Deuxième Commission : un pacte mondial sur le numérique est urgent pour que la vague technologique ne laisse aucun pays de côté
La fracture numérique perdure, voire s’élargit, entre pays en développement et pays développés, et il est urgent de la refermer. Tel est le constat partagé, ce vendredi, par les experts et les délégations de la Deuxième Commission (questions économiques et financières), qui se penchaient sur les technologies de l’information et des communications (TIC) au service du développement durable, ainsi que sur la mondialisation et l’interdépendance.
Les pays les moins avancés (PMA) luttent toujours pour maîtriser les technologies numériques de première et de deuxième génération, tandis que les économies avancées se dotent de technologies d’avant-garde, a fait remarquer le groupe des PMA. Et le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) a échoué à combler le fossé numérique, a constaté la République islamique d’Iran.
De fait, 63% de la population mondiale est connectée, mais seulement 27% dans les PMA, a précisé M. Angel Gonzalez Sanz, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), lors de la présentation d’un rapport sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du SMSI.
Pourtant, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est basé en partie sur la reconnaissance du rôle d’accélérateur du développement durable que jouent les TIC lorsqu’elles font l’objet d’une utilisation plus équitable, a rappelé le Guyana. Le numérique peut en effet accélérer les progrès de 70% des objectifs de développement durable (ODD), a acquiescé l’Union internationale des télécommunications (UIT), qui a insisté sur la nécessité d’une action collaborative pour connecter les 2,6 milliards de personnes qui ne le sont toujours pas à travers le monde.
Dans ce contexte, les négociations pour l’élaboration d’un pacte mondial sur le numérique doivent débuter au plus vite, ont souhaité le Groupe des 77 et la Chine, et il faut revenir sur les obstacles rencontrés par les pays en développement dans l’accès aux technologies numériques. Ces négociations seront aussi l’occasion d’aborder de nouvelles questions d’avant-garde telles que l’intelligence artificielle, a renchéri l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
Ce fossé numérique et les inégalités d’accès aux technologies risquent d’aggraver davantage les fractures sociales, relève la CNUCED dans un rapport sur la science, la technologie et l’innovation au service du développement. Selon l’analyse de 166 pays à partir d’un indice de préparation aux technologies d’avant-garde, les pays en développement, en particulier en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique subsaharienne, sont confrontés à un grave risque d’être laissés à l’écart de l’actuelle vague technologique.
L’émergence de l’intelligence artificielle aura des répercussions sur le développement humain, a fait observer la Chine. Raison pour laquelle la communauté internationale doit envisager des règles équitables, prenant en compte les intérêts de tous, y compris des pays en développement. Pour préparer les États à l’utilisation inclusive de l’intelligence artificielle et à l’échange de bonnes pratiques, le rôle de l’UIT a été mis en avant. Par exemple, Bahreïn a lancé une initiative qui vise à combler les lacunes techniques dans le domaine du numérique dans le monde arabe et accueillera le Forum régional de développement pour le monde arabe, organisé par l’UIT du 6 au 8 novembre 2023.
Insistant sur le rôle important des TIC pour le développement durable, l’Inde a exhorté les pays développés à être plus généreux dans les financements destinés à la recherche et au transfert des technologies vers les pays en développement. Les pays du Sud ont besoin d’investissements dans les infrastructures numériques, d’un accès abordable à Internet et d’une aide à la recherche et au développement pour bénéficier de la nouvelle vague de technologies de pointe basées sur l’intelligence artificielle et les données, a fait remarquer le Bangladesh.
La Deuxième Commission s’est également penchée sur la coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire, dont l’état des lieux figure dans un rapport présenté par M. Navid Hanif, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique. La catégorie des pays à revenu intermédiaire compte actuellement 108 membres, qui représentent environ 30% du PIB mondial et 75% de la population mondiale, dont 60% vivent dans la pauvreté. Les obstacles au développement durable auxquels ils se heurtent sont multidimensionnels et ne peuvent être mesurés uniquement à l’aide d’instruments basés sur les revenus, ont constaté nombre de délégations qui ont dès lors appuyé l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle en cours d’élaboration.
La Fédération de Russie a critiqué la baisse de l’assistance financière qui est allouée à ces pays et l’importance excessive accordée aux prêts dans l’aide au développement. La Namibie a d’ailleurs invité à s’interroger sur les manières de renforcer le soutien du système des Nations Unies pour le développement à cette catégorie de pays, à l’instar d’autres délégations, qui ont proposé une approche plus ciblée. Rappelant que ces pays demeurent la seule catégorie de pays sans document de coopération stratégique avec le système des Nations Unies, le Bélarus a plaidé pour l’élaboration d’un plan d’action mondial.
Signe de son implication sur cette question, le Maroc a annoncé qu’il organisera une conférence des pays à revenu intermédiaire au premier trimestre 2024, à Marrakech, qui visera à améliorer la cohésion et la coopération entre pays à revenu intermédiaire.
En début d’après-midi, la Deuxième Commission a également terminé son débat sur les questions de politique macroéconomique ainsi que sur le suivi et la mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement, entamé jeudi.
La prochaine réunion aura lieu lundi 9 octobre, à partir de 10 heures, et sera consacrée au développement durable.
LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE
Présentation de rapports
M. ANGEL GONZALEZ SANZ, Chef de la science, de la technologie et de l’innovation à la Division de la technologie et de la logistique de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté par visioconférence les rapports du Secrétaire général intitulés « Progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international » (A/78/62-E/2023/49) et « Science, technologie et innovation au service du développement durable » (A/78/232).
Le premier rapport sur les progrès accomplis, préparé par la CNUCED sur la base de renseignements communiqués par des entités du système des Nations Unies, des organisations internationales et d’autres parties prenantes, présente trois grandes tendances et contextes: une coopération numérique qui évolue, les conséquences des conflits et le risque de cyberconflit, la gouvernance des données. Les défis posés par l’évolution du numérique imposent une coopération afin de progresser dans l’inclusion universelle dans l’économie numérique ainsi que dans l’intégration de la dimension numérique dans les actions visant à lutter contre la pauvreté, pour l’égalité entre les genres et pour le climat. Le rapport souligne aussi que la cybersécurité est un sujet de grande préoccupation, et en particulier la cybercriminalité.
S’agissant de la fracture numérique, M. Gonzalez Sanz a indiqué que 63% de la population mondiale est connectée, mais seulement 27% dans les pays les moins avancés (PMA). La coopération numérique, le partage de technologies et les partenariats demeurent indispensables pour connecter les populations reculées. Quant à la gouvernance des données, le rapport plaide pour une régulation sur ces questions complexes, soulignant le risque de voir une poignée d’acteurs des économies technologiquement avancées dominer définitivement l’économie des données, même au détriment des économies en développement.
En venant au rapport sur la science, la technologie et l’innovation au service du développement durable, M. Gonzalez Sanz a souligné qu’il met en avant leur rôle pour accélérer la reprise au sortir de la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il met également l’accent sur la fracture numérique et les inégalités d’accès aux technologies, qui risquent de creuser davantage les fractures sociales. Le rapport expose les enseignements tirés de l’expérience et les bonnes pratiques des pays en développement en ce qui concerne le renforcement des capacités en matière de science, de technologie et d’innovation, et passe en revue les progrès accomplis dans la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI).
Par ailleurs, la CNUCED a créé en 2021 un indice de préparation aux technologies d’avant-garde. Il a servi à l’analyse de 166 pays en 2022, dont il ressort que les pays en développement, en particulier en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique subsaharienne, sont confrontés à un grave risque d’être laissés à l’écart de l’actuelle vague technologique.
M. ELIOT MINCHENBERG, Directeur du Bureau de liaison de New York et représentant de l’UNESCO auprès des Nations unies à New York, a présenté, au titre du point 19 (b), le rapport du Secrétaire général sur « La culture et le développement durable » (A/78/217). Faisant le bilan de la mise en œuvre de la résolution sur la culture et le développement durable couvrant la période de deux ans depuis juin 2021, il a insisté sur la reconnaissance croissante, dans le monde entier, de la culture comme un moteur du développement durable. Il a également mentionné le tournant significatif marqué par la Conférence mondiale de l’UNESCO sur les politiques culturelles – MONDIACULT 2022, qui a reçu l’adhésion de 150 pays et a élaboré une feuille de route pour l’engagement politique dans ce domaine.
M. Minchenberg a souligné le réengagement des États Membres envers la protection des droits culturels essentiels pour bâtir des sociétés inclusives et démocratiques, surtout dans un contexte de reculs significatifs. Il a relevé l’intégration croissante de la culture dans les systèmes éducatifs et l’importance accrue accordée à la diversité culturelle dans l’apprentissage. Il a salué les plans de relance visant à renforcer la résilience du secteur culturel et créatif, en réponse à la crise sanitaire.
La culture demeure cruciale pour la consolidation de la paix et la prévention de l’extrémisme violent, a poursuivi le rapporteur, soulignant les progrès continuels sur les initiatives de l’UNESCO en Iraq (« Revive the spirit of Mosul ») et au Liban (« Li Beirut »). Il a ensuite relevé l’engagement accru des pays pour la protection du climat et la biodiversité par le biais de la culture. Enfin, il a identifié la culture comme un facteur clé dans la durabilité urbaine et les stratégies de mise en œuvre locale des ODD.
En conclusion, M. Minchenberg a appelé à positionner la culture comme un bien public mondial et comme un objectif de développement à part entière à l’horizon 2030. Il a également plaidé pour un financement durable de la culture, le considérant comme un levier essentiel pour un développement inclusif et durable.
M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport du Secrétaire général sur la « Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire » (A/78/224). Ce rapport présente une analyse des obstacles particuliers que ces pays rencontrent dans la réalisation du développement durable, l’accent étant mis sur la dimension environnementale, ainsi qu’un état des lieux qui donne une idée détaillée de l’appui offert à ces pays. La catégorie des pays à revenu intermédiaire compte actuellement 108 pays, qui représentent environ 30% du PIB mondial et 75% de la population mondiale, dont 60% vivent dans la pauvreté.
Nombre des difficultés et des lacunes des pays à revenu intermédiaire ne peuvent trouver de solutions seulement en interne, souligne le rapport. En outre, les obstacles au développement durable auxquels il se heurtent sont multidimensionnels et ne peuvent être mesurés uniquement à l’aide d’instruments basés sur les revenus. En ce sens, l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle se poursuit, a rappelé M. Hanif. Il a fait savoir que le rapport appelle la communauté internationale à agir immédiatement sur de nombreux fronts, notamment au sujet de la dette souveraine et de la réforme de l’architecture financière internationale.
Discussion générale
M. ADIEL GUEVARA RODRÍGUEZ (Cuba) au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) est limitée pour les pays en développement, compte tenu du manque de ressources, d’infrastructures et de compétences. Soulignant la fracture numérique qui s’est installée entre pays en développement et pays développés, le représentant a relevé qu’aujourd’hui 2,7 milliards de personnes restent hors ligne. La première étape doit donc d’être de combler le fossé, et pour ce faire, la coopération internationale, le transfert des technologies et le renforcement des capacités doivent être encouragés. Il faut en outre que les contenus répondant aux besoins spécifiques des États récipiendaires soient disponibles dans les langues vernaculaires. Simultanément, il faut des réglementations relatives à la vie privée en ligne, à l’utilisation de l’intelligence artificielle, à la désinformation et à la mésinformation.
Poursuivant, le représentant a estimé que l’ONU doit jouer un rôle primordial, notamment en ce qui concerne l’accès à ces technologies pour les pays en développement et pour une gouvernance internationale juste et équitable. Elle doit s’assurer que les conditions sont réunies pour que ces technologies soient largement diffusées à tous. Les États Membres du Groupe 77 et de la Chine soutiennent l’élaboration d’un pacte mondial sur le numérique et souhaitent que les négociations débutent au plus vite, a rappelé le délégué. Ce pacte doit revenir sur les obstacles rencontrés par les pays en développement dans l’accès aux technologies numériques, a-t-il dit, appelant la communauté internationale à se pencher sur cette question, dans l’objectif de la mise en œuvre du Programme 2030.
Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. PURUSHOTTAM DHUNGEL (Népal) a décrit un monde où les économies avancées continuent d’aller de l’avant, nanties des dernières technologies numériques, tandis que les PMA luttent toujours pour maîtriser les technologies numériques de première et de deuxième génération. Bien que les pays développés abandonnent progressivement les réseaux d’ancienne génération pour se doter de réseaux avancés comme la 5G, les PMA et les pays à faible revenu doivent travailler avec des réseaux 2G et 3G, en raison des obstacles au déploiement de la 5G, notamment les coûts élevés des infrastructures, l’accessibilité des appareils, le manque de fiabilité de l’électricité et les contraintes liées à la réglementation et à l’adoption. La fracture numérique ne cesse de se creuser, a-t-il dit. Seulement 36% de la population des PMA utilise Internet, contre 66% en moyenne dans le monde. Une bande passante insuffisante, un manque d’éducation et de formation à la culture numérique empêchent les habitants des PMA d’utiliser efficacement ces technologies. Cette effrayante fracture technologique et numérique ne fait qu’accentuer les inégalités, s’est alarmé le délégué.
L’une des priorités du Plan d’action de Doha étant de tirer parti du pouvoir de la science, de la technologie et de l’innovation, le délégué des PMA a exhorté les partenaires de développement à aider les PMA à améliorer de manière significative leurs infrastructures scientifiques et technologiques; à leur garantir un accès universel et abordable à Internet; à faciliter l’expansion de la connectivité à haut débit dans les PMA, afin de réduire la fracture numérique; et à encourager les investissements dans les petites et moyennes entreprises pour généraliser l’accès à Internet, entre autres.
M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a relevé que les États caraïbéens dépendent de quelques industries, limitant la productivité et augmentant leur vulnérabilité aux chocs externes. Reconnaissant le potentiel des TIC pour le développement durable de la région, il a mentionné les initiatives de la CARICOM pour renforcer les services publics, ainsi que les infrastructures éducatives et médicales. Il a ensuite signalé que, dans les PEID, les TIC permettent un système de soins de santé plus résilient dont les femmes et les groupes marginalisés bénéficient directement. Investir dans les dispositifs d’alerte rapide, la collecte de données en temps réel et les réseaux de communication permettent également de limiter les répercussions des catastrophes sur les PEID et de sauver des vies, a-t-il fait remarquer.
Toutefois, le développement des technologies dans les États de la CARICOM suppose de réformer l’architecture financière internationale, a-t-il estimé. Sa délégation prône un accès plus aisé aux financements et un taux d’intérêt réduit pour les PEID, via la mise en place d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle, ainsi que l’accessibilité universelle à Internet. En outre, le délégué a appelé à prendre en considération les risques sécuritaires des TIC. Afin d’éviter les conflits et les cyberattaques, la CARICOM demande des politiques robustes qui permettront aux PEID de protéger leurs infrastructures et leurs biens numériques. Malgré les atouts qu’offrent les TIC, la communauté caribéenne fait face à des défis distinctifs que la communauté internationale ne prend pas en compte, a-t-il déploré. Les inégalités et les répercussions différenciées des changements climatiques requièrent une coopération renforcée et durable. En conclusion, le représentant a appelé à un soutien adapté aux besoins différenciés et aux contextes spécifiques, ainsi qu’à des investissements pour accroître les capacités technologiques.
Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a observé que la mondialisation et l’interdépendance offrent certes des possibilités de se connecter aux marchés mondiaux pour la circulation des biens, des services et des capitaux, mais que les avantages sont répartis de manière inégale, creusant davantage les disparités entre les pays du Nord et ceux du Sud, particulièrement en matière de revenus, de finances, de croissance économique, de pauvreté ou d’accès aux technologies, entre autres.
Pour le Groupe, il est indispensable de corriger les graves déséquilibres macroéconomiques, dans l’objectif de parvenir à un multilatéralisme revitalisé et véritablement inclusif. Il a plaidé pour la consolidation d’urgence d’un nouvel ordre économique international véritablement juste, équitable et inclusif, fondé sur les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies et les normes du droit international. En outre, a ajouté M. Pérez Ayestarán, il y a trop longtemps que la réforme de l’architecture internationale est en attente: il est urgent « d’avancer une fois pour toutes ».
Dans ce contexte, il a demandé de rejeter toutes les pratiques commerciales unilatérales et protectionnistes qui servent les intérêts nationaux de quelques pays au détriment du fonctionnement des organisations multilatérales et des réponses mondiales aux menaces et défis qu’affronte la communauté internationale. Quant aux mesures coercitives unilatérales, elles nuisent non seulement aux pays visés, mais aussi à l’économie mondiale dans son ensemble, en se répercutant sur les chaînes d’approvisionnement, a-t-il indiqué.
Au nom du Groupe des pays en développement sans littoral (PDSL), Mme LORATO MOTSUMI (Botswana) a souligné l’importance cruciale des TIC pour le développement durable, en particulier pour les pays de son groupe. Paraphrasant le Secrétaire général António Guterres, qui a déclaré que « deux changements sismiques façonneront le 21e siècle: la crise climatique et la transformation numérique », elle a déploré les inégalités frappantes dans l’accès aux TIC. Comme le confirment ces statistiques alarmantes: en 2022, seulement 36% de la population des PDSL avait accès à Internet, contre une moyenne mondiale de 66%. Elle a également mis en avant les disparités de genre (69% d’hommes et 63% de femmes utilisent Internet dans le monde) et le fossé urbain-rural dans la connectivité numérique (82% de la population urbaine sont connectés à l’Internet, contre 46% de la population rurale).
Sur le plan économique, la déléguée a signalé que l’accès à Internet dans les PDSL est plus coûteux qu’ailleurs. L’accès à l’Internet mobile y représente ainsi 2,4% du revenu moyen, bien au-dessus de la cible de 2%, fixée par la Commission « Le large bande au service du développement numérique » de l’ONU. Soulignant la nécessité de politiques agiles pour tirer pleinement parti des innovations technologiques, comme l’intelligence artificielle et l’Internet des objets, elle a exhorté à une coopération internationale renforcée, avec davantage de partenariats publics-privés et une meilleure mobilisation des ressources pour le développement de l’infrastructure des TIC.
Enfin, la représentante a jugé nécessaire de renforcer la cybersécurité et de protéger la vie privée dans un monde de plus en plus numérisé, appelant la communauté internationale à saisir les opportunités offertes par la troisième Conférence des PDSL pour façonner un avenir numérique inclusif et durable.
M. AHMAD FAISAL MUHAMAD (Malaisie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a redit la volonté commune des membres de l’ASEAN de renforcer leurs capacités nationales pour répondre aux défis mondiaux. Pour cette raison, a-t-il indiqué, ils continueront d’approfondir la coopération régionale dans le domaine de l’espace numérique. Le mois dernier, ont été lancés des négociations pour un accord-cadre sur l’économie numérique, qui vise à renforcer l’interconnectivité et réduire la fracture numérique pour que les populations et les entreprises puissent exploiter tous les avantages de l’écosystème numérique. Des progrès notables continuent aussi de se faire dans la mise en œuvre du Plan-cadre numérique de l’ASEAN et de la Stratégie de coopération contre la cybersécurité de l’ASEAN, a signalé le représentant. Il a assuré que ses États membres continueront par ailleurs de s’engager de manière active et constructive dans les discussions sur le futur pacte numérique mondial et saisiront cette précieuse opportunité pour aborder de nouvelles questions d’avant-garde telles que l’intelligence artificielle et la fracture numérique.
Au nom du Groupe des Amis des pays à revenu intermédiaire, Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a souligné l’urgence pour les Nations Unies de mieux coopérer avec les pays à revenu intermédiaire en termes d’adaptation. Leurs problèmes sont multiformes, et leur dimension ne peut être réduite à la simple mesure de leur revenu national brut, a-t-il plaidé. La représentante a appelé les Nations Unies à aligner leurs activités sur les pays à revenu intermédiaire pour évaluer leurs vulnérabilités et leur apporter un appui adapté. Elle a aussi demandé d’étudier les résultats de l’exercice de cartographie en vue d’établir un plan d’action spécifique visant à répondre à la nature multiforme des efforts de développement durable des pays à revenu intermédiaire.
Une plus grande cohésion dans le recours à la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire est également requise par le groupe, a poursuivi la représentante. Elle a souligné également que les commissions régionales ont un rôle majeur à jouer en la matière. Le Maroc organisera une conférence des pays à revenu intermédiaire au premier trimestre 2024 à Marrakech, a-t-elle annoncé en précisant qu’elle visera à améliorer la cohésion et la coopération entre pays à revenu intermédiaire.
Mme MANUELA RÍOS SERNA (Colombie) a estimé que chaque citoyen doit avoir accès aux outils numériques, ce qui requiert une augmentation significative des investissements. L’économie numérique peut servir toutes les personnes de manière inclusive, y compris les plus vulnérables, a-t-elle fait valoir, soulignant le rôle essentiel de la communauté internationale pour atteindre cet objectif. La représentante a recommandé que les outils technologiques soient compatibles avec les connaissances traditionnelles des communautés locales, y compris celles de populations autochtones. Précisant que l’espace numérique doit se fonder sur l’égalité de genre et respecter les droits humains, elle a appelé à l’élaboration de cadres juridiques qui protègent tous les utilisateurs, y compris les femmes et les enfants. Les TIC doivent éviter la reproduction de schémas discriminatoires, a-t-elle insisté.
La représentante a par ailleurs estimé qu’un accord numérique mondial permettrait d’aller dans ce sens. Elle a dit qu’elle continuerait à proposer des actions à la hauteur des besoins dans ce domaine. Toutefois, la déléguée a fait remarquer que les pays à revenu intermédiaire font toujours face à des défis qui les empêchent de sortir du sous-développement. Elle a aussi prôné des critères d’accès aux financements qui soient multidimensionnels afin de donner un accès prioritaire aux financements aux pays qui en ont le plus besoin. La Colombie est disposée à aider à la réalisation de cet objectif, a-t-elle assuré.
M. WALTER JOSÉ MIRA RAMIREZ (El Salvador) a reconnu que les TIC et le développement numérique sont porteurs de solutions transformatrices pour les nouveaux défis du développement, à condition que l’environnement soit propice à tous les niveaux et à la coopération. Pour promouvoir un accès égalitaire aux bénéfices de la science, de la technologie, de l’innovation et de la transformation numérique, il a plaidé pour davantage d’investissements dans des infrastructures numériques inclusives et accessibles, dans l’éducation au numérique et, en même temps, ainsi que pour le transfert de technologies et le développement des capacités pour les pays en développement.
Mme ARAKSYA BABIKYAN (Arménie) a souligné l’engagement de son pays à intégrer les TIC dans la gouvernance publique, l’économie et l’éducation. Mettant en avant des collaborations réussies avec des géants du secteur tels que Microsoft, Adobe et Siemens, elle a révélé que le gouvernement arménien, en partenariat avec des entreprises privées, a mis en place un écosystème dédié à l’ingénierie de haute technologie à Erevan, nommé « Engineering City ».
La déléguée a fait état de la transition de l’Arménie d’une économie d’externalisation vers un écosystème entrepreneurial. « Au cours des deux dernières années, plus de 20 start-ups dans le pays ont été les récipiendaires d’un total de 700 millions de dollars d’investissement », s’est-elle par ailleurs enorgueillie. Elle a cité la tenue annuelle de conférences internationales, telles que le « Sevan Seaside Startup Summit », un espace de collaboration pour investisseurs, entrepreneurs et décideurs. Elle a mis l’accent sur l’égalité des sexes dans les domaines des TIC et des disciplines scientifiques, dont 44% de la main-d’œuvre est féminine en Arménie, a-t-elle fait savoir.
En ce qui concerne la mondialisation, elle a observé que les pays à revenu intermédiaire étaient confrontés à des défis particuliers parmi lesquels la dette souveraine, les crises alimentaires et la fracture numérique. Elle a appelé à une action urgente au sein du système des Nations Unies et au- delà, évoquant l’importance d’un ensemble de critères qui dépassent celui du PIB.
Mme TAHEREH JALILI (Iran) a constaté l’échec du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) pour combler le fossé numérique entre pays développés et pays en développement. Elle a insisté sur la nécessité urgente de mettre en œuvre intégralement les objectifs de développement du SMSI, réaffirmant la nécessité d’une action multilatérale. Elle a noté l’obstacle significatif que représente le manque de renforcement des capacités dans les domaines des TIC et appelé les pays développés à honorer leurs engagements en la matière, ainsi qu’en fourniture de ressources financières et de transfert de technologie. « Et il ne faut pas politiser ce processus, a-t-elle insisté.
Dans ce contexte, elle a mis en avant le rôle central de l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de l’ONU pour favoriser la coopération et le partenariat à des niveaux internationaux et régionaux. S’agissant de la gouvernance de l’Internet, une préoccupation énoncée dans l’Agenda de Tunis, la déléguée a insisté sur la nécessité d’une participation effective des pays en développement dans la prise de décisions politiques. La représentante a évoqué le comportement du secteur privé et des plateformes de médias sociaux, prévenant que « les États ne devraient pas utiliser les avancées des TIC comme outils de mesures coercitives ». Elle a enfin appelé l’ONU à prendre des mesures concrètes
Mme ELENA CURZIO VILA (Mexique) a reconnu le rôle catalyseur de la science, de la technologie et de l’innovation pour réaliser les objectifs du Programme 2030. Et en la matière, la communauté internationale doit encourager le partage des connaissances, le transfert de technologie et l’accès aux biens publics numériques, pour garantir une répartition plus équitable des bénéfices et réaliser les ODD, a-t-elle dit. La représentante a aussi jugé prioritaire de créer des synergies entre les organisations multilatérales, les agences de développement, le secteur privé et d’autres acteurs concernés, afin d’identifier les défis et les opportunités. Il faut soutenir davantage la création de capacités nationales et éviter que les écarts ne se creusent, a-t-elle proposé.
Dans le contexte des négociations autour du pacte numérique mondial qui vont commencer dans les semaines à venir, la représentante a indiqué son pays, en tant que coprésident du Groupe des Amis des technologies numériques, a travaillé de manière proactive à élaborer la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique. Le Mexique continue en outre de plaider en faveur d’un document ambitieux et inclusif qui permette de maximiser le potentiel de ces technologies et d’atténuer leurs risques pour parvenir à un développement technologique mondial éthique, juste et équitable. À cette session, le Mexique facilitera, avec El Salvador, la résolution intitulée « Science, technologie et innovation pour le développement durable », a aussi indiqué la représentante.
M. FRANCISCO JOSE DA CRUZ (Angola) a relevé que les TIC se généralisent dans les pays aux fins d’améliorer la qualité des services publics. Il a estimé que leur usage devient essentiel pour rapprocher les États Membres de leurs citoyens. Il a noté d’autre part que le commerce électronique est un catalyseur du développement économique et un facteur contribuant à une coopération internationale renforcée. Lors du dernier sommet du Groupe des 77 et la Chine à La Havane, le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation a été longuement abordé, a indiqué le représentant. Il a noté que les États Membres participants ont exhorté la communauté internationale à soutenir les pays du Sud dans ce domaine, afin qu’ils atteignent les ODD. Améliorer le système des nouvelles technologies est essentiel pour renforcer la compétitivité des entreprises angolaises et parvenir à un Angola plus prospère, a mis en avant le délégué. Pour lui, les TIC sont un levier de la modernisation du pays et de l’amélioration du bien-être de ses habitants.
M. SHAKER (Arabie saoudite) a estimé que les développements technologiques, y compris dans le domaine de l’intelligence artificielle, nécessitent des politiques qui permettent à tous les États et toutes les populations de tirer profit de ces développements. Saluant les efforts réalisés par les Nations Unies dans le domaine de la coopération régionale et internationale, il a souligné ceux de son pays pour mettre en place des initiatives renforçant la croissance économique et l’innovation. L’Arabie saoudite souhaitant créer davantage d’opportunités, il a informé des efforts de l’Organisation de coopération numérique, qui vise notamment à autonomiser les femmes et les jeunes dans le numérique, ainsi que la création des États amis de la coopération numérique en marge de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale.
Le délégué a ensuite attiré l’attention sur la coopération avec l’Union internationale des télécommunications (UIT) pour préparer les États à l’utilisation inclusive de l’intelligence artificielle et à l’échange de bonnes pratiques. La coopération avec la Banque mondiale permet également des partenariats public-privé en faveur d’une utilisation du numérique sûre et inclusive dans les pays en développement, a-t-il poursuivi, en notant aussi qu’elle aide à la mise en œuvre des politiques nationales visant les objectifs internationaux, comme celui de la réduction de la fracture numérique. Il est donc important de renforcer la coopération internationale afin de mettre la technologie au service du développement durable, a-t-il conclu.
Mme AUDREY FAY GANTANA (Namibie) a souligné l’importance de mener une évaluation systématique des pays à revenu intermédiaire pour que la coopération internationale soit efficace en matière de développement. Elle a donc invité à s’interroger sur les manières de renforcer le soutien du système des Nations Unies pour le développement à cette catégorie de pays. Il faudrait par exemple mieux identifier les écarts de développement en corrigeant les disparités dans les indicateurs de développement tels que les taux de pauvreté, l’accès à l’éducation et aux soins de santé, et les infrastructures. Les partenaires de développement pourraient ainsi avoir un meilleur aperçu du développement du pays, ce qui permet ensuite de mieux définir et adapter les stratégies et interventions, a fait valoir la déléguée.
Mme CELINA RUBIO (République dominicaine) a reconnu que les TIC offrent des possibilités sans précédent pour l’éducation et la formation, ce qui contribue directement à la réalisation des ODD. Elles jouent également un grand rôle dans la préservation des ressources naturelles, que ce soit par la surveillance de la qualité de l’eau ou la gestion efficace de l’énergie. Aussi, a poursuivi la déléguée, il est indispensable de s’attaquer à la fracture numérique pour veiller à ce que tous les citoyens aient la possibilité de bénéficier de ces technologies. En cela, la coopération internationale est essentielle aux pays en développement, a-t-elle conclu.
Mme ALENA KAVALEUSKAYA (Bélarus) a d’abord appelé à mesurer les défis multidimensionnels en matière de développement durable au-delà des indicateurs basés sur les revenus. Elle a insisté sur la nécessité de repenser les mécanismes de soutien de l’ONU, plaidant aussi pour une approche plus ciblée et adaptée pour répondre aux besoins spécifiques en matière de changements climatiques, de sécurité alimentaire et de mobilisation des ressources des pays à revenu intermédiaire. Mettant l’accent sur la vulnérabilité de ces pays face aux facteurs externes, elle a appelé à des réformes immédiates et systémiques de l’architecture financière internationale et de la coopération au développement. Elle a jugé crucial, pour la résilience sociale et économique, de renforcer la capacité à mobiliser des ressources financières, en particulier des financements concessionnels.
En outre, la déléguée a abordé l’importance de l’innovation industrielle et des flux d’investissements internationaux pour stimuler la croissance économique et la compétitivité des pays à revenu intermédiaire. Rappelant que ces pays demeurent la seule catégorie de pays sans document de coopération stratégique avec le système des Nations Unies, elle a plaidé pour l’élaboration d’un plan d’action mondial, tel que suggéré dans la Déclaration de Windhoek de 2008. Elle a enfin exprimé son regret que le rapport du Secrétaire général A/78/224 n’aborde pas ce point crucial, tout en espérant que cette question serait prise en compte dans une résolution de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale.
M. BRAIMA BARRO (Burkina Faso) a souligné l’importance de la science, de la technologie et de l’innovation pour relever divers défis mondiaux, allant de la lutte contre le terrorisme à la réduction de la pauvreté. Citant les opportunités offertes par la numérisation et l’intelligence artificielle, il a exprimé sa préoccupation face aux disparités dans l’accès aux TIC, en particulier pour les populations rurales des pays en développement. Dans ce contexte, il a détaillé les initiatives prises par son pays pour capitaliser sur cette opportunité, notamment la Stratégie nationale de développement de l’économie numérique (2018-2027), visant à intégrer les technologies dans tous les aspects de la vie.
Tout d’abord, le Burkina Faso a renforcé les investissements dans l’éducation scientifique et technologique, en veillant à l’accessibilité pour tous, sans distinction de genre, d’origine sociale ou de localisation géographique. Ensuite, un environnement propice à l’innovation a été créé, notamment par la construction d’infrastructures de communication électroniques et la fondation de centres de recherche scientifique. Enfin, le pays a soutenu la diffusion des technologies dans des domaines vitaux tels que la santé et l’agriculture. Enfin, il a encouragé la collaboration entre les instituts de recherche et les entreprises pour catalyser l’innovation et concrétiser les idées en solutions applicables.
En termes d’investissements, le délégué a noté que le taux de pénétration de l’Internet a atteint 75,58% dans son pays, tout en reconnaissant que des efforts doivent être faits pour réduire le coût de la connexion Internet et améliorer la couverture sur tout le territoire. En conclusion, il a appelé à une collaboration internationale solide et équitable pour surmonter les défis mondiaux.
M. ZHAO (Chine) a déclaré qu’alors que le fossé numérique persiste, voire se creuse, la communauté internationale doit tout faire pour le combler, afin d’encourager un développement inclusif et équitable. Elle doit tout mettre en œuvre pour accélérer l’accès aux sciences de l’information et de la communication, et faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte. Le représentant a également estimé que l’émergence de l’intelligence artificielle entraînera des répercussions sur le développement humain. Pour cette raison, la communauté internationale doit envisager des règles internationales équitables, prenant en compte les intérêts de tous, y compris des pays en développement. Il faut pratiquer le multilatéralisme en la matière, a-t-il insisté, ajoutant que l’ONU a un rôle majeur à jouer à cet égard.
Mme CHING (Singapour) a déclaré qu’alors que la fracture numérique persiste et pourrait exacerber les inégalités existantes, il est crucial d’adopter une approche tournée vers l’avenir en matière de numérisation et de connectivité numérique. Singapour a, dans cet objectif, élaboré un plan de connectivité pour décrire ses priorités stratégiques en matière d’infrastructures numériques pour la prochaine décennie. Il a également lancé une stratégie nationale en matière d’intelligence artificielle et exploité celle-ci pour faire face aux défis les plus urgents, notamment dans les domaines de la santé, du climat et la sécurité alimentaire.
Autre priorité, le renforcement de la gouvernance des communs numériques, en se fondant sur un ensemble de principes et normes. À cette fin, l’ASEAN a franchi une étape capitale en lançant des négociations sur un accord-cadre sur l’économie numérique de l’ASEAN. Pour cette raison aussi, Singapour soutient l’initiative du Secrétaire général en faveur d’un système numérique mondial, qui constituera une opportunité importante pour construire une architecture numérique mondiale ouverte, inclusive et multipartite, a soutenu la représentante.
Mme DK NUR MASELEIANA RAHIMAH PG IBRAHIM (Brunéi Darussalam) a déploré le fossé numérique laissant de côté plus de 2,7 milliards d’habitants sur Terre, la croissance des TIC ne devant pas seulement être durable, mais aussi inclusive. La déléguée a encouragé la numérisation telle qu’elle a cours dans son pays, où elle accélère l’amélioration de l’accès aux soins de santé et renforce les capacités du système éducatif. Elle a réaffirmé l’attachement de son pays à ne laisser personne de côté, dont les personnes âgées, sensibilisées au recours aux banques en ligne et à la cybersécurité, ainsi que les personnes vivant en milieu rural. Les TIC ont aussi entraîné dans son pays la création de nouveaux types d’entreprises de très petite taille, a ajouté la déléguée.
Insistant sur le rôle important des TIC pour le développement durable, la déléguée a exhorté les pays développés à être plus généreux dans les financements destinés à la recherche et au transfert des technologies vers les pays en développement. Elle a ensuite précisé que l’équilibre entre la modernisation de l’économie via les TIC et la préservation du patrimoine culturel reste difficile à trouver, insistant sur l’importance que l’Inde accorde à son patrimoine multiculturel et plurilinguistique pour atteindre les ODD. La diversité est un facteur commun aux pays en développement qui pose des défis spécifiques, a-t-elle rappelé. Néanmoins, nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres et nous travaillons à la transition vers une économie circulaire, a-t-elle assuré en conclusion.
M. ALKHURAIBET (Koweït) a reconnu que les TIC font partie intégrante de la réalisation des ODD. À ce titre, le Koweït a consolidé ses efforts pour parvenir à l’ère du numérique dans différents domaines, a-t-il affirmé. Il a ainsi mentionné l’existence d’un centre intergouvernemental de communication qui renforce la coordination entre différents secteurs du Gouvernement et les médias, notamment dans le but de répondre efficacement aux crises. Ce système a particulièrement bien fonctionné pendant la pandémie de COVID-19, a-t-il remarqué, y voyant la preuve de la nécessité d’intensifier les efforts en matière de numérique.
Les PMA et les PEID doivent être inclus dans les communautés numériques pour leur permettre un développement durable, a-t-il ensuite précisé. Par ailleurs, il a fait remarquer que le Koweït est membre du conseil de l’Association internationale pour les STI, ce qui démontre le souhait de son pays de participer à la société numérisée. En outre, le Gouvernement du Koweït est convaincu que les TIC peuvent aider à trouver des solutions énergétiques durant les deux prochaines décennies, a-t-il déclaré en conclusion.
M. ADEYINKA A.ADENOPO (Nigeria) a souligné l’importance cruciale de réduire la fracture numérique, notant que son gouvernement s’était engagé à augmenter de 20% ses investissements dans l’infrastructure numérique et les programmes d’alphabétisation, avec l’objectif d’étendre la connectivité à l’Internet à 10 millions de Nigérians supplémentaires. Il a évoqué des partenariats avec d’autres pays à revenu intermédiaire comme le Brésil et l’Inde, visant à partager les meilleures pratiques en agriculture durable.
Mme ALATAWI (Bahreïn) a déclaré que son pays, depuis l’adoption de la Vision 2030 pour le Bahreïn, a beaucoup progressé dans la création d’infrastructures numériques et l’utilisation des technologies y afférentes, en particulier dans les services gouvernementaux. Ainsi 229 services gouvernementaux ont été numérisés au cours de la période 2019- 2022. Cela devait faciliter l’utilisation des services publics par les usagers, a-t-il dit. Le délégué a aussi mentionné une loi adoptée en 2020 pour protéger les données personnelles des usagers en ligne et qui a mis en place un centre pour la cybersécurité pour protéger le pays des attaques possibles dans ce domaine.
Par ailleurs, avec l’Union internationale des télécommunications (UIT), Bahreïn a lancé une initiative en marge de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, qui vise à combler les lacunes techniques dans le domaine du numérique dans le monde arabe. Cette initiative servira de plateforme de coopération entre divers acteurs publics et privés et permettra de promouvoir un développement inclusif à l’aide de ces technologies. Enfin, Bahreïn accueillera le Forum régional de développement pour le monde arabe, organisé par l’UIT du 6 au 8 novembre prochain, a indiqué la représentante.
M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a déploré que près de 43% de la population des pays en développement n’ait pas accès à Internet et dans les moins avancés, seulement 19% des femmes utilisent Internet, contre 31% des hommes. Le coût de l’accès est de plus prohibitif dans les pays en développement par rapport au revenu moyen des ménages, a-t-il regretté. Dans ce contexte, le délégué a plaidé pour donner la priorité aux efforts visant à remédier à la fracture numérique mondiale, arguant que la fracture numérique conduit souvent à un fossé en matière de développement.
Le transfert de technologies doit aussi être significatif, a poursuivi le représentant en faisant remarquer que les pays du Sud ont besoin d’investissements dans les infrastructures numériques, d’un accès abordable à Internet et d’une aide à la recherche et au développement, pour bénéficier de la nouvelle vague de technologies de pointe basées sur l’intelligence artificielle et les données. Par ailleurs, alors qu’il n’existe actuellement aucun cadre multilatéral efficace pour la coopération numérique mondiale, le délégué a misé sur les négociations autour du pacte numérique mondial en cours. Ce pacte devrait pousser à une coopération internationale pour combler les fractures numériques et fournir une architecture de gouvernance technologique, qui, non seulement favorise l’innovation et la croissance, mais aussi garantisse l’inclusion et protège les droits de l’homme, a-t-il espéré.
Mme SHAFIQ (Pakistan) a déploré que les nouvelles technologies soient hors de portée pour une part importante de l’humanité, regrettant aussi le fossé grandissant entre pays développés et pays en développement dans ce domaine. Pour corriger le tir, elle a suggéré de renforcer les capacités technologiques des pays en développement, de favoriser le transfert des technologies, ainsi que de revoir le système des droits à la propriété intellectuelle. Les nouvelles technologies fondamentales permettant aux pays en développement d’atteindre les ODD devraient en effet être considérées comme des biens publics mondiaux, a-t-elle recommandé.
Selon Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana), le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est basé en partie sur la reconnaissance du rôle d’accélérateur du développement durable que jouent les TIC lorsqu’ils font l’objet d’une utilisation plus équitable. L’accès à Internet est impossible pour près de 3 milliards d’humains, a-t-elle rappelé, avant de réclamer une diffusion plus inclusive des TIC. Les liens entre TIC, mondialisation et interdépendance sont devenus clairs à la lumière de la pandémie de COVID-19, a-t-elle reconnu. Elle a en effet souligné que les mesures protectionnistes se sont multipliées depuis. La déléguée a conclu en appelant à trouver un équilibre entre entraide et concurrence entre nations
Par ailleurs, elle a insisté sur la nécessité de renforcer la résilience des foyers en finançant des technologies énergétiques et agricoles adaptées. Le Malawi fait de son mieux pour renforcer la gouvernance au moyen des TIC et combler le fossé numérique existant, a-t-elle assuré, mentionnant la coopération avec la Banque mondiale. Selon elle, les acteurs internationaux doivent continuer à s’engager en faveur du principe d’accessibilité aux TIC afin de promouvoir le développement socioéconomique de tous les pays. En contrepartie, les pays doivent s’engager à protéger la sécurité des communautés. Réitérant l’importance de la coopération internationale pour créer un monde interconnecté, la représentante a néanmoins estimé crucial de faire rimer technologies avec environnement en œuvrant pour la mise en place de pratiques durables en collaboration avec la société civile et la communauté académique.
M. DMITRY S. ARISTOV (Fédération de Russie) a souligné l’impact de la pandémie de COVID- 19 sur l’accélération de la numérisation, soulignant non seulement ses avantages mais aussi les risques de fracture numérique aggravée et de dépendance technologique. Mettant en lumière l’effort de son pays pour renforcer les compétences numériques chez les jeunes, il a dénoncé la monopolisation du marché des TIC par « des capitaux privés étrangers, qui servent parfois les intérêts politiques des pays de leur juridiction ». Il a aussi plaidé pour une régulation qui protège les petites et moyennes entreprises et force les grandes entreprises technologiques à adopter un comportement transparent et responsable. Dans le même temps, les États sont les garants des droits et libertés des citoyens et de leur sécurité, et devraient donc jouer un rôle central dans la gouvernance de l’Internet, a-t-il estimé, prônant une gouvernance exempte de contraintes politiques unilatérales ou d’intérêts commerciaux, et garantissant « la sécurité, l’intégrité, la continuité, la stabilité, la durabilité et la sûreté » des infrastructures mondiales essentielles. Sur cette question, enfin, il a relevé les défis que posait la fragmentation « évidente » du World Wide Web (la toile mondiale), appelant à aborder la coopération numérique à l’occasion des négociations sur le futur pacte numérique mondial.
Abordant la situation des pays à revenu intermédiaire dans la mondialisation, le délégué a critiqué la baisse de l’assistance financière qui leur est allouée et l’importance excessive accordée aux prêts dans l’aide au développement. Notant que 60% des personnes les plus pauvres du monde vivent dans ces États, il a jugé les recommandations du Secrétaire général de l’ONU « trop générales », et s’est dit prêt à contribuer activement à l’élaboration de stratégies de développement plus efficaces, notamment en ce qui concerne des plans de désendettement réalisables pour ces pays. Il a évoqué le rôle de la diversité culturelle dans le développement durable, réfutant toute idée de « supériorité culturelle d’un groupe d’États sur d’autres dans le monde multipolaire qui se dessine », et mentionnant plusieurs projets financés par la Russie associant culture et développement durable en Arménie, au Belarus, en Guinée, au Zimbabwe, au Kirghizstan, ou encore en Ouzbékistan. Enfin, il a noté l’apparition, dans les rapports du Secrétariat des Nations Unies d’allégations liées au conflit en Ukraine qui « déforment la réalité » et a critiqué l’omission, dans ces mêmes rapports, de l’impact des sanctions occidentales sur plusieurs pays à revenu intermédiaire, tels que le Belarus, le Zimbabwe, l’Iran, Cuba et le Nicaragua.
Mme FRANCESS PIAGIE ALGHALI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone, a assuré que son pays avait accru le niveau d’accès à Internet et à la téléphonie mobile grâce à des investissements dans la fibre optique. La Sierra Leone reste déterminée à utiliser la technologie et l’innovation comme moteur pour faire progresser et maintenir un niveau élevé de croissance économique au cours des cinq prochaines années, a-t-elle dit. Pour cette raison, elle a appelé à la mise en œuvre des conclusions issues du Sommet de La Havane sur la science, la technologie et l’innovation.
La Vice-Ministre a aussi appelé à une augmentation des investissements et au développement de partenariats dans le domaine des TIC en faveur des pays en situation particulière. Il s’agit principalement de développer les infrastructures, d’une part, et de lutter contre les inégalités mondiales, d’autre part, en particulier pour donner aux femmes et aux filles, aux personnes âgées et aux personnes handicapées les moyens d’accéder à une connectivité Internet fiable, aux services de santé en ligne et aux marchés numériques, a-t-elle expliqué.
Concluant, elle a dit être d’accord avec le Secrétaire général sur le fait que le pacte numérique mondial peut contribuer à concrétiser l’engagement pris dans la déclaration sur la commémoration du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies (résolution 75/1 de l’Assemblée générale) visant à « façonner une vision commune du numérique ». Ce cadre est essentiel pour l’action multipartite en plus d’être nécessaire pour surmonter les fractures en matières numérique, de données et d’innovation, a-t-elle assuré.
M. DENNIS BORROMEO BREGALA (Philippines) a déclaré que son pays continue à entreprendre de nouveaux partenariats et à faciliter les investissements mettant les technologies au service des industries automobile et pharmaceutique, notamment. Les pays à revenu intermédiaire représentent près de la moitié des États Membres de l’ONU et 65% de la population mondiale, ce qui souligne l’importance de ces pays pour la réalisation des ODD, a-t-il fait remarquer. Saluant les efforts en cours pour réexaminer l’architecture financière internationale, il a réitéré la nécessité de créer un groupe d’experts de haut niveau pour élaborer un programme clair sur les facteurs à prendre en compte. Nous avons besoin de nouvelles voies de transition « justes et inclusives » pour les pays en développement, a- t-il estimé. En conclusion, il a attiré l’attention sur l’importance d’enrichir l’héritage culturel de chaque pays à la lumière d’une économie créative et d’une industrie protégeant les droits de la main d’œuvre.
Mme BILLUR AHMADOVA (Azerbaïdjan) a affirmé que l’amélioration des capacités technologiques fait partie des priorités de son pays. Soulignant les progrès réalisés par l’Azerbaïdjan dans le domaine spatial depuis plus d’une décennie, elle a révélé que son pays avait désormais deux satellites de télécommunications et un satellite d’observation de la Terre, fournissant des services à 45 pays. La soixante-quatorzième édition du Congrès international d’astronautique organisée à Bakou sur le thème « Global Challenges and Opportunities: Give Space a Chance », a été, avec environ 5 000 participants venant de plus de 100 pays, une plateforme d’échange d’idées novatrices pour l’avenir de l’industrie spatiale, s’est enorgueilli la déléguée.
Elle a également abordé la question de la diversité culturelle et religieuse en tant que levier de développement durable, et a déclaré que son pays accorde une grande importance à la promotion du multiculturalisme. Plusieurs événements internationaux orientés vers des résultats ont été accueillis par l’Azerbaïdjan ces dernières années, avec pour objectif d’encourager le dialogue et la compréhension mutuelle, a-t-elle informé.
Mme LETICIA MARÍA ZAMORA ZUMBADO (Costa Rica) a détaillé l’engagement de son pays dans l’adaptation de son système éducatif à l’ère numérique à travers la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’éducation. Elle a annoncé le développement de compétences en matière de sciences, technologie, ingénierie, arts et mathématiques (STIAM), ainsi que la mise en place de partenariats publics- privés avec HP et Intel, pour assurer l’autonomie numérique des citoyens. Elle a également souligné l’effort entrepris pour étendre la couverture Internet, particulièrement dans les régions vulnérables. Enfin, elle a évoqué la future réforme constitutionnelle qui prévoit de garantir l’accès universel aux technologies de l’information.
« La culture joue un rôle essentiel dans le développement social et la consolidation de la paix » a poursuivi la déléguée, qui a mentionné les abattements fiscaux en cours pour les entreprises étrangères qui tournent des films au Costa Rica, permettant de développer l’industrie cinématographique locale. Enfin, la déléguée a appuyé la position du Maroc, exprimée au nom du groupe des amis des pays à revenu intermédiaire, qui plaidait la cause de ces pays face à leurs défis spécifiques. Elle a plaidé pour l’adoption d’un plan institutionnel de riposte intégral, en s’appuyant sur la cartographie du Secrétaire général, qui réponde aux besoins multidimensionnels du développement durable.
M. AHMED HOOSEN SEEDAT (Afrique du Sud) a déclaré que les TIC sont l’un des outils fondamentaux dont dispose la communauté internationale pour accélérer la mise en œuvre des ODD. C’est pour cette raison, a-t-il expliqué, que les pays du Sud appellent à combler le fossé numérique en utilisant le transfert de technologies et en apportant les ressources financières nécessaires. Il a aussi dit être convaincu que les femmes et les jeunes devraient être placés au cœur des efforts d’inclusivité en matière des technologies émergentes et de pointe. Placer ces deux groupes au cœur de la connectivité universelle permettra à tous les pays de faire un pas de géant vers l’accélération de la mise en œuvre des ODD, a promis le représentant.
M. M. SAŠA MART (Serbie) a présenté une liste d’initiatives et de réalisations de son pays en matière de promotion et de construction d’infrastructures numériques. La Serbie a par exemple lancé le processus de spécialisation intelligente, coordonné par un groupe de travail interministériel pour l’élaboration de la stratégie de recherche et d’innovation pour la spécialisation intelligente. La Serbie a également été invitée à rejoindre, et en tant que seul pays européen à ce moment-là, le programme pilote des Nations Unies sur les feuilles de route en matière de STI au service des ODD.
Par ailleurs, et dans le cadre de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, sur proposition de la République de Serbie, l’Assemblée générale, a adopté par consensus, le 25 août dernier, la résolution intitulée « Décennie internationale de la science au service du développement durable, 2024-2033 », a rappelé le représentant. Il a fait remarquer qu’il s’agit de la première résolution thématique initiée et soumise par la Serbie à l’Assemblée générale afin d’encourager la mise en œuvre du Programme 2030.
M. DWI WISNU BUDI PRABOWO (Indonésie) a fustigé le fossé numérique qui s’élargit dans le monde actuel, ainsi que les inégalités d’accès à l’information et à l’éducation numérique. Certains pays aux institutions politiques fortes ont conservé une avance en matière de numérique, a-t-il noté, constatant que cela ne fait que creuser l’écart avec les pays du Sud qui n’ont toujours pas profité de cette révolution industrielle. Le délégué a encouragé une amélioration des infrastructures des pays du Sud. Pour cela, il a fait valoir l’appui fondamental que constituerait une réforme de l’architecture financière internationale, notamment la réforme du FMI. Cela permettrait en effet aux pays du Sud d’accéder à des emprunts à de meilleures conditions, a-t-il argumenté. Les pays du Sud doivent aussi être mieux représentés dans les institutions de ce système financier international, a pointé le délégué indonésien.
M. THANOUPHET XAIYAVONG (République démocratique populaire lao) a dit accorder une grande importance aux nouvelles technologies et à l’innovation. Pour progresser dans ces secteurs, son pays a adopté une stratégie de développement numérique en se basant sur une collaboration avec les pays voisins de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire permettra au Gouvernement lao de trouver d’autres occasions d’aller de l’avant, a espéré le représentant. Il a par ailleurs recommandé de mieux maîtriser les nouvelles technologies des chaînes de bloc et de l’intelligence artificielle, en prévoyant en outre des règles claires pour les encadrer.
M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a estimé que la communauté internationale se doit d’aider les pays en développement à exploiter les TIC pour créer des emplois et transformer leur économie. Attirant l’attention sur l’intérêt de l’utilisation des technologies et de l’intelligence artificielle pour atteindre les ODD, il a ensuite rappelé qu’il était important de coopérer afin de diminuer les risques éthiques et sécuritaires des TIC.
La Zambie, a-t-il poursuivi, met en œuvre des politiques de numérisation par le déploiement de nouvelles infrastructures de communication numérique, y compris la technologique satellite, permettant ainsi une meilleure connexion Internet dans les zones rurales. Il a également souligné les efforts de son gouvernement pour réduire le coût des technologies pour les foyers à faibles revenus et offrir des formations à la technologie dans la recherche en médecine nucléaire et dans l’agriculture. Enfin, la Zambie travaille actuellement à rendre Internet accessible dans toutes les écoles secondaires du pays, a-t-il informé.
M. MUKTAR (Éthiopie) a déploré les disparités existantes dans l’accès aux TIC et aux technologies scientifiques qui entravent les efforts de transformation des pays en développement. Les apports de la science et de la technologie démontrent l’intérêt de créer une coopération numérique internationale pour rendre les TIC accessibles aux pays en développements et combler le fossé numérique, a-t-il exhorté. Il s’agit également de remédier à la cybercriminalité et à la désinformation qui sont légion dans les pays en développement. Demandant la mise en place d’une gouvernance mondiale d’Internet, qui accorderait la priorité aux pays en développement, le délégué a appelé la communauté internationale à appuyer la mise en œuvre du document adopté lors du dix- septième Forum sur la gouvernance de l’Internet qui s’est tenu en 2022 à Addis Abeba.
Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par les mesures coercitives unilatérales qui empêchent son pays de développer les TIC, demandant leur levée immédiate. L’Éthiopie s’est dotée d’une stratégique numérique inclusive pour établir des infrastructures efficaces dans les secteurs bancaires et des télécommunications, a-t-il ensuite témoigné en indiquant que la couverture via la 2G et la 3G est dorénavant opérationnelle. Toutefois, il a regretté que plus de quatorze millions d’Éthiopiens n’aient toujours pas accès à Internet et que bien d’autres n’aient encore qu’une connexion limitée. Nous avons besoins d’assistance technique et financière pour améliorer les services et les rendre accessibles au plus grand nombre, a-t-il déclaré en conclusion.
M. PAHALA RALLAGE SANATHANA SUGEESHWARA GUNARATNA (Sri Lanka) a prôné un investissement accru dans le domaine des STIAM, notant que son pays est sur la voie du relèvement économique. Il a recensé deux facteurs clefs pour parer aux chocs extérieurs: la numérisation et l’adoption des nouvelles technologies; et l’accent mis sur la main d’œuvre dans les secteurs technologiques pour assurer cette transformation. « Le capital humain est notre priorité », a-t-il assuré, citant Steve Jobs et Bill Gates qui estiment que l’esprit humain doit toujours l’emporter sur la technologie. Sri Lanka a la ferme intention de créer un conseil de la technologie et de l’innovation, ainsi qu’un ministère de la transformation technologique, en plus d’une université pour promouvoir l’éducation dans les nouvelles technologies, a fait savoir le délégué. Rappelant le rôle vital de la science, de la technologie et de l’innovation pour le développement d’une île particulièrement sensible aux changements climatiques, il a appelé à approfondir la coopération aux niveaux triangulaire, Sud-Sud et Nord-Sud.
M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a observé qu’en dépit des progrès technologiques réalisés ces dernières années, un tiers de la population mondiale est à la traîne et la moitié de la population des pays en développement n’a pas pleinement accès aux TIC. Pour remédier à cela, la Bolivie a mis en place des programmes d’alphabétisation numérique, à destination des plus marginalisés, dont les peuples autochtones, a-t-il indiqué. Conscient du potentiel des initiatives locales, le Gouvernement bolivien investit aussi dans la formation et le renforcement des capacités, y compris en matière de cybersécurité, compte tenu des dangers que ces TIC peuvent aussi représenter, a encore informé le représentant.
Mme URSULA WYNHOVEN, de l’Union internationale des télécommunications, a fait remarquer que le terme « numérique » apparaît 13 fois dans la déclaration politique adoptée lors du dernier Sommet sur les ODD. Elle a affirmé que le numérique peut accélérer les progrès de 70% des ODD. Évoquant l’Initiative à fort impact des Nations Unies sur l’infrastructure publique numérique, une collaboration entre l’Union internationale des télécommunications (UIT) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui vise à équiper 100 pays d’infrastructures numériques sûres, abordables et efficaces, la représentante a insisté sur la nécessité d’une action collaborative pour connecter les 2,6 milliards de personnes encore déconnectées à travers le monde.
Elle a mis en avant plusieurs rendez-vous clés à venir, comme le pacte numérique mondial, le Sommet de l’avenir de l’année prochaine et les 20 ans du Sommet mondial sur la société de l’information (SIMSI). Elle a terminé en mentionnant que la Conférence mondiale des radiocommunications 2023 et la COP28 seraient des occasions de modeler l’avenir numérique pour cette décennie et bien au-delà.
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT
Suite et fin de la discussion conjointe sur les questions de politique macroéconomique
M. SIBUSISO QETELLO MPAMA (Afrique du Sud) a demandé de changer les politiques monétaires et budgétaires dans les pays développés qui ont un effet néfaste sur les pays en développement. Ceux-ci ont par ailleurs besoin de davantage de financement pour le développement, a-t-il dit en prévenant que « répondre à ces besoins exigera que nos partenaires revoient à la hausse leurs engagements ». Le délégué s’est par ailleurs alarmé du niveau très élevé des budgets de défense par rapport au financement du développement.
Concernant le sort des pays à faible revenu, le représentant a demandé un « examen des incidences que pourrait impliquer l’optimisation des bilans », car les termes de l’emprunt en seraient alors modifiés. Rappelant que la coordination multilatérale est plus que jamais nécessaire, il a appelé à offrir un cadre adéquat aux pays endettés. « Un FMI fort est impératif », a-t-il lancé, espérant qu’à l’issue de l’examen des nouveaux quotas par le Conseil des gouverneurs du Fonds, les capacités actuelles de prêt seront au moins maintenues. Il a par ailleurs insisté pour que la facilité pour la résilience et la durabilité du FMI soit bien financée.
Notant qu’en Afrique, les montants des capitaux en fuite étaient à peu près les mêmes que ceux de l’APD, le délégué a exhorté à lutter contre les flux financiers illicites et à réformer la politique fiscale internationale pour empêcher l’évasion fiscale. Enfin, il s’est opposé au « protectionnisme vert qui voit actuellement le jour », estimant qu’il défavorise l’Afrique. Les obstacles non tarifaires au commerce ne doivent pas être unilatéraux, bilatéraux ou discriminatoires, a-t-il conclu.
M. MUKTAR (Éthiopie) s’est insurgé contre l’injustice du système commercial mondial et des mesures coercitives unilatérales, ainsi que contre les restrictions commerciales entravant le développement de son pays et gênant ses tentatives de réaliser le Programme 2030. S’agissant du commerce, le raisonnement du délégué est qu’il facilite la transition vers les énergies propres en offrant des débouchés et des devises aux pays en développement. Néanmoins, dans le cadre des règles et conventions internationales en lien avec la durabilité environnementale, il a estimé que l’alignement n’était pas encore assez clair entre commerce et transition énergétique. D’autre part, les flux vers les pays en développement demeurent insuffisants et inadéquats. Nombreux sont les pays en développement d’Afrique se trouvant occupés à gérer le fardeau de la dette au détriment de leur programme de développement et de leurs ODD, a mis en garde le délégué.
Le délégué a indiqué que le Gouvernement éthiopien s’est engagé dans une réforme fiscale d’envergure et dans la normalisation de son secteur informel. L’ouverture du pays au secteur privé fait aussi partie des efforts déterminés du Gouvernement pour avancer sur la voie du développement durable, a-t-il dit avant de se féliciter de la réutilisation des droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés.
M. T'SEAN MOTT (Bahamas) a estimé qu’il fallait introduire des outils et mécanismes innovants dans les institutions financières internationales afin qu’elles soient à même de répondre aux besoins des pays en développement en ce qui concerne la dette et les financements destinés au développement. Par ailleurs, « après des décennies de mesures incohérentes », notamment les politiques fiscales imposées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le délégué a attiré l’attention sur la nécessité évidente d’une convention des Nations Unies sur la fiscalité. Et l’ONU, en tant qu’organe intergouvernemental par excellence, devrait faciliter ce processus, selon le représentant.
Il a aussi appelé à une réforme des banques multilatérales pour le développement, afin qu’elles accordent plus de crédit aux petits États insulaires en développement et tiennent compte de leurs spécificités et priorités. Il faut enfin mettre en œuvre les recommandations formulées dans le cadre du G20 relatives à la dette et la gestion de la dette des pays en développement, a aussi recommandé le représentant.
M. ANDREAS LØVOLD (Norvège) a noté qu’en 2015, la Norvège s’était engagée fortement sur le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, et a toujours prôné la réduction du fardeau de la dette. Mais trop d’obstacles demeurent et « nous devons redoubler d’efforts », a-t-il lancé. Rappelant que la Norvège n’avait eu de cesse de consacrer 0,7% de son revenu national brut à l’APD, il a promis qu’elle resterait un partenaire et un bailleur de fonds fiable. « La croissance doit être inclusive, incluant les femmes », a par ailleurs estimé le délégué.
Il a appelé à lutter contre les flux financiers illicites, qui nuisent à la transparence et à la confiance, tout en maintenant des populations dans la pauvreté. Observant que le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la coopération fiscale brosse un tableau fort sombre de la politique fiscale actuelle, il a exhorté à remédier aux faiblesses systémiques et à adopter des normes efficaces et responsables, tant à l’ONU qu’à l’OCDE.
M. KLOSE, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), notant de grandes disparités entre les pays industrialisés et les autres pays en matière de politique industrielle, a préconisé des investissements à long terme plutôt qu’à court terme en faveur des pays en développement. Il a estimé que les politiques industrielles modernes doivent faciliter deux transitions clefs: d’une part, celle vers les énergies propres -où les pays industrialisés pourraient devenir chefs de file et entraîner une émulation– et, d’autre part, celle de la transformation numérique. Pour réellement tirer parti de ces transformations, le développement industriel doit se montrer à la hauteur de la tâche, tandis que le secteur privé et le secteur public doivent travailler de concert, a recommandé l’orateur.