Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix donne le coup d’envoi des travaux de sa session de fond de 2023
Ce matin, après avoir élu son bureau, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) a entamé le débat général de sa session de fond 2023, alors qu’il n’était pas parvenu l’an dernier à adopter son rapport, un point sur lequel de nombreuses délégations sont revenues, en espérant que cela ne créerait pas de précédent.
Si la Fédération de Russie a appelé à ne pas politiser les travaux du Comité des 34, les pays du Groupe ABUM (Argentine, Brésil, Uruguay, Mexique) ont estimé que l’échec de la session 2022 doit permettre de renforcer le sens des responsabilités et l’engagement des membres du Comité vis-à-vis du personnel déployé dans les théâtres de conflit et les conduire à une issue positive cette fois-ci.
Pour sa part, l’Union européenne s’est engagée à œuvrer à un consensus pour un rapport de nature à soutenir l’adaptation du maintien de la paix à l’évolution des défis sur le terrain. Elle a annoncé vouloir mettre l’accent sur des questions transversales telles que la revitalisation des processus politiques, des partenariats efficaces sur le plan sécuritaire, les droits humains, la prévention des conflits, la numérisation, la participation des femmes et la parité dans le contexte du maintien de la paix, de la médiation et de la consolidation de la paix.
Encore sous le choc de l’attaque tragique qui a coûté la vie à trois soldats de la paix de l’ONU au Mali il y a quelques jours, les membres du Comité ont honoré la mémoire de tous les Casques bleus tués dans l’exercice de leurs fonctions. Rien qu’en 2022, 32 ont perdu la vie, a rappelé le Liban. Face aux attaques de plus en plus violentes et aux campagnes de désinformation visant les personnels en uniforme sous bannière onusienne, le Mouvement des pays non alignés a appelé à une action renforcée afin de mettre un terme à l’impunité des crimes contre le personnel en uniforme.
En effet, « pas un mois ne s’écoule sans que l’un d’eux soit attaqué », a regretté le Président de l’Assemblée générale, M. Kőrösi. Les appels se sont multipliés pour doter les missions de moyens techniques de pointe afin de pouvoir mieux appréhender les environnements dans lesquels elles opèrent, mais également améliorer la communication stratégique et de proximité dans le but de regagner la confiance des populations locales qui est souvent minée par la désinformation.
Cette année, les membres du Comité des 34 sont aussi appelés à tirer parti du soixante-quinzième anniversaire du maintien de la paix des Nations Unies pour réfléchir à des questions comme l’investissement dans la formation pré-déploiement, le renforcement des capacités, y compris en s’appuyant sur les nouvelles technologies, l’amélioration des performances, la sécurité et le bien-être du personnel en uniforme ou encore les obstacles à la promotion des femmes dans les processus de paix.
Les délégations africaines sont revenues sur le cadre conjoint ONU-Union africaine (UA), signé en avril 2017 par le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’UA, pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité. Ce partenariat reconnaît le rôle important joué par l’UA dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent, ont-elles souligné, en insistant sur l’urgence pour l’ONU de financer au cas par cas les opérations de paix de l’UA autorisées par le Conseil de sécurité.
Par ailleurs, le Togo a réaffirmé la nécessité de réduire l’empreinte environnementale des opérations de paix. Dans la même veine, les Émirats arabes unis ont espéré voir les énergies renouvelables utilisées par les opérations de paix à hauteur de 80% d’ici à 2030, un objectif qui fera prochainement l’objet d’un communiqué conjoint avec la Norvège.
En début de séance, M. Muhammad-Bande, du Nigéria, a été réélu par acclamation à la présidence du Comité spécial tout comme le Bureau composé de MM. Fabián Oddone, de l’Argentine; Richard Arbeiter, du Canada; Yukiya Hamamoto, du Japon, et Mateusz Sakowicz, de la Pologne, aux postes de vice-présidents, et M. Wael Eldahshan, de l’Égypte, au poste de rapporteur.
Comme par le passé, un groupe de travail plénier présidé par M. Arbeiter a été créé pour examiner la teneur du mandat confié au Comité spécial. Il devra lui soumettre, pour examen, les recommandations à inclure dans le rapport du Comité à l’Assemblée générale.
Le Comité a également adopté l’ordre du jour provisoire de la session et son projet de programme.
Le jeudi 23 février au matin, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Lacroix, le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, M. Khare, et la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, Mme Martha Helena Lopez, feront au Comité des exposés sur des questions de fond et participeront à un dialogue interactif avec les délégations. Ensuite, le vendredi 24, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Mme Pobee, fera un exposé sur l’évolution des opérations de paix.
OUVERTURE DE LA SESSION
M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a d’abord honoré la mémoire des Casques bleus morts dans l’exercice de leurs fonctions. Les nations représentées au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix mobilisent leurs ressources les plus précieuses, leurs êtres humains, qui sont déployés dans des théâtres de conflits partout dans le monde, a-t-il déclaré. Le maintien de la paix vise à transformer les sociétés, et les Casques bleus deviennent des cibles pour cela. Pas un mois s’écoule sans que l’un d’eux soit attaqué, a-t-il déploré.
M. Kőrösi a appelé à tirer parti de cette date anniversaire pour faire le point, et à ne pas hésiter à poser les questions les plus épineuses. Celles-ci ont trait, selon lui, à l’investissement dans la formation pré-déploiement, au renforcement des capacités, à l’amélioration des performances, aux obstacles à la promotion des femmes ainsi qu’à la préparation de l’avenir. Voilà les questions déterminantes auxquelles doit s’attaquer aujourd’hui le Comité des 34, selon le Président.
M. Kőrösi a aussi souligné l’importance du nouveau programme pour la paix, un Comité spécial dont la tâche consiste à procéder à un examen complet du maintien de la paix, ce qui n’est pas chose aisée, a-t-il déclaré. Il a appelé les délégations présentes à faire taire les divergences et à dégager un consensus. Près de 80 000 personnes servent la paix dans 121 pays; il a appelé à tirer de la fierté de ces chiffres, avant de conclure en paraphrasant Dag Hammarskjöld, qui avait présidé la création de la première force de maintien de la paix de l’ONU: « la quête de paix ne pourra jamais être abandonnée. »
Dans ses remarques d’ouverture, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et du Département des opérations de paix (DPPA-DPO), Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, a pris la parole au nom de M. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint pour les opérations de paix. Ce dernier, a-t-elle dit, viendra jeudi, aux côtés du Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, M. Atul Khare, et de la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, Mme Martha Helena Lopez, pour informer les délégations des efforts entrepris par le Secrétariat de l’ONU pour promouvoir les initiatives Action pour le maintien de la paix et Action pour le maintien de la paix Plus. À cette occasion, ils mettront en évidence les domaines dans lesquels leurs départements respectifs souhaiteraient un soutien supplémentaire. Ces hauts responsables saluent le leadership continu du Comité spécial et l’engagement soutenu de ses membres, a assuré Mme Pobee, et attendent de ce comité spécial qu’il fournisse le type d’orientations qui renforcent leur capacité à s’acquitter de leurs mandats. La Secrétaire générale adjointe a espéré qu’au cours des négociations à venir, les membres du Comité sauront garder le même esprit de collaboration, de compromis et de consensus qui a fait le succès de ce comité spécial dans le passé, en soulignant que le maintien de la paix fédère les pays dans un effort collectif pour renforcer la paix et la sécurité internationales.
DÉBAT GÉNÉRAL
Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. OMAR KADIRI (Maroc), qui a rappelé que le Groupe représente près de 90% des Casques bleus déployés, a mis en exergue l’environnement opérationnel particulièrement difficile, avec des attaques de plus en plus violentes et des campagnes de désinformation visant les Casques bleus. Le représentant a appelé à une action renforcée afin de mettre un terme à l’impunité des crimes contre le personnel en uniforme. Le Secrétariat et les pays hôtes doivent coopérer étroitement afin que les enquêtes puissent aboutir rapidement et que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice. Par ailleurs, l’ensemble des acteurs doivent fournir les capacités nécessaires aux opérations de maintien de la paix, a affirmé le délégué. Il a dénoncé le fait que les besoins médicaux des Casques bleus ne sont toujours pas couverts et que l’évacuation médicale ne se fasse pas toujours dans les délais prévus. Il a constaté des dysfonctionnements en matière de logement et de ressources allouées, avec un impact négatif sur la sécurité des Casques bleus et aussi sur la performance globale des missions.
Les États Membres doivent honorer leurs engagements financiers dans les délais prévus, a poursuivi le représentant, pour qui le Secrétariat doit sans plus attendre procéder au remboursement en suspens aux pays fournisseurs de contingents. Par ailleurs, l’évaluation de la performance doit prendre en compte les questions des ressources financières et humaines alignées sur le mandat ainsi que d’autres éléments, comme le cadre pour la performance des opérations de maintien de la paix. Le Conseil de sécurité doit confier des mandats clairs, ciblés, séquencés, réalistes et réalisables en concertation avec les États hôtes et les pays fournisseurs de contingents et de forces de police. Pour le représentant, les mandats doivent bénéficier d’un soutien politique ainsi que de ressources humaines financières et logistiques optimales.
Dans les contextes de transition, un appui particulier doit être apporté aux autorités locales et nationales, a suggéré le délégué. Il a appelé à une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, y compris avant le renouvellement des mandats. Les missions doivent en outre appliquer la stratégie environnementale applicable aux missions de terrain, a-t-il ajouté. Il a aussi souligné la nécessité de respecter le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies pour tout ce qui a trait aux accords régionaux. Les Casques bleus doivent respecter les normes de comportement les plus strictes et en aucun cas être impliqués dans des actes de nature à mettre en danger la confiance des populations en eux. La lutte contre les exploitations et abus sexuels est une responsabilité collective, a rappelé le représentant, qui a appelé le Conseil de sécurité et le Secrétariat à prendre en compte les besoins spécifiques des femmes ayant besoin d’une plus grande périodicité dans leur rotation et d’une fréquence adaptée. Il a enfin regretté que le Comité spécial n’ait pas été en mesure d’adopter un rapport de fond lors de sa session précédente.
M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), qui s’exprimait au nom du groupe ABUM (Argentine, Brésil, Uruguay et Mexique), a assuré d’emblée que les membres du groupe contribueraient à faire en sorte que le Comité spécial reste l’organe principal du système des Nations Unies pour discuter de tous les aspects relatifs aux opérations de maintien de la paix. Il a réaffirmé leur volonté de travailler de manière constructive dans le cadre des négociations à venir en vue de l’adoption d’un rapport de fond. Le fait que le Comité n’ait pas été en mesure de se mettre d’accord sur un rapport l’an dernier doit renforcer notre sens des responsabilités et notre engagement envers le personnel sur le terrain et nous conduire à une issue positive, a fait valoir le représentant.
Après avoir souligné que le cadre des activités de maintien de la paix doit être le droit international et la Charte des Nations Unies, ainsi que les principes fondamentaux du maintien de la paix, il a passé en revue une série d’éléments qui guident le groupe dans les négociations au sein du Comité des 34, à commencer par la Déclaration d’engagements communs de l’initiative Action pour le maintien de la paix, « qui est une boussole utile pour examiner les domaines du maintien de la paix qui nécessitent une attention particulière de la part des États Membres ». Les membres du groupe ABUM soutiennent également Action pour le maintien de la paix Plus et ses priorités, a précisé le délégué. Ils ont bien pris note du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général et attendent avec intérêt toutes les discussions intergouvernementales à venir à cet égard. Ils espèrent que ce débat soulignera la nécessité d’investir dans la prévention et la consolidation de la paix ainsi que dans la promotion d’une coopération constructive avec les organisations régionales, a précisé leur représentant. Celui-ci a réaffirmé l’attachement du groupe ABUM à la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes dans les efforts de paix. Conformément aux préoccupations du groupe relatives au bien-être global du personnel des opérations de paix des Nations Unies, il a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre la résolution 2668 (2022) sur la santé mentale et le soutien psychosocial dans le contexte des opérations de paix des Nations Unies ainsi que d’autres résolutions clefs du Conseil de sécurité qui contribuent à assurer un environnement plus sûr pour le personnel opérant dans des environnements instables. Les membres du groupe ABUM reconnaissent, soutiennent et promeuvent la mise en œuvre efficace des communications stratégiques dans le cadre des opérations de paix, en valorisant l’importance de lutter contre la mésinformation/désinformation et les discours de haine qui mettent la vie des soldats de la paix en danger, a encore précisé le représentant.
S’exprimant au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, M. ABDILLAHI (Djibouti) a axé son intervention sur l’importance de la langue comprise par les communautés hôtes, associée aux pratiques adaptées et respectueuses des codes culturels locaux, grâce à laquelle la confiance peut naturellement se créer entre les Casques bleus et les populations locales. Il a appelé le Département des opérations de paix, aussi bien que celui de l’appui opérationnel, à poursuivre l’ensemble des actions engagées au bénéfice d’une pleine intégration du multilinguisme dans les actions de maintien de la paix.
Son plaidoyer se fonde sur les considérations suivantes: les plus grandes opérations de paix de l’ONU sont déployées dans l’espace francophone. Lorsqu’il s’agit de la langue du pays hôte, la pratique du français par le personnel de ces opérations contribue significativement à leur pleine réussite. Cela est d’autant plus vrai, selon le Groupe, dans un contexte où les objectifs de ces opérations sont multidimensionnels.
Pouvoir interagir en français, s’il s’agit de la langue des autorités et des populations locales, revêt pour le Groupe une « dimension essentielle », en favorisant la confiance et l’acceptation des missions, tout en facilitant une meilleure compréhension des réalités locales dans une perspective de pérennisation de la paix. En résonnance avec la Déclaration d’engagements de l’initiative Action pour le maintien de la paix, le Groupe a souligné l’importance de consacrer le multilinguisme comme un levier de la performance des opérations de maintien de la paix.
M. HARI PRABOWO (Indonésie), qui parlait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a regretté qu’il n’ait pas été possible d’adopter le rapport de fond du Comité des 34 lors de sa précédente session. Il a insisté sur l’importance des partenariats dans le domaine du maintien de la paix, notamment entre l’ASEAN et l’ONU, dans les domaines de la formation, du renforcement des capacités et de la participation des femmes. Le représentant a estimé que les opérations de paix doivent être accompagnées de ressources adaptées à leur mandat, en appelant le Secrétariat de l’ONU à veiller à ce que les remboursements aux pays fournisseurs de contingents soient versés dans les délais impartis. Le délégué a également mis l’accent sur l’importance de mandats clairs, ainsi que sur l’amélioration de la sécurité et du bien-être des Casques bleus, en estimant que l’un des moyens d’y parvenir serait de les doter de nouveaux équipements de pointe. Par ailleurs, les auteurs de crimes visant les Casques bleus doivent être traduits en justice, a-t-il exigé.
Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a loué le rôle crucial joué par le Comité des 34, se disant toutefois déçu que l’an dernier, il n’ait pas été possible d’adopter un rapport de fond à son sujet. Il a souhaité que cela ne crée pas de précédent.
Il a jugé logique de progresser sur les questions de parité au sein des effectifs, les mandats encourageant la pleine participation des femmes au maintien de la paix de l’ONU. Il faut cependant selon lui dépasser les simples chiffres, qui montrent que leur place a progressé, puisqu’elles totalisent 8% des troupes: dans ce domaine, notamment les grades plus élevés, « la route est encore longue », et le moment n’est pas venu de baisser les bras, a reconnu le représentant. Les partenaires du CANZ sont prêts à cet égard à soutenir toute initiative permettant de lever les obstacles à l’intégration des femmes portant l’uniforme. Le délégué a aussi appelé à se donner les moyens d’affronter les nouveaux dangers auxquels font face les opérations de maintien de la paix, nommément la désinformation, qui cause d’énormes dégâts et sape la confiance au sein des communautés locales.
M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a promis l’engagement de sa délégation pour parvenir à un consensus sur un rapport de nature à soutenir l’adaptation du maintien de la paix à l’évolution des défis. L’Union européenne, a-t-il dit, veut s’engager sur des questions transversales telles que la revitalisation des processus politiques, des partenariats efficaces sur le plan sécuritaire, les droits humains, la prévention des conflits, la numérisation, les femmes et l’égalité des sexes, la médiation et la consolidation de la paix.
La Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine continuent de faire partie du processus de stabilisation et d’association, a rappelé le représentant, en soulignant que l’UE mène actuellement 11 missions et opérations civiles et 7 militaires, dont 13 sont déployés parallèlement aux missions de l’ONU en Afrique, au Moyen-Orient et dans les Balkans et 3 opèrent conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. L’UE finance des initiatives de renforcement des capacités ainsi que des activités de soutien à la paix menées par l’Union africaine et des organisations sous-régionales africaines. En dépit des nouveaux risques et défis sécuritaires aux portes des États membres de l’Union, la communauté reste engagée auprès de ses partenaires africains.
Préoccupé par les défis croissants auxquels les Casques bleus sont confrontés sur le terrain, le délégué a condamné les restrictions à leur liberté de mouvement et la présence croissante de mercenaires dans les zones de déploiement. Il a rappelé que le Conseil de sécurité a fourni une feuille de route sur la manière dont l’ONU peut gérer les transitions de mission de manière éthique et durable. Selon lui, la clef de l’efficacité des opérations de maintien de la paix reste l’amélioration des performances, de la formation préalable au déploiement et en cours de mission, ainsi que la nécessité d’assurer une meilleure synergie des efforts entre les nombreuses agences des Nations Unies. Il a enfin souligné l’importance de maintenir le programme pour les femmes et la paix et la sécurité au premier plan des efforts en cours et de garantir la participation des femmes aux opérations de paix.
M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a salué l’adoption à l’unanimité de la résolution 2668 du Conseil de sécurité, y voyant la preuve irréfutable que l’accès aux services de santé mentale et au soutien psychosocial pour le personnel déployé au sein des opérations de paix est une priorité que le Comité devra aborder. Il a donc invité les délégations à réfléchir de manière proactive à cette question en tant que composante transversale du processus de négociation. De la même manière, il a remercié le Secrétariat d’avoir élaboré une stratégie permettant d’offrir des services de la santé mentale et de veiller au bien-être psychosocial du personnel en uniforme. Il a également insisté sur l’impératif d’une plus grande participation des femmes aux opérations de paix à tous les niveaux.
Dans le cadre de son engagement en faveur de la formation des cadres des OMP, le Mexique réitère l’invitation au Centre conjoint de formation aux opérations de paix du Mexique (CECOPAM), qui propose une formation de premier ordre grâce à des cours et des exercices certifiés par l’ONU dans des installations modernes et une technologie de pointe, a expliqué le représentant, saluant à cet égard l’accompagnement du Centre par le Département des opérations de paix. Le représentant a aussi appelé au renforcement des synergies entre les opérations de paix et d’autres acteurs du système des Nations Unies tels que la Commission de consolidation de la paix, le système des coordonnateurs résidents ou encore les équipes de pays de l’ONU pour prévenir l’escalade des conflits et déployer des moyens nécessaires, mais aussi pour prendre des mesures à long terme pour assurer une paix durable. Il est essentiel d’éviter des scénarios comme celui observé aujourd’hui en Haïti, dans lequel une transition précipitée est devenue un élément qui a contribué à l’instabilité actuelle, a-t-il mis en garde.
M. THOETSAK JAIAREE (Thaïlande), général de brigade au sein de l’armée de son pays, a plaidé pour des mandats clairs, réalistes, ainsi que pour des ressources adéquates afin de tirer pleinement parti des capacités et de la bonne conduite des Casques bleus. Il a préconisé de nouvelles mesures visant à améliorer leur sûreté et leur sécurité, les communications stratégiques et la responsabilité à l’égard des soldats de la paix, afin de soutenir leur travail dans des contextes précaires. Cela devrait constituer les priorités stratégiques les plus importantes. Pour le représentant, le maintien de la paix doit être envisagé dans l’ensemble du processus de paix, du soutien à la paix jusqu’à la fin d’une guerre, pour que la paix s’enracine et soit durable. Avec le consentement du pays hôte, les Casques bleus peuvent contribuer aux premiers efforts de consolidation de la paix, notamment le renforcement des capacités, le soutien aux infrastructures et les soins de santé communautaires. C’est précisément cette orientation qui guide les soldats de la paix thaïlandais actuellement déployés au Soudan du Sud, et précédemment dans de nombreux théâtres de conflit à travers le monde.
M. NOEL MANGAOANG NOVICIO (Philippines) a plaidé pour le renforcement des capacités de déploiement futures des soldats de la paix. Son pays continuera à revitaliser leur participation aux opérations de maintien de la paix, a-t-il assuré, en faisant valoir des recommandations sur les quatre éléments thématiques choisis pour les négociations de cette année, notamment relatives à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus. Le délégué a appelé à cet égard à mettre en place une plateforme d’échange d’informations, de coordination et de renforcement des capacités. Pour lui, le Comité spécial doit également prendre en compte les réalités sur le terrain: les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police doivent privilégier la protection des civils exposés à un danger imminent en utilisant des moyens dont ils sont dotés, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international. Le représentant a jugé en conclusion essentiel d’améliorer l’apprentissage par les pairs.
Pour M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie), les principes du maintien de la paix comme le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, restent pertinents. La Conférence ministérielle de Séoul, qui s’est tenue en décembre 2021, s’est conclue par une déclaration et de nombreux engagements qui, une fois pleinement respectés, renforceront la mise en œuvre des piliers de l’Action pour le maintien de la paix, a-t-il relevé. Pour l’Éthiopie, le maintien de la paix doit être conçu comme un mécanisme de transition sans compromis affectant l’orientation et la coopération internationale dans les domaines du développement, de l’aide humanitaire et des efforts de renforcement de l’État pour le pays hôte, a estimé le représentant. Il a appelé à donner la priorité à la crédibilité des décisions qui conduisent au déploiement des Casques bleus. À cette fin, les États hôtes doivent être consultés de manière adéquate dans le processus d’analyse et de prise de décisions au niveau politique, pour maintenir la confiance mutuelle, a argué le représentant.
Dans le même ordre d’idées, les propositions de reconfiguration des missions doivent être concertées avec les pays hôtes et contributeurs de troupes. En tant que pays fournisseur de troupes, l’Éthiopie souligne l’importance de la conformité des missions de maintien de la paix aux principes du maintien de la paix, notamment celui du consentement des pays hôtes. À cet égard, l’ONU doit toujours s’engager avec eux pour répondre aux préoccupations émergentes et apporter les ajustements nécessaires en temps opportun, a souhaité le représentant. D’autre part, il a fait valoir que l’ampleur du déploiement en termes de taille et de capacité doit être adaptée à la situation en matière sécuritaire et aux défis des missions sur le terrain. Les décisions de réduire leur taille et leurs ressources servent malheureusement de référence pour l’allocation ultérieure et actuelle des ressources, a déploré le délégué. Des lacunes qui expliquent également selon lui le niveau de stress accru, l’augmentation du nombre de morts et de blessés, les problèmes de santé mentale et la sûreté et la sécurité générales des soldats de la paix. Il est nécessaire, selon lui, de rectifier le tir et faire en sorte que le personnel soit suffisamment nombreux et que les stratégies et concepts opérationnels correspondent aux menaces.
Mme MARÍA NOEL BERETTA TASSANO (Uruguay) a décrit un contexte opérationnel de plus en plus délétère du fait de l’intervention de groupes armés, de la détérioration de l’état de droit et des changements climatiques. Ceci met à l’épreuve la résilience des pays hôtes mais aussi les institutions des Nations Unies elles-mêmes, a-t-elle déploré. Préoccupée par les violences sexuelles et sexistes, parfois perpétrées parmi les soldats de la paix, elle a préconisé une politique de tolérance zéro à ce sujet, ainsi qu’une approche préventive et une sensibilisation des Casques bleus à ces questions. Tous les fonctionnaires et leaders au Siège de l’ONU et sur le terrain doivent aussi l’être de manière générale, a-t-elle pointé. La représentante a enfin jugé important de travailler à des mécanismes pour permettre aux pays hôtes d’exercer les responsabilités qui leur incombent sur le plan judiciaire.
Mme SHERRY ZILBERGELD (Israël) a d’emblée dénoncé les discours violents des dirigeants du Hezbollah et le positionnement terroriste de cette organisation. Elle a plaidé pour la sécurité du personnel de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), exigeant une enquête impartiale et indépendante contre les auteurs d’actes répréhensibles contre la mission. La Force, a poursuivi la déléguée, doit pouvoir déployer ses activités et ses opérations en l’absence de toute restriction et être dotée des outils et des moyens nécessaires à la réalisation de son mandat. Elle a ajouté que sa délégation souhaite fournir de meilleurs soins médicaux sur le terrain aux Casques bleus dans le cadre d’un partenariat triangulaire, encourageant le Secrétariat à explorer des pistes à cet égard. La déléguée a aussi appelé à mettre en œuvre la stratégie pour la santé mentale du personnel, pour que l’accompagnement psychosocial des troupes et des contingents soit de meilleure qualité.
M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) a appelé à ne pas perdre de vue le continuum du maintien de la paix qui comprend à la fois la diplomatie préventive et la consolidation de la paix. Il faut mettre l’accent sur le règlement des conflits et la construction d’une paix durable, a-t-il insisté, et redoubler d’efforts pour soutenir la consolidation de la paix afin d’empêcher la reprise des conflits et parvenir à une paix durable. Rappelant que le 3 février 2023, un Casque bleu sud-africain de l’ONU a été tué en République démocratique du Congo (RDC), il a fait savoir que son pays demande aux autorités congolaises d’enquêter sur cette attaque odieuse et de traduire les responsables en justice dès que possible.
Notant que les deux dernières décennies ont vu une multiplication des opérations de maintien de la paix sur le continent africain, avec une forte demande pour des missions de stabilisation intégrées multidimensionnelles, le délégué a rappelé qu’en avril 2017, le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’Union africaine (UA) ont signé un cadre conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, qui reconnaît le rôle important joué par l’UA dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent. L’UA a également joué un rôle important dans le rétablissement de la paix dans des situations instables sur le continent et, parfois, les troupes de l’UA ont payé le prix ultime. À ce sujet, le représentant a estimé que le principe de complémentarité et de subsidiarité doit s’appliquer lorsque les troupes de l’UA font le gros du travail et consentent le sacrifice ultime dans des situations où les opérations de maintien de la paix de l’ONU n’ont pas les mandats nécessaires. Dans ce contexte, il a insisté sur l’importance des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales, sous-régionales et autres, jugeant urgent que l’ONU finance les opérations dirigées par l’UA et autorisées par le Conseil de sécurité.
M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a rappelé que 84 soldats de la paix népalais ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions. Il a ensuite souligné l’engagement inébranlable du Népal pour le maintien de la paix, personnifié par le déploiement actuel de 6 057 Casques bleus dans différentes missions. Selon lui, la sûreté, la sécurité et « le moral » des soldats de la paix doivent figurer au cœur de la planification, des opérations et du partenariat. Des approches spécifiques à chaque mission sont également nécessaires pour faire face à l’expansion constante du maintien de la paix, y compris la protection des civils.
Pour le délégué, l’exécution efficace des mandats et la sécurité des soldats exigent une approche holistique incluant la formation, l’adéquation des ressources et l’intégration des nouvelles technologies. La collecte de renseignements, l’atténuation des menaces liées aux engins explosifs improvisés et la lutte contre la désinformation sont importantes, a-t-il relevé. L’absence de conséquences pénales pour les auteurs de crimes contre les Casques bleus les a fortement fragilisés, a-t-il prévenu, en appelant à la fin de l’impunité pour de tels actes. Tout en encourageant le gouvernement hôte à rendre justice, l’ONU et les autres parties prenantes devraient l’aider à renforcer ses capacités à enquêter et à ouvrir des poursuites, a préconisé le délégué. Enfin, pour améliorer les performances des soldats de la paix, il a préconisé la fourniture d’un meilleur équipement, un environnement de travail motivant, et des formations en cours de mission.
M. ABD-EL KADER YASMIN TCHALARE (Togo) a réaffirmé la nécessité de réduire l’empreinte environnementale des opérations de paix, dont les mandats doivent être définis et mis en œuvre en vue d’aboutir à des solutions politiques durables et respectueuses de la souveraineté des pays hôtes. Au regard de la détérioration et de la complexité de la situation sécuritaire par endroits, le représentant a affirmé son adhésion à des actions intégrées, coordonnées et globales de la protection des civils.
Préoccupé par la multiplication des actes de malveillance à l’encontre des personnels en uniforme ces dernières années, le délégué a pris note des initiatives du Secrétariat en vue de renforcer les conditions sécuritaires, notamment la mise au point d’un dispositif de gestion de la sécurité et de la santé au travail et surtout le plan d’action qui accorde une attention particulière à la lutte contre les engins explosifs improvisés. Il a également salué la création d’une base de données en ligne sur les crimes commis contre le personnel du maintien de la paix, l’amélioration des capacités d’évacuation des blessés, la finalisation d’une politique de défense intégrée des bases et le plan de mise en œuvre relatif à l’examen stratégique indépendant des mesures prises par les Nations Unies face à la menace créée par les engins explosifs. Il a terminé en réitérant son attachement à la participation pleine, égale et véritable des femmes aux processus de paix et s’est réjoui des avancées réalisées en la matière ces dernières années.
M. LAMINE DIOUF (Sénégal) a réitéré sa condamnation la plus ferme de toute attaque visant le personnel onusien, ainsi que son attachement à rendre la justice pour tous les crimes commis à leur égard, comme recommandé par la résolution 2589 (2021) du Conseil de sécurité. En particulier, les attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés, qui continuent de s’accroître à un rythme soutenu, préoccupent au plus haut niveau le Sénégal, pays contributeur de troupes majeurs et premier contributeur de policiers, avec un effectif total de 2 456 déployés dans différents théâtres d’opérations. Il a réitéré son appel au Secrétariat à continuer le développement de stratégies de communication pour renforcer la confiance entre les missions et leur communauté d’accueil, mais aussi pour les opérations de désinformation et les discours de haine qui exposent les Casques bleus à l’hostilité des populations qu’ils servent. Le délégué a enfin réitéré l’importance primordiale de développer des mécanismes de financement plus prévisibles, durables et flexibles des opérations de paix de l’Union africaine (UA) autorisées par le Conseil de sécurité, en vertu de la résolution 2320 (2016) sur la coopération entre l’ONU et l’UA. Plus globalement, les ressources doivent s’aligner sur les mandats, et non l’inverse, a-t-il plaidé en conclusion.
M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a rappelé que son pays a accueilli l’une des missions de maintien de la paix des Nations Unies les plus réussies, avec pratiquement aucun décès de soldats de la paix. Saluant l’initiative de déploiements conjoints entre pays développés et pays en développement, en combinant les ressources humaines et matérielles pour les opérations de maintien de la paix, le représentant a souhaité que soient explorées les possibilités d’impliquer les soldats de la paix du pays dans ce type de déploiement à l’avenir. Il a aussi rappelé que rétablir l’état de droit, soutenir les élections, aider au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration des anciens combattants, protéger et promouvoir les droits humains et aider aux tâches humanitaires, la sûreté et la sécurité des Casques bleus doivent être la priorité. Préoccupé par le nombre de morts parmi les soldats de la paix ces dernières années, le délégué a demandé la mise en œuvre de toutes les mesures appropriées pour améliorer leur sûreté et leur sécurité, y compris les conditions nécessaires pour soutenir également leur santé mentale.
Pour que les missions de maintien de la paix soient efficaces, a estimé le représentant, elles doivent être dotées de mandats clairs, d’une planification, d’une gestion et d’un soutien financier adéquats, et de suffisamment de temps et de ressources pour s’engager dans des tâches multifonctionnelles de consolidation de la paix. Elles doivent posséder une compréhension suffisante du contexte local, pour obtenir un engagement actif des communautés et de la société civile, y compris les femmes, les jeunes et les personnes handicapées.
Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a condamné les attaques visant les soldats de la paix avant de réaffirmer le rôle crucial des pays hôtes dans l’établissement des responsabilités des auteurs de ces crimes odieux. Compte tenu des lacunes actuelles dans ce domaine, la représentante a suggéré de tirer parti de l’expérience des pays contributeurs de contingents et des pays hôtes pour la mise en œuvre de l’accord sur le statut des forces, en vue de compléter les différentes initiatives du Secrétariat, telles que le rapport du général de corps d’armée dos Santos Cruz, qui contient des recommandations toujours valables aujourd’hui. Fort de ce constat, la représentante a appuyé la création du groupe d’amis pour la sécurité et la protection du personnel de maintien de la paix, ainsi que du groupe d’amis pour la promotion de la responsabilité pour les crimes contre les Casques bleus. La communication stratégique dans le contexte du maintien de la paix, tant au Siège de l’ONU que sur le terrain, est également extrêmement importante, a-t-elle valoir, pour détecter, analyser et contrer la montée de la désinformation d’une part, et faciliter ainsi la réalisation du mandat et la sécurité des Casques bleus et de la population civile. La déléguée a espéré que le Comité spécial parviendra à un consensus lors de cette session de fond pour pouvoir adopter son rapport de fond.
M. GHEORGHE LEUCĂ (République de Moldova) a plaidé pour que les opérations de paix s’adaptent à un environnement en constante évolution, et bénéficient d’une meilleure préparation des Casques bleus et d’un plus grand nombre de femmes en uniforme pour lutter contre les mauvaises performances. Il a aussi jugé essentiel d’assurer une mise en œuvre adéquate des mandats, alors que les actions malveillantes dirigées contre les troupes ne cessent de croître. Aucun conflit au monde ne devrait échapper à l’attention des Nations Unies, a-t-il aussi remarqué. Or un conflit persiste à l’Est de la République de Moldova, dû à une présence militaire étrangère. Il s’agit d’un problème existentiel pour son pays, dont le délégué a réaffirmé l’importance du retrait des troupes russes.
M. HAMAMOTO YUKIYA (Japon) a insisté sur l’importance de parvenir à un consensus sur le rapport du Comité spécial de cette session, ce qui permettra aux missions de maintien de la paix de contribuer efficacement à la paix et à la sécurité humaine. Il a ensuite plaidé en faveur d’un recours accru à la Commission de consolidation de la paix dans le cadre de la planification des mandats, lesquels doivent être mis en œuvre intégralement. Le délégué a par ailleurs appelé à renforcer les partenariats entre les différentes parties prenantes. Après avoir dénoncé les actes malveillants à l’encontre des Casques bleus, le représentant a souligné l’importance de l’inclusion dans le travail du Comité de tous les groupes régionaux, qui doivent pouvoir s’asseoir à la table des négociations tout au long du processus.
M. SHAMSURI NOORDIN, colonel au sein de l’armée de la Malaisie, a rappelé que depuis 1960, son pays a participé à plus de 38 opérations de maintien de la paix, déployant environ 40 000 soldats de la paix. Il a été d’avis que le Comité des 34 joue un rôle vital en tant que plateforme efficace pour recueillir des informations et fournir des orientations pour le renforcement des outils et des politiques de maintien de la paix. Après avoir fait part de sa préoccupation face à l’augmentation des attaques contre les Casques bleus, en notant qu’il va falloir continuer à assurer leur sûreté et la sécurité. Il ne devrait y avoir aucun compromis sur cette question, a-t-il dit. Toutes les parties prenantes sont responsables du moral, de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix; et leur bien-être doit être pris en charge comme une priorité absolue. Cela exigerait que les soldats de la paix aient les compétences, la formation et l’équipement nécessaires à la réalisation de leur mandat, a fait valoir le représentant. Dans le même temps, des efforts accrus au niveau stratégique sont nécessaires pour accroître la légitimité des missions de maintien de la paix, y compris dans la lutte contre la désinformation et les discours de haine. Après avoir insisté sur l’importance de la formation, il a précisé que le centre malaisien de maintien de la paix continue d’être reconnu comme un centre de formation de premier plan dans la région. Le délégué a souhaité que le rôle des femmes et des jeunes dans la paix et la sécurité soit renforcé et intégré. À ce sujet, il a précisé que son pays soutient le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, ce qui se traduit notamment par le plus grand nombre de femmes soldats de la paix au sein de la FINUL, soit 85.
M. YASSI MAXIMIN BROU (Côte-d’Ivoire) a appelé les États Membres à surmonter leurs divergences afin de s’accorder sur les différents aspects de la nouvelle architecture du rapport du Comité spécial, dans l’optique de son adoption. Face à la multiplicité des défis, une attention toute particulière devra être accordée selon lui à la coopération triangulaire, aux partenariats et aux mesures visant à assurer des financements adéquats, prévisibles et durables des missions, avec des mandats clairement définis. Condamnant une fois encore les violences à l’encontre des soldats de la paix, le délégué a fustigé avec la dernière énergie toutes les attaques abjectes ayant provoqué des pertes en vies humaines, et réaffirmé le plein soutien de son pays à la politique de tolérance zéro à l’égard des auteurs des attaques contre les forces onusiennes. Aussi a-t-il a appelé à renforcer davantage les stratégies opérationnelles visant à assurer la sécurité et la sûreté du personnel civil et en tenue, ainsi qu’à améliorer significativement les dispositifs de lutte contre la désinformation, la mésinformation et les discours de haine à l’encontre des Casques bleus.
M. WAEL MAHMOUD ABDELAZIZ ELDAHSHAN (Égypte) a évoqué les trafics de drogue, la traite d’êtres humains, les trafics d’armes illicites, la pandémie, les changements climatiques et les pénuries d’eau comme autant de facteurs ayant rendu l’environnement opérationnel beaucoup plus complexe, difficile et meurtrier. En tant qu’important pays contributeur de troupes, l’Égypte a appelé à ce que les réformes des opérations de maintien de la paix soient appliquées. Pour le représentant, renforcer la santé et la sécurité des Casques bleus est la priorité numéro un, aussi a-t-il a appelé à lutter contre la désinformation et l’hostilité dont sont victimes les soldats de la paix. Enfin, le partenariat entre l’Union africaine et l’ONU doit être renforcé, tout comme la présence des femmes parmi les troupes.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a exhorté à ne pas plonger les opérations de maintien de la paix en eaux troubles en leur demandant d’assumer des fonctions qui ne leur avaient pas été dévolues au départ. Il faut une planification précise des activités pour répondre à des situations complexes et développer les capacités des pays hôtes de façon à leur permettre d’assumer à terme les risques sécuritaires posés par les groupes terroristes et armés. Le représentant a rappelé l’importance des partenariats bilatéraux et multilatéraux en matière de déploiement et de formation. Par ailleurs, la représentation des femmes doit être équitable et se faire sur la base de critères géographiques. En outre, les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être réalistes et réalisables et les missions dotées des ressources nécessaires. Pour le délégué, la sélection des pays fournisseurs de contingents doit se faire selon leur capacité, la qualité devant prévaloir sur les considérations politiques. Il a terminé en souhaitant le renforcement du Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan, considérant aussi que les activités de contrôle et de surveillance au Cachemire seront ainsi facilitées, dans le respect des résolutions du Conseil de sécurité.
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a vanté la préparation et le sens des responsabilités des Casques bleus équatoriens un peu partout dans le monde avant de plaider pour que les opérations de maintien de la paix soient modernes, équipées des outils nécessaires et adéquatement protégées si l’on veut qu’elles remplissent les objectifs qui sont les leurs. Le représentant s’est dit préoccupé de l’augmentation très inquiétante des informations erronées et des désinformations qui circulent aujourd’hui ayant des effets délétères sur la sécurité du personnel de l’ONU. Face à cette menace, il faut redonner confiance au public et au personnel en mettant en œuvre l’Action pour le maintien de la paix. Le délégué a ajouté que son pays est prêt à faire davantage pour améliorer les opérations de paix au sein du Comité spécial et à la Commission de consolidation de la paix.
Mme TRINA SAHA (États-Unis) a insisté sur l’importance de doter de ressources nécessaires les missions de maintien de la paix, avant de se dire fière des partenariats qui unissent sa délégation à plusieurs pays fournisseurs de contingents. L’obligation d’établir les responsabilités doit être mise en œuvre en cas de performance insuffisante ou encore de comportement inadapté, a-t-elle recommandé. Selon elle, les femmes doivent être représentées à tous les niveaux des missions, et à tous les échelons, que ce soient des positions de leadership ou en tenue au sein des missions de paix. Les États-Unis, a souhaité la représentante, veulent une approche plus holistique du maintien de la paix pour répondre aux besoins des populations. Elle a exhorté le Comité spécial à engager des pourparlers pour permettre d’imposer les normes et principes les plus stricts.
M. HYUNKI YOU (République de Corée) a soutenu les initiatives Action pour le maintien de la paix et Action pour le maintien de la paix Plus, rappelant que son pays avait accueilli la première Réunion ministérielle sur leur mise en œuvre en 2021 à Seoul et qu’il s’apprête à accueillir la deuxième cette année. Il a mis l’accent sur l’importance de veiller à la protection des Casques bleus, en parlant du prototype de « campement intelligent » développé par la Corée, qui capitalise sur le potentiel des nouvelles technologies pour améliorer la performance opérationnelle, notamment pour le renforcement des capacités de maintien de la paix. Le représentant a souligné que l’évaluation de la performance va de pair avec l’obligation de rendre des comptes et qu’il faut doter les pays fournisseurs de contingents des ressources nécessaires à la formation de leurs troupes. La réforme des opérations de paix doit se poursuivre, a-t-il souhaité en soumettant l’idée de réduire la taille des opérations multidimensionnelles pour qu’elles soient mieux adaptées aux caractéristiques du terrain. En outre, les mandats doivent veiller à ce que la protection des civils soit le fait du personnel de maintien de la paix avant de passer ensuite au pays hôte. Le représentant a également mis l’accent sur l’importance de la confiance des populations locales pour permettre aux missions de réaliser leurs mandats, en regrettant la défiance souvent observée en ce moment. Il a espéré que le Comité des 34 serait en mesure d’adopter son rapport de fond pendant cette session.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a insisté sur la responsabilité collective d’adapter le maintien de la paix aux défis d’aujourd’hui, ajoutant que son pays est attaché au programme Action pour le maintien de la paix et aux priorités d’Action pour le maintien de la paix Plus. Pour cela, il faut faire davantage pour assurer la sécurité des soldats de la paix, en renforçant les capacités médicales et la lutte contre les engins explosifs improvisés, a-t-elle souligné. Mais il est aussi essentiel de fournir aux troupes la formation et l’équipement de pré-déploiement appropriés. Pour jouer son rôle, le Royaume-Uni continue de former environ 10 000 soldats de la paix en Afrique chaque année, notamment en matière de lutte contre les engins explosifs improvisés (EEI), de renseignement en matière de maintien de la paix et de premiers secours, a expliqué la déléguée. Estimant que les Casques bleus méritent la pleine coopération des pays hôtes et le respect de leur liberté de mouvement, elle a argué que la lutte contre la désinformation anti-ONU et contre les violations de l’accord sur le statut des forces devrait être une priorité pour tous les membres de ce Comité. Des missions plus performantes sont mieux à même de protéger leur personnel et les civils, a argué la représentante, en appelant à une mise en œuvre rigoureuse du cadre intégré de performance et de responsabilisation en matière de maintien de la paix, qui devrait permettre d’atteindre des normes plus élevées de sécurité et d’exécution des mandats. Ces normes doivent également porter sur la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels dans le cadre du maintien de la paix, a souhaité la représentante. En dernier lieu, elle a insisté sur la participation pleine, égale et significative des femmes au maintien et à la consolidation de la paix, rappelant qu’à ce jour, le Royaume-Uni a versé 7,4 millions de dollars à Elsie Initiative Fund pour promouvoir la participation des femmes en uniforme.
M. MD SADEQUZZAMAN (Bangladesh) a rappelé que son pays, principal contributeur de troupes, servait depuis 1998, avec quelque 7 000 Casques bleus repartis dans neuf opérations de maintien de la paix. Il a signalé que 166 Casques bleus bangladais avaient péri dans l’exercice de leurs fonctions. Il a souhaité que des ressources adéquates soient allouées aux opérations de maintien de la paix pour que le contexte sécuritaire s’améliore. Les attaques en augmentation l’ont préoccupé particulièrement et il a appelé à veiller à la fourniture de matériel amélioré, à élaborer des processus d’évacuation améliorés, ainsi qu’à une prise de responsabilité adéquate des pays hôtes en termes de sécurité pour les Casques bleus et d’enquêtes rapides relatives à d’éventuels crimes à leur encontre. La désinformation est aussi un problème crucial, a-t-il souligné. Conformément au programme sur les femmes et la paix et la sécurité, il s’est prononcé en faveur d’une participation accrue des femmes aux opérations et d’un rôle grandissant accordé aux formations pré-déploiement.
Mme GLORIYA A. AGARONOVA (Fédération de Russie) a plaidé en faveur de l’amélioration du soutien logistique et de la formation aux missions de maintien de la paix, à condition de prendre en compte les besoins des États hôtes et voisins ainsi que la protection des données. La déléguée s’est ensuite dite favorable à l’élaboration de mandats précis et réalistes tenant compte des réalités du terrain. Les tâches relatives aux droits humains, au genre et au climat, qui ont pour la Russie un caractère subsidiaire, ne doivent pas être élevées artificiellement au rang de priorités, a estimé la représentante. Les États hôtes sont les premiers responsables de la protection de la population civile, a-t-elle indiqué, en faisant valoir que sa délégation souhaite relancer les activités des organisations régionales en matière de règlement des conflits locaux. Regrettant l’incapacité du Comité spécial à adopter son rapport l’an dernier, la déléguée a appelé ses homologues à ne pas politiser les travaux du Comité.
M. BENNY (Indonésie) s’est dit préoccupé du fait que la session de fond n’ait pas pu adopter un rapport de fond. Il a mis l’accent sur la sûreté et la sécurité des Casques bleus, en condamnant les attaques de plus en plus nombreuses qui les visent et en exigeant qu’elles fassent l’objet d’enquêtes pour traduire les responsables en justice. En outre, il faut lutter contre la mésinformation qui alimente souvent ces attaques, a-t-il recommandé. Le représentant a également appelé à améliorer le système de gestion du matériel partagé par les missions et à doter celles-ci de ressources adéquates pour l’exécution de leur mandat. Le délégué a prôné des partenariats robustes, y compris le partenariat triangulaire, dans le contexte du maintien de la paix. Il a affirmé que l’Indonésie est favorable à la promotion de la contribution des femmes à tous les niveaux.
M. NEUMI QARANIVALU VAKADEWABUKA (Fidji) a loué le rôle particulier du Comité des 34, se disant déçu que l’an dernier, il n’ait pas été possible d’adopter un rapport de fond. Les Fidji sont le pays contributeur de troupes le plus important qui soit, ramené à son nombre d’habitants, et son représentant a espéré de meilleures avancées cette année. Il a notamment mis en valeur les partenariats triangulaires, ainsi que le développement de nouveaux centres de formation dans la région du Pacifique. Le délégué a aussi insisté sur le fait que le fonctionnement des opérations de maintien de la paix ait été rendu difficile par l’action des changements climatiques, indépendamment de la nature du terrain.
Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a plaidé pour une mise en œuvre efficace de la stratégie visant à renforcer les capacités des missions, afin de traiter avec les défis actuels. Il faut en outre combattre les campagnes de désinformation, a-t-elle recommandé. La représentante a également appelé à prendre des mesures contre les fauteurs de troubles. Toutes les missions doivent renforcer leurs efforts pour lutter contre l’impunité, a-t-elle demandé arguant que cela aidera à augmenter les possibilités de parvenir à une paix durable. La déléguée a ensuite misé sur une bonne transition après la fin de la mission pour empêcher le pays de retomber en arrière. Elle a en outre demandé un financement accru pour le renforcement de la paix y compris par le biais du Fonds de consolidation de la paix. Pour ce qui est de l’égalité des femmes au sein des missions de maintien de la paix, elle a appelé à renforcer le rôle des femmes dans les transitions politiques, car celles-ci sont indispensables dans la mise en œuvre des accords de paix et la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité. En conclusion, elle a souligné l’importance des partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales.
Mme JEANNE MRAD (Liban), dont le pays accueille la FINUL, a noté que 2022 a vu une hausse préoccupante du nombre d’attaques préméditées contre des soldats de la paix, dont 32 ont perdu la vie. Elle a condamné toutes ces attaques et rendu hommage aux Casques bleus partout dans le monde, en appelant à poursuivre les efforts en vue d’améliorer leur sûreté et leur sécurité, y compris grâce à la formation, à la dispense de soins médicaux et à la fourniture de matériel adéquat. Elle a salué l’augmentation du nombre de femmes au sein des forces de maintien de la paix des Nations Unies. Après avoir déploré la mort d’un Casque bleu irlandais déployé dans le cadre de la FINUL au Liban, elle a expliqué que l’un des accusés avait été arrêté tandis que les autres font déjà l’objet de poursuites. La déléguée a ensuite insisté sur l’importance de la coordination entre le Gouvernement libanais et la FINUL, en rendant hommage à la robuste coopération qui existe entre la mission et les forces armées libanaises.
M. HOANG NGUYEN NGUYEN (Viet Nam) a souhaité que la capacité à protéger les soldats de la paix soit renforcée par des mesures s’attaquant aux principales causes de leur décès, notamment les actes malveillants, l’utilisation d’explosifs et les maladies. Il est clairement établi que les soldats de la paix ont plus de chances de survivre aux attaques s’ils ont été correctement formés et équipés: c’est pourquoi le délégué a appelé l’ONU et les parties prenantes à déployer davantage d’efforts dans ce domaine. Il est également impératif, selon lui, de renforcer les capacités médicales des missions, afin de mieux protéger la santé physique et mentale des soldats de la paix. À cet égard, il a salué les efforts déployés par le Secrétariat pour améliorer le sort des Casques bleus par le biais de formations médicales, y compris aux premiers secours. En outre, le Viet Nam fait partie des pays fournisseurs de troupes à la proportion élevée de femmes dans leurs rangs. Il a organisé la dernière Conférence internationale sur la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, à Hanoi, en novembre dernier. Le délégué s’est engagé à ce que le Viet Nam poursuivre sa politique de déploiement de soldates de la paix à tous les postes appropriés dans les années à venir, en visant notamment un objectif de 20% de femmes parmi ses effectifs.
M. DANIEL ABRAHAM HADGU (Érythrée) a demandé des mandats clairs et des ressources adéquates pour les opérations de maintien de la paix qui doivent avoir l’espace nécessaire pour régler les conflits. Les maigres ressources dont elles disposent depuis de nombreuses années ont réduit la confiance placée en elles. Leur succès, a estimé le représentant, pourrait être plus important si leur mandat était conforme aux principes fondamentaux du consentement, de la neutralité, de la légitime défense ainsi qu’aux objectifs et principes de la Charte des Nations Unies. La coopération constructive avec le pays hôte est également une condition préalable essentielle pour l’efficacité du maintien de la paix. L’ONU doit agir rapidement et de manière responsable lorsque qu’un pays hôte demande le départ d’une mission pour éviter un séjour prolongé qui n’est plus souhaité.
Mme ISATOU BADJIE (Gambie) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des opérations de maintien de la paix, bien qu’elles soient confrontées à de nouvelles difficultés nécessitant un partenariat durable et une démarche commune de la part du Comité des 34, notamment en termes de ressources. Partisane d’une participation pleine et entière des femmes dans les opérations de maintien de la paix, afin d’améliorer leur efficacité, la déléguée a promu la formation et les démarches innovantes, telles que les partenariats triangulaires. Elle a espéré que le rapport du Comité de cette année prendra en compte le rôle accru du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine et réitéré l’importance de l’appui technique et des financements dans ce domaine. Elle a enfin réclamé que le Comité des 34 accorde davantage d’attention aux quelque 11 000 policiers déployés dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
Mme CARMEN NISHIHARA (Chili) a plaidé pour une plus grande participation des femmes aux missions de maintien de la paix, plaidant en faveur d’une coopération entre États Membres pour partager leurs pratiques et expériences nationales. Elle a insisté sur l’importance de placer des femmes aux postes de décision. Cela doit s’accompagner de protection des femmes civiles. Elle a poursuivi en réclamant tous les outils nécessaires à la réalisation des mandats, jugeant essentiel d’inclure la perspective de genre à toutes les étapes des missions, depuis la planification jusqu’à l’évaluation.
M. MAJID KHAMIS GHARIB ALNAKHI AL ALI (Émirats arabes unis) a souligné l’importance des opérations de maintien de la paix pour surmonter les crises actuelles. Il s’est dit favorable au programme sur les femmes et la paix et la sécurité, et il a espéré voir les énergies renouvelables utilisées par les opérations de paix à hauteur de 80% d’ici à 2030. Les Émirats arabes unis et la Norvège travaillent actuellement sur un communiqué sur ce point, a-t-il indiqué. Mettant l’accent sur la reddition de comptes, il a estimé qu’elle doit se faire de concert avec toutes les parties prenantes. Passant à la sureté et la sécurité des soldats de la paix, le délégué a exigé que cela devienne une priorité absolue, en exigeant que les attaques qui les visent fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites en justice des responsables.
Mme LILIANA VERÓNICA BAÑOS MÜLLER (El Salvador) a estimé que la recherche d’une paix durable doit orienter tous les déploiements, avec un mandat clair, bien défini et réaliste, et des financements adéquats. Elle a aussi condamné dans les termes les plus fermes les attaques contre le personnel de l’ONU. La gestion de ces risques et la mitigation des menaces doit être une priorité pour l’Organisation, tout comme la lutte contre la désinformation nuisant aux Casques bleus, a-t-elle insisté.
La déléguée a aussi souligné l’importance d’une stratégie de transition pour transmettre les responsabilités aux pays hôtes de façon progressive. Reconnaissant l’importance de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, elle a appelé à augmenter leur effectif dans les rangs ainsi qu’à tous les niveaux de l’Organisation. Elle a enfin rappelé la nécessité d’une tolérance zéro face aux abus et à l’exploitation sexuels commis par des membres de l’Organisation.
Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a attiré l’attention sur l’importance de l’Action pour le maintien de la paix pour renforcer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et mettre fin à l’impunité quand des crimes sont commis contre eux. L’amélioration de la sûreté et de la sécurité du personnel en uniforme est une responsabilité partagée qui appelle chaque partie prenante à remplir son rôle dans le renforcement et la dotation des opérations de maintien de la paix avec les capacités et les ressources nécessaires. Pour la représentante, la protection des civils est la responsabilité première des pays hôtes. Par conséquent, « toute intervention militaire de l’ONU ou de toute force étrangère sous le prétexte de la protection des civils doit être évitée ». Elle a réitéré l’importance de la politique de tolérance zéro à l’égard des comportements répréhensibles, en particulier l’exploitation et les abus sexuels. En outre, le principe d’une représentation géographique équitable doit être pleinement pris en compte dans la dotation en personnel du Siège de l’ONU et dans les missions de maintien de la paix à tous les niveaux. Par ailleurs, toute contribution destinée à aider les pays d’accueil à restaurer ou à établir l’état de droit doit tenir compte de l’appropriation nationale ainsi que de la diversité et de la spécificité culturelles de chaque pays, a encore suggéré la représentante pour qui les accords régionaux de maintien de la paix ne doivent en aucune façon se substituer au rôle de l’ONU. Quant à l’utilisation des technologies modernes et du renseignement dans les missions de maintien de la paix, elle doit être envisagée au cas par cas.
M. LUIS UGARELLI (Pérou) a espéré que le Comité des 34 sera en mesure de rédiger un rapport de fond pour cette session. Il a souligné l’importance du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et des objectifs de parité des genres dans le contexte du maintien de la paix en signalant que le Pérou a atteint un taux de 15,4% de participation de femmes, avec 38 femmes sur un total de 251 personnels péruviens déployés dans 6 missions de la paix. Le représentant a encouragé des mécanismes de coordination régionale des opérations de maintien de la paix, précisant qu’un tel réseau a été mis en place pour la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Pour M. DAI BING (Chine), dans un contexte d’instabilité, les initiatives Action pour le maintien de la paix et Action pour le maintien de la paix Plus doivent être défendues sans détour. Il a cependant appelé à s’abstenir de prendre des positions guidées par des biais idéologiques. Il faut respecter la souveraineté des pays hôtes, a-t-il insisté. Le représentant a ensuite souhaité que les opérations de maintien de la paix bénéficient des ressources nécessaires au bon déroulement de leur missions et que le Secrétariat entre en contact avec les pays fournisseurs de troupes pour organiser des formations pré-déploiement. Les États Membres doivent aussi aider à assurer la sécurité des troupes et éliminer les risques menaçant la santé des Casques bleus, a-t-il prié. Le délégué chinois a ainsi appelé à relever les niveaux de sécurité, notamment à l’aide de véhicules anti-mines. Appelant à persévérer dans les partenariats, il a recommandé que toutes les parties travaillent ensemble et échangent, et que les financements prévisibles soient privilégiés. La Chine, pays contributeur, veut jouer un rôle actif dans la réforme des opérations de maintien de la paix en œuvrant avec les autres États Membres, a-t-il dit en concluant son intervention.
M. MARC-ALAIN STRITT (Suisse) a rappelé au Comité spécial sa responsabilité de fournir des axes de travail pour répondre aux défis de maintien de la paix avant de souligner les trois priorités de sa délégation. Premièrement, l’accord sur le statut des forces doit être respecté et les capacités des missions doivent être renforcées. Le renforcement des capacités afin d’assurer une présence plus visible et une capacité de réaction plus rapide rendraient selon lui les opérations de maintien de la paix plus efficaces et crédibles auprès des populations locales. Deuxièmement, a poursuivi le délégué, la consolidation de la paix a un rôle particulier à jouer afin de permettre la transition vers une autre forme de présence onusienne. La prise en compte d’aspects visant à renforcer l’état de droit dans les processus de paix est importante pour gagner la confiance de la population dans les processus étatiques et lui donner une perspective. Les activités de l’ONU dans les périodes de transition doivent être guidées par des plans nationaux cohérents et mesurables. Enfin, s’agissant de la performance des opérations de maintien de la paix, le délégué a dit l’importance d’assurer que la mesure de performance soit systématiquement liée à la planification et à la mise à disposition de ressources. Ainsi l’utilisation de nouvelles technologies a-t-elle contribué à une meilleure appréciation de la situation dans les missions, notamment à travers l’utilisation de différentes bases de données. Soulignant l’importance de l’inclusivité dans les processus multilatéraux, le représentant a dénoncé l’exclusion l’année passée du Japon, de la République de Corée, de la Norvège et de la Suisse des négociations alors que plus de 200 paragraphes demeuraient en suspens.
Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a rappelé que son pays participe à huit des 12 opérations de paix de l’ONU existantes, et qu’il est favorable au renforcement du Comité spécial, en tant que seul organe spécifique de l’Assemblée générale consacré aux questions liées aux opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Elle a souligné la nécessité de continuer à déployer des efforts pour que les mandats intègrent une vision holistique du maintien de la paix. La représentante a également réaffirmé la nécessité de respecter le principe de la participation ou d’« appropriation nationale » par les pays hôtes. Quelles que soient les caractéristiques de la mission en question, il est nécessaire que les populations des pays dans lesquels elles sont déployées aient la certitude et la preuve que l’effort de toute l’Organisation vise à améliorer leur situation et leurs perspectives, a-t-elle fait valoir. Convaincue de l’importance de la participation pleine et effective des femmes à tous les niveaux et étapes des processus de paix et de médiation, de prévention et de règlement des conflits, la représentante a indiqué le soutien de l’Argentine à l’Initiative Elsie, sous la direction du Canada.
Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a voulu un mandat clair et réaliste pour les missions de maintien de la paix, qui doivent être dotées de ressources adéquates et bénéficier d’une bonne coordination avec le pays hôte. L’Inde, a fait savoir la déléguée, a lancé un groupe des amis des opérations de maintien de la paix qui s’efforcera de renforcer les efforts du Secrétariat et des missions pour promouvoir la reddition de comptes en cas de crimes contre les soldats de la paix. Sa première réunion se tiendra fin mars. La représentante a ensuite souligné le rôle des institutions sécuritaires du pays hôte pour protéger les civils face aux terroristes et aux groupes armés. Elle a annoncé que l’Inde déploiera une unité d’hélicoptères au sein de la MINUSMA à partir du mois de mai. Mais les missions de l’ONU ne doivent pas exister éternellement, a averti la représentante, pour qui la stratégie de sortie doit faire partie du processus de planification depuis le début d’une mission.
M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a noté que les tâches des missions avaient grandement changé au fil du temps, et que celles-ci s’arrogeaient même parfois le rôle des États Membres. Il a appelé à ce que la plus grande prudence soit de mise concernant les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures et de souveraineté des États, et le respect du cadre des opérations de maintien de la paix, y compris le non-recours à la force. Ce n’est qu’ainsi que l’efficacité de l’ONU sur le terrain sera garantie. Les opérations de maintien de la paix ne doivent pas être déployées pour gérer les conflits ou se substituer aux États, a averti le délégué. Il a enfin porté son attention sur les effets pervers sur les populations des sanctions prononcées par le Conseil de sécurité sur certains pays.
M. CÍCERO TOBIAS DE OLIVEIRA FREITAS (Brésil) a soutenu pleinement l’initiative Action pour le maintien de la paix, ainsi que la mise en œuvre des priorités établies pour 2021-2023 de l’Action pour le maintien de la paix Plus (A4P+). Le Brésil a également présidé, avec la Chine, l’Indonésie et le Rwanda, le groupe d’amis pour la protection et la sécurité des Casques bleus, a rappelé le représentant. Un maintien de la paix efficace doit respecter les principes de base du maintien de la paix de l’ONU, a insisté le délégué, comme le consentement des parties; l’impartialité; et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et de défense du mandat. Il a ajouté que le règlement des conflits dépend d’une solution politique durable et que, par conséquent, les opérations de paix doivent fournir un appui pour atteindre ce résultat. Le succès du maintien de la paix repose en outre sur des mandats clairs et des priorités bien définies, fondées sur des évaluations réalistes de la situation sur le terrain, sans oublier une bonne communication avec le gouvernement local, la société civile, la population locale et les autres parties prenantes. À ce sujet, le délégué a rappelé que pendant la présidence brésilienne de juillet dernier, le Conseil avait tenu sa première réunion spécifiquement consacrée aux communications stratégiques dans les missions de maintien de la paix. Une déclaration présidentielle a été adoptée à cette occasion pour souligner qu’elles sont un outil essentiel pour créer un environnement sûr pour les soldats de la paix.
M. VOLODYMYR SHCHERBAN (Ukraine) a réaffirmé sa confiance dans les opérations de maintien de la paix. Partenaire engagé de l’ONU malgré l’invasion russe, l’Ukraine a contribué auxdites opérations à hauteur de 300 Casques bleus tout en protégeant ses terres de l’agresseur russe. Celui-ci, a-t-il fait remarquer, continue pourtant de contribuer à des opérations de maintien de la paix ce qui sape gravement la confiance portée à tout le dispositif. Le délégué s’est d’ailleurs demandé si théoriquement un pays auteur de crimes de guerre pouvait faire partie d’un dispositif censé assurer la protection de civils. L’Ukraine appuie les efforts pour rendre les opérations de maintien de la paix plus adaptées au monde d’aujourd’hui et attend les résultats pratiques de l’initiative Action pour le maintien de la paix, ainsi que de l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus. Il a déclaré que tout instrument consacré au maintien de la paix auquel participerait la Russie ou le Bélarus verrait son intégrité compromise. Il a demandé à l’ONU de réexaminer la valeur pratique d’inclure des États utilisant la force de manière illégale contre l’Ukraine.
M. AHMET ERMAN ÇETIN (Türkiye) a demandé que soient traduits en justice les auteurs d’attaques contre les Casques bleus. Il a souligné l’importance de renforcer la coopération et les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en respectant les cultures locales. « Cela renforcera sans aucun doute le mandat des soldats de la paix et contribuera à la protection des civils. » Le délégué a rappelé que les principes de consentement et d’impartialité sont tout à fait nécessaires dans les opérations de maintien de la paix, sans quoi ces opérations risquent de devenir partie au conflit. La protection des civils requiert en outre la mise à disposition des ressources nécessaires. Pour la Türkiye, la réponse à la violence basée sur le sexe, notamment dans les zones de conflit, doit être une priorité du mandat des soldats de la paix. Reconnaissant la contribution importante des femmes aux missions de maintien de la paix, le délégué a appelé les États Membres à éliminer les entraves à leur participation.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) s’est fait l’écho de l’appréciation profonde exprimée aux Casques bleus déployés dans le monde, partageant sa tristesse à l’évocation du drame qui s’est déroulé hier au Mali, où trois Casques bleus ont péri. Les troupes de Sri Lanka sont bien équilibrées entre hommes et femmes, a ensuite affirmé le délégué, qui a préconisé que les priorités du pays hôte soient davantage prises en compte, afin que la passation des responsabilités lors du retrait des troupes et la consolidation de la paix se déroulent dans les meilleures conditions.
M. THOMAS NWANKWO CHUKWU (Nigéria) a prié les pays hôtes concernés et le Secrétariat de travailler de concert pour enquêter et traduire en justice les auteurs d’attaques contre les Casques bleus. La sûreté et la sécurité des soldats de la paix sont une responsabilité partagée des parties prenantes, a-t-il dit, en appelant à fournir les ressources et les capacités adéquates. Si les missions de maintien de la paix sont nécessaires, elles ne peuvent toutefois pas remplacer la politique et la diplomatie dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix; elles doivent venir renforcer les solutions politiques. Le délégué a appelé le Conseil de sécurité à fournir aux missions des mandats clairs, hiérarchisés, réalistes et réalisables, en étroite collaboration avec les pays contributeurs de troupes et de police, les pays hôtes, les organisations régionales et le Secrétariat. Ces mandats doivent également inclure des stratégies de sortie solides et des mécanismes d’ajustement, en fonction des progrès ou des échecs au cours de la mission. Le Nigéria entend demander des rapports réguliers et transparents sur les opérations de maintien de la paix, en plus du suivi du personnel militaire, policier et civil servant dans les missions afin de garantir le respect de codes de conduite et de discipline. Il a réaffirmé l’engagement du Nigéria envers la politique de tolérance zéro pour l’exploitation et les abus sexuels par le personnel de l’ONU. Le délégué a aussi soutenu une participation équitable et significative des femmes au maintien de la paix et appuyé l’intégration des nouvelles technologies qui doivent être appliquées dans le cadre d’accords et de processus intergouvernementaux définis.
M. PHILIP JOSEPH SCHENKS (Sierra Leone) a évoqué le terrorisme, la pauvreté, les changements climatiques et le chômage comme autant de défis lancés à l’Afrique pour maintenir la paix. Louant le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, le délégué s’est engagé à ce que son pays fasse davantage pour appuyer le rôle des femmes et à augmenter le pourcentage des femmes déployées dans les opérations de paix, avec un objectif affiché de 30%. Il a aussi demandé que la représentation géographique parmi les cadres de l’ONU soit rééquilibrée en faveur de l’Afrique tant sur le terrain qu’au siège de l’ONU. Il a enfin rendu hommage à la résistance remarquable déployée par les Casques bleus du monde entier pour contribuer à rendre les sociétés pacifiques et sûres.
Msgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a encouragé l’ONU à adapter sa structure et ses modes de fonctionnement à l’ampleur et à la noblesse de ses tâches de maintien de la paix. Le Comité spécial a toujours reconnu la primauté de la politique dans la résolution des conflits. Par conséquent, il est vital de concevoir une conception propre de la politique, à savoir celle qui oriente l’autorité publique vers le bien commun, source de toute légitimité. S’agissant du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, il faut augmenter le nombre et l’influence des femmes soldats de la paix. De plus, les composantes de surveillance des droits humains devraient être incluses dans tous les mandats de maintien de la paix, qu’il s’agisse d’établir une nouvelle mission ou de renouveler une mission existante.
L’Observateur permanent a aussi demandé un plus grand engagement avec tous les segments de la population des États hôtes, en particulier les organisations confessionnelles, qui peuvent offrir « de véritables opportunités de dialogue et de rencontre entre différents peuples et cultures ». Sur la question du Code de conduite des Casques bleus et des opérations de maintien de la paix, garantir la légitimité des opérations de maintien de la paix exige l’élimination de toutes les formes d’exploitation et d’abus sexuels. L’Observateur permanent a insisté sur l’obligation d’aider les victimes et les enfants nés de tels comportements, qui sont confrontés à la stigmatisation et à des opportunités très limitées. Améliorer la conduite des opérations de maintien de la paix passe également par la limitation de leur impact négatif sur l’environnement.
M. ALEM, Observateur de l’Union africaine, a souligné que le calendrier de cette session du Comité des 34 est aligné sur la nécessité d’appuyer l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité sur l’utilisation de quotes-parts de l’ONU pour financer des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine (UA) autorisées par le Conseil au cas par cas. Cet appel au soutien coïncide aussi avec le moment où le Secrétaire général de l’ONU devrait soumettre un rapport au Conseil de sécurité contenant des recommandations sur la manière dont lesdites opérations dirigées par l’UA peuvent être soutenues de manière prévisible, adéquate, souple et durable, a précisé l’Observateur. Cela correspond également à l’adoption par la trente-sixième Assemblée ordinaire de l’UA d’un document de consensus sur le financement prévisible, adéquat et durable de ses activités de paix et de sécurité - ainsi que sur l’utilisation du Fonds pour la paix de l’UA, pour couvrir une partie du déficit de la Mission de transition de l’UA en Somalie et pour soutenir les opérations de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est en République démocratique (RDC). Ces décisions de l’Assemblée de l’UA sont une preuve de l’engagement et des efforts de l’UA pour partager la charge de ses opérations de soutien à la paix qui sont autorisées par le Conseil de sécurité, a-t-il souligné, et qui sont financées au cas par cas au moyen de contributions de l’ONU. Il a jugé le moment opportun pour renforcer davantage le partenariat UA-ONU en matière de paix et de sécurité et institutionnaliser les approches et les modalités qui ont été utilisées pour soutenir les précédentes opérations de soutien à la paix de l’UA, notamment au Darfour et en Somalie.
Les réalités des conflits actuels montrent qu’aucune organisation ne peut apporter à elle seule la réponse appropriée à ces situations, a fait remarquer l’Observateur. Selon lui, l’UA et ses organisations régionales ont fait la preuve de leur « avantage comparatif » en tant que premiers intervenants sur le continent, avec la volonté politique de mener des opérations offensives dans des environnements à haut risque. Alors que l’UA et l’ONU continuent d’explorer et de renforcer leurs partenariats stratégiques pour relever les défis mondiaux complexes, il faut capitaliser sur les opportunités de renouveler les efforts collectifs et en tirer des enseignements, afin de renforcer la crédibilité, la performance et l’efficacité globales de l’architecture internationale de paix et de sécurité.
Selon M. NKALWO, Observateur de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le multilinguisme contribue indéniablement à l’efficacité des opérations de maintien de la paix. La maîtrise de la langue du pays hôte aide à instaurer la confiance, concourt à la sécurité du personnel de l’ONU et facilite son interaction avec les populations et les autorités pour la réalisation de tâches de proximité et de consolidation de la paix, toujours plus présentes dans les mandats. Alors que la majorité des effectifs des opérations de paix sont déployés dans l’espace francophone, l’OIF appuie depuis près de deux décennies la participation francophone au maintien de la paix onusien, en cohérence avec l’un de ses textes de référence: la Déclaration de Saint-Boniface sur la prévention des conflits et la sécurité humaine. L’OIF a été ainsi la première organisation internationale à assumer le rôle de « champion » de l’initiative Action pour le maintien de la paix, en vue de renforcer les capacités francophones et développer les compétences en langue française et en interculturalité des contingents de tous les horizons linguistiques. En 2022, a expliqué l’Observateur, plus de 400 personnes en furent bénéficiaires. En 2023, l’OIF entend continuer à jouer un rôle moteur en matière de formation en développant avec l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) le premier cours en ligne dédié aux compétences interculturelles dans les opérations de paix déployées dans l’espace francophone. Destiné au personnel militaire, policier et civil, ce cours a pour ambition d’être « la formation de référence en matière d’interculturalité dans les opérations de maintien de la paix ».
Droits de réponse
La représentante du Liban a réagi à l’intervention d’Israël, pour préciser que l’incident du 14 décembre 2022 a été une tragédie regrettable qui a été condamnée par le Gouvernement libanais qui, depuis, a émis des mandats d’arrêts. L’un des accusés a été arrêté et les autres sont recherchés en vue de leur traduction en justice, a-t-elle expliqué. La représentante a ensuite accusé Israël d’avoir commis des attaques contre du personnel et des installations de la FINUL dans le passé. Il est regrettable que cette tribune soit exploitée à des fins politiques pour évoquer un incident qui a coûté la vie à un soldat de la paix irlandais de la FINUL, a déclaré la représentante, en assurant à nouveau que les autorités libanaises ne ménagent aucun effort pour faire toute la lumière sur cet incident.
La représentante de la Fédération de Russie a rejeté les allégations de l’Ukraine envers son pays et regretté que la délégation ukrainienne continue d’utiliser le Comité des 34 à des fins politiques, sans avoir tiré d’enseignements des années précédentes, quand ses demandes « parasitaires » n’avaient pas été adoptées.