Soixante-dix-huitième session,
2e et 3e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3583

Deuxième Commission: la réforme du système financier international au coeur du débat général

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a ouvert son débat général, ce lundi, sur le thème « Œuvrer à un relèvement durable pour toutes et tous », dans un contexte de crises multiples qui « réduisent nos perspectives d’atteindre le développement durable », s’est inquiété son Président Carlos Amorín. 

Voyant « un appel urgent à l’action » dans la déclaration politique adoptée lors du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) les 18 et 19 septembre, il a suggéré plusieurs pistes pour « ne laisser personne de côté »: transformer le soutien verbal en financements et en investissements concrets dans les pays en développement; agir spécifiquement sur les six transitions clefs des ODD que sont l’alimentation, l’énergie, la numérisation, l’éducation, la protection sociale et les emplois, et la biodiversité; et enfin, réformer l’architecture financière internationale.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Li Junhua, a ajouté à cette liste la nécessité de transférer les technologies les plus prometteuses, comme les énergies vertes ou l’intelligence artificielle, vers les pays en développement.

Conviée à approfondir ces pistes, l’économiste indienne Jayati Gosh, professeure à la University of Massachusetts Amherst, a d’abord exhorté la communauté internationale à reconnaître les contraintes structurelles qui pèsent sur les ODD et, partant, à réformer d’urgence l’architecture financière internationale, qui dans son état actuel ne fait qu’aggraver le fardeau de la dette.  Le service de la dette des pays à faible revenu s’élève ainsi à 171% de leurs dépenses de santé, d’éducation et de protection sociale, tandis que celui des pays à revenu intermédiaire atteint 104%, ce qui n’est pas davantage tenable, a expliqué Mme Gosh.  De plus, tous ces pays sont actuellement pénalisés sur les marchés financiers, leur « spread » s’étant envolé depuis 2020, dans un contexte de volatilité des capitaux résultant des politiques macroéconomiques mise en place dans les pays développés pour leur seul bénéfice.  S’ajoute à ce tableau peu réjouissant un financement encore insuffisant de l’aide au développement et un régime fiscal mondial désavantageant les pays en développement.

Toutes ces contraintes résultent cependant de décisions politiques, a-t-elle insisté, et elles peuvent donc être rectifiées.  Pour ce faire, elle a tout d’abord préconisé une émission immédiate de droits de tirage spéciaux (DTS) par le Fonds monétaire international (FMI) afin de fournir un soutien en liquidités.  Répondant aux demandes de précisions du Pakistan, elle a indiqué que le FMI avait mis en place un Fonds résilience et durabilité, d’abord d’un montant de 100 milliards de dollars, puis de 40 milliards, et finalement de 20 milliards.  « Une goutte d’eau par rapport aux besoins », a-t-elle toutefois reconnu. Les pays qui ont besoin de DTS doivent y avoir accès en fonction de critères objectifs et transparents, ce qui implique un changement de politique, a argué Mme Ghosh. 

Ensuite, elle a appelé à une résolution rapide et efficace de la dette souveraine, en réunissant tous les créanciers autour de la table et en imposant des solutions aux créanciers privés potentiellement récalcitrants.  Cette question a suscité beaucoup d’intérêt de la part des délégations, notamment de l’Argentine et de la République islamique d’Iran qui ont appelé à la réforme des institutions financières internationales, tandis que l’Éthiopie s’est demandée comment mettre en place un mécanisme rapide de règlement de la dette publique.  Quant au Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, représentés par le Maroc, il a suggéré que les agences de notation adaptent leur estimation du risque en fonction des défis actuels, exprimant en outre ses préoccupations quant à la prédominance des prêts non concessionnels.

Pour ce qui est de la fiscalité internationale, Mme Gosh a estimé que le système fiscal n’est aujourd’hui pas à la hauteur, dans la mesure où il laisse aux multinationales le champ libre pour pratiquer l’évasion fiscale.  Elle a par conséquent avancé l’idée que « les très riches » soient imposés quel que soit leur lieu de résidence, et a plaidé pour une approche plus systématique et engagée de la communauté internationale sur cette question.  Une convention fiscale des Nations Unies pourrait aider les pays à faible revenu à s’engager dans une taxation progressive des multinationales et des richesses extrêmes, a-t-elle fait valoir.  Enfin, elle a recommandé de mieux réglementer les subventions fournies au capital privé pour qu’il soit aligné sur les ODD, et a exhorté à davantage contrôler les flux des capitaux.

Face aux inégalités qui ne cessent de se creuser, le Costa Rica, le Mexique et la République dominicaine se sont interrogés sur l’initiative « Au-delà du PIB », et notamment sur l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Sur cette question, Mme Gosh a indiqué que tout un éventail de mesures avait été proposées, avec des critères précis sur les revenus du travail et sur l’ampleur du travail non rémunéré.  L’accès à l’alimentation est également un indicateur important, a-t-elle souligné, citant comme exemple le régime alimentaire ou la consommation de calories par habitant.  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), rappelant que le déficit en développement mondial ne cesse de s’accroitre (3 900 milliards de dollars en 2023 contre 2 500 10 ans plus tôt) a de son côté plaidé pour que l’on continue à affiner l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et que l’on aide les pays ayant du mal à saisir quantitativement leurs vulnérabilités à récolter davantage de données.  L’AOSIS a dit soutenir les recommandations visant à créer un secrétariat intérimaire qui serait chargé de ces missions.

Le Groupe des 77 et de la Chine a déploré qu’après plusieurs années de débats, de négociations intenses dans divers forums et sommets de haut niveau, si peu de réformes aient été mises en œuvre.  Il a mis cela sur le compte du manque de volonté politique des pays développés.  L’Union européenne, les États-Unis ainsi que le groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle Zélande) ont de leur côté tous réaffirmé la nécessité d’une réforme de l’architecture financière mondiale afin de lutter contre l’instabilité économique. En conclusion, Mme Gosh a estimé que le multilatéralisme n’avait pas été à la hauteur jusqu’à présent, et a suggéré la création d’une alliance des pays endettés, à l’instar de l’alliance des pays créanciers.

Le débat général de la Deuxième Commission se poursuivra demain mardi 4 octobre, à partir de 10 heures.

ALLOCUTIONS D’OUVERTURE

Déclaration liminaire du Président

M. CARLOS AMORÍN, Président de la Deuxième Commission, a affirmé que, dans un contexte où de multiples crises réduisent nos perspectives d’atteindre le développement durable, la déclaration politique adoptée lors du Sommet sur les ODD est un « appel urgent à l’action ».  Les vies et les moyens de subsistance des gens sont en danger, a-t-il déclaré, ajoutant que l’objectif de ne laisser personne de côté restera inatteignable sans un plan d’action solide pour les ODD.  Afin de concrétiser ce plan, le Président a suggéré plusieurs pistes.  D’abord il a insisté sur la nécessite de transformer le soutien verbal en financements et en investissements concrets dans les pays en développement.  Ensuite, il a appelé à agir spécifiquement sur les six transitions clefs des ODD (alimentation, énergie, numérisation, éducation, protection sociale et emplois, et biodiversité).  Enfin, il a évoqué la réforme de l’architecture financière internationale. 

« Les défis actuels auxquels nous sommes confrontés –et les opportunités qu’ils présentent– sont sans précédent en termes d’échelle et de portée », a-t-il souligné.  Le Président a également observé que l’innovation technologique libère un potentiel nouveau et sans précédent, citant particulièrement les technologies d’énergies renouvelables et l’intelligence artificielle, qui sont « porteuses d’immenses espoirs » mais requièrent une gestion efficace et au service du développement durable.  Le Président a introduit le thème du débat, « Construire une reprise durable pour tous », et a mis en lumière le problème persistant des inégalités, qui compromettent la possibilité d’atteindre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mais il s’est dit confiant que les délibérations et les résolutions proposées par la Deuxième Commission contribueraient à rapprocher la communauté internationale d’un avenir durable.

À l’entame, M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que l’économie mondiale fait face à des vents contraires et que les perspectives de croissance sont assombries par les multiples crises. À mi-parcours de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la communauté internationale n’a atteint que 15% des objectifs de développement durable (ODD), a-t-il rappelé, soulignant que c’est dans ce contexte que la Deuxième Commission doit mener son travail.

À l’occasion du Sommet sur les ODD qui a eu lieu les 18 et 19 septembre, les dirigeants mondiaux ont réitéré leur engagement, s’est félicité M. Li, plaidant pour la mobilisation de financements à une vitesse et un niveau sans précédent.  Les travaux de la Deuxième Commission sont importants pour se pencher sur ces défis de longue date, a-t-il fait remarquer, alertant sur le fait que le statu quo n’est pas tenable.  De nouveaux engagements financiers ambitieux sont nécessaires afin de déplacer le curseur, a lancé le Secrétaire général adjoint.  Le temps presse, a-t-il asséné, encourageant les délégations de la Deuxième Commission à prendre de nouveaux engagements.

M. Li a ajouté que, la science et l’innovation étant très prometteuses, il sera important de transférer les technologies vers tous les pays en développement et de renforcer les partenariats.  Le résultat du Sommet sur les ODD montre qu’il n’est pas trop tard pour parvenir à la transformation nécessaire, en donnant la priorité à ceux qui sont le plus en retard pour éradiquer la pauvreté, a-t-il conclu.

Mme JAYATI GOSH, professeure d’économie à la University of Massachusetts Amherst, et coautrice avec Joseph Stiglitz d’une lettre ouverte intitulée « Fixer des objectifs sérieux pour lutter contre les inégalités », a insisté sur l’urgence pour la communauté internationale de reconnaître les contraintes structurelles qui pèsent sur les ODD.  Se focalisant sur la réforme de l’architecture financière internationale, elle a d’abord souligné la menace imminente du fardeau de la dette. Le service de la dette des pays à faible revenu s’élève à 171% de leurs dépenses de santé, d’éducation et de protection sociale, et celui des pays à revenu intermédiaire à 104%, ce qui n’est pas tenable, a expliqué Mme Gosh.  Pour les pays à revenu intermédiaire, ce chiffre est de 104%, ce qui reste très élevé et les pénalise sur les marchés financiers.  Les écarts de rendement observés sur les obligations souveraines ont ainsi augmenté de plus de 350 points de base depuis le début de 2020, alors que ceux des pays riches sont restés stables, a noté la professeure. 

L’experte a ensuite souligné la volatilité des flux de capitaux, qui réagissent essentiellement à l’évolution des politiques macroéconomiques dans les pays développés, mais qui peuvent entraîner des fragilités, voire des crises, dans les pays à faible revenu.  Elle a également dénoncé le financement insuffisant du développement ainsi que le régime fiscal mondial qui désavantage les pays en développement, en leur enlevant des revenus fiscaux cruciaux.  Enfin, dans son dernier point, elle a décrié l’absence de sécurité financière mondiale pour les pays confrontés à des problèmes de liquidités.

Selon elle toutefois, toutes ces contraintes résultent de décisions politiques, et peuvent donc être rectifiées.  Elle a esquissé cinq pistes de réformes.  D’abord, elle a préconisé une émission immédiate de droits de tirage spéciaux (DTS) par le Fonds monétaire international (FMI) pour fournir un soutien en liquidités.  Ensuite, elle a proposé que l’allocation sélective de DTS se fasse sur des critères clairs et transparents, contrairement à ce qui a cours aujourd’hui. Troisièmement, elle a appelé à une résolution rapide et efficace de la dette souveraine, qui réunisse tous les créanciers autour de la table et impose des solutions aux créanciers privés potentiellement récalcitrants. 

Pour ce qui est de la question fiscale, elle a plaidé pour une approche plus systématique et engagée pour aboutir à une convention fiscale des Nations Unies, qui pourrait aider les pays à faible revenu à s’engager dans une taxation progressive des multinationales et des richesses extrêmes.  Enfin, elle a recommandé des réglementations appropriées sur les subventions fournies au capital privé, afin que les investissements privés soient alignés avec les ODD.  Pour conclure, elle a plaidé pour une meilleure définition de certains termes, et a notamment appelé à changer la mesure de l’objectif no 10 de développement durable (réduction des inégalités) (ODD no 10), qui est aujourd’hui injuste et imprécise.

Discussion interactive

Après l’exposé de la professeure Ghosh, la République islamique d’Iran s’est interrogée sur les enseignements à tirer des expériences malheureuses s’agissant de l’élimination de la pauvreté dans diverses régions.  Pour la professeure Ghosh, le système fiscal n’est pas à la hauteur, notamment parce que les multinationales peuvent se servir de l’évasion fiscale pour limiter au maximum leur imposition.  Elle a aussi estimé que « les très riches » devraient être imposés quel que soit leur lieu de résidence.  L’évitement fiscal est malheureusement très courant, dans les pays riches comme dans les pays en développement, a déploré la professeure.  Par ailleurs, si les prix de l’énergie et de l’alimentation ont beaucoup augmenté en 2022, ce n’est pas seulement en raison de la guerre en Ukraine, a-t-elle précisé. Même si que l’offre était bien supérieure à la demande, elle a noté que les entreprises agro-alimentaires ont fortement augmenté leurs prix, ce qui explique la crise alimentaire et la pression sur les prix.  Il faut contrôler les flux des capitaux et éviter que des fonds ne contrôlent les produits alimentaires, a recommandé Mme Ghosh.

Face aux inégalités qui ne cessent de se creuser, le Costa Rica, le Mexique et la République dominicaine se sont interrogés sur l’initiative « au-delà du PIB », se demandant comment elle pourrait contribuer à faire reculer la pauvreté.  Pour sa part, la Fédération de Russie a demandé l’opinion de Mme Ghosh sur l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle. La professeure a indiqué que tout un éventail de mesures avait été proposé, prenant en compte les inégalités, par exemple avec des critères précis sur les revenus du travail et sur l’ampleur du travail non rémunéré.  L’accès à l’alimentation est également un indicateur important, qui peut être mesuré selon des critères différents, par exemple le régime alimentaire ou la consommation de calories par habitant.

La thématique de la dette a suscité beaucoup d’interrogations, en particulier au sujet du surendettement des pays en développement.  L’Argentine et la République islamique d’Iran ont évoqué la réforme nécessaire des institutions financières internationales. L’Éthiopie a demandé comment mettre en place un mécanisme rapide de règlement de la dette publique, tandis que le Pakistan s’est interrogé sur l’allocation de droits de tirage spéciaux (DTS).

Mme Ghosh a été claire: les institutions financières internationales sont trop lentes pour réagir correctement aux défis du temps.  Une réforme est donc nécessaire, notamment en termes de politiques, le système actuel empêchant des actions efficaces.  S’agissant des DTS, le FMI a mis en place un fonds résilience et durabilité, d’abord d’un montant de 100 milliards de dollars, puis de 40, puis de 20 milliards, ce qui n’est « qu’une goutte d’eau par rapport aux besoins ».  Les pays qui ont besoin de DTS doivent y avoir accès en fonction de critères objectifs, qui impliquent un changement de politique, puisque les montants disponibles sont très en deçà des besoins réels, a expliqué Mme Ghosh. 

En conclusion, la professeure a estimé que le multilatéralisme n’a pas été à la hauteur jusqu’à présent, car on n’a pas considéré systématiquement l’importance des pays en situation de surendettement.  Elle a suggéré la création d’une alliance des pays endettés, à l’instar de l’alliance des pays créanciers.

DÉBAT GÉNÉRAL

M. FRANK TÉLLEZ ALONSO (Cuba), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré qu’après plusieurs années de débats, de préparations, de négociations intenses dans divers forums et sommets de haut-niveau portant sur des questions relatives à l’économie, au développement et au climat, il apparaît clairement que les résultats de ces discussions n’ont été ni mis en œuvre ni reflétés dans la pratique.  Il a mis cela sur le compte du manque de volonté politique des pays développés pour mettre en œuvre leurs engagements, et ce, en dépit des difficultés auxquelles font face les pays en développement.  Or, ces derniers ont proposé des solutions et divers scenarii pour répondre aux défis, atteindre les ODD et ne laisser personne pour compte, a-t-il rappelé. 

Parmi elles, le délégué a souligné le besoin urgent de reformer le système et l’architecture financière internationale, en particulier la Banque mondiale et le FMI.  Le but, a-t-il précisé, est notamment de faire en sorte que les voix de tous soient représentées, de faire baisser les coûts de crédits ou de réallouer des DTS.  Dans ce contexte, il a salué les récentes initiatives du Secrétaire général et a appelé les pays développés à tenir leur promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD.  Il a également appelé à l’élimination des sanctions unilatérales contre les pays en développement, à l’augmentation des investissements dans les infrastructures numériques, à l’augmentation du financement climatique et à la réduction de la fracture numérique actuelle.

Le représentant de l’Union européenne a plaidé pour des mesures urgentes afin d’assurer un relèvement durable, soulignant que la déclaration politique du Sommet sur les ODD avait envoyé un message fort pour se remettre sur les rails.  Le représentant a salué la réforme de l’architecture financière internationale, appelant à canaliser les investissements vers ceux qui en ont le plus besoin et précisant que l’UE investit 300 milliards d’euros en ce sens.  Le délégué a réitéré la proposition de l’UE pour le traitement de la dette, notamment par le biais de processus plus clairs.

S’agissant de la crise climatique, il est urgent de s’y attaquer, de faire preuve de plus d’ambition lors de la prochaine COP28 et de respecter l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a poursuivi le représentant. Il s’est dit favorable au suivi du sommet de l’ambition climatique, tout en renforçant les efforts en matière d’atténuation afin d’assurer une transition verte et juste.  Il a plaidé pour la nomination d’un Envoyé spécial pour l’eau.  Il a également indiqué que la sécurité alimentaire faisait partie des plus hautes priorités.

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque), s’exprimant au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a affirmé qu’un changement transformationnel est plus que jamais nécessaire pour réaliser les ODD.  Évoquant les vulnérabilités spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID), il a expliqué comment la pandémie de COVID-19 avait mis en péril les gains des années précédentes, notamment en freinant les investissements dans le développement.

Concernant les défis financiers, le délégué a souligné que l’accès à des financements abordables et à long terme est essentiel pour une reprise durable.  Il a salué le paquet de mesures de relance des ODD proposé par le Secrétaire général et a plaidé pour l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Dans un appel à réformer l’architecture financière internationale, il a souligné l’importance d’une plus grande participation des pays en développement dans ce processus.  Il a également appelé à respecter les engagements en matière d’aide publique au développement (APD), ainsi qu’à préparer la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement prévue en 2025.

Abordant la révolution numérique, M. Wallace a mis l’accent sur la nécessité de combler le fossé numérique, pour un meilleur accès à la science, à la technologie et à l’innovation.  Enfin, il a appelé à accroître les ambitions dans l’action climatique au niveau mondial et a souligné les priorités pour les 10 prochaines années: accès au financement climatique, transformation numérique, sécurité alimentaire, gouvernance des océans et l’économie bleue, réforme de l’architecture financière internationale et soutenabilité de la dette.

M. JAMES LARSEN (Australie), s’exprimant au nom du Canada, de la Nouvelle Zélande et de son propre pays (groupe CANZ), a déclaré que les travaux de la Deuxième Commission seront importants cette année, notamment pour accélérer la mise en œuvre des engagements communs, à mi-parcours du Programme 2030.  Il a rappelé en effet qu’avec seulement 15% des objectifs en bonne voie, nous sommes loin derrière de là où nous devrions être.  Il a aussi appelé à répondre, de toute urgence, au défi mondial des changements climatiques et accélérer atténuation et efforts d’adaptation.

Cela doit se faire, a-t-il dit, par la mise en œuvre des engagements pris au titre de l’Accord de Paris, le suivi des résultats des récents accords et conférences historiques, y compris l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe et la quinzième Conférence des Parties à la Convention sur la biodiversité.  Le délégué a ensuite plaidé pour l’adaptation du système financier international afin qu’il soit ajusté aux ODD par le biais de solutions plus pratiques et durables pour le financement du développement.  Il a dit attendre avec impatience les discussions sur ces questions, avant la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement.

Toujours selon M. Larsen, cette année sera par ailleurs importante pour les efforts visant à garantir que l’ONU réponde aux besoins des pays en situation particulière.  Avec la cinquième Conférence internationale sur les pays les moins avancés (PMA) qui s’est tenue à Doha en mars 2023, la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID) et la troisième Conférence internationale sur les pays en développement sans littoral (PDSL) qui se tiendront tous deux en 2024, la communauté internationale dispose d’une opportunité de s’aligner sur les ODD et de garantir une meilleure réponse du système des Nations Unies aux besoins et aux circonstances uniques des PEID et des PDSL, a-t-il dit.  Il s’est alors félicité de la finalisation du rapport du Groupe de haut niveau pour le développement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les PEID et a dit attendre avec impatience les consultations sur les prochaines étapes de cet important ordre du jour.

Au nom du groupe des pays les moins avancés (PMA), M. LOK BAHADUR THAPA (Népal) a souligné que la pandémie de COVID-19, les crises climatiques, les conflits et les tensions géopolitiques ont provoqué des crises alimentaires, énergétiques, humanitaires et de réfugiés dans plusieurs pays.  Conjuguées aux contraintes structurelles préexistantes, ces crises ont frappé encore plus durement les PMA et des années de progrès vers les ODD ont été effacées, a-t-il ajouté en soulignant que plus de la moitié du monde est laissée pour compte. Plus de 251 millions de personnes sont en situation de grave insécurité alimentaire dans les PMA, selon les données de la FAO. 

Aussi, le délégué a appelé la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, en particulier sur les points suivants: un meilleur soutien financier; la mise en œuvre des décisions ministérielles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC); un allégement de la dette pour les PMA les plus lourdement endettés; la hausse des investissements et de l’utilisation de la technologie dans l’agriculture afin d’améliorer la productivité et de lutter contre l’insécurité alimentaire; le financement du Fonds vert pour le climat; et le renforcement du système d’alerte précoce face aux événements climatiques extrêmes.  Enfin, le représentant a également plaidé pour un renforcement des partenariats et de la coopération pour réaliser le Programme 2030 et le Programme d’action de Doha.

M. OMAR HILALE (Maroc), s’exprimant au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, a justifié son appel à un « changement de paradigme » par le fait que 62% des personnes pauvres dans le monde vivent dans les pays que son groupe représente.  Énumérant les revers importants causés par la pandémie, les changements climatiques et les catastrophes naturelles, il a évoqué les points clefs qui permettront d’avancer dans la réalisation des ODD.

Tout d’abord, il a appelé à aller au-delà du PIB pour mesurer les progrès en développement durable et s’est montré optimiste quant à la poursuite des discussions sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Sur le plan technologique, le délégué a exhorté à combler le fossé numérique et s’est déclaré en faveur de l’élaboration d’un pacte numérique mondial.  Concernant les politiques macroéconomiques, il a mis l’accent sur la soutenabilité de la dette des pays à revenu intermédiaire, demandant aux agences de notation d’adapter leurs critères de risque fiscal aux défis actuels.  Il a également exprimé ses préoccupations quant à la prédominance des prêts non concessionnels, et a réitéré son appel à augmenter la capacité de financement des banques multilatérales de développement. 

Le délégué a abordé la question de l’éradication de la pauvreté, appelant à la création de 400 millions d’emplois décents et à une couverture de protection sociale pour 4 milliards de personnes.  Il a enfin insisté sur la nécessité de renforcer l’autonomisation des femmes et des filles, et sur l’importance de la coopération Sud-Sud.

M. HARI PRABOWO (Indonésie), au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dit continuer de plaider pour un mécanisme résilient et plus souple pour répondre aux défis qui se posent aux populations sur le plan mondial.  Il a indiqué que les pays membres de l’ASEAN se sont engagés, dans la Déclaration de Djakarta, à renforcer leur coopération dans divers domaines liés aux chaînes logistiques, à l’alimentation, à l’énergie, au renforcement des capacités, aux transferts de technologies, entre autres, dans le but d’une pleine intégration économique.

Les pays membres de l’ASEAN entendent également promouvoir les synergies entre leur vision à l’horizon 2025 et celle des Nations Unies à l’horizon 2030.  Pour cela, ils mettent l’accent sur les moyens de mise en œuvre, a expliqué le représentant.  Il a ensuite précisé qu’en tant que région vulnérable aux effets dévastateurs des changements climatiques, ces États restent déterminés à atteindre les objectifs de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de l’Accord de Paris, en respectant les principes d’égalité et de responsabilité commune, mais différenciée.  Ils s’engagent à une transition énergétique propre et sont disposés à travailler, au sein de la Deuxième Commission, avec toutes les délégations poursuivant les mêmes objectifs, a assuré le représentant.

Au nom du groupe des pays en développement sans littoral (PDSL), Mme GLADYS MOKHAWA (Botswana) a souligné que la gravité de la multiplicité des crises pour les PDSL ne saurait être sous-estimée.  Avant l’émergence de la pandémie de COVID-19, ces pays enregistraient des progrès dans la mise en œuvre des ODD et du Programme d’action de Vienne, dont 2023 marque l’échéance, s’est-elle remémorée.

La représentante a dit que le groupe misait sur l’issue de la troisième Conférence des Nations Unies sur les PDSL, qui aura lieu à Kigali en juin 2024, pour les 570 millions de personnes vivant dans les 32 pays en développement enclavés.  La représentante a appelé la communauté internationale à profiter de cette occasion pour faire preuve de solidarité et aider les PDSL à se relever des effets des crises mondiales.  Elle a dit compter sur le soutien de la Deuxième Commission pour aider le groupe à élaborer un nouveau programme d’action qui soit ambitieux, avec des objectifs quantifiables.

En attendant, la représentante a mis en avant quelques priorités pour les pays en développement sans littoral: un soutien financier à la construction d’infrastructures de transport; un soutien à la mise en place d’un écosystème numérique moderne; un meilleur accès à l’énergie, notamment renouvelable.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a insisté sur le manque de ressources et le déficit de financement auquel son continent est confronté. Pour y remédier, il a d’abord exhorté à une réforme de l’architecture financière internationale, « qui n’est pas à la hauteur des attentes et connaît des failles structurelles », soulignant notamment la nécessité de changer le système d’allocation des droits de tirage spéciaux (DTS), comme l’a préconisé l’Union africaine.  Ensuite le délégué a appelé à lutter contre les flux financiers illicites grâce à une meilleure coopération internationale dans la lutte contre le blanchiment d’argent.  Estimant que les pays africains ne mobilisaient pas assez de ressources fiscales, il a également exhorté à une réforme du système via une convention fiscale des Nations Unies. 

Sur la question du commerce international, il a mentionné la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), qui offre des opportunités significatives pour les entreprises africaines et permet d’éviter les vulnérabilités liées à l’exportation de leurs produits industriels.  Évoquant les énergies renouvelables, le représentant a observé que son continent en regorge, notamment de l’énergie solaire et de la biomasse.  « Notre potentiel dépasse de loin nos besoins », a-t-il estimé, appelant de ce fait à un développement de ce potentiel.  En ce qui concerne la dette, il a jugé qu’elle était un obstacle majeur pour surmonter les autres crises, et qu’il était donc temps de mettre en place un plan d’échange de la dette contre l’aide au développement.  C’est « grâce à un tel mécanisme que l’Afrique pourra faire face à ses obligations financières », a-t-il insisté.  Enfin, le délégué a plaidé pour une représentation plus juste et équitable de l’Afrique dans les organismes internationaux, ainsi que pour un renforcement de la coopération Sud-Sud.

Mme MATILDA BARTLEY (Samoa), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déclaré que sept ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le moment est opportun pour catalyser l’action et prendre les mesures urgentes et audacieuses qui s’imposent.  Aujourd’hui, le déficit de financement du développement atteint 3 900 milliards de dollars, alors qu’en 2014, il était de 2 500 milliards, a-t-elle souligné.  Pour les pays en situation particulière -PMA, PDSL et PEID-, elle a constaté que la situation est intenable, se désolant que trois plans de développement ciblés pour les PEID n’aient pas encore permis de trouver les solutions durables.  Dans l’ensemble, plus de 40% des PEID sont soit très endettés, soit exposés au risque de se retrouver surendettés.  Et 70% d’entre eux dépassent le seuil de soutenabilité, avec 40% de leur PIB sous forme de dette.  Tout cela se produit alors que les changements climatiques continuent de faire des ravages dans les PEID, a-t-elle dépeint.

Dans ce contexte, la représentante a appelé à une réforme immédiate et crédible de l’architecture financière internationale, avec des mesures cohérentes. Le monde ne manque pas de solutions dans ce domaine, et les solutions ne devraient plus être décidées par quelques élus. Il est temps que les pays vulnérables aient une place à la table des décisions, a-t-elle plaidé.  Face à des défis croissants, à une dette croissante et à un espace budgétaire limité, il faut réfléchir à la manière d’accorder un financement suffisant aux PEID, a-t-elle conclu, avant de dire soutenir les recommandations visant à créer un secrétariat intérimaire pour continuer à affiner l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et à soutenir la collecte de données pour les pays en développement qui ont du mal à saisir quantitativement leurs vulnérabilités.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déploré le creusement des inégalités, dans une structure économique qui exploite non seulement les pauvres mais aussi la planète. Malheureusement, les programmes et les principes de la communauté internationale sont loin d’être réalisés et respectés, a-t-il relevé en regrettant que les progrès pour éliminer la pauvreté et la faim aient été réduits à néant: plus de 150 millions de personnes sont retombées dans la pauvreté et 2,4 milliards souffrent d’insécurité alimentaire.  Certaines mesures pourraient avoir des effets rapides, a fait valoir le délégué, citant par exemple l’élargissement des prêts concessionnels ou de l’éligibilité pour les pays à revenu intermédiaire les plus touchés par les changements climatiques. Les réformes structurelles décidées doivent être lancées, en particulier celle de l’architecture financière internationale, a-t-il recommandé.

La réalisation des ODD étant désormais étroitement liée à la mise en œuvre des objectifs climatiques et environnementaux, le représentant a suggéré à la Deuxième Commission de s’en emparer, espérant en particulier le respect de l’engagement des pays industriels à verser 100 milliards de dollars pour le financement climatique.  Par ailleurs, la transition vers une économie mondiale verte nécessitera un investissement d’au moins 1 000 milliards de dollars par an dans les infrastructures durables.  En ce sens, il a souhaité que les Nations Unies mettent en place un mécanisme facilitant l’investissement public et privé en la matière.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a demandé à la communauté internationale de réagir activement aux répercussions des multiples crises sur la réalisation des ODD.  Le manque de ressources financières pour financer les ODD est un obstacle majeur, a dit le représentant, qui a salué le plan de relance des ODD et notamment la réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI.  Le représentant a insisté sur le fait que les pays à revenu intermédiaire ne peuvent recevoir les financements nécessaires pour résoudre leurs difficultés en matière de développement, invitant à une réforme de l’architecture financière internationale.  S’agissant des changements climatiques, il a rappelé que l’Égypte avait accueilli la dernière COP, qui s’était traduite par des initiatives comme la création du fonds pour les pertes et les préjudices.  La rareté en eau est également devenue une menace, surtout en Égypte, a rappelé le représentant, demandant d’accorder la priorité aux pays les plus vulnérables.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a mis en lumière les progrès accomplis dans des domaines tels que la réduction de la pauvreté et de la mortalité infantile, tout en reconnaissant que 37% des ODD avaient stagné ou régressé. Citant les risques que fait peser le conflit russo-ukrainien sur la sécurité alimentaire mondiale, il a ensuite présenté la stratégie de coopération internationale de la Suisse pour 2021-2024, qui consiste en un investissement d’environ 11 milliards de francs suisses dans le développement durable et la réduction de la pauvreté dans 41 pays.

Soulignant la responsabilité collective de mettre en œuvre le Programme 2030, il a salué le rôle de la Suisse dans la promotion d’un langage ambitieux pour la COP28 devant se tenir à Dubaï, avant d’évoquer les autres priorités de son pays: la croissance économique durable, le développement des services de bases de qualité, la lutte contre les changements climatiques, le renforcement de l’état de droit et une transformation numérique inclusive.  Enfin, il a insisté sur l’importance de mieux gérer les questions financières, en particulier par la lutte contre la corruption et le renforcement de la coopération en matière de recouvrement des biens illicites.

M. TALAL ABDULAZIZ M H AL-NAAMA (Qatar) a annoncé une contribution de 60 millions de dollars pour la mise en œuvre du Programme d’Action de Doha visant à renforcer la résilience des PMA.  Réaffirmant qu’un développement durable pour tous est la priorité de son pays, il a mis en avant les efforts de celui-ci pour garantir une éducation de qualité, tant au niveau national qu’international.  Il a en outre rappelé que Doha s’apprête à accueillir une exposition sur l’horticulture, dont un des objectifs est de lutter contre la désertification, et a réaffirmé le « rôle pionnier » du Qatar dans la préservation de l’environnement.  De même dans l’aide au développement, avec des contributions s’élevant à 6,3 milliards de dollars depuis 2014.  Le représentant s’est enfin dit impatient d’accueillir le Web Summit en 2024, qui se tiendra pour la première fois au Moyen-Orient, avant de critiquer les politiques de sanctions unilatérales qui peuvent « saper le développement de certains pays ».

M. TESFAYE YILMA SABO (Éthiopie) a estimé que les crises auxquelles la communauté internationale est confrontée mettent en évidence la nécessité d’une action mondiale urgente et concertée, visant à accélérer la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030.  « Il est donc essentiel, a-t-il dit, que la Déclaration politique adoptée par nos dirigeants il y a deux semaines soit suivie d’une mise en œuvre rigoureuse », y compris par le renforcement du partenariat et des efforts de collaboration entre les multiples parties prenantes.

Le représentant a ensuite déclaré que son pays avait fait preuve d’un engagement sans faille pour canaliser ses ressources financières nationales vers la réalisation des ODD.  Cependant, comme de nombreux autres pays en développement, l’Éthiopie est confrontée à un obstacle important dans le domaine du service de la dette, a-t-il reconnu en soulignant que relever ces énormes défis nécessite une réforme significative du cadre financier international.  Le fardeau des crises de la dette, les conditions commerciales injustes et le ralentissement du développement entravent nos progrès vers la réalisation du Programme 2030, a-t-il regretté, avant de juger impératif, pour surmonter efficacement ces défis, de mettre pleinement en œuvre les objectifs énoncés dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.

Mme KATHERINE ANAS AHMAD AL-HALIQUE (Jordanie) a fait savoir que, par le biais de sa vision de la modernisation économique, la Jordanie vise le double objectif d’accélérer la croissance en libérant le plein potentiel économique du pays et d’améliorer la qualité de vie de tous ses citoyens, avec la durabilité en clef de voûte.  La modernisation du système politique vise quant à elle des progrès tangibles dans le domaine parlementaire.  Par ailleurs, la Jordanie a largement démontré sa solidarité en accueillant des millions de réfugiés, malgré la baisse du soutien financier international, a ajouté la déléguée.  Plus généralement, a-t-elle expliqué, les engagements de la Jordanie portent sur les domaines de la sécurité alimentaire, l’éducation, les changements climatiques et le renforcement des systèmes de données, tous les efforts se renforçant mutuellement.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a plaidé pour une réforme accélérée de l’ordre économique international, arguant que celui-ci avait été mis sur pied pour servir les intérêts des pays occidentaux. La structure économique internationale est branlante et le système économique et financier est injuste, a martelé le représentant.  Selon lui, les pays en développement doivent renforcer leur voix sur la scène internationale.  Le représentant a aussi mis en évidence les progrès réalisés en République populaire démocratique de Corée pour jeter les bases d’une prospérité verte. 

Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) a appelé les États Membres à accélérer le mouvement pour combler, par tous les moyens, les fossés existants dans le financement des ODD.  Dénonçant « l’extractivisme fossile et l’accumulation du capital qui s’oppose à la vie et accroît les inégalités », elle a fait remarquer que les pays et les populations marginalisés ayant le moins contribué aux changements climatiques sont ceux qui en souffrent le plus.  Pour accroître l’espace fiscal des pays en développement, elle a préconisé des échanges de dette pour la nature et le climat.  Elle a aussi misé sur l’accélération du recyclage des DTS non utilisés.

Dans le contexte des réformes de l’architecture financière mondiale, la représentante a jugé impératif que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’aligne sur l’Accord de Paris et que le développement se mesure au-delà de l’instrument de mesure du PIB.  Elle a enfin évoqué des idéaux tels que la justice de genre, la justice intersectionnelle, et s’est réjouie de la « politique étrangère féministe » de son pays.

M. MARTHINUS CHRISTOFFEL JOHANNES VAN SCHALKWYK (Afrique du Sud) a appelé à des investissements ciblés pour progresser dans le Programme 2030, ainsi qu’à des transferts de technologies.  Il a réitéré son appel aux pays développés pour qu’ils honorent leurs engagements, y compris leurs politiques commerciales de soutien.  Aucune partie du monde ne ressent les changements climatiques aussi violemment que l’Afrique, alors qu’elle est la moins responsable de la crise climatique, a-t-il fait remarquer.  « Sécheresses, inondations et cyclones ont déjà causé d’énormes dégâts aux infrastructures et aux moyens de subsistance. » 

Le délégué a souligné que les pays africains, aux côtés d’autres pays à économie en développement, ont besoin d’un soutien financier accru pour à la fois mettre en œuvre le Programme 2030 et atteindre leurs objectifs en matière de lutte contre les changements climatiques de manière globale et intégrée. Il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements juridiques et leurs promesses, notamment celle qui prévoit pour les économies en développement de mobiliser 100 milliards de dollars par an, afin de soutenir leurs actions en faveur du climat.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leonea insisté sur la nécessité de lutter contre les inégalités et iniquités mondiales du système financier international actuel et de réformer son architecture, notamment en donnant la priorité aux besoins des pays en développement, et ce, afin de parvenir à un relèvement durable pour tous. Il a plaidé pour le tirage ou la réorientation de DTS à ces pays, et en particulier aux PMA, ainsi que pour l’annulation de la dette, lorsque cela est possible.

Face aux conséquences dévastatrices des trois crises planétaires actuelles, et en raison de la vulnérabilité de la Sierra Leone, le représentant a réitéré la nécessité d’avoir accès à un financement climatique suffisant ainsi qu’au transfert de technologies, afin de mettre en place d’urgence des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.  Quant au financement du développement, le représentant a déploré la baisse constante de l’aide publique au développement (APD) pour les PMA.

M. ATA EYEBERDIYEV (Turkménistan) a mis l’accent sur les transports durables et indiqué que le Turkménistan organiserait durant cette soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale une réunion de haut niveau pour la promotion de la coopération en matière de transport durable, entre autres actions à ce sujet.  La deuxième priorité du pays porte sur la connectivité stable et la mobilité des ressources énergétiques, a-t-il fait savoir.  Il a dit que son pays envisage la possibilité d’accueillir le Forum de l’énergie durable pour tous en 2025.  La délégation a rédigé des projets de résolution sur ces deux questions, a-t-il informé.

Pour M. ABDOU NDOYE (Sénégal), œuvrer à un relèvement durable, c’est d’abord s’attaquer aux causes profondes faisant qu’environ 10% de la population mondiale vit dans l’extrême pauvreté, que presque la moitié de la population mondiale n’a pas accès à Internet, que 600 millions d’africains n’ont pas accès à l’électricité, et que des millions de personnes luttent pour satisfaire des besoins élémentaires tels que la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable et à un système d’assainissement.  Œuvrer à un relèvement durable, a-t-il poursuivi, c’est aussi s’attaquer au développement inégal bâti sur un système injuste et inéquitable ne prenant pas en compte les besoins et les priorités de la grande majorité de la population mondiale.

Le délégué a donc appelé à s’attaquer au fardeau de la dette et à assurer l’accès des pays en développement aux marchés de capitaux à des coûts soutenables, de longue maturité, et à des conditions abordables, pour le financement de leurs économies.  En effet, a-t-il expliqué, les pays en développement, africains en particulier, payent huit fois plus les coûts d’emprunt que les pays développés, à cause des critères parfois tendancieux des agences de notation qui exagèrent la perception du risque d’investissement dans les pays africains.  Le délégué a enfin enjoint aux pays développés d’honorer leurs engagements en matière de financement climatique, notamment celui de mobiliser 100 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement, celui de doubler les niveaux de financement de l’adaptation à l’horizon 2025 et celui de mettre en place un mécanisme de compensation des pertes et dommages.

Mme LISA A.  CARTY (États-Unis) a d’emblée évoqué les conséquences délétères de l’agression russe en Ukraine sur les progrès dans les ODD.  Pour sa part, les États-Unis ont dépensé 100 milliards de dollars depuis 2021 pour renforcer les efforts visant à réaliser le Programme 2030 dans les pays en développement, a-t-elle fait valoir, avant d’appeler à faire tomber les barrières en matière de genre, un gage de progrès et de prospérité partout dans le monde.

La déléguée a ensuite détaillé l’aide apportée par son pays ces dernières années: 17 milliards de dollars ont été consacrés à la lutte contre l’insécurité alimentaire dans le monde, pendant que le Congrès de Washington travaille à quadrupler son aide aux pays en développement pour financer la transition énergétique.  Les banques multilatérales de développement demeurent les meilleurs outils pour s’attaquer aux défis liés aux changements climatiques, a, au passage, pointé l’oratrice. Les États-Unis ont d’ailleurs débloqué plus de 50 milliards de dollars de prêts via les banques de développement dans cet objectif.  Enfin, les États-Unis poussent à une réforme de l’architecture financière mondiale afin de lutter contre l’instabilité économique, a informé la représentante.

M. TIGRAN GALSTYAN (Arméniea fait savoir que l’Arménie, en coopération étroite avec ses partenaires de développement, a pris des mesures pour aligner ses stratégies nationales et ses programmes d’action sur les ODD.  Le pays met en particulier l’accent sur la bonne gouvernance et la transparence, la mise en place d’institutions représentatives et responsables, et la promotion d’une tolérance zéro au regard de la corruption.  Pour un pays en développement sans littoral comme l’Arménie, le commerce mondial et régional résilient et la connectivité sont essentiels pour libérer son plein potentiel économique et promouvoir le développement durable, a fait valoir le représentant.

Il a par ailleurs évoqué la catastrophe humanitaire sans précédent en cours au Haut-Karabakh depuis que l’Azerbaïdjan a lancé une attaque à grande échelle le 19 septembre.  Il a fait état de centaines de civils tués et de 100 000 autres obligés de se déplacer en Arménie, en laissant toute leur vie derrière eux.

Pour Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras), si nous continuons à ne pas prendre au sérieux la menace sans frontières que représentent les changements climatiques, nous réduirons à néant les progrès des dernières décennies en matière de développement durable, ce qui menacera la stabilité intérieure des nations et la paix dans le monde.  Le représentant a souligné que la nature est une partie indivisible du développement durable, raison pour laquelle il s’est dit très préoccupé par la perte de biodiversité et la menace sur l’équilibre naturel de la planète.

Actuellement, les pays à revenu intermédiaire sont confrontés à de graves problèmes qui poussent un nombre croissant de personnes vers la faim et la pauvreté, a fait observer le délégué.  Ces pays représentent 62% des pauvres du monde, a-t-il précisé.  Il a donc jugé urgent de prendre des mesures en faveur de réformes menant à une coopération pour le développement plus efficace et plus juste, ainsi qu’ à un meilleur accès au financement du développement.

Mme MARILYN DEL CARMEN THOMPSON RAMIREZ (Panama) a souligné les vulnérabilités environnementales de son pays, un des quinze les plus exposés aux risques climatiques, citant comme exemple l’évacuation forcée d’une île en raison de la montée du niveau de la mer. Elle a mis en avant le Plan Colmena, une politique sociale centrée sur la protection des plus vulnérables, qui a, selon elle, fait preuve d’une grande efficacité pour réduire les taux de sous-alimentation et de pauvreté.  La déléguée a souligné les réalisations du Panama - premier pays d’Amérique latine à adhérer à la Convention sur l’eau - en matière de conservation marine et de gestion des ressources d’eau.

En ce qui concerne la politique énergétique, elle a mentionné la stratégie nationale adoptée pour réduire l’empreinte carbone, incluant une transition vers l’hydrogène vert, et a évoqué les avancées de son pays en matière de science, de technologie et d’innovation.  Enfin, elle a exprimé l’urgence de renforcer la solidarité internationale et a plaidé pour une nouvelle architecture financière mondiale qui tienne compte des besoins diversifiés des différents pays, tout en soulignant l’importance de l’inclusion des femmes dans les prises de décision.

M. WISSAM AL NAHHAS (République arabe syrienne) a vanté la coopération internationale pour attendre les objectifs inclus dans le Programme 2030.  Mais les efforts de son pays pour y parvenir ont été freinés par un séisme très puissant qui a entrainé la perte de milliers de vies humaines et détruit de nombreuses infrastructures, s’est-il lamenté, arguant de surcroît que les sanctions unilatérales imposées à son pays ont entraîné des difficultés supplémentaires, notamment dans le sauvetage des victimes.  Malgré cette catastrophe, a-t-il souligné, la Syrie est attachée à tenir ses objectifs et poursuit son programme de développement du mieux qu’elle le peut.  Enfin, le délégué s’est dit impatient de découvrir le rôle que va jouer l’ONU pour lever les sanctions illégales contre son pays et pour appuyer son développement, indépendamment des pressions exercées par certains pays donateurs.

Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines), garantir la disponibilité, le caractère abordable et l’accessibilité de la nourriture pour tous est un impératif existentiel et moral. Le secteur agricole est l’un des principaux moteurs de la croissance et de l’emploi aux Philippines, dont l’engagement en faveur de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) et du Sommet sur les systèmes alimentaires (2021) demeure inébranlable, a assuré la déléguée.  Elle a également misé sur la science, la technologie et l’innovation pour contribuer à la recherche de solutions aux défis mondiaux actuels.  Pour leur part, les Philippines ont lancé la semaine dernière leur programme national d’innovation ainsi que leur document stratégique pour la décennie 2023-2032, afin d’accélérer l’innovation dans la gouvernance du pays et de promouvoir une culture de l’innovation parmi les scientifiques, les chercheurs, les entrepreneurs, les ingénieurs et les citoyens nationaux. 

L’oratrice a aussi appuyé fermement les efforts multilatéraux en cours qui entendent s’attaquer aux obstacles structurels de l’architecture financière internationale actuelle.  Elle a soutenu l’idée d’aller à cet effet au-delà du PIB pour mesurer le niveau de croissance et décider de l’octroi des financements concessionnels.  À cet égard, elle a soutenu la proposition d’indices relatifs aux vulnérabilités multidimensionnelles comme nouveaux critères de mesure de la croissance. 

M. JAVAD MOMENI (République islamique d’Iran) a vivement dénoncé le fait que les pays développés ne se soient pas acquittés de leurs engagements en matière de développement durable vis à vis des pays en développement.  Les mesures coercitives unilatérales violent les droits fondamentaux des peuples à accéder au développement, a-t-il également pointé.  Face aux changements climatiques, qui exacerbent les problèmes existants, ces mêmes mesures coercitives unilatérales empêchent l’Iran de recevoir les outils technologiques nécessaires pour faire face, entres autres, aux tempêtes de sable et de poussière.  Malgré les sanctions, l’Iran, qui est le cinquième pays du monde en nombre de réfugiés sur son territoire, a réclamé un appui pour qu’ils soient traités convenablement et humainement, a rappelé le représentant.  Il a enfin réclamé une réforme de l’architecture financière internationale en parallèle de la fin immédiate et définitive des mesures coercitives unilatérales illégales dont son pays est la victime.

M. FABIÁN ODDONE (Argentine) a souligné que le Programme 2030 constitue l’effort le plus ambitieux en matière de développement depuis que les Nations Unies existent.  Malheureusement, les statistiques montrent que, en raison des multiples crises auxquelles le monde est confronté, les objectifs annoncés ne sont pas atteints, et des reculs sont même à déplorer dans de nombreux cas.  Raison pour laquelle il est urgent de réfléchir aux outils qui pourraient permettre d’atteindre ces objectifs, comme des mécanismes facilitant la mobilisation de ressources suffisantes.

Des alternatives permettant d’améliorer la quantité et la qualité des financements sont également à envisager, a poursuivi le représentant qui a jugé urgent de poursuivre les débats sur la réforme de l’architecture financière internationale.  Aucun pays ne peut payer sa dette au prix de la privation de la santé, de l’éducation ou de la sécurité de sa population, a lancé le délégué, plaidant pour un système de coopération inclusif qui aille au de-delà du seul critère du PIB.  Par eux-mêmes, les flux financiers ne suffisent pas au développement durable, a-t-il reconnu, en misant aussi sur les transferts de technologies ainsi que sur un commerce international de produits agricoles plus équitable et plus prévisible.  Il a conclu en réaffirmant le principe du traitement différencié en matière de changements climatiques étant donné la responsabilité historique des pays développés.

Pour M. JOSÉ EDUARDO PEREIRA SOSA (Paraguay), la crise actuelle offre l’occasion de prendre la mesure des problèmes existants et de mettre en place des initiatives de relèvement durable et inclusif pour accélérer les progrès vers la construction d’un avenir durable pour tous. Le délégué a souligné l’importance à cet effet de répondre aux besoins des trois groupes de pays les plus vulnérables, à savoir les PDSL, les PMA et les PEID.

Comme pays en développement sans littoral, le Paraguay doit mener des efforts supplémentaires et différenciés, a-t-il fait remarquer, par exemple en accordant la priorité à l’intégration et à la connectivité régionales.  Le représentant a en ce sens plaidé pour un accès sans entrave, efficace et efficient à la mer et depuis la mer, pour tous les moyens de transport.  Il a invoqué pour cela le principe de la liberté de circulation, qui est essentielle au commerce international, à la croissance économique et donc au développement durable.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexiquea fait remarquer que le relèvement post-COVID-19 s’est caractérisé par des inégalités, des millions de personnes étant tombées dans la pauvreté.  Outre la promotion de la mise en œuvre urgente des ODD, elle a plaidé pour un meilleur financement du développement et pour le renforcement des institutions des pays du Sud, ce qui requiert une action concertée, une volonté politique et une coopération internationale solides.  Elle a indiqué que le Mexique avait réussi à sortir cinq millions de personnes de la pauvreté au cours de ces dernières années, citant notamment l’augmentation du salaire minimum.

La représentante a réitéré l’engagement de son pays à chercher des mécanismes et outils permettant d’alléger la dette des pays en développement.  Elle a souhaité pour cela une réforme des institutions internationales et la mobilisation des ressources internationales et nationales.  Elle a misé à cet égard sur la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, dont le Mexique sera le cohôte, et sur le projet de réforme de l’architecture financière internationale.  Elle a également fait valoir le potentiel des technologies numériques pour catalyser la transformation économique et sociale, espérant voir réduit le fossé dans ce domaine et renforcée la connectivité des infrastructures.  Elle a, enfin, attiré l’attention sur la nécessité de faire avancer l’égalité des sexes pour aboutir à un monde durable, prospère et pacifique.

Mme TAHMINA HASANOVA (Tadjikistan) a expliqué que si son pays avait des difficultés à atteindre ses objectifs de développement durable, il avait pris plusieurs « courageuses mesures » dans le but de corriger sa trajectoire.  La déléguée a surtout mis en avant l’importance que le Tadjikistan accorde à la gestion de l’eau dans le contexte des changements climatiques, rappelant que le pays est particulièrement vulnérable en raison de sa topographie montagneuse. En effet, les glissements de terrain, les inondations et la fonte des glaciers constituent pour lui un grave danger, a-t-elle souligné.  C’est pour cette raison que le Tadjikistan compte organiser une conférence internationale sur les glaciers en 2025.

« Ressource la plus précieuse sans laquelle tous nos efforts en faveur du développement, de la paix et de la prospérité seraient réduits à néant », l’eau est au cœur des préoccupations de son gouvernement, a insisté la représentante.  Elle s’est réjouie que l’Assemblée générale des Nations Unies ait adopté à l’unanimité une résolution pour organiser deux conférences sur l’eau, dont une au Tadjikistan en 2028, renforçant ainsi l’engagement de son pays sur cette question.

M. FRANCISCO JOSE DA CRUZ (Angola) a réclamé solidarité et consensus au sein de la Deuxième Commission, afin de faire face aux crises s’amoncelant et assombrissant la réalisation du Programme 2030.  Partisan du multilatéralisme, il a défendu une réforme de l’architecture financière mondiale au motif qu’elle montre trop de failles pour lutter efficacement contre les changements climatiques et pour assurer un développement inclusif.  Donnant des détails sur la situation de son pays, il a révélé que la sécheresse y est sévère et que 549 millions de dollars ont été perdus dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche l’année passée.  Le délégué a mentionné le projet d’irrigation « CAFU » lancé par son gouvernement qui a par ailleurs reçu un milliard de dollars de financement pour construire une centrale solaire qui devrait couvrir 70% de la production électrique du pays dès 2025.  Le Gouvernement angolais a aussi investi dans la santé, l’éducation, l’énergie, les transports et les travaux publics dans l’objectif d’accélérer son développement socioéconomique, a énoncé le représentant.

M. HASAN BADRI MHALHAL AL-KHALIDI (Iraqs’est prononcé en faveur d’un multilatéralisme revitalisé, qui permettra de faire face aux défis mondiaux.  Son pays est engagé dans la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il assuré.  Preuve en est, il a présenté son deuxième examen national.  Cependant, a-t-il regretté, le pays fait face à des défis internes et à des chocs mondiaux, comme la COVID-19 ou la hausse des prix des produits de base.  Commentant le fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement, le délégué a appelé les coordonnateurs résidents à se coordonner pour mieux représenter tous les pays, et à engager des experts dans chaque pays de leur région pour affiner les analyses et les initiatives régionales.

La lutte contre les tempêtes de sable et de poussière est aussi une priorité pour l’Iraq, a poursuivi le délégué qui a jugé important de respecter les conventions internationales idoines, ainsi que celles relatives aux politiques de l’eau.  Les systèmes agricoles doivent aussi favoriser les petits producteurs afin de les aider face aux crises, a-t-il recommandé.  Enfin, il a souhaité que le relèvement mette l’accent sur la solidarité internationale, dont l’raq a besoin de manière accrue.

M. ADAM KUYMIZAKIS (Maltea jugé nécessaire la réforme de l’architecture financière internationale, accompagnée d’une transition verte.  Il a plaidé pour une plus grande accessibilité aux mécanismes de financement qui donnent la priorité à la durabilité sociale et se préoccupent des bénéfices pour les communautés locales.  Au niveau national, Malte a ancré ses engagements dans une loi sur le développement durable et finalise une stratégie en ce sens pour 2050, avec pour ambition la transition vers une économie neutre en carbone et bleue, a explosé la déléguée. Il a indiqué que le budget national se concentre par ailleurs sur la reprise économique durable, la promotion de l’économie circulaire, la lutte contre les inégalités et la pauvreté.

En tant qu’État insulaire, Malte affiche son soutien sans faille à un océan sain, sûr et résilient, et est favorable à l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour faire face aux difficultés particulières des PEID, a déclaré la représentante.  Il a fait valoir que ces vulnérabilités particulières peuvent constituer des menaces existentielles en cas d’élévation du niveau de la mer.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongoliea estimé que la coopération multilatérale doit discuter des solutions possibles pour les pays les plus pauvres.  Il s’est inquiété en particulier des conditions déterminant le financement du développement et de l’augmentation du service de la dette dans les pays en développement.  Le représentant a présenté les mesures d’adaptation rapide prises par son pays qui mène des politiques en matière de sécurité alimentaire et de relèvement des zones rurales. Comme président du groupe des PDSL, la Mongolie juge important de contribuer aux besoins particuliers de ces pays, a déclaré le délégué.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a insisté sur la nécessité d’une refonte systématique de l’architecture financière internationale pour permettre aux pays en développement de faire face à la dette, à l’inflation et aux taux d’intérêt croissants.  Plaidant pour une mise en œuvre complète du Programme d’Action d’Addis-Abeba et accueillant favorablement l’appel du Secrétaire général pour un plan de relance des ODD de 500 milliards de dollars par an jusqu’à 2030, il a ajouté que, si les finances publiques restent la principale source de développement durable, le secteur privé peut également contribuer par le biais de financements innovants. 

Sur le front environnemental, tout en reconnaissant certains progrès, comme l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, il a appelé à un soutien financier accru des pays développés aux efforts d’adaptation et d’atténuation des pays en développement, ainsi qu’à la mise en œuvre complète du fonds pour les pertes et les préjudices.  Enfin, le délégué a insisté sur la nécessité d’un partenariat mondial pour un avenir durable, saluant particulièrement la coopération Sud-Sud exemplarisée par les plus de 25 programmes de développement que la Thaïlande a noués avec d’autres pays.

M. BRETT JONATHAN MILLER (Israël) a fait savoir que l’entrepreneuriat, la technologie et l’innovation sont des domaines prioritaires pour Israël en ce qu’ils peuvent aider à propulser les ODD sur de nombreux fronts.  Il a observé que les start-ups, dirigées par des entrepreneurs dynamiques et développées autour d’une « bonne idée », peuvent booster la vitalité du secteur privé et de l’emploi.  Il a donc appelé à soutenir le développement des micro, petites et moyennes entreprises, qui « se taillent la part du lion de nos économies et de la création d’emplois », encore plus dans les pays en développement.  Cette année, Israël présentera sa résolution biennale sur les technologies agricoles au service du développement durable, a informé le délégué en faisant remarquer que la technologie est la clef pour produire davantage et plus durablement, et ainsi garantir la sécurité alimentaire.  Les progrès dans ce domaine permettent de nourrir les plus affamés, de fournir une éducation aux jeunes pour qu’ils soient productifs toute leur vie et de garantir des programmes et des lois sensibles au genre, tout en assurant l’égalité des LGBTI.

S’agissant de l’intelligence artificielle, le représentant a invité à prendre les devants de cette technologie et à veiller à ce que son développement se fasse pour le bien de l’humanité.  Le délégué a aussi parlé de l’environnement, une autre priorité pour son pays, un domaine qui a besoin également de la technologie.  Il a misé sur l’énergie durable et dit soutenir les dispositions visant à accélérer la transition pour se détacher des énergies fossiles.  Il a, enfin, dit soutenir les pays qui luttent pour se relever dans le domaine de la santé après la pandémie de COVID-19.

M. CORNEL FERUȚĂ(Roumanie), partisan du multilatéralisme, a appelé à davantage de solidarité pour réaliser le Programme 2030. Personne sur Terre, a-t-il insisté, ne peut échapper aux changements climatiques: le délégué a appelé à soutenir les PEID, qui sont en première ligne face à l’élévation du niveau de la mer. La Roumanie a approuvé la résolution de Vanuatu en ce sens, a-t-il indiqué, jugeant encourageant l’élaboration de l’Accord sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine (instrument international juridiquement contraignant connu sous l’acronyme anglais BBNJ).  Il a enfin appelé à ne pas négliger les jeunes dans les processus de décision.

M. VOLODYMYR LESCHENKO (Ukraine) a mis l’accent sur la crise de l’énergie, qui brise tous les progrès mondiaux dans la réalisation du Programme 2030.  La guerre menée par la Fédération de Russie dans le pays a perturbé les chaînes d’approvisionnement et augmenté les prix des aliments et de l’énergie, affectant les couches les plus vulnérables de la population mondiale, y compris les pays du Sud, a-t-il déploré.  Il a rappelé qu’au cours de l’année et demie écoulée depuis la guerre totale de la Russie, des millions d’Ukrainiens ont été poussés à la fuite.  « Ces populations n’ont pas d’abris. » Tout cela intervient alors qu’aucun progrès n’est réalisé dans les ODD en raison de la guerre, s’est impatienté le délégué.  Il n’a pas apprécié non plus que certains pays réorientent leurs fonds vers sécurité et la défense plutôt que d’investir dans la résilience.  Plus tôt la guerre se terminera, plus tôt la Charte sera respectée, plus tôt les ODD auront une chance d’être réalisés, a soutenu le délégué.

Pour M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine), il est évident qu’il est impossible de parler de relèvement durable sans mentionner le Programme 2030, qui fait et continuera de faire office de boussole.  Pour œuvrer à ce relèvement, un engagement multilatéral est nécessaire sur la base de la volonté, de la solidarité et de la responsabilité partagée, a-t-il ajouté.  M. Blanco a par ailleurs affiché son optimisme sur les travaux de la Deuxième Commission à propos de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Il a souhaité qu’il puisse être utilisé tant au niveau national que par les acteurs financiers internationaux clefs dans la prise de décisions ayant un impact sur le potentiel de développement des pays concernés.  L’adoption de cet indice permettra en outre de jeter les bases de la négociation qui doit être lancée au sujet de la mesure du développement au-delà du PIB, a-t-il espéré.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a mis en avant les nombreux défis auxquels le monde est confronté, et en particulier les PEID, en raison de leurs vulnérabilités structurelles et multiples, qui ne cessent d’entraver leur développement.  Se félicitant du choix du thème pour le débat général de la Commission, la représentante a estimé que les débats devraient viser à renforcer le rôle des Nations Unies comme une plateforme pour « œuvrer à un relèvement durable pour tous », afin de s’assurer que personne ne soit laissé pour compte.

La déléguée a notamment cité, parmi les priorités, la lutte contre les inégalités et la réduction de la fracture numérique.  Il faut également accélérer la mise en œuvre des ODD entre aujourd’hui et 2030, puisque la moitié de la population mondiale reste en arrière, a-t-elle prié.  La déléguée a jugé indispensable d’accélérer la prise de mesures pour sauvegarder l’environnement, soulignant en outre l’urgence de rendre opérationnel le fonds pour les pertes et les préjudices.

M. DAVID ABESADZE (Géorgiea souligné que la guerre en Ukraine continue de saper les efforts vers le développement durable.  Il a condamné dans les termes les plus vifs, l’agression de la Fédération de Russie et apporté son soutien au peuple ukrainien.  Le délégué a fait savoir que la Géorgie est en train de mettre en œuvre les ODD.  Elle a pour objectif de mettre en place une administration publique transparente, efficace et redevable, ainsi qu’une croissance verte, a-t-il précisé.  Le délégué a relevé que la multitude des crises et des défis a mis l’économie mondiale à l’épreuve, se disant d’autant plus fier d’annoncer que la Géorgie a enregistré en 2022 une croissance à deux chiffres.

M. JESWUNI ABUDU-BIRRESBORN (Ghana), se disant partisan du multilatéralisme, a recommandé, si l’on veut réaliser les ODD, de mettre de côté les intérêts nationaux face à l’intérêt du collectif.  En cas d’échec, le monde descendra une pente périlleuse, a-t-il averti.  Il a prié de ne pas fermer les yeux sur nos différences mais de les ouvrir sur nos intérêts communs, paraphrasant le Président américain John Fitzgerald Kennedy.

M. NENA (Lesotho) a d’abord repris à son compte l’appel de nombreux pays à la communauté internationale de tenir ses engagements pris dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a ensuite rappelé la nécessité de répondre aux problèmes de la dette et d’assurer le financement à long terme du développement, via les banques de développement, notamment.  Le délégué a enfin appelé les pays développés à verser l’argent nécessaire pour répondre aux besoins des pays en développement en matière de transition climatique. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.