Soixante-dix-huitième session,
26e séance plénière (reprise) - matin
AG/AB/4450

La Cinquième Commission recommande de doter l’ONU en 2024 d’un budget de 3,6 milliards de dollars et la Section de la couverture des réunions de 20 postes supplémentaires

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a achevé ses travaux aujourd’hui avec deux semaines de retard avec l’adoption d’un budget de près de 3,6 milliards de dollars pour financer en 2024 le Secrétariat de l’ONU et ses 10 351 fonctionnaires chargés d’exécuter 28 programmes.  Celui de la « communication globale » a hérité d’une enveloppe supplémentaire pour permettre à la Section de la couverture des réunions de publier dans les quatre autres langues officielles de l’ONU, à savoir l’arabe, le chinois, l’espagnol et le russe. 

Sur les 54 postes demandés à cette fin par le Secrétariat, seuls 20 ont été approuvés dans le budget-programme.  Or, dans son intervention à la Commission au début du mois d’octobre, le Secrétaire général de l’ONU justifiait sa demande par son engagement à renforcer le multilinguisme, « comme l’a demandé l’Assemblée générale », en rendant possible la diffusion simultanée des communiqués de presse dans les six langues officielles de l’ONU.  

C’est donc une enveloppe exacte de 3 588 280 100 dollars que la Cinquième Commission recommande pour l’ONUSur les 23 projets de résolution de fond renvoyées à l’Assemblée générale, 6 ont été mises aux voix, principalement à cause de l’opposition de certains pays aux mécanismes créés par le Conseil des droits de l’homme. 

Parmi les innovations, l’on retiendra en particulier le renforcement du Bureau de la lutte antiraciste, une mesure qualifiée d’étape historique par les États-Unis et saluée chaleureusement par le Groupe des 77 et de la Chine.  La Commission a aussi recommandé la création, à partir du 1er janvier 2025, d’un compte spécial de 50 millions de dollars pour financer par des contributions statutaires le Fonds de consolidation de la paix, une grande avancée, a salué le représentant de l’Égypte, au nom de son compatriote, le Président de la Cinquième Commission, M. Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud (Égypte). 

Pour revenir aux six textes mis aux voix, celui sur les questions relatives au budget-programme a finalement été adopté après l’amendement oral de l’Union européenne demandant que les ressources budgétaires ordinaires allouées au Mécanisme international pour aider à enquêter et à poursuivre les personnes présumées responsables des crimes de droit international les plus graves commis en Syrie depuis mars 2011 soient établies à 17 167 400 dollars. 

La Fédération de Russie, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Nicaragua, l’Iran et le Bélarus se sont dissociés du consensus. 

De même, la résolution sur les questions spéciales relatives au budget-programme a été adoptée, après que les amendements d’Israël et Cuba ont été rejetés. Israël voulait que l’Assemblée n’approuve pas les ressources supplémentaires découlant de la décision 53/25 demandant au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme d’établir une base de données de toutes les entreprises impliquées dans les colonies de peuplement.  Cuba, de son côté, a rappelé que l’Assemblée générale n’a statué ni sur le concept de responsabilité de protéger ni sur son champ d’application et encore moins sur ses implications ou ses formes possibles de mise en œuvre. 

Clôturant les travaux une semaine après la date butoir, les délégations se sont félicitées des résultats engrangés grâce à la « volonté de parvenir à un terrain d’entente ».  La Chine a salué les actions prises pour répondre à la crise actuelle au Moyen-Orient, comme l’augmentation du budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), longuement applaudi par les délégations.  Cependant, a nuancé l’Union européenne, nous ne pouvons plus attendre le début du mois de décembre pour entamer des discussions importantes, exhortant à atteindre plus tôt le cœur des négociations. 

Les États-Unis ont regretté que la Commission doive se rabattre sur les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et renonce ainsi à ses responsabilités de veiller sur cette institution qu’est l’ONU.  Ayant pendant cinq sessions consécutives terminé leurs travaux après Noël, toutes les délégations se sont réjouies de la prouesse de cette année.  « Nous aurons de vraies vacances cette année », a déclaré, sous les applaudissements, le représentant égyptien.

CLÔTURE DES TRAVAUX DE LA CINQUIÈME COMMISSION PENDANT LA PARTIE PRINCIPALE DE LA SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

ADOPTION DE PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION 

Rapports financiers et états financiers audités et rapports du Comité des commissaires aux comptes

Par le projet de résolution A/C.5/78/L.10la Cinquième Commission recommande à l’Assemblée générale d’examiner plus avant le rapport du Comité des commissaires aux comptes sur le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux et celui sur la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies. 

Budget-programme pour 2023 

Aux termes du projet de résolution sur la stratégie Informatique et communications (A/C.5/78/L.6), la Commission suit les recommandations de son Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et prie l’Assemblée d’obtenir du Secrétaire général un rapport d’ensemble regroupant une stratégie informatique et communications révisée, dans laquelle il énoncera avec clarté et précision son plan pour l’avenir et les objectifs visés, et définira pour tous les objectifs les mesures concrètes qui permettront de les atteindre, compte tenu de la situation actuelle, des difficultés et des risques existants et envisagés, des gains d’efficience, des données d’expérience et des liens avec des initiatives connexes.  Le Secrétaire général doit aussi présenter un plan de mise en œuvre détaillé, assorti d’échéances, d’indicateurs de résultats, de produits et d’un dispositif de gouvernance complet et bien défini, y compris pour ce qui est de l’application du principe de responsabilité, ainsi que des informations de base, notamment sur les ressources, et des prévisions indicatives concernant le coût de la mise en œuvre de la stratégie . 

La Commission recommande en outre qu’en attendant qu’elle examine la stratégie révisée, l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de mettre en œuvre, dans le cadre de l’exécution du budget-programme de 2023, des mesures essentielles auxquelles elle aura souscrit qui viseront à remédier aux risques et faiblesses majeurs décelés par les organes de contrôle et le CCQAB au fil des ans. 

Plan des conférences 

Dans le projet de résolution A/C.5/78/L.5, la Commission fait à l’Assemblée générale des recommandations sur le calendrier des conférences et des réunions, l’utilisation des ressources affectées aux services de conférence, le renforcement de la gestion intégrée à l’échelle mondiale, le recours aux technologies et l’évaluation de la qualité des services de conférence et les questions liées à la documentation et aux publications ainsi qu’aux services linguistiques. 

Rapport sur les activités du Bureau de la déontologie 

Ici, avec le projet de résolution A/C.5/78/L.14, la Commission demande tout simplement à l’Assemblée générale de prendre note du rapport du Bureau. 

Administration de la justice aux Nations Unies 

Par le projet de résolution A/C.5/78/L.26, la Commission fait des recommandations sur le système de l’administration de la justice puis sur le système informel. Elle propose, à cet égard, que l’Assemblée générale pérennise le projet pilote sur l’accès de ceux qui ne sont pas fonctionnaires de l’ONU au Bureau de l’Ombudsman et des services de médiation. Elle propose aussi, un amendement au système formel, plus précisément au statut du Tribunal du contentieux administratif. 

Financement du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux 

La Commission, par le projet de résolution A/C.5/78/L.18, recommande à l’Assemblée générale de doter le Mécanisme résiduel d’une enveloppe de 65 459 100 dollars, soit 60 132 400 dollars net pour 2024.  Elle propose aussi un montant de 55 107 500 dollars dans le compte spécial. 

Financement de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) 

Pour la période allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, la Commission recommande par le projet de résolution A/C.5/78/L.15, une enveloppe de 866 865 700 dollars, dont les 590 000 000 déjà autorisés pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2023. 

Budget-programme pour 2024 

Dans le projet de décision A/C.5/78/L.17, la Commission présente à l’Assemblée générale les incidences budgétaires des projets de texte adoptés par les Première, Deuxième, Troisième et Sixième Commissions. 

Par le projet de résolution A/C.5/78/L.7, présenté par la Fédération de Russie et rejeté par 76 voix contre, 22 voix pour et 48 abstentions, l’Assemblée aurait supprimé du projet de budget-programme pour 2024 tous les descriptifs et toutes les références ayant trait au Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables.  Elle aurait aussi rejeté la demande de ressources pour le Mécanisme. 

Au nom de l’Union européenne, l’Espagne a en effet demandé un vote sur cet amendement, soulignant la responsabilité qui incombe à tous les États Membres de veiller à la bonne exécution de tous les mandats.  Nous ne sommes pas là, a-t-elle dit, pour remettre en question des mandats déjà octroyés.  Elle n’a pas manqué de dénoncer tous les faux discours qui soutiennent le contraire.  Nous devons financer le Mécanisme, a-t-elle tranché. Ce Mécanisme, a renchéri le Qatar doit être financé par le budget ordinaire. 

Appuyant l’amendement russe, le Bélarus a vu un Mécanisme contraire aux prérogatives du Conseil de sécurité.  De telles structures devraient relever de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  De plus, la résolution portant création du Mécanisme a été adoptée à l’Assemblée générale sans consensus et dans un climat de désaccord majeur.  À son tour, le Nicaragua, coauteur du projet de résolution de l’amendement, a estimé que l’Assemblée générale est allée au-delà du pouvoir que lui confère la Charte.  La République arabe syrienne a ajouté que les ressources et le budget de l’ONU doivent être gérés avec minutie, dénonçant le fait qu’elles soient gaspillées pour financer un Mécanisme illégal et politisé.  Elle a appelé les États Membres à s’en dissocier, tout comme la République islamique d’Iran

Aux termes du projet de résolution sur les réfugiés de Palestine (A/C.5/78/L.16), la Commission demande à l’Assemblée générale de présenter ses condoléances à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour les pertes en vies humaines sans précédent qu’il a subies parmi son personnel en 2023, le bilan, qui ne cesse d’augmenter, s’établissant pour l’heure à 136 morts, ce qui représente le plus grand nombre de morts parmi le personnel des Nations Unies jamais enregistré lors d’un même conflit.  L’Assemblée devrait aussi condamner dans les termes les plus vigoureux le fait que des membres du personnel de l’Office et des réfugiés aient été tués alors qu’ils étaient placés sous la protection du drapeau de l’Organisation des Nations Unies.  Elle devrait faire de même face à la destruction de bâtiments sur lesquels flottait le drapeau de l’ONU. 

L’Assemblée devrait demander le respect et la protection, conformément au droit international humanitaire, de toutes les installations civiles et humanitaires, y compris les hôpitaux et les autres installations médicales, ainsi que de leurs moyens de transport et leur matériel, des écoles, des lieux de culte et des installations des Nations Unies, ainsi que du personnel humanitaire et médical et des journalistes, des professionnels des médias et du personnel associé, dans le conflit armé dans la région. 

Le projet de résolution sur les prévisions révisées comme suite aux résolutions et décisions adoptées par le Conseil des droits de l’homme en 2023 (A/C.5/78/L.8), qui a été présenté par la Fédération de Russie, a été rejeté par 73 voix contre, 17 voix pour et 52 abstentions.  En vertu de ce texte, l’Assemblée générale aurait rejeté la demande de ressources aux fins de l’application des résolutions 52/29, 52/28, 53/2, 52/27, 52/2, 52/32, 54/23 et 52/30 adoptées par le Conseil des droits de l’homme. 

Un autre projet (A/C.5/78/L.9), présenté cette fois-ci par le Soudan, a connu le même sort.  Rejeté par 72 voix contre, 34 voix pour et 38 abstentions, le texte aurait obtenu de l’Assemblée générale qu’elle rejette la demande de ressources au titre des prévisions révisées comme suite à la résolution 54/2 du Conseil des droits de l’homme du 11 octobre 2023, intitulée « Faire face à la crise sur le plan humanitaire et sur le plan des droits de l’homme causée par le conflit armé en cours au Soudan ». 

Dans le texte (A/C.5/78/L.19) sur les questions relatives au budget-programme pour 2024, la Commission recommande à l’Assemblée générale de réduire encore les objets de dépense autres que les postes de 1 889 900 dollars.  L’Assemblée devrait aussi ajouter, redéployer ou supprimer des postes dans les programmes « Politiques, direction, coordination d’ensemble », « Gestion des conférences et des affaires du Conseil économique et social », « Affaires politiques » et « Activités administratives financées conjointement ». 

Quant à la « Communication globale », l’Assemblée devrait approuver le redéploiement d’un poste (P3) de fonctionnaire de l’information de New York à Genève.  Elle devrait surtout décider de ne créer que 20 postes temporaires.  Aussi, la Section de la couverture des réunions pourra désormais publier en arabe, en chinois, en espagnol et en russe avec des équipes formées chacune de 1 éditeur (P-4), 2 attachés de presse (P-3), 1 assistant éditorial et 1 assistant d’information.  Toujours en vertu de ce projet de résolution, l’Assemblée devrait approuver le versement d’une somme supplémentaire de 1 million de dollars au Compte pour le développement. 

Dans le projet de résolution sur les questions spéciales relatives au budget-programme pour 2024 (A/C.5/78/L.20), la Commission détermine, à l’intention de l’Assemblée générale, les postes et les enveloppes pour, entre autres, le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone, les Chambres extraordinaires des Tribunaux du Cambodge, la Caisse commune du Fonds de pension du personnel des Nations Unies, le Département de la sûreté et de la sécurité mais aussi la mise en œuvre de certaines résolutions de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social et du Conseil des droits de l’homme.  Les travaux de rénovation à Addis-Abeba, à Nairobi, à Santiago et à Genève sont aussi couverts par ce texte. 

Les 37 missions politiques spéciales autorisées par l’Assemblée générale et/ou le Conseil de sécurité héritent d’une enveloppe de 717 725 500 dollars alors qu’un autre montant de 2 128 800 dollars est affecté, pour elles, au Centre des services régional d’Entebbe.  Le Secrétaire général est aussi autorisé à engager des dépenses n’excédant pas 21 500 000 dollars pour la Mission intégrée d’assistance à la transition au Soudan, pour la période allant du 1er janvier au 30 avril 2024. 

Le projet de résolution sur le budget-programme pour 2024 (A/C.5/78/L.21) recommande à l’Assemblée générale une enveloppe totale de 3 588 280 100 dollars et une autre de 75 000 dollars pour le revenu accumulé du Fonds de dotation de la Bibliothèque des Nations Unies. 

Par le texte sur les dépenses imprévues et extraordinaires (A/C.5/78/L.22), l’Assemblée générale est appelée à décider que pour l’année 2024, si une décision du Conseil de sécurité conduit le Secrétaire général à engager des dépenses pour un montant de plus de 10 millions de dollars, la question doit être soumise à l’Assemblée générale. 

Le projet de résolution sur le Fonds de roulement (A/C.5/78/L.23) appelle l’Assemblée à préciser les conditions dudit Fonds. 

Par le projet de résolution intitulé « Investir dans la prévention et la consolidation de la paix » (A/C.5/78/L.25), l’Assemblée générale est priée de créer un compte spécial pluriannuel dénommé « Compte pour la consolidation de la paix » pour financer le Fonds de consolidation de la paix.  Il sera versé audit compte la somme de 50 millions par an, à partir du 1er janvier 2025.  Le texte précise que le taux de contribution applicable au budget ordinaire ne concernera que la moitié du futur compte.  Il sera appliqué à l’autre moitié le taux de contribution des opérations de paix. 

Enfin, dans le projet relatif aux questions reportées (A/C.5/78/L.27)l’Assemblée est priée de remettre à plus tard l’estimation des missions politiques spéciales.  Serait donc aussi reporté l’examen du rapport du Secrétaire général sur le financement de ces missions et l’appui qu’il doit leur être apporté. 

Déclarations de clôture 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a salué l’unité de son groupe qui a mené aux résultats obtenus aujourd’hui dont la création du Bureau de lutte contre le racisme au Secrétariat de l’ONU.  Nous avons aussi obtenu plus de fonds pour le pilier « développement » qui était notre principale préoccupation.  À titre national, le représentant a souligné que les pays du Sud méritent plus.  Il s’est dit déçu du traitement des questions liées au développement, en général.  On donne des miettes à ce pilier alors que c’est un aspect crucial des activités de l’ONU. Il faut éviter que cette Organisation devienne un endroit où l’on prononce des discours, sans action concrète sur le terrain. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme LEMLEM FISEHA MINALE (Éthiopie) a salué l’adoption du budget ordinaire pour 2024 et à son tour, les ressources affectées au pilier « développement ».  Elle n’a pas manqué de saluer la création du Bureau de la lutte contre le racisme au Secrétariat de l’ONU mais regretté l’absence de consensus sur le financement des missions politiques spéciales. 

Mme BASMA GABER-WENNHOLZ, de l’Union européenne, s’est félicitée des « très bons résultats » de la session qu’il y a lieu de célébrer car nous avons assumé notre responsabilité d’adopter le budget pour que l’Organisation puisse fonctionner sans discontinuité et exécuter ses mandats.  Elle s’est réjouie de ce que tout au long de cette session, un équilibre a été établi entre les piliers de l’ONU, en renforçant le financement du développement, en approuvant la consolidation des ressources pour la promotion des droits humains et en finançant la liquidation de la MINUSMA. 

Après près de 20 mois de négociations intenses, nous avons adopté avec succès et par consensus une résolution substantielle, ambitieuse et équilibrée visant à fournir un financement indispensable au Fonds pour la consolidation de la paix, avec une gouvernance et une surveillance adéquates, tout en préservant la flexibilité, l’agilité et l’efficacité du Fonds.  La représentante s’est également réjouie de l’adoption de la stratégie Nations Unies sur les technologies de l’information. 

Elle a n’a pour autant voulu fermer les yeux sur le contraste frappant qu’est l’absence de résultats sur un nombre important de points qui sont au cœur même du fonctionnement de l’ONU.  Elle s’est dite préoccupée par la tendance croissante à reporter des points, à ne prendre aucune décision ou à adopter des résolutions sommaires.  Cette année, a-t-elle avoué, a battu un « nouveau record de déception ».  Dans un monde où les conflits se multiplient, le maintien des contraintes budgétaires a encore une fois entravé notre faculté de fournir des orientations politiques au Secrétariat sur la mise en œuvre des missions politiques spéciales.  Il est encore plus alarmant de voir la multiplication des votes qui ont atteint, cette année, un niveau sans précédent. 

Cependant, a-t-elle fait observer, certains facteurs sont d’ordre exogènes.  Elle a donc exhorté le Secrétariat à publier ses rapports à temps et le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) à formuler ses recommandations plus rapidement.  Nous ne pouvons plus attendre le début du mois de décembre pour entamer des discussions importantes.  Nous devons écourter l’introduction des rapports et aller au plus tôt au cœur des négociations, a-t-elle recommandé en conclusion. 

M. FUJINUMA ATSUYUKI (Japon) a souhaité féliciter chacune des délégations qu’il a encouragé à célébrer le travail accompli aujourd’hui.  Tirons les leçons de l’expérience et renouvelons notre engagement à négocier de manière constructive et de bonne foi pour toujours au consensus. 

M. CHRIS P. LU (États-Unis) a déclaré que le budget de 3,6 milliards de dollars adopté aujourd’hui permettra aux Nations Unies de faire progresser la paix et la sécurité, de faire face aux crises humanitaires et d’assurer des progrès significatifs vers la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. C’est un budget responsable sur le plan financier qui s’attaque aux défis croissants qui se posent dans le monde.  Avec ce budget, l’ONU fait un grand pas en avant en ce qui concerne les grandes priorités, notamment une somme de 50 millions de dollars pour la consolidation de la paix qui est une priorité majeure du Secrétaire général. Trente-huit nouveaux postes seront créés pour faire progresser les droits humains dans le monde, renouvelant ainsi notre engagement envers un pilier central de l’ONU.

La Cinquième Commission a également approuvé le financement de 37 missions politiques spéciales et le retrait de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) se traduisant par des économies d’environ 40 millions de dollars.  Le financement de l’Initiative céréalière de la mer Noire est maintenu afin de soulager l’insécurité alimentaire mondiale.  Celui de la construction d’un nouveau centre de conférence des Nations Unies à Nairobi est adopté, s’est réjoui le délégué, rappelant que sa délégation a soutenu cette initiative depuis le début.  Il a salué la création du tout premier Bureau des Nations Unies pour la protection des données et de la vie privée et le Bureau de la lutte contre le racisme. 

Sur les questions en suspens, le représentant a regretté le fait que la Commission doive se rabattre sur les recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), renonçant ainsi à ses responsabilités de veiller sur cette institution.  L’examen des recommandations du CCQAB a pris trois mois pour aboutir au même résultat qui aurait pu être atteint dès le premier jour de la session.  Saluant également la fin des travaux avant les fêtes, il a tout de même souligné qu’il a dû passer quatre sessions de nuit consécutives cette semaine.  Cette situation n’est pas propice à la prise des décisions les plus judicieuses, a-t-il taclé. 

Le budget a été difficile à boucler, a reconnu M. JAMES STAPLES (Royaume-Uni).  La Commission, a-t-il dit, a connu des hauts et des bas mais elle a fini par accepter les propositions du Groupe des 77 et la Chine.  Le représentant a souligné l’importance des ressources allouées aux droits humains et à la protection du personnel.  Il a qualifié de « bonne décision » le budget qui sera consacré aux technologies de l’information et des communications.  Toutefois, il a regretté que la Cinquième Commission ait passé des milliers d’heures sans parvenir au consensus, imputant cette situation notamment au retard dans la publication des rapports du Secrétariat et du CCQAB.  Il a dénoncé la polarisation des positions qui ne facilite pas le travail.  Les réunions en présentiel restent toujours essentielles à l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, a souligné le représentant. 

M. WARDHANA (Indonésie) s’est félicité des efforts inlassables de tous les États Membres pour trouver un terrain d’entente sur le budget-programme. Cette année, il a fallu tenir compte des défis et des tensions géopolitiques dans le monde, a-t-il relevé, appelant la Commission à concentrer ses efforts pour préserver la paix et la sécurité internationales, car il s’agit d’un pilier fondamental du travail des Nations Unies.  À cet égard, la décision sur le budget de l’UNRWA est un pas important.  Le représentant s’est également félicité de ce qu’après 18 mois de négociations, les États aient convenu d’augmenter le budget de la consolidation de la paix.  Il a espéré que les accords finalisés aujourd’hui permettront aux Nations Unies de faire respecter ses principes et de concrétiser le contrat moral qu’il a avec l’humanité.

Mme JIANG HUA (Chine) s’est félicitée de l’attitude constructive qui a permis à la Commission de jouer son rôle.  Elle s’est réjouie de l’écrasant soutien des délégations à l’idée que le nouvel an lunaire devienne un jour férié au choix.  Elle a par ailleurs rappelé que le respect et la pratique du multilatéralisme exigent que tous les États s’acquittent de leurs arriérés, lesquels ne sauraient être réglés ponctuellement.  De fait, a-t-elle poursuivi, le budget-programme est essentiel pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cet égard, la représentante s’est, en outre, félicitée du consensus autour du Fonds pour le développement.

Évoquant le conflit au Moyen-Orient, elle a salué les mesures prises pour augmenter le budget de l’UNRWA.  Elle a conclu en appelant les donateurs à s’acquitter de leur responsabilité historique de soutenir la consolidation de la paix, tout en exhortant les Nations Unies à faire preuve d’innovation et à trouver de nouvelles pistes de financement. 

M. CAO CUONG PHAM (Viet Nam) a noté que c’est la première fois en cinq ans que la Cinquième Commission achève ses travaux avant Noël.  Saluant les résolutions adoptées aujourd’hui, il a mis un accent particulier sur l’adoption du Nouvel An chinois comme congé flottant à l’ONU à partir de 2024.  L’année prochaine, il a appelé à des négociations de bonne foi et constructives afin de maintenir cet élan. 

M. CHANDRAMOULI RAMANATHAN, Contrôleur des Nations Unies, a remercié les délégations pour les fonds alloués à la consolidation de la paix, une priorité importante pour le Secrétaire général.  Il a aussi salué la clôture avant Noël des travaux, ce qui permet au personnel de célébrer les fêtes de fin d’année.  C’est très bien d’avoir un bon budget, mais tout ce qui a été approuvé, doit être effectivement versé. 

S’exprimant au nom du Président de la Cinquième Commission, M. HUSSEIN OSSAMA HUSSEIN ABDELRHMAN ROSHDY (Égypte) a remercié les délégation et les facilitateurs pour leurs engagements et contributions.  C’est la volonté de parvenir à un terrain d’entente qui a mené aux résultats d’aujourd’hui.  Il a salué l’esprit de collaboration démontré durant les négociations et remercié le Bureau pour avoir orienté les travaux avec « sagesse et doigté ».  Il a surtout remercié le Contrôleur et le Secrétariat des Nations Unies pour leur appui et leur dévouement.  Ce sont des « héros » que nous ne célébrons pas assez. 

Le représentant a invité l’assistance à réfléchir à ce que « nous avons réalisé », citant l’approbation d’un budget qui a beaucoup progressé.  Alors que le monde est traversé par des tragédies et des conflits, la Commission a convenu de financer le Fonds de consolidation de la paix, à partir des contributions statutaires, ce qui est « une grande avancée ».  Mais il a reconnu que « beaucoup de dossiers restent en suspens », sans pour autant oublier de se féliciter de l’augmentation du budget de l’UNRWA, qui arrive à point nommé au regard de la tragédie à Gaza.  Passant en revue les budgets approuvés, notamment celui de la MINUSMA, il a, en outre, évoqué les discussions très importantes sur les méthodes de travail, appelées d’ailleurs à se poursuivre.  L’esprit de collaboration dont ont fait preuve les États Membres, a-t-il conclu, témoigne de notre engagement collectif en faveur d’une ONU plus forte et plus solide. Bonnes fêtes car cette année,  nous aurons de vraies vacances, compte tenu de notre succès. 

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