En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
6e et 7e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3585

Deuxième Commission: les pays vulnérables exposent le lourd tribut qu’ils doivent aux crises mondiales et à leur situation particulière

Les pays en développement sans littoral (PDSL), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) représentent moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais souffrent de 69% des catastrophes provoquées par les changements climatiques, a lancé le Groupe des 77 et de la Chine à l’entame du débat de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) consacré aux groupes de pays en situation particulière, cet après-midi.  Il s’agit même de menaces existentielles, s’est alarmée l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS).

De fait, les résultats à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sont insatisfaisants, particulièrement pour les PDSL, les PEID et les PMA.  Si les tendances actuelles se poursuivent, notamment les crises climatique et géopolitique, les taux élevés de crédit, la faiblesse des investissements, alors 7% de la population mondiale, soit 775 millions de personnes, vivront encore dans l’extrême pauvreté en 2030, s’est inquiété le groupe des PMA, très concerné par ces prévisions.  Dans un contexte très défavorable, les pays en situation particulière ont besoin d’une plus grande attention de la part de la communauté internationale, comme le demande d’ailleurs le Programme d’action d’Addis-Abeba, a-t-il été argué.

L’insécurité alimentaire et la pauvreté ont augmenté dans ces pays en situation particulière, constate en effet le Secrétaire général dans ses rapports présentés par Mme Fatima Rabab, la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.

Outre les catastrophes dues aux changements climatiques, la pandémie de COVID-19 a eu des effets dévastateurs en perturbant les chaînes d’approvisionnement mondiales, ce qui a entraîné des retards d’expédition et des coûts de transport élevés, a expliqué le groupe des PDSL.  Les problèmes de transport et de droits de douane, et donc de commerce, sont en effet l’une des difficultés particulières rencontrées par les pays en développement sans littoral.

Les progrès en matière de développement ont été freinés par la pandémie, la guerre en Ukraine et les changements climatiques, constate le Secrétaire général dans son rapport consacré à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des PDSL pour la décennie 2014-2024.  À l’instar de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et du groupe des PDSL, plusieurs délégations ont voulu placer leurs espoirs dans la troisième Conférence sur les PDSL, qui aura lieu à Kigali en juin 2024, pour voir émerger des solutions à long terme et ne laisser personne pour compte.

Par ailleurs, tous les pays en situation particulière sont confrontés à des déficits de financement, notamment pour les infrastructures, à des problèmes de dette, voire de surendettement, et à des contraintes de capacités techniques.  Les Maldives ont demandé instamment aux institutions financières internationales et aux partenaires de développement d’utiliser l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle comme un outil permettant de faciliter l’accès des PEID à des financements abordables et à l’allégement de la dette.  La Sierra Leone a proposé une éventuelle annulation de la dette des pays en situation particulière, particulièrement les PMA.  La dette emprisonne les PMA dans une spirale délétère, a abondé le Bangladesh.

Le Qatar, qui a accueilli en mars 2023 la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, s’est dit convaincu que le Programme d’action de Doha permettra de définir une feuille de route pour réaliser les ambitions de ces pays, et a recommandé de ne ménager aucun effort pour répondre aux situations particulières des pays concernés, par exemple à travers la coopération multilatérale ou l’investissement dans des partenariats innovants.  Les partenaires de développement doivent aussi honorer tous leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD) en faveur des PMA et des PDSL afin de permettre à ces pays de surmonter les myriades de défis auxquels ils sont confrontés, a rappelé le Lesotho.

Dans la matinée, la Deuxième Commission a terminé son débat général entamé lundi 2 octobre sur le thème « Œuvrer à un relèvement durable pour toutes et tous ». Quatorze délégations se sont exprimées, appelant à l’action pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, dont beaucoup d’objectifs ont enregistré des reculs ou de trop lents progrès dans un contexte de multiples crises mondiales, notamment climatiques.  Un meilleur accès aux financements pour les pays en développement et un système commercial multilatéral plus équitable ont été défendus, en particulier par des PEID, par la voix des Tonga et de Nauru, et des PMA, à l’instar de la Zambie et du Malawi.

Demain, jeudi 5 octobre, la Deuxième Commission se réunira à partir de 10 heures pour examiner deux points de son ordre du jour: les questions de politique macroéconomique, et le suivi et la mise en œuvre des résultats des conférences sur le financement du développement.

CLÔTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizistan) a relevé que les travaux de la Deuxième Commission seront importants cette année pour accélérer la mise en œuvre des engagements pour un développement inclusif et durable.  La pandémie de COVID-19 a clairement perturbé les efforts pour en finir avec la pauvreté et réaliser les objectifs de développement durable (ODD), sans parler des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement qui continuent de menacer le Programme de développement durable à l’horizon 2030, exacerbant les défis.  Dans ce contexte, la déléguée a estimé que le système financier international doit être réformé et que la dette extérieure doit pouvoir être échangée au bénéfice de projets environnementaux.

En outre, pour mieux faire face aux questions climatiques et parvenir à la neutralité carbone, davantage d’investissements sont nécessaires dans l’énergie verte, a poursuivi la représentante qui a particulièrement insisté sur le problème de la fonte des glaciers.  Elle a souligné qu’il s’agit d’une grave menace au Kirghizistan, où les glaciers jouent un rôle essentiel dans l’équilibre hydrique, dans l’agriculture et dans la fourniture d’eau potable.  Pour réellement préserver les écosystèmes des montagnes et des glaciers, le Kirghizistan a élaboré, avec d’autres partenaires, un cadre global pour le plan d’action quinquennal de développement des régions montagneuses, qui a été présenté au forum politique de haut niveau pour le développement durable en juillet.  Le pays prévoit en outre d’accueillir le deuxième Sommet sur la montagne en 2027, Bickek+25.

M. TOUFIQ ISLAM SHATIL (Bangladesha estimé que le chemin vers la reprise semble parsemé d’embûches et qu’une action radicale est indispensable au niveau national comme international.  Il a plaidé pour que des financements concessionnels soient davantage offerts et s’est inquiété du manque de liquidités des pays en développement. Ces fonds leur sont absolument nécessaires pour parvenir aux ODD, a-t-il réclamé, en demandant aussi que le fonds pour les pertes et les préjudices soit activé rapidement.  Le représentant a espéré voir des progrès en ce sens lors de la prochaine COP28.

Le délégué s’est également penché sur l’accès aux secteurs du numérique et des technologies, qui sont tout aussi indispensables au développement durable, de même que sur la question énergétique pour parvenir à une transition verte et écologique. Pour sa part, le Bangladesh travaille à établir une couverture sanitaire universelle, a-t-il informé, avant de s’enorgueillir de la forte progression de la participation des femmes aux efforts de développement.

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a souligné l’importance cruciale de la réforme de l’ONU, en particulier de son système d’aide au développement.  Pour soutenir le développement durable, le délégué a appelé à un multilatéralisme revitalisé et à une meilleure coordination entre les institutions financières internationales et le système onusien de développement.  Sur le front climatique, bien que la République démocratique populaire lao soit un contributeur minime aux émissions mondiales, le délégué a rappelé son engagement inébranlable vis-à-vis des obligations internationales.  Il a insisté sur le besoin d’un accès au financement climatique, en soulignant l’objectif de 100 milliards de dollars à cet effet pour les pays qui en ont le plus besoin.

En ce qui concerne la sortie du statut de PMA de la République démocratique populaire lao, le délégué a mis en lumière l’adoption du Plan national de développement socioéconomique, intégrant les priorités du Programme d’Istanbul, et a aussi évoqué une « stratégie de transition en douceur ».  Pour le prochain programme d’action pour les PDSL en 2024, le délégué a suggéré une concentration sur les besoins et priorités urgents, notamment le développement des infrastructures et la connectivité numérique, afin de soutenir leur développement durable et leur transformation structurelle.

Mme ALARA İSTEMİL AYDİL (Türkiye), après avoir rappelé que son pays avait souffert d’un tremblement de terre en février dernier, a évoqué le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, dont la révision est cruciale, surtout pour les PMA.  Elle a appelé tous les pays à s’approprier le Programme d’action de Doha en faveur des PMA, qui repose sur celui d’Istanbul et propose un cadre de résilience.  Elle a exhorté à combler le fossé numérique et encouragé les PMA à utiliser les services de la Banque de technologies pour les PMA.  Alors que s’approchent les prochaines conférences sur les PEID et sur les PDSL, elle a estimé que la communauté internationale devait réfléchir à la situation particulière de ces pays.

La Türkiye est au premier plan dans les efforts menés contre l’insécurité alimentaire, a poursuivi la représentante, prenant pour preuve l’Initiative de la mer Noire en partenariat avec l’ONU, qui a permis l’exportation depuis l’Ukraine de 32 millions de tonnes métriques de céréales et de denrées alimentaires. La déléguée a affirmé que son pays multipliait les efforts pour relancer cette initiative.  Sur le front climatique, elle a prôné une approche commune dans le respect des responsabilités différenciées, et a affiché son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2053.  Elle a mentionné la réforme du développement vert et la nouvelle stratégie pour la finance verte adoptées par son pays, tout en annonçant que celui-ci était candidat à l’organisation de la COP31 en 2026.  « La Türkiye se fait la voix des pays développés et des pays en développement pour arriver à un équilibre à cet horizon », a-t-elle conclu.

M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a demandé une coopération internationale accrue en faveur du développement, afin de répondre aux défis communs que sont la mise en œuvre du Programme 2030 et la réforme du système international de gouvernance.  Il a aussi plaidé en faveur des pays les moins avancés (PMA), ces pays étant criblés de dettes et entravés dans leurs efforts de financement du développement. Pour cette raison, il a dit soutenir la proposition du Secrétaire général visant à stimuler le financement du Programme 2030 par le décaissement de 500 milliards de dollars par an.

Le représentant a aussi indiqué que la restructuration de la dette de la Zambie, dans le cadre commun du G20 pour le traitement de la dette, ne s’est pas faite sans coûts sociaux, en raison de la lenteur du processus.  Or, les PMA ont besoin non seulement d’un accès rapide aux crédits et aux financements, mais aussi d’un système commercial renforcé, équitable et fondé sur des règles, a-t-il insisté.  Le délégué a dit attendre des résultats tangibles lors des négociations sur ces sujets au sein de la Deuxième Commission.

Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi) a fait savoir que son pays est sur la bonne voie pour 5 des 17 ODD, notamment ceux liés à la faim, à la santé, à l’éducation, à l’eau et à la vie sous-marine.  Toutefois, elle a relevé les multiples défis entravant les efforts du Malawi, y compris les ressources insuffisantes et une économie faible, exacerbés par les impacts combinés de la COVID-19 et du choléra, ainsi que par les effets des changements climatiques.  Des ressources destinées au développement ont été détournées pour répondre aux catastrophes, créant ainsi un fardeau de dette insoutenable, a-t-elle alerté.

La déléguée a appelé à des actions mondiales urgentes pour renforcer la résilience économique et climatique.  Elle a soutenu l’appel à combler le déficit de financement du développement, y compris en matière climatique.  Elle a également plaidé pour la réforme de l’architecture financière internationale, l’élargissement des prêts concessionnels et l’annulation de la dette. Enfin, elle a souligné l’importance du transfert des technologies et du renforcement des capacités, invitant à des partenariats public-privé robustes pour faciliter la transformation numérique du Malawi.

M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémena rappelé que son pays vit un conflit depuis neuf ans, qui a porté atteinte à son tissu social et provoqué la destruction de ses infrastructures.  Il a donc demandé à la Deuxième Commission de se pencher davantage sur la situation des pays en conflit et de réfléchir à un mécanisme innovant de nature à répondre à leurs besoins spécifiques et à les aider à renforcer leur résilience, comme cela est demandé dans le Programme d’action de Doha. Le représentant a également déclaré qu’il ne faut pas seulement chercher à réaliser les objectifs de développement, mais aussi à instaurer un système financier international plus efficace pour faciliter l’accès des pays en développement aux fonds et crédits dont ils ont besoin.  Pour cette raison aussi, ils devraient participer à la gouvernance mondiale.  Le moment est venu de mettre en œuvre les différents engagements pris dans divers textes, a-t-il plaidé en conclusion.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a fait observer que les résultats du Sommet sur les ODD relèvent maintenant des travaux de la Deuxième Commission.  Le Programme 2030 et son appel à la paix pour une planète durable et une prospérité partagée continuent de nous unir, a-t-il estimé.  L’Italie soutient la réallocation de droits de tirage spéciaux et attend beaucoup de la COP28 pour parvenir à l’objectif de 100 milliards par an pour le climat.

Le représentant s’est dit fier de confirmer que son pays soutient financièrement les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral (PDSL).  De plus, le nouveau fonds italien pour le climat contribuera, avec une dotation de 840 millions d’euros par an pendant quatre ans, à répondre à tous les aspects de la crise climatique, notamment les mesures d’adaptation, dans les pays en développement.  Pour Rome, la priorité de l’action mondiale est le développement durable de l’Afrique, et elle continuera à travailler avec des partenaires pour s’attaquer aux causes profondes des migrations forcées et œuvrer en faveur de la paix et de la prospérité des nations africaines, au-delà de l’aide publique au développement, en soi insuffisante.

M. MOHAMED-ESSEGHIR LATROUS (Algériea listé les domaines dans lesquels, selon lui, la communauté internationale doit déployer des efforts, et en premier lieu en ce qui concerne le financement du développement, qui doit être la pierre angulaire de la mise en œuvre du Programme 2030. Le représentant a été d’avis qu’il fallait refondre le système financier mondial et y intégrer les pays en développement.  Il a aussi plaidé pour un système commercial multilatéral plus intégré, équitable, fondé sur des règles, qui appuie tous les pays et ajoute de la valeur aux chaînes d’approvisionnement.  Il a aussi appelé les pays développés à tenir leurs engagements en ce qui concerne l’aide publique au développement (APD), le financement des mesures d’atténuation et d’adaptation aux effets des changements climatiques et la lutte contre les flux financiers illicites, dans le contexte où l’Afrique perd 88 milliards de dollars chaque année en exode financier illicite.  Il faut en outre diminuer la vulnérabilité des pays en développement face au fardeau de la dette, par le moyen des allégements de dettes, a recommandé le délégué avant d’inviter aussi à renforcer la coopération Sud-Sud. 

Le représentant de l’Ouzbékistan s’est félicité de l’organisation du Sommet sur les ODD et de la Déclaration politique adoptée par l’Assemblée générale, y voyant des signaux positifs face aux reculs ou aux lents progrès de plusieurs ODD. En ce sens, la Deuxième Commission devrait revitaliser ses travaux et mobiliser tous ses efforts vers la prospérité économique, sociale et environnementale pour les peuples et la planète.

Pour sa part, l’Ouzbékistan s’est engagé à mettre pleinement en œuvre les ODD aux niveaux national, régional et mondial, notamment par le biais de sa stratégie de développement Ouzbékistan 2030, a assuré le délégué.  Il a estimé tout aussi important de redoubler d’efforts pour combattre les changements climatiques et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.  L’Asie centrale devient l’une des régions les plus vulnérables du monde face à cette menace, avec une hausse des températures plus de deux fois supérieure à la moyenne mondiale, ce qui a fait fondre un tiers des glaciers de la région, a-t-il pointé. Le délégué a annoncé à ce sujet que son pays présentera une résolution sur cette question au cours de la présente session.

Mme JEANETT VEA (Tonga) a jugé que le moment était décisif pour avancer de manière durable et résiliente afin d’empêcher que les ODD ne soient relégués au rang d’objectifs hors d’atteinte.  En outre, les changements climatiques constituent une menace existentielle pour les Tonga et les autres îles du Pacifique, a-t-elle souligné, en présentant les efforts de son pays pour en combattre les répercussions sur ses moyens de subsistance, avec l’objectif de limiter la dépendance au pétrole pour la production d’électricité.  La déléguée a appelé tous les pays à respecter les préconisations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et a plaidé pour l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et les préjudices, dont la création a été décidée à la dernière COP.  Elle a par ailleurs défendu l’élaboration d’un fonds pour le Pacifique visant à fournir une aide directe aux PEID de la région.  Les Tonga lancent également un appel à réviser les mécanismes de financement qui manquent de coordination, à accorder la priorité aux besoins en financement à court terme après une catastrophe et à s’attaquer à la réduction des risques à long terme.

Le pays plaide également pour une hausse des investissements consacrés à la résilience, a encore informé la représentante, qui a aussi mentionné la mise en place d’un système d’alerte précoce aux Tonga.  Elle a enfin misé sur l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, en espérant qu’il se concrétise et se traduise par une meilleure compréhension des problèmes de vulnérabilité auxquels les PEID sont confrontés.  Il devrait, a-t-elle espéré, permette d’introduire de nouveaux critères pour les financements concessionnels à long terme.

M. ABDULHALIM MUBARAK SALOOM AL RAWAHI (Oman) a fait part de l’expérience de son pays lors de la soumission de son deuxième rapport volontaire en 2024, un document qui reflète ses objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Il a souligné que les demandes des pays en développement et des PMA sont parfaitement légitimes, compte tenu de leur nombreux défis, tels que les changements climatiques, les catastrophes naturelles, les effets de la COVID-19, ou encore le fardeau de la dette. Le délégué a appuyé l’appel à réimaginer les mécanismes des institutions financières mondiales et à faciliter les conditions d’obtention de prêts, en prenant en compte les spécificités de chaque pays.  Il a appelé à résorber au plus vite la crise de la dette, réaffirmant, en conclusion, que l’objectif ultime de l’Oman était un développement axé sur l’humain, sans discrimination aucune, en conformité avec le Programme 2030.

Mme BRANESSA TSIODE (Nauru) a déclaré que « l’action a plus de poids que les mots ».  Elle a donc demandé de prouver la puissance et le potentiel du multilatéralisme en honorant les engagements déjà pris, notamment celui des 100 milliards de dollars par an en faveur de l’action climatique.  Il faut aussi opérationnaliser le fonds pour les pertes et les préjudices et, plus important encore, réduire urgemment les émissions mondiales des gaz à effets de serre.  La représentante a encore recommandé de réformer l’architecture financière internationale, en commençant par la prise en compte d’autres indicateurs que le PIB pour l’octroi des aides au financement.

La représentante a aussi attiré l’attention sur les travaux de la prochaine conférence sur les PEID.  Les défis des petites îles nécessitent des approches nouvelles, innovantes et audacieuses pour réaliser la transformation nécessaire et garantir que les PEID soient plus résistants aux chocs extérieurs, a-t-elle dit, appelant la communauté internationale à adopter un programme d’action ciblé, mesurable et doté de ressources complètes, adapté à la situation des PEID. 

Mgr ROBERT DAVID MURPHY, du Saint-Siège, a déclaré que la communauté internationale devrait prendre maintenant les mesures nécessaires pour remettre sur la bonne voie la réalisation du Programme 2030.  Cela signifie d’abord et avant tout, prendre des mesures concrètes pour relever les plus grands défis de notre temps, en particulier la pauvreté et la faim, tout en luttant contre la culture du jetable, au nom de laquelle la personne n’est plus considérée comme une valeur primordiale dont il faut prendre soin et respecter, a-t-il dit, citant le pape François.

Il a aussi estimé que la mise en œuvre du Programme 2030 n’est pas simplement une question de mobilisation de ressources, mais plutôt d’engagement à proposer un nouveau modèle de développement qui place la personne humaine en son centre, orienté vers le bien commun et reposant sur des principes éthiques de justice, de solidarité et de responsabilité partagée.  Ces principes doivent être promus par la Deuxième Commission et la communauté internationale, a-t-il demandé.

GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE

Suivi de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (A/78/112-E/2023/94, A/77/984, A/78/367)

Suivi de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral (A/78/283)

Présentation des rapports et discussion générale

Mme FATIMA RABAB, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a présenté quatre rapports du Secrétaire général au titre du point à l’ordre du jour sur les groupes de pays en situation particulière.

Le rapport sur le « Suivi de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés » (A/78/112-E/2023/94) rend compte de la première année de mise en œuvre du Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2022-2031.  Il donne un aperçu des évolutions intervenues récemment dans la réalisation des buts et objectifs du Programme d’action ainsi que des recommandations pour sa pleine mise en œuvre.

Ce rapport explique que l’insécurité alimentaire a augmenté, de même que la pauvreté.  Des actions urgentes sont nécessaires pour inverser la tendance et il faut assurer un meilleur accès à l’éducation dans les PMA. Mme Rabab a indiqué que plus de la moitié de ces pays sont en situation de surendettement, ce qui aggrave encore les effets des crises.  Il reste moins d’une décennie pour atteindre les objectifs et il ne faut pas passer à côté, en souligné la Haute-Représentante.

Mme Rabab a ensuite présenté le rapport intitulé « Mise en œuvre effective des fonctions du Bureau de la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement » (A/77/984), qui se penche sur l’évolution des mandats de ce Bureau, ses fonctions et ses ressources, ainsi que sur le soutien apporté aux PMA par l’ensemble du système des Nations Unies et sur l’efficacité de celui-ci.  Il en ressort qu’au fil des ans, les mandats du Bureau ont évolué et les besoins des PMA, des PDSL et des PEID en matière d’appui se sont considérablement accrus.  Dans cette optique, le rapport contient des propositions spécifiques visant à renforcer les capacités et l’efficacité du Bureau afin de lui permettre de s’acquitter efficacement de ses fonctions et de mieux servir les trois groupes de pays les plus vulnérables.

S’agissant de la note du Secrétaire général intitulée « Université en ligne pour les pays les moins avancés » (A/78/367), elle revient sur l’engagement pris en ce sens par les États Membres à la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés de procéder à des études de faisabilité sur la création d’une telle université.  Il s’agirait de promouvoir dans les PMA et les pays récemment sortis de cette catégorie un enseignement de deuxième et de troisième cycle dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques.  Le rapport correspondant sera soumis à l’Assemblée générale pour examen en mars 2024.

Enfin, Mme Rabab a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024 » (A/78/283).  Il y est relevé que des progrès ont été réalisés dans la mise en œuvre des six domaines prioritaires de ce programme, néanmoins freinés par la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine et les effets des changements climatiques.  Le rapport souligne également que le grave déficit de financement, en particulier dans le domaine des infrastructures, le manque de données et les contraintes en matière de capacités techniques ont entravé les progrès.

En outre, les conditions économiques mondiales défavorables, caractérisées par une croissance timide, une inflation galopante, la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les coûts commerciaux élevés, continuent de peser sur les efforts de redressement des PDSL.

Le rapport contient des recommandations à prendre en considération pour le nouveau programme d’action et fait également le point sur les préparatifs de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra en 2024 à Kigali (Rwanda).  Cette conférence est une occasion unique de tracer la voie vers un développement durable pour les PDSL afin de s’assurer qu’ils ne soient pas davantage laissés pour compte.

Au nom du Groupe 77 et de la Chine (G77), M. FRANK TÉLLEZ ALONSO (Cuba) a exprimé sa préoccupation quant aux résultats insatisfaisants à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et ce, particulièrement pour les PDSL, les PEID et les PMA.  Ces derniers représentent moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il remarqué, mais 69% des catastrophes provoquées par les changements climatiques s’y sont produites.  « Cette situation ne peut plus continuer. »  Pour y relancer la dynamique du progrès, le représentant a d’abord évoqué la nécessité de leur fournir des vaccins contre la COVID-19, sûrs, de qualité et à prix raisonnable.  Il a également mentionné le fardeau de la dette qu’il faut soulager, et a appelé les pays développés à tenir leurs engagements financiers, soit consacrer 0,15% à 0,2% de leur PIB à l’aide aux PMA.

En ce qui concerne les PDSL, le délégué a décrit les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, notamment la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales qui a entraîné des retards d’expédition et des coûts élevés de transport. Il a plaidé pour le renforcement des capacités productives des PDSL et l’amélioration de leur potentiel commercial en simplifiant les opérations de passage des frontières et en adaptant les technologies émergentes pour des passages frontaliers sans contact. Finalement, le représentant a souligné l’importance de la prochaine conférence des PDSL comme une opportunité pour renouveler les engagements envers ces pays.  Il a conclu en appelant tous les acteurs à joindre leurs forces pour répondre aux besoins concrets des pays en situation particulière, soulignant la nécessité d’une forte synergie et d’une cohérence dans la mise en œuvre des différents programmes et agendas mondiaux.

M. KAUSHAL KISHOR RAY (Népal), au nom des pays les moins avancés (PMA), a déclaré que si les tendances actuelles se poursuivent, notamment les crises climatique et géopolitique, les taux élevés de crédit, la faiblesse des investissements, alors 7% de la population mondiale, soit 775 millions de personnes, vivront encore dans l’extrême pauvreté en 2030. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 251 millions de personnes dans les PMA vivent dans l’insécurité alimentaire, pendant que le poids de la dette s’accroît et devient insupportable dans la moitié des PMA et que les investissements directs étrangers diminuent.  À cela s’ajoutent les conséquences des changements climatiques qui menacent les acquis du développement, a-t-il encore constaté.

Dans ce contexte, le représentant a fait valoir que les pays en situation particulière ont besoin d’une plus grande attention de la part de la communauté internationale, comme le demande d’ailleurs le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il faut également multiplier les aides à leur endroit, notamment en suivant la recommandation du Secrétaire général visant à accorder au moins 500 milliards de dollars à l’aide internationale, dont la moitié irait aux pays à situation particulière.  Il faut en outre assurer un transfert des technologies et alléger les dettes, a-t-il, entre autres, énoncé.

Au nom du groupe des pays en développement sans littoral (PDSL), Mme GLADYS MOKHAWA (Botswana) a déploré les progrès limités dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne et des ODD.  La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions très graves dans les PDSL, en particulier en raison de leurs vulnérabilités dues à leur situation géographique et à leurs capacités limitées à réagir aux chocs, a-t-elle souligné.

Elle a fait remarquer que le commerce a un rôle essentiel à jouer dans les PDSL pour réaliser les objectifs de développement, prévenant que la nécessité de remédier aux coûts élevés en la matière ne saurait être surestimée.  En outre, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement en raison de la pandémie continuent d’entraver la bonne reprise du transport.  « Il va sans dire que notre connectivité limitée aux marchés mondiaux représente des coûts élevés dans les échanges », a fait observer la représentante, plaidant pour une réforme du commerce multilatéral.

Plus globalement, les PDSL sont confrontés à de graves déficits de financement, notamment pour les infrastructures, à un manque de données et à des contraintes de capacités techniques.  La dette est aussi un sujet de grande préoccupation, a ajouté la déléguée en réitérant l’appel des PDSL à une amélioration des mécanismes internationaux de la dette, afin qu’ils soient plus justes et plus efficaces, ce qui aboutira à les aider à surmonter la crise de la dette.

Par ailleurs, elle a alerté sur le fait que les PDSL restent exclus des discussions et des décisions au sujet de l’un des plus grands défis de notre temps: les changements climatiques.  Ces pays sont pourtant très touchés par les événements climatiques et les catastrophes, comme la désertification, les sécheresses récurrentes, la perte de biodiversité, la fonte des glaciers et les inondations, alors qu’ils sont très dépendants des ressources naturelles et de l’agriculture.

En conclusion, la représentante s’est montrée optimiste, misant sur la troisième Conférence sur les PDSL qui aura lieu à Kigali pour tirer parti des progrès réalisés jusqu’à présent: il faut saisir cette occasion qui se présente tous les 10 ans pour chercher des solutions à long terme et ne laisser personne pour compte.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a dressé un tableau des avancées réalisées par son groupe en matière d’intégration régionale et de coopération.  Tout en se félicitant de ces progrès, il a souligné l’urgence de combler le fossé de développement entre les États membres, ce qui revêt une importance particulière étant donné la diversité économique de la sous-région, qui inclut des pays en développement, mais aussi des PMA et des PDSL.

Le délégué a fait référence à plusieurs initiatives de l’ASEAN visant à réduire ces inégalités régionales, comme le Cadre de l’ASEAN pour un développement économique équitable et la Zone de libre-échange de l’ASEAN (AFTA), qui facilitent le commerce et l’investissement et bénéficient particulièrement aux PMA et aux PDSL.  Le délégué a également mentionné le Plan directeur sur la connectivité des pays de l’ASEAN, destiné à améliorer les liens physiques, institutionnels et humains au sein de la région.  Il a enfin appuyé l’adoption du Programme d’action de Doha pour les PMA, soulignant l’importance de la préparation de la troisième Conférence de l’ONU sur les PDSL en 2024, étape cruciale pour l’adoption d’un nouveau cadre de développement.

Mme MATILDA BARTLEY (Samoa), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déclaré que les petits États insulaires en développement (PEID), les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral (PDSL) sont tous confrontés à des défis communs et, de ce fait, il est essentiel de reconnaître leurs circonstances particulières, certains étant même en prise avec des menaces existentielles.  Ces circonstances justifient de la même manière la nécessité d’élaborer des solutions efficaces qui répondent à leurs besoins et aspirations spécifiques.  La représentante a alors appelé à la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, qui, selon elle, contient des solutions innovantes pour répondre aux plus grands défis auxquels sont confrontés les PMA.  Dans le même temps, il faut progresser sur la voie d’une réforme des institutions financières internationales, a-t-elle réclamé. Elle a d’ailleurs relevé que le sujet fait toujours l’objet d’un consensus mondial.

M. TALAL ABDULAZIZ M H AL-NAAMA (Qatar) s’est félicité du rôle très précieux joué par le Bureau de la Haute-Représentante, avec lequel le Qatar collabore volontiers.  Il s’est dit convaincu que le Programme d’action de Doha permettra de définir une feuille de route pour réaliser les ambitions des PMA, rappelant en passant que le Qatar avait accueilli en mars 2023 la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA.  Le représentant a recommandé de ne ménager aucun effort pour répondre aux situations particulières des pays concernés, par exemple à travers la coopération multilatérale ou l’investissement dans des partenariats innovants.

Mme ARAKSYA BABIKYAN (Arménie) a soutenu les recommandations du rapport, qui devrait cependant mieux refléter les besoins des pays en développement sans littoral au sujet du renforcement de leurs capacités et de leur collaboration avec les pays de transit, entre autres.  Le Programme d’action de Vienne est une véritable feuille de route, à laquelle l’Arménie adhère.  Elle a ainsi mis en œuvre un plan d’action depuis 2018 pour intégrer ses six priorités: la modernisation des infrastructures, la coopération douanière, la décarbonation, le renforcement du commerce, et les nouvelles technologies, entre autres, sont des principes qui orientent l’action de l’Arménie. Soucieuse d’inclusivité, de transparence et de respect des normes internationales, la déléguée a rappelé que son pays a proposé d’accueillir, à Erevan le 21 novembre prochain, une rencontre thématique pour renforcer la connectivité et la coopération régionale, dans le cadre du processus de préparation de la troisième Conférence des pays en développement sans littoral.

M. FRANCISCO JOSÉ DA CRUZ (Angola) a annoncé que, conformément à la résolution 75/259, l’Angola avait initialement prévu d’achever sa sortie de la catégorie des PMA en février 2024.  Cependant, des défis macroéconomiques et une récupération économique lente ont conduit à des retards.  Pour y remédier, le Gouvernement angolais a activé le mécanisme de suivi renforcé, conformément au paragraphe 284 du Programme d’action de Doha, et des consultations avec le Comité des politiques de développement ont été lancées le 31 mai 2023 pour déterminer la meilleure voie à suivre.

Le Plan national de développement 2023-2027 mis en place par l’Angola priorise notamment le développement du capital humain, la diversification économique, l’éradication de la pauvreté, et la lutte contre les changements climatiques et la corruption. Il vise également à promouvoir la transition de plus de 9 millions de personnes, principalement des femmes, de l’économie informelle vers l’économie formelle.  Le délégué a conclu en soulignant l’importance du renforcement des institutions démocratiques et de l’état de droit pour améliorer la gestion macroéconomique et la gouvernance du secteur public.

Mme BILLUR AHMADOVA (Azerbaïdjan) a émis le vœu que la troisième Conférence sur les PDSL qui se tiendra à Kigali au Rwanda en juin prochain soit un jalon pour nouer un nouveau partenariat en vue de répondre aux besoins de développement spécifiques de cette catégorie de pays.  La représentante a ensuite présenté son pays, qui, par sa position géographique, est un couloir logistique pour le commerce transcaspien, reliant la région d’est en ouest.  Elle a assuré qu’il continuerait à développer des infrastructures et à rabaisser les barrières susceptibles de faire obstacle à ce commerce et au développement pour tous et la paix.  L’Azerbaïdjan reste en outre favorable à la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, a-t-elle encore assuré.

D’après M. SHAMUN (Maldives), le conflit en Ukraine et les chocs qui y sont liés, l’urgence climatique, l’inflation des prix des biens et des services, y compris l’alimentation et l’énergie, ainsi que le resserrement rapide des conditions financières mondiales ont inversé les progrès accomplis dans la réalisation des ODD. Or, les PEID ont besoin de solutions adaptées dans le cadre d’un plan de redressement équitable, avec un accent particulier sur l’allégement de la dette.  La pandémie a exacerbé les vulnérabilités de la dette qui s’est aggravée au cours de la dernière décennie, a-t-il exposé, jugeant impératif de renforcer le filet de sécurité financier mondial.  Il a aussi demandé instamment aux institutions financières internationales et aux partenaires de développement d’utiliser l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle comme un outil permettant de faciliter l’accès des PIED à des financement abordable et à l’allégement de la dette.

Selon Mme ULZIIBAYAR VANGANSUREN (Mongolie), la forte inflation récente continue d’éroder le pouvoir d’achat des ménages et de priver les ménages pauvres de leur argent.  Elle a été exacerbée par l’appréciation du dollar américain entraînant la hausse des prix des produits importés, vu la dépréciation nominale des monnaies des « petites économies », a relevé la représentante.  Pour relever ces défis, elle a dit que le Gouvernement de la Mongolie avait rapidement mis en œuvre des mesures réactives en adoptant et en introduisant des stratégies et des politiques telles que la « nouvelle politique de relance » ainsi que des politiques fiscales et monétaires appropriées, entre autres.  En conséquence, s’est-elle enorgueillie, l’économie nationale, qui s’est contractée de 4,6% en 2020, a retrouvé son niveau d’avant la pandémie, soit 6,4%, au cours du premier semestre 2023.

Mme PETAL GAHLOT (Inde) a souligné les avancées récentes réalisées lors du Sommet de New Delhi, où les membres du G20 ont adopté un pacte de développement vert appelé « Green Development Pact for a Sustainable Future », un pacte visant à répondre aux besoins pressants des PMA.  La déléguée a également mentionné le cadre du G20 sur l’infrastructure publique numérique, destiné à combler la fracture numérique et à faciliter la réalisation des ODD.  Elle a fait savoir que l’Inde avait lancé l’initiative volontaire « One Future Alliance », qui pourrait être un véritable tournant pour le développement de l’infrastructure numérique dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

La représentante a précisé que l’aide de l’Inde aux PMA avait considérablement augmenté, avec des prêts et des subventions de plus de 19 milliards de dollars.  Elle a toutefois reconnu que les gains socioéconomiques des PDSL ont été inversés en raison des ravages de la COVID-19 et des conflits géopolitiques.  Enfin, la représentante a insisté sur l’importance de la coopération effective entre les PDSL et les pays de transit, notamment en ce qui concerne la facilitation du commerce.  Elle a cité des exemples de projets en cours dans les PDSL d’Afrique et a mis en lumière l’initiative BBIN (Bangladesh-Bhutan-India-Nepal) visant à renforcer la coopération économique et la connectivité des transports entre ces pays.

M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a souligné l’importance du prochain programme d’action qui succédera au Programme d’action de Vienne, attendu pour juin 2024 à Kigali, Rwanda.  Il a insisté sur le rôle crucial de la coopération internationale pour faire avancer le développement des PDSL.  Le représentant a partagé six points que le Zimbabwe considère comme prioritaires pour ces pays: simplification des procédures douanières, investissement dans l’infrastructure de transport, accès aux technologies modernes, renforcement des capacités institutionnelles et humaines, accès à un financement abordable et promotion des opportunités d’investissement.

Il a rappelé que les discussions actuelles sont cruciales, car elles façonnent le futur programme d’action qui résultera de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PDSL.  Enfin, il a réaffirmé l’engagement du Zimbabwe en tant que membre du Comité préparatoire pour ladite conférence et a insisté sur la nécessité de travailler conjointement avec les pays de transit et les partenaires de développement pour débloquer le potentiel des PDSL.

M. MONYANE (Lesothoa appelé à la mise en œuvre rapide des six domaines prioritaires du Programme d’action de Doha, arguant que les actions dans ces domaines peuvent aider les PMA à se remettre sur la bonne voie pour atteindre les ODD.  S’adressant aux partenaires de développement, il leur a demandé d’honorer tous leurs engagements respectifs en matière d’aide publique au développement en faveur des PMA et des PDSL, afin de permettre à ces pays de surmonter les myriades de défis auxquels ils sont confrontés.  En outre, alors que l’on se rapproche de la fin du Programme d’action de Vienne, il a recommandé que le nouveau programme d’action pour les PDSL s’inspire des enseignements tirés et des meilleures pratiques.  Il offrira l’occasion de remettre ces pays sur la voie de la réalisation du Programme 2030, a-t-il esppéré.

M. BAUYRZHAN KERIMKULOV (Kazakhstan) a souligné la vulnérabilité des PDSL face à l’isolement territorial, l’exclusion du commerce mondial, les tarifs douaniers élevés et l’inadéquation des infrastructures, notamment.  Il a rappelé que les Programmes d’action d’Almaty et de Vienne avaient été conçus pour atténuer ces contraintes, mais a insisté sur le besoin de les renouveler pour atteindre le Programme 2030.  Le délégué a fait état de la Déclaration politique adoptée lors de la Réunion ministérielle des PDSL le mois dernier, qui a renforcé les engagements communs et défini des mesures concrètes pour un avenir durable. Il a également souligné l’importance du commerce international pour le développement durable des PDSL avant d’appeler à une réunion ministérielle des PDSL en marge de la treizième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en février 2024. Le représentant a conclu en insistant sur la nécessité pour les PDSL d’avoir une voix forte lors de la COP28 afin d’obtenir une part « juste » du fonds pour les pertes et les préjudices.

M. THOMAS ARMBRUSTER (États-Unis) a déclaré que son pays restait attaché à rester un partenaire des pays en développement.  Il a fait valoir que les États-Unis consacrent un quart de leur APD bilatérale aux PMA, avec une moyenne annuelle de 12,6 milliards de dollars d’aide.  Les États-Unis continueront en outre à aider les États sortis de la catégorie des PMA, a-t-il précisé.  S’agissant des PEID, il a parlé d’une aide américaine de plus de 5 milliards de dollars versés depuis 2015 en termes d’APD.  Le représentant a dit soutenir l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, tout en soulignant l’indépendance des organes qui gèrent le financement concessionnel. 

Les États-Unis, a-t-il poursuivi, travaillent avec le Forum des îles du Pacifique pour renforcer les systèmes d’alerte précoce, tandis que depuis 2014 ils appuient le Programme d’action de Vienne en ayant versé 50 milliards de dollars d’APD nette pour les PDSL.  Le pays œuvre également de concert avec des partenaires africains pour libérer la croissance.  Le délégué a enfin dit que les États-Unis soutenaient activement le Partenariat pour les infrastructures mondiales et l’investissement du Groupe des Sept (G7) afin de mobiliser 600 milliards de dollars d’ici à 2027.

M. SANUSI (Sierra Leone) a axé son intervention sur le sort des PMA, qui souffrent toujours des retombées de la COVID-19 ainsi que de l’inflation et de la crise énergétique dans leur route vers les ODD.  Il a évoqué la détresse de l’endettement et a plaidé pour une nouvelle génération d’engagements pour ne pas faire de laissés-pour-compte.  Il a invité les PMA à intégrer le Programme d’action de Doha au niveau national, avec l’appui de la communauté internationale. L'appui des banques multilatérales de développement et celui du secteur privé sont également nécessaires, ainsi qu’une réforme de l’architecture financière internationale, a-t-il plaidé. Le représentant a en outre proposé une éventuelle annulation de la dette des pays en situation particulière, particulièrement les PMA.

M. MD RAFIQUL ALAM MOLLA (Bangladesh) a expliqué que son pays fait face à plusieurs défis. Toutefois, la baisse des droits de douane lui ont permis de développer son secteur privé.  Il n’en reste pas moins que les PMA comme le Bangladesh ont besoin d’un appui international conséquent pour pallier leurs déficits d’exportation.  Le représentant a regretté que les promesses d’aides au PMA, comme l’accès aux prêts concessionnels à long terme, demeurent des vœux pieux.  De même que les banques de développement ne font pas assez pour aider les PMA à faire face à la vulnérabilité de leur dette.  Le délégué a rappelé que la dette de ces pays limite leur accès aux fonds et les emprisonne dans une spirale délétère.  Le délégué a aussi appelé à davantage de protection pour les travailleurs migrants.

M. KEMAL ONUR EKREN (Türkiye) a souligné que son gouvernement donne la priorité au développement durable des PMA, insistant sur l’urgence pour tous d’intensifier le soutien à ces pays.  Évoquant la manière dont la COVID-19 a révélé le retard des PMA en matière de science, de technologie et d’innovation, il a appelé à accorder une attention particulière à la transition numérique.  Il a mis en lumière le rôle clef de la Banque de technologie des Nations Unies pour les PMA, accueillie par la Türkiye, dans la réduction du fossé numérique, mentionnant un projet phare de cette banque au Niger, visant à l’avancement technologique de la jeunesse.  Il a appelé à un soutien accru de nouveaux partenaires pour accroître l’efficacité de la Banque.  Enfin, le délégué a estimé que la troisième Conférence des Nations Unies sur les PDSL en 2024 offrira une occasion supplémentaire d’intensifier les efforts internationaux en faveur de cette catégorie de pays.

M. MUHAMMAD ZULASRI BIN ROSDI (Malaisie) a mis en avant les programmes initiés par son pays pour soutenir les PMA et les PDSL.  Il a spécifiquement évoqué le Programme de coopération technique malaisien (MTCP), mis en place en 1980, qui a bénéficié à plus de 37 000 participants dans divers secteurs comme l’agriculture et la santé.  « Ces initiatives sont capables d’accélérer la mise en œuvre du Programme d’Action de Doha pour les PMA et le Programme d’Action de Vienne pour les PDSL », a affirmé le délégué.  Il a également loué les efforts de Coopération Sud-Sud qui perdurent depuis quatre décennies et prôné une coopération triangulaire impliquant les pays du Nord.  Le représentant a souligné que la Malaisie a été activement engagée dans cette modalité à travers le Programme de formation pour pays tiers (TCTP).  Enfin, le délégué a présenté le concept de « Malaysia Madani », qui met l’accent sur une gouvernance éthique, équitable et efficace, et vise également à prioriser les besoins des communautés vulnérables et marginalisées.

Mme VIKTORIIA E. KARDASH (Fédération de Russiea déclaré que, vu l’aggravation des problèmes économiques mondiaux et la faiblesses des investissements, il faut élargir l’aide et l’appui de la communauté internationale à la catégorie des pays en situation particulière.  Il faut accélérer la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du Programme d’action de Doha, dont certains mécanismes ne sont pas encore opérationnalisés, a-t-elle noté.  La représentante a ensuite déclaré que, conformément au Programme d’action de Vienne, la Fédération de Russie apporte un soutien technique aux PDSL, notamment dans le cadre de l’intégration régionale au sein du « conseil économique euro-asiatique », dont trois États sur cinq sont sans littoral. La Fédération de Russie attend beaucoup de la prochaine Conférence sur les PDSL qui se tiendra à Kigali, a dit la représentante, assurant de la participation de son pays.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a relevé que, le Programme d’action de Doha et les objectifs du Programme 2030 étant interdépendants et se renforçant mutuellement, les PMA devraient être en mesure d’atteindre les ODD avec le soutien des partenaires au développement.  Dans le cas de son pays, le Gouvernement civil élu a intégré les programmes d’action et les objectifs de développement dans son plan de développement durable couvrant la période 2018-2030.  Le Gouvernement élu a ainsi entrepris une série de réformes pour éliminer les problèmes économiques à long terme, a-t-il précisé.  En conséquence de quoi, a-t-il poursuivi, le Myanmar a connu une croissance rapide, devenant l’un des pays les plus importants de la région, avec un taux de croissance annuel de 6,5% en 2018-2019. 

Pourtant, le « coup d’État militaire illégal du 1er février 2021 et la politique généralisée de la junte militaire marquée par des atrocités » ont détruit tous les progrès réalisés auparavant, a-t-il accusé.  Pour le représentant, il est clair que la junte militaire n’est pas capable de gouverner le pays ni de gérer son économie. Il a alors appelé à tout mettre en œuvre pour mettre fin à la dictature militaire et restaurer la démocratie fédérale au Myanmar.  « J’exhorte l’ONU et ses États Membres à écouter attentivement les populations et à ne pas laisser tomber le Myanmar. » 

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a témoigné des progrès de son pays dans des domaines tels que l’espérance de vie, passée aujourd’hui à 70 ans, alors qu’elle n’était que de 60 ans en 2002, et de la baisse du taux de mortalité infantile, grâce à une coopération Sud-Sud avec Cuba dans le secteur de la santé.  Le Produit intérieur brut (PIB) ne saurait être le seul critère pour juger de la santé économique d’un pays, a-t-il déclaré, réclamant de ses vœux la prise en compte d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

M. AHMED SAEED IBRAHIM (Érythrée) a témoigné de la croissance modeste de son pays et des efforts lui restant à fournir, ainsi que de la nécessité urgente des PMA à vivre dans la paix et la stabilité.  Des millions d’habitants des PMA souffrent de l’imposition de mesures coercitives unilatérales que certaines puissances utilisent cyniquement pour saper leur développement durable, a dénoncé le représentant.  Il a qualifié ces mesures coercitives unilatérales d’illégales et d’illégitimes, et enjoint à les faire cesser.

M. JOSÉ EDUARDO PEREIRA SOSA (Paraguay) a témoigné de la hausse des coûts commerciaux de transit qui ont particulièrement affecté son pays, en plus des défis mondiaux connus de tous.  Pays en développement sans littoral, le Paraguay a réclamé un accès sans entrave et efficace à la mer afin de pouvoir se développer convenablement, a-t-il rappelé.  Le représentant a misé sur la troisième Conférence des pays en développement sans littoral qui aura lieu à Kigali en 2024 et qui sera une occasion exceptionnelle pour doper le développement et le bien-être du Paraguay.  Il a conclu en assurant que son pays travaille d’arrache-pied pour que cet événement décennal soit une réussite.

Mme CHANDA (Zambie) a évoqué les engagements pris lors de la « Conférence LDC5 » à Doha, où des partenaires de développement ont annoncé des promesses et des partenariats pour accélérer la réalisation des ODD dans les PMA. Elle a exhorté les partenaires à tenir ces engagements, notamment en matière de création d’une université en ligne, d’un mécanisme de stockage alimentaire et d’un centre de soutien à l’investissement.  La représentante a souligné que la Zambie s’était conformée pour la première fois aux critères d’éligibilité pour sortir de la catégorie des PMA en 2021, y voyant « un témoignage clair des efforts collectifs de son peuple et des politiques transformatrices mises en œuvre ».  Cependant, elle a noté que les récents chocs économiques mondiaux, exacerbés par la pandémie de COVID-19 et les conflits géopolitiques, ont eu un impact sur le statut d’éligibilité au reclassement de la Zambie.  Enfin, consciente de l’importance d’une infrastructure robuste pour relier la Zambie aux marchés régionaux et internationaux, la déléguée a affirmé l’engagement de son pays à augmenter les investissements dans les secteurs des transports, de l’énergie et de la connectivité numérique.

Mme WANG (Chine) a regretté le retard de développement des PMA.  Elle a plaidé pour un multilatéralisme renouvelé et a appelé les pays développés à honorer leurs engagements au soutien des pays en situation particulière.  Il s’agit pour les pays développés de fournir une aide stable permettant d’éliminer les causes profondes des crises dont souffrent les pays en situation particulière. La représentante a assuré que la Chine continue de promouvoir la revitalisation du développement des PMA et des PDSL, précisant que son pays avait organisé avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) un programme destiné à combler le fossé numérique.

M. ABEBE (Éthiopie) a appelé la communauté internationale à s’unir pour surmonter les défis interdépendants que doivent relever les PMA et les PDSL.  Il a plaidé pour la création d’un système financier international inclusif, pour le respect des engagements pris en matière de financement de l’action climatique, pour le soutien particulier aux PMA, pour l’encouragement de l’investissement étranger direct et pour la construction d’infrastructures résistantes.  Il a précisé que son pays avait connu une croissance de 8,7% au cours de la dernière décennie.  Enfin, il a mentionné l’autosuffisance alimentaire et la reforestation comme des domaines d’attention particuliers pour l’Éthiopie.

Mgr ROBERT DAVID MURPHY, du Saint-Siège, a déclaré que toute politique ou tout programme visant véritablement à soutenir les pays en situation particulière doit placer la personne humaine au centre et promouvoir un modèle de développement qui ne se concentre pas simplement sur la résolution de leurs problèmes économiques ou financiers, mais favorise plutôt le développement humain intégral.  Selon l’observateur, le développement humain intégral ne peut pas être réalisé si des millions de personnes n’ont toujours pas accès aux ressources et opportunités nécessaires pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.  Il a aussi jugé essentiel que tout programme de développement adopté par la communauté internationale permette à chaque pays en situation particulière de grandir à sa manière et de développer sa capacité d’innovation, tout en respectant les valeurs de sa propre culture.

M. ALAIN WILFRIED BIYA, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a chiffré à 479 millions le nombre de personnes dans les pays les moins avancés n’ayant toujours pas accès à l’électricité et à 215 millions celles des pays en développement sans littoral vivant toujours sans énergie fiable.  En tant que principale organisation intergouvernementale pour la transformation énergétique, l’Agence continue de soutenir ces États, notamment en renforçant leurs ambitions en matière d’énergies renouvelables dans leurs contributions déterminées au niveau national de l’Accord de Paris.  Dans le même esprit, elle continue de développer un outil d’évaluation de l’état de préparation aux énergies renouvelables.  L’Agence mène par ailleurs des projets dans différents pays, notamment sur le lien entre l’énergie et d’autres secteurs sociaux comme les soins de santé et la sécurité alimentaire.

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