Soixante-dix-huitième session,
18e séance plénière, après-midi
AG/EF/3591

Aide au développement: la Deuxième Commission se penche sur les résultats du système des Nations Unies et les bienfaits de la coopération Sud-Sud

Les investissements réalisés pour repositionner le « système des Nations Unies pour le développement » donnent des résultats, a fait savoir M. Neil Pierre, du Département des affaires économiques et sociales, en présentant cet après-midi à la Deuxième Commission le rapport du Secrétaire général sur l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.

Les réformes de ce système et notamment la refonte du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents ont aidé les pays bénéficiant du soutien de l’ONU à renforcer leurs politiques transformatrices et à réaliser des progrès plus rapides vers le développement durable et inclusif.  Le système démontre une « efficacité indéniable », selon les termes du représentant du Ministère de l’économie du Burkina Faso.

En effet, le système onusien a apporté un appui crucial aux pays en développement en matière d’élimination de la pauvreté, d’égalité entre les sexes, d’éducation, de science, de technologie et d’innovation afin de les aider à remplir la promesse de « ne laisser personne de côté ».  Toutefois, les ressources restent insuffisantes, comme l’on soulevé de nombreuses délégations, raison pour laquelle le Secrétaire général demande de relancer la dynamique en faveur d’un pacte de financement et invite les États Membres à réexaminer les modèles de financement.

De fait, seulement 8% des dépenses totales pour les activités opérationnelles en 2021 ont été ciblées sur l’élimination de la pauvreté, malgré les engagements pris par les Nations Unies, a noté la Fédération de Russie qui a insisté sur la nécessité d’accroître l’aide aux pays en développement dans ce domaine.  La priorité absolue demeure l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, ont insisté le Groupe des pays en développement sans littoral (PDSL) et le Groupe des 77 et de la Chine pour qui « plus les financements sont prévisibles, plus ils sont efficaces ».

Outre la prévisibilité, la diversification des sources de financement a été réclamée à plusieurs reprises, puisque la base de financement demeure encore très dépendante de contributions extrabudgétaires et de quelques grands donateurs.  Ce sont plus de « ressources de base » que les délégations ont demandé pour équilibrer les sources et les budgets.  Cela affecte d’ailleurs le système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents qui souffre d’un déficit budgétaire, un problème qui a suscité une vive inquiétude parmi les délégations.

Pour sa part, le Bélarus a regretté la politisation de l’attribution des ressources et, constatant que les pays à faible revenu reçoivent la majorité des ressources opérationnelles, il a appelé à mieux soutenir les pays à revenu intermédiaire, qui constituent environ les deux tiers des membres de l’ONU.  Il a ainsi suggéré la création d’un document stratégique pour guider la coopération des Nations Unies avec ce groupe.

Si de nombreux délégués ont exprimé leur appui à la réforme du système, la Thaïlande et la Chine ont toutefois insisté sur la nécessaire « appropriation nationale » des activités de développement menées par les Nations Unies, qui doivent tenir compte des besoins et des priorités nationales.  Pour cela, et comme l’a souligné la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les équipes de pays de l’ONU doivent disposer des compétences et de l’expérience nécessaires pour que les plans d’action soient adaptés aux priorités nationales et régionales.  Le groupe des pays les moins avancés (PMA) a pour sa part demandé une meilleure intégration du Programme d’action de Doha dans les mandats opérationnels et l’établissement d’unités spécifiques pour les PMA.

Au cours de cette séance, les délégations de la Deuxième Commission étaient également invitées à se pencher sur la coopération Sud-Sud.  Elle est très importante, mais doit compléter et non se substituer à la coopération Nord-Sud et à l’aide publique au développement (APD), ont souligné plusieurs intervenants, à l’instar de la Guinée, qui a évoqué les travaux en cours pour créer un institut international de développement de la coopération Sud-Sud et triangulaire, qui serait basé à Conakry.

La coopération Sud-Sud a notamment été essentielle dans la distribution des vaccins contre la COVID-19, a remarqué le Congo, qui œuvre par ailleurs à la mise en place de mécanismes de financement innovants pour soutenir des projets structurants dans le Sud.  La délégation congolaise a cité notamment le mécanisme d’échanges d’étudiants et d’enseignants-chercheurs, similaire au programme ERASMUS en Europe.

De son côté, le groupe des PMA s’est réjoui du potentiel de la nouvelle plateforme Galaxy Sud-Sud, qui connecte 500 organisations et offre un répertoire numérique de plus de 900 solutions de développement.  L’Inde s’est pour sa part félicitée de la mise en place du Fonds de partenariat Inde-ONU, géré par le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, qui mène 66 projets de développement dans 51 pays, avec un budget de 52 millions de dollars.

En début de séance, la Deuxième Commission a terminé son débat entamé hier sur l’élimination de la pauvreté ainsi que sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.  L’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a souligné que son agence contribue aux efforts des pays pour éliminer la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire, en soutenant une industrialisation durable et inclusive.  Les programmes de l’ONUDI aident en effet les pays à mettre en place des politiques industrielles modernes et intégrées et à accroître les investissements publics et privés dans l’industrie durable, y compris l’agroindustrie.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux lundi 16 octobre, à partir de 10 heures.

ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT 

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION 

Fin de la Discussion générale conjointe

Mme MARTINS (Timor-Leste) a reconnu que son pays vit une pénurie alimentaire.  Près de 40% de la consommation alimentaire est importée.  Plus de 66% des ménages dépendent de l’agriculture pour leur revenu primaire.  En outre, les catastrophes environnementales et la vulnérabilité du système de production alimentaire local, associées au manque de capacités logistiques et infrastructurelles, sont devenues des préoccupations majeures pour la transformation d’une chaîne de valeur résiliente, durable, inclusive et axée sur la nutrition.  Pour relever ces défis, a dit la représentante, le Gouvernement a élaboré le Plan stratégique 2021-2025 qui renferme quatre objectifs stratégiques.

Le premier objectif est d’accroître durablement la production et la productivité des sous-secteurs des cultures vivrières, de l’élevage, de la pêche, de la foresterie et des cultures industrielles.  Le plan vise à améliorer la valeur ajoutée et l’accès aux marchés intérieurs et extérieurs.  À travers ce plan, l’exécutif veut améliorer la gestion, l’utilisation et la conservation durables des ressources naturelles.  Il entend enfin améliorer la bonne gouvernance et la gestion institutionnelle dans l’ensemble du secteur agricole.  La représentante n’a pas manqué de rappeler l’importance de la coopération internationale, du partenariat, de l’aide publique au développement, du financement climatique et de l’assistance technique, conformément au Programme d’action d’Addis-Abeba et à l’Accord de Paris.

M. ASSANE DIOUM (Sénégal) a exposé trois urgences majeures face aux crises interconnectées. La première tient à la diversification de la production et au soutien aux initiatives régionales et nationales. Par exemple, un Plan africain d’urgence pour la production alimentaire d’un montant d’environ 1,5 milliard de dollars a été lancé, en mai 2022, à l’initiative de la Banque africaine de développement pour renforcer la sécurité alimentaire, la nutrition et la résilience sur le continent. La deuxième urgence est de renforcer la protection sociale.  Ainsi, le Gouvernement sénégalais a lancé un programme national de transfert monétaire visant à soulager près de 400 000 ménages.  Quant à la troisième urgence, il s’agit du financement et de l’assurance agricole.  C’est ce qui permet aux petits producteurs et exploitants agricoles d’améliorer leur production, malgré des capacités techniques limitées et les aléas climatiques.

Msg GABRIELE CACCIA, du Saint-Siège, a estimé que la véritable ampleur de la pauvreté ne devient évidente que lorsqu’on la mesure avec des critères qui vont au-delà du revenu et qui incluent des indicateurs non monétaires.  L’expérience et les données nous disent qu’un niveau élevé de croissance économique et une pauvreté généralisée peuvent coexister.  Nous devons, une nouvelle fois, reconnaître de nouvelles formes de pauvreté, a poursuivi l’archevêque, en citant le pape François.  Dans toutes ses manifestions, la pauvreté est un affront à la dignité humaine offerte par Dieu.  Il faut donc une approche intégrée conjuguant mesures monétaires et politiques globales pour s’attaquer aux privations non monétaires aux niveaux éducatif, social, culturel et spirituel.  À cet égard, l’éducation est un antidote efficace contre la pauvreté tout comme l’est une bonne protection sociale.  Les politiques sociales visant à améliorer la répartition des richesses dépendent d’une véritable promotion des pauvres qui aille au-delà de la simple mentalité de l’aide.

Nous vivons, a poursuivi l’archevêque, dans un monde de paradoxe où l’on produit suffisamment de nourriture pour toute la planète mais où la faim demeure la réalité d’un trop grand nombre.  S’il faut lutter contre le gaspillage et la surconsommation, il faut aussi assurer une production durable et une juste distribution.  Il faut, ici, aussi une nouvelle mentalité.  Seules des mesures concrètes feront que l’inclusion des exclus, la promotion des moindres et l’intérêt de centaines de millions de gens privés des biens de première nécessité mèneront à l’éradication de la pauvreté et au développement humain.

Mme MILJKOVICOVA, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a souligné que son agence contribue aux efforts des pays pour éliminer la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire, grâce à une industrialisation durable et inclusive.  L’histoire a montré qu’une industrialisation durable est la clef de la création d’emplois, de la lutte contre la pauvreté et d’une croissance économique soutenue.  Très peu d’États ont atteint le statut de pays en développement sans traverser un processus robuste d’industrialisation.  Les capacités de production locales se sont aussi avérées vitales pour la résilience socioéconomique aux chocs extérieurs et c’est particulièrement important aujourd’hui comme demain.  Grâce à ses conseils politiques et à ses projets techniques, l’ONUDI aide les pays en développement à renforcer leurs capacités, à participer aux chaînes de valeur régionales et mondiales et à pénétrer de nouveaux marchés.  Les programmes de l’ONUDI aident les pays à mettre en place des politiques industrielles modernes et intégrées et à accroître les investissements publics et privés dans l’industrie durable, y compris l’agro-industrie.  L’ONUDI travaille étroitement avec ses partenaires et le secteur privé pour améliorer les connaissances et les technologies et trouver ainsi des solutions novatrices à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DE DÉVELOPPEMENT

Présentation des rapports 

M. NEIL PIERRE, Directeur par intérim du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté les rapports du Secrétaire général sur l’« Application de la résolution 75/233 de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies » (A/78/72 et A/78/72/Add.1).

Cette année, le rapport (A/78/72) montre comment les réformes du système des Nations Unies pour le développement et la refonte du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents en 2019 ont aidé les pays à renforcer leurs politiques transformatrices et à réaliser des progrès plus rapides vers le développement durable et inclusif.  Toutes les données vont dans le même sens, a fait observer M. Pierre: les investissements réalisés pour repositionner le système de développement des Nations Unies donnent des résultats.  Ainsi, plus de 88% des pays hôtes ont indiqué que les coordonnatrices et coordonnateurs résidents exerçaient un leadership efficace pour ce qui était de l’appui stratégique apporté aux priorités et plans nationaux.

En outre, les plateformes de collaboration régionale fournissent une meilleure expertise aux équipes de pays et les aident à trouver des solutions aux questions de développement transfrontalier.  Le système des Nations Unies pour le développement a appuyé les pays en matière d’élimination de la pauvreté, d’égalité entre les genres, d’éducation, de science, de technologie et d’innovation afin de les aider à remplir la promesse de ne laisser personne de côté.

Grâce au repositionnement du système, la coopération entre les activités de développement, l’action humanitaire et les activités de consolidation de la paix a été renforcée, de même que leur cohérence.  L’appui doit encore être renforcé pour élargir l’accès à des financements abordables à long terme en vue d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Davantage de progrès sont également nécessaires à l’échelle du système pour intégrer des approches sensibles au climat et respectueuses de l’environnement dans les programmes et plans stratégiques, pour généraliser l’inclusion du handicap et des personnes autochtones, ainsi que pour parvenir à l’égalité de genre à tous les niveaux.

Pour preuve de transparence, le système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents publie cette année pour la première fois ses résultats, en annexe du rapport (A/78/72/Add.1).  Le financement total du système des Nations Unies pour le développement s’est élevé à 46,5 milliards de dollars en 2021, ce qui représente une augmentation de 8% par rapport à 2020.  Les contributions alimentant les ressources de base ont représenté 21% de ce montant et les contributions pour les autres ressources, 79%.  Les contributions de base ont augmenté mais le système reste très dépendant d’un petit nombre de contributeurs, et le système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents présente un déficit, ce qui est particulièrement préoccupant puisqu’il apporte un appui à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Aussi, le Secrétaire général demande de relancer la dynamique en faveur du futur pacte de financement et invite les États Membres à réexaminer les modèles de financement.

En venant au sujet de la coopération, Mme XIAOJUN GRACE WANG, Directrice du Fonds fiduciaire au Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’« état de la coopération Sud-Sud » (A/78/290).  Il met en lumière les défis mondiaux et les nouvelles problématiques et tendances dans le domaine de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. 

Il fournit également une évaluation des progrès réalisés dans l’application des recommandations du document de Buenos Aires issu de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, en particulier les nombreuses initiatives engagées en 2022 par le système des Nations Unies pour le développement à l’appui de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire pour réaliser le Programme 2030.  Les modalités d’action dictées par la demande permettent aux pays en développement d’accélérer les progrès grâce à l’échange de connaissances, au développement et au transfert de technologies ainsi qu’à des financements.

Le rapport présente également une analyse des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Stratégie de coopération Sud-Sud et de coopération triangulaire au service du développement durable applicable à l’échelle du système des Nations Unies (2020-2024).  Il ressort du rapport que la solidarité mondiale et la coopération internationale sont essentielles à la sécurité humaine et à la construction d’un monde inclusif, équitable et pacifique, en particulier pour aider les pays les plus pauvres et les plus vulnérables.

Le « rapport du Comité de haut niveau pour la coopération Sud-Sud » sur les travaux de sa vingt et unième session (A/78/39) a également été mis à la disposition des délégations. 

Discussion générale conjointe

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. ADIEL GUEVARA RODRÍGUEZ (Cuba) a constaté que, malgré les progrès enregistrés, les activités opérationnelles de développement n’ont pas reçu suffisamment d’attention et de ressources de la part de la communauté internationale.  L’objectif principal demeure l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, a-t-il voulu rappeler.  Le Groupe a réitéré son appel à aider les pays à leur demande pour accélérer les ODD, répétant que plus les financements sont prévisibles, plus ils sont efficaces.  Il s’est dit préoccupé par la baisse des contributions de base du système et a appelé à inverser cette tendance, ce qui permettrait aux entités du système des Nations Unies d’atteindre leurs objectifs en matière de développement. 

Disant apprécier les efforts de repositionnement du système des coordonnateurs résidents, le représentant s’est dit toutefois préoccupé par les lacunes et leurs conséquences sur le terrain.  Un financement prévisible et adéquat est indispensable et le Groupe est prêt à y participer de façon constructive, a-t-il assuré.

Quant à la coopération Sud-Sud, le représentant a insisté sur le fait qu’elle vient en complément mais ne doit pas se substituer à la coopération Nord-Sud. Il a aussi estimé que le développement doit être en son cœur.  Le Groupe a mis l’accent sur les résultats du sommet qui a eu lieu à La Havane en septembre dernier sur la science, la technologie et l’innovation, qui a contribué à renforcer la collaboration entre les pays du Sud et à tirer parti de leur potentiel.

Au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), après avoir noté que 50,5% des dépenses pour les activités opérationnelles de développement ont été allouées aux PMA en 2022, a critiqué la répartition inégale de ces fonds, soulignant que seulement 13% des fonds de base ont été dirigés vers les pays de son groupe.  Il a ensuite déterminé les trois domaines d’action urgents pour les PMA, comme proposés par le Secrétaire général: l’allégement de la dette, l’augmentation du financement à long terme et l’expansion du financement d’urgence. 

Selon le délégué, 33 des PMA ont commencé à élaborer un cadre de financement national intégré avec l’ONU.  Il s’est toutefois inquiété de la diminution de 75% du Fonds commun pour les ODD, soulignant que malgré ce sous-financement, le Fonds a catalysé environ 2,3 milliards de dollars depuis sa création en 2019.  Il a appelé à une collaboration formelle entre les équipes de pays de l’ONU et les institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, pour un soutien coordonné aux PMA. 

Il a aussi mis en exergue le rôle complémentaire de la coopération Sud-Sud, se réjouissant du potentiel de la nouvelle plateforme Galaxy Sud-Sud qui connecte 500 organisations et offre un répertoire numérique de plus de 900 solutions de développement.  Pour conclure, le représentant a rappelé que malgré la reconnaissance par toutes les organisations du système de développement de l’ONU de la catégorie des PMA, peu d’entre elles ont des cibles budgétaires spécifiques pour ces pays. Il a instamment demandé une meilleure intégration du Programme d’action de Doha dans les mandats opérationnels et l’établissement d’unités spécifiques pour les PMA, insistant sur le fait que les PMA comptent sur l’ONU pour soutenir leur développement durable de diverses manières.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a estimé que la réponse des Nations Unies aux multiples crises et défis auxquels sont confrontés les pays en développement est essentielle pour sauver des vies et pour remettre les pays vulnérables comme ceux des Caraïbes sur la voie d’une croissance soutenue et résiliente et sur celle de la réalisation des ODD.  Le représentant s’est félicité du repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et de la refonte du système des coordonnateurs résidents, qui sont en mesure d’appuyer les programmes nationaux.

Toutefois, au vu du manque de progrès pour réaliser le Programme 2030, la CARICOM est d’avis que le temps est venu de changer de vitesse pour passer de la politique à la mise en œuvre et, plus important encore, à l’action au niveau des pays.  Alors que la communauté internationale prépare la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui aura lieu à Antigua-et-Barbuda l’année prochaine, la CARICOM insiste sur l’importance du rôle que pourrait jouer le système des Nations Unies pour le développement pour trouver, de manière concertée, des solutions aux problèmes existants et à venir. Il est important que les équipes de pays puissent s’appuyer sur le leadership et les capacités du système dans son ensemble pour encourager des partenariats solides et durables.

La CARICOM est également d’avis que les équipes de pays doivent disposer des compétences et de l’expérience nécessaires et elle espère que les plans soient adaptés aux priorités nationales et régionales.  Sur ce point, les lacunes en matière de données et de statistiques devraient être comblées, a-t-elle averti.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a salué l’approche globale du système des Nations Unies pour le développement et a encouragé les partenaires à assurer un financement adéquat, prévisible et durable du système des coordonnateurs résidents.  Témoignant de l’engagement constructif de l’ASEAN dans le processus de négociation de l’examen quadriennal complet en 2024, il a relevé les progrès dans la mise en œuvre du Plan d’action commun entre l’ASEAN et l’ONU (2021-2025).  Il a aussi mis en lumière l’Initiative de complémentarité, une collaboration entre l’ASEAN et la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), visant à harmoniser les objectifs de l’ASEAN 2025.

Concernant les efforts régionaux spécifiques, le délégué a évoqué le dialogue de haut niveau sur la complémentarité et le Sommet sur les ODD le mois dernier à New York, coprésidé par le Premier Ministre thaïlandais.  Il a noté que des idées concrètes et des approches alternatives, y compris l’économie bio-circulaire-verte, continuent d’être explorées.  Et il a également réaffirmé le soutien continu de l’ASEAN au centre d’études et d’échange de l’ASEAN sur le développement durable pour renforcer la coopération et appuyer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Enfin, il a mis en avant l’expansion des partenariats de son groupe, accueillant les Pays-Bas et le Maroc en tant que partenaires de développement et de dialogue sectoriel, respectivement.

Mme LORATO MOTSUMI (Botswana), s’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral (PDSL), a souligné l’importance de l’année 2024 pour les pays de son groupe, marquée par le début d’un nouveau cycle d’examen quadriennal complet, et par l’adoption d’un nouveau programme d’action lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PDSL devant se tenir à Kigali.  Reconnaissant que le système des Nations Unies pour le développement joue un rôle crucial dans le soutien aux PDSL, elle a néanmoins insisté sur la nécessité d’un suivi continu, aussi bien des bonnes pratiques que des lacunes.

La représentante a énuméré cinq éléments clefs: faire de l’élimination de la pauvreté la priorité absolue; garder une approche axée sur le développement, adaptée aux besoins spécifiques des pays; reconnaître l’importance du leadership national dans la restructuration du système de développement de l’ONU; développer des nouveaux cadres de coopération, en pleine consultation avec les gouvernements des pays d’accueil; offrir plus de ressources, de données et d’expertise afin de faciliter la conclusion des stratégies nationales de développement.

La déléguée a également exprimé sa préoccupation face au manque de financement, notamment les coupes majeures dans les contributions aux ressources de base des agences de développement de l’ONU. Elle a souligné le besoin d’un financement adéquat et durable du système du coordonnateur résident et a appelé à renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ  (El Salvador) a souligné l’impact notable sur les actions de terrain d’un système revitalisé de coordonnateur résident, notamment en matière de cohérence et de collaboration entre les différentes équipes nationales. Elle a salué la création de plans de réponses adaptés aux multiples crises et a fait savoir que des progrès significatifs ont été réalisés dans le renforcement des capacités statistiques nationales, ainsi que dans la désignation des besoins des populations vulnérables.  Cependant, elle a alerté sur la nécessité d’un financement stable et durable.  Elle a par ailleurs insisté sur l’importance de la révision de l’examen quadriennal complet.
 

Concernant la coopération Sud-Sud, la déléguée a mis en avant son rôle catalyseur pour augmenter la solidarité globale.  El Salvador a augmenté sa participation dans des initiatives de coopération Sud-Sud, a‑t‑elle fait valoir, saluant pour conclure le rôle du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud et exprimant l’espoir d’un soutien accru de la part des partenaires pour avancer dans de tels projets.

Mme CARMEN ROBLEDO LÓPEZ (Mexique) a fait valoir que les opérations menées par l’ONU sur le terrain constituent l’une des activités les plus importantes de l’Organisation.  Par conséquent, le rôle des coordonnateurs résidents et des équipes de pays des Nations Unies doivent être continuellement actualisés et renforcés.  La représentante a vu dans l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système de l’ONU, qui aura lieu en 2024, l’occasion de réaffirmer notre engagement en faveur du repositionnement de ce système.  Au cours de cet exercice, elle a proposé d’identifier les domaines dans lesquels des efforts supplémentaires sont nécessaires, notamment en matière d’égalité des sexes, des changements climatiques, de prévention des risques de catastrophe ou encore d’abus sexuels.

Si les priorités de chaque pays dépendent des défis nationaux qui leur sont propres, les demandes dépassent souvent la capacité de réponse et les ressources disponibles, a-t-elle poursuivi.  La représentante a exprimé sa vive préoccupation face au déficit budgétaire auquel est confronté le système des coordonnateurs résidents, en particulier la réduction progressive du financement de base.  Elle a donc jugé urgent de mettre en place un système de financement suffisant, prévisible et durable, à même de fournir aux coordonnateurs les ressources nécessaires pour s’acquitter pleinement de leur mandat.  Elle a par ailleurs salué les progrès réalisés dans l’intégration de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire aux plans stratégiques de nombreuses entités du système onusien.  Dans ce contexte, elle entend continuer de plaider en faveur du renforcement du lien entre le développement, l’action humanitaire et la consolidation de la paix, avec la participation de l’ensemble des parties prenantes.

M. JOSEPH ETOUNDI AYISSI (Cameroun) a plaidé en faveur du relèvement de l’allocation de ressources ordinaires destinées au financement du développement. Il a souligné à cet égard la nécessité de respecter les engagements pris dans le cadre du pacte pour le financement, lequel prévoit que des ressources adéquates soient mobilisées afin de répondre aux priorités nationales et que 30% des contributions allouées au financement soient destinées aux ressources de base.  Selon le représentant, la volonté politique et le renforcement du partenariat mondial permettront de doter le système de développement de l’ONU des ressources nécessaires pour qu’il soit en mesure de s’acquitter de son mandat.

M. PETER MOHAN MAITHRI PEIRIS (Sri Lanka), constatant l’incapacité à réduire la pauvreté du fait de limitations budgétaires, notamment sur les dépenses sociales, a noté que les pays en développement, contrairement aux pays développés, ont dû faire face à une contraction de leur espace fiscal et à des investissements fragiles après la pandémie de COVID-19.  Il a donc insisté sur la nécessité d’une solidarité et d’une coopération internationales sans précédent.  Réitérant l’appel à intensifier la coopération tant Sud-Sud que triangulaire, le délégué a précisé que ces mécanismes ne sont pas des substituts, mais des compléments à la coopération Nord-Sud.  Il a aussi souligné la pertinence du principe de « responsabilités communes, mais différenciées » dans le financement du développement.

Le représentant a ensuite détaillé 10 mesures innovantes pour le développement de la coopération Sud-Sud: partenariats public-privé, transformation numérique, solutions énergétiques durables, promotion touristique et culturelle, innovation en agroalimentaire, développement des compétences, infrastructure verte, inclusion financière, collaboration en recherche et développement, et réformes politiques.  Il a affirmé que la mise en œuvre de ces mesures stimulerait la croissance économique et améliorerait le bien-être de la population régionale.  Enfin le délégué a loué le développement d’un cadre conceptuel volontaire pour la mesure de la coopération Sud-Sud et a salué les efforts de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans ce domaine.

M. SWABRI ALI ABBAS (Kenya) a souligné la nécessité pour les activités des Nations Unies d’être adéquatement financées afin de relever efficacement les défis auxquels font face les États Membres en matière de paix, de développement et de droits de l’homme humains.  « Sinon, nos débats techniques détaillés sur la transparence et la responsabilité ne seront rien de plus qu’une mort lente pour l’un des piliers de l’ONU », a-t-il prévenu.  Rappelant que le Kenya et les États-Unis avaient coorganisé une table ronde pour mobiliser des fonds pour le système de coordonnateurs résidents, il a ajouté que le Kenya avait contribué au fonds d’affectation spéciale à des fins déterminées, et il a exhorté les autres États Membres à éviter les coupes budgétaires dans les agences de développement.

Il a également souligné l’importance de la coopération Sud-Sud dans la résolution des défis de développement, appelant à un engagement plus cohérent.  Il a salué le cadre stratégique 2022-2025 du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud et s’est enorgueilli de l’accueil par le Kenya du Sommet du climat en Afrique, dont les résultats contribueront à la COP28, a-t-il précisé.  Il a conclu en rappelant que le Kenya, par ses initiatives, manifeste son engagement envers la coopération Sud-Sud et le multilatéralisme.

M. PISAREVICH (Bélarus) a fustigé les mesures coercitives unilatérales prises par certains États, identifiées comme des obstacles à la réalisation des ODD, et devant être levées sans plus tarder.  Il a reconnu le rôle capital de l’ONU dans le développement durable, notamment à travers ses activités opérationnelles et l’examen quadriennal complet.  Le délégué a témoigné son soutien aux efforts du Secrétaire général et a apprécié l’efficacité du coordonnateur résident, en place depuis cinq ans dans son pays.  Il a insisté sur le fait que les activités opérationnelles devraient être « pleinement axées sur l’aide aux États Membres ». 

Concernant le financement du Programme 2030, il a salué les contributions quantitatives des organisations de l’ONU, mais a critiqué la qualité de ces efforts.  « La part des ressources essentielles n’a pas augmenté », a-t-il relevé, indiquant que cette tendance limite la capacité de l’ONU à aider efficacement les pays dans leur développement durable.  Il a regretté la politisation de l’attribution des ressources et, constatant que les pays à faible revenu reçoivent la majorité des ressources opérationnelles, il a appelé à soutenir les États à revenu intermédiaire, qui constituent environ les deux tiers des membres de l’ONU.  Il a ainsi suggéré la création d’un document stratégique pour guider la coopération des Nations Unies avec ce groupe.

M. MAHAMADOU BOKOUM (Burkina Faso) a souligné que le système des Nations Unies pour le développement démontre une efficacité indéniable.  Les pays hôtes expriment en effet de plus en plus leur satisfaction à l’égard de ce système, notamment en ce qui concerne l’alignement de l’appui du système sur leurs besoins et leurs priorités.  En outre, a-t-il ajouté, le système est devenu le partenaire privilégié des pays pour des conseils politiques intégrés et fondés sur des données probantes.  À cet égard, il a mis en lumière la relation constructive qui existe entre le système des Nations Unies et le Burkina Faso.

En dépit des progrès encourageants, a—t-il poursuivi, des actions supplémentaires sont nécessaires dans plusieurs domaines, telles que la diversification des sources de financement, puisque la base de financement demeure fortement dépendante de contributions extrabudgétaires et de quelques grands donateurs.  Le déficit de financement du système des coordonnateurs résidents est tout aussi préoccupant.  Par ailleurs, des partenariats innovants avec les autorités locales, la société civile et le secteur privé sont nécessaires pour relever les défis actuels, a assuré le représentant.

M. NGUYEN HOANG (Viet Nama assuré que l’ONU reste le partenaire privilégié du Viet Nam dans ses efforts de développement, disant apprécier son expertise, ses recommandations politiques et son assistance technique, qui l’aident à avancer vers le développement durable.  Pour améliorer le système des Nations Unies pour le développement, le représentant a suggéré quelques points.  D’abord, lui fournir un financement adéquat et prévisible, en particulier pour ce qui concerne les ressources de base.  Sur le terrain, son travail devrait être adapté à la situation propre à chaque pays et contribuer à élaborer un cadre national de développement durable correspondant à ses priorités et à ses besoins.  Enfin, le représentant a plaidé pour un appui supplémentaire du système dans de nouveaux domaines tels que la numérisation, la transition énergétique verte et juste, l’économie circulaire, et l’utilisation de la science, de la technologie et de l’innovation dans la réalisation des ODD.

Mme EL OUATIKI (Maroc) a réitéré son soutien au repositionnement du système des Nations Unies pour le développement en tant que socle destiné à soutenir les programmes de pays dans leurs efforts pour réaliser le Programme 2030.  Elle a rappelé les investissements réalisés dans le repositionnement de ce système, avec pour centre le système des coordonnateurs résidents, notant que ce système est aujourd’hui un partenaire des pays du développement pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Toutefois, a-t-elle prévenu, le système des coordonnateurs résidents exige un financement adéquat et prévisible.

La représentante a aussi fait savoir que la coopération Sud-Sud constitue un pilier de la politique étrangère du Maroc, qui continue de mener des projets, des initiatives et des partenariats afin promouvoir la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire dans différents domaines.  Une telle coopération constitue selon elle un moyen de parvenir à un avenir résilient et durable.  Elle doit donc être intégrée dans la préparation des rapports nationaux volontaires, a-t-elle recommandé.

Mme PETAL GAHLOT (Inde) a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais, les pays du Sud ont besoin du système des Nations Unies pour afin de réaliser les ODD, lesquels sont « très loin d’être sur la bonne voie ».  Elle s’est félicitée de la mise en place du Fonds de partenariat Inde-ONU, géré par le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, qui compte aujourd’hui quelque 66 projets de développement dans 51 pays, avec un budget de 52 millions de dollars.  Le système des Nations Unies doit maintenant se concentrer sur les tâches pour lesquelles il est qualifié, à l’aide de ressources adéquates et flexibles, a souhaité la représentante.

La coopération Sud-Sud est une priorité pour l’Inde, a poursuivi la représentante en précisant que c’est une priorité de sa présidence du G20, laquelle a débuté en janvier de cette année avec le sommet « La voix des pays du Sud ».  La représentante a salué l’inclusion, à cette occasion, de l’Union africaine en tant que membre permanent du G20, une décision qui amplifie selon elle la « voix du Sud ».  Guidée par les priorités de ses partenaires, la coopération au développement de l’Inde s’étend désormais au commerce, à la culture, à l’énergie, à la santé ainsi qu’aux infrastructures, a-t-elle informé.  Elle a ajouté qu’en mettant l’accent sur la coopération Sud-Sud, l’Inde s’efforce de résoudre les problèmes des pays en développement de manière transparente, tout en favorisant la croissance économique.

M. EMERY GABI (Congo) a rappelé à quel point la coopération Sud-Sud avait été essentielle dans la distribution des vaccins contre la COVID-19, contribuant à la mise en place de centres de vaccination dans les pays en développement.  Il a appelé à étendre cette coopération à la reprise économique post-COVID.  Le délégué a annoncé que son pays œuvrait à la mise en place de mécanismes de financement innovants pour soutenir des projets structurants dans le Sud, notamment un mécanisme d’échanges d’étudiants et d’enseignants-chercheurs, similaire au programme ERASMUS en Europe, car « le développement des pays du Sud ne pourra pas se réaliser sans des ressources humaines de qualité ».

Soulignant que les secteurs comme l’éducation, la défense et les finances disposent déjà, au Congo, d’instruments juridiques favorisant la coopération Sud-Sud, il a mentionné le projet de pont route-rail sur le fleuve Congo, reliant Brazzaville à Kinshasa, avant de parler aussi de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.  Il a également indiqué que le Congo participe à la consolidation de la paix et à l’intégration régionale en Afrique centrale.

M. SHAREEF (Pakistana salué l’intervention « cruciale » du système des Nations Unies dans son pays après les inondations de l’année dernière.  Il a fait savoir que le soutien continu de l’ONU était essentiel pour mettre en œuvre les plans nationaux de relance post-COVID-19, et s’est dit préoccupé quant au système des Nations Unies pour le développement.  Remarquant que la part du financement total provenant de contributions de base est passée de 28% en 2011 à seulement 21% aujourd’hui, il a souligné un déficit de financement de 85 millions de dollars pour le système des coordinateurs résidents.

Le délégué a réaffirmé les principes clefs qui devraient sous-tendre le système de l’ONU en matière de développement: l’éradication de la pauvreté doit demeurer l’objectif primordial, et l’appropriation nationale est cruciale pour l’obtention de résultats efficaces.  Enfin, il a salué le rôle de la coopération Sud-Sud en tant que complément, et non pas substitut, à la coopération Nord-Sud.  Le représentant a conclu en appelant les Nations Unies à continuer de prendre des mesures concrètes pour renforcer le soutien à la coopération Sud-Sud et triangulaire.

M. MUHAMMAD ZULASRI BIN ROSDI (Malaisie) a salué les efforts « louables » réalisés par le Coordonnateur résident et l’équipe de pays en Malaisie pour répondre aux besoins particuliers du pays afin de préparer un avenir durable et résilient.  Reconnaissant les préoccupations entourant le financement du système des coordonnateurs résidents, il a exprimé son optimisme et sa confiance en la capacité de parvenir à une solution durable.

D’autre part, la Malaisie reconnaît l’immense potentiel de la coopération triangulaire pour améliorer l’expertise, les ressources et les perspectives des pays du Sud comme du Nord, a poursuivi le délégué.  Il a fait valoir que quand les pays du Nord sont impliqués, un ensemble de connaissances, de capacités techniques et de solutions novatrices peuvent être partagées, ce qui améliore les résultats en matière de développement.

M. BORIS A.  MESCHCHANOV (Fédération de Russie) a noté que, malgré les engagements pris par l’ONU, seulement 8% des dépenses totales des activités opérationnelles en 2021 ont été allouées à l’éradication de la pauvreté.  Soulignant l’écart entre ces chiffres et les priorités fixées par l’examen quadriennal complet, il a insisté sur la nécessité d’accroître l’aide aux pays en développement dans ce domaine.  Le représentant a remarqué qu’il existe une demande croissante pour un soutien dans l’industrialisation et l’accès à une énergie abordable et fiable, jugeant que l’ONU devait répondre à ces besoins.  En outre, il a exhorté les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD, fixés à 0,7% du PIB national, et de financement climatique, estimé à 100 milliards de dollars par an.  Il a indiqué que le volume de l’aide russe en 2022 avait dépassé le milliard de dollars.

Sur la question de la réforme de l’ONU, le délégué a avancé que la nouvelle structure de coordonnateurs résidents devrait être « compacte, flexible et économique », critiquant toute expansion du personnel au-delà des paramètres initialement convenus.  Il a également insisté sur l’importance d’un rapport de qualité démontrant la « valeur ajoutée » des coordonnateurs résidents, plutôt qu’une simple compilation des réalisations des agences de l’ONU dans les pays concernés. Enfin, le représentant a souligné que la Russie partage les principaux principes de la coopération Sud-Sud, notamment le respect de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires internes.  Il a conclu en notant l’implication continue de la Russie dans des projets de coopération trilatérale, contribuant financièrement et en expertise pour renforcer les capacités de ses partenaires, y compris dans la région de la CEI.

M. NATTHAKITH THAPHANYA (République démocratique populaire lao) a dit apprécier le rôle essentiel du système des Nations Unies pour le développement et les efforts sans relâche des équipes de pays dans leur appui aux plans et activités de développement socioéconomique des États Membres.  Il s’est félicité de la hausse de 14% des financements au bénéfice des pays en situation particulière.  Le représentant a fortement encouragé le système à mener ses activités de développement au niveau des pays conformément aux priorités nationales. En ce sens, des mécanismes de suivi et d’évaluation sont indispensables, a-t-il ajouté.

Le représentant a encouragé les partenaires de développement à s’engager à fournir des ressources suffisantes, mais également prévisibles et durables, en soutien des activités de développement des pays qui en ont besoin. Ces partenaires devraient également se concentrer, avec le système des Nations Unies pour le développement, sur l’élargissement des capacités nationales et sur l’appropriation nationale des programmes visant à éliminer la pauvreté et à faire face à de multiples autres défis.

M. BULELANI MANDLA (Afrique du Sud) a considéré essentiel son partenariat avec les pays du Sud pour faire progresser les intérêts de l’Afrique et des pays en développement.  Le rapport du Secrétaire général sur la coopération Sud-Sud indique que de nombreux pays en développement sont confrontés aux conséquences sanitaires et socioéconomiques de la pandémie de COVID-19, lesquelles sont caractérisées par une reprise inégale, a‑t‑il noté.  Le représentant a craint que les inégalités croissantes entre les États menacent la réalisation des ODD nécessaire à la création d’un monde plus inclusif.  À cet égard, il a jugé essentiel que les pays développés respectent les engagements pris dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement afin de stimuler la croissance économique.  Qui plus est, la solidarité internationale, en particulier avec les plus pauvres et les personnes vulnérables, est essentielle à la réalisation du Programme 2030, a‑t‑il rappelé.

Le représentant a réaffirmé que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont complémentaires de la coopération Nord-Sud et ne sauraient s’y substituer.  Compte tenu des divergences dans les niveaux de développement, l’aide publique au développement (APD) reste vitale pour les pays en développement, a‑t‑il ajouté, un rôle que le secteur privé est appelé à compléter.

M. DWI WISNU BUDI PRABOWO (Indonésie) a considéré que le système de développement et le système des coordonnateurs résidents des Nations Unies continuent de jouer un rôle important dans l’aide apportée aux États afin de réaliser les ODD.  Nous devons mettre en place des programmes ciblés pour renforcer la résilience, malgré les contraintes auxquelles sont confrontés de nombreux pays, a‑t‑il recommandé.  Le représentant a cité en exemple l’appui aux petites et moyennes entreprises, la création d’emploi et la lutte contre les inégalités.  Il a appelé à cet égard à la poursuite des discussions afin de renforcer le système des coordonnateurs résidents, tout en mettant l’accent sur un financement durable et prévisible.  Il a appelé à soutenir la coopération Sud-Sud et triangulaire, qui est fondamentale pour aider les pays en développement à parvenir à une croissance et à un développement durables, avec l’appui du système de développement de l’ONU.

M. RABIU DAGARI (Nigéria) a loué le système des coordonnateurs résidents, tout en réclamant un financement adéquat et durable.  « En 2021, les dépenses consacrées aux activités de développement ont atteint pour la première fois 20 milliards de dollars, mais il faut aller plus loin pour répondre aux attentes élevées de la communauté internationale », a-t-il affirmé.  Il a insisté sur l’importance de la coopération Sud-Sud pour l’Afrique, un continent riche en ressources mais confronté à de multiples défis de développement, et a mis en exergue l’Agenda 2063 de l’Union africaine, aligné sur le Programme 2030.  Il a appelé plus de pays à contribuer financièrement à l’aide destinée aux pays africains.

En ce qui concerne le rôle du Nigéria dans la coopération Sud-Sud, le délégué a mis en lumière les initiatives nationales comme le Corps d’aide technique et la Direction de la coopération technique en Afrique, des programmes ayant déployé plus de 30 000 professionnels qualifiés dans 38 pays depuis 1987.  Il a souligné que son pays promeut, dans cette aide, le respect des principes de souveraineté nationale, d’appropriation nationale et de bénéfice mutuel.  Enfin, il a exhorté à améliorer la transparence et la responsabilité dans le système des Nations Unies pour le développement, notant que seulement 26% des pays considèrent comme « bonne » la qualité des rapports sur les résultats obtenus avec les ressources de base.

M. DAI BING (Chinea assuré que la Chine soutient les efforts de la communauté internationale afin de parvenir au relèvement des pays en développement.  Des efforts plus ciblés sont toutefois nécessaires, a poursuivi le représentant.  Il a ainsi recommandé de créer un contexte propice au développement durable, dans le multilatéralisme et avec un esprit d’ouverture.  Il a demandé de se concentrer sur le renforcement des capacités pour le développement et a recommandé aux agences des Nations Unies de trouver un meilleur équilibre entre les financements à long terme et les secours d’urgence.

Pour la Chine, le système financier international doit refléter les préoccupations de tous, notamment des pays en développement.  Elle soutient l’appropriation nationale des programmes de développement, qui doivent tenir compte des besoins et des priorités nationales.  Le délégué a en outre dit que son pays soutient fermement la coopération Sud-Sud et fait de son mieux pour aider les pays en développement.  À cet égard, il a signalé que la Chine avait mis en place l’Initiative de coopération Sud-Sud, qui a permis de donner un nouvel élan.

M. SUWANTRA (Thaïlande), après avoir salué les efforts en cours concernant l’examen quadriennal complet visant à repositionner le système de développement des Nations Unies, a insisté sur la nécessaire prise en main nationale des activités de développement de l’ONU.  Il a ainsi fait savoir que la Thaïlande avait intégré sa propre « philosophie de l’économie de suffisance » dans le Cadre de coopération pour le développement durable des Nations Unies pour 2022-2026.  Cette intégration, a-t-il expliqué, a facilité une coopération efficace entre le Gouvernement thaïlandais et les équipes de l’ONU.

Le délégué a également mis en exergue l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, précisant qu’elles ne visent pas à remplacer la coopération Nord-Sud, et mentionnant trois projets lancés par la Thaïlande et le système des Nations Unies pour le développement, centrés sur: le commerce des produits agricoles biologiques; les soins de santé maternelle, les sages-femmes et la grossesse chez les adolescentes; la diplomatie sanitaire mondiale.  Il a conclu en annonçant que la Thaïlande allait coorganiser le cinquième Forum des directeurs généraux pour la coopération Sud-Sud et triangulaire en Asie-Pacifique les 27 et 28 novembre 2023 à Bangkok.

Mme LISANDRA MARINA GUTIÉRREZ TÓRREZ (Nicaragua) a d’abord souligné que la coopération Sud-Sud est complète, mais ne remplace pas la coopération Nord-Sud.  Reconnaissant l’importance de l’action de l’ONU pour les pays en développement, la déléguée a estimé que l’élimination de la pauvreté restait l’objectif numéro un.  Selon elle, des mesures collectives sont nécessaires pour améliorer l’efficacité de la coopération Sud-Sud et il faut prôner à cette occasion l’unité, la solidarité et la collaboration, particulièrement dans les domaines du commerce et du développement économique. 

La coopération doit permettre le partage de connaissances et de ressources technologiques, tout en respectant la souveraineté et les politiques sociales des États concernés, a‑t‑elle martelé.  La déléguée a par ailleurs reproché aux pays développés de manquer à leurs engagements en matière d’aide au développement, et elle a averti que la solidarité Sud-Sud ne devait pas servir d’excuse pour ces manquements.  Elle a enfin fustigé les mesures coercitives unilatérales imposées à plus de 30 pays, affectant plus de deux milliards de personnes, exigeant leur levée immédiate.

Mme PAULINA FELICIANO FRANCISCO ABDALA) (Mozambique) a souligné l’importance cruciale de la coopération Sud-Sud dans le développement et l’atteinte des ODD pour les pays en développement.  Elle a notamment relevé le rôle vital de la solidarité des pays du Sud pendant la pandémie de COVID-19, permettant l’acquisition de vaccins, de médicaments et d’équipements de protection.  Des dirigeants du Sud se sont réunis à La Havane le mois dernier pour renforcer la solidarité mondiale, a fait savoir la déléguée.  Parmi les secteurs les plus bénéficiaires de cette coopération se trouve l’agriculture, qui représente environ 24% du PIB national et emploie plus de 70% de la population mozambicaine, a‑t‑elle signalé.

À cet égard, la représentante a évoqué la création d’un centre de démonstration et de technologies agricoles, financé par la Chine et visant à soutenir les agriculteurs locaux.  Elle a exhorté les Nations Unies à soutenir les initiatives de coopération Sud-Sud et triangulaire, sans toutefois qu’elles remplacent les initiatives Nord-Sud, afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Enfin, elle a exprimé son enthousiasme quant au troisième Sommet Sud-Sud prévu pour l’année prochaine à Kampala.

M. PAUL GOA ZOUMANIGUI (Guinée), après avoir insisté sur l’importance de la coopération Sud-Sud, qui doit être un complément et non un substitut à la coopération Nord-Sud et à l’APD, a porté à la connaissance de la Commission l’existence de plusieurs études commandées par son pays afin d’optimiser les opportunités offertes par ce type de coopération Sud-Sud.  Ces travaux ont mené à la proposition de création d’un institut international de développement de la coopération Sud-Sud et triangulaire, qui serait basé à Conakry. Le but de cet institut, a-t-il précisé, serait de renforcer les capacités en matière de recherche et de formation, la Banque islamique de développement (BID) ainsi que le PNUD ayant déjà fourni une assistance technique pour son développement, a-t-il précisé.

Le délégué a sollicité le soutien des États Membres et des partenaires bilatéraux et multilatéraux pour la concrétisation de ce projet, ajoutant que la Guinée était prête à offrir un espace approprié et toutes les commodités nécessaires pour le bon fonctionnement de l’institut, y compris l’immunité diplomatique et les avantages financiers.

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