En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
8e & 9e séances plénières, matin & après-midi
AG/EF/3586

Deuxième Commission: le « mur de la dette » et autres dynamiques macroéconomiques creusent encore les inégalités entre le Nord et le Sud

L’imminence d’une crise de la dette conjuguée à une crise du développement déjà en cours a été au cœur des discussions ce jeudi, à la Deuxième Commission, qui abordait les questions de politique macroéconomiques et le suivi du financement du développement.

Mme Penelope Hawkins, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a d’emblée fait état d’une situation alarmante: 3,3 milliards d’individus vivent dans des pays où le paiement des intérêts de la dette dépasse les dépenses de santé et d’éducation; et les pays à faible revenu sont comparativement les plus exposés face à cette crise, dans la mesure où 10,5% de leurs recettes fiscales nationales et 22,4% de leurs recettes d’exportation s’évaporent dans le service de la dette.

Citant des statistiques proches, le délégué cubain, au nom des membres du Groupe des 77 et de la Chine (G77), s’est pour sa part alarmé que ces pays, du fait des contraintes qui pèsent sur leur budget, soient fortement entravés dans leurs efforts de relance post-COVID-19 et voient s’éloigner l’accomplissement du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Sachant que plus de la moitié des 54 pays africains sont déjà en situation de « détresse » quant à leur dette, selon le représentant de la Tunisie qui s’exprimait pour le Groupe des États d’Afrique, et sachant que le taux d’endettement des pays les moins avancés (PMA) est passé de 15,6% en 2021 à 17% en 2022, selon le représentant népalais de ce groupe, il est à craindre que « nous allions dans le mur de la dette », s’est inquiétée Mme Sharon Spiegel du Département des affaires économiques et sociales (DESA).

Interrogée par l’Égypte sur les similitudes entre la situation actuelle et celle qui prévalait à l’époque de l’adoption de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) il y a presque 20 ans, Mme Hawkins a répondu que si le service de la dette dans l’ensemble n’est pas aussi élevé qu’en 2006, il est aujourd’hui relativement plus lourd pour les pays à faible revenu.  Et tandis que la nécessité d’une transition climatique n’était pas bien comprise à l’époque, il n’y a aujourd’hui plus de doute possible.  Il en résulte que « le fossé de financement pour parvenir aux objectifs de développement durable (ODD) est plus profond que jamais », a-t-elle averti.

Parmi les raisons qui expliquent l’alourdissement du fardeau de la dette, Mme Hawkins a cité la baisse de l’aide publique au développement (APD), ainsi que le poids grandissant des créanciers privés, qui imposent des taux non concessionnels.  À cet égard, les banques multilatérales de développement ont un rôle essentiel à jouer, a-t-elle prévenu, de même que le Fonds monétaire international (FMI).  Le G77, à l’instar de nombreuses autres délégations, a ainsi réclamé que se concrétise la réorientation des droits de tirage spéciaux (DTS) inutilisés vers les pays en développement, pour que soit enfin « établi un ordre économique international juste et équitable ».

De fait, les PMA se sont vu attribuer moins de 3% des 650 milliards de dollars de DTS approuvés en 2021 par le FMI, a rappelé le Népal.  Le G77 a suggéré un mécanisme permettant un processus d’émission des DTS plus « automatisé ».  « Il a fallu 11 mois au FMI pour convenir d’une nouvelle émission de DTS lors de la crise financière de 2008, et 17 mois lors de l’épidémie de COVID-19 », a-t-il rappelé, jugeant ce délai bien trop long.  Il a donc plaidé pour une refonte en profondeur de l’architecture financière internationale et mis en garde contre le maintien du statu quo.

Outre le fardeau de la dette et les difficultés d’accès aux financements internationaux, les délégations ont pointé du doigt d’autres dynamiques qui aggravent les inégalités entre les pays du Nord et ceux du Sud, grevant la réalisation des ODD.  La politique fiscale en est une.  Mme Spiegel a ainsi plaidé pour un renforcement du rôle de l’ONU dans l’élaboration de normes fiscales internationales, seules à même de rendre la coopération pleinement inclusive et efficace.  Pour ce qui est de la lutte contre les flux financiers illicites, autre problématique qui désavantage les pays en développement, elle a recommandé un meilleur accès de tous aux données, ainsi qu’une coordination plus efficace entre les différents acteurs, qu’ils soient nationaux ou internationaux.

L’accès aux produits de base représente un autre défi pour certaines nations, comme l’a fait remarquer le Botswana, qui s’est plaint de la difficulté d’accès aux matières premières pour les pays en développement sans littoral (PDSL) comme le sien.  Notant que la volatilité des prix affecte négativement les pays dépendants des exportations autant que ceux dépendants des importations, Mme Miho Shirotori, de la CNUCED, a cependant été très claire: ce sont les pays importateurs nets de nourriture et de carburant, particulièrement en Afrique et dans les PMA, qui sont les plus affectés.

Enfin, M. Richard Bolwijn, également de la CNUCED, a regretté que, malgré la reprise des flux mondiaux d’investissements étrangers directs, ceux-ci ne se fixent pas assez souvent sur des projets durables dans les pays en développement.  Ainsi, 31 pays n’ont attiré aucun investissement dans les projets d’énergie renouvelable depuis 2015, s’est-il offusqué.

En somme, pratiquement tous les intervenants ont souligné la nécessité d’une action multilatérale robuste et d’une réforme de l’architecture financière internationale, afin de corriger les effets délétères de certaines iniquités financières structurelles et de politiques macroéconomiques affectant plus durement les pays en développement.

La prochaine séance de la Deuxième Commission aura lieu demain, vendredi 6 octobre, à 10 heures.  Elle sera consacrée aux technologies de l’information et des communications au service du développement durable, ainsi qu’à la mondialisation et à l’interdépendance.

QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE

SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Présentation des rapports 

Mme MIHO SHIROTORI, Directrice par intérim de la Division du commerce international et des produits de base de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté deux rapports du Secrétaire général.

Elle a d’abord présenté le rapport sur le commerce international et le développement (A/78/230), axé sur le commerce comme solution possible pour aborder la triple crise planétaire des changements climatiques, de la pollution et de la perte de biodiversité.  Elle a présenté trois domaines politiques principaux où les actions des États Membres peuvent mettre à profit le commerce pour obtenir des résultats de décarbonation plus équitables.

Premièrement, en ce qui concerne la collaboration commerciale internationale et régionale pour soutenir la transition énergétique, Mme Shirotori a noté une hausse rapide des échanges de biens environnementaux.  Notant que le marché de ces biens se concentre sur les cinq principaux exportateurs, elle a appelé les États Membres à améliorer la participation des pays en développement dans les chaînes d’approvisionnement en énergie renouvelable, ainsi qu’à promouvoir la coopération Sud-Sud.

Deuxièmement, en matière de cohérence des politiques entre les actions nationales pour des raisons environnementales et les règles commerciales multilatérales de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la rapporteuse a relevé des tensions émergentes parmi les membres de l’Organisation.  Elle a incité à augmenter la cohérence entre la politique environnementale et la politique commerciale, aussi bien au niveau national qu’international.  Le rapport suggère d’intégrer les actions commerciales dans la stratégie d’un pays pour mettre en œuvre sa contribution déterminée au niveau national pour l’objectif zéro émission nette.

Troisièmement, le rapport aborde les moyens pour les pays en développement de saisir de nouvelles opportunités économiques dans le domaine du commerce et de l’environnement.  À cet égard, Mme Shirotori a prôné des actions immédiates pour éviter les déficits d’approvisionnement, la volatilité des prix et une répartition inéquitable des avantages entre les différentes parties prenantes.  Elle a mis en exergue l’importance des minéraux cruciaux comme le lithium, le nickel et le cobalt.

Enfin, la rapporteuse a appelé à des investissements accrus pour une transformation structurelle durable, notamment dans la recherche et le développement et la montée en compétence des travailleurs.  Elle a également sollicité une action urgente pour garantir que les pays riches en minéraux exploitent les opportunités de développement offertes par la demande accrue de minéraux cruciaux sur le marché international.

Mme Shirotori a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur les tendances et les perspectives des produits de base dans le monde (A/78/231).  Elle a souligné que les mouvements de prix en 2022 et début 2023 ont été principalement influencés par des facteurs d’offre et de demande liés à la guerre en Ukraine, aux craintes d’un ralentissement économique mondial et au resserrement monétaire face à des pressions inflationnistes généralisées.  Notant que cette volatilité des prix affecte négativement tant les pays dépendants des exportations que ceux dépendants des importations de produits de base, elle a précisé que les pays importateurs nets de nourriture et de carburant, en particulier en Afrique et dans les PMA, sont les plus touchés. 

Les prix des métaux précieux comme l’or ont augmenté en tant qu’actifs refuges en raison des incertitudes économiques suscitées par la guerre en Ukraine, a-t-elle relevé.  Elle a également rapporté une baisse des prix des produits non énergétiques au second semestre de 2022 en raison d’une contraction de la demande alimentée par la peur d’une récession mondiale, la faible demande chinoise et le resserrement monétaire.  En ce qui concerne les prix de l’énergie, elle a observé qu’ils sont restés élevés en 2022, tirés par les prix élevés du gaz naturel.  Elle a ajouté que ces prix avaient diminué dans les derniers mois de 2022 en raison de la reconstruction des stocks de gaz. 

Poursuivant sur les implications politiques, la rapporteuse a mis l’accent sur la préoccupation croissante liée à l’insécurité alimentaire.  Elle a suggéré notamment la diversification des sources d’importation de nourriture et l’augmentation des investissements dans un secteur agricole plus productif et diversifié.  Elle a insisté sur le rôle crucial du multilatéralisme et de la coopération internationale pour la sécurité alimentaire mondiale.

Pour conclure, Mme Shirotori a présenté deux autres domaines politiques que la Commission pourrait aborder à l’avenir: le soutien aux importateurs nets de nourriture dans la construction de systèmes alimentaires plus résilients et diversifiés; et le soutien aux efforts locaux dans les pays en développement pour ajouter de la valeur aux chaînes d’approvisionnement afin qu’elles soient diversifiées, durables et résilientes en minéraux essentiels.

M. KHALIL UR RAHMAN HASHMI, Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté le rapport du Conseil du commerce et du développement sur sa soixante-treizième réunion directive (A/78/15 (Part I)), qui s’est tenue à Genève du 13 au 15 février 2023.

Au cours de cette réunion, les membres ont par exemple pris des décisions relatives au « rapport 2022 sur les pays les moins avancés: les transitions vers une économie sobre en carbone et ses conséquences redoutables pour la transformation structurelle », qui mettent en évidence la vulnérabilité démesurée de ces pays aux catastrophes liées au climat.  Le Conseil a également examiné le rapport sur le commerce et le développement 2022, intitulé « Perspectives de développement dans un monde fracturé – Problèmes mondiaux et solutions régionales », et formulé des recommandations dans l’objectif de réformer le cadre international concernant la dette et l’accès aux liquidités.  Il met en garde contre les conséquences d’un nouveau resserrement monétaire, qui pourrait entraîner des faillites d’entreprises.  Quant à l’intégration régionale, elle peut aider à concevoir des plateformes d’échanges fondées sur des règles plus justes.

M. Hashmi a ajouté que le Conseil du commerce et du développement, à sa soixante-dixième session, qui s’est tenue du 19 au 28 juin 2023, a adopté des conclusions sur l’indice des capacités productives, afin de formuler des politiques fondées sur des données.  Développer et maintenir les capacités productives sont la seule voie vers un véritable développement pérenne, en particulier pour les pays les moins avancés (PMA), a souligné M. Hashmi.  Le Conseil a adopté des recommandations politiques du Groupe d’experts intergouvernemental du commerce électronique et de l’économie numérique.  Les experts ont appelé les gouvernements et d’autres acteurs à travailler ensemble à une gouvernance mondiale inclusive des données.

M. SHANTANU MUKHERJEE, Directeur de la Division des politiques et de l’analyse économiques du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport du Secrétaire général consacré aux « mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement » (A/78/506), élaboré pour assurer le suivi d’une résolution de l’Assemblée générale qui demandait à la communauté internationale d’agir d’urgence pour éliminer le recours à de telles mesures.

En réalité, le nombre de mesures économiques unilatérales continue d’augmenter: 71 étaient en vigueur à la fin juin 2023, soit une hausse de 10% par rapport à la publication du précédent rapport de suivi en 2021.  Ce sont les mesures imposant des restrictions à des individus ou des entreprises qui expliquent cette hausse, a fait savoir M. Mukherjee. 

Dans une enquête menée par le DESA pour la préparation du rapport, il s’avère que certains États Membres estiment que ce type de mesures est admissible dans certaines situations mais que la majorité des répondants expriment leur désaccord, considérant qu’elles sont contraires aux principes de la Charte des Nations Unies, a expliqué M. Mukherjee.  Quant aux pays visés par ces mesures, ils ont signalé qu’ils peuvent en ressentir de graves conséquences humanitaires, que ces mesures entravent des secteurs économiques essentiels et que ce sont les segments les plus vulnérables de la population qui en pâtissent le plus, ce qui va à l’encontre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme SHARON SPIEGEL, Chef du Service de l’analyse et de l’élaboration des politiques au Bureau du financement du développement au DESA, a présenté quatre rapports.

Le premier, sur la « promotion d’une coopération internationale inclusive et efficace en matière fiscale à l’Organisation des Nations Unies » (A/78/235), contient une analyse des dispositions existantes en matière de coopération fiscale internationale et passe en revue les options supplémentaires de rendre cette coopération pleinement inclusive et plus efficace en décrivant les prochaines étapes envisageables.  Il en ressort que le renforcement du rôle de l’ONU dans l’élaboration des normes fiscales et la définition des règles, en tenant pleinement compte des accords multilatéraux et internationaux existants, semble être la voie la plus viable pour rendre la coopération internationale en matière fiscale pleinement inclusive et plus efficace.  À cet égard, trois options sont proposées, qui doivent chacune faire l’objet de plus amples réflexions: une convention multilatérale en matière fiscale; une convention cadre sur la coopération fiscale internationale; un cadre non contraignant pour la coopération internationale en matière fiscale.

Le deuxième, sur la « coordination et coopération internationales visant à lutter contre les flux financiers illicites » (A/78/186), souligne l’importance de la lutte contre les flux financiers illicites pour la réalisation des ODD.  Il recommande un meilleur accès aux données et la mise à disposition plus large des renseignements collectés au bénéfice des autorités nationales mais en respectant la vie privée.  Une coordination efficace doit être assurée entre les domaines d’action, tant au niveau national qu’international.

Le troisième sur le « système financier international et le développement » (A/78/178), passe en revue les conséquences de la pandémie de COVID-19 et les problèmes nouveaux et émergents, y compris les risques non économiques, auxquels fait face le système financier international.  La hausse rapide des taux d’intérêt qui a entraîné la faillite des banques a exacerbé les vulnérabilités de la dette et l’augmentation de la charge du service de la dette, a observé la rapporteuse.  En 2022, a-t-elle souligné, 25 pays en développement ont consacré plus d’un cinquième de leurs recettes totales au service de la dette publique extérieure, ce qui les empêche d’investir dans le développement.  Elle a néanmoins reconnu que les banques multilatérales de développement progressent dans leurs réformes pour permettre d’augmenter le financement des ODD.

Le rapport contient des propositions visant à réformer l’architecture financière internationale pour favoriser le développement durable dans le contexte d’une coopération internationale renforcée.  Il propose ainsi d’améliorer la soutenabilité de la dette; de réformer les banques multilatérales de développement; de renforcer le filet de sécurité financier mondial; de réduire les risques systémiques pesant sur la stabilité financière; de réformer le système monétaire international; et de renforcer la gouvernance mondiale et la cohérence des politiques.

Le quatrième sur le « suivi et mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement » (A/78/190), s’intéresse principalement aux nouveaux problèmes rencontrés, dans la perspective de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement.  Les tendances émergentes risquent d’exacerber la fracture financière, a souligné Mme Spiegel, en notant une augmentation des risques liés au climat, une fourniture insuffisante de biens publics mondiaux et des risques croissants de fragmentation géopolitique.  Tout cela met la pression sur la capacité des pays à se financer eux-mêmes, a averti Mme Spiegel, en recommandant aux États Membres de tenir compte des enjeux politiques et techniques d’une telle conférence.

Mme PENELOPE HAWKINS, Directrice par intérim du Service de la dette et du financement du développement, Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED, a présenté le rapport de la CNUCED intitulé « Soutenabilité de la dette extérieure et développement », transmis par une note du Secrétaire général (A/78/229).  Le rapport, fondé sur des données de 2022, relève qu’une crise de la dette se profile à l’horizon, mais rappelle qu’une crise du développement est déjà en cours. Cette situation alarmante résulte d’une succession de crises imbriquées, ainsi que du « resserrement monétaire le plus vigoureux que les pays développés aient opéré depuis les années 1970 ».  Mme Hawkins a donné un chiffre pour illustrer cette crise du développement: 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays où le montant des intérêts de la dette dépasse les dépenses dans l’éducation et la santé.

Le rapport montre aussi que les pays n’ont pas tous été touchés dans la même mesure par ces crises, ceux à revenu faible ou intermédiaire inférieur portant le plus lourd fardeau.  Actuellement, les pays à faible revenu consacrent 10,5% de leurs recettes nationales et 22,4% de leurs recettes d’exportations au service de la dette.  Parmi les raisons qui expliquent l’alourdissement du fardeau de la dette, Mme Hawkins a cité la baisse de l’APD et le poids grandissant des créanciers privés, qui imposent des taux non concessionnels et son soumis aux hausses du marché.  À cet égard, les banques multilatérales de développement ont un rôle essentiel à jouer, par le biais d’une réallocation des DTS, une meilleure utilisation des capitaux ou une recapitalisation.  Le rapport préconise une riposte multilatérale solide et propose des solutions pour éviter une crise systémique de la dette dans le monde en développement et pour faire face à la crise de développement qui est déjà en cours.

M. BOJAN NASTAV, Chef intérimaire de l’analyse statistique à la CNUCED, a présenté un rapport du Secrétaire général intitulé « Coordination et coopération internationales visant à lutter contre les flux financiers illicites » (A/78/186), en détaillant les trois points principaux du rapport.

Premièrement, il a indiqué que les États Membres de la Commission statistique de l’ONU ont approuvé, en mars 2022, un cadre conceptuel pour mesurer les flux financiers illicites.  Ce cadre a été élaboré par un groupe d’étude international incluant des États Membres et des organisations internationales comme l’OCDE, le FMI et Eurostat.  Il a ajouté que 22 études pilotes menées à ce jour ont prouvé que ces flux pouvaient être mesurés en utilisant, si possible, des données de transactions existantes.  Ces études ont renforcé la collaboration entre les autorités nationales pour suivre la finance illicite, notamment en créant de nouveaux groupes de travail inter-agences ou des départements spécialisés.

Deuxièmement, le rapporteur a signalé que les États Membres avaient, pour la première fois, fourni des données aux agences dépositaires, désormais accessibles à l’échelle mondiale.  Toutefois, la base de données mondiale des indicateurs des ODD demeure peu fournie, couvrant seulement certains types de flux financiers illicites.  Il a ajouté que la CNUCED et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avaient établi une solide collaboration pour renforcer la capacité des pays à développer les compétences nécessaires.

Troisièmement, M. Nastav a indiqué que les États Membres, fortement désireux de lutter contre les flux financiers illicites, ont une demande croissante mais non satisfaite de soutien, à cet égard.  Il a évoqué une évaluation indépendante d’un projet précédent en Afrique qui avait constaté que ce dernier était pleinement aligné sur le Programme 2030.  Il a recommandé que la CNUCED poursuive le travail méthodologique et soutienne le renforcement des capacités, portant ses espoirs sur une enquête mondiale lancée auprès des pays en septembre 2023.

M. RICHARD BOLWIJN, Chef du département de la Recherche sur les investissements, Division de l’investissement et des entreprises de la CNUCED, a présenté par visioconférence une section du Rapport 2022 sur l’investissement dans le monde de la CNUCED (disponible sur le site de la CNUCED) au titre du point suivant de l’ordre du jour: Promouvoir l’investissement en faveur du développement durable.

Le rapport fait le point sur les investissements dans les objectifs de développement durable, l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ces changements, en soulignant les lacunes à combler, en particulier dans l’agriculture.  Le rapport note aussi que 31 pays n’ont attiré aucun investissement dans les projets d’énergie renouvelable depuis 2015, a souligné M. Bolwijn.

L’an dernier, les flux mondiaux d’investissements étrangers directs ont retrouvé leurs niveaux antérieurs à la pandémie, mais ces fonds ne vont pas au bon endroit, c’est-à-dire vers le financement durable dans les pays en développement, note encore le rapport.  Il identifie l’obstacle principal à l’investissement dans les énergies durables et les infrastructures de développement: le montant élevé des fonds nécessaires.

Dialogue interactif

L’Égypte a demandé à Mme Hawkins, de la CNUCED, si la situation en matière de dette extérieure était similaire à celle qui prévalait à l’époque de l’adoption de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Mme Hawkins a répondu par une citation: « si votre voisin perd son emploi c’est une récession, mais si vous perdez le vôtre c’est une dépression ».

Le service de la dette extérieure dans l’ensemble n’est pas aussi élevé qu’il l’était au tournant du siècle, mais il est plus lourd pour les pays à faible revenu, a précisé la directrice par intérim du Service de la dette et financement du développement à la CNUCED.  Elle a toutefois relevé que, au moment de l’adoption de l’initiative PPTE, la nécessité d’une transition climatique n’était pas bien comprise.  Or, « le fossé de financement pour parvenir aux ODD est plus profond que jamais ».  Par ailleurs, la durabilité de la dette est souvent vue comme une prérogative du FMI, alors qu’il est de la responsabilité primordiale des États Membres souhaitant emprunter auprès du FMI de choisir et de mettre en œuvre les politiques nécessaires à cette durabilité.

Pour sa part, Mme Spiegel, du DESA, a fait observer que le monde avait changé et qu’il était difficile de comparer les deux périodes.  « Si la tendance actuelle se poursuit, nous savons que nous allons dans le mur de la dette et il faut d’urgence rectifier le tir », a-t-elle lancé, invitant à réfléchir à la manière de rendre les processus plus efficaces.

À une question du Japon qui s’est inquiété de l’élaboration d’un nouveau cadre sur la fiscalité internationale, jugeant plus prudent de réévaluer l’ensemble du cadre existant, Mme Spiegel (DESA) a fait valoir que le rapport de l’OCDE a voulu mettre l’accent sur l’inclusivité et l’efficacité.  S’agissant de la coopération en matière de politique fiscale, le rapport répond à la question posée par une résolution de l’Assemblée générale sur le fonctionnement du cadre.

Discussion générale conjointe

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme DALIA MARLEN TORRES SEARA (Cuba) a souligné que de nombreux efforts ont été déployés pour réformer les déséquilibres de l’architecture financière internationale actuelle, héritée du colonialisme, et pour favoriser l’inclusion.  Une volonté politique plus forte est cependant nécessaire à son avis pour établir un ordre économique international juste et équitable.  La représentante a prôné pour cela, d’abord, la réforme de l’architecture financière internationale, car les réponses dont les pays en développement ont besoin dépassent les capacités des institutions financières multilatérales et internationales existantes, telles que le FMI et la Banque mondiale.  La seizième révision générale des quotes-parts du FMI, qui est en cours, constitue l’occasion de respecter les engagements pris dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba en vue de renforcer la voix et la représentation des pays en développement, a estimé la déléguée.  Elle a mis en garde sur le fait que si les plus grandes économies développées continuent de détenir de facto un droit de veto dans les organes de décision, il n’y aura jamais de système international inclusif.  Des mesures urgentes, telles qu’une révision complète de la politique de surtaxe du FMI en raison de son caractère régressif et procyclique, sont à cet égard nécessaires.

L’amélioration de l’architecture mondiale de la dette souveraine, avec une participation significative des pays en développement, l’est tout autant.  En 2022, a illustré la déléguée, 25 pays en développement ont consacré plus d’un cinquième de leurs recettes totales au service de la dette publique extérieure, ce qui a limité leur capacité à investir dans la relance post-COVID et le développement durable, et augmenté le risque de futures crises de la dette.  Par ailleurs, le financement du développement restant la clef de la mise en œuvre du Programme 2030, la déléguée a sommé les pays développés d’honorer leurs engagements non tenus en matière d’APD.  Les crises actuelles ne doivent pas leur servir d’excuse pour ralentir ou revenir sur ces engagements, a-t-elle fait savoir.

La représentante du G77 a poursuivi en demandant que se concrétise la réorientation volontaire des droits de tirage spéciaux (DTS) inutilisés vers les pays en développement.  Elle a aussi suggéré un mécanisme permettant une émission des DTS de façon plus « automatisée ».  Il a fallu 11 mois au FMI pour convenir d’une nouvelle émission de DTS lors de la crise financière de 2008, a-t-elle rappelé, et 17 mois lors de l’épidémie de COVID-19.  Pour le Groupe, il est donc urgent de mettre en place un mécanisme harmonieux de réacheminement des DTS.

La représentante du Groupe s’est enfin inquiétée du fait qu’il n’existe toujours pas de forum mondial pour la coopération fiscale internationale.  Elle a insisté sur la nécessité de mettre en place, au sein de l’ONU, des plateformes inclusives et efficaces pour élaborer et examiner les règles fiscales internationales.

M. KAUSHAL KISHOR RAY (Népal), s’exprimant au nom des Pays les moins avancés (PMA), a déclaré que ces derniers souffrent de l’impact de la pandémie de COVID-19 et des conséquences d’une triple crise planétaire liée aux changements climatiques, à la pollution à la perte de biodiversité.  Ils souffrent aussi des tensions géopolitiques accrues. Le développement des infrastructures est en outre bien en deçà du niveau requis pour la fourniture de services nécessaires à un développement économique et social rapide.  La structure commerciale des PMA dépendant largement des exportations de produits de base, elle est parallèlement très vulnérable aux fortes fluctuations des prix internationaux et largement dominée par des niveaux insuffisants de capacité à l’exportation et de productivité, avec de faibles valeurs ajoutées.

Par ailleurs, les flux des investissements directs étrangers (IDE) vers les PMA ne représentent qu’environ 3% des pays en développement et sont en baisse depuis plusieurs années, dans le même temps qu’environ 60% des PMA et des autres pays à faible revenu sont considérés comme étant exposés à un risque élevé ou en situation de surendettement, soit deux fois le niveau de 2015.  Alors que la part des recettes publiques consacrée au service de cette dette est estimée à 60%, le taux d’endettement est passé à 17% en 2022, contre 15,6% en 2021. L’augmentation de la dette réduit encore davantage l’espace budgétaire dont les PMA ont besoin pour investir dans la réalisation des objectifs de développement durable, a observé le représentant, appelant à inverser la tendance.

Pour ce faire, il a dit que le Programme d’action de Doha propose un plan global, prévoyant notamment la mobilisation de financements pour accélérer les progrès.  Sa mise en œuvre est selon lui le seul moyen de tenir la promesse de ne laisser personne de côté.  L’aide publique au développement en faveur des PMA doit non seulement doubler pour atteindre l’objectif de 0,2%, mais elle doit également être fournie sous forme de subventions et être mieux alignée sur les priorités et les systèmes des pays.  De plus, les institutions financières internationales et les banques multinationales de développement doivent améliorer les guichets de financement spécifiques aux PMA afin de mieux répondre aux besoins et aux capacités de ces derniers.

L’inégalité existante dans les DTS émis par le FMI en faveur des PMA, qui représentent moins de 3% sur un total de 650 milliards de dollars américains, doit être elle aussi corrigée et un centre de promotion des investissements pour les PMA créé afin de stimuler les flux d’IDE, a-t-il recommandé, appelant à faire de ces propositions une réalité.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a réclamé une réforme de l’architecture financière internationale, compte tenu de l’importance capitale de politiques macroéconomiques solides pour un environnement susceptible de produire de la croissance.  Le délégué de la CARICOM a souhaité que l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et l’Initiative de Bridgetown soient vigoureusement appuyés. Mobilisées simultanément, ils pourraient fournir à la fois une disponibilité et un accès aux financements nécessaires pour corriger la trajectoire, correction qu’il a estimée indispensable.  La vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID) est incontestable et attestée par de nombreux rapports onusiens, a rappelé le délégué.  Il a donc estimé qu’il ne fallait pas tarder à passer à l’étape suivante, à savoir la concrétisation de cet indice, qui devrait être soutenue par la mise en place immédiate d’un secrétariat intérimaire chargé de cette mission.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dit reconnaître le rôle du multilatéralisme dans la résolution des problème mondiaux, impliquant que l’on renforce la solidarité internationale.  En dépit de la situation mondiale, l’économie de l’ASEAN a fait preuve de résilience, avec des taux croissance de 4,7% en 2023 et 5% attendus en 2024, a présenté le représentant.  Il a aussi rappelé que la région est l’une des plus vulnérables aux effets des changements climatiques.  Tout en étant consciente de la nécessité des financements internationaux pour le climat, la région reste déterminée à mobiliser ses ressources locales et à impliquer tous les acteurs, dont les femmes, les jeunes et la société civile, a assuré le délégué.

Il a poursuivi en indiquant que l’ASEAN entend aussi renforcer le commerce international avec ses voisins et d’autres partenaires, tant elle croit en la force du commerce pour faire progresser le développement.  Le délégué a fait remarquer l’importance de disposer de financements suffisants et efficaces pour assurer le relèvement et réaliser les objectifs du Programme 2030.  Pour combler le fossé existant en la matière, l’ASEAN a mis en place un programme visant à mobiliser les capitaux privés pour financer les politiques de relèvement, a indiqué le représentant.

Au nom du Groupe des amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a souligné que la pandémie de COVID-19 a déclenché une crise non seulement pour les systèmes de santé, mais aussi dans les domaines sociaux et économiques, tant à l’échelle nationale qu’internationale, « une crise qui a des conséquences dévastatrices pour l’humanité ».  Ces multiples crises aggravent les vulnérabilités et les inégalités entre les pays, en particulier ceux en développement, a-t-elle aussi fait remarquer.  Insistant sur les graves déséquilibres macroéconomiques au niveau mondial, sur la volatilité des marchés financiers et des matières premières, sur le pillage des ressources des nations en développement, ainsi que sur l’augmentation des niveaux de pauvreté, de chômage et d’inégalités, le représentant en a conclu qu’il faut, une fois pour toutes et sans attendre, mettre sur pied un nouvel ordre international.

Il a également dénoncé l’application illégale de mesures coercitives unilatérales, arguant que ces mesures violent la Charte des Nations Unies, et constituent une attaque délibérée au droit au développement de centaines de millions de personnes dans le monde.  Ces mesures sapent les efforts pour mettre en œuvre le Programme 2030, a-t-il déploré, avant d’insister sur l’importance de garantir que les documents négociés dans le cadre des Nations Unies comportent une référence à l’impact négatif de telles mesures.

Face à la conjoncture actuelle, le Groupe a appelé à renforcer la coopération et la solidarité internationales et à encourager les investissements dans les infrastructures, les capacités productives, le financement du développement et l’accès aux technologies.  Il a également plaidé pour un système commercial international juste, indépendant et dépolitisé, fondé sur des règles, sans discrimination, et qui accorde une attention particulière aux pays en développement.  Il a en outre demandé l’adoption de politiques fiscales et monétaires responsables.

Au nom du groupe des pays en développement sans littoral (PDSL), M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswanaa souligné l’impact fiscal de la pandémie sur ces pays et le risque accru que représente pour eux le fardeau de la dette, mettant en péril à la fois le relèvement durable et la réalisation des ODD.  Il a énuméré les défis spécifiques auxquels sont confrontés les PDSL, notamment leur dépendance à l’égard des matières premières, ce qui les rend vulnérables aux chocs externes et limite leur compétitivité.  Le délégué a souligné que ces pays restent en marge du commerce mondial et ont du mal à attirer des investissements directs étrangers, entravant ainsi leurs efforts pour réduire la pauvreté et réaliser un développement durable.

Tout en reconnaissant que le développement des PDSL est avant tout de leur propre responsabilité, le représentant a insisté sur le besoin d’un soutien externe et a formulé plusieurs recommandations.  Il a notamment exhorté à faciliter les procédures d’accès au financement des institutions internationales de développement et a mentionné le besoin de support technique pour l’utilisation des financements climatiques, l’amélioration de l’accès au marché et la facilitation du commerce, ainsi que l’accroissement de la coopération Sud-Sud.  En conclusion, le délégué a espéré que la communauté internationale se saisira de l’opportunité offerte par la prochaine conférence sur les PDSL en 2024.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Mme MATILDA BARTLEY (Samoa) a voulu citer quelques chiffres: les PEID ont été confrontés à une hausse de l’intensité des catastrophes de 133% en 2022, avec des préjudices s’élevant à près de 90% de leur PIB.  Plus de 40% des PEID sont soit très endettés soit proches du surendettement. Entre 2016 et 2020, les PEID ont reçu seulement 1,5 milliard de dollars de financements pour le climat et ont versé un montant 18 fois supérieur au service de la dette extérieure.

Le contexte est le suivant, a poursuivi la représentante: les PEID peuvent facilement basculer dans la détresse en raison d’événements climatiques, de changements dans le commerce mondial ou de fluctuations des prix.  Et la réalité est que les PEID seront toujours vulnérables aux chocs extérieurs, et se trouvent dans l’incapacité de se relever des crises qui s’accumulent.

La déléguée a plaidé pour que le développement soit mieux financé et que des réponses économiques durables ciblées soient apportées.  À ce propos, elle a lancé un appel à la mise en place d’un mécanisme de traitement de la dette pour les PEID et à garantir leur accès préférentiel aux marchés commerciaux.  Tout est plus cher dans les PEID, a fait observer la représentante, faisant référence à la distance des marchés et à la petite taille de l’économie de ces pays.  Elle a aussi appelé à une réforme crédible du système financier international.

Au nom d’un groupe de pays composé du Mexique, du Chili et de la Colombie, Mme ARLENE BETH TICKNER (Colombie) a mis en avant les progrès réalisés en termes de coopération fiscale, notamment les travaux de l’OCDE qui, ces dernières années, a mis au point de nouveaux instruments de coordination internationale.  Garantir une coopération fiscale internationale inclusive et efficace est un objectif commun aux Nations Unies, à l’OCDE et à d’autres organisations internationales, c’est pourquoi le groupe est disposé à discuter de la résolution ayant trait à la coopération fiscale internationale inclusive et universelle.

De l’avis du groupe, élaborer un cadre ou un instrument de coopération fiscale internationale est le meilleur moyen de répondre au souhait de nombreux pays, en particulier ceux en développement, de mettre en place des accords fiscaux internationaux susceptibles de maximiser le potentiel de la fiscalité pour soutenir les efforts de développement et financer le Programme 2030.  La représentante du groupe a ainsi recommandé de mettre en place une structure permettant des réunions fréquentes et une prise de décisions rapide à ce sujet.  Elle a aussi prôné l’élaboration d’un cadre ou d’un instrument de coopération internationale qui pourrait également aborder les réformes du système fiscal mondial et les questions de taxation de l’économie numérique, entre autres.

Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc), au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, a déclaré que les réformes demandées par les délégations en ce qui concerne les financements et l’accès aux financements pour le développement seront cruciales.  Pour cette raison, le groupe appuie les recommandations du Secrétaire général en ce qui concerne le coût de la dette, l’aide aux pays en développement et l’intensification des efforts en matière de financement du développement à long terme.  Il appuie les évaluations des besoins au-delà du PIB et la prise en compte des vulnérabilités, a ajouté la déléguée.

Elle a dès lors demandé au Secrétaire général de mettre sur pied un groupe d’experts indépendants de haut-niveau, appuyé par la Division de la statistique, afin d’élaborer un tableau de bord pour plusieurs indicateurs, allant au-delà du PIB, pour appuyer l’ensemble processus.  Au Président de l’Assemblée générale, elle a demandé de lancer un processus intergouvernemental, en consultation avec les parties prenantes, dans la perspective du Sommet de l’avenir.

La représentante a ensuite exprimé les appels du Groupe en faveur du renforcement des capacités dans la collecte des données.  Le but est d’aider les pays en développement à combler le fossé dans l’établissement des rapports sur la mise en œuvre du Programme 2030.  Elle a, en outre, préconisé le renforcement des capacités des banques multilatérales de développement en matière de prêts concessionnels aux pays en développement.  Les membres du Groupe attendent aussi de continuer les discussions autour de l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Ils souhaitent par ailleurs que les agences de notation adaptent leurs critères de base à la réalité des pays en développement, a indiqué la représentante.

Au nom du nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), Mme SHIRLEY ONG (Canadaa défendu la coopération internationale pour garantir une fiscalité juste et efficace.  Il a évoqué des questions telles que l’évasion fiscale internationale, les flux financiers illicites et la concurrence fiscale, soulignant que des avancées considérables avaient été réalisées grâce à des initiatives comme le Forum mondial de l’OCDE sur la transparence et l’échange d’informations à des fins fiscales, ainsi que le Cadre inclusif de l’OCDE et du G20 sur l’érosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices (BEPS).

Le représentant a validé les préoccupations de nombreux pays en développement et soutenu l’objectif d’améliorer leur participation effective à l’élaboration de normes fiscales internationales.  « Une compréhension commune des règles et des normes spécifiques pour lesquelles des améliorations sont nécessaires pourrait être bénéfique pour tous les pays », a-t-il précisé, avant d’appeler à « combler les lacunes » par de nouveaux dispositifs tout en améliorant les dispositifs existants, en « évitant de dupliquer les structures et instruments déjà en place ».

Selon Mme ARLENE BETH TICKNER (Colombie), tous les projets de résolution de la Deuxième Commission sur les questions macroéconomiques et de financement pour le développement doivent faire avancer la réforme du système financier international et améliorer la capacité des pays en développement à accéder à des ressources financières pour mettre en œuvre le Programme 2030, l’Accord de Paris et le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.

La représentante a en particulier cité la réallocation de DTS, l’échange de dettes pour le climat, la négociation d’un cadre ou d’un instrument sur la coopération fiscale, la recapitalisation des banques multilatérales de développement, la mise en place de critères multidimensionnels pour l’accès au financement.

M. RODRIGUEZ (Cuba) a dénoncé l’injustice du système financier international et les déficiences structurelles des pays en développement. Ces derniers, malgré tous leurs efforts, n’ont pas de marge de manœuvre budgétaire, a-t-il pointé.  Il a donc demandé de transformer une fois pour toutes les déclarations politiques en actions concrètes, qui impliquent des prêts à des conditions favorables.  Le représentant a regretté de devoir, comme tous les ans, demander aux pays développés de respecter leurs engagements en matière d’APD. 

Le délégué cubain a rejeté l’application de mesures coercitives unilatérales, contraires au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Ces mesures imposées à Cuba depuis plus de six décennies, l’empêchent de mettre en place des relations commerciales et financières normales avec le reste du monde, a-t-il déploré.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a insisté sur la nécessaire réforme de l’architecture financière internationale et la revitalisation du multilatéralisme pour remédier aux obstacles structurels, historiques et systémiques rencontrés par les pays en développement.  De son point de vue, cela dépasse le seul cadre des seules délibérations de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Il a donc misé sur la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu en 2025, pour parvenir à des accords internationaux pérennes et novateurs.

M. WISSAM AL NAHHAS (République arabe syrienne) a qualifié d’injustes et contraires à la Charte des Nation Unies les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis et l’Union européenne sur son pays.  Ces sanctions ont détruit la capacité de la Syrie à répondre aux besoins de la population, s’est-il plaint, évoquant les conséquences sur la santé ainsi que sur la fourniture d’eau et d’électricité.  Sur le plan commercial et industriel, les infrastructures n’ont pu être maintenues, tandis que le système bancaire est détruit, a-t-il signalé en rappelant que les entreprises étrangères ont quitté le pays.  « Toutes ces mesures sont des actes de terrorisme économique. »  Le représentant a insisté sur les effets dévastateurs de ces sanctions sur les populations et a appelé à leur levée.

Mme TAHEREH JALILI (République islamique d’Iran) a constaté que le financement du développement fait face à des défis, tandis que le multilatéralisme reçoit des coups.  Le protectionnisme et les sanctions imposées par un petit groupe jettent le discrédit sur le système international et pèsent sur les capacités des pays en développement à atteindre les ODD, a-t-elle ajouté.  La déléguée a fait remarquer que la mise en œuvre des programmes de développement décidés à l’échelle international est essentielle, insistant sur le rôle des Nations Unies, notamment la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).  Pour tirer pleinement profit du potentiel du commerce international, il est primordial de disposer d’un système commercial international équitable, non discriminatoire et basé sur des règles, a conclu la représentante.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TAREK LADEB (Tunisie) a souligné l’impact négatif des taux d’intérêt croissants et des politiques monétaires restrictives sur l’espace économique africain.  Il a fait observer que son continent enregistrait un déficit fiscal de 5% et un ratio dette/PIB de 64,5% en 2022, rendant difficile les investissements dans la résilience.  Ce d’autant plus que les taux d’intérêt ont grimpé dans les pays développés, provoquant des difficultés d’accès au crédit.  Aussi, « il est temps de réformer l’architecture financière internationale », a déclaré le représentant.  Il a mis en avant le potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine, qui pourrait accroître le commerce intra-africain de près de 40% dans les secteurs agroalimentaires et industriels, avant d’insister sur la nécessité de stimuler les investissements transfrontaliers dans des domaines tels que l’énergie et les technologies de l’information.

Abordant la question cruciale de la durabilité de la dette, le représentant a souligné que plus de 24 des 54 pays africains sont déjà en détresse de dette ou à haut risque.  Il a appelé à des solutions à moyen et long terme pour aborder les questions de la durabilité de la dette, de son soulagement voire de son annulation.  Le délégué a également discuté des réformes nécessaires dans la redistribution des droits de tirage spéciaux et dans l’initiative de cadre commun de la dette du G20, prônant la création d’un cadre réglementaire plus strict pour les agences de notation de crédit.  Finalement, il a évoqué l’impact dévastateur des flux financiers illicites sur le développement socioéconomique, plaidant pour une coopération fiscale internationale accrue afin d’améliorer la mobilisation des ressources intérieures en Afrique.

M. RODOLFO RETA HADDAD (Mexiquea souligné l’urgence de mettre au point de nouveaux indicateurs mondiaux pour faciliter un financement à la fois concessionnel et non concessionnel aux pays les plus vulnérables et ceux à revenu intermédiaire.  Il a critiqué l’insuffisance des programmes actuels, tels que l’Initiative de suspension du service de la dette du G20, et exprimé sa préoccupation concernant la volatilité des flux mondiaux de denrées alimentaires, de métaux et d’énergies, qui, selon lui, entrave la réalisation du Programme 2030.

Le délégué a ensuite plaidé pour des mesures visant à intégrer les chaînes de production locales dans les flux de commerce international, insistant sur l’importance d’impliquer les petites et moyennes entreprises, qui sont les principales génératrices d’emplois dans les pays en développement.  Sur le front climatique, il a appelé à respecter les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et d’autres initiatives internationales.  Le représentant a également évoqué l’importance d’un multilatéralisme renforcé, pour faire en sorte que le secteur privé mobilise à la fois des ressources domestiques et des capitaux étrangers.  Il a terminé en annonçant que le Mexique coorganisera avec l’Espagne la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement en 2025.

Mme NELLY BANAKEN ELEL (Camerouna insisté sur l’urgence de réformer les architectures financière et commerciale internationales, soulignant que ces changements doivent être orientés vers la résolution des problèmes liés à la dette des pays en développement, aux flux financiers internationaux, et au financement du climat. Nos actions sur ces questions de politique macroéconomique aideraient à assurer le financement des projets sociaux et structurants cruciaux pour les pays en développement, a-t-elle affirmé, ajoutant que des actions concrètes dans ces domaines favoriseraient également le développement de la recherche, de la science et de la technologie.  La représentant a par ailleurs estimé que cela garantirait la paix et la sécurité internationales et les droits humains.

Il est impératif de travailler collectivement à un développement mondial équitable, a poursuivi la déléguée, partageant l’expérience de son pays, qui a été pionnier dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale et a développé une stratégie nationale de développement, nommée SND 2030.  Cette stratégie vise à faire du Cameroun un pays émergent d’ici à 2035 grâce à des réformes favorisant le développement économique et social durable, ainsi que la bonne gouvernance, a indiqué la représentante. Elle a enfin relevé que les avancées actuelles dans la science et la technologie offrent des outils prodigieux qui, s’ils sont utilisés judicieusement, permettront sans doute de parvenir à un monde meilleur et garantiront la survie de l’humanité.

M. FRANCISCO JOSÉ DA CRUZ (Angola) a rappelé que le continent africain est confronté à un écart important entre les idéaux de réalisation des ODD et la réalité de leurs maigres ressources en raison de budgets limités, de priorités divergentes et d’un accès inégal aux flux de financement mondiaux.  Le continent aura besoin d’environ 66 milliards de dollars pour investir dans les systèmes et les infrastructures de santé chaque année, a-t-il ajouté, et le financement nécessaire pour combler le déficit d’infrastructures jusqu’en 2025 se situe entre 137 et 177 milliards de dollars par an.

L’Angola défend la réforme de l’architecture financière internationale parce qu’elle ne répond pas aux besoins des pays en développement, et que ses défauts structurels se sont accentués.  Il est également favorable à un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable.  Il se félicite d’avoir reçu un milliard de dollars de DTS en août 2021, qui lui a permis de renforcer ses réserves internationales.

M. MUSTAFA AL-NIAMI (Iraqa constaté les changements rapides de l’économie mondiale, qui ont ralenti les progrès vers les ODD et entraîné une augmentation de la pauvreté.  Afin de susciter une croissance économique durable dans les pays en développement, ceux-ci doivent recevoir une aide pour se sortir de leurs difficultés, et bénéficier d’un système commercial juste et équitable, qui leur réserve un traitement préférentiel.

Le représentant a invité à se pencher sur les problématiques de l’énergie et de la production alimentaire, dans un contexte de multiplication des risques économiques, et à corriger les défauts de l’architecture financière internationale afin de réduire les écarts entre pays développés et pays en développement. Pour sa part, l’Iraq met des réformes en place afin de se diversifier et d’éviter d’être soumis aux fluctuations excessives des produits de base dans ses revenus d’exportation.

Mme AL-OMAIR (Arabie saoudite) a vanté les mérites de la nouvelle politique saoudienne en matière d’accès aux marchés internationaux et de renforcement de ses capacités d’emprunt, que son pays mène sans impact négatif sur les liquidités sur le plan national.  Des mesures importantes pour stabiliser le marché pétrolier mondial ont également été entreprises, a-t-il précisé.  L’Arabie saoudite joue un rôle précieux et utile pour appuyer le secteur privé et les échanges commerciaux internationaux, en raison de sa position géostratégique. La déléguée a ensuite réaffirmé l’engagement du royaume dans la coopération internationale concernant la localisation des flux financiers illicites et du recouvrement des actifs et l’amélioration de la transparence pour lutter contre la corruption - un obstacle majeur à la réalisation des ODD.  Elle a enfin loué le rôle de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans la lutte contre la corruption transfrontalière. 

M. LOUISMONGKOL SAPKUL (Thaïlandea témoigné du manque d’écoute auquel font face les pays en développement concernant leur relèvement post-COVID et leur course à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le financement du développement est, selon lui, une condition sine qua non à l’enregistrement de progrès.  Pour que les développements économique et durable aillent de pair, l’accès aux financements doit être facilité et les pays développés tenir leurs promesses en termes d’aide publique au développement, les écarts entre pays développés et pays en développement -qui représentent les deux tiers de l’humanité- se creusant inexorablement.  Ces derniers doivent avoir voix au chapitre en matière de financement international, de débats autour de prêts concessionnels, et de réforme de l’architecture financière internationale, a-t-il insisté.

Mme NAANDA (Namibiea jugé déconcertant de constater, à l’approche de la date butoir pour le Programme 2030, et malgré les efforts collectifs visant à éradiquer la pauvreté et la faim, que près de 29,6% de la population mondiale n’a pas un accès constant à la nourriture, tandis que 8,4% continuent de vivre dans l’extrême pauvreté.  Cette situation est encore compliquée par les vulnérabilités des pays liées à l’endettement, la mobilisation limitée des ressources intérieures et des espaces budgétaires trop étroits pour investir dans le programme de développement durable. De ce fait, a expliqué la représentante, les inégalités omniprésentes, tant au sein des nations qu’entre elles, exigent une intervention immédiate.  À moyen terme, une réforme globale de l’architecture financière mondiale est impérative, a jugé la représentante.

Poursuivant, elle a estimé que la proposition de la Banque africaine de développement (BAD) de rediriger les droits de tirage spéciaux (DTS) vers les banques multilatérales de développement est louable, car elle recèle un potentiel important de nature à amplifier l’impact desdits droits.  De plus, les opportunités émergentes, telles que les nouveaux partenariats visant à faciliter le commerce international et les subventions aux mesures d’adaptation, méritent un examen attentif, a-t-elle suggéré, avant d’appeler à présenter un front uni pour poursuivre les réformes globales. 

M. IBRAHIM ZUHUREE (Maldives) a déclaré que son pays est sur la voie de la reprise post-COVID-19, après une perte historique de son PIB de 34%.  Mais alors que les Maldives suivent ce chemin, elles sont confrontées à des obstacles supplémentaires, notamment des pressions accrues sur l’alimentation, l’énergie et la finance, associées aux prix élevés des matières premières, la hausse des taux d’intérêt, le durcissement des conditions financières et les tensions géopolitiques.  Pour résoudre ces problèmes, les Maldives ont mis en œuvre des mesures pour contrôler les dépenses discrétionnaires du gouvernement.  Une réforme fiscale a également été lancée dans le but de sortir de cette situation difficile en douceur.

À côté des mesures nationales, la communauté internationale a un rôle néanmoins plus important à jouer, dans le contexte où les subventions et financements concessionnels disponibles pour les changements climatiques restent limités, obligeant ainsi des pays comme les Maldives à recourir à des financements, entraînant une hausse des coûts d’emprunt et une accumulation de dettes.  Alors que plus de 40% des PEID sont soit en situation de risque élevé de surendettement ou au bord du surendettement, il nous faut des solutions adaptées, avec un accent particulier sur l’allégement de la dette et le financement concessionnel, a plaidé le représentant, appelant lui aussi, à une réforme immédiate et crédible de l’architecture financière internationale.

Selon Mme CHRISTINE NZUMBU (Kenya), le système financier international a montré son inefficacité face aux crises multidimensionnelles de l’économie mondiale. S’agissant de la dette, elle a remarqué que plusieurs pays en développement ont dû emprunter à des taux exorbitants alors qu’ils étaient déjà confrontés à un endettement non durable, ce qui ne fait qu’alimenter un cercle vicieux.  Pour remédier à cette situation, la représentante a plaidé pour une nouvelle émission de DTS à hauteur d’au moins 650 milliards de dollars et la réallocation de ceux qui restent inutilisés.  Elle a aussi prôné la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour que des financements concessionnels soient octroyés à des pays en développement.

La représentante a encore proposé la révision du système de notation du risque de crédit.  Sur le plan de la fiscalité internationale, elle a critiqué les multinationales qui se sont engouffrées dans les brèches de la réglementation et a défendu l’élaboration d’un instrument qui comble ces brèches et freine l’évasion fiscale.  Un tel instrument garantirait en outre que les multinationales paient leur juste part d’impôts dans les pays où elles opèrent.

Mme ALENA KAVALEUSKAYA (Bélaruss’est dit préoccupée par l’application massive de mesures coercitives unilatérales, estimant qu’il est intolérable d’exercer ce type de pression sur les pays en développement.  Les mesures de sanction ne correspondent pas au système d’échanges multilatéral, d’autant que les victimes en sont les pays les plus vulnérables, a-t-elle défendu.

Pour accroître la résilience écologique, elle a appelé à tenir compte des risques du protectionnisme et de création de nouvelles barrières commerciales. Elle a donné l’exemple des interdictions d’exportation de tel ou tel produit qui ont de nombreux impacts et notamment sur la sécurité alimentaire.  L’ampleur des problèmes et leur complexité exigent des efforts de toutes les parties intéressées, a-t-elle conclu en prônant le renforcement de la coopération au niveau mondial et régional.

M. AHAMADOU (Burkina Fasoa dit que son pays, malgré tous ses efforts pour reconquérir l’intégralité de son territoire, faisait toujours face à des attaques terroristes récurrentes.  Recouvrer la stabilité et la sécurité est la priorité du Gouvernement burkinabé, a assuré le représentant.  Toutefois, en parallèle de cette entreprise, la pandémie de COVID-19 a durement frappé le pays, entraînant la forte décélération d’une croissance pourtant prometteuse.  À ces difficultés s’ajoute la crise énergétique en cours, a-t-il aussi fait remarquer.

Le délégué a expliqué que la viabilité de la dette demeure une préoccupation majeure pour le Burkina Faso, soulevant des interrogations quant à sa soutenabilité.  Le pays explore des mécanismes de financement innovants, a-t-il assuré.  Il a néanmoins réclamé une plus grande offre de financements concessionnels, ainsi qu’une réforme urgente de l’architecture financière internationale.

M. WANG (Chinea déclaré que la situation mondiale, marquée par une baisse de la croissance, a un impact négatif sur les pays en développement.  Les pays développés doivent donc prendre des mesures afin d’éviter que l’inflation et les effets néfastes de la dette ne s’étendent vers les pays en développement, a recommandé le représentant.  Il a notamment conseillé d’œuvrer au niveau fiscal, en adoptant des politiques idoines.  Le délégué a également souhaité que les pays développés mettent en œuvre les engagements internationaux relatifs à la dette, dont l’initiative du G20 sur le service de la dette.  À côté de cela, les DTS doivent être redistribués et le système financier international réformé, de sorte que les pays en développement y soient associés. Le délégué a aussi appelé à revoir le système commercial international, et notamment l’Organisation mondiale du commerce (OMC), afin de combattre le protectionnisme et la polarisation, tout en maintenant une libre chaîne d’approvisionnement.

En ce qui concerne l’action de la Chine pour contribuer au financement du développement, le représentant a mis en avant la mise en place d’un fonds de coopération Sud-Sud et de développement mondial doté de 4 milliards de dollars. Dix autres milliards ont été alloués à la mise en œuvre de mesures spéciales, a-t-il ajouté, en expliquant financer plus de 200 projets bilatéraux et multilatéraux ainsi que des formations pour 40 000 personnes de pays en développement.

Mme PETAL GAHLOT (Inde) s’est dite convaincue que les problèmes du XXIe siècle nécessitent des solutions du XXIe siècle.  En ce sens, le système financier international actuel, ancré dans la réalité du XXe siècle, ne peut plus répondre aux besoins de développement des pays du Sud, a-t-elle défendu.  La représentante a donc prié les banques multilatérales de développement de faire évoluer leur vision, leur approche opérationnelle et leurs capacités financières.  Elles peuvent également jouer un rôle essentiel dans la mobilisation de ressources pour le développement durable et l’action pour le climat, a-t-elle fait valoir.

Une autre question mise en avant par l’Inde est la volatilité des produits de base, en particulier la nourriture, le carburant et les engrais.  La représentante a observé que cette volatilité menace la sécurité alimentaire.  Dans le cadre de l’Année internationale du mil en 2023, l’Inde a beaucoup encouragé cette culture, qui est non seulement économique à cultiver, mais aussi résiliente aux changements climatiques, a révélé la déléguée.

M. VLADAMIR KURT SEAN BUDHU (Trinité-et-Tobago) a fait observer que si son pays a pu limiter les retombées négatives des crises mondiales, les PMA et les PEID sont au bord du précipice économique et les progrès durement acquis en matière de développement sont gravement menacés.  Les perspectives d’une augmentation de la pauvreté, du chômage et des crises de la dette sont quasiment inévitables, a-t-il constaté.

Malheureusement, a-t-il mis en garde, les structures rigides de l’architecture financière internationale ne sont plus adaptées puisque les pays en développement ont dû accumuler des niveaux insoutenables de dette, faute d’alternative.  Il est donc primordial de se concentrer sur un changement de paradigme dans la coopération pour le développement et pour transformer notre système économique et financier international, a conseillé le représentant.  Il a estimé que l’Initiative de Bridgetown et la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle peuvent déverrouiller les chaînes des espaces budgétaires extrêmement limités des pays en développement.

M. GANA ALKALI (Nigériaa appelé à des solutions pour pallier le retard des pays en développement dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  L’augmentation des coûts d’emprunts des pays en développement exacerbe l’insécurité alimentaire, a-t-il ajouté.  Le représentant a fait valoir que le Gouvernement du Nigéria a mis en place des réformes fiscales pour augmenter l’assiette fiscale et renforcer la confiance des investisseurs dans le pays.  Il a suggéré que la Deuxième Commission adopte des mesures ciblées répondant aux besoins des pays en développement, y compris en faveur d’une convention fiscale, afin d’examiner la question des iniquités auxquelles font face les pays en développement, notamment africains.  Plus généralement, le délégué a appelé à une réforme de l’architecture financière internationale et à atténuer le fardeau « insupportable » de la dette des pays en développement africains.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a attiré l’attention des États Membres sur l’augmentation de l’intérêt des dettes à taux flottants et pointé que 26% des prêts extérieurs des banques de développement sont liés à ces taux.  Le remboursement des emprunts pèse très lourd sur le budget mongol et le Gouvernement a entamé une route longue et difficile pour alléger le fardeau de la dette et la maintenir à un niveau soutenable, a expliqué le délégué.  Il a détaillé la stratégie du Gouvernement qui a consisté à emprunter uniquement pour payer sa dette, y compris durant la pandémie de COVID-19.  Cela fut un choc considérable pour le pays, qui tente depuis de garder la confiance des marchés internationaux et de conserver sa note « B » donnée par les agences de notation.

M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a appelé de ses vœux à une réforme de l’architecture financière internationale pour réaffecter les ressources de manière plus efficace vers les régions et les pays en ayant le plus besoin: pays africains, pays les moins avancés (PMA), pays en développement sans littoral (PDSL)et petits États insulaires en développement (PEID).  Le commerce international doit être encouragé et les barrières au commerce et aux investissements doivent être réduites, voire levées, a plaidé le représentant, souhaitant que les pays puissent croître et améliorer les moyens d’existence de leurs citoyens.  Il a dénoncé les niveaux de dette « insoutenables » et a promu un cadre transparent et équitable pour la résolution de la crise de la dette.  Il a, enfin, appelé à la levée immédiate des mesures coercitives unilatérales illégales et injustes.

M. ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a déclaré que des « prétendues sanctions » adoptées par les États-Unis pèsent sur son pays, avec un impact dévastateur sur sa population.  Elles ont généré des pertes de plus de 232 milliards de dollars, sans compter les pillages d’actifs, y compris de 30 tonnes des réserves d’or du Venezuela stockés à la Banque d’Angleterre.  Après avoir cité plusieurs exemples des conséquences de ces sanctions sur le plan économique et social, il a déclaré que les mesures coercitives unilatérales, non seulement constituent des violations massives des droits de l’homme, mais sont de véritables crimes contre l’humanité.  Mais en dépit des défis imposés par ceux qui n’acceptent pas que le Venezuela décide d’être maître de son destin, son économie, avec ses efforts propres et les politiques macroéconomiques mises en œuvre par le gouvernement, a montré des signes de reprise, avec des chiffres de croissance bien supérieurs à ceux des autres pays de la région, a assuré le représentant.

S’agissant des propositions, le représentant a jugé nécessaire de combler le déficit de financement et de créer de nouvelles conditions, notamment par la diversification.  Nous savons tous que les ressources existent, a-t-il assuré, ajoutant qu’il est temps de les orienter vers le développement.  Il faut, de la même manière, garantir le strict respect des principes de responsabilités communes mais différenciées.  Plus importante encore est la réforme de l’architecture financière internationale, afin de démocratiser une fois pour toutes les mécanismes de prise de décision des institutions financières internationales, a-t-il exigé.

Mme LETICIA MARÍA ZAMORA ZUMBADO (Costa Rica) a noté le recul de la croissance économique mondiale de 3,1% l’an dernier, ainsi que le record historique du montant de la dette extérieure des pays en développement, en particulier dans ceux à revenu faible ou moyen.  Elle a fait valoir que pour 16 pays, comme le Costa Rica, le contexte actuel a fait augmenter les politiques de taxes et de surtaxe pour lesquelles les paiements d’intérêts pourraient atteindre 43 milliards de dollars en 2030.  En dépit de cela, le Costa Rica a enregistré de bons résultats sur le plan macroéconomique, notamment en augmentant sa perception des impôts et en contrôlant la croissances des dépenses publiques.  Celles-ci sont maintenues en dessous de la croissance historique moyenne de 10,8% et le Gouvernement continue de travailler à maintenir la soutenabilité de sa dette qui représente 60% du PIB, avec des taux de remboursement de 50% à très court terme (cinq ans).

Dans le contexte où seuls 28% des pays à revenu intermédiaire et 2% des PMA ont accès à des lignes de crédit en cas de financements insuffisants, la représentante a jugé urgent de faire face aux dysfonctionnements actuels, notamment en intégrant les pays en développement dans l’architecture financière internationale, en revoyant les taux d’intérêt et en accroissant la disponibilité des liquidités.  Elle a aussi demandé de réviser les critères de vulnérabilité permettant, par exemple, de repousser les remboursements en cas chocs extérieurs.  Il est urgent de mettre sur pied un système financier international solidaire qui ne perpétue pas les inégalités, a-t-elle conclu.

Mme NIGAR BAYRAMLI- HAMIDOVA (Azerbaïdjana rappelé que son pays avait connu une transformation remarquable au fil des ans, passant d’une nation déchirée par la guerre à un contributeur actif en tant que pays donateur émergent.  Répondant à l’appel du Secrétaire général à fournir des secours aux pays dans le besoin, l’Azerbaïdjan a apporté une aide humanitaire et une aide au développement à plus de 130 pays, ciblant en particulier 43 des 46 pays les moins avancés, s’est enorgueillie la représentante.  Elle a aussi rappelé qu’en mars 2023, l’Azerbaïdjan avait pris une initiative en annonçant deux appels mondiaux visant à soutenir la reprise post-COVID-19 de l’Afrique et des petits États insulaires en développement, allouant un million de dollars pour les deux appels en tant que premier donateur.  Cela souligne l’engagement de l’Azerbaïdjan à relever les défis mondiaux et à offrir un soutien significatif là où il est le plus nécessaire, a-t-elle dit, avant d’assurer de la disponibilité de son pays à explorer des solutions de financement innovantes et à favoriser des partenariats innovants pour parvenir à un monde meilleur.

M. AMARA SHEIKH MOHAMMED SOWA (Sierra Leonea affirmé que son pays avait déployé une série d’efforts pour faire face aux défis mondiaux complexes, notamment pour mettre en œuvre, de manière accélérée, la stratégie nationale pour l’inclusion financière, conformément au Programme d’action d’Addis-Abeba.  L’objectif est de mobiliser des dépôts substantiels pour le système bancaire.  Le Gouvernement a aussi continué de déployer un cadre de financement du développement local, ciblant la participation des communautés de villages et de chefferies, a-t-il ajouté.  Il a également indiqué qu’une évaluation complète du potentiel d’investissement de la diaspora et une cartographie des investisseurs sont en cours et presque terminées.  Ces sources d’informations devraient éclairer les projets qui soutiendront l’incitation à long terme des flux de capitaux dans le pays, a dit le représentant.

Il a ensuite détaillé les demandes de son pays en ce qui concerne le financement du développement durable, la gestion de la dette et les investissements. Il a notamment appelé à l’allégement du service de la dette des pays fragiles et à sa restructuration; à l’accélération du cadre commun du G20 pour le traitement de la dette; et à l’attribution ou la réorientation de tous les DTS inutilisés vers les pays fortement endettés.

Mme SOMOLY HENG (Cambodgea fait observer que la Deuxième Commission est un lieu unique pour élaborer des stratégies plus efficaces afin de répondre aux chocs multiples qui menacent les progrès vers les ODD, d’autant que l’architecture financière actuelle s’est montrée incapable de mobiliser suffisamment de ressources à long terme en la matière.

Grâce aux réformes financières menées depuis 20 ans, le Cambodge a pu sortir de la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure pour se hisser dans celle des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, s’est réjouie la représentante.  Elle a fait valoir que cela a aidé le pays à augmenter ses recettes nationales et à moins dépendre des emprunts extérieurs.  Par ailleurs, la représentante a défendu la création d’un système fiscal international juste et équitable dans un monde de plus en plus interdépendant, afin que chaque pays, quelle que soit sa taille ou sa richesse, puisse recevoir sa juste part et ainsi mieux mobiliser des ressources pour parvenir aux ODD.

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a fait savoir que le Bangladesh affichait une croissance de 8,15% juste avant la pandémie, balayée par les crises qui ont suivi et l’ont poussé à emprunter 4,7 milliards de dollars auprès du FMI pour ralentir l’inflation, gérer la balance des paiements et maintenir ses dépenses de développement. Pourtant, il est certain que le monde dispose des ressources nécessaires pour atteindre tous les ODD, partout dans le monde, les actifs mondiaux disponibles atteignant un montant record de plus de 250 000 milliards de dollars à la fin de l’année 2022.  Malheureusement, ces ressources ne s’orientent pas vers les ODD, et il est urgent de trouver des solutions, a plaidé le délégué.

Le représentant a demandé aux banques multilatérales de développement, aux institutions financières internationales et aux créanciers privés de changer de priorités et de mobiliser des fonds supplémentaires pour la mise en œuvre des ODD et l’action pour le climat.  En outre, les fonds doivent être mis à disposition des pays en développement à des conditions préférentielles et à long terme, a-t-il précisé

Mme SHAFIQ (Pakistana réclamé une réforme de l’architecture financière internationale, dont les défauts ont été mis en lumière, pour assurer les besoins spécifiques des pays en développement.  Les droits de vote à la Banque mondiale et au FMI doivent mieux refléter le poids des pays en développement, dont la dette doit être allégée, a-t-elle réclamé.  En outre, elle a demandé que la coopération internationale pour assurer la lutte contre les flux financiers illicites soit encouragée.

La proposition du Groupe des États d’Afrique d’un traité sur la taxation négociée aux Nations Unies a les faveurs du Pakistan, a ensuite déclaré la représentante. Elle a, enfin, plaidé pour que les affectations futures de DTS soient fondées sur les besoins des pays, et pas sur les quotas du FMI.

Selon M. AIELLO (États-Unis), l’ONU a un rôle complémentaire à jouer en matière de fiscalité internationale, mais il ne doit pas faire double emploi avec les politiques nationales des États Membres. Traiter de l’impôt sur le revenu serait contre-productif dans cette enceinte, a-t-il estimé, considérant en revanche que l’OCDE est une plateforme bien plus idoine et productive pour cela.  Il a précisé que la compétence et la clarté des processus de l’OCDE permettent de meilleurs résultats.  Sur la question précise d’un taux d’imposition minimal des entreprises, les négociations de l’ONU pourraient faire échouer les négociations à l’OCDE, a-t-il prévenu: il faut prendre garde à ne pas établir une compétition entre organisations qui serait nuisible aux progrès.

Mme DOIMON (Guyanaa suggéré que les travaux de la Deuxième Commission se concentrent sur quatre points, le premier étant la réforme de l’architecture financière internationale qui devrait, à son avis, correspondre pleinement aux besoins de la communauté mondiale.  Cela impliquera également la refonte de la structure de gouvernance des banques multilatérales de développement et des institutions financières internationales, a-t-elle précisé.  La représentante a également souhaité que les discussions au sein de la Commission mettent l’accent sur des solutions innovantes, disant à ce titre soutenir la pleine mise en œuvre de l’Initiative de Bridgetown, l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et les préjudices, ainsi que la finalisation et l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

La Commission devrait aussi adopter une approche inclusive qui profite à tous, a-t-elle poursuivi, avant de dire qu’il attend également d’elle l’expression de son soutien à l’élimination des mesures économiques coercitives unilatérales et des obstacles au commerce.  Enfin, la Commission devrait relancer le véritable multilatéralisme et passer des engagements à l’action, a ajouté la déléguée, soucieuse de voir respecter les engagements internationaux pris, notamment en ce qui concerne l’APD, le financement de l’action climatique et l’augmentation du financement pour l’adaptation.  Il faut sérieusement envisager de réorienter les DTS inutilisés et redoubler d’efforts pour favoriser la viabilité de la dette, a-t-elle encore déclaré.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a déclaré que les difficultés économiques consécutives notamment à la réduction drastique de l’APD et au resserrement des conditions de financement limitent considérablement les marges de manœuvre budgétaires des pays en développement.  Selon lui, il reste donc beaucoup à faire pour honorer les engagements internationaux, en vue d’atteindre des ODD, et pour explorer d’autres sources de financement. Ainsi, selon lui, la réforme du système financier international, la lutte contre l’évasion fiscale et le renforcement des capacités des pays en développement en vue de mobiliser davantage leurs propres ressources nationales de manière transparente et équitable, sont des solutions potentielles.

Le représentant a ensuite expliqué que son pays avait intégré le Programme 2030 dans son nouveau Plan national de développement (PND 2021-2025).  Le Gouvernement ivoirien a en outre procédé à des réformes pour gérer de manière optimale les ressources collectées et allouées au financement du développement.  Il explore également des sources de financements innovants, notamment des fonds pour gérer les changements climatiques et l’instauration de taxes carbone. Ces fonds permettent de mobiliser des ressources sous forme de dons et de contribution du secteur privé, pour la réalisation des engagements mondiaux en matière de changements climatiques, a indiqué le représentant.

Mme YANG AISHAH BINTI ADNAN (Malaisie) a relevé que l’architecture financière internationale n’avait pas fourni les ressources nécessaires à la réalisation des ODD.  Elle a estimé que des réformes essentielles s’imposent, telles que des ajustements de la gouvernance économique mondiale, le comblement des écarts dans le cadre de la dette souveraine et l’amélioration des opérations des institutions multilatérales de développement.  Par ailleurs, la Malaisie est absolument convaincue que l’imposition de mesures coercitives unilatérales est contre-productive et fait obstacle aux efforts collectifs en faveur du relèvement économique et du développement, a déclaré la déléguée qui a ensuite plaidé pour un système commercial mondial libre et ouvert.

Mme VIKTORIIA E. KARDASH (Fédération de Russie) a observé un recul de la solidarité.  Elle a estimé que l’ONU doit jouer un rôle de premier plan dans l’architecture financière internationale, qui ne répond qu’aux intérêts de quelques pays occidentaux, et pas à ceux des pays en développement.  La représentante a regretté que certains pays introduisent des restrictions dans le commerce international sous un prétexte écologique, en excluant ainsi certains pays, ce qui fragmente délibérément le système commercial multilatéral.  Selon l’OMC, a-t-elle cité, 12% du commerce mondial est touché par des limitations introduites pour des raisons politiques, ce qui est contraire aux règles du commerce international.  Au sujet du financement pour le développement, elle s’est dite intéressée par les critères allant au-delà du PIB.

M. ADRIÁN MARTÍN COUCE (Espagnea annoncé que son pays avait voté une loi pour consacrer 0,7% de son produit intérieur brut (PIB) à l’APD.  Il a appelé à réformer urgemment les banques multilatérales de développement pour pouvoir augmenter de manière significative leur capacité de prêt.  Il a également appelé à des innovations vis à vis des DTS et à des mesures audacieuses pour faire face à la crise de la dette, telles que suspendre la dette d’un pays en développement lorsque cela est nécessaire, comme en cas de catastrophe naturelle majeure.  La voie de l’amélioration de l’architecture financière internationale a déjà commencé, s’est-il réjoui en notant les étapes importantes déjà franchies ces derniers mois ainsi que les nombreuses initiatives progressant en parallèle.  Il a jugé nécessaire de lier toutes ces initiatives au système des Nations Unies, car c’est la seule instance qui rassemble les voix de tous les pays sur un pied d’égalité et favorise la coopération internationale multilatérale.

M. SAŠA MART (Serbiea déclaré qu’à mi-parcours du Programme 2030, un engagement mondial renouvelé est nécessaire pour accélérer les efforts visant à mettre fin à la pauvreté, à lutter contre les changements climatiques et à stimuler une croissance économique inclusive.  Il s’est alors dit convaincu que les investissements durables peuvent être attrayants pour les investisseurs privés et qu’il est donc possible d’atteindre à la fois l’objectif de durabilité et l’objectif d’attractivité financière.

Il a ensuite indiqué qu’en dépit des défis rencontrés pendant et après la pandémie de COVID-19, le Gouvernement serbe avait réussi non seulement à maintenir le niveau des investissements étrangers directs, mais également à atteindre un niveau record de ces investissements, qui s’élevaient en 2022 à 4,4 milliards d’euros.  Cette tendance s’est poursuivie, avec 1,26 milliard d’euros investis au cours des quatre premiers mois de 2023, soit 60% de plus par rapport à l’an dernier à la même période.  Ces chiffres montrent clairement que la Serbie reste l’un des pays les plus attrayants pour les investissements importants dans la région, s’est réjoui le représentant. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a assuré que, entre 2016 et janvier 2021, le Gouvernement civil du Myanmar avait fait des progrès significatifs dans l’établissement d’une base économique solide.  Les progrès substantiels réalisés ont cependant été complètement annulés au cours des 31 derniers mois en raison du coup d’État militaire et des atrocités commises par la junte militaire ainsi que les violations flagrantes des droits humains.  En conséquence, près de 2 millions de personnes sont déplacées, plus de 18 millions ont besoin d’aide humanitaire et près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, s’est-il désolé.  Malheureusement, dans cette situation, le Myanmar ne parviendra pas à atteindre les ODD, a annoncé le représentant, avant de lancer un appel à l’aide pour son pays.  En raison des circonstances actuelles, il a jugé important de s’assurer que toute l’aide destinée à son pays parvienne à tous.

M. HARI PRABOWO (Indonésie) a souligné que la réforme de l’architecture financière internationale est essentielle pour faire face aux défis mondiaux, et ce, en pleine adéquation avec les besoins des pays en développement. Les banques de développement doivent être renforcées pour que les financements publics soient suffisants et permettent de gérer le problème de la dette extérieure.  Ensuite, a poursuivi le représentant, les programmes et projets mesurables doivent être privilégiés, afin que la mobilisation de ressources soit effective.  L’Indonésie est fière d’être le premier émetteur d’obligations bleues, a fait savoir le représentant, pour qui la collaboration est la seule manière de canaliser des ressources en ne laissant personne de côté.

M. AHMED MAGDY MOHAMED RASHAD ABDELAAL (Égyptea estimé que des mesures urgentes sont nécessaires pour alléger la dette des pays en développement et faire face aux situations de récession prolongée.  En outre, les DTS non utilisés doivent être affectés aux pays qui en ont le plus besoin, a plaidé le délégué.  Il a jugé tout aussi indispensable de remédier aux défaillances de l’architecture financière internationale pour éviter des crises à l’avenir.  Enfin, il a plaidé pour une nouvelle vision du système financier international.

D’après Mme LAURA GABRIELLE DIX (Royaume-Uni), une réforme de l’architecture financière internationale efficace impliquerait de libérer davantage de ressources de la part du FMI et des banques multilatérales de développement.  Davantage de capital privé doit aussi être mobilisé, a-t-elle recommandé.  La représentante a ajouté que les fonds de pension doivent également participer à l’effort, car le secteur public ne pourra seul l’assumer. 

Pour la représentante de la Zambie, il est urgent de promouvoir la soutenabilité de la dette et d’accroître les capacités d’emprunts des pays en développement. Elle a appelé la communauté internationale à s’unir pour renforcer les filets de protection financiers mondiaux. Notant que les entreprises multinationales exploitent souvent les particularités fiscales locales pour se soustraire à l’impôt, elle a été d’avis de créer un cadre fiscal international inclusif permettant d’éviter l’érosion de l’assiette fiscale des pays en développement et d’assurer que ces entreprises paient leur juste part de l’impôt. La valeur doit être taxée là où elle est créée, a-t-elle insisté, pointant du doigt les grands acteurs de l’économie numérique. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaraguaa qualifié « d’égoïste » le modèle financier capitaliste actuel.  À sa place, il a appelé à créer un nouveau modèle économique international multipolaire, basé sur l’inclusion, l’équité, la justice, l’égalité sociale, la solidarité et le respect entre les États et les gouvernements, donnant la priorité à l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et manifestations.  Il a aussi jugé crucial de concrétiser les engagements en faveur du développement et ceux relatifs aux institutions financières internationales, afin d’offrir un meilleur accès aux financements de manière équitable et inclusive pour tous, en particulier pour les pays en développement. 

Sur un autre plan, il a estimé que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, des outils contribuant à la réalisation du Programme 2030 en complément de la coopération Nord-Sud, doivent aussi être guidées par les principes de solidarité, de participation solidaire, d’équité, de responsabilité mutuelle, de réciprocité, de non-ingérence et de non- conditionnalité. Dans ce contexte, le représentant a dit condamner « les mesures coercitives unilatérales, illégales et terroristes imposées par les pays impérialistes et néocolonialistes » à plus de 30 pays.

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