Deuxième Commission: la justice sociale et une croissance inclusive sont indispensables pour ne laisser personne de côté
Les multiples crises auxquelles le monde est confronté ont fait reculer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Tel est le désolant constat partagé, ce mardi, par les délégations de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) au cours d’une deuxième journée de débat général sur le thème « Œuvrer à un relèvement durable pour toutes et tous ».
Aujourd’hui, le risque est de voir l’économie mondiale traverser une période prolongée de faible croissance, car les effets persistants de la pandémie de COVID-19, l’impact de plus en plus grave des changements climatiques et les défis structurels macroéconomiques restent sans réponse, s’est inquiété d’emblée le Congo. Sans oublier les répercussions de la guerre en Ukraine, en particulier sur la sécurité alimentaire et énergétique.
L’éradication de la pauvreté reste l’objectif de développement durable (ODD) numéro un, a rappelé le Viet Nam, ce qui impose de renforcer la sécurité alimentaire par le développement agricole, et de garantir un travail décent et une protection sociale pour tous. La priorité absolue est la lutte contre la faim et l’extrême pauvreté, a renchéri le Brésil. « Il n’est plus possible de maintenir le statu quo alors que des millions de personnes tombent dans la pauvreté pour la première fois depuis près d’un quart de siècle », a insisté le Zimbabwe, pour qui l’objectif ne devrait pas être simplement de revenir aux conditions d’avant la pandémie, mais de construire un monde plus juste et plus résilient pour tous.
Car c’est bien de justice sociale et de croissance inclusive dont il a été beaucoup question au cours de ce débat. « Œuvrer à un relèvement durable pour toutes et tous n’est d’ailleurs pas seulement une obligation morale », a lancé l’Érythrée, mais relève d’un choix intelligent et stratégique puisque l’action collective et la recherche du bien commun ne peuvent donner de fruits dans un monde d’inégalités où prévaut la loi de la jungle.
Plusieurs délégations, à l’instar de la République de Moldova ou de la Grèce, ont fait observer que les crises multiples entraînent une prise de conscience propice aux changements en faveur du développement durable et de la consolidation de la résilience pour faire face à d’éventuelles nouvelles crises. Une occasion à saisir, ont rebondi plusieurs délégations. Il est nécessaire d’investir dans les biens publics mondiaux, dans l’avenir collectif, a estimé Singapour. Plus globalement, il a été rappelé qu’il revient à la Deuxième Commission de traduire en actes les engagements pris au titre des ODD.
Les pays les plus vulnérables, comme les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral (PDSL) ou les petits États insulaires en développement (PEID), ont fait remarquer que ces multiples crises les touchent plus gravement que d’autres, et encore davantage lorsqu’ils sont soumis à des sanctions, dont la levée a été demandée par plusieurs délégations, dont celles de la Fédération de Russie, du Nicaragua, du Venezuela ou du Soudan. Les pays vulnérables ont d’autant plus de mal à affronter les crises et à s’en relever qu’ils éprouvent des difficultés pour accéder à des ressources financières ou voir leur fardeau de la dette allégé.
À ce propos, l’Espagne a proposé d’accueillir la quatrième Conférence sur le financement du développement, afin de contribuer à accélérer la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba. En outre, l’accent a été mis, comme la veille, sur la nécessaire réforme de l’architecture financière internationale.
Revenant aux conséquences désastreuses des changements climatiques, le Nicaragua, la Bolivie et le Venezuela ont insisté sur les dégâts infligés à la « Terre nourricière » et sur le principe de « responsabilités communes mais différenciées ». Les Émirats arabes unis se sont pour leur part félicités d’accueillir, fin novembre, la prochaine Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, espérant que cette COP28 sera un tournant qui marquera « le passage de l’ambition à l’action ». Le Portugal a également plaidé pour une approche ambitieuse en matière de climat et de biodiversité, rappelant qu’il accueillera la deuxième édition du Forum sur l’économie bleue durable « Sustainable Blue Economy Investment Forum » à Cascais, en octobre. Il a aussi évoqué l’organisation de la septième Rencontre internationale sur la coopération triangulaire à Lisbonne en octobre.
Le rôle de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, en complément de la coopération Nord-Sud, de même que celui des partenariats régionaux et internationaux, ont été soulignés sans relâche au cours de ce débat général, comme une nécessité pour parvenir au développement durable et faire face aux catastrophes naturelles. La coopération a été jugée particulièrement importante en matière de transfert de technologies, en matière numérique, de fiscalité ou encore de transition énergétique. Les investissements dans les sciences sont tout aussi indispensables, comme l’a rappelé la Serbie, en tant qu’initiateur d’un projet de résolution pour proclamer la « Décennie internationale de la science au service du développement durable 2024-2033 ».
La Deuxième Commission terminera son débat général mercredi 4 octobre, à partir de 10 heures, avant de consacrer une séance aux groupes de pays en situation particulière, à partir de 15 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a insisté sur l’importance de donner la priorité à la protection de la Terre nourricière, selon le principe de « responsabilités communes mais différenciées ». Il a affirmé la nécessité de respecter les accords internationaux, tels que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris, et a exigé que les pays développés matérialisent leur aide financière pour l’adaptation aux changements climatiques. Il a plaidé pour un nouveau modèle économique international axé sur l’inclusion, l’équité et la justice sociale, et a soutenu que l’éradication de la pauvreté et l’accès universel aux soins de santé doivent être des priorités.
Le représentant a mis en avant l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire comme compléments nécessaires à la coopération Nord-Sud, tout en mettant l’accent sur des principes tels que la solidarité et la non-ingérence. Il a vanté le Plan national de lutte contre la pauvreté et de développement humain 2022-2026 lancé par son pays. Enfin, le délégué a évoqué l’importance du multilatéralisme pour garantir la paix et la sécurité mondiales, critiquant les mesures coercitives unilatérales qui entravent les objectifs de développement durable (ODD).
M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a d’abord affirmé l’importance de l’ODD no 16 (paix, justice et institutions efficaces) dans la stratégie de développement du pays, soulignant son inclusion dans le Plan stratégique de développement 2011-2030. Il a indiqué que la priorité du programme quinquennal du Gouvernement est axée sur le développement du capital social, de l’infrastructure et de la croissance économique, tout en renforçant la gouvernance et la lutte contre la corruption. Il a promu la coopération numérique Sud-Sud et triangulaire. Sur le front environnemental, le représentant a présenté l’approche intégrée de Timor-Leste pour faire face aux impacts des changements climatiques, appelant à des engagements plus ambitieux en matière de financement climatique sous l’égide de la CCNUCC.
Le Gouvernement a mis en œuvre des technologies d’énergie renouvelable à petite échelle, notamment l’énergie solaire pour nos communautés rurales, a précisé le délégué, tout en prônant la croissance du secteur privé comme un élément clef pour la diversification économique. Il a également évoqué le développement de l’économie bleue et l’importance de la conservation des ressources marines. Il a conclu en soulignant l’importance des partenariats et en appelant à la conformité avec l’Accord de Paris et le Programme d’action d’Addis-Abeba pour la réalisation des ODD.
Mme BANAKAN (Cameroun) a estimé que le constat est simple: nous avons reculé dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en dépit des engagements pris en 2015. Après avoir rappelé quelques-uns d’entre eux, la représentante a recommandé de mobiliser les fonds nécessaires à leur réalisation. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’argent pour financer le développement. » L’argent doit être retiré là où il ne sert à rien et être investi dans l’éducation, la santé, les infrastructures et l’économie, a plaidé la représentante. Il faut mobiliser toutes les ressources, y compris par une réforme du système financier international et une meilleure fiscalité sur le plan international, a dit la représentante, ajoutant que son pays est prêt à travailler à cet objectif.
Mme KAOUTHAR CHELBI (Tunisie) a estimé que le temps est venu d’avancer sur les questions en suspens, compte tenu du fait que la réalisation du développement durable est à la peine et que des écarts persistent entre les pays du Nord et ceux du Sud. Or, le système international actuel ne le permet pas, a-t-elle regretté. Emprunter de l’argent aujourd’hui à des taux huit fois supérieurs devient intenable pour les pays en développement, a-t-elle relevé, plaidant pour une réforme de la gouvernance du système financier mondial, une lutte contre les flux financiers illicites, une réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) et une redistribution des DTS non utilisés aux pays en développement et aux pays les moins avancés.
La représentante a aussi souligné la nécessité de disposer de fonds supplémentaires pour financer l’adaptation aux conséquences des changements climatiques. Elle a alors demandé l’opérationnalisation du fonds sur les pertes et les préjudices, décidé lors de la COP27 de Charm El-Cheikh (Égypte), et ce, avant la fin de la prochaine COP28 qui aura lieu à Dubaï. De plus, les pays développés doivent honorer leur engagement de décaisser 100 milliards de dollars pour les financements climatiques. La moitié devra être orientée vers l’atténuation, a recommandé la déléguée.
Mme NIGAR BAYRAMLI-HAMIDOVA (Azerbaïdjan) a fait savoir que son pays a pris des initiatives de longue date pour atteindre les ODD, en se concentrant sur la durabilité, la croissance inclusive, la justice sociale et l’énergie propre. En outre, depuis le début de la pandémie de COVID-19, l’Azerbaïdjan a fourni une assistance équivalant à 300 millions de dollars à plus de 130 nations, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, conscient de son rôle dans la sécurité énergétique mondiale, l’Azerbaïdjan a évolué de sa position traditionnelle de fournisseur de pétrole brut à celle de fournisseur fiable de gaz naturel pour sept pays européens. La représentante a également fait valoir que son pays accueille de nombreux forums et sommets internationaux.
La déléguée a jugé regrettable que le représentant de l’Arménie ait une fois de plus profité de cette enceinte, hier, pour lancer des accusations et diffuser de fausses informations à propos de l’Azerbaïdjan, ce qui non seulement politise les débats, mais détourne également l’attention de la communauté internationale des sujets essentiels au cœur des débats de la Deuxième Commission.
M. LAZARE MAKAYAT-SAFOUESSE (République du Congo) s’est inquiété du risque de voir l’économie mondiale confrontée à une période prolongée de faible croissance, car les effets persistants de la pandémie de COVID-19, l’impact de plus en plus grave des changements climatiques et les défis structurels macroéconomiques restent sans réponse. De plus, les déficits de financement croissants, l’anémie des investissements et la vulnérabilité croissante de la dette menacent de faire dérailler les progrès en matière de développement durable, a-t-il constaté. Face à ce sombre tableau, le délégué a appelé la communauté internationale à s’attaquer de toute urgence aux pénuries de financement auxquelles sont confrontés de nombreux pays en développement, en renforçant leurs capacités à réaliser des investissements essentiels dans le développement durable et en les aidant à transformer leur économie pour parvenir à des objectifs inclusifs et durables.
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a reconnu qu’à cause de crises multiples affectant son pays (conflits, sécheresse, COVID-19), celui-ci avait pris du retard dans la réalisation de ses ODD. Le financement gouvernemental seul s’est avéré insuffisant pour répondre à ces priorités, a justifié le délégué, appelant à davantage de coopération internationale. Il a indiqué que son pays avait mis en place des actions politiques ancrées dans des approches scientifiques, fondées sur les preuves, notamment le cadre du « SDG Push », avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Priorisant les ODD no 1 (éradication de la pauvreté), no 8 (croissance durable et travail décent pour tous) et no 10 (réduction des inégalités), le représentant a insisté sur la nécessité de réformer l’architecture financière internationale et a appelé à des partenariats financiers innovants pour faciliter l’accès à des prêts concessionnels, débloquer des investissements et offrir des options de suspension de la dette.
Le représentant a appelé les pays développés et les banques multilatérales de développement à apporter d’urgence un soutien technique et financier aux pays à revenu intermédiaire, notamment en procédant à des échanges de dettes, en réorientant les DTS inutilisés, et en procédant à une nouvelle allocation de DTS. Enfin, il a soutenu la Déclaration de Nairobi issue du Sommet africain sur le climat et a appelé à une approche multilatérale systématique pour coordonner et améliorer les processus relatifs à la dette souveraine.
M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a d’abord rappelé l’importance de protéger la « Pachamama », ou Terre nourricière, se disant préoccupé par les retards pris dans la réalisation du Programme 2030. Appelant à une révolution des modes de production et de consommation, et mettant les principes d’équité et de responsabilité commune au cœur des efforts de son pays, il a soutenu les mécanismes mis en œuvre pour respecter l’Accord de Paris et les différents accords sur le climat. En ce qui concerne les politiques macroéconomiques il a exhorté à reformer de fond en comble et sans attendre l’architecture financière internationale, notamment sa gouvernance, pour la rendre plus juste, efficace et inclusive.
Le commerce doit contribuer au développement durable, a-t-il poursuivi, ajoutant que la lutte contre l’insécurité alimentaire et pour la souveraineté sont des enjeux vitaux. Il a appelé à renforcer la coopération fiscale internationale, en se dotant d’un accord international pour lutter contre l’évasion fiscale. Enfin, le délégué a appelé à réduire le fossé numérique pour que les nouvelles technologies d’information, notamment l’intelligence artificielle, puissent réellement accélérer le développement durable, de façon éthique et sans donner naissance à de nouvelles exploitations numériques.
M. YAMANAKA OSAMU (Japon) a vu la Deuxième Commission comme le cadre idoine pour concrétiser les engagements pris par les États en termes de développement durable. Il a assuré que la délégation japonaise est disposée à travailler en ce sens au sein de la Commission, avant de présenter les mesures prises par son gouvernement pour aider les pays en développement, notamment pour garantir un accès à la santé pour tous. S’agissant des changements climatiques, il a estimé qu’il appartient à la communauté internationale de s’atteler à atteindre les objectifs collectifs, dont celui de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique. Il a aussi rappelé que son pays joue un rôle de chef de file dans le domaine du financement du développement, en particulier pour la redistribution de DTS non utilisés.
Mme CATHERINE MOGAKA (Kenya) a déclaré que les pays en développement ne peuvent pas réaliser de progrès significatifs s’ils sont embourbés dans des difficultés financières et confrontés au double fardeau des chocs climatiques et de la dette. La communauté mondiale doit donc établir un système proactif de gestion de la dette, a-t-elle conseillé. Les institutions financières internationales doivent, de leur côté, accroître les prêts concessionnels au moyen de DTS, attribués en fonction des besoins spécifiques, et non des droits. La déléguée a en outre estimé impératif de réformer le système financier mondial, notamment en matière d’évaluation des risques par les agences de notation.
Il faudrait selon elle établir également un mécanisme mondial de financement pour le climat, afin de garantir des financements dédiés, abordables et un capital accessible pour les investissements verts à grande échelle. Pour y parvenir, elle a recommandé de prendre un engagement durable dans des processus multilatéraux appropriés, pouvant aboutir à la création d’une nouvelle charte mondiale du financement climatique.
M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a évoqué les récents sommets qui ont eu lieu ces dernières semaines pour inviter la Deuxième Commission à traduire les engagements qui ont été pris en actes. S’agissant de la dimension économique et financière, il a souhaité que les réformes de l’architecture financière internationale soient accélérées afin d’assurer un financement plus juste pour le développement et une meilleure représentation des pays au sein des institutions financières mondiales.
En venant à la dimension sociale, le délégué a rappelé que l’éradication de la pauvreté reste l’objectif principal, ce qui impose de renforcer la sécurité alimentaire par le développement agricole, de garantir un travail décent et une protection sociale pour tous. Quant à la dimension environnementale, il a appelé les pays développés et les institutions financières internationales à fournir un soutien important aux pays en développement afin de promouvoir les technologies vertes, la finance verte, la gestion verte ainsi qu’une transition énergétique juste. À cet égard, le Viet Nam s’est associé à un groupe de pays pour proposer une résolution proclamant la période 2023-2034 Décennie internationale des sciences pour le développement durable.
Mme MERETE FJELD BRATTESTED (Norvège) s’est félicitée du Sommet sur les ODD, qui marque le début d’une phase de progrès accélérés vers le développement durable. Le système des Nations Unies pour le développement continuera à être au cœur de la solution, a ajouté la déléguée. Outre la réponse aux crises d’aujourd’hui, la communauté internationale doit se préparer aux crises de demain, a-t-elle prévenu, en soulignant que les effets des changements climatiques, la dégradation de l’environnement et la perte de biodiversité ont des effets négatifs sur tous les progrès dans tous les domaines. Les pays les plus vulnérables sont et seront les plus touchés et il est indispensable de veiller à ne laisser personne de côté, a-t-elle prié.
La représentante a appelé à travailler ensemble pour déverrouiller l’accès aux énergies renouvelables dans les économies émergentes. Globalement, elle a estimé que les droits humains, la démocratie, l’état de droit et l’égalité entre les genres doivent être placés au cœur des efforts de la communauté internationale. C’est la seule manière de veiller à ce que personne ne soit laissée de côté.
M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a estimé que la priorité absolue était la lutte contre la faim et l’extrême pauvreté, citant le discours du Président Luiz Inácio Lula da Silva en ouverture de la dernière Assemblée générale. Arguant que le défi climatique est le défi le plus visible, il a fait part des mesures mises en œuvre par le Brésil dans ce domaine depuis l’élection du Président Lula da Silva, il y a neuf mois. Regrettant que la déforestation de l’Amazonie ait augmenté de 50% depuis cette date, il a réaffirmé l’engagement de son pays à réduire celle-ci à néant d’ici à 2030. Saluant la future tenue de la COP30 dans la ville de Belém en 2025, le délégué a annoncé un nouveau programme pour la protection de ce biotope.
Poursuivant, le délégué a estimé que les pays en développement doivent jouer un rôle plus visible dans le système de gouvernance internationale. Il a appelé à réduire la bureaucratie et à donner plus de prêts concessionnels aux pays qui en ont le plus besoin. Constatant que le FMI avait récemment distribué des DTS à des pays européens, mais seulement 34 millions de dollars à l’Afrique, il a exhorté à la réforme de cette institution. Enfin, il a plaidé pour la réduction du fossé numérique mondial.
Mme REEM FAHAD O. ALOMAIR (Arabie saoudite) a indiqué que le Gouvernement saoudien donne la priorité au développement international, ayant accordé 2,7 milliards de dollars d’aide au développement en 2022, en conformité avec le ratio recommandé de 0,7% du PIB. En ce qui concerne le climat, elle a appelé à une approche équilibrée tenant compte des différentes circonstances nationales et régionales, en vue de favoriser la sécurité énergétique mondiale, et a défendu certaines nouvelles technologies comme la séquestration de carbone. L’Arabie saoudite agit pour protéger les ressources naturelles en luttant contre la désertification et la dégradation des sols, a-t-elle précisé, se réjouissant de la tenue l’année prochaine à Riyad de la Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Elle a enfin exhorté la communauté internationale à réduire le fossé numérique et à réaliser la transformation numérique afin de stimuler la croissance pour tous, en particulier dans les pays en développement.
M. GENG SHUANG (Chine) a observé que les actions pour le développement doivent être ressenties par tous. Pour cela, il a recommandé de travailler à la défense du multilatéralisme, de combattre l’unilatéralisme et le protectionnisme, tout en améliorant la gouvernance économique mondiale. Les pays développés, a-t-il demandé, doivent tenir leurs engagements en faveur des pays en développement, notamment en ce qui concerne l’aide publique au développement (APD) et le financement de l’action climatique. Ils doivent aussi adopter des politiques fiscales favorables à ces objectifs, a-t-il ajouté.
Le délégué a en outre misé sur le transfert des technologies, comme la 5G, pour répondre aux défis posés par les changements climatiques, réitérant l’engagement de son pays dans ce domaine avec les pays en développement. Concluant, il a rappelé que la Chine est la deuxième économie mondiale et qu’elle est prête à partager sa sagesse et son savoir-faire. La Chine invite tous les États à assister au troisième Forum de la route de la soie, qui aura bientôt lieu à Beijing, a conclu le représentant.
M. CHO HYUNWOO (République de Corée) a déclaré que son pays avait augmenté cette année son APD de 21,3%, visant une augmentation encore plus importante pour l’année prochaine malgré ses contraintes fiscales et financières. Il a indiqué que la République de Corée renforcera également ses investissements dans les domaines de l’éducation et de la formation, pour permettre aux générations futures de libérer tout leur potentiel.
De la même manière, elle continuera à accroître sa politique verte et à agir comme une « échelle verte » pour aider les pays vulnérables aux changements climatiques, notamment pour réduire leurs émissions de carbone et accroître leur résilience aux chocs climatiques. À cette fin, le pays s’est engagé à contribuer à hauteur de 300 millions de dollars au Fonds vert pour le climat pour sa deuxième reconstitution (2024-2027), en plus des 300 millions de dollars déjà versés depuis sa création. Enfin, la République de Corée est prête à jouer un rôle de premier plan pour combler le fossé numérique, comme un facteur clef pour atteindre les objectifs du Programme 2030, a indiqué son représentant.
Mme GALINA NIPOMICI (République de Moldova) a fait observer qu’après la pandémie de COVID-19 et alors que la guerre d’agression non provoquée que mène la Russie en Ukraine continue de faire rage, son pays fait face à de graves bouleversements économiques, une crise énergétique et des menaces hybrides. Néanmoins, les crises ont généré une mobilisation de la République de Moldova pour trouver des solutions aux défis actuels et améliorer la résilience face à d’éventuelles nouvelles crises, et ce, avec le soutien important de ses partenaires de développement. La représentante a toutefois déploré le coup d’arrêt porté à l’Initiative de la mer Noire, et l’utilisation de la nourriture comme une arme qui ne fait qu’aggraver la crise alimentaire mondiale.
En juin 2023, le Gouvernement a adopté le Plan d’action national « Construire une République de Moldova européenne » qui s’aligne sur les ODD, a annoncé la déléguée. Elle a cité des politiques récemment élaborées pour mener des actions concrètes visant à atténuer d’urgence les effets des changements climatiques, par exemple une feuille de route pour décarboner le secteur du transport. Les politiques sectorielles du pays accordent toujours la priorité à la protection du climat par le biais de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, a-t-elle ajouté.
M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) a noté que la pandémie de COVID-19 a mis les ODD en péril, ce qui demande de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Programme 2030. Cela dit, les crises offrent toujours une possibilité de changement, a-t-il rassuré, rappelant les engagements renouvelés lors du Sommet sur les ODD. Le représentant a mis en avant le rôle des technologies numériques pour le développement. Il a aussi plaidé pour le renforcement d’un environnement favorable au développement durable, évoquant les nouvelles réalités du Sud de l’Europe et de la Méditerranée en matière d’événements climatiques. Il a estimé que la transition verte peut être un moteur de croissance économique et de création d’emplois.
Abordant la question du financement du développement, le délégué a misé sur une action collective. Il a plaidé pour que des ressources suffisantes soient débloquées. En conclusion, il a appelé à donner un nouveau souffle aux Nations Unies pour faire face à la multiplicité des défis. Il n’y a pas de temps à perdre si la communauté internationale veut atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il mis en garde.
M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a listé les priorités de son gouvernement pour assurer une reprise forte et durable pour tous. Il a ainsi estimé essentiel de gérer correctement les pressions inflationnistes tout en relevant les défis de l’endettement; d’intégrer des mesures d’adaptation au climat dans les programmes de relance économique; d’adopter l’approche d’un développement vert, résilient et inclusif; d’aider les pays à renforcer la résilience aux catastrophes; de repenser l’architecture financière internationale; de réaffecter les 100 milliards de dollars de DTS non utilisés pour soutenir la croissance inclusive dans les pays en développement. Concernant la COP28, le représentant a vu une opportunité pour des actions concrètes contre les changements climatiques et a soutenu les initiatives d’aide au financement pour l’adaptation et l’atténuation dans les pays en développement.
Il a spécifié que la Côte d’Ivoire, signataire de l’Accord de Paris, s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 28% et à augmenter la part des énergies renouvelables à 42% d’ici à 2030. L’engagement du Gouvernement ivoirien se traduit également par la lutte contre la déforestation, a déclaré le délégué, faisant référence à des initiatives locales telles que l’Appel d’Abidjan et l’initiative « Abidjan Legacy Programme ». Enfin, il a évoqué le Programme social ivoirien lancé en 2019 visant à accélérer les projets à fort impact social.
M. PETER MOHAN MAITHRI PEIRIS (Sri Lanka) a souligné les défis financiers auxquels sont confrontés les pays à revenu intermédiaire et a réclamé un plan mondial pour aborder ces problèmes. Sur le plan économique, le délégué a rapporté une amélioration significative de la situation financière de Sri Lanka par rapport à l’année dernière, notamment une réduction considérable de l’inflation. Il a annoncé que ses efforts de réforme économique sont en cours d’évaluation par le FMI, tout en critiquant l’insuffisance des mécanismes financiers internationaux existants pour faire face aux défis actuels. Le représentant a insisté sur la nécessité d’un allégement immédiat de la dette pour les pays à faible revenu, sans lequel « nous pouvons oublier toutes les autres propositions que nous avons faites », a-t-il argué, paraphrasant le Président sri-lankais M. Ranil Wickremesinghe. Il a par ailleurs mis en avant l’engagement de son pays en faveur de l’action climatique et de la coopération Sud-Sud.
Se faisant l’écho des propositions du Groupe des 77 et de la Chine, le délégué a réaffirmé la nécessité urgente de réformer l’architecture financière internationale; d’atteindre les objectifs de l’APD; de promouvoir un système commercial multilatéral inclusif et transparent; d’éliminer les mesures coercitives unilatérales qui sapent les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies; de combler le fossé numérique; et d’augmenter le financement climatique, en particulier le fonds pour les pertes et les préjudices. Enfin, il a souligné qu’il était essentiel de restaurer la confiance et de raviver la solidarité mondiale pour aborder efficacement les défis mondiaux.
M. GUILLEM KALLIS BALDRICH (Andorre) a déclaré que, malgré sa petite taille, son pays a su prendre part à la lutte contre les changements climatiques, en tant que pays de haute montagne enclavé dans le massif pyrénéen et donc vulnérable aux changements climatiques. Andorre a mené des actions communes, en coopération avec la France et l’Espagne, dans le but de préparer des études transfrontalières sur les caractéristiques et les principaux enjeux et impacts des changements climatiques sur le massif pyrénéen. L’objectif final est de fournir des informations scientifiques rigoureuses pour contribuer à l’adaptation des territoires.
En plus de cela, Andorre a lancé, il y a 13 ans, un projet dit « École verte » qui sert de point de rencontre et d’échange d’idées, d’initiatives et d’actions environnementales menées dans les écoles du pays. La Principauté d’Andorre a en outre approuvé une stratégie nationale de l’économie circulaire, qui se fixe cinq objectifs majeurs, dont une augmentation du recyclage à 65% d’ici à 2035, une réduction de 50% du gaspillage alimentaire ou encore une consommation d’eau inférieure à 150 litres par personne et par jour, a expliqué le représentant.
M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne) a partagé le point de vue selon lequel, pour accélérer la réalisation des ODD, il est nécessaire de garantir un financement durable, approprié et efficace du développement. La Pologne a apporté sa part d’APD, qui a atteint l’année dernière une valeur record de plus de 3,5 milliards de dollars, soit 0,53% du PNB, a-t-il indiqué. Il a estimé que la transition vers un modèle économique durable, résilient et inclusif peut être rendue possible par une diffusion et une utilisation plus larges des technologies et des compétences numériques ainsi que des compétences « vertes ». Selon lui, l’utilisation des nouvelles technologies numériques, notamment l’intelligence artificielle, crée des possibilités de développement permettant de réduire les fractures numériques, y compris les fractures numériques géographiques et de genre.
Le représentant s’est en outre dit convaincu que les gouvernements nationaux ne peuvent à eux seuls atteindre les objectifs ambitieux du Programme 2030, sans une coopération accrue avec les autorités locales et régionales. Il a aussi souligné l’importance d’intégrer des mesures de résilience dans les politiques, programmes et investissements à tous les niveaux. La communauté internationale devrait se concentrer sur le renforcement de la résilience des systèmes alimentaires locaux, a-t-il proposé, avant d’assurer de la détermination de son pays à participer activement aux préparatifs des conférences sur les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits États insulaires en développement (PEID).
Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée) s’est félicitée du thème choisi pour ce débat général -« Œuvrer à un relèvement durable pour toutes et tous »- qui arrive à point nommé dans un contexte de catastrophes climatiques, de crises économiques, de guerres et de conflits géopolitiques, dont les pays en développement et les pays les moins avancés sont les premières victimes. Lors de la fondation des Nations Unies voici 78 ans, beaucoup espéraient que cette organisation internationale servirait d’antidote à ce type de crises, mais malheureusement, le système a dans son ensemble montré non seulement son incapacité à répondre aux besoins des peuples, mais s’est aussi avéré « une force de démolition au service des quelques puissants », a lancé la représentante. L’Érythrée en a fait l’amère expérience, a-t-elle fait observer, revenant sur son annexion à l’Éthiopie par une résolution de décembre 1950, contre la volonté du peuple érythréen. Aujourd’hui, l’Érythrée fait face aux effets néfastes de mesures coercitives unilatérales illégales qui sapent tous ses efforts d’œuvrer au relèvement durable, à la croissance et au développement.
La représentante a également déploré que « des questions cruciales qui préoccupent certains membres de cette famille internationale », y compris ceux de son pays, aient été ignorées et négligées lors des discussions et des consultations tenues récemment, notamment celles ayant abouti à la déclaration politique du Sommet sur les ODD, qui ont eu lieu il y a quelques jours. Elle a dénoncé cette tendance que l’on retrouve dans d’autres processus et consultations en lien avec la santé, l’action climatique et le financement du développement. Œuvrer à un relèvement durable pour toutes et tous n’est pas seulement une obligation morale, mais relève d’un choix intelligent et stratégique, a observé la représentante. Elle a conclu que l’action collective et la recherche du bien commun ne peuvent donner de fruits dans un monde d’inégalités où prévaut la loi de la jungle.
M. JASON HAN WEI TAN (Singapour) a insisté sur trois priorités clefs pour réaliser le Programme 2030. Tout d’abord, il a souligné qu’un système multilatéral fondé sur des règles est essentiel au maintien d’un environnement stable, ce qui implique une réforme des institutions internationales, y compris les Nations Unies, afin d’améliorer son efficacité et sa légitimité. Ensuite, un environnement propice à la numérisation et aux technologies est nécessaire à la promotion de l’innovation et à la mise en place de technologies indispensables au développement.
Enfin, la mobilisation de financements est fondamentale pour combler les lacunes existantes pour réaliser les ODD, a plaidé le délégué en soulignant qu’il faut entre 4 000 et 7 000 milliards de dollars par an pour combler l’écart. Il a aussi invité à refonder les institutions financières internationales et à investir dans les biens publics mondiaux, et donc dans l’avenir collectif. Des retards supplémentaires dans la réalisation du Programme 2030 ne sont pas envisageables, a-t-il prévenu.
M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) a salué l’organisation par son pays de la COP28 en 2023. Notant qu’il est impératif de réduire les émissions mondiales de 43% d’ici à 2030, il a exhorté à changer les modèles de financement, notamment en activant le fonds pour les pertes et les préjudices. Espérant que la COP28 sera un tournant qui marquera « le passage de l’ambition à l’action », le délégué a annoncé l’achèvement prochain du plus grand complexe de parc solaire à site unique au monde, qui aura une capacité de production de 5 000 mégawatts d’ici à 2030, et représente un investissement de 13 milliards de dollars. Les Émirats arabes unis comptent par ailleurs devenir l’un des principaux exportateurs d’hydrogène, avec une part de marché mondiale de 25% d’ici à 2030, a fait savoir le représentant. Enfin, il a affiché le désir de son pays d’apporter davantage de financements préférentiels via les banques multilatérales de développement.
Mme ANA PAULA BAPTISTA GRADE ZACARIAS (Portugal) a axé son intervention sur la coopération entre son pays et d’autres nations, annonçant que son pays copilotera les négociations sur deux textes majeurs: un sur la « réduction des risques de catastrophe », une initiative renouvelée en collaboration avec le Kenya; et l’autre sur la coopération Sud-Sud, avec le Maroc. La représentante a également évoqué l’organisation de la septième Rencontre internationale sur la coopération triangulaire à Lisbonne en octobre. Le Portugal a l’intention de contribuer au « partage du fardeau » au sein de l’Union européenne (UE) en négociant trois autres textes, a-t-elle encore annoncé. Le premier concerne le financement du développement, défi pour lequel une quatrième conférence internationale pourrait être un catalyseur potentiel, selon elle. En outre, a-t-elle ajouté, le Portugal se joindra à l’Irlande pour négocier un texte axé sur les petits États insulaires en développement (PEID); et à Malte sur le renforcement de la coopération pour la gestion intégrée des zones côtières.
La représentante a appelé à une approche ambitieuse en matière de climat et de biodiversité, rappelant que la deuxième édition du Forum sur l’économie bleue durable « Sustainable Blue Economy Investment Forum » se tiendra à Cascais en octobre. Elle a également mis en avant le rôle du numérique comme accélérateur du développement durable et a fait remarquer que le Portugal préside actuellement le groupe des nations numériques. Enfin elle a rappelé l’engagement de son pays à préparer la quatrième Conférence internationale pour les PEID et la troisième Conférence internationale pour les PMA en 2024.
M. DAMIANO BELEFFI (San Marin) a déclaré que les promesses faites dans le Programme 2030 sont en péril, avec des phénomènes comme l’inflation, la faim, la malnutrition, la pollution, les déplacements forcés, les catastrophes naturelles, l’intensification des conflits ou la crise climatique et hydrique, parmi d’autres causes. Cela montre qu’aucun État, même le plus puissant ou le plus technologiquement avancé, ne peut, seul, aborder ces défis, ni surmonter les difficultés. Il faut donc au niveau mondial un engagement à mettre en œuvre les traités internationaux, comme l’Accord de Paris sur le climat, le Programme 2030 ou encore la Convention des Nations Unies sur la biodiversité, et à réformer comme il se doit nos systèmes, y compris la gouvernance mondiale. Il a misé sur celle-ci pour garantir les financements voulus.
Le représentant a ensuite insisté sur les conséquences exacerbées qui pèsent sur les petits États insulaires en développement, comme le sien, notamment l’augmentation du niveau des mers, la hausse des températures ou les pluies abondantes. Dans ce contexte, il a plaidé pour la bonne mise en œuvre des programmes destinés au financement des politiques d’atténuation et d’adaptation. « Si nous échouons, les conséquences pour le climat, l’humanité et les droits humains seront catastrophiques. »
Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a remercié la communauté internationale pour son aide après le séisme qui a récemment dévasté le Maroc, assurant que le Royaume avait la volonté de se relever. En venant au bilan à mi-parcours de la réalisation du Programme 2030, la déléguée a estimé qu’une occasion en or était à saisir pour changer de paradigme et réformer les institutions internationales. Après avoir cité quelques feuilles de route adoptées au Maroc sur la voie du développement durable, elle s’est dite convaincue que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont essentielles à la réalisation des ODD. Elle a appelé à prendre des mesures concrètes afin de faciliter cette coopération. Il s’agit d’un processus fondamental pour répondre aux attentes des pays à revenu intermédiaire, a-t-elle soutenu.
Mme PETAL GAHLOT (Inde) a souligné l’importance de l’engagement politique collectif pour assurer un avenir inclusif, exprimant l’approche de l’Inde via son thème du G20: « Un monde, une famille, un avenir ». Elle a évoqué l’admission de l’Union africaine (UA) en tant que membre permanent du G20, visant à renforcer la voix des pays du Sud dans les discussions sur le développement durable et la réforme financière internationale. Mettant l’accent sur la nécessité d’une reprise durable pour tous, la déléguée a souligné que 83% de la population mondiale vit dans ces pays. Elle a cité plusieurs initiatives indiennes, y compris la fourniture de vaccins COVID-19 et le partage d’expertise en infrastructure numérique publique, comme des moyens d’aider les pays en développement à se remettre sur pied. Elle a aussi fait savoir que l’Inde avait réussi à sortir 415 millions de personnes de la pauvreté en 15 ans.
La représentante a également évoqué les progrès de l’Inde en matière d’engagements climatiques, notamment son objectif zéro émission nette pour 2070. Elle a souligné le rôle crucial des pays développés dans le financement du climat et du développement durable. Enfin, elle a mentionné l’engagement des pays développés à accroître le financement à bas coût, à hauteur de 100 milliards de dollars, indiquant que l’Inde est prête à soutenir la prochaine présidence brésilienne du G20 pour mener ces engagements à leur conclusion logique.
Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela), après avoir détaillé les multiples crises auxquelles son pays, comme de nombreux autres, doit faire face, a exposé sa position sur deux fronts cruciaux: les effets dévastateurs des sanctions et les enjeux des changements climatiques. Elle a souligné que l’embargo imposé par les États-Unis, qualifié de « terrorisme économique », ont entravé le développement de son pays, en évoquant 930 mesures punitives, soit plus de 232 milliards de dollars de pertes et plus de 30 tonnes d’or de réserves mises à sac par la Banque d’Angleterre. Malgré cela, a-t-elle déclaré, le Venezuela a montré une résilience remarquable, avec une croissance économique de 14% en 2022. Pour l’année en cours, sa prévision est de 5%.
Par ailleurs, la déléguée a exprimé de sérieuses préoccupations concernant les effets des changements climatiques sur la « Terre nourricière ». Elle a appelé à des mesures immédiates pour atténuer ces derniers et critiqué le manque d’action des pays développés. En soulignant le principe de « responsabilités communes mais différenciées », elle a fait part de ses espoirs de progrès tangibles lors de la prochaine COP28. Elle a conclu en exigeant la fin immédiate des « sanctions inhumaines » et en appelant à une action urgente sur le climat, indiquant que ces deux questions sont centrales pour le bien-être des peuples et la réalisation des ODD.
Mme ANA JIMENEZ DE LA HOZ (Espagne) a déclaré que la Deuxième Commission a la responsabilité de traduire dans la pratique l’élan politique donné lors de l’adoption du Programme 2030, alors que l’on assite, ces dernières années, à une accélération des crises d’ampleur planétaire. C’est dans cet esprit que le Président du Gouvernement espagnol a proposé que l’Espagne accueille sur son sol la quatrième Conférence sur le financement du développement, afin de contribuer à accélérer la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.
La représentante a misé sur cette conférence pour qu’elle apporte également cohérence et ambition aux différents processus en cours pour réformer l’architecture financière internationale, gérer la dette et mobiliser des ressources publiques et privées supplémentaires pour le développement durable. La déléguée a par ailleurs déclaré que la protection sociale est l’un des outils les plus efficaces dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Pour cette raison, elle a exprimé son attachement aux droits sexuels et reproductifs et espéré qu’il n’y ait pas de recul en la matière.
M. DMITRY S. CHUMAKOV (Russie) a plaidé pour un développement économique et social durable axé sur la réduction de la pauvreté et l’atténuation des inégalités, insistant sur la numérisation, le soutien aux petites et moyennes entreprises et les investissements ciblés dans l’infrastructure. Il a vanté l’expansion de l’alliance BRICS, qui selon lui « dépasse déjà le PIB des pays du G7 », et s’est fait l’écho de la demande des pays du Sud pour un rôle accru dans la gouvernance mondiale. Citant la professeure Jayati Ghosh, il a attiré l’attention sur le fait que les engagements financiers réels pour les changements climatiques et le développement ne correspondent pas aux montants déclarés. Le représentant a identifié des problèmes cruciaux comme la dette des pays en développement et l’impact de la politique monétaire des pays développés. Il a également mis en garde contre le nouveau « protectionnisme vert » qui pourrait affecter les pays en développement et recommandé de chercher des solutions dans le rétablissement d’un système commercial multilatéral efficace.
Critiquant certaines « distorsions » contenues dans les rapports de l’ONU sur la réduction des risques de catastrophes, le délégué a contesté l’attribution des crises socioéconomiques, notamment alimentaire, mondiales au conflit en Ukraine, arguant que cette situation résultait d’une politique agressive de l’Ouest et de l’expansion de l’OTAN. Citant à nouveau Mme Ghosh, et s’appuyant sur des chiffres de la FAO, il a affirmé que les crises alimentaires et énergétiques de 2022 n’étaient pas liées au conflit ukrainien, mais aux mécanismes systémiques du marché international des matières premières. Enfin, le représentant a regretté que le Secrétariat de l’ONU n’ait pas bien évalué l’impact négatif des sanctions unilatérales sur les pays en développement, appelant ses collègues à concentrer leur attention sur celles-ci, tout en cherchant des solutions durables, telles que la diversification des chaînes d’approvisionnement et le recours aux devises nationales dans les transactions.
Mme HIBA JAFAAR ABUBAKR ABUHAJ (Soudan) a demandé une levée des sanctions onusiennes contre le Soudan, qui perdurent depuis 10 ans et sont injustifiées. Le Soudan a fait face aux multiples crises mondiales, a-t-elle rappelé, en expliquant que cela a détérioré la situation économique du pays. Ces défis sont restés sans solution et ont été exacerbés par la tentative de rébellion des forces d’appui rapide, a expliqué la représentante. Elle a aussi parlé de la situation humanitaire au Soudan, qui est actuellement complexe en raison de la destruction à grande échelle des infrastructures et de la paralysie de centres de santé, raisons pour lesquelles il a besoin d’un soutien d’urgence. La représentante a appelé la communauté internationale à renforcer les capacités de l’État afin qu’il puisse assumer ses responsabilités et répondre aux besoins de la nation en matière de prospérité et de développement.
M. VLADAMIR KURT SEAN BUDHU (Trinité-et-Tobago) s’est inquiété du nombre sans précédent de crises, qui mettent à rude épreuve les économies et les communautés, et imposent des mesures d’urgence. Il a appelé à redoubler d’efforts au niveau international, notamment pour soutenir les pays les plus en retard. Les efforts collectifs demandent une mise en œuvre totale des engagements pris pour la planète et pour les peuples, a-t-il noté, citant notamment les transferts de technologies, l’élargissement de l’APD et le renforcement de la coopération internationale à tous les niveaux.
S’agissant des changements climatiques, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montre clairement que nous allons dans le mur et que les conséquences ne peuvent être que désastreuses pour l’humanité, a poursuivi le délégué en prônant des actions concrètes pour stabiliser le climat. Par ailleurs, il a fait observer que l’économie mondiale et les changements climatiques font peser une menace encore plus lourde sur les PMA, les PDSL et les PEID, comme la Trinité-et-Tobago, qui se voient souvent refuser l’accès à des financement essentiels ou à l’allégement de la dette.
Mme LINOUSE VILMENAY JOSEPH (Haïti) a souligné les effets durables de la pandémie de COVID-19 sur le commerce, l’économie et la santé dans les PMA, entraînant l’annulation des gains obtenus pour atteindre les ODD. Elle s’est réjouie de l’engagement pris par la communauté internationale lors de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, à Doha en 2023. Évoquant les programmes ciblés d’assistance technique pour les PMA et les PEID, la déléguée a salué l’efficacité du Cadre intégré renforcé pour les PMA et de l’initiative Aide pour le commerce, tout en plaidant pour qu’ils ne remplacent pas l’APD.
Elle a abordé le rôle de la technologie, notamment de l’intelligence artificielle, dans le développement durable et a plaidé pour une réglementation qui encourage la coopération internationale et le transfert de technologies, mentionnant l’Accord de Paris et l’OMC en ce qui concerne la propriété intellectuelle. Enfin, la déléguée a évoqué la situation sécuritaire critique de son pays, aggravée par des tremblements de terre et des cyclones, et créant une crise humanitaire « avec des déplacés qui occupent de façon spontanée plusieurs sites pour échapper à la violence des gangs ». Elle a exprimé sa gratitude envers les différents partenaires internationaux et réaffirmé l’attachement d’Haïti à remédier aux vulnérabilités globales.
M. KYAW MOE TUN (Myanmar) s’est ému de la situation dans son pays, mettant en relief les défis économiques et humanitaires engendrés par le coup d’État militaire de février 2021. Il a rappelé que sous le Gouvernement civil élu, le pays avait connu une croissance économique constante, même pendant la pandémie de COVID-19, avec un taux de croissance annuel moyen du PIB de 6,2% entre 2016 et 2019. Cependant, « le coup militaire illégal et les atrocités de la junte ont renversé tous les progrès antérieurs », a-t-il déclaré. Près de deux millions de déplacés; plus de 18 millions de personnes nécessitant une aide humanitaire; près de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté national; plus de 75 000 biens civils incendiés ou détruits; et une économie nationale instable marquée par l’inflation et la pénurie de ressources: tel est le bilan de la junte militaire, selon le délégué.
Face à ces défis, il a indiqué que le Gouvernement d’unité nationale travaille en collaboration avec divers partenaires pour fournir une assistance humanitaire indispensable. En outre, les participants au mouvement de désobéissance civile se voient offrir une aide pour leur permettre de créer de petites entreprises. Insistant sur la nécessité de retrouver la paix et la stabilité, le représentant a exhorté la communauté internationale, en particulier les Nations Unies, à apporter un soutien fort et efficace pour mettre fin à la dictature militaire et restituer le pouvoir au Gouvernement civil élu.
Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a dit partager le point de vue de la majorité des membres de l’Organisation et de son Secrétaire général, notamment qu’il est essentiel de réformer les institutions financières internationales pour accroître la capacité du système, augmenter la participation des pays en développement et faire en sorte qu’ils puissent accéder aux ressources de manière durable pour investir dans leur développement. Cela va de pair avec une réforme des critères d’éligibilité actuels qui pénalisent les pays à faible revenu, a-t-elle ajouté, en demandant de revoir les critères existants. Il a prôné à cet égard des mesures de progrès qui aillent au-delà du revenu et qui reflètent les vulnérabilités multidimensionnelles.
La représentante a aussi plaidé en faveur de nouvelles alliances, avec de multiples acteurs, notamment le secteur privé et le monde universitaire, pour mobiliser et partager les connaissances, les expériences, les technologies et les ressources. Elle a jugé également nécessaire de renforcer les finances publiques et la coopération internationale, ainsi que la coopération Sud-Sud et triangulaire. De la même manière, elle a appelé au respect de l’environnement et à la protection de la biodiversité et des écosystèmes, son pays étant très vulnérable aux effets des changements climatiques. Il faut une action plus ambitieuse pour renforcer les capacités des États et accroître le financement pour l’adaptation et la résilience, a-t-elle conclu.
M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a plaidé pour un meilleur système financier international, qui soit plus équitable, disant soutenir la réforme des banques multilatérales de développement. Il a appelé au déblocage de plus de 200 milliards de dollars de financements supplémentaires au cours des 10 prochaines années et à une architecture financière internationale qui mobilise mieux l’investissement privé. Cela signifie également une meilleure inclusion des plus pauvres et des plus vulnérables, a-t-il fait valoir. Le délégué a aussi parlé de la détermination de son pays à mettre fin aux flux financiers illicites, y compris par l’intermédiaire de la City de Londres.
À l’approche de la COP28, il a appelé à redoubler d’efforts pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C, réduire les émissions, passer aux énergies renouvelables et protéger au moins 30% des terres et des océans d’ici à 2030. Il a aussi soutenu l’opérationnalisation d’un fonds sur les pertes et les préjudices, qui soit coordonné avec d’autres fonds. Il a souhaité également discuter pendant la session de la réduction des risques de catastrophe. Enfin, le délégué a dit miser sur la science, les preuves et les données pour accélérer la réalisation des ODD, son pays étant déterminé à établir des partenariats scientifiques ouverts et égaux avec les pays en développement. Il a aussi exprimé son engagement continu à obtenir des résultats progressistes pour les femmes et les filles au cours de cette session.
M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a déclaré que l’on ne pouvait plus maintenir le statu quo alors que des millions de personnes tombent dans la pauvreté pour la première fois depuis près d’un quart de siècle. L’objectif ne devrait pas être simplement de revenir aux conditions d’avant la pandémie, mais de construire un monde plus juste et plus résilient pour tous, « inspiré par l’expérience et éclairé par le recul ». Le relèvement durable signifie aborder les dimensions économiques, sociales et environnementales du développement de manière intégrée, mais aussi investir dans les énergies renouvelables et les technologies vertes pour lutter contre les effets des changements climatiques tout en créant des emplois verts.
Pour réaliser cette vision, nous devons travailler collectivement, a recommandé le représentant, en prônant la collaboration à tous les niveaux, du local au mondial, et ce jusqu’en 2030. « Nous devons impliquer les gouvernements, la société civile, le secteur privé et les organisations internationales dans un effort coordonné pour mobiliser des ressources, partager des connaissances et mettre en œuvre des mesures de relance durable. » À cette fin, il a souligné l’importance du multilatéralisme, appelant à réaffirmer l’engagement commun envers le Programme 2030 et à aligner les efforts de relance sur ces objectifs universels.
Mme RAWA ZOGHBI (Liban) a relevé que l’insécurité alimentaire, l’endettement et l’inflation viennent exacerber les facteurs de stress déjà existants, comme les changements climatiques et les conflits. Le Liban accueille plus de 1,5 million de réfugiés syriens, ce qui a eu de graves répercussions économiques et sociales dans le pays et a sapé son développement durable, a-t-elle fait remarquer. La représentante a de nouveau lancé un appel à partager ce fardeau.
L’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions suppose une réforme globale de l’architecture financière internationale qui réponde véritablement aux défis des pays en développement, a-t-elle poursuivi. Elle a demandé notamment, pour accorder les financements nécessaires au développement, d’adopter des critères qui aillent au-delà du PIB et de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle. La représentante a réitéré la nécessité de renforcer le financement de base de l’ONU.
M. ARB KAPISYZI (Albanie) a jugé impératif de se remettre sur les rails du développement durable, en renforçant la résilience aux chocs à venir et en veillant à une reprise inclusive, juste et durable pour toutes et tous, une priorité pour la communauté internationale. En ce sens, la Deuxième Commission a un rôle important et constructif à jouer, a fait observer le représentant, espérant des résultats tangibles. Le représentant s’est par ailleurs inquiété des répercussions mondiales de l’agression injustifiée, non provoquée et illégale de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.
Revenant au Programme 2030, le délégué a fait valoir les progrès accomplis par l’Albanie pour atteindre les ODD, soulignant toutefois que les gouvernements ne peuvent y parvenir seuls: ils ont besoin de la collaboration de la société civile, du monde universitaire, des entreprises et d’autres acteurs essentiels. Il a fait remarquer que les partenariats efficaces aident les pays non seulement à trouver des solutions novatrices, mais aussi à promouvoir une bonne gouvernance des entreprises et des investissements ciblés à long terme afin de mobiliser les ressources supplémentaires nécessaires au développement.
Mme STEFANY ROMERO VEIGA (Uruguay) a confirmé l’engagement de son pays à réaliser pleinement et rapidement les ODD no 7 (énergie propre et à coût abordable) et no 13 (lutte contre le changement climatique), promettant une transition réussie vers les énergies renouvelables, qui ont représenté 56% de l’approvisionnement énergétique et 91% de la production d’électricité de l’Uruguay en 2022. La représentante a mis l’accent sur d’autres piliers de la transition énergétique, notamment des mesures concernant les secteurs du transport et de l’industrie comme la mobilité électrique et l’efficacité énergétique. À propos des changements climatiques, elle a souligné l’importance de la COP28 et a estimé que le Fonds pour les pertes et les préjudices doit être accessible à tous les pays en développement, sans discrimination. Elle a insisté sur la nécessité de systèmes agroalimentaires durables pour la sécurité alimentaire mondiale, et a dévoilé les plans de l’Uruguay visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’à préserver la biodiversité.
En outre, la déléguée a jugé nécessaire de réexaminer les subventions qui faussent le commerce, appelant à un système commercial « ouvert, transparent, et équitable ». Au sujet du financement et la responsabilité, elle a plaidé pour des actions coordonnées et des ressources financières accrues, notamment par le biais d’un marché international de crédits de carbone, avec des « responsabilités communes mais différenciées », a-t-elle souligné. Elle a également évoqué l’importance de l’égalité des genres et de l’élimination de toutes formes de violence, affirmant que la participation équitable des femmes et des filles dans la prise de décisions est impérative. Enfin, elle a appelé à renforcer la coopération internationale et le multilatéralisme, pour une prospérité plus équitable, en mesurant les besoins selon des critères allant « au-delà du PIB ».
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a d’abord insisté sur la nécessité d'une réforme urgente de l’architecture financière internationale, soulignant l’importance de l’accès aux moyens de financement, au développement des capacités et à la coopération Nord-Sud pour atteindre les ODD. En ce qui concerne l’environnement, il a affirmé que l’Équateur a pris des mesures proactives malgré sa contribution minime aux émissions globales, en mettant en œuvre diverses stratégies telles que le Programme « Équateur zéro carbone » et le Plan national de transition vers la décarbonation pour 2050.
Pour ce qui est de la préparation aux catastrophes, le représentant a conclu que la résilience et la préparation sont essentielles pour réduire les risques, particulièrement en prévision des effets du phénomène El Niño. L’Équateur, coprésident du Comité intergouvernemental chargé de négocier un futur traité sur la pollution par les plastiques, s’engage également à mener des négociations justes, transparentes et inclusives, a assuré le représentant. Il a, enfin, évoqué les défis liés à la migration, en faisant remarquer que l’augmentation des flux migratoires pourrait être un symptôme d’autres problèmes sociaux, notamment la pauvreté, la marginalisation et l’insécurité, aggravés par le retard dans la réalisation des ODD.
Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a souligné qu’à mi-parcours du Programme 2030, nous traversons une période de troubles et d’incertitude: les économies continuent de souffrir des perturbations provoquées par la pandémie de COVID-19; les conflits géopolitiques continuent d’exacerber les crises alimentaires et énergétiques; et les impacts des changements climatiques continuent de faire des ravages. De tels défis mondiaux nécessitent des solutions mondiales, et pour cette raison, la représentante a réaffirmé son attachement au multilatéralisme pour faire avancer les solutions dont le monde a désespérément besoin.
Elle a expliqué que la priorité doit être d’assurer la sécurité alimentaire mondiale, dans le contexte où, l’an dernier, près de 800 millions de personnes ont été confrontées à la faim. Il faut également assurer une transition énergétique alors que 900 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Il faut en outre progresser vers un plan de financement du développement, notamment par la réforme urgente de l’architecture financière internationale, a-t-elle encore réclamé. À cet égard, elle a jugé que la mise en œuvre de l’Initiative de Bridgetown, et l’opérationnalisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et du fonds pour les pertes et les préjudices sont des étapes importantes pour avancer.
M. DUŠAN VUJAČIĆ (Serbie) s’est dit fermement convaincu que la coopération multilatérale et la collaboration sont la clef de la réalisation des objectifs et intérêts communs. Investir dans la science constitue l’une des principales priorités dans la réalisation du Programme 2030, a-t-il souligné. En tant qu’initiateur du projet de résolution sur la « Décennie internationale de la science au service du développement durable 2024-2033 », la Serbie maintient son engagement indéfectible envers cette initiative, a-t-il dit. Il a ajouté que son pays devrait accueillir « l’exposition spécialisée EXPO » en 2027, qui servira de plateforme pour l’innovation, le développement et les solutions créatives.
Le représentant a également présenté les mesures prises par son pays pour lutter contre les effets des changements climatiques, notamment l’adoption d’un programme de réduction, d’ici à 2030, des émissions de gaz à effet de serre de 33,3% par rapport aux niveaux de 1990. Le programme de développement de l’économie circulaire de la Serbie pour la période 2022-2024 renforce pour sa part l’engagement en faveur de la transition verte, couvrant des domaines clefs tels que la gestion des déchets et de l’eau, les sources d’énergie renouvelable, la gestion des produits chimiques, l’innovation et la sensibilisation à la protection de l’environnement.
M. BAUYRZHAN KERIMKULOV (Kazakhstan) s’est inquiété des problèmes multiples qui ont inversé les progrès vers les ODD et de la difficulté à assurer un relèvement durable pour tous. Les défis sont liés et se renforcent mutuellement, ce qui exige des solutions multidimensionnelles, a-t-il argué. En ce sens, il a demandé de se focaliser sur les pays les plus désavantagés et plaidé pour un système commercial multilatéral ouvert, transparent et inclusif fondé sur les règles de l’OMC. Il est également nécessaire de réfléchir à un meilleur système alimentaire mondial, sachant que plus de 600 millions de personnes pourraient être confrontées à la faim en 2030, a-t-il réclamé. S’agissant des changements climatiques, le Kazakhstan y voit un problème existentiel, a dit le représentant. C’est pourquoi son pays a proposé d’accueillir en 2026 un sommet régional sur le climat sous les auspices des Nations Unies.
M. BADER AZIZ R. M. KH. ALDEHANI (Koweït) a mis en évidence les partenariats régionaux et internationaux pour répondre aux défis internationaux et transfrontaliers face aux catastrophes naturelles qui touchent le monde et le Moyen-Orient. Il a rappelé qu’il y a 33 ans, les Koweïtiens ont vécu une expérience amère, à savoir l’invasion de leur pays et l’incendie délibéré de centaines de puits de pétrole. Ils n’ont pas oublié depuis le soutien qu’ils ont reçu de divers pays, a-t-il assuré. Le représentant a déclaré que son pays, mobilisé contre le réchauffement planétaire, a annoncé, en marge de sa participation à la COP27, qui s’est tenue l’année dernière en Égypte, son engagement à atteindre la neutralité carbone dans les secteurs pétrolier et gazier d’ici à 2050 et dans tous les secteurs et industries d’ici à l’année 2060. Il a également inauguré l’an dernier une station de stockage et de dessalement de l’eau grâce à l’énergie photovoltaïque, d’une capacité de production de 30 mégawatts, tandis qu’un conglomérat a l’intention de construire un complexe de production d’énergie solaire d’une capacité de cinq gigawatts, a ajouté le délégué.
Mme GLADYS MOKHAWA (Botswana), qui a souligné l’importance de mettre en œuvre le Programme 2030, a égrené les obstacles sur cette voie, dont les changements climatiques et les perspectives économiques incertaines. Cette situation n’a pas empêché le Botswana de bâtir une relance durable pour tous grâce à une gestion solide de l’économie nationale et à des investissements dans les secteurs à fort potentiel, s’est-elle enorgueillie. Pour sortir du cycle de la pauvreté, de la famine, de la crise sanitaire et des autres crises, elle a vanté la politique lancée par son gouvernement pour renforcer la croissance économique, créer des emplois, augmenter la productivité et améliorer la qualité de vie de la population.
L’exécutif mise sur la croissance du secteur des technologies qui offre des opportunités considérables pour réaliser la vision 2030, a poursuivi la représentante avant de signaler le lancement d’une stratégie de numérisation dont l’objectif est d’arriver à une société fondée sur la connaissance numérique. Cette stratégie met l’accent sur la coopération et les investissements dans la recherche et le développement, a-t-elle dit précisant qu’elle repose aussi sur la solidarité et la coopération internationales. La représentante a ensuite plaidé pour des partenariats de qualité en faveur des pays en développement, en particulier les pays en développement sans littoral, au moment où l’on se prépare à la troisième Conférence sur les PDSL au Rwanda en juin 2024.
M. ANDRÉS NAPURÍ PITA (Pérou) a mis en avant les progrès effectués par son pays dans l’accomplissement des ODD, notamment la fourniture d’une couverture médicale à la quasi-totalité de sa population, et la mise en œuvre des initiatives, citant le programme « Wiñay Warmi » grâce auquel plus de 620 000 Péruviennes bénéficient d’un emploi décent. Sur la question environnementale, le représentant a mis en avant la coalition nationale d’économie circulaire appelée « Perú País Circular » et a mentionné le reboisement réussi de cinq millions d’arbres, ainsi que les engagements pris lors du Sommet de l’Amazonie pour augmenter les zones de conservation.
Face à la menace imminente du phénomène climatique El Niño, le délégué a mentionné l’investissement de son pays de plus d’un milliard de dollars dans des mesures préventives et a appelé à une coopération internationale pour gérer ces risques. « La transition vers un modèle de développement durable sera une expérience tumultueuse », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’adopter des approches multidimensionnelles pour aborder les défis de la pauvreté et des changements climatiques. Enfin, il a insisté sur l’inclusion des pays à revenu intermédiaire dans les solutions globales et a appelé à des mesures qui vont « au-delà du PIB » pour mesurer le progrès.
Mme YANG AISHAH BINTI ADNAN (Malaisie) a dit soutenir les appels à la revitalisation des institutions multilatérales, pour parvenir à une refonte de l’architecture financière internationale, de nature à renforcer l’aide aux pays en développement. Simultanément, elle soutient le maintien d’un système commercial multilatéral libre et équitable, facilitant la circulation transfrontalière sans entrave de produits cruciaux, notamment la nourriture, l’énergie, les vaccins et les médicaments, entre autres. La représentante a également déclaré que sa délégation continuera de participer aux discussions sur le Pacte numérique mondial. De la même manière, son gouvernement contribue activement à l’effort mondial de lutte contre les changements climatiques. La Malaisie, a-t-elle indiqué, appelle aussi les pays développés à honorer leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir les ambitions climatiques des pays en développement, selon le principe des responsabilités communes mais différenciées, a ajouté la déléguée.
M. HUSSEIN ATHMAN KATTANGA (République-Unie de Tanzanie) a souligné l’importance de la coopération pour éviter de graves revers de développement et reprendre de l’élan d’ici à 2030. Pour qu’il en soit ainsi, a ajouté le représentant, il faut augmenter les investissements et les transferts de technologies, ainsi que renforcer les capacités, notamment dans les domaines de l’industrialisation, des infrastructures, de l’agriculture, de l’eau, de l’énergie, de l’éducation et de la santé. Il a aussi souligné l’importance de disposer d’un appui financier prévisible et durable.
La République-Unie de Tanzanie a fait des progrès considérables s’agissant des ODD no 2 (faim zéro) et no 7 (services énergétiques fiables), a poursuivi le délégué. Il a assuré que son gouvernement est déterminé à mieux mobiliser les ressources nationales en capitalisant sur les partenariats public-privé dans les secteurs du service social, de l’agriculture, de l’entrepreneuriat agricole, de la création de valeurs, des infrastructures et du renforcement des capacités et des compétences des jeunes. Le représentant a plaidé pour la réforme des institutions financières multilatérales pour qu’elles puissent fournir des investissements à grande échelle et relever les défis auxquels font face les pays en développement. Pour accélérer le développement, le délégué a aussi appelé au règlement pacifique des conflits et à mener des actions urgentes pour contrer les conséquences des changements climatiques en Afrique.
Mme SOPHEA EAT (Cambodge) a mis en avant les bonnes performances de son pays sur la voie des ODD, avec 72,5% des indicateurs « sur la bonne voie » et une croissance prévue du PIB de 5,6% cette année. « Nous sommes optimistes que le Cambodge puisse passer du groupe des PMA à celui des pays à revenu intermédiaire d’ici à 2027 », a-t-elle déclaré tout en reconnaissant que pour maintenir cette progression, le Cambodge devra croître à un taux moyen de 7% et réduire la pauvreté d’au moins 1% par an.
La représentante a révélé la nouvelle stratégie de développement du Cambodge, dite « Stratégie du Pentagone », qui se concentre sur cinq piliers stratégiques. Premièrement, le développement du capital humain par l’éducation, la formation technique et les soins de santé. Deuxièmement, l’amélioration de la diversification économique et de la compétitivité. Troisièmement, le développement du secteur privé pour créer de meilleures opportunités d’emploi. Quatrièmement, des actions innovantes pour garantir un développement résiliant, inclusif et durable. Et cinquièmement, le développement de l’économie et de la société numérique. En conclusion, la représentante a insisté sur l’accélération des réformes de gouvernance du Cambodge pour assurer une administration publique efficace et intègre, rappelant que la paix, la stabilité politique et économique, ainsi que la sécurité resteraient les priorités de son gouvernement.
Mme LETICIA MARÍA ZAMORA ZUMBADO (Costa Rica) a souligné l’importance d’une réforme du système financier international, appelant à des mécanismes plus justes pour mieux répartir les coûts liés au financement du développement, et plaidant pour un changement des mécanismes d’aide au développement, par le biais d’indicateurs « au-delà du PIB ». Elle a mis l’accent sur la vulnérabilité de la région face aux phénomènes météorologiques extrêmes, comme El Niño, et a évoqué la nécessité d’une approche systémique pour la résilience, la préparation et la réponse aux crises. Elle a cité des initiatives internationales comme le Cadre mondial de la biodiversité Kunming-Montréal et les Engagements de Charm el-Cheikh pour accélérer la réalisation des objectifs de l’eau et de l’assainissement en Afrique. Enfin, la représentante a mentionné plusieurs programmes nationaux visant à une transition juste vers le développement durable, tels que la Stratégie des objectifs de développement durable, le Système national de soins et le Système national d’information et de registre unique des bénéficiaires de l’État (SINIRUBE).
Mme ALSHARBATI (Bahreïn) a déclaré que son Royaume a lancé sa propre vision 2030 dès 2008, basée sur la compétitivité. Le Programme 2030 a été ensuite intégré aux activités du Gouvernement. Depuis lors, grâce aux mesures collaboratives, les problèmes ont été transformés en solutions, avec des appuis fournis aux secteurs publics et privés. Près d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) a été investi dans le développement, s’est enorgueillie la représentante avant de signaler que l’expérience de Bahreïn a été partagée avec 48 pays au sein de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Bahreïn, qui a beaucoup investi dans la technologie, est classé par la Banque mondiale premier en ce qui concerne l’accès à Internet, et deuxième dans l’indice de développement humain (IDH) selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Bahreïn s’est en outre engagé à 0% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2060, a indiqué la représentante.
Mme MONTSERRAT GONZALEZ (Chili) a prévenu qu’en pleine période de mise en œuvre du Programme 2030, il est essentiel d’accélérer les efforts pour atteindre ses buts et objectifs, notamment par un multilatéralisme renouvelé. La coopération Sud-Sud est un outil nécessaire et même très précieux pour faire face aux défis, a reconnu la représentante. Elle a aussi jugé qu’il y avait un besoin urgent de surmonter les obstacles majeurs en ce qui concerne les technologies de l’information et des communications (TIC), dont les pays en développement ont besoin pour combler les écarts numériques. De la même manière, il est essentiel d’abandonner les politiques protectionnistes et de réformer le système financier international et son architecture, a plaidé la représentante.
Droits de réponses
Dans un droit de réponse, l’Arménie a rappelé que dans la mesure où le développement durable ne saurait être atteint sans la paix, il était tout à fait légitime pour elle d’évoquer dans son intervention de la veille l’invasion illégale, en violation flagrante du droit international, du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan. Elle a dénoncé « l’épuration ethnique » selon elle en cours dans la région, où plus de 100 000 personnes ont déjà fui, et a regretté que l’Azerbaïdjan empêche la mission de l’ONU de se rendre sur place.
L’Azerbaïdjan a répondu que depuis le cessez-le-feu du 10 novembre 2020, l’Arménie avait maintenu dans le Haut-Karabakh « plus de 10 000 hommes lourdement armés », qui ont attaqué le territoire azerbaïdjanais, notamment avec des mines fabriquées en Arménie. « Aucun État ne peut accepter » une telle provocation, a-t-il argué, estimant que son initiative était une légitime défense et assurant que toutes les mesures nécessaires avaient été prises pour ne pas cibler les civils. Niant toute épuration ethnique, la délégation a ajouté que les objectifs militaires de son pays avaient été atteints et que des mesures concrètes avaient été prises pour fournir de l’aide humanitaire aux résidents, avec le soutien de la Fédération de Russie et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
L’Arménie a rétorqué que les populations du Haut-Karabakh « n’ont pas quitté leur maison par plaisir mais parce qu’on les a obligées à partir » et a répété qu’il s’agissait là d’un « crime contre l’humanité ». L’Arménie fait toutefois de son mieux pour négocier une paix durable dans la région, a-t-elle assuré.
Reprenant la parole, l’Azerbaïdjan a qualifié la déclaration de la représentante arménienne « d’immorale ». La délégation a réaffirmé que son pays était multiethnique et multireligieux, et que les « Arméniens ethniques » du Haut-Karabakh peuvent en faire partie s’ils le souhaitent. Promettant de faciliter leur retour, la délégation a dit la détermination de l’Azerbaïdjan à renforcer la paix, à réintégrer les réfugiés et à investir dans les capacités nationales pour la détection des menaces contre son peuple et pour la souveraineté territoriale de son pays.