit à l’éducation recommandent aux États d’appliquer des normes minimales applicables aux enseignants des établissements d’enseignement privés, telles que les qualifications professionnelles minimales.
Abordant les conclusions de son rapport, la Rapporteuse spéciale a appelé les États à garantir la participation directe, ouverte et significative des enseignants à la prise de décisions et aux réformes de l’éducation par le biais d’un dialogue solide. Elle a aussi défini la formation des enseignants qui est un outil essentiel pour réaliser progressivement tous les aspects du droit à l’éducation, en particulier pour rendre l’éducation plus adaptable, plus inclusive et plus réactive aux défis actuels. Enfin, pour favoriser l’inclusion dans l’éducation, la diversité des enseignants doit refléter la diversité des élèves en termes de sexe, de handicap, de langue, et d’origine, a-t-elle soutenu. À ses yeux, les enseignants sont d’importants agents de changement, non seulement par leur travail, mais aussi par l’exemple qu’ils donnent.
Dialogue interactif
À la suite de cet exposé, plusieurs délégations comme El Salvador, le Portugal, les Maldives et le Kenya ont demandé à la Rapporteuse spéciale comment rendre le métier d’enseignant plus attractif, et ainsi répondre à la grave pénurie mondiale qui affecte cette profession. Plus spécifiquement, le Luxembourg a posé la question dans le contexte aggravant des nombreux conflits actuels, tandis que la Roumanie, revenant sur la guerre en Ukraine, a demandé comment aider et renforcer les enseignants qui sont des réfugiés, comme c’est le cas pour un certain nombre d’entre eux en Roumanie. Le Cameroun, se lamentant de la pauvreté des enseignants dans de nombreux pays, a demandé ce que peuvent faire les institutions financières internationales pour améliorer leurs conditions d’exercice et de vie.
Les États-Unis, pour leur part, ont encouragé les États Membres à fournir une éducation de qualité à tous les jeunes, quels que soient leur genre, leur orientation sexuelle ou leur handicap, avant de demander à la Rapporteuse spéciale quelle est la principale barrière éducationnelle à laquelle se heurtent ces jeunes. Dans le même ordre d’idées, l’Italie a souhaité savoir comment concilier les aspirations transformatrices des jeunes et le rôle essentiel des enseignements, afin de parvenir à des sociétés inclusives. L’Union européenne, quant à elle, s’est enquise des mesures à prendre pour mieux former les enseignants aux problématiques de droits humains.
Le Maroc s’est interrogé sur l’usage de la technologie dans l’éducation et particulièrement les bonnes pratiques qui permettent de lutter contre la désinformation en ligne. L’Égypte, à l’instar de la République dominicaine, a demandé comment améliorer la coopération internationale, notamment pour partager les bonnes pratiques, avant d’insister sur les nécessaires investissements dans l’enseignement scientifique. Cuba a critiqué vertement le blocus que lui imposent les États-Unis, demandant à la Rapporteuse spéciale ce qu’elle pense de l’impact de ces mesures coercitives unilatérales sur l’éducation. Les Maldives ont simplement vanté les progrès enregistrés au niveau national dans le domaine de l’éducation.
L’Indonésie, qui a dit s’atteler au renforcement des capacités numériques des enseignants, a demandé ce que doit faire la communauté internationale pour soutenir les systèmes éducatifs des États, et ce, dans toutes leurs spécificités nationales. Le Bangladesh s’est plutôt alarmé de la fracture numérique entre pays du Sud et du Nord, s’interrogeant sur les moyens de combler ce fossé. De son côté, la Fédération de Russie a déploré une campagne russophobe contre les enfants russophones dans les pays occidentaux, notamment dans les pays baltes où ils se verraient refuser des services éducatifs. Elle a également reproché à l’Ukraine d’avoir adopté une loi prévoyant l’enseignement dans la seule langue ukrainienne.
Après la Chine, qui a demandé comment éliminer les inégalités dans l’éducation, la République arabe syrienne a affirmé qu’un enseignant syrien ne gagne guère plus que 20 dollars par mois, avant d’incriminer l’influence d’acteurs étrangers sur l’économie du pays, États-Unis en tête. Israël a ensuite accusé l’UNRWA de recruter des enseignants qui incitent à la haine contre Israël et glorifient le terrorisme. Comment peut-on lutter contre ce phénomène? s’est interrogée la délégation.
L’Ukraine a déploré les conséquences de la guerre d’agression russe sur l’éducation, 75% des écoliers ukrainiens souffrant de stress, tandis que des milliers d’enseignants quittent le territoire, sans parler de la situation dans les territoires occupés par la Russie. Le Mali a, quant à lui, appelé la communauté internationale à davantage investir dans l’éducation, notamment dans les pays en développement ou en crise. Enfin, l’Organisation internationale de la jeunesse des pays ibéro-américains (OIJ) a appelé à la promotion des compétences numériques chez les jeunes, avant d’interroger la Rapporteuse spéciale sur les façons de renforcer les compétences numériques des enseignants.
En réponse à ces questions et remarques, la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation a appelé les États à faire en sorte que les enseignants soient bien rémunérés, afin de rendre la profession plus attrayante et remédier à la pénurie de professeurs. Concernant les conditions d’apprentissage, elle a jugé nécessaire de fournir aux enseignants l’appui dont ils ont besoin pour faire face aux multiples défis. Les enseignants ne sont pas tous capables de faire face à des situations telles que la pandémie ou les conflits, a-t-elle relevé. De même, il est, selon elle, essentiel que les jeunes participent à un dialogue avec les enseignants pour faciliter l’adaptation de ces derniers. Souvent les jeunes sont invités aux discussions mais ne se sentent pas écoutés, a déploré Mme Shaheed. Ils ne sont pas satisfaits de l’enseignement qu’ils reçoivent et ont le sentiment que l’éducation ne les préparent pas aux défis actuels, a-t-elle poursuivi, saluant à ce sujet le travail du réseau « Éducation en crise », qui s’évertue à gérer les traumatismes des élèves et des enseignants.
S’agissant des moyens numériques, la Rapporteuse spéciale a estimé qu’ils sont un outil mais pas une panacée. Elle a appelé les enseignants et les élèves à la vigilance, rappelant que les technologies peuvent être utilisées pour exploiter les données et violer le droit à la vie privée des enfants. Leur usage peut en outre accroître les inégalités entre les zones qui ont accès à la technologie et les autres qui n’en ont pas, a-t-elle ajouté. À cet égard, elle a estimé que l’éducation doit être disponible, accessible, acceptable et adaptable, mais aussi responsable.
Sur le plan financier, Mme Shaheed a regretté que les hausses budgétaires ne soient pas suffisantes pour assurer une rémunération adéquate aux enseignants et une éducation de qualité aux enfants. Pour les enseignants qui exercent en situation de conflit, ce sont les matériels éducatifs qui manquent pour promouvoir la paix et les droits humains, a-t-elle déploré. Elle a enfin fait valoir que le droit à l’éducation ne s’arrête pas à l’université: « il commence au début de la vie et s’arrête à la fin de la vie ».
Exposé
Mme ALEXANDRA XANTHAKI, Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels, a présenté son rapport axé sur le développement durable et les droits culturels. Elle a souligné qu’il ne peut y avoir de véritable développement sans droits culturels, c’est-à-dire sans permettre aux individus et aux groupes de développer leurs modes de vie. Et bien que des progrès aient été réalisés dans la reconnaissance de ces droits, les politiques de développement durable omettent souvent cette dimension, a-t-elle regretté. Citant la nécessaire créativité pour lutter contre les changements climatiques, ou encore l’éducation contre la haine d’autrui, elle a fait valoir que la culture se trouvait au cœur du développement durable -pas seulement « un outil » mais « une dimension intrinsèque » de celui-ci.
Le rapport ayant mis en lumière les efforts disparates des organisations internationales en la matière, elle a exhorté ces organisations à évaluer l’impact de leurs politiques sur les droits culturels des populations locales. « Elles doivent protéger le patrimoine culturel de tous les peuples, et demander aux peuples eux-mêmes quelles sont les pratiques qui constituent leur patrimoine culturel », a-t-elle insisté. Elle a regretté par exemple que certaines organisations comme l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ne conçoivent pas leurs politiques en fonction des droits culturels.
Appelant à adopter une approche globale plutôt que fragmentaire, elle s’est réjouie de travailler avec les comités de suivi de toutes les organisations internationales pour déterminer comment leurs documents peuvent être interprétés de manière à respecter les droits culturels. La Rapporteuse a finalement critiqué la prédominance de la dimension économique dans la gouvernance internationale, et s’est dite « sincèrement surprise » que le récent Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) n’ait pas abordé la question de la culture, alors que les réunions préalables en avaient souligné l’importance.
Dialogue interactif
Comment pouvons-nous évitez le sentiment de supériorité culturelle dont se rendent coupables certains pays sur la scène internationale, a demandé l’Érythrée.
Le Cameroun a demandé à la Rapporteuse spéciale d’évaluer les efforts déployés par la Troisième Commission et le Conseil des droits de l’homme pour promouvoir les droits culturels avant de réclamer des informations complémentaires sur le lien entre le droit au développement et les droits culturels. De manière connexe, le Mali a demandé à la Rapporteuse spéciale quel fil conducteur elle envisageait de déployer pour mettre en œuvre ce droit. Dans le même ordre d’idées, la Malaise a souhaité obtenir des exemples de bonnes pratiques, de même que l’Union européenne qui s’est également préoccupée de promotion des droits culturels dans le contexte de programmes de développement
Comment renforcer la coopération et la promotion des expressions culturelles des jeunes dans le cadre des ODD, s’est enquise l’Organisation internationale de la jeunesse des pays ibéro-américains, suivie de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) qui a fait part de sa volonté d’améliorer le suivi sur la « convention relative aux droits culturels ».
Après Cuba, qui a invité la Rapporteuse spéciale à étudier l’impact des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits culturels, l’Ukraine a voulu connaître la meilleure manière de préserver l’héritage culturel, dénonçant le « génocide culturel » perpétré par la Fédération de Russie, marqué par l’endommagement de 191 sites depuis 2022. De son côté, la Fédération de Russie a dénoncé la campagne lancée par « l’Occident » visant à supprimer la culture russe en procédant à une interdiction totale des médias et de la littérature russes.
Les États-Unis ont souhaité savoir comment appuyer les individus dont la culture a été attaquée, l’Inde a appelé à ne pas politiser la question du développement, et la Chine a dénoncé la mésinformation dont elle est la cible, exhortant à cesser de « souffler sur les braises de la confrontation ».
Répondant aux remarques des délégations, la Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels, a relevé que les États, pris individuellement, comprennent de plus en plus l’importance des droits culturels pour les politiques de développement. Lors des discussions multilatérales en revanche, dès qu’on aborde le développement durable, on semble oublier les droits culturels, a-t-elle déploré. Elle a appelé à cesser de compartimenter les droits, notant que les obligations des États sont toutes interconnectées, y compris au niveau budgétaire. La Rapporteuse spéciale a aussi appelé à plus de coopération entre les entités de l’ONU et au-delà, insistant sur la contribution de l’UNESCO à la protection des droits culturels.
Face à polarisation, elle a appelé à mener un dialogue authentique, mettant en garde contre toute forme de déshumanisation. Elle a également vanté les mérites des indicateurs en termes d’impacts sur les droits humains. Nous souffrons d’un manque de discussion sur les indicateurs, et même si l’on estime les droits culturels importants, ils sont finalement souvent laissés de côté, les États donnant la priorité aux ODD, a-t-elle déploré. Après avoir rappelé l’importance de la préservation des modes de vie des peuples autochtones, elle a jugé « étonnant » que davantage de pression ne soit pas exercée sur la Banque mondiale afin qu’elle mène des évaluations sur les droits humains avant ou après ses projets. Et quand bien même des évaluations sont faites, aucune pression n’est ensuite exercée sur les États pour qu’ils changent leurs politiques, a-t-elle déploré.
Exposé
Mme MULUKA-ANNE MITI-DRUMMOND, Experte indépendante sur l’exercice des droits de l’homme par les personnes atteintes d’albinisme, s’est penchée sur l’impact des changements climatiques sur les personnes atteintes d’albinisme. Elle a rappelé que l’absence de pigment mélanique, caractéristique de l’albinisme, entraîne des déficiences visuelles et une vulnérabilité extrême à l’exposition au soleil. Les personnes atteintes d’albinisme présentent, entre autres, un risque plus élevé de développer un cancer de la peau, et ce risque est tel qu’en Afrique, 98% des personnes atteintes d’albinisme décéderaient avant l’âge de 40 ans, s’est-elle alarmée. Elle a déploré que la crème solaire demeure considérée à tort comme un produit cosmétique superflu alors que c’est un outil efficace de prévention des cancers de la peau. Elle a également relevé que, bien souvent, les personnes atteintes d’albinisme sont dans l’incapacité financière de se protéger convenablement.
L’Experte indépendante a également expliqué que, dans les situations de catastrophes climatiques ou de phénomènes météorologiques, la déficience visuelle empêche les personnes atteintes d’albinisme de se déplacer en sécurité à la recherche d’un abri. De plus, la pénurie de nourriture causée par les changements climatiques touche particulièrement les enfants atteints d’albinisme.
La perte de moyens de subsistance est une autre conséquence des changements climatiques, et au cours de la migration environnementale, les personnes atteintes d’albinisme, poussées hors de leur communauté, font face à l’absence de protection. Par ailleurs, certaines croyances et pratiques leur imputant les conséquences des changements climatiques mettent directement en péril leur intégrité physique et leur vie. Relevant que les personnes atteintes d’albinisme sont souvent oubliées et exclues de la communauté des personnes handicapées, l’Experte indépendante a appelé à favoriser leur intégration dans la planification, la gestion et la réponse aux catastrophes dans leurs communautés et au niveau national.
Passant ensuite en revue les bonnes pratiques, elle a mentionné la fourniture gratuite des produits de protection solaire et de vêtements de protection, ainsi que les examens de santé pour les personnes atteintes d’albinisme par certains pays. Des organisations de la société civile s’efforcent également de produire localement des crèmes solaires afin d’en faciliter l’accès aux personnes atteintes d’albinisme. Elle a aussi fait part de son travail plaidoyer auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) visant à inclure la crème solaire dans sa liste de médicaments essentiels.
Dialogue interactif
À la suite de cette présentation, l’Union européenne, détaillant son engagement contre toutes les formes de discrimination, a demandé comment les États Membres peuvent mieux sensibiliser sur les besoins des personnes souffrant d’albinisme, notamment dans le contexte des changements climatiques. La République-Unie de Tanzanie s’est, elle, engagée à poursuivre ses efforts dans ce domaine, tout en se réjouissant des progrès réalisés au plan national; un sentiment également exprimé par la Chine.
La République arabe syrienne a jugé que le rapport de Mme Miti-Drummond est « un des plus pénibles », étant donné la souffrance endurée par les personnes atteintes d’albinisme, particulièrement en Afrique. Citant le chapitre évoquant certaines pratiques traditionnelles qui mènent à la traite des personnes ou la vente de leurs organes, la délégation a appelé à s’attaquer à ces « cultures réactionnaires ». Comment doit-on procéder sur ce point? a-t-elle demandé à l’Experte indépendante, avant de s’élever contre les critiques adressées par le rapport au Gouvernement de la République-Unie de Tanzanie. Ce pays fait pourtant beaucoup en faveur des personnes souffrant d’albinisme, a-t-elle relevé. Pourquoi ne pas plutôt favoriser la coopération?
Répondant aux délégations, l’Experte indépendante sur l’exercice des droits de l’homme par les personnes atteintes d’albinisme a appelé à inclure les personnes atteintes d’albinisme dans les discussions qui les concernent, notamment dans le contexte des changements climatiques. Elles ne sont pas les seules à souffrir de ce problème mais elles en souffrent plus en raison de leur exclusion, a-t-elle fait observer. Nous ne pouvons pas comprendre leurs besoins si nous ne les écoutons pas, a ajouté Mme Miti-Drummond, jugeant que l’inclusion doit impérativement faire partie de la réponse, au même titre que les stratégies de longue durée, notamment dans les pays insulaires où les incidences de l’albinisme sont les plus importantes. Il faut aussi penser à la question de l’albinisme en assurant des logements pour les personnes relocalisées, a-t-elle préconisé. À cet égard, elle a averti que les cancers de la peau risquent de se développer si l’on continue d’abattre des arbres dans les lieux où ces personnes sont réinstallées.
Il faut aussi leur fournir des équipements de protection, a poursuivi l’Experte indépendante, soulignant l’importance de l’accès des personnes atteintes d’albinisme aux crèmes solaires. Si ces produits sont encore inaccessibles dans certains pays, il est urgent que cela cesse et qu’ils soient disponibles gratuitement, comme c’est le cas par exemple au Panama, a-t-elle plaidé. Quant aux moyens de mettre fin aux attaques que subissent ces personnes, Mme Miti-Drummond a estimé qu’il existe de bonnes pratiques dans le plan de l’Union africaine, notamment en matière de justice et de sensibilisation. Les campagnes d’informations sont cruciales pour « tordre le cou aux mythes », a-t-elle affirmé, avant de saluer les efforts entrepris dans ce sens par le Malawi et la République-Unie de Tanzanie. Enfin, elle a appelé à prendre en compte la question du handicap à travers le plaidoyer.
Suite et fin de la discussion générale
M. BRANISLAV RADOVIĆ (Serbie) s’est félicité que son pays soit le premier État Membre de l’ONU à avoir adopté dans sa législation le principe de « ne laisser personne de côté ». Notant que la Serbie soumet régulièrement à l’ONU, via le processus de l’Examen périodique universel (EPU), des rapports sur la mise en œuvre des normes internationales en matière de droits humains, le délégué a précisé que le cadre juridique national en la matière a récemment été renforcé par l’adhésion au Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Le représentant a ensuite indiqué que la Serbie est le pays avec le plus grand nombre de personnes –plus de 210 000- en déplacement interne prolongé en Europe. Il a évoqué, à cet égard, les défis rencontrés par les populations non albaniennes dans les provinces du Kosovo et de Metohija. Il a en outre signalé l’établissement de nouveaux mécanismes institutionnels, notamment sur les questions de coopération avec la société civile, d’égalité des genres ou d’inclusion des Roms. Enfin, il a souligné l’attention particulière accordée par la Serbie aux droits des minorités et a insisté sur son engagement actif dans la gestion des crises de réfugiés et de migrants, vantant les « très bonnes pratiques » mises en place par son pays étant donné sa situation géographique « unique ».
Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a condamné le bombardement de l’hôpital Al Ahli Arab à Gaza par les Forces de défense israéliennes, en appelant à la protection des civils. Soulignant l’urgence d’une action internationale, la représentante a rappelé que le Maroc préside le Comité d’Al-Qods, qui travaille à mettre fin aux hostilités, à faire respecter le droit international humanitaire et à éviter que la région ne sombre dans une nouvelle escalade
La déléguée a ensuite mis en avant l’engagement du Maroc pour harmoniser sa législation nationale avec les conventions internationales relatives aux droits humains, et souligné « le choix irréversible » du pays de construire un État de droit démocratique. Entre 2020 et 2023, a-t-elle noté, le Maroc a soumis aux comités internationaux trois rapports sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, avant d’en faire une priorité pour le Royaume qui a pour projet de réviser le Code de la famille.
M. BILLEL HASSANI (Algérie) a appelé à la promotion, mais aussi à la non-sélectivité des droits humains qui, a-t-il insisté, ne sauraient exclure les Palestiniens. Il a condamné le siège de Gaza, et a appelé à mettre fin à l’agression contre la population gazaouie, et à établir un couloir humanitaire. Il a également appelé de ses vœux l’établissement d’un État palestinien dans les frontières de 1967, avant de faire part de sa confiance dans le travail du Conseil des droits de l’homme.
M. GARIKAI MANYANGA (Zimbabwe) a constaté qu’aucun pays n’est encore parvenu à atteindre l’idéal du plein respect des droits et des libertés de ses citoyens. Alors que chaque pays a un niveau d’avancement différent en la matière, la solidarité et l’unité sont de mise pour encourager ceux qui sont les plus en retard et pour les aider à combler leurs lacunes, a plaidé le représentant, appelant toutefois à ne pas sacrifier la promotion et la protection des droits humains sur l’autel de l’opportunisme politique. « Ceux qui se rendent coupables de tels méfaits sont aussi responsables que ceux qui sont accusés de violation des droits humains », a estimé le représentant. C’est pourquoi, a-t-il dit, le Zimbabwe défend les principes fondamentaux du travail des organes conventionnels, à savoir l’universalité, l’impartialité, la non-sélectivité et la non-politisation, dans la promotion et la sauvegarde des droits humains.
Pour le délégué, la promotion et la protection des droits humains ne sont pas « l’apanage de quelques privilégiés ». En cas de divergences dans le respect des droits humains fondamentaux, le dialogue doit avoir la priorité, a-t-il préconisé, réitérant l’opposition du Zimbabwe aux mécanismes spécifiques à certains pays, qui n’ont jamais produit de résultats tangibles et sont des sources de division. Il a en revanche réaffirmé l’attachement de son pays au Mécanisme africain d’évaluation par les pairs et à l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme.
M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a déclaré que les droits fondamentaux du peuple du Myanmar sont violés de manière généralisée et systématique par la junte militaire illégale, dénonçant la mort de 4 100 civils depuis le coup d’État ainsi que l’exécution arbitraire de militants. Bien que le Myanmar soit partie à plusieurs conventions internationales relatives aux droits de l’homme, il n’existe actuellement aucun état de droit ni aucune garantie juridique pour garantir à la population la jouissance de ces droits. Il a également alerté sur les graves crimes internationaux commis dans son pays, en particulier des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, condamnant les frappes aériennes aveugles contre la population civile, ainsi que des massacres brutaux et les incendies à large échelle de domiciles civils.
Le représentant a prévenu que le rapatriement des Rohingya qui se trouvent au Bangladesh ne se fera jamais de manière durable sous le régime militaire inhumain actuel. À cet égard, il a appelé tous les États Membres, en particulier les membres du Conseil de sécurité, à prendre des mesures décisives pour contribuer à mettre fin à la junte militaire illégale et établir une union fédérale démocratique dotée d’institutions efficaces, inclusives et responsables.
Mme AL JARAD (Oman) a déclaré que son pays fait la promotion des droits humains dans tous les secteurs de la société, ainsi qu’à l’international. Elle s’est inquiétée de l’évolution de la situation en Palestine, condamnant sept décennies d’occupation, ainsi que la violation des droits les plus élémentaires du peuple palestinien. Elle a appelé la communauté internationale à se mobiliser et y mettre un terme.
Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que le moment est opportun pour réfléchir au fondement des droits humains et à leur respect dans le monde contemporain. À cet égard, il a mis l’accent sur la dignité, comme fondement de l’égalité fondamentale. Le respect de la dignité ne peut exister sans la garantie des libertés fondamentales, a fait valoir l’Observateur, soulignant que le véritable signe de protection des droits humains se mesure à la capacité de jouissance de la liberté de religion ou de conviction. Face aux violations en tous genres, à l’absence de liberté religieuse, aux guerres et aux violences, il a appelé à veiller au respect des droits humains universels, partout et à chaque étape de la vie.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, l’Ouganda a réagi aux déclarations des États-Unis et de l’Australie concernant sa loi antihomosexualité. Il a souhaité que l’exercice des droits individuels n’empiètent pas sur celui des droits collectifs. À cet égard, la délégation a dénoncé une campagne visant à promouvoir l’homosexualité auprès de la jeunesse, en particulier dans les écoles, estimant que le contenu est trop cru pour être expliqué. Cette campagne nuit à la protection des droits des enfants et aura une conséquence sur leur vie, c’est une question de préoccupation publique, a-t-elle fait valoir. Selon elle, le christianisme et l’islam jouent un rôle important pour définir le débat sur la vie politique et sociale en Ouganda. Le débat et la loi sur l’homosexualité n’impliquent pas de discrimination, a-t-elle encore assuré, ajoutant que l’Ouganda ne permet pas le militantisme ou la promotion de ce que font les personnes dans le cadre privé, qu’il s’agisse d’hétérosexuels ou d’homosexuels.
La Chine a, quant à elle, souhaité répondre aux pays occidentaux qui « abusent de la Troisième Commission » pour lancer des accusations infondées. Les mensonges concernant le Xinjiang ne trompent personne, a-t-elle lancé, assurant que cette région chinoise connaît la stabilité et l’harmonie religieuse. Le soi-disant rapport sur le Xinjiang a été rejeté par le Conseil des droits de l’homme et « renvoyé aux poubelles de l’histoire », a affirmé la délégation. Attaquer la Chine sous le prétexte des droits humains ne saurait faire oublier votre passif, a-t-elle poursuivi, rappelant que le racisme a prospéré au Royaume-Uni ces dernières années et que les États-Unis se sont rendus coupables d’un génocide à l’encontre des Amérindiens. Elle a également dénoncé le « deux poids, deux mesures » des pays occidentaux concernant la question palestinienne, qui a provoqué la rage de certains pays musulmans. « Votre hypocrisie est le principal obstacle aux droits de l’homme à l’international », a-t-elle conclu.
La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a fustigé les affirmations infondées de la « Corée du Sud » les jugeant politiquement motivées. Les rapatriements forcés évoqués relèvent de la seule désinformation, et il est absurde que cette « dictature fasciste et corrompue » parle de droits humains, a fustigé la délégation, affirmant que ce pays connaît le taux de suicide le plus élevé au monde. La Corée du Sud ne doit pas oublier que si ses forces continuent ses actes hostiles envers la RPDC, le résultat sera terrible, a-t-elle averti. La délégation a ensuite affirmé que la question des enlèvements a déjà été réglée, avant d’appeler le Japon à présenter des excuses et des indemnités pour ses crimes du passé.
La République islamique d’Iran a déclaré que les États-Unis sont du mauvais côté de l’histoire, condamnant entre autres l’existence de la prison de Guantanamo et l’imposition de mesures coercitives unilatérales. La délégation a également fustigé les fausses allégations de l’UE. Ces États ne peuvent se débarrasser du « racisme historique qui coule dans leurs veines », et la France est bien connue pour son taux élevé de violences sexuelles et domestiques, a-t-elle incriminé, avant de souligner que l’Iran veille à la promotion des droits des femmes et des filles.
L’Ukraine a accusé la Russie de procéder au nettoyage culturel des territoires ukrainiens occupés, où les populations autochtones ont dû, après l’invasion, cacher tout ce qui avait trait à leur identité, sous peine d’être persécutées, emprisonnées ou tuées. Mais l’Ukraine continue et continuera d’exister en tant que « démocratie où les personnes ont le droit de choisir leur langue et leur culture », a-t-elle affirmé, avant de pointer la « culture de la mort » qui règne en Russie.
Répondant aux États-Unis, la Fédération de Russie a regretté que ces derniers utilisent la Troisième Commission à des visées politiques, propageant des mensonges sur des pays souverains dans le but de les isoler. Le délégué russe a évoqué les deux dernières réunions du Conseil de sécurité durant lesquelles les États-Unis et certains de leurs alliés se sont opposés à deux résolutions appelant à un cessez-le-feu. La responsabilité pour les morts à Gaza incombe aussi en partie à ces pays, a estimé le représentant. À la lumière de ces événements, tous leurs discours sur les droits humains sonnent creux.
À son tour, Israël a déclaré que le Hamas est l’incarnation du mal. À la déléguée palestinienne qui avait exprimé sa peur sur le sort des Palestiniens à Gaza, la délégation a répondu « nous aussi ». C’est pourquoi, Israël a averti les Palestiniens de quitter le nord de Gaza, car la seule et unique cible est l’organisation terroriste Hamas, a-t-il insisté, avant d’inviter les Palestiniens à condamner le Hamas, notant que ce sont eux qui ont le plus souffert des actions haineuses de cette organisation terroriste.
La République de Corée et le Japon ont également exercé leur droit de réponse. Un deuxième droit de réponse a ensuite été exercé par la République de Corée, la République populaire démocratique de Corée, le Japon et la Chine. Ces interventions n’ont pas pu être couvertes en raison de l’interruption des services d’interprétation.